Omble à tête plate (Salvelinus confluentus) évaluation et rapport de situation du COSEPAC 2012 : chapitre 6

Répartition

Aire de répartition mondiale

L’omble à tête plate est une espèce endémique de l’ouest du Canada et de la côte nord-ouest des États-Unis et, comme beaucoup d’autres taxons qui ont recolonisé des zones jadis recouvertes par la glaciation, il occupe une vaste aire géographique (figures 5 et 6). Son aire de répartition actuelle s’étend de la frontière Oregon-Californie et du nord du Nevada (42 °N) jusqu’au sud du Yukon et au sud-ouest des Territoires du Nord-Ouest (65 °N; Haas et McPhail, 1991; Mochnacz et al., 2009). Même si son aire de répartition rejoint la côte du Pacifique dans le sud-ouest de la Colombie-Britannique (bassins versants du Fraser et de la Squamish) et le nord-ouest de l’État de Washington (bassin de la Skagit et presqu’île Olympic; Cavender, 1978; Haas et McPhail, 1991) et qu’elle s’étend approximativement jusqu’à la longitude 113 °O, l’espèce est habituellement limitée aux bassins versants de l’intérieur (Haas et McPhail, 1991). Concentré à l’ouest de la ligne continentale de partage des eaux, l’omble à tête plate s’observe néanmoins également à l’est de cette ligne, jusqu’à la longitude 114 °O, depuis la portion supérieure des systèmes du Columbia et de la Saskatchewan Sud, dans l’ouest du Montana et de l’Alberta, jusqu’au système du Mackenzie dans les Territoires du Nord-Ouest (Haas et McPhail, 1991; Reist et al., 2002).


Figure 6. Limites approximatives des aires de répartition mondiales actuelle et historique de l’omble à tête plate

Carte des limites approximatives des aires de répartition mondiales actuelle et historique de l’omble à tête plate.

L’aire de répartition actuelle n’est pas continue. Limites de l’aire de répartition historique établies à partir des données de McPhail et Baxter (1996); aire de répartition actuelle adaptée de la figure 5 des références USFWS (2008) et Rodtka (2009).

La portion de l’aire de répartition située au sud de la frontière avec les États-Unis s’est cependant considérablement rétrécie au cours du passé récent (Rieman et al., 1997; USFWS, 1999; figure 6). Présente à l’origine jusque dans le nord de la Californie (41 °N), l’espèce est aujourd’hui disparue partout, sauf dans le nord du Nevada, bien qu’elle persiste dans les États de Washington, de l’Idaho, du Montana et de l’Oregon, la limite méridionale de son aire de répartition correspondant désormais à la frontière Oregon-Californie (42 °N; Haas et McPhail, 1991; USFWS, 2008). Les populations ont toujours été fragmentées, mais leurs vestiges sont aujourd’hui plus isolés que jamais (Rieman et al., 1997). La température semble jouer un rôle important dans la détermination de la limite méridionale de l’aire de répartition des espèces de poissons d’eaux froides (Dunham et al., 2003) et, à mesure qu’on se déplace vers le nord dans l’aire de répartition de l’omble à tête plate, il semble que le nombre de sites occupés par cette espèce augmente (Haas et McPhail, 1991; McPhail, 2007). Cette tendance est vraisemblablement due, au moins en partie, à la présence dans les régions nord de milieux plus propices aux eaux plus limpides (Haas et McPhail, 1991). Au cours des récentes décennies, l’aire de répartition de l’omble à tête plate s’est aussi rétrécie dans sa partie orientale, en Alberta (Rodtka, 2009; voir ci-dessous).

Aire de répartition canadienne

La plus grande partie de l’aire de répartition mondiale de l’omble à tête plate (80 %) se trouve au Canada (Rieman et al., 1997) : en Colombie-Britannique, en Alberta, au Yukon et dans les Territoires du Nord-Ouest. Elle recoupe quatre ZBNED (figure 5), soit les zones 4 (bassin des rivières Saskatchewan et Nelson), 6 (bassin du Yukon), 11 (Pacifique) et 13 (ouest de l’Arctique). En fait, la majeure partie des sites actuellement occupés par les populations d’ombles à tête plate se trouvent en Colombie-Britannique (Pollard et Down, 2001). Cette province est considérée comme la dernière entité territoriale canadienne dans laquelle l’omble à tête plate est largement réparti (Pollard et Down, 2001; McPhail, 2007); on le trouve en effet dans 26 des 36 « unités hydrographiques écologiques » (UHE) définies dans cette province (Hagen et Decker, 2011). Ce niveau de classification utilise les caractéristiques générales des régimes zoogéographiques, physiographiques et climatiques afin de délimiter des bassins hydrographiques importants peuplés d’assemblages uniques de poissons (Ciruna et al., 2007). On trouve l’omble à tête plate dans les eaux froides de la plupart des principaux bassins versants de la province, y compris ceux de l’intérieur du territoire provincial (p. ex., cours supérieur du Columbia, rivière de la Paix, rivière Liard et fleuve Yukon) et ceux qui s’étendent de la côte jusqu’à l’intérieur de la chaîne Côtière (p. ex., fleuve Fraser et rivières Homathko, Klinaklini, Skeena, Nass, Iskut-Stikine et Taku) (Haas et McPhail, 1991; McPhail, 2007; Hagen et Decker, 2011). L’espèce est cependant absente de l’île de Vancouver, de l’archipel de la Reine-Charlotte et de trois bassins adjacents aux eaux plus chaudes (Okanagan, Kettle et Similkameen) du sud-intérieur (figure 5; Haas et McPhail, 1991; McPhail, 2007; Hagen et Decker, 2011). Les populations côtières de la lignée génétique 1qu’on observe sur la côte méridionale de la Colombie-Britannique (p. ex., Squamish et cours inférieur du Fraser) sont séparées de celles de la lignée génétique 2 par une vaste zone côtière entre le bassin de la rivière Squamish, au sud, et celui de la rivière Homathko, dans la zone côtière centrale (McPhail, 2007; Hagen et Decker, 2011). Le Dolly Varden serait semble-t-il le seul omble indigène présent dans les rivières côtières plus courtes qui drainent le territoire continental entre ces bassins hydrographiques (McPhail, 2007; Hagen et Decker, 2011).

Les informations détaillées disponibles portant sur la répartition de l’omble à tête plate ont été jugées inadéquates dans la plupart des régions de la Colombie-Britannique (Cannings et Ptolemy, 1998), et l’on a souvent dû recourir aux avis d’experts pour établir les meilleures estimations. Les efforts accrus déployés au cours des 15 dernières années pour dresser des inventaires de reconnaissance ont permis d’en apprendre davantage sur la répartition générale de l’omble à tête plate dans cette province (Pollard et Down, 2001), bien que certaines lacunes persistent encore probablement, notamment en ce qui concerne les zones éloignées ou vierges à faible niveau d’activité industrielle -- p. ex., une vaste portion du moyen Fraser et les zones les plus nordiques de la province (examiné par Hagen et Decker, 2011). Des lacunes persistent également en ce qui concerne les cours d’eau d’amont des bassins côtiers où des échantillonnages effectués récemment ont signalé la présence de l’omble à tête plate dans des zones où on le croyait jusque-là absent (E. Stoddard, comm. pers., 2009). Ces sources d’erreurs conduisent vraisemblablement à sous-estimer l’aire de répartition de l’espèce, mais il existe par contre une importante source de surestimation dont il convient de se méfier : l’existence d’une vaste zone de sympatrie dans laquelle il est difficile de distinguer l’omble à tête plate du Dolly Varden (Hagen et Decker, 2011).Ce problème constitue une source importante d’incertitude quant à la répartition et au statut exacts de ces deux espèces dans une vaste portion du territoire de la Colombie-Britannique (Hagen et Decker, 2011).

L’omble à tête plate est le seul omble indigène présent dans l’ensemble des principaux bassins hydrographiques de l’est des Rocheuses, en Alberta (rivières de la Paix, Athabasca, Saskatchewan Sud et Saskatchewan Nord [figure 5; Haas et McPhail, 2001; Rodtka, 2009]). Historiquement, l’aire de répartition de l’espèce dans cette province était encore plus vaste (figure 6), certaines informations à caractère anecdotique et certaines mentions historiques limitées laissant deviner une importante contraction de l’aire de répartition de l’espèce dans tous les systèmes fluviaux occupés en Alberta depuis le début du XXe siècle. Les aires d’occupation de l’omble à tête plate qui s’étendaient autrefois plus loin en aval ont aujourd’hui tendance à se limiter aux tronçons supérieurs des principaux bassins. La plupart des populations se trouvent aujourd’hui à l’intérieur des Rocheuses et dans la région naturelle du piémont ainsi que dans des portions limitées des sous-régions naturelles de la forêt-parc de la rivière de la Paix et de la forêt mixte sèche (Rodtka, 2009). On peut cependant observer cette espèce plus loin vers l’intérieur, mais en plus petits nombres, dans les portions plus nordiques des rivières de la Paix et Athabasca (Berry, 1994).

L’effet combiné des confusions taxinomiques du passé et d’un échantillonnage généralement déficient des régions nordiques (> 60 °N) a créé de l’incertitude quant à la limite septentrionale de l’aire de répartition de l’omble à tête plate. Les problèmes d’identification posés par le Dolly Varden et l’omble à tête plate ont été réglés dans les autres provinces et territoires où vit l’omble à tête plate par Haas et McPhail (1991), mais la confusion a persisté dans les Territoires du Nord-Ouest jusqu’en 2002 (Reist et al., 2002). L’examen réalisé par ces auteurs des mentions historiques et la capture de nouveaux spécimens ont révélé la présence de l’omble à tête plate dans la portion occidentale des Territoires du Nord-Ouest, depuis le bassin du Mackenzie jusqu’au centre de la zone désignée du Sahtu (Reist et al.,2002). Les études réalisées depuis ont permis de définir encore mieux la limite nord de l’aire de répartition de cette espèce -- par exemple, Mochnacz et al. (2006), Mochnacz et Reist (2007) et Mochnacz et al. (en cours d’examen) ont confirmé que l’omble à tête plate est largement réparti, quoique d’une manière clairsemée, dans la plus grande partie du sud (Deh Cho) et du centre (Sahtu) des Territoires du Nord-Ouest, dans les bassins à l’ouest du Mackenzie (figure 5). La localité la plus nordique connue à l’heure actuelle est la rivière Gayna (Mochnacz et al., 2009). Voici qui résume l’état des connaissances actuelles sur la répartition de l’omble à tête plate dans les Territoires du Nord-Ouest. Cependant, les connaissances sur cette région s’amélioreront à mesure que de nouvelles données deviendront disponibles (Reist et Sawatzky, 2010).

Au Yukon, l’omble à tête plate s’observe surtout dans le bassin versant de la Liard, mais on pense qu’il pourrait également occuper la portion supérieure du bassin du Yukon (figure 5). Depuis qu’un échantillon provenant de la Liard (qui se jette dans le Mackenzie) a corroboré sa présence dans le sud-est de ce territoire (Haas et McPhail, 1991), l’espèce a été signalée dans de nombreux cours d’eau et lacs du bassin de la Liard, dans le sud-est du Yukon (Can-nic-a-nick Environmental Sciences, 2004). Bien que la répartition globale de l’omble à tête plate dans cette région éloignée demeure quelque peu obscure, un exercice de modélisation récent et des visites de sites ont donné à conclure qu’il serait vraisemblablement largement répandu dans ce bassin versant (Miller, comm. pers., 2010). On connaît par contre encore très mal la répartition de l’omble à tête plate dans la portion supérieure du bassin du Yukon. L’espèce a été observée à l’extrême amont du bassin versant, dans le nord-ouest de la Colombie-Britannique (Haas et McPhail, 1991), et une étude des connaissances traditionnelles effectuée par le Conseil de Teslin Tlingit à la fin des années 1990 a révélé la présence de poissons appartenant au complexe Dolly Varden/omble à tête plate dans les rivières du bassin du Yukon traversant leur territoire traditionnel (Connor et al., 1999). Des rapports anecdotiques signalent également la présence d’ombles dans cette région, mais une recherche approfondie n’a pas permis d’en capturer (Connor et al., 1999).

La zone d’occurrence et l’indice de zone d’occupation (IZO) ont été estimés pour chaque UDconformément aux lignes directrices du COSEPAC(c’est-à-dire à l’aide de la méthode du polygone convexe minimum pour la zone d’occurrence, et d’une grille à mailles de 2 km de côté superposée sur les occurrences pour l’IZO). Tous les calculs de l’IZO sont des estimations minimales fondées sur des observations confirmées de l’omble à tête plate. On sait que beaucoup de petits cours d’eau abritent des populations saisonnières d’adultes et/ou des populations de juvéniles ou des populations sédentaires d’ombles à tête plate (Christiansen, comm. pers., 2010), mais les données d’observation utilisées ici sont limitées à des cours d’eau de plus grande envergure. Les estimations de l’IZO risquent donc d’être des sous-estimations. Dans tous les cas, les observations enregistrées ne sont pas suffisantes pour permettre un calcul précis de l’IZO, et les estimations ne sont fournies qu’à titre d’approximation aux fins des comparaisons avec les valeurs seuils :

Détails de la page

Date de modification :