Orthocarpe à épi feuillu (Orthocarpus bracteosus) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 5

Habitat

Besoins de l’espèce

La seule population de Orthocarpus bracteosus connue au Canada se retrouve dans une mare printanière très peu profonde (ou dépression humide durant les hivers secs). Les sols, d’une profondeur de 15 à 30 cm, sont constitués d’un horizon Ah très marqué résultant probablement de la décomposition in situ des racines d’herbes et de graminées. Les sols sont légèrement bouleversés durant l’hiver probablement par le becquetage des goélands à leur surface. Les arbres, les arbustes ou les herbes plus robustes sont absents. Le couvert végétal atteint son maximum (à environ 20 p.100) au début de l’été. Les espèces dominantes incluent Grindelia integrifolia, Plantago lanceolata, Hypochaeris radicata, Prunella vulgaris et Orthocarpus bracteosus. Les espèces suivantes s’y retrouvent également mais en moins grand nombre : Lotus unifoliatus var. unifoliatus, L. formosissimus, Plantago elongata, Mimulus gutattus, Fragaria chiloensis, Armeria maritima, Festuca rubra, Holcus lanatus, Vulpia bromoides, Geranium molle, Isoetes nuttallii, Dodecatheon pulchellum, Limnanthes macounii et Castilleja ambigua. La végétation a atteint le stade climax – l’envahissement par les plantes indigènes (arbres, arbustes et herbes robustes mésiques) est empêché par la faible profondeur du sol, par son absence d’aération durant la période prolongée de saturation hivernale et par la sécheresse estivale marquée. L’envahissement par les plantes introduites suivantes est limité à un certain niveau : Cytisus scoparius, Ulex europaeus, Daphne laureola, Holcus lanatus, Hedera helix, Plantago lanceolata, Hypochaeris radicata, Vulpia bromoides et Geranium molle. Les quatre premières espèces ne semblent pas constituer une menace significative puisqu’elles semblent être limitées par les mêmes facteurs empêchant l’envahissement par les arbres et les arbustes indigènes. Hedera helix  semble capable de se propager à travers la mare printanière grâce à l’apport d’humidité et de nutriments des racines extérieures à la mare. Les quatre autres espèces sont maintenant bien établies dans la mare printanière, et on ne sait si leurs populations s’accroîtront ultérieurement.

La présence simultanée de Lotus formosissimus, de Limnanthes macounii et de Castilleja ambigua est d’une importance particulière – le COSEPAC a désigné Lotus formosissimus, espèce en voie de disparition et Limnanthes macounii, espèce préoccupante. Castilleja ambigua, récensé dans moins de 10 sites au Canada, est un candidat potentiel à une éventuelle inscription sur la liste des espèces en péril du COSEPAC.

De vieilles occurrences suggèrent que Orthocarpus bracteosus était présent autrefois, de façon sporadique, au sein d’une variété d’habitats ouverts, caractéristiques des hivers humides ou des étés secs : les fossés, les prairies et les champs ouverts. Ces descriptions d’habitats correspondent à celles des populations de l’État de Washington (Florence Caplow, botaniste, Washington Natural Heritage Program, comm. pers., 6 novembre 2001).

Historiquement, les mares printanières tendent à être assez isolées les unes des autres au sein de la zone d’occurrence – un cas extrême de fragmentation. La même situation se présente ailleurs avec les prairies côtières. Les fossés et les champs ne sont vraisemblablement plus des habitats propices, leur végétation s’étant totalement modifiée avec l’envahissement omniprésent des graminées introduites.

Tendances

Aucune information n’est disponible sur l’évolution des mares printanières et des prairies côtières de la région de Victoria. Par contre, ces habitats partagent, sans contredit, les mêmes tendances que les écosystèmes de chênes de Garry, avec lesquels ils sont étroitement associés. Trois tendances majeures ont agi, au cours du dernier siècle, sur les écosystèmes des chênes de Garry : (1) la culture, (2) l’urbanisation et (3) l’envahissement des mauvaises herbes introduites. En raison de ces facteurs, l’étendue originale des écosystèmes des chênes Garry dans la région de Victoria a été amputée de plus de 95 p.100. Il ne subsiste, aujourd’hui, que des communautés isolées, lourdement fragmentées aux échanges génétiques substantiels inexistants (Lea 2002).  La plupart des prés côtiers et des mares printanières subsistants sont peu protégés. Plusieurs appartiennent à des particuliers tandis que ceux qui sont du domaine public ne possèdent aucun plan de gestion ou de sauvegarde des espèces en péril, lesquels garantiraient que les occurrences de ces espèces soient protégées contre les activités de gestion et les utilisations des terres.

Protection et propriété des terrains

L’unique population subsistante d’orthocarpe à épi feuillu se trouve sur la réserve écologique de l’île Trial en bordure d’un terrain provincial loué par Seacoast Communications pour radiodiffusion commerciale. La Garde côtière canadienne est propriétaire de la station de phare de l’île Trial, située à moins de 250 m de cette population.

La réserve écologique de l’île Trial n’offre qu’une protection nominale aux espèces végétales situées à l’intérieur de son périmètre en vertu de la Protected Areas of British Columbia Act. Cette loi exige qu’un permis d’utilisation de parc valide soit émis avant que toute plante ne soit détruite, endommagée ou perturbée. Aucun employé de parc n’est posté à l’île Trial et la protection légale présentement accordée aux réserves écologiques ne préserve pas la population des dangers menaçant les habitats.

La Colombie-Britannique ne possède pas de loi spécifique en ce qui concerne la protection des espèces en péril.

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