Pèlerin, Pacifique (Cetorhinus maximus) : évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 9
Taille et tendances des populations
- Activités de recherche
- Abondance et mortalité
- Fluctuations et tendances
- Estimation de la mortalité totale et du déclin
- Sommaire
- Effet d'une immigration de source externe
Il est important de souligner que les pèlerins n’ont été signalés que lorsqu'ils étaient visibles à la surface, mais que le pourcentage de temps passé à la surface est inconnu. Les activités à la surface dépendent probablement de la répartition des proies (voir la section Habitat), des conditions climatiques et des comportements reproducteurs (p. ex. cercle du nez à la queue). Rien ne permet de spéculer sur les tendances interannuelles dans le temps que passe une population de pèlerins à la surface de l'eau.
Actuelles
Bien qu'aucun relevé exhaustif n'ait été mené pour le pèlerin dans les eaux canadiennes du Pacifique, des relevés intensifs des mammifères marins ont été réalisés à bord de bateaux pendant plus de 20 ans dans l'habitat côtier convenant au pèlerin. Depuis 2002, les relevés côtiers ont été complétés par des relevés menés au large le long de la côte ouest de l'île de Vancouver, des côtes ouest et est des îles de la Reine-Charlotte, et de la côte centrale du continent (Ford, comm. pers., 2004). De plus, des vols de surveillance (un observateur spécialisé dans les mammifères marins était à bord de 8 de ces vols) ont été effectués principalement en 2002 et en 2003, et ont couvert toutes les parties de la côte jusqu'à 200 milles nautiques au large (Ford, comm. pers., 2005). Aucun pèlerin n'a été observé lors de ces relevés.
Le Juan de Fuca Express effectue la liaison entre Port Renfrew et Bamfield, sur la côte sud-ouest de l'île de Vancouver. Depuis 1996, au moins 1 900 voyages ont été effectués dans ces eaux pendant les mois d'été, mais aucun pèlerin n'y a été observé (Gisborne, comm. pers., 2006). Le service est assuré par une personne formée en observation des mammifères marins.
Il y a, en Colombie-Britannique, une importante industrie de tourisme marin qui chevauche des zones occupées historiquement par le pèlerin. Un des auteurs a réalisé un relevé sans prétention scientifique par téléphone et par courrier électronique auprès des exploitants d'embarcations (y compris les traversiers, les transporteurs et les entreprises touristiques), des chercheurs et des spécialistes de la sensibilisation. Ce relevé non scientifique n'a permis de retracer que 6 enregistrements faits depuis 1973 (à l'exclusion de la baie Clayoquot) (tableau 2). Le B.C. Cetacean Sightings Network n'a enregistré aucun pèlerin (Pinnell, comm. pers., 2004). Les principaux secteurs où l'on pouvait autrefois observer de grands groupes de pèlerins sont le bras de mer Rivers, la baie Barkley et la baie Clayoquot. Si des pèlerins actifs à la surface fréquentaient encore ces secteurs, ils y seraient certainement remarqués vu la présence d'entreprises touristiques, d'une station biologique, de pêcheurs et de vastes réseaux de transport maritime. Darling et Keogh (1994) dressent une liste exhaustive des observations fiables dans la baie Clayoquot. Cette liste comprend 54 observations de pèlerins faites par un pilote de l'aviation commerciale (1973-1992, observations toutes les années, sauf pour 5 d'entre elles) et 6 autres observations (de 1988 à 1991). Toutes les observations ont été faites dans des passes et des passages.
Date | Nom et organisme | Emplacement | Commentaires |
---|---|---|---|
1973 | Gisborne, B. (Bateau-taxi Juan de Fuca Express) | Entrée du passage Bamfield, baie Barkley | |
1979 | Stewart, Anne (BMSC, sensibilisation) | Chenal Trevor, baie Barkley | |
1982 | Stewart, Anne (BMSC, sensibilisation) | Chenal Trevor, baie Barkley | 35 pi de long |
1984 | Watson, Jane (Malaspina University College) | Chenal Trevor, baie Barkley | Présent pendant une semaine |
1999 | Mitchell, Jim (MPO, division de la côte sud) | 48 39 50N, 124 50,8O; côte sud-ouest de l'île de Vancouver (au large de Nitnat) | 12 pi dans 8 m d'eau |
2002 | Kattler, D. (BC Ferries, deuxième officier) | 30 milles au sud-ouest de Rose Spit (53 43,1 131 18,95) | Juillet |
2005 | Lloyd, Kitty (naturaliste, Bluewater Adventures) | Îles de la Reine-Charlotte |
Depuis 1996, la pêche au chalut du poisson de fond (à l'extérieur des eaux – Option A) a été intensivement surveillée (couverture totale de tous les voyages). Même si le nombre de chaluts de fond remontés à la surface s'élève à environ 18 000 par année, la base de données ne comprend que 4 signalements fiables de pèlerins (PacHarvTrawl) (tableau 3). Il n'y a aucun autre enregistrement connu dans les données des relevés de pêche, des vols de surveillance et des prises. Si le pèlerin était présent, il serait capturé comme prise accessoire par la pêche commerciale au merlu puisque les 2 espèces préfèrent généralement les eaux riches en zooplancton, mais, malgré la couverture complète des observateurs, cette pêche n'a capturé aucun pèlerin.
Année de pêche | Latitude | Longitude | Poids estimé (kg) | Mois | Profondeur de pêche (m) |
---|---|---|---|---|---|
1996 | 51,86 | 130,52 | 1 100 | Mai | 288 |
2000 | 51,88 | 130,54 | 1 100 | Février | 353 |
2000 | 51,70 | 130,72 | 900 | Mars | 381 |
2004* | Baie Rennell | 1350 | Août | Inconnue |
* Données confirmées par des photographies prises à bord, pas encore disponibles dans la base de données.
Source : base de données Pactrawl.
Activités entreprises dans le passé
Des efforts considérables ont été consacrés à l’examen des enregistrements historiques afin de mieux comprendre l'abondance passée (présente étude; Wallace et Gisborne, 2006). Les enregistrements provenaient de sources scientifiques, de journaux, d'enregistrements gouvernementaux concernant le programme d'éradication, des pêches commerciales et de la pêche sportive au pèlerin. Ces enregistrements figurent à l'Annexe 1. Les conclusions du présent rapport ne se fondent pas sur des données anecdotiques ou des articles de journaux, mais ces signalements offrent néanmoins une idée générale assez fiable de l'abondance et de la répartition.
Enregistrements historiques et scientifiques
Les premiers enregistrements historiques et scientifiques pour la population du Pacifique sont limités, mais décrivent tous le pèlerin comme étant une espèce abondante. Dans un article paru en 1862, J.G. Swan raconte que les pèlerins sont « abondants » et que les eaux le long des côtes du détroit Juan de Fuca (près de Port Renfrew) sont « grouillantes » de pèlerins (Annexe 1). Dans un article faisant référence à Neah Bay, dans l'État de Washington, Swan relate que les pèlerins sont « très abondants en été et en automne ». Dans un rapport sur les îles de la Reine-Charlotte publié en 1880, Dawson affirme que « les gros requins sont abondants le long des côtes nord et ouest ». Bien que l'auteur ne précise pas l'espèce de requin, il mentionne que leur foie produit « de grandes quantités d'huile », ce qui laisse croire qu'il fait référence au pèlerin. En 1905, le pèlerin est brièvement mentionné dans le rapport de la British Columbia Fisheries Commission. On y soutient que le requin est commun dans le détroit de la Reine-Charlotte pendant les mois d'été, qu'il est inoffensif et qu'il est possible d'y toucher avec les mains. La première mention scientifique est attribuable à Clemens et Wilby (1935), qui ont décrit le pèlerin comme « commun tout le long de la côte de la Colombie-Britannique ». En avril 1935, Dr. W.A. Clemens communiquait avec le surveillant en chef des pêches, A. Motherwell. Celui-ci affirmait avoir observé, lors d'un relevé visant l'otarie à fourrure, « bon nombre de rorquals à bosse et de pèlerins » à environ 25 milles au sud de Pachena (côte sud-ouest de l'île de Vancouver). Signalons que l'étude de Darling et Keogh (1994) est la seule étude scientifique sur le pèlerin dans les eaux canadiennes du Pacifique.
L'abondance actuelle du pèlerin dans les eaux canadiennes du Pacifique est inconnue, mais tout porte à croire qu'elle a beaucoup diminué. Les enregistrements historiques montrent une aire de répartition très étendue et plusieurs secteurs accueillant des groupements de centaines, voire de milliers d'individus (Wallace et Gisborne, 2006). À l'heure actuelle, le pèlerin est peu fréquemment observé dans les eaux du Pacifique. Seulement 6 observations ont été confirmées depuis 1996 et seulement 10 depuis 1973 (à l'exclusion de la baie Clayoquot), dont 4 requins qui ont été capturés par des chaluts et qui n'ont probablement pas survécu (tableaux 2 et 3). Par conséquent, aucune donnée fiable ne permet d'estimer la taille de la population actuelle.
Pour évaluer le pèlerin sur 3 générations, il faut remonter au moins 66 années en arrière. Entre 1900 et 1970, le pèlerin était régulièrement observé à de nombreux endroits le long de la côte de la Colombie-Britannique (voir le tableau 1). Pendant cette période, l'espèce a été soumise à la pêche commerciale, à un programme direct d'éradication, aux autres pêches et à la pêche sportive au harpon. Le présent rapport a fait le tour de tous les enregistrements historiques de pèlerins dans les eaux canadiennes du Pacifique et conclut qu'au moins 1 000 requins ont été tués entre 1945 et 1970 (Annexe 1).
Pêche commerciale
La majorité de l'information sur la pêche au pèlerin en vue de faire le commerce de son foie est qualitative et est tirée de journaux. Dans un article paru en 1921, un journaliste raconte que le chef de la Consolidated Whaling Company lui a affirmé que « les bancs de milliers de requins [pèlerins] » étaient si denses dans le canal Alberni en juillet « qu'un de ses navires à vapeur côtiers a été complètement arrêté par ces géants qui s'étaient entassés sur les côtés du bateau et autour de la proue » [traduction] (Port Alberni News, le 31 août 1921). Les statistiques sur les pêches de l'époque ne font pas référence à des débarquements de pèlerins, ceux-ci étant probablement vendus de manière transformée, sous la forme d'huile, de farine et d'engrais.
Les données économiques et les articles de journaux donnent à penser qu’il n’y a probablement eu de pêche au pèlerin en vue de faire le commerce de son foie qu'entre 1941 et 1947. Des articles de journaux publiés en 1946 racontent que « plusieurs bateaux de pêche de la région de Bamfield » avaient recours à des techniques de harponnage pour capturer des pèlerins (Vancouver Sun, 1946). Malheureusement, tous les débarquements de pèlerins ont été regroupés avec ceux d'autres requins, comme le requin-chat brun, le requin bleu, la laimargue du Pacifique et la taupe du Pacifique. Entre 1941 et 1945, 379 t (841 600 livres) de foie provenant de divers requins ont été enregistrées. Selon les journaux, chaque pèlerin pouvait procurer environ 450 kg (1 000 livres) de foie. Si, par exemple, 10 p. 100 des débarquements de foie provenaient de pèlerins, alors environ 80 pèlerins ont été transformés. Aucun fondement raisonnable ne permet cependant de spéculer sur le nombre de requins tués.
Interactions avec les pêches et éradication
Pendant la majeure partie du dernier siècle, les pèlerins étaient considérés comme une nuisance pour les activités de la pêche commerciale au saumon, tant pour la pêche au filet maillant que pour la pêche à la traîne. Comme les pèlerins semblent privilégier des habitats qui sont similaires à ceux du saumon (c.-à-d. les secteurs de denses concentrations de zooplancton), ils entrent en contact avec les engins de cette pêche. Les mortalités ont été causées par les filets, dans lesquels se sont emmêlés les pèlerins, et par un programme ciblé d'éradication visant à réduire cette nuisance. Le signalement de 4 pèlerins emmêlés dans des engins de pêche commerciale au chalut du poisson de fond, depuis 1996, donne à penser qu'un certain nombre de pèlerins ont sans doute été capturés comme prises accessoires tout au long des 70 années d'existence de cette pêche.
Voici quelques brèves descriptions tirées de journaux et d'autres rapports qui contribueront à décrire les interactions et à estimer la mortalité.
Bras de mer Rivers
Une photo prise en 1901 dans le bras de mer Rivers est la première preuve d'une interaction entre un pèlerin et des filets maillants à saumon (BC Archives, 2004). En 1942, « des centaines de gros pèlerins » auraient causé des dommages de « plusieurs milliers de dollars » aux filets maillants dans le district du bras de mer Rivers (Province, 1942). En 1943, B.C. Packers réagissait à ces dommages en concevant une « faucheuse à requins », c'est-à-dire un bateau « muni d'une lame acérée en acier qui tranche les monstres lorsqu'ils se montrent à la surface » (Province, 1943). Cette année-là, les médias rapportent seulement 6 requins tués par ce dispositif. En juin 1994, un journaliste raconte que les « requins géants [pèlerins] causent encore des ennuis aux pêcheurs de saumons à Namu » et qu'ils sont « beaucoup plus gros que par les années passées » (Colonist, 1944). En 1947, on raconte que « de nombreux gros requins » ont causé « d'importants dommages » aux 100 bateaux de pêche dans le bras de mer Rivers (Province, 1947). En juillet 1947, un journaliste affirme que « des milliers de pèlerins ont envahi les eaux le long de la côte continentale au cours des dernières semaines » (Colonist, 1947). On ne sait pas si le bateau à lame a été utilisé après 1943. Depuis 1948, aucun pèlerin n'a été enregistré dans le secteur du bras de mer Rivers. Il est important de noter que, certaines années, jusqu'à 1 200 bateaux étaient actifs dans les secteurs de pêche du bras de mer Rivers. Plusieurs autres articles de journaux faisant référence à ce secteur figurent à l'Annexe 1.
Baie Barkley
Des signalements anecdotiques et des articles de journaux décrivent des endroits dans la région de la baie Barkley où des centaines, voire des milliers de pèlerins pouvaient être observés (Annexe 1). Entre 1945 et 1969, et peut-être même avant, les pèlerins étaient une nuisance bien connue des pêcheurs aux filets maillants de la baie Barkley (Annexe 1; tableau 4). Malgré les demandes répétées des pêcheurs entre 1948 et 1954, ce n'est qu'en 1955 que le ministère des Pêches et des Océans s'est engagé activement dans un programme d'éradication. Entre 1955 et 1969, 413 requins ont été tués au moyen d'une grosse lame fixée à la proue d'un bateau de surveillance (tableau 4). Avant d'installer ce couteau, on avait tenté de tuer les requins en les tirant ou en les harponnant à bord de bateaux de surveillance. Parallèlement au programme d'éradication, les autres bateaux de surveillance patrouillant le long de la côte avaient reçu l'ordre d'éperonner les pèlerins qu'ils rencontraient, ce qui a possiblement entraîné la mort de 200 à 300 pèlerins de plus (Fletcher, comm. pers., 2004).
L'emmêlement est probablement le principal responsable de la mortalité historique, mais il est impossible de déterminer avec précision le nombre de pèlerins tués de cette manière. Lorsqu'un pèlerin s'emmêle dans un filet maillant, il y meurt ou y est tué par le pêcheur qui tente de protéger ses filets (Peterson, 1999). En novembre 1952, le magazine Western Fisheries racontait qu'un pêcheur au filet maillant avait capturé 7 pèlerins en une seule saison. Un pêcheur de la baie Barkley a soutenu avoir « détruit » 7 ou 8 pèlerins pris dans son filet (années 1950 environ) sur une période de plusieurs années. Le même pêcheur estime qu'environ 150 pêcheurs au filet maillant s'activaient dans la baie Barkley pendant cette période et que de nombreuses mortalités n’ont peut-être pas été enregistrées (Peterson, 1999). Des pèlerins emmêlés dans des engins de pêche à la traîne ont également été signalés (tableau 4). Chaque année, entre 1942 et 1969, plusieurs centaines de pêcheurs aux filets maillants ont travaillé dans ces secteurs névralgiques. Selon les données historiques, les auteurs pensent que plusieurs centaines de requins (400 à 1 500) auraient été tués par emmêlement dans des engins dans le bras de mer Rivers et dans la baie Barkley entre 1942 et 1969.
Baie Clayoquot
À partir d'observations faites entre 1973 et 1992, Darling et Keogh (1994) dressent un portrait détaillé du comportement, de l'abondance et de la répartition du pèlerin dans la baie Clayoquot. Des observations aériennes et d'autres signalements anecdotiques montrent que le pèlerin était présent dans la baie pendant la majeure partie de cette période de 20 ans. Lors d'un projet d'identification par photo mené au cours de l'été 1992, 27 individus ont été identifiés. De nombreux requins portaient des marques d'hélice, ce que corroborent les observations faites de pèlerins semblant attirés par les moteurs des bateaux. L'été suivant, seulement quelques observations sporadiques ont été faites, sans toutefois être enregistrées. Depuis 1994, il n'y a eu aucune observation confirmée dans la baie Clayoquot (Darling, comm. pers., 2003). La disparition du pèlerin coïncide avec l'expansion rapide de la salmoniculture dans la région, mais il n'y a aucune preuve de ce lien (Darling, comm. pers., 2003). Dans la baie Clayoquot, de grands parcs entourés de filets sont dressés perpendiculairement à la côte dans des secteurs où les pèlerins étaient communs pendant des siècles. Selon Darling (comm. pers., 2003), les pèlerins peuvent s'emmêler facilement dans à peu près n'importe quoi, même dans une ligne simple fixée à une trappe à crevettes. Ils sont donc probablement vulnérables aux parcs de salmoniculture. Les salmonicultures disent officiellement n'avoir jamais vu de pèlerins pris dans leurs filets, mais des communications non officielles avec des employés laissent entendre le contraire (Darling, comm. pers., 2005).
Il est possible que la disparition soudaine du pèlerin dans la baie Clayoquot soit attribuable à un glissement de l'aire de répartition, mais les requins n'ont pas été observés ailleurs. Jordan (1887), qui a beaucoup écrit sur la pêche à la baleine, affirmait que les pèlerins étaient parfois absents pendant 20 ans d’affilée dans la baie Monterey.
Pêche sportive
Comme les seuls enregistrements proviennent des journaux, il est impossible d'estimer le nombre de pèlerins tués par la pêche sportive entre les années 1940 et le milieu des années 1960 (tableau 5). Dans les années 1940, la pêche au harpon du pèlerin était suffisamment populaire pour que le Canadien Pacifique en fasse la promotion dans une publicité (Colonist, le 27 septembre 1953). Un article raconte qu'une personne a harponné 10 pèlerins et en a débarqué 5 en une seule journée de juin au large de l'île Texada (Province, le 7 juin 1947). Le nombre de pèlerins tués par la pêche sportive, ou par toute autre forme de capture ou de harcèlement à des fins récréatives, est probablement de l'ordre de plusieurs centaines d’individus (entre 50 et 400).
Année | Emplacement | Nombre signalé | Mois | Source |
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1947 | Île Texada | 5 pèlerins tués, 5 ratés, 2 inconnus | Juin | Province, le 7 juin 1947, p. 5 |
1952 | Baie Brentwood | Banc de pèlerins | Juillet | Times Colonist, le 5 juillet 1952, p. 11 |
1952 | Côte ouest, île de Vancouver | 3 tués | Juillet | Times Colonist, le 5 juillet 1952, p. 11 |
1956 | Baie Saanich | 1 tué | Avril | Colonist, le 20 avril 1956, p. 1 |
1957 | Plage Qualicum | « nombre considérable » | Juin | Colonist, le 5 juin 1956, p. 13 |
Une grande incertitude entoure l'interprétation et la quantification des données historiques. Les rédacteurs du présent rapport estiment le nombre total (entre 1945 et 1970) de pèlerins tués par le programme d'éradication à 413 individus, et entre 200 et 300 individus tués par d'autres méthodes de surveillance et d'éradication, entre 400 et 1 500, par emmêlement et entre 50 à 400, par la pêche sportive. Ces estimations portent le nombre de pèlerins tués entre 1 000 et 2 600, sans compter les pèlerins capturés dans le but de faire le commerce de l'huile de leur foie.
Il est possible de reconstituer une population minimale historique de 750 individus à partir de l'estimation des captures annuelles entre 1945 et 1970 (Nm = 40 individus, c.-à-d. 1 000 en 25 ans) et de l'estimation de la productivité annuelle (r = 0,023, voir la section Cycle vital et reproduction). En d'autres termes, si le taux de mortalité est de 40 animaux par année, il faut 25 années pour amener à zéro une population initiale de 750 individus en supposant un taux de productivité de r = 0,023. Il n'y a cependant aucune donnée fiable sur les tendances de l'abondance qui permettraient de corroborer cette inférence.
Il ne fait aucun doute que les pèlerins ont déjà fréquenté en grand nombre les côtes de la Colombie-Britannique et que leur répartition était beaucoup plus importante qu'elle ne l'est aujourd'hui (Wallace et Gisborne, 2006). La majorité des enregistrements historiques de pèlerins ont été faits par des marins. Dans plusieurs des premières descriptions, l'espèce était décrite comme abondante et commune. La disparition de groupements locaux coïncide avec des activités humaines reconnues pour entraîner des mortalités, ce qui rappelle ce qui s'est produit ailleurs dans le monde. Aux endroits où des populations de pèlerins ont été observées, le nombre annuel d'enregistrements est tout au plus de quelques milliers (Squire, 1967; Compagno, 2001). La petite occurrence localisée de pèlerin dans la baie Clayoquot est le dernier groupement connu en Colombie-Britannique.
Les observations récentes à la surface (c.-à-d. les observations visuelles) ou à la subsurface (données d'observation des chaluts) donnent à penser que les pèlerins sont actuellement rares dans les eaux de la Colombie-Britannique. Il semble que la population de toute la côte soit passée d'un minimum de 750 individus à presque aucun en 60 ans (de 2 à 3 générations).
Le centre et le sud de la Californie sont les seuls secteurs où des groupements de pèlerins sont observés dans le Pacifique Nord-Est. Les pèlerins de la Colombie-Britannique et de la Californie appartiennent peut-être à la même population, du moins c'est ce que laissent entendre des données qui montrent que les requins disparaissent des eaux de la Californie entre mai et juillet, au moment où ils apparaissent dans les eaux de la Colombie-Britannique (Squire, 1967, 1990). Dans les eaux de la Californie, deux secteurs étaient connus pour accueillir de grandes concentrations de pèlerins, soit la baie Monterey et la plage Pismo (Squire, 1967). Selon des données exhaustives provenant de relevés aériens, Squire (1990) soutient que les pèlerins étaient beaucoup plus nombreux avant 1970. Les humains, tant ceux du Canada que de la Californie, ont tué un nombre important de pèlerins dans le Pacifique. En Californie, la pêche sportive du pèlerin est apparue aux alentours de 1924. Entre 1924 et 1938, 25 requins ont été capturés en moyenne par année, et presque 100 individus ont été capturés au cours d'une seule année. Dès 1946, les pêcheurs ont commencé à cibler le pèlerin pour faire le commerce de leur foie et 300 individus ont été capturés au cours de la première saison. La surveillance aérienne a permis de rendre cette pêche plus efficace (Phillips, 1948). On estime que 200 pèlerins ont été tués par année en Californie à partir des années 1940 (Roedel et Ripley, 1950). Il est généralement reconnu que les pêches des années 1940 et 1950 ont contribué à un déclin important des populations et que l'espèce ne s'en est jamais remise (proposition du Royaume-Uni à la CITES, 2002, Van Sommeran, comm. pers., 2004). La disparition simultanée des pèlerins dans les eaux de la Californie et de la Colombie-Britannique prouve également la présence d'une seule population.
De manière générale, une immigration de source externe à partir des eaux américaines est peu probable. Premièrement, l'abondance de l'espèce dans les eaux américaines est également réduite. Deuxièmement, aucune immigration de source externe n'a été observée jusqu'à présent, 30 ans après qu'ait pris fin l'éradication. La structure de la population de pèlerins est peut-être beaucoup plus complexe que ce qui est actuellement supposé à partir de la migration saisonnière. Par exemple, un raisonnement similaire à propos de la structure de la population de saumons du Pacifique fondé sur le caractère saisonnier des mouvements individuels serait une grave erreur.
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