Polystic de Lemmon (Polystichum lemmonii) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 2

Résumé

Polystic de Lemmon
Polystichum lemm

Information sur l’espèce

Le Polystichum lemmonii est une fougère cespiteuse vivace à rhizome court et robuste. Les frondes sont bipennées, persistantes, décombantes à ascendantes, longues de 10 à 40 cm et larges de 3 à 7 cm. Les pennes, au nombre de 20 à 35 de chaque côté du rachis, sont ovées avec des pinnules arrondies à marge entière ou légèrement dentée. Les sores sont ronds, insérés près de la nervure médiane et protégés par une indusie entière ou finement dentée.

Répartition

Le Polystichum lemmonii pousse depuis le Centre-Sud de la Colombie-Britannique jusqu’au nord de la Californie, en passant par l’État de Washington et l’Oregon, où sa présence est sporadique. Au Canada, on ne trouve l’espèce que dans la région du mont Baldy, sur le versant oriental de la vallée de l’Okanagan, dans le Centre-Sud de la Colombie-Britannique.

Habitat

Dans l’Ouest de l’Amérique du Nord, le P. lemmonii est confiné aux terrains où affleurent des roches ferromagnésiennes ou ultrabasiques. Bien qu’on trouve plusieurs affleurements de roches ultrabasiques dans l’Ouest de la Colombie-Britannique, seules deux petites crêtes de la région du mont Baldy abritent l’espèce. Ces milieux rocheux sont aussi caractérisés par des sols peu profonds et un couvert végétal clairsemé, ce qui crée des microclimats xériques excluant également de nombreuses espèces poussant à proximité, mais adaptées à des microclimats plus mésiques. Ces crêtes présentent donc une flore ultrabasique appauvrie et sont dépourvues de couvert arboré, ce qui contraste avec les forêts montagnardes environnantes, dominées par le douglas (Pseudotsuga menziesii). Les espèces remarquables présentes sur ces crêtes sont l’aspidote touffue (Aspidotis densa), la minuartie à lobes obtus (Minuartia obtusiloba) et l’achillée millefeuille (Achillea millefolium).

Biologie

À part quelques données d’ordre général, nous ne savons que peu de choses sur la biologie du P. lemmonii. Les sporophytes conservent souvent en hiver un grand nombre de spores mûres, qui sont libérées au printemps suivant. L’espèce se reproduit aussi par voie végétative, par allongement des rhizomes souterrains, ce qui donne de grosses touffes de clones. Dans les sites étudiés, le P. lemmonii pousse sur des sols secs, sableux ou graveleux, qui se drainent rapidement; ce genre de conditions n’est idéal ni pour la germination des spores ni pour la fécondation des gamètes. On peut donc en déduire que la reproduction s’y fait surtout par simple allongement des rhizomes, probablement parce que l’espèce, qui se trouve en bordure de son aire de répartition, y est soumise à un stress. Aucun prothalle n’a été observé sur les lieux.

Les plantes des milieux ultrabasiques sont adaptées aux faibles concentrations de calcium, d’azote, de phosphore et de molybdène, et aux fortes concentrations de magnésium, de chrome et de nickel.

Taille et tendances des populations

L’unique population canadienne du P. lemmonii pousse sur deux crêtes rocheuses adjacentes d’environ 280 et 200 m de longueur sur 50 m de largeur, séparées de 160 m. Selon un dénombrement réalisé par l’auteur en 2001, la population compte au total 853 individus, sur une superficie de 2,4 ha. Une récolte effectuée par D.M. Britton en 1987 (déposée au ministère de l’Agriculture, à Ottawa) fait état d’un effectif de peut-être un millier d’individus. Cette information laisse croire que la population est demeurée relativement stable pendant au moins les 15 dernières années. La population examinée comptait de jeunes individus qui semblaient vigoureux.

Facteurs limitatifs et menaces

La menace qui pèse le plus directement sur le Polystichum lemmonii est l’exploration minière et la construction de chemins forestiers. Vu les propriétés ultrabasiques des sols où il pousse, les espèces introduites ne soulèvent aucune préoccupation dans cette localité.

Importance de l’espèce

Le Polystichum lemmonii appartient à un groupe d’espèces relativement petit dont l’aire de répartition est confinée à la côte du Pacifique et atteint sa limite nord dans le Sud-Ouest de la Colombie-Britannique. L’importance de ces populations périphériques, notamment en ce qui a trait à leurs caractéristiques génétiques, doit être étudiée plus en détail. En effet, ces populations, souvent différentes des populations centrales sur le plan génétique et morphologique, pourraient avoir une importance évolutionniste et écologique disproportionnée par rapport à leur contribution à l'effectif total de l'espèce.

Résumé du rapport de situation

Aucune loi particulière ne protège les plantes vasculaires rares et en voie de disparition en Colombie-Britannique. Le Conservation Data Centre a classé l’espèce S1 et l’a inscrite sur la liste rouge du Bristish Columbia Ministry of Sustainable Resource Management de la province. Il s’agit de la catégorie la plus critique pour les plantes vasculaires indigènes rares en péril dans la province. Un taxon désigné S1 est considéré comme très fortement menacé à cause de son extrême rareté (généralement cinq sites ou moins, ou très peu d'individus restants), ou à cause de certains facteurs qui le rendent particulièrement vulnérable à disparaître entièrement ou à disparaître de la Colombie-Britannique. À l’échelle mondiale, le P. lemmonii est classé G4 et est donc fréquent à commun dans son aire de répartition.

La population de la région du mont Baldy pousse sur une terre publique, mais non dans une aire protégée. Il se pourrait que cette zone réunisse les conditions voulues pour être désignée réserve écologique, mais aucune proposition n’a encore été faite en ce sens.

Mandat du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) détermine le statut, au niveau national, des espèces, des sous-espèces, des variétés et des populations sauvages  canadiennes importantes qui sont considérées comme étant en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées à toutes les espèces indigènes des groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons, lépidoptères, mollusques, plantes vasculaires, mousses et lichens.

Composition du COSEPAC

Le COSEPAC est composé de membres de chacun des organismes fauniques des gouvernements provinciaux et territoriaux, de quatre organismes fédéraux (Service canadien de la faune, Agence Parcs Canada, ministère des Pêches et des Océans, et le Partenariat fédéral sur la biosystématique, présidé par le Musée canadien de la nature), de trois membres ne relevant pas de compétence, ainsi que des coprésident(e)s des sous-comités de spécialistes des espèces et des connaissances traditionnelles autochtones. Le Comité se réunit pour étudier les rapports de situation des espèces candidates.

Définitions

Espèce
Toute espèce, sous-espèce, variété ou population indigène de faune ou de flore sauvage géographiquement définie.

Espèce disparue (D)
Toute espèce qui n’existe plus.

Espèce disparue du Canada (DC)
Toute espèce qui n’est plus présente au Canada à l'état sauvage, mais qui est présente ailleurs.

Espèce en voie de disparition (VD)Note de bas de pagea
Toute espèce exposée à une disparition ou à une extinction imminente.

Espèce menacée (M)
Toute espèce susceptible de devenir en voie de disparition si les facteurs limitatifs auxquels elle est exposée ne sont pas renversés.

Espèce préoccupante (P)vNote de bas de pageb
Toute espèce qui est préoccupante à cause de caractéristiques qui la rendent particulièrement sensible aux activités humaines ou à certains phénomènes naturels.

Espèce non en péril (NEP)Note de bas de pagec
Toute espèce qui, après évaluation, est jugée non en péril.

Données insuffisantes (DI)Note de bas de paged
Toute espèce dont le statut ne peut être précisé à cause d’un manque de données scientifiques.

 

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le comité avait pour mandat de réunir les espèces sauvages en péril sur une seule liste nationale officielle, selon des critères scientifiques. En 1978, le COSEPAC (alors appelé CSEMDC) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. Les espèces qui se voient attribuer une désignation lors des réunions du comité plénier sont ajoutées à la liste.

 

Service canadien de la faune

Le Service canadien de la faune d’Environnement Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC.

 

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