Requin griset (Hexanchus griseus) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 2

Résumé

Requin griset
Hexanchus griseus

Information sur l’espèce

Le requin griset (Hexanchus griseus) est l’une des quatre espèces appartenant à la famille des Hexanchidés, que l’on désigne parfois en anglais sous le nom de « cow sharks » (requins vaches). Le nom anglais de l’espèce, « sixgill », fait référence à la présence de six fentes branchiales puisque la plupart des autres espèces de requins n’en ont que cinq. La structure de la population des requins grisets dans les eaux du Pacifique du Canada est inconnue. Aux fins du présent rapport, les requins grisets de l’ensemble des eaux canadiennes sont considérés comme une seule unité désignable.

Répartition

Les requins grisets sont très répandus sur l’ensemble des mers tempérées et tropicales de la planète. Au Canada, on croit que les requins grisets sont bien répartis sur l’ensemble des eaux du Pacifique, ce qui comprend aussi les bras de mer, la plateforme et la pente continentales ainsi que le détroit de Géorgie. Il y a deux enregistrements en provenance des eaux canadiennes de l’Atlantique.

Habitat

Le requin griset est surtout considéré comme une espèce benthique de profondeur qui habite à des profondeurs supérieures à 91  mètres (m), mais on sait qu’il peut se retrouver aussi bien à la surface qu’à des profondeurs de 2 500 m. L’espèce se trouve surtout au-dessus des zones externes des plateformes continentale et insulaire de même qu’aux pentes plus élevées associées à des zones de remontée d’eau froide et de forte productivité biologique. On croit que les jeunes requins grisets demeurent dans les eaux moins profondes de la plateforme continentale et du sommet de la pente jusqu’à l’âge de l’adolescence, période où ils se dirigent vers les eaux plus profondes, plus bas dans la pente.

Biologie

On croit que l’accouplement et la parade nuptiale ont lieu en eaux profondes. Les requins grisets sont ovovivipares, c’est-à-dire que le jeune éclot dans le corps de la femelle avant d’être libéré. Les femelles ont un cycle de reproduction de deux ans et une gestation estimée de 12 à 24 mois. Le nombre de petits portés par les femelles n’est seulement recensé que dans trois comptes rendus crédibles, lesquels mentionnent de 47 à 70 petits d’une taille allant de 61 à 73 cm. L’obtention de données sur l’âge et la croissance est freinée par la difficulté à déterminer l’âge et par le manque de spécimens matures de grande taille. Cette espèce présente un dimorphisme sexuel : les femelles atteignent une plus grande taille que les mâles. Pour les femelles, on rapporte que la longueur à la maturité est de 421 à 482 centimètres (cm). Pour les mâles, elle est de 310 cm. Il est rare de trouver des animaux matures : une seule femelle mature a été enregistrée dans les eaux du nord-est du Pacifique. L’âge de la maturité est le plus souvent de 11 à 14 ans pour les mâles et de 18 à 35 ans pour les femelles et on estime l’âge de longévité à 80 ans. Ces valeurs n’ont toutefois pas été confirmées au moyen d’études valides sur la détermination de l’âge. La longueur maximale rapportée est de 482 cm. Le temps de génération du requin griset est inconnu et la mortalité naturelle n’a jamais été estimée. Aucun prédateur de requins grisets adultes n’a été signalé. Du point de vue alimentaire, le requin griset est généraliste. Il s’alimente surtout la nuit d’une grande diversité de proies. Ses habitudes de déplacement comprennent un déplacement d’individus matures vers des zones nourricières moins profondes afin de donner naissance. Les juvéniles semblent utiliser les eaux côtières moins profondes et demeurent longtemps dans des zones relativement restreintes. Les comportements migratoires relatifs aux saisons et/ou à la latitude n’ont pas été consignés.

Interactions avec les pêches

On sait que le requin griset a été la cible d’au moins trois pêches dirigées en eaux canadiennes. La première a eu lieu au début des années 1920 et s’intéressait à la peau utilisée dans la fabrication de cuir de requin. La deuxième s’est déroulée entre 1937 et 1946 et s’intéressait au foie des requins en raison de la vitamine A qu’il contient. La troisième pêche commerciale de requins grisets a débuté, à titre expérimental, à la fin des années 1980 et s’est poursuivie jusqu’au début des années 1990. Elle a cependant été interrompue en raison de préoccupations ayant trait à la conservation. On a peu de données sur la capture accessoire de requins grisets en Colombie-Britannique. De récentes données d’observateurs montrent que cette espèce est capturée régulièrement par les pêches qui ciblent le flétan et l’aiguillat commun.

Taille et tendances des populations

Il n’existe à ce jour aucun indicateur fiable qui permette de déterminer la situation du requin griset en eaux canadiennes. La taille effective à long terme de la population du requin griset dans le nord-est du Pacifique a été estimée, d’après des techniques génétiques, à environ 8 000 individus. Toutefois, cette valeur demeure très incertaine et ne peut être utilisée pour estimer l’abondance actuelle. D’après une vidéosurveillance et des enregistrements de plongée anecdotiques, les taux de rencontre de requins grisets immatures à un site peu profond du détroit de Géorgie ont diminué de manière notable (> 90 p. 100) au cours des cinq dernières années.

Facteurs limitatifs et menaces

La pêche est la seule menace immédiate connue aux populations de requins grisets au Canada. Une pêche intensive de cette espèce a eu lieu entre la fin des années 1930 jusqu’au milieu des années 1940, mais les prises d’aujourd’hui consistent en captures accessoires non exploitées. Les répercussions de la pêche actuelle sur la population dépendent de la taille de cette dernière, de la mortalité causée par la pêche et des profils démographiques des prises accessoires (à savoir l’âge, la taille et le sexe), qui sont tous des points très peu connus.

Importance de l’espèce

Le requin griset est le plus grand requin prédateur que l’on rencontre habituellement dans les eaux canadiennes du Pacifique. En effet, des requins grisets immatures effectuent régulièrement des incursions dans les eaux peu profondes de certains sites, ce qui permet aux plongeurs de les observer.

Protection actuelle

L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a classifié le requin griset dans la catégorie « espèce à faible risque/quasi menacée » (LR/nt) (Shark Specialist Group, 2000). Au Canada, cette espèce ne fait l’objet d’aucune protection officielle.

Historique du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le Comité a été créé pour satisfaire au besoin d’une classification nationale des espèces sauvages en péril qui soit unique et officielle et qui repose sur un fondement scientifique solide. En 1978, le COSEPAC (alors appelé Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) promulguée le 5 juin 2003, le COSEPAC est un comité consultatif qui doit faire en sorte que les espèces continuent d’être évaluées selon un processus scientifique rigoureux et indépendant.

Mandat du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) évalue la situation, au niveau national, des espèces, des sous-espèces, des variétés ou d’autres unités désignables qui sont considérées comme étant en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées aux espèces indigènes comprises dans les groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons, arthropodes, mollusques, plantes vasculaires, mousses et lichens.

Composition du COSEPAC

Le COSEPAC est composé de membres de chacun des organismes responsable des espèces sauvages des gouvernements provinciaux et territoriaux, de quatre organismes fédéraux (le Service canadien de la faune, l’Agence Parcs Canada, le ministère des Pêches et des Océans et le Partenariat fédéral d’information sur la biodiversité, lequel est présidé par le Musée canadien de la nature), de trois membres scientifiques non gouvernementaux et des coprésidents des sous-comités de spécialistes des espèces et du sous-comité des connaissances traditionnelles autochtones. Le Comité se réunit au moins une fois par année pour étudier les rapports de situation des espèces candidates.

Définitions

Espèce sauvage
Espèce, sous-espèce, variété ou population géographiquement ou génétiquement distincte d'animal, de plante ou d'une autre organisme d'origine sauvage (sauf une bactérie ou un virus) qui est soit indigène du Canada ou qui s'est propagée au Canada sans intervention humaine et y est présente depuis au moins cinquante ans.

Disparue (D)
Espèce sauvage qui n'existe plus.

Disparue du pays (DP)
Espèce sauvage qui n'existe plus à l'état sauvage au Canada, mais qui est présente ailleurs.

En voie de disparition (VD)Note de bas de pagea
Espèce sauvage exposée à une disparition de la planète ou à une disparition du pays imminente.

Menacée (M)
Espèce sauvage susceptible de devenir en voie de disparition si les facteurs limitants ne sont pas renversés.

Préoccupante (P)Note de bas de pageb
Espèce sauvage qui peut devenir une espèce menacée ou en voie de disparition en raison de l'effet cumulatif de ses caractéristiques biologiques et des menaces reconnues qui pèsent sur elle.

Non en péril (NEP)Note de bas de pagec
Espèce sauvage qui a été évaluée et jugée comme ne risquant pas de disparaître étant donné les circonstances actuelles.

Données insuffisantes (DI)Note de bas de paged, Note de bas de pagee
Une catégorie qui s'applique lorsque l'information disponible est insuffisante (a) pour déterminer l'admissibilité d'une espèce àl'évaluation ou (b) pour permettre une évaluation du risque de disparition de l'espèce.

Service canadien de la faune

Le Service canadien de la faune d’Environnement Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC.

Notes de bas de page

Note de bas de page a

Appelée « espèce disparue du Canada » jusqu'en 2003.

Note de bas de page b

Appelée « espèce en danger de disparition » jusqu'en 2000.

Note de bas de page c

Appelée « espèce rare » jusqu'en 1990, puis « espèce vulnérable » de 1990 à 1999.

Note de bas de page d

Autrefois « aucune catégorie » ou « aucune désignation nécessaire ».

Note de bas de page e

Catégorie « DSIDD » (données insuffisantes pour donner une désignation) jusqu'en 1994, puis « indéterminé » de 1994 à 1999. Définition de la catégorie (DI) révisée en 2006.

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