Pie-grièche migratrice (Lanius ludovicianus excubitorides) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 7

Taille et tendances des populations

Au Canada, on a signalé des populations de 118 individus au Manitoba (en 2002), de 14 000 à 15 000 individus en Saskatchewan (en 1999) et de 6 000 individus en Alberta (1999).

Il semble que la population canadienne de Pies-grièches migratrices de la sous-espèce excubitorides soit en déclin depuis les années 1960 (Cadman, 1985; Telfer, 1993; Cade et Woods, 1997). Comme on l’a constaté dans l’est des États-Unis et du Canada pour la sous-espèce migrans, l’aire de reproduction des populations de Pies-grièches migratrices de la sous-espèce excubitorides s’est rétrécie vers le sud alors que d’anciens pâturages étaient convertis en terres agricoles et que la tremblaie-parc retournait en partie à l’état de forêt.

Tableau 1. Tendances démographiques chez la Pie-grièche migratrice d’après les résultats des Relevés des oiseaux nicheurs (BBS) de l’Amérique du Nord. Les données sont tirées de Sauer et al. (2002) et ont trait à l’aire de répartition du L. l. excubitorides.
La colonne Tendance (Tend.) indique le pourcentage de changement par année.
Région 1966 à 2002
N
1966 à 2002
Tendance
1966 à 2002
P
1966 à 1979
N
1966 à 1979
Tendance
1966 à 1979
P
1980 à 2002
N
1980 à 2002
Tendance
1980 à 2002
P
Alberta
22
- 4,0
0,21
7
- 12,6
0,02
19
0,5
0,91
Saskatchewan
33
- 9,4
0,01
15
- 12,3
0,00
25
- 3,0
0,10
Manitoba
10
- 13,1
0,22
-
-
-
8
-3,3
0,76
Canada
75
- 10,0
0,00
32
- 16,6
0,00
54
- 2,5
0,12
Dakota du Nord
28
- 0,6
0,76
12
- 6,0
0,21
27
3,5
0,07
Montana
24
2,6
0,34
10
- 10,5
0,44
23
2,6
0,40
Dakota du Sud
34
- 1,2
0,40
23
4,6
0,21
27
- 2,0
0,22
Nebraska
42
- 2,7
0,07
27
- 10,1
0,03
36
- 0,1
0,96
Wyoming
63
- 2,2
0,19
17
- 2,1
0,63
60
1,3
0,40
Colorado
49
2,5
0,25
10
1,2
0,79
49
0,9
0,67
Kansas
44
-2,8
0,00
34
- 5,0
0,03
43
- 4,3
0,00
Oklahoma
57
- 5,6
0,00
33
- 5,1
0,00
55
- 5,5
0,00
Nouveau-Mexique
54
- 5,4
0,00
21
- 11,1
0,00
51
- 3,1
0,02

D’après les données totalisées des Relevés des oiseaux nicheurs (BBS – Breeding Bird Surveys) pour l‘Alberta, la Saskatchewan et le Manitoba (Connie Downes, comm. pers.), le déclin annuel serait en moyenne de 4,5 p. 100 depuis 1968, soit un déclin total de 80 p. 100 pendant cette période et de 37 p. 100 sur 10 ans (figure 4). D’après les données récentes du BBS, les populations se stabiliseraient à de faibles niveaux en Alberta (voir le tableau 1) et continueraient de décliner au Manitoba, la tendance demeurant incertaine en Saskatchewan. Il est difficile d’interpréter (statistiquement) les données du BBS au Manitoba à cause de la petite taille des échantillons et de la faible efficacité statistique qui en découle (voir l’analyse dans la section « Manitoba », ci-dessous). Les populations de pies-grièches ont décliné de façon très marquée dans les provinces des Prairies entre 1966 et 1979, et bien que ces déclins se soient atténués ces dernières années, la tendance est encore à la baisse (voir la figure 4). D’après les récentes mises à jour des données du BBS, intégrant les données de 2001 et de 2002, le déclin des populations de pies-grièches a en général augmenté au Canada et aux États-Unis (données inédites; http://www.mp2-pwrc.usgs.gov/bbs/). Les données du BBS comportent un certain degré d’incertitude sur le plan statistique, mais la tendance générale qui s’en dégage est que le déclin des populations de pies-grièches au Canada se poursuit (mais à un rythme moins rapide).

Figure 4. Indices tirés des données des Relevés des oiseaux nicheurs (BBS) sur la Pie-grièche migratrice en Alberta, en Saskatchewan et au Manitoba (données de Connie Downes, Service canadien de la faune, in litt.).

Figure 4.  Indices tirés des données des Relevés des oiseaux nicheurs (BBS) sur la Pie-grièche migratrice en Alberta, en Saskatchewan et au Manitoba (données de Connie Downes, Service canadien de la faune, in litt.).

Alberta

Les données obtenues grâce aux plans de surveillance provinciaux indiquent une situation similaire. En Alberta, où les données du BBS donnent à penser que les populations se seraient stabilisées dans les années 1980, des relevés récents ont permis de trouver des pies-grièches nichant dans la région périphérique méridionale de la tremblaie-parc du centre de la province, région auparavant considérée comme abritant très peu de pies-grièches (Kiliaan et Prescott, 2002). Des relevés effectués dans l’aire albertaine principale de l’espèce en 1993 et 1996 ont montré que la population y est demeurée stable durant cette période, avec respectivement 90 oiseaux et 96 oiseaux observés en 1993 et en 1996. (Bjorge et Kiliaan, 1997). Cependant, des relevés réalisés le long de routes en 1998 et en 2003 laissent penser qu’il y a eu un déclin de 34 p. 100 (de 1,96 à 1,29 couple/km) durant cette période de cinq ans (D. Prescott, comm. pers., 2004). De plus, d’après les données récemment mises à jour sur le site Web du BBS, le nombre de pies-grièches observées le long des parcours du BBS en Alberta aurait diminué de 6,8 p. 100 par année de 1993 à 2002, pourcentage similaire à celui obtenu pour la Saskatchewan dans la même période (voir le tableau 2). Cependant, il y a souvent une incertitude considérable quant à l’exactitude des données du BBS dans le cas des espèces dont les populations sont petites, et la tendance établie pour l’Alberta n’est pas statistiquement significative (voir l’analyse dans la section « Manitoba », plus bas).

Tableau 2. Résultats du Relevé des oiseaux nicheurs (BBS), par province, pour la Pie-grièche migratrice pendant la dernière décennie, de 1993 à 2002 (www.mp2-pwrc.usgs.gov/bbs/).
Province Parcours Tendance (% de changement/année) P
Alberta
16
- 6,81
0,20
Saskatchewan
19
- 6,31
0,02
Manitoba
5
- 2,60
0,85

Saskatchewan

Le tableau 3 résume les données touchant le nombre de pies-grièches nicheuses observées lors de relevés par transects en Saskatchewan. Ces données n’indiquent pas un déclin à long terme des effectifs, mais le déclin observé de 1993 à 2003 est préoccupant (un profil similaire se dégage des résultats pour le Manitoba; voir ci-dessous). Par ailleurs, l’analyse des données du BBS concernant la pie-grièche migratrice pour les dix dernières années (1993 à 2002) montre un déclin statistiquement significatif (P = 0,02) de 6 p. 100 par année en Saskatchewan. D’après ces données, les effectifs de 2002 correspondaient à seulement 54 p. 100 de ceux de 1993.

Tableau 3. Résultats des relevés de pies-grièches nicheuses dans des transects le long de routes en Saskatchewan (tirés de Collister, 1999, et A. Didiuk, in litt., 2004).
Région Parcours Kilomètres Couples par 100 km
1987
Couples par 100 km
1993
Couples par 100 km
1998
Couples par 100 km
2003
Nord-est
6
1 175
1,02
1,11
0,85
0,87
Nord-ouest
8
1 290
3,49
6,05
5,89
5,89
Sud-est
10
1 971
1,47
2,74
1,67
0,36
Sud-ouest
8
1 473
2,58
4,48
3,94
4,89
Totaux
32
5 909
2,10
3,57
3,00
2,90

Manitoba

Au Manitoba, on a effectué des recensements annuels depuis le premier rapport de situation du COSEPAC, présenté en 1986. Le nombre de pies-grièches a augmenté de 1987 (265 couples) à 1993 (327 couples), mais il a diminué par la suite, avec 59 couples seulement en 2002 (K. De Smet, comm. pers.; voir la figure 5). Par contre, d’après les données du BBS pour le Manitoba, il y aurait eu de 1993 à 2002 un déclin de 2,6 p. 100 par année, soit une baisse des effectifs de 327 à 257 couples. Comme on l’a déjà mentionné dans le présent rapport, il faut donc interpréter prudemment les données du BBS, surtout dans le cas de petites populations en déclin, comme celle du Manitoba. En pareils cas, les relevés visant spécifiquement l’espèce fournissent un tableau beaucoup plus exact des tendances des populations que la méthode utilisée pour le BBS.

Figure 5. Résultats des relevés annuels de Pies-grièches migratrices nichant au Manitoba. Rs = coefficient de corrélation de rangs de Spearman.

Figure 5. Résultats des relevés annuels de Pies-grièches migratrices nichant au Manitoba. Rs = coefficient de corrélation de rangs de Spearman.

Aire d’hivernage

Dans les quartiers d’hiver, les effectifs de la Pie-grièche migratrice ont diminué dans les régions couvertes par le Recensement des oiseaux de Noël aux États-Unis. On sait que des populations canadiennes (Alberta et Saskatchewan) de la Pie-grièche migratrice de la sous-espèce excubitorides hivernent dans les États du sud des Grandes Plaines (Burnside, 1987). L’analyse des tendances à long terme du nombre de pies-grièches observées lors du Recensement des oiseaux de Noël au Colorado et au Kansas, ainsi qu’en Oklahoma et au Texas (lieux d’hivernage de Pies-grièches migratrices de la sous-espèce excubitorides qui nichent au Canada), montre des déclins statistiquement significatifs, avec des déclins des effectifs d’au moins 50 p. 100 de 1959 à 2002 (voir la figure 6).

Figure 6. Courbe d’abondance de la Pie-grièche migratrice lors du Recensement des oiseaux de Noël dans le centre-sud des États-Unis.

Figure 6. Courbe d’abondance de la Pie-grièche migratrice lors du Recensement des oiseaux de Noël dans le centre-sud des États-Unis.

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