Pic de Williamson (Sphyrapicus thyroideus) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 2

Résumé

Pic de Williamson
Sphyrapicus thyroideus

Information sur l’espèce

Le Pic de Williamson (Sphyrapicus thyroideus) est un pic de taille moyenne. À la différence des autres pics, le mâle (principalement noir et blanc) et la femelle (principalement noire et brune) arborent des plumages très différents. Deux sous-espèces sont reconnues, le S. t. thyroideus et le S. t. nataliae, et les deux sont présentes au Canada. Comme aucun caractère morphologique ne permet de distinguer à vue les deux sous-espèces, la présente évaluation porte sur l’espèce dans son ensemble.

Répartition

Le Pic de Williamson nidifie dans les montagnes de l’ouest de l’Amérique du Nord, depuis le sud de la Colombie-Britannique jusque dans le sud des États-Unis et le nord de la Basse-Californie, au Mexique. Au Canada, toutes les mentions sont pour la Colombie-Britannique. En Colombie-Britannique, la sous-espèce thyroideus nidifie depuis le parc provincial Manning, à la frontière canado-américaine, jusque dans les alentours de Lytton, Cache Creek et Kamloops, au nord, et les terres sèches de la vallée de l’Okanagan jusqu’à Greenwood, à l’est. La sous-espèce nataliae se rencontre dans le sillon des Rocheuses jusqu’à Cranbrook, Kimberley et le lac Whiteswan, au nord, et dans la vallée de la rivière Flathead. Au Canada, les deux sous-espèces occupent des aires disjointes.

Habitat

Aux États-Unis, le Pic de Williamson niche dans des forêts montagnardes de conifères, aux altitudes intermédiaires à élevées. Au Canada, la majorité (80 p. 100) des individus ou des nids ont été observés à l’intérieur ou à moins de 200 m de distance de peuplements de mélèze de l’Ouest, entre 1 000 et 1 400 m d’altitude; une plus faible proportion (jusqu’à 10 p. 100) des adultes reproducteurs niche dans des forêts de pin ponderosa ou des peuplements de peuplier faux-tremble voisins de forêts de pin ponderosa ou de mélèze de l’Ouest, généralement entre 800 et 1 100 m d’altitude. L’habitat du Pic de Williamson dans les forêts de mélèze de l’Ouest est caractérisé par la présence de grands (> 70 cm diamètre à hauteur de poitrine ou DHP) mélèzes vétérans (> 200 ans) portant les traces d’incendies consécutifs et fortement atteints de la pourriture du cœur, de sorte que l’espèce peut aisément y creuser une cavité de nidification, ainsi que par la présence de conifères producteurs de sève (généralement des douglas de 20 à 50 cm DHP) et d’arbres de grande taille infestés de fourmis charpentières. Entre 70 et 99 p. 100 des aliments donnés aux petits sont des fourmis, principalement des charpentières, que les adultes glanent à la surface des arbres en décomposition.

Biologie

Le Pic de Williamson est migrateur. On ne le rencontre au Canada qu’au moment de la reproduction, généralement entre la fin mars et septembre. Au Canada, les territoires de nidification de l’espèce dans les peuplements de mélèze de l’Ouest sont beaucoup plus grands que ceux observés dans les peuplements de pin ponderosa ou de peuplier faux-tremble au Colorado et en Arizona, soit 17 à 54 ha contre 4 à 11 ha. Il faut souligner toutefois que l’étendue des territoires a été estimée selon une méthode différente au Colorado et en Arizona, soit d’après la plus grande distance du nid à partir de laquelle le mâle réagit de façon agressive à l’intrusion d’un individu de la même espèce. Au Canada, la densité maximale est de 3,17 couples/km², dans la forêt ancienne de mélèze de l’Ouest; cette densité est la plus élevée jamais mesurée pour l’espèce dans des secteurs de recensement d’au moins 100 ha. Des auteurs ont donné des densités plus élevées pour d’autres endroits; cependant, ces densités ont été estimées à partir d’observations sur de très petites parcelles et ne sont probablement pas valables.

Taille et tendances des populations

Au Canada, l’effectif total du Pic de Williamson se situe vraisemblablement autour de 430 adultes reproducteurs répartis entre cinq populations : une population principale regroupant 85 p. 100 de l’effectif total dans la région d’Okanagan-Greenwood et des populations beaucoup moins abondantes occupant les régions de Princeton, de Merritt et du ruisseau Hat. L’effectif de la sous-espèce nataliae est estimé à seulement 10 adultes reproducteurs.

Comme le Pic de Williamson est relativement rare, qu’il est rarement observé dans le cadre des activités du Relevé des oiseaux nicheurs (BBS) et que son effectif n’a jamais été estimé avant la présente évaluation, on ne peut dégager les tendances de ses populations. Il n’y a qu’en Oregon qu’il existe suffisamment de données quantitatives du BBS sur le Pic de Williamson (26 parcours, abondance > 1,0 par parcours par an, faible variance) pour permettre une estimation valable de la tendance démographique de l’espèce; de 1980 à 2003, son effectif y a décliné de 3,3 p. 100 par an.

On peut penser que la population de la sous-espèce thyroideus est en déclin puisque les milieux pouvant lui servir d’habitat se rétrécissent. On ne connaît pas la tendance démographique de la sous-espèce nataliae.

Facteurs limitatifs et menaces

Au Canada, le principal facteur limitant la population de Pic de Williamson est la quantité limitée de milieux favorables (forêt ancienne de mélèze de l’Ouest), qui continue de se rétrécir en raison de l’exploitation forestière et du déboisement. Au début des années 1990, seulement 19,5 p. 100 des 594 km² de la zone d’occupation de la population principale d’Okanagan-Greenwood pouvaient servir d’habitat à l’espèce. En 2004, cette proportion était réduite à environ 15 p. 100. Dans cette région, le taux d’exploitation des forêts est d’environ 1 p. 100 du territoire forestier par an, et la majorité des peuplements visés sont des peuplements anciens du type de ceux occupés par le Pic de Williamson. On estime que dans les dix prochaines années, les coupes détruiront jusqu’à 53 p. 100 de la superficie actuelle de milieu favorable à l’espèce. À défaut de mesures de protection, la quantité de milieu favorable dans la zone d’occupation de la plus importante population canadienne de l’espèce pourrait pratiquement disparaître d’ici 20 ans.

Importance de l’espèce

Le Pic de Williamson est une espèce intéressante pour la différence marquée entre le plumage du mâle et celui de la femelle. Les causes et les avantages possibles de cette adaptation n’ont pas été étudiés. L’espèce est également indicatrice de l’état des forêts anciennes de mélèze de l’Ouest du sud de la Colombie-Britannique, seul type de milieu où elle est relativement commune au Canada. Le Pic de Williamson est une des espèces prioritaires des programmes Partners in Flight in the Great Basin (Partners in Flight British Columbia and Yukon, 2003) et Canadian Intermountain Joint Venture (2003). Il est également désigné par Partners in Flight espèce d’importance continentale pour le biome intermontagnard de l’avifaune de l’Ouest.

Protection actuelle

Le Pic de Williamson est protégé par la Loi sur la convention concernant les oiseaux migrateurs ainsi que par la Wildlife Act de la Colombie-Britannique. Par contre, son habitat n’est pas protégé. L’espèce ne figure pas sur la liste des espèces sauvages à protéger de la Forest and Range Practices Act de la Colombie-Britannique (qui ne s’applique plus qu’à certaines espèces désignées par le COSEPAC), de sorte qu’elle ne bénéficie d’aucune protection spéciale contre l’exploitation forestière. Moins de 2 p. 100 des sites de nidification connus de l’espèce bénéficient d’une quelconque forme de protection.

Historique du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le Comité a été créé  pour satisfaire au besoin d’une classification nationale des espèces sauvages en péril qui soit unique et officielle et qui repose sur un fondement scientifique solide. En 1978, le COSEPAC (alors appelé Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) promulguée le 5 juin 2003, le COSEPAC est un comité consultatif qui doit faire en sorte que les espèces continuent d’être évaluées selon un processus scientifique rigoureux et indépendant.

Mandat du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) évalue la situation, au niveau national, des espèces, des sous-espèces, des variétés ou d’autres unités désignables qui sont considérées comme étant en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées aux espèces indigènes comprises dans les groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons, arthropodes, mollusques, plantes vasculaires, mousses et lichens.

Composition du COSEPAC

Le COSEPAC est composé de membres de chacun des organismes responsables des espèces sauvages des gouvernements provinciaux et territoriaux, de quatre organismes fédéraux (le Service canadien de la faune, l’Agence Parcs Canada, le ministère des Pêches et des Océans et le Partenariat fédéral d’information sur la biodiversité, présidé par le Musée canadien de la nature), de trois membres ne relevant pas de compétences, ainsi que des coprésident(e)s des sous-comités de spécialistes des espèces et des connaissances traditionnelles autochtones. Le Comité se réunit au moins une fois par année pour étudier les rapports de situation des espèces candidates.

Définitions (Novembre 2004)

Espèce sauvage
Espèce, sous-espèce, variété ou population géographiquement ou génétiquement distincte d’animal, de plante ou d’une autre organisme d’origine sauvage (sauf une bactérie ou un virus) qui est soit indigène du Canada ou qui s’est propagée au Canada sans intervention humaine et y est présente depuis au moins cinquante ans.

Disparue (D)
Espèce sauvage qui n’existe plus.

Disparue du pays (DP)
Espèce sauvage qui n’existe plus à l’état sauvage au Canada, mais qui est présente ailleurs.

En voie de disparition (VD)*
Espèce sauvage exposée à une disparition de la planète ou à une disparition du pays imminente.

Menacée (M)
Espèce sauvage susceptible de devenir en voie de disparition si les facteurs limitants ne sont pas renversés.

Préoccupante (P) **
Espèce sauvage qui peut devenir une espèce menacée ou en voie de disparition en raison de l'effet cumulatif de ses caractéristiques biologiques et des menaces reconnues qui pèsent sur elle.

Non en péril (NEP) ***
Espèce sauvage qui a été évaluée et jugée comme ne risquant pas de disparaître étant donné les circonstances actuelles.

Données insuffisantes DI) ****
Espèce sauvage pour laquelle l’information est insuffisante pour évaluer directement ou indirectement son risque de disparition.

* Appelée « espèce disparue du Canada » jusqu’en 2003.
** Appelée « espèce en danger de disparition » jusqu’en 2000.
*** Appelée « espèce rare » jusqu’en 1990, puis « espèce vulnérable » de 1990 à 1999.
**** Autrefois « aucune catégorie » ou « aucune désignation nécessaire ».
***** Catégorie « DSIDD » (données insuffisantes pour donner une désignation) jusqu’en 1994, puis « indéterminé » de 1994 à 1999.

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le comité avait pour mandat de réunir les espèces sauvages en péril sur une seule liste nationale officielle, selon des critères scientifiques. En 1978, le COSEPAC (alors appelé CSEMDC) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. Les espèces qui se voient attribuer une désignation lors des réunions du comité plénier sont ajoutées à la liste.

Le Service canadien de la faune d’Environnement Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC.

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