Mouette rosée (Rhodostethia rosea) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 2

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COSEPAC
Résumé

Mouette rosée
Rhodostethia rosea

Information sur l’espèce

La Mouette rosée (Rhodostethia rosea) est une petite mouette au vol flottant qui ressemble à une sterne. Elle se distingue par une queue en biseau, des dessous d'ailes gris et un étroit collier noir encerclant entièrement la tête semblable à celle d’une colombe. Les deux sexes sont similaires. Lorsque l'oiseau arbore son plumage nuptial, sa tête et son corps se teintent d'une couleur rosée, plus vive sur son ventre et sa poitrine. En vol, le gris foncé sous les ailes contraste avec une large bande blanche sur la bordure postérieure des ailes. Les oiseaux immatures ont des rémiges primaires noires et une large bande noire diagonale traversant l'aile intérieure, ce qui forme un large triangle noir sur l'aile arrière, et une large bande noire sur la queue.

Répartition

La Mouette rosée est une espèce arctique à répartition circumpolaire. Elle se reproduit principalement dans le nord-est de la Sibérie, mais de petites colonies éparses sont également observées au Groenland, sur l'archipel des Svalbard et dans les régions arctiques et subarctiques du Canada. Au Canada, il n’y a que quatre sites de nidification connus, trois au Nunavut et un au Manitoba. L'aire de répartition hivernale est méconnue, mais les populations hivernent probablement le long de la banquise dans le nord de la mer de Béring et dans la mer d'Okhotsk, et dans les eaux libres de l'Arctique.

Habitat

La Mouette rosée se reproduit dans une grande variété d'habitats de l'Arctique, de la toundra marécageuse aux récifs de gravier. Tous les sites sont proches de l'eau et bon nombre se trouvent à proximité de colonies de Sternes arctiques (Sterna paradisaea). Les sites utilisés à Churchill, au Manitoba, se caractérisent par la présence de monticules coiffés d'herbes, de lichens et de saules herbacés, et de basses terres couvertes d'herbes et de carex où se trouvent de petites mares et quelques lacs peu profonds. Les sites de nidification occupés sur les îles Cheyne et dans le détroit de Penny se trouvaient sur des récifs de gravier bas situés à proximité de polynies, lesquelles attirent les oiseaux lorsqu'elles s'ouvrent à la fin du printemps.

Biologie

On pense que la Mouette rosée atteint la maturité sexuelle au cours de sa deuxième année. Les conditions climatiques ont une incidence sur le moment de la nidification. Au Canada, les mauvaises conditions climatiques printanières de certaines années pourraient même dissuader les oiseaux de se reproduire. Les nids peuvent être une dépression dans la terre (une coupe), une coupe de mousse, ou être situés dans des buttes de carex des prés. La couvée compte généralement 3 œufs. Les 2 parents couvent pendant 21 à 22 jours, et les oisillons quittent le nid 20 jours environ après l'éclosion. Les nids sont souvent éloignés les uns des autres et ils se trouvent au sein de colonies de Sternes arctiques. Ils sont habituellement jusqu’à 8 par colonie et n'ont jamais dépassé le nombre de 20.

Les œufs et les oisillons sont la proie de prédateurs aviaires et mammifères, et le succès de la reproduction est faible. Les mouettes se nourrissent en mer, sans doute de manière opportuniste, de petits poissons et d'invertébrés, ainsi que d'insectes pendant la saison de reproduction.

Déplacements et dispersion

Après la reproduction, les Mouettes rosées se dirigent vers le nord pour atteindre l'océan Arctique et il semble qu’elles exploitent les glaces à la dérive et le rebord de la plate-forme continentale jusqu'au pôle Nord tant que la présence d'eaux libres le leur permet. On observe une forte migration automnale vers l'est, vers les aires d'alimentation de la mer de Beaufort au-delà de la pointe Barrow, en Alaska, et un mouvement de retour vers l'ouest s’amorce au début de l'hiver, avec le gel de l'océan et les possibilités de s’alimenter le long de la banquise.

Taille et tendances des populations

Selon des recensements menés dans les aires de nidification de la Sibérie, la population de Mouettes rosées compterait environ 50 000 individus et est considérée vulnérable/apparemment non en péril (vulnerable/apparently secure), et n'est pas menacée à l'échelle mondiale. Le peu d'information disponible ne permet pas de déterminer si la population mondiale reste stable. Au cours des 30 dernières années, il y aurait eu une augmentation importante du nombre de Mouettes rosées signalées au sud des aires d'hivernage traditionnelles, par exemple dans les îles Britanniques, en Islande, dans le sud du Canada et aux États-Unis à l'extérieur de l'Alaska.

Au Canada, la Mouette rosée est présente en petites populations éparpillées dans le Bas-Arctique et dans l'Extrême-Arctique, et la population reproductrice totale connue chaque année s’établissait entre 0 et 10 couples. La population de Churchill a compté entre 1 et 5 couples depuis 1980, la colonie des îles Cheyne a atteint un maximum de 20 individus lorsque 6 couples et 8 oiseaux individuels étaient présents en 1978, et on pense que 10 individus (5 couples) pouvaient occuper l'île sans nom dans le détroit de Penny en 2005. En 2006, 3 couples ont été observés à nouveau sur l'île sans nom (G. Gilchrist, comm. pers.; Pearson et al., 2006).

Facteurs limitatifs et menaces

Les forages pétroliers dans les mers de Beaufort et de Tchoukotka sont une menace potentielle vu les importantes concentrations automnales d'oiseaux dans la mer de Beaufort. Les sites de nidification canadiens sont relativement éloignés et ne sont donc pas vulnérables aux développements industriels, à l'heure actuelle. Cela dit, il y a dans l’Arctique canadien d'importantes réserves connues de pétrole et de gaz qui pourraient être exploitées à l’avenir.

Vu la rapidité avec laquelle les changements climatiques affectent l'Arctique, toute espèce tributaire adaptée à cette région devrait être considérée comme visée par une menace imminente. Les régimes annuels des glaces et de la neige sont probablement d'importants facteurs limitatifs qui influencent chaque année la décision de se reproduire, la présence d'eaux libres à proximité du site de nidification étant essentielle. On ignore quels effets les changements climatiques pourraient avoir sur l'écologie de reproduction de la Mouette rosée.

Les perturbations anthropiques sur les sites de nidification ont poussé certains oiseaux à abandonner leur nid, et il existe encore sans doute un marché noir pour les œufs de Mouettes rosées. Le succès de l’envol est faible, l'hypothermie étant souvent mentionnée comme cause fréquente de mortalité chez les oisillons.

Importance de l’espèce

En raison de sa rareté, la Mouette rosée est très attirante pour les ornithologues, ce qui a insufflé un nouvel élan économique à la collectivité (voir Churchill). La chasse à la Mouette rosée à des fins de subsistance est probablement négligeable au Canada.

Protection actuelle

La Mouette rosée a été désignée espèce menacée par le COSEPAC en novembre 2001. Il est interdit en vertu de la Loi sur les espèce en péril (LEP) d'endommager ou de détruire la résidence (= nid) de la Mouette rosée. L'espèce et sa résidence sont protégées en vertu de la Loi de 1994 sur la Convention concernant les oiseaux migrateurs. La collecte d'adultes, d'oisillons ou d'œufs est interdite. La chasse à la Mouette rosée est également interdite en Russie. L'espèce bénéficie également d'une certaine protection en vertu de la Loi sur les parcs nationaux du Canada et de la zone de conservation spéciale de Churchill.

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