Méné à grande bouche (Notropis dorsalis) évaluation et mise à jour du rapport de situation du COSEPAC : chapitre 2

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COSEPAC
Résumé

Méné à grande bouche
Notropis dorsalis

Information sur l’espèce

Le méné à grande bouche a une silhouette élancée caractéristique, avec le ventre relativement plat et le dos plus arqué que les autres espèces apparentées du genre Notropis. Vus par en dessus, les yeux semblent orientés vers le haut chez les individus dont la longueur totale est de plus de 1,5 cm, parce que la pupille est décentrée vers le dos. Le corps est jaune-olive sur le dos et argenté sur les flancs et le ventre. Une bande longitudinale s’étend au milieu du dos, entourant la base de la nageoire dorsale. Au Manitoba, le méné à grande bouche, le méné paille (Notropis stramineus), le méné pâle (Notropis volucellus) et le méné de rivière (Notropis blennius) se ressemblent beaucoup. 

 

Répartition

L’aire de répartition du méné à grande bouche s’étend dans le bassin de la baie d’Hudson (rivière Rouge), le bassin des Grands Lacs et le bassin du Mississippi à partir du nord du Michigan jusque dans le sud du Manitoba, et de l’est de l’Illinois jusque dans le réseau de la rivière Platte, l’est du Wyoming et le nord du Colorado. Des populations disjointes sont présentes dans l’ouest de l’État de New York et en Pennsylvanie, dans l’ouest du Michigan, dans le nord de l’Ohio, dans le nord de la Virginie-Occidentale et dans l’ouest du Tennessee.

Au Manitoba, l’aire de répartition du méné à grande bouche comprend les rivières Cypress, Shell, Little Saskatchewan et Assiniboine ainsi que les ruisseaux Oak et Epinette, qui se trouvent tous dans le bassin hydrographique de la rivière Assiniboine. L’espèce a également été observée dans le cours inférieur de la rivière Roseau, près du confluent avec la rivière Rouge (bassin de la rivière Rouge) ainsi que dans les rivières Woody et Roaring (bassin du lac Winnipegosis).

 

Habitat

Au Manitoba, le méné à grande bouche semble préférer les petits cours d’eau mesurant jusqu’à 12 mètres de largeur et un mètre de profondeur, bien qu’on ait également constaté sa présence dans des rivières plus importantes, comme l’Assiniboine.

 

Biologie

Le méné à grande bouche est une espèce qui présente un taux de croissance élevé et variable et qui vit au maximum trois ans. Les adultes mesurent entre 50 et 75 mm. On ne sait rien sur le comportement reproducteur et les sites de fraye du méné à grande bouche au Manitoba ou ailleurs. La fraye a lieu entre la fin de mai et le mois d’août selon la localité.

Le méné à grande bouche est souvent associé au méné paille au Manitoba et aux États-Unis. Au Manitoba, dans les cours d’eau plus petits, on les capture avec de grandes quantités de ménés à nageoires rouges (Luxilus cornutus) et de mulets à cornes (Semotilus atromaculatus). Souvent, le naseux de rapides (Rhinichthys cataractae) et le naseux noir de l’ouest (Rhinichthys obtusus) s’ajoutent à cet assemblage. Il n’y a pas de données disponibles sur les déplacements du méné à grande bouche au Manitoba. Cependant, comme l’espèce était régulièrement présente dans les récoltes automnales répétées faites à divers endroits dans les rivières Cypress et Assiniboine tout au long des années 1980 et 1990, on pense qu’il y a certains déplacements. Ailleurs, on a découvert que le méné à grande bouche migre vers l’amont en automne et en hiver et revient vers l’aval en été. Les déplacements nycthéméraux peuvent comprendre un déplacement vers des eaux peu profondes la nuit, probablement lié au fait que la menace présentée par les prédateurs terrestres est moindre durant cette période et à la présence de larves d’insectes émergentes.

On possède peu d’information sur le régime alimentaire du méné à grande bouche. Des spécimens récoltés dans la rivière Cypress à l’automne de 1995 se nourrissaient exclusivement de corises (famille des Corixidés). Les estomacs contiennent souvent des organismes benthiques, notamment des nymphes d’insectes aquatiques, ainsi que des matières végétales et des boues de fond. Le goût joue probablement un rôle plus important que la vue dans la recherche d’aliments.

 

Taille et tendances des populations

Les populations de ménés à grande bouche de la partie ouest de l’aire de répartition augmentent alors que celles de la partie est sont en déclin. L’augmentation observée dans l’ouest a été attribuée à des changements dans l’habitat, plus précisément à la canalisation de rivières. Au Wisconsin, les populations semblent stables. D’après les récoltes effectuées dans la rivière Cypress au Manitoba, il semble que les populations sont relativement stables.

 

Facteurs limitatifs

Les perturbations anthropiques, comme l’eutrophisation résultant du développement des zones riveraines, ont entraîné des baisses des populations de ménés à grande bouche. Cependant, il semble que la modification des caractéristiques hydrologiques des cours d’eau par suite de leur canalisation a été bénéfique à l’espèce. Il est possible que l’élévation des niveaux d’eau au printemps ait une incidence sur la reproduction étant donné que les habitats préférés, les sources de nourriture et les sites de fraye peuvent être touchés. En Ohio, le déclin de certaines populations de ménés à grande bouche a été attribué à la compétition avec une espèce envahissante, le Notropis buccatus (silverjaw minnow). L’arrivée récente du méné bleu (Cyprinella spiloptera) dans le bassin hydrographique de la baie d’Hudson n’aura probablement pas d’effet négatif sur le méné à grande bouche à cause de contraintes physiques freinant la dispersion de cette nouvelle espèce et de différences dans les préférences des deux espèces en matière d’habitat.

L’agriculture et l’exploitation forestière sont deux utilisations des terres pratiquées à grande échelle dans l’aire de répartition actuelle du méné à grande bouche au Manitoba. La présence de bétail dans les cours d’eau peut accélérer l’érosion des rives et accroître l’envasement, deux facteurs pouvant avoir des effets néfastes sur l’habitat du poisson. Aux fins des activités forestières, plusieurs traverses de cours d’eau peuvent être aménagées chaque année, selon les plans d’exploitation annuels des sociétés forestières. Les ponceaux mal installés peuvent empêcher le passage des poissons et accroître l’envasement des cours d’eau soit directement, soit à cause des sédiments provenant des eaux de ruissellement de l’infrastructure routière.

 

Importance de l’espèce

Le méné à grande bouche est une espèce indigène aux États-Unis et au Canada. En Ohio, il figure actuellement sur la liste des espèces menacées (threatened). En Pennsylvanie, il est recommandé qu’on lui attribue le statut d’espèce menacée (threatened). Dans l’État de New York, la situation de l’espèce demeure inconnue. Au Manitoba, le méné à grande bouche n’a pas d’importance économique directe. Il est toutefois utilisé comme appât dans plusieurs États. Les trois sous-espèces du Notropis dorsalis peuvent présenter un intérêt sur le plan scientifique parce qu’elles constituent des populations géographiquement isolées.

 

Protection actuelle ou autres désignations

Le méné à grande bouche n’est pas protégé au Canada, mais la Loi sur les pêches du gouvernement fédéral interdit la destruction de l’habitat du poisson, à moins qu’elle ne soit autorisée par le Ministre.

Le méné à grande bouche a été classé par le COSEPAC en 1985 parmi les espèces préoccupantes au Canada. Au Manitoba, le Centre de données sur la conservation du Manitoba (CDCM) a attribué au méné à grande bouche les cotes G5 (mondiale) et S3 (provinciale). La cote mondiale G5 indique que l’espèce est clairement répandue, abondante et non en péril dans toute son aire de répartition et qu’il est pratiquement impossible qu’elle disparaisse dans les conditions actuelles. La cote provinciale S3 indique que l’espèce est peu commune dans la province, avec 21 à 100 occurrences.

Comme plusieurs espèces de poissons, le méné à grande bouche est sensible à la sédimentation causée par les routes et autres traverses linéaires, par l’érosion des rives et par l’intrusion du bétail dans les plans d’eau. Dans la majeure partie de l’aire de répartition de l’espèce au Manitoba, l’agriculture et l’exploitation forestière sont des utilisations des terres importantes.

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