Renard véloce (Vulpes velox) évaluation et rapport de situation du COSEPAC 2009 : chapitre 7


Taille et tendances des populations

Activités de recherche

Des recensements des populations au moyen du piégeage d’animaux vivants et de relevés visuels ont été réalisés tous les cinq ans, entre 1996 et 2006, au cours de l’hiver (entre novembre et février). La zone étudiée a été déterminée par l’Équipe canadienne de rétablissement du renard véloce d’après les caractéristiques de l’habitat de l’espèce (Cotterill, 1997a). La zone à l’étude a été agrandie au cours de relevés ultérieurs afin de suivre l’expansion de l’aire de répartition. Les relevés ont permis d’estimer les populations pour les années 1996–1997, 2000–2001 et 2005–2006, même si les intervalles de confiance de ces estimations ne sont pas encore disponibles.

Pour le recensement de 2005–2006, la zone à l’étude s’étendait approximativement de Manyberries (Alberta) à l’est de Glentworth (Saskatchewan) (106° 33´ O -- 110° 50´ O), et d’Eastend (Saskatchewan) à Dodson (Montana) (48° 24´ N – 49° 31´ N). Au total, 191 cantons couvrant une superficie de 12 717 km² ont été étudiés (Moehrenschlager et Moehrenschlager, 2006), ce qui comprend donc 4 061 km² dans 62 cantons pour la population frontalière, 2 550 km² dans 38 cantons pour la population du PNCP et 6 106 km² dans 91 cantons pour la population du Montana. La zone à l’étude était 26 % plus grande qu’en 2000–2001.

À cause des contraintes logistiques liées au piégeage hivernal, les méthodes traditionnelles d’estimation des populations ne peuvent servir à l’analyse des données de recensement. On a donc utilisé la méthode de capture et de relâche ainsi que le piégeage d’animaux vivants pour réaliser un recensement étalonné (Cotterill, 1997a). Pour ce faire, un transect de 5 km le long d’une piste continue a été installé près du centre de chaque canton. Sur le transect, des pièges ont été placés le long de clôtures ou au sommet de collines à des intervalles d’environ 1 km (Moehrenschlager et Moehrenschlager, 2006). Des données sur le domaine vital ont servi à estimer la zone échantillonnée par piège, ainsi que la probabilité de capture par piège, informations nécessaires pour estimer l’abondance des renards véloces. À l’aide d’un facteur de correction, on a tenu compte de la réussite du piégeage et de la probabilité de capture par piège des animaux pour lesquels une estimation du domaine vital était disponible (facteur de correction = [renards disponibles à la capture] / [renards capturés dont le domaine vital est connu = 3,5]. Un renard était considéré disponible à la capture lorsque plus de 50 % de son domaine vital se trouvait dans le rayon de portée d’un piège). Le facteur de correction a été appliqué à tous les calculs de population (Cotterill, 1997a).

On a appliqué 18 nuits-pièges (soit six pièges durant trois nuits) à chaque transect, ce qui totalise 3 438 nuits-pièges (Moehrenschlager et Moehrenschlager, 2006). Il s’agit d’une augmentation de 28 % par rapport au recensement de 2000–2001 et du triple par rapport à 1996–1997. On a également enregistré des observations fortuites de renards véloces. Cependant, contrairement aux recensements précédents, les relevés avec éclairage artificiel et le repérage dans la neige n’ont pas été utilisés.

Abondance

D’après les données sur le piégeage d’animaux vivants en 2005–2006, il y a environ 513 renards véloces dans la population frontalière et 134 dans la population du PNCP (Moehrenschlager et Moehrenschlager, 2006). Il a été estimé que la population contiguë du nord du Montana totalise 515 renards. On n’a pas encore effectué les analyses « bootstrap » sur les données du recensement et, donc, les intervalles de confiance ne sont pas disponibles. Les estimations des populations pour les années 2000–2001 et 2005–2006 sont trop précises, mais sont considérées comme la meilleure correspondance aux données disponibles. Au total, on estime que la population canadienne compte 647 individus. Puisque les relevés ont été réalisés juste avant le début de la saison de reproduction et que les mâles et les femelles atteignent la maturité sexuelle durant leur première année, cette estimation correspond au nombre d’individus matures.

Fluctuations et tendances

D’après le recensement de 1991–1992, la population canadienne était d’environ 225 individus (intervalle : 150–300; Brechtel et al., 1993). Ce nombre a augmenté à 289 en 1996–1997 (IC de 95 % : 179–412; Cotterill, 1997b). En 2000–2001, la population avait plus que doublé, avec 656 individus (Moehrenschlager et Moehrenschlager, 2001), et la population frontalière et celle du PNCP étaient maintenant contiguës dans le nord du Montana. Avec environ 221 renards véloces dans la population frontalière du Montana, la population de l’Alberta, de la Saskatchewan et du Montana totalisait environ 887 individus. Le recensement de 2005–2006 indique que la population canadienne est restée stable, alors que celle du Montana a atteint 515 individus, pour un total combiné d’environ 1 162 renards véloces en 2006 (Moehrenschlager et Moehrenschlagerm, 2006).

Depuis 2001, la population frontalière s’est étendue, passant de 18 à 32 cantons, soit une augmentation de 78 % (voir la figure 7). Cependant, l’aire de répartition a diminué au cours des cinq dernières années (de 38 à 32 cantons). Il est à noter que, lorsque les données sur les 48 cantons compris dans les deux relevés sont utilisées, il y a une légère hausse de la proportion des cantons où les renards véloces ont été observés, soit de 58 à 60 % (Moehrenschlager et Moehrenschlager, 2006).

La répartition de la population du PNCP a augmenté à 43 % des cantons (13 sur 30) inventoriés en 2000–2001. Le recensement de 2005–2006 a cependant indiqué une contraction de l’aire de répartition de 43 %; en effet, on a observé des renards dans seulement 21 % des cantons (8 sur 38; voir la figure 7). En 2005–2006, l’aire de répartition de la population du PNCP équivalait à moins de la moitié de celle mesurée cinq ans auparavant, mais, dans le cas des 30 cantons pris en compte dans les deux relevés, la diminution totalisait seulement 10 % (Moehrenschlager et Moehrenschlager, 2006).

Les estimations du recensement indiquent une augmentation des populations, mais elles sont invalidées par la conception du relevé, puisque des zones n’ayant pas été visées auparavant ont été prises en compte. Ainsi, l’apparente croissance des populations serait en partie attribuable au piégeage plus important.

En 2000–2001, la densité des renards véloces de la population frontalière et de celle du PNCP était de 6,7 individus par 100 km². En tenant compte de la population du nord du Montana, la densité était estimée à 5,1 individus par 100 km² (Moehrenschlager et Moehrenschlager, 2001). Les densités des populations étaient similaires en 2005–2006, c’est-à-dire 5,5 individus par 100 km² pour la population canadienne et 5,4 individus par 100 km² en ajoutant la population du Montana (Moehrenschlager et Moehrenschlager, 2006).

Lors du dernier recensement, il était clair que l’amélioration de l’état des populations de renards véloces était principalement attribuable à la population du Montana. Précisément, plus de la moitié des cantons du Montana où on n’avait pas capturé de renards en 2001–2002 en avait en 2005–2006, alors que cela n’a été le cas que pour 19,5 % des cantons canadiens. De plus, les estimations des populations canadiennes ont plus que doublé entre les deux premières périodes de relevé, mais n’ont pas changé par la suite. Au contraire, les estimations de la population du Montana ont augmenté de façon régulière à chaque recensement (Cotterill, 1997a; Moehrenschlager et Moehrenschlager, 2001; 2006).

L’examen de la structure par âge et des rapports entre les sexes a fourni des renseignements utiles à propos du taux de survie et du potentiel reproducteur, deux indicateurs de réussite de la réintroduction. Au Canada, la proportion d’adultes capturés a passé de 50 % en 1996–1997 (n = 32; Cotterill, 1997b) à 60 % en 2000–2001 (n = 107; Moehrenschlager et Moehrenschlager, 2001). La structure par âge d’après les données du recensement de 2005–2006 n’a cependant pas été analysée. Le rapport des sexes a quant à lui passé de 63 % de mâles en 1996–1997 (n = 32; Cotterill, 1997b) à 43 % en 2000–2001 (n = 108; Moehrenschlager et Moehrenschlager, 2001), et il était près de la parité en 2005–2006 (52 % de mâles; n = 195; Moehrenschlager et Moehrenschlager, 2006). Ce rapport n’était pas très différent au sein de la population frontalière et des populations du PNCP et du Montana (Moehrenschlager et Moehrenschlager, 2006).

Population frontalière

La population frontalière a été établie par le biais de réintroductions dans la région de Lost River Ranch, à la frontière entre l’Alberta et la Saskatchewan entre 1983 et 1997. De 1989 à 1991, un relevé a permis d’estimer la population à 150–250 renards (Brechtel et al., 1993). La population avait diminué à 100–135 individus en 1994 (Mamo, 1994), mais a augmenté à 192 individus (IC de 95 % : 93–346) en 1996–1997 (Cotterill, 1997a). Selon le recensement de 1999, la population avait augmenté de 38 % depuis 1997 (Moehrenschlager et Moehrenschlager, 1999). En 2000–2001, elle atteignait 560 individus (Moehrenschlager et Moehrenschlager, 2001).

En 2000–2001, la densité des renards véloces de la population frontalière était relativement élevée, avec 9,3 individus par 100 km² (Moehrenschlager et Moehrenschlager, 2001). Elle a ensuite diminué à 7,2 individus en 2005–2006. L’explication la plus plausible de ce déclin est la dispersion des renards dans le Montana, puisque cette population a augmenté de 77 % durant la même période (Moehrenschlager et Moehrenschlager, 2001; 2006).

La population frontalière avait des proportions semblables d’adultes en 1996–1997 (54 %; n = 24; Cotterill, 1997a) et en 2000–2001 (59 %; n = 94; Moehrenschlager et Moehrenschlager, 2001). La proportion de mâles est passée de 54 % en 1996–1997 (n = 24; Cotterill, 1997a) à 41 % en 2000–2001 (n = 95; Moehrenschlager et Moehrenschlager, 2001), un changement qui est probablement attribuable à la stochasticité démographique.

Population du PNCP

La population du PNCP a été établie par le biais de réintroductions dans les parties est et ouest du parc et dans la région de Wood Mountain, entre 1990 et 1997. En 1991, la population comptait moins de 50 individus (Brechtel et al., 1993). Deux ans plus tard, elle était estimée à 25 individus (intervalle : 15–50; Hjertaas, 1994). Selon le recensement de 1996–1997, la population totalisait alors 87 renards (Cotterill, 1997a). Elle a passé de 96 individus en 2000–2001 (Moehrenschlager et Moehrenschlager, 2001) à 134 en 2005–2006 (Moehrenschlager et Moehrenschlager, 2006), soit une augmentation de 54 % en 10 ans.

La densité de l’espèce au sein de la population du PNCP était semblable en 2000–2001 et en 2005–2006 (2,4 et 2,7 individus par 100 km², respectivement; Moehrenschlager et Moehrenschlager, 2001; 2006).

Le rapport entre les adultes et les jeunes de la population du PNCP a augmenté de 1996–1997 (38 %; n = 8; Cotterill, 1997a) à 2000–2001 (69 %; n = 13; Moehrenschlager et Moehrenschlager, 2001). Le pourcentage de mâles a diminué, passant de 88 % en 1996–1997 (n = 8; Cotterill, 1997a) à la presque parité en 2000–2001 (54 %; n=13; Moehrenschlager et Moehrenschlager, 2001). La structure de l’âge et le rapport entre les sexes n’ont pas été analysés pour ce qui est des données de 2005–2006.

Immigration de source externe

Tous les individus capturés dans le cadre du recensement de 2005–2006 étaient nés dans la nature, ce qui montre clairement que les programmes de réintroduction en Alberta et en Saskatchewan ont permis de produire des populations autosuffisantes. De plus, ces initiatives ont favorisé l’établissement de renards véloces dans le nord du Montana, où la population semble s’accroître et se disperser pour revenir au Canada. Il y a un certain potentiel d’une immigration de source externe puisque la population frontalière et la population du PNCP se rejoignent dans le nord et le centre du Montana. Des améliorations continues du statut du renard véloce du Montana contribuent peut-être déjà à la stabilité du statut de cette espèce au Canada, où la dégradation de l’habitat est causée par le développement énergétique et la construction de routes connexes. En dehors des populations réintroduites près de la frontière des États-Unis, la possibilité d’une autre immigration de source externe est faible ou inexistante, puisque les populations contiguës de l’Alberta, de la Saskatchewan et du Montana sont isolées de l’aire de répartition principale des renards véloces des États-Unis.


Figure 7 : Comparaison des cantons où des renards véloces ont été capturés en 2000–2001 et en 2005–2006

Carte indiquant les cantons où des renards véloces ont été capturés, ceux où aucun individu n’a été capturé et ceux où des renards véloces ont été observés au cours du recensement de 2000-2001 et de 2005-2006 en Alberta, en Saskatchewan et au Montana.

Moehrenschlager et Moehrenschlager, 2006.

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