Requin-taupe bleu (Isurus oxyrinchus) : évaluation et rapport de situation du COSEPAC 2019

Titre officiel : Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le Requin-taupe bleu (Isurus oxyrinchus), population de l’Atlantique, au Canada 2019

Comité sur la situation des espèces en peril au Canada (COSEPAC)
En voie de disparition 2019

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Illustration du requin taupe bleu (Isurus oxyrinchus) (vue latérale).
Requin-taupe bleu
Information sur le document

Les rapports de situation du COSEPAC sont des documents de travail servant à déterminer le statut des espèces sauvages que l’on croit en péril. On peut citer le présent rapport de la façon suivante :

COSEPAC. 2019. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le requin-taupe bleu (Isurus oxyrinchus), population de l’Atlantique, au Canada, Comité sur la situation des espèces en péril au Canada, Ottawa,  xiii + 43 p. (Registre public des espèces en péril).

Rapport(s) précédent(s) :

COSEPAC. 2017. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le requin-taupe bleu (Isurus oxyrinchus), population de l’Atlantique, au Canada, Comité sur la situation des espèces en péril au Canada, Ottawa, xii + 34 p.

COSEPAC. 2006. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le requin-taupe bleu (Isurus oxyrinchus) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada, Ottawa, vi + 24 p.

Note de production : Le COSEPAC remercie Scott Wallace d’avoir rédigé le rapport de situation sur le requin-taupe bleu (Isurus oxyrinchus), aux termes d’un marché conclu avec Environnement et Changement climatique Canada. La supervision et la révision du rapport ont été assurées par John Neilson, coprésident du Sous-comité de spécialistes des poissons marins du COSEPAC.

Pour obtenir des exemplaires supplémentaires, s’adresser au :

Secrétariat du COSEPAC
a/s Service canadien de la faune
Environnement et Changement climatique Canada
Ottawa (Ontario)
K1A 0H3

Tél. : 819-938-4125
Téléc. : 819-938-3984
Courriel : ec.cosepac-cosewic.ec@canada.ca
Site web : COSEPAC

Also available in English under the title COSEWIC Assessment and Status Report on the Shortfin Mako (Isurus oxyrinchus) in Canada.

Illustration/photo de la couverture : Requin-taupe bleu — Image de la couverture gracieusement fournie par la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (A. López [‘Tokio’]).

COSEPAC sommaire de l’évaluation

Sommaire de l’évaluation – Mai 2019

Nom commun : Requin-taupe bleu (population de l’Atlantique)

Nom scientifique : Isurus oxyrinchus

Statut : En voie de disparition

Justification de la désignation : Cette espèce sauvage compte une seule population fortement migratrice dans l’Atlantique Nord, et une portion est présente de façon saisonnière dans les eaux canadiennes. Les prises accessoires dans les pêches à la palangre pélagique menées dans l’Atlantique Nord constituent la principale menace. L’évaluation des stocks de 2017 indique que la population est appauvrie et qu’une surpêche au-delà des niveaux durables se poursuit. Les caractéristiques du cycle vital, comme la croissance lente, la maturité tardive et le taux de reproduction faible, signifient que la présente espèce de requin a une productivité relativement faible comparativement aux autres espèces de requins. Par conséquent, la vulnérabilité à un déclin continu est considérable et, une fois la population appauvrie, la capacité de rétablissement est limitée.

Répartition : Québec, Nouveau-Brunswick, Terre-Neuve-et-Labrador, Nouvelle-Écosse, Île-du-Prince-Édouard, océan Atlantique

Historique du statut : Espèce désignée « menacée » en avril 2006. Réexamen du statut : l’espèce a été désignée « préoccupante » en avril 2017. Réexamen du statut : l’espèce a été désignée « en voie disparition » en mai 2019.

COSEPAC résumé

Requin taupe bleu - population de l’Atlantique
Isurus oxyrinchus

Description et importance de l’espèce sauvage

Le requin-taupe bleu (Isurus oxyrinchus) est l’une des deux espèces du genre Isurus (l’autre étant le petit requin-taupe [I. paucus]) et l’une des cinq espèces de la famille des Lamnidés (requins-taupes). Parmi les autres lamnidés présents au Canada figurent le grand requin blanc (Carcharodon carcharias), la taupe du Pacifique (Lamna ditropis) et la maraîche (L. nasus).

D’après la séparation géographique, les différences génétiques avec les autres populations mondiales et le manque de preuves d’une structuration dans l’Atlantique Nord, les requins-taupes bleus du Canada sont considérés comme appartenant à la grande population de l’Atlantique Nord, qui forme une seule unité désignable (UD).

Même si l’espèce n’est pas directement ciblée au Canada, un petit nombre d’individus sont capturés et débarqués en tant que prises accessoires par certaines pêches canadiennes. Le requin-taupe bleu est aussi très prisé par les pêcheurs sportifs états-uniens, et parfois canadiens, parce qu’il se débat énergiquement et qu’il est comestible.

Répartition

Le requin-taupe bleu, répandu dans les eaux tempérées et tropicales de tous les océans à partir du 50e degré de latitude nord, se trouve dans l’Atlantique depuis le sud du 60e degré de latitude nord jusqu’à l’équateur. Les individus présents dans les eaux canadiennes sont de grands migrateurs qui visitent généralement les eaux chaudes du Gulf Stream l’été et l’automne et qui se trouvent à la limite septentrionale de l’aire de répartition de la grande population de l’Atlantique Nord. L’espèce a été observée dans les bancs Georges et Browns, le long du plateau continental de la Nouvelle-Écosse, dans les bancs de Terre-Neuve et dans le golfe du Saint-Laurent.

Habitat

La température semble être le principal facteur de la répartition du requin-taupe bleu. La plage de températures de l’eau privilégiée étant de 17 à 22 °C, il est peu probable que le requin-taupe bleu fasse des séjours prolongés en eaux canadiennes. Le manque de données a empêché la détermination des habitats nécessaires à la réalisation des fonctions essentielles (p. ex. accouplement, mise bas) de l’espèce au Canada, en plus de nuire aux études visant à établir si l’habitat avait changé au fil du temps dans l’UD de l’Atlantique Nord, y compris dans les eaux canadiennes.

Biologie

Le requin-taupe bleu est aplacentaire et vivipare, et les embryons en développement se nourrissent des œufs non fécondés pendant la période de gestation de 15 à 18 mois. Les femelles donnent naissance à 11 petits en moyenne, et ce, tous les 3 ans. L’âge auquel la moitié des individus sont matures a été estimé à 8 ans chez les mâles et à 18 ans chez les femelles. L’espèce a une faible productivité, comparativement à d’autres espèces de requins, et la durée d’une génération est d’environ 25 ans. Il semble que les femelles migrent vers les 20 à 30º de latitude nord pour mettre bas puisqu’aucune femelle gravide n’a été capturée en dehors de ces latitudes.

L’espèce est vraisemblablement capable de s’adapter aux changements naturels de son environnement, les adultes pouvant parcourir de longues distances et se nourrir d’un vaste éventail d’espèces, dont le tassergal (Pomatomus saltatrix), le stromaté (Peprilus sp.), les thons (Scombridés), les maquereaux, les bonites et l’espadon (Xiphias gladius).

Taille et tendances de la population

Pour les eaux canadiennes, une série de taux de capture provenant des pêches à la palangre pélagique pour la période de 1996 à 2014 est le seul indice d’abondance disponible. Les données les plus récentes montrent un déclin des taux de capture par rapport aux données du début de la série chronologique, déclin toutefois non significatif. Les eaux canadiennes représentent la limite septentrionale de l’aire de répartition de l’espèce, et, par conséquent, les variations de l’indice canadien peuvent refléter des changements de la répartition plutôt que des changements de l’abondance.

En 2017, la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (CICTA) a effectué une évaluation complète du requin-taupe bleu. En se fondant sur 3 approches de modélisation différentes, la Commission a conclu qu’il y avait une probabilité combinée de 90 % que la population de requins-taupes bleus de l’Atlantique Nord soit déjà surpêchée et qu’elle continue de subir une surpêche. Les estimations d’un modèle de synthèse des stocks de la CICTA donnent à penser que la biomasse et la taille de la population et la fécondité du stock reproducteur (un indice du nombre d’individus matures) ont diminué de 60 et de 50 %, respectivement, de 1950 à 2015, la plus grande partie de ce déclin ayant eu lieu au début des années 1980.

Menaces et facteurs limitatifs

Les prises accessoires dans les pêches commerciales à la palangre ciblant les thons et les espadons pélagiques sont la principale cause de mortalité en eaux canadiennes et dans l’ensemble de l’aire de répartition du requin-taupe bleu. La mortalité totale des requins-taupes bleus capturés à la palangre au Canada est de 49 %; ce pourcentage inclut les individus pêchés morts et ceux qui sont morts après la remise à l’eau. La survie après la remise à l’eau d’individus blessés et sains serait de 31 % selon les données des balises satellites (n = 33) (figure 17; Campana et al, 2015), ce qui donne un taux de mortalité total moyen annuel historique d’environ 69 t/an. Les femelles matures forment moins de 1 % des individus capturés par les pêches à la palangre pélagique dans la Région des Maritimes du ministère des Pêches et des Océans (MPO), d’après la couverture par les observateurs en mer, qui représente en moyenne quelque 5 % de l’effort de pêche annuel (environ 10 % lors des 3 années les plus récentes).

On ne connaît pas bien la mortalité totale due aux pêches dans tout l’Atlantique Nord à cause de la mauvaise comptabilisation des prises, en particulier pendant les années antérieures à 1996. De 1996 à 2015, les débarquements annuels moyens déclarés s’élevaient à environ 3 550 t dans tout l’Atlantique, mais ce nombre a été considéré comme une sous-estimation dans une récente étude de la CICTA, qui a estimé que les captures pendant cette période étaient de 4 673 t.

En raison des caractéristiques de leur cycle vital, par exemple la croissance relativement lente, l’âge tardif de la maturité et les faibles taux de reproduction, les populations de requins-taupes bleus présentent une productivité relativement faible comparativement à d’autres requins; c’est pourquoi leur capacité de se rétablir est limitée une fois qu’elles sont appauvries.

Protection, statuts et classements

Le Canada interdit l’ablation des nageoires de requins (où les nageoires sont retirées et conservées alors que le corps du requin est rejeté en mer). Aucune pêche ne cible le requin-taupe bleu dans l’Atlantique Nord, mais les individus accidentellement capturés peuvent être conservés dans le cadre de certaines pêches. Des règlements de pêche et des mesures de protection de la Région des Maritimes du MPO prévoient l’adoption d’une limite annuelle non restrictive de débarquements de requins-taupes bleus de 100 t, l’utilisation d’hameçons circulaires corrodables pour réduire les prises accessoires et la mortalité après remise à l’eau dans les pêches à la palangre pélagique. La remise à l’eau volontaire en 2015 de requins-taupes bleus vivants dans la Région des Maritimes du MPO, appuyée par l’industrie de la pêche à la palangre, devrait réduire la mortalité dans les eaux canadiennes. La remise à l’eau de requins-taupes vivants pris lors de la pêche pélagique à la palangre est obligatoire depuis 2018. Les règlements actuels ne limitent pas la mortalité totale par pêche ou les rejets en mers. Le Canada exige également que tous les requins débarqués aient encore les ailerons naturellement fixés pour empêcher toute activité d’ablation des nageoires.

Lors de la dernière évaluation du requin-taupe bleu (de l’Atlantique Nord) en 2018, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a désigné l’espèce « en voie de disparition ». La National Oceanographic and Atmospheric Administration (NOAA) des États-Unis décrit la population comme étant déjà surpêchée et sujette à continuer de subir une surpêche. Le COSEPAC a désigné la population de l’Atlantique de requins-taupes bleus « espèce menacée » en 2006, mais a ensuite décidé de ne pas l’inclure à l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril. Le COSEPAC a réévalué la population « préoccupante » en 2017, avant la publication de l’évaluation complète de la CICTA, qui est abordée dans la présente mise à jour du rapport du COSEPAC.

Résumé technique

Nom scientifique : Isurus oxyrinchus

Nom français : Requin-taupe bleu (population de l’Atlantique)

Nom anglais : Shortfin Mako (Atlantic Population)

Répartition au Canada: Québec, Nouveau Brunswick, Terre Neuve et Labrador, Nouvelle Écosse, Île du Prince Édouard, océan Atlantique

Données démographiques

Durée d’une génération d’après G = âge à maturité/mortalité naturelle
25 ans
Y a t il un déclin continu [observé, inféré ou prévu] du nombre total d’individus matures?
Oui
Pourcentage estimé de déclin continu du nombre total d’individus matures sur [cinq ans ou deux générations].
Déclin estimé de la biomasse de 50 % et déclin estimé de la fécondité du stock reproducteur de 60 % (de 1966 à 2015, 50 ans)
Pourcentage [observé, estimé, inféré ou présumé] [de réduction ou d’augmentation] du nombre total d’individus matures au cours des [dix dernières années ou trois dernières générations].
Déclin estimé de la biomasse de 50 % et déclin estimé de la fécondité du stock reproducteur de 60 % (de 1950 à 2015, 66 ans)
Pourcentage [prévu ou présumé] [de réduction ou d’augmentation] du nombre total d’individus matures au cours des [dix prochaines années ou trois prochaines générations].
Inconnu
Pourcentage [observé, estimé, inféré ou présumé] [de réduction ou d’augmentation] du nombre total d’individus matures au cours de toute période de [dix ans ou trois générations] commençant dans le passé et se terminant dans le futur.
Inconnu
Est-ce que les causes du déclin sont a) clairement réversibles et b) comprises et c) ont effectivement cessé?
a. Probablement réversibles
b. Oui, mortalité causée par les pêches
c. Non
Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre d’individus matures?
Non, il s’agit d’une espèce à faible productivité

Information sur la répartition

Superficie estimée de la zone d’occurrence
1 060 000 km2
Indice de zone d’occupation (IZO) (Fournissez toujours une valeur établie à partir d’une grille à carrés de 2 km de côté:
>> 2 000 km2
La population totale est-elle « gravement fragmentée », c.-à-d. que plus de 50 % de sa zone d’occupation totale se trouve dans des parcelles d’habitat qui sont a) plus petites que la superficie nécessaire au maintien d’une population viable et b) séparées d’autres parcelles d’habitat par une distance supérieure à la distance de dispersion maximale présumée pour l’espèce?
a) Non
b) Non
Nombre de « localités »* (utilisez une fourchette plausible pour refléter l’incertitude, le cas échéant)
> 10. Vaste aire de répartition, l’espèce est capturée dans le cadre de plusieurs pêches internationales dans l’ensemble de l’Atlantique Nord.
Y a-t-il un déclin [observé, inféré ou prévu] de la zone d’occurrence?
Inconnu
Y a-t-il un déclin [observé, inféré ou prévu] de l’indice de zone d’occupation?
Non
Y a-t-il un déclin [observé, inféré ou prévu] du nombre de sous-populations?
Non
Y a-t-il un déclin [observé, inféré ou prévu] du nombre de localités*?
Non
Y a-t-il un déclin [observé, inféré ou prévu] de [la superficie, l’étendue ou la qualité] de l’habitat?
Non
Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre de sous-populations?
Non
Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre de localités*?
Non
Y a-t-il des fluctuations extrêmes de la zone d’occurrence?
Non
Y a-t-il des fluctuations extrêmes de l’indice de zone d’occupation?
Non

*(Voir « définitions et abréviations » sur le site Web du COSEPAC et International Union for Conservation of Nature (IUCN) (en anglais seulement) pour obtenir des précisions sur ce terme.)

Nombre d’individus matures dans chaque sous population

Sous-populations (utilisez une fourchette plausible) : Sans objet

Nombre d’individus matures : 558 000 (population de l’Atlantique Nord)

Analyse quantitative

La probabilité de disparition de l’espèce à l’état sauvage est d’au moins [20 % sur 20 ans ou 5 générations, ou 10 % sur 100 ans]. : Aucune analyse disponible

Menaces (directes, de l’impact le plus élevé à l’impact le plus faible, selon le calculateur des menaces de l’UICN)

Un calculateur des menaces a-t-il été rempli pour l’espèce? Non

Quels autres facteurs limitatifs sont pertinents?

Immigration de source externe (immigration de l’extérieur du Canada)

Situation des populations de l’extérieur les plus susceptibles de fournir des individus immigrants au Canada.
Une seule population, dont font partie les individus du Canada
Une immigration a-t-elle été constatée ou est-elle possible?
Possible, des preuves génétiques n’ont pas exclu la migration de mâles entre les hémisphères Nord et Sud. La population mondiale est en déclin.
Des individus immigrants seraient-ils adaptés pour survivre au Canada?
Oui
Y a-t-il suffisamment d’habitat disponible au Canada pour les individus immigrants?
Oui
Les conditions se détériorent-elles au Canada+?
Inconnu
Les conditions de la population source se détériorent-elles?
Inconnu
La population canadienne est-elle considérée comme un puits?
Non
La possibilité d’une immigration depuis des populations externes existe-t-elle?
Possible, mais peu probable puisque la population mondiale est en déclin.

+ Voir le tableau 3 (Lignes directrices pour la modification de l’évaluation de la situation d’après une immigration de source externe)

Nature délicate de l’information sur l’espèce

L’information concernant l’espèce est-elle de nature délicate? Non

Historique du statut

COSEPAC : Espèce désignée « menacée » en avril 2006. Réexamen du statut : l’espèce a été désignée « préoccupante » en avril 2017. Réexamen du statut : l’espèce a été désignée « en voie de disparition » en mai 2019.

Statut et justification de la désignation

Statut recommandé : En voie de disparition

Code alphanumérique : A2bd

Justification de la désignation : Cette espèce sauvage compte une seule population fortement migratrice dans l’Atlantique Nord, et une portion est présente de façon saisonnière dans les eaux canadiennes. Les prises accessoires dans les pêches à la palangre pélagique menées dans l’Atlantique Nord constituent la principale menace. L’évaluation des stocks de 2017 indique que la population est appauvrie et qu’une surpêche au-delà des niveaux durables se poursuit. Les caractéristiques du cycle vital, comme la croissance lente, la maturité tardive et le taux de reproduction faible signifient que la présente espèce de requin a une productivité relativement faible comparativement aux autres espèces de requins. Par conséquent, la vulnérabilité à un déclin continu est considérable et, une fois la population appauvrie, la capacité de rétablissement est limitée.

Applicabilité des critères

Critère A (déclin du nombre total d’individus matures) : Correspond au critère de la catégorie « espèce en voie de disparition » A2, car le déclin est estimé de 60 et de 50 % de la biomasse du stock reproducteur et de la fécondité du stock reproducteur, respectivement. La fécondité du stock reproducteur est considérée comme un indice du nombre d’individus matures. La principale menace (surpêche) est toujours en cours.

Critère B (aire de répartition peu étendue et déclin ou fluctuation) : Dépasse les seuils, ne correspond pas au critère.

Critère C (nombre d’individus matures peu élevé et en déclin) : Dépasse les seuils, ne correspond pas au critère.

Critère D (très petite population ou répartition restreinte) : Dépasse les seuils, ne correspond pas au critère.

Critère E (analyse quantitative) : Aucune analyse n’a été effectuée.

Préface

Peu après la publication du rapport de situation du COSEPAC sur le requin-taupe bleu de 2017, la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (CICTA) a effectué une évaluation exhaustive de la population, qui comprenait des séries de captures mises à jour et trois différents modèles d’évaluation. Le modèle démographique incluait également des séries temporelles plus longues que dans l’évaluation précédente. Cette mise à jour de l’évaluation du COSEPAC fait part des notions les plus reconnues à l’échelle mondiale concernant la population de l’Atlantique de requins-taupes bleus.

Historique du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le Comité a été créé pour satisfaire au besoin d’une classification nationale des espèces sauvages en péril qui soit unique et officielle et qui repose sur un fondement scientifique solide. En 1978, le COSEPAC (alors appelé Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) promulguée le 5 juin 2003, le COSEPAC est un comité consultatif qui doit faire en sorte que les espèces continuent d’être évaluées selon un processus scientifique rigoureux et indépendant.

Mandat du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) évalue la situation, au niveau national, des espèces, des sous-espèces, des variétés ou d’autres unités désignables qui sont considérées comme étant en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées aux espèces indigènes comprises dans les groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons, arthropodes, mollusques, plantes vasculaires, mousses et lichens.

Composition du COSEPAC

Le COSEPAC est composé de membres de chacun des organismes responsables des espèces sauvages des gouvernements provinciaux et territoriaux, de quatre organismes fédéraux (le Service canadien de la faune, l’Agence Parcs Canada, le ministère des Pêches et des Océans et le Partenariat fédéral d’information sur la biodiversité, lequel est présidé par le Musée canadien de la nature), de trois membres scientifiques non gouvernementaux et des coprésidents des sous-comités de spécialistes des espèces et du sous-comité des connaissances traditionnelles autochtones. Le Comité se réunit au moins une fois par année pour étudier les rapports de situation des espèces candidates.

Définitions (2019)

Espèce sauvage
Espèce, sous-espèce, variété ou population géographiquement ou génétiquement distincte d’animal, de plante ou d’un autre organisme d’origine sauvage (sauf une bactérie ou un virus) qui est soit indigène du Canada ou qui s’est propagée au Canada sans intervention humaine et y est présente depuis au moins cinquante ans.
Disparue (D)
Espèce sauvage qui n’existe plus.
Disparue du pays (DP)
Espèce sauvage qui n’existe plus à l’état sauvage au Canada, mais qui est présente ailleurs.
En voie de disparition (VD)
(Remarque : Appelée « espèce disparue du Canada » jusqu’en 2003.)
Espèce sauvage exposée à une disparition de la planète ou à une disparition du pays imminente.
Menacée (M)
Espèce sauvage susceptible de devenir en voie de disparition si les facteurs limitants ne sont pas renversés.
Préoccupante (P)
(Remarque : Appelée « espèce en danger de disparition » jusqu’en 2000.)
Espèce sauvage qui peut devenir une espèce menacée ou en voie de disparition en raison de l'effet cumulatif de ses caractéristiques biologiques et des menaces reconnues qui pèsent sur elle.
Non en péril (NEP)
(Remarque : Appelée « espèce rare » jusqu’en 1990, puis « espèce vulnérable » de 1990 à 1999.)
Espèce sauvage qui a été évaluée et jugée comme ne risquant pas de disparaître étant donné les circonstances actuelles.
Données insuffisantes (DI)
(Remarque :Autrefois « aucune catégorie » ou « aucune désignation nécessaire ».)
Une catégorie qui s’applique lorsque l’information disponible est insuffisante (a) pour déterminer l’admissibilité d’une espèce à l’évaluation ou (b) pour permettre une évaluation du risque de disparition de l’espèce.

Remarque : Catégorie « DSIDD » (données insuffisantes pour donner une désignation) jusqu’en 1994, puis « indéterminé » de 1994 à 1999. Définition de la catégorie (DI) révisée en 2006.

Le Service canadien de la faune d’Environnement et Changement climatique Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC.

Description et importance de l’espèce

Nom et classification

Le requin-taupe bleu (Isurus oxyrinchus) est l’une des deux espèces du genre Isurus (l’autre étant le petit requin-taupe [I. paucus]) et l’une des cinq espèces de la famille des Lamnidées (requins-taupes). Les autres lamnidés qui vivent au Canada sont le grand requin blanc (Carcharodon carcharias), la taupe du Pacifique (Lamna ditropis; aussi appelé requin-taupe saumon) et la maraîche (Lamna nasus; aussi appelé requin-taupe commun). Aucune sous-population de requins-taupes bleus n’est reconnue.

Description morphologique

Cette grosse espèce de requin atteint une longueur totale (LT) d’environ 445 cm. Les mâles atteignent la maturité à une LT de 166 à 204 cm, et les femelles, à une LT de 265 à 312 cm (Rigby et al., 2019).

Le requin-taupe bleu se distingue par son museau pointu, ses yeux relativement petits, ses longues dents lisses ressemblant à des dagues et dépourvues de cuspide latérale (sur les deux mâchoires), et sa bouche en forme de U. Les dents antérieures du maxillaire inférieur font saillie sur un plan horizontal, même lorsque la bouche est fermée. Les nageoires pectorales sont légèrement incurvées, et le bout se termine en pointe; le bord antérieur, qui fait de 16 à 22 % de la longueur totale de l’animal, est plus court que la longueur de la tête. La première nageoire dorsale prend naissance vis-à-vis de la pointe arrière libre des nageoires pectorales ou juste derrière. Le bout est largement arrondi chez les jeunes, mais il est plus anguleux et étroitement arrondi chez les juvéniles de grande taille et les adultes. La première nageoire dorsale est plus longue que la largeur de sa base chez les gros individus, mais elle est de longueur égale ou inférieure chez les jeunes de moins de 185 cm. La nageoire caudale en forme de croissant est pourvue d’une carène principale horizontale, mais pas de carène secondaire. La coloration dorsolatérale est bleu vif ou violacée, et le dessous du museau est blanc chez les jeunes et les adultes. La tête, de couleur foncée, couvre en partie les septa branchiaux. La couleur foncée des flancs ne s’étend pas jusqu’à l’abdomen. Les nageoires pelviennes sont de couleur foncée sur la moitié antérieure et blanches sur la moitié postérieure, et le dessous est blanc également.

Des erreurs d’identification se sont produites en eaux chaudes, où les aires de répartition des deux espèces de requins-taupes se chevauchent. Cependant, dans les eaux canadiennes, où le petit requin-taupe est extrêmement rare, il est peu probable que les deux espèces soient régulièrement confondues. Dans l’Atlantique canadien, le requin-taupe bleu a déjà été confondu avec la maraîche, ce qui a peut-être contribué à la sous-estimation des débarquements de requins-taupes bleus avant 1996 (Campana et al., 2004).

Structure spatiale et variabilité des populations

Les connaissances actuelles sur la structure spatiale de la population de requins-taupes bleus à l’échelle mondiale et, plus précisément, dans l’Atlantique Nord, ont été acquises grâce à plus de 50 années d’activités de marquage traditionnelles, à la pose récente de balises satellites et aux études génétiques menées ces 2 dernières décennies (ICCAT, 2012; Campana et al., 2015).

En 2012, la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (CICTA) a colligé toutes les données obtenues à partir des activités de marquage traditionnelles (micromarques) dans l’Atlantique Nord. Depuis 1962, un total de 9 218 micromarques ont été posées, et 1 203 requins marqués ont été recapturés (figure 1). La plupart de ces micromarques ont été déployées au large de la côte nord-est des États-Unis. Bien que l’on ait observé des requins-taupes bleus parcourir de longues distances (jusqu’à 3 400 km) dans l’Atlantique, la plupart des déplacements se faisaient entre le sud et l’est de l’Atlantique Nord-Ouest, et très peu de captures ont été réalisées au sud du 20e parallèle et aucune au sud du 5e parallèle (figure 1).

Voir description longue ci-dessous
Figure 1. Répartition des sites de marquage et de remise à l’eau de requins taupes bleus dans l’océan Atlantique. Les lignes droites relient les sites de remise à l’eau aux sites de recapture (ICCAT, 2012).

Le marquage de requins au moyen de balises classiques a été pratiqué en eaux canadiennes de 1961 à 1986 (n = 110), et, plus récemment, de 2006 à 2015 (n = 32), et 5 et 2 captures ont été réalisées lors de ces 2 périodes, respectivement (figure 2; Showell et al., 2017). De 2010 à 2014, le Canadian Shark Laboratory a déployé 43 balises satellites sur des requins-taupes bleus sains et blessés, principalement sur le plateau néo-écossais, parmi lesquelles 34 ont été récupérées ou ont transmis des données (Campana et al., 2015; Showell et al., 2017; figure 3). Les données tirées des micromarques traditionnelles et des balises satellites posées au Canada l’été laissent croire à des déplacements généraux vers le sud, vers l’est ou vers le sud-est ainsi que des déplacements sur de longues distances vers l’est en direction du centre de l’Atlantique ou vers le sud en direction des Caraïbes.

Description longue

Carte de la répartition des sites de marquage et de remise à l’eau de requins‑taupes bleus dans l’océan Atlantique, affichée comme des lignes droites entre les sites de remise à l’eau et les sites de recapture.

Voir description longue ci-dessous
Figure 2. Sites de remise à l’eau (n = 32) et de recapture (n = 6) de requins taupes marqués au moyen de méthodes traditionnelles sur deux périodes. Source : Showell et al. (2017).
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Carte des sites de remise à l’eau et de recapture de requins-taupes bleus du Canada de 2006 à 2015 et de 1961 à 1986.

Veuillez voir la traduction française ci-dessous :
Direction travelled = Direction du déplacement
Mako tags = Pose de balise sur un requin-taupe
Recaptures = Recapture
NFLD = T.-N.-L.
Nova Scotia = Nouvelle-Écosse
USA = États-Unis

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Figure 3. Sites de pose de balises de collecte de données détectables (BCDD) (n = 43) sur des requins taupes bleus et sites de remise à l’eau (n = 34) au Canada. Source : Showell et al. (2017).
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Carte des sites de pose de balises de collecte de données détectables (BCDD) et des sites de remise à l’eau des requins‑taupes bleus du Canada.

Veuillez voir la traduction française ci-dessous :
Direction travelled = Direction du déplacement
Mako sat tags applied = Pose de BCDD sur un requin-taupe bleu
Mako sat tags applied = Récupération d’une BCDD posée sur un requin-taupe bleu
NFLD = T.-N.-L.
Nova Scotia = Nouvelle-Écosse
USA = États-Unis

Ensemble, les études de marquage au Canada et aux États-Unis indiquent que les individus marqués sont de grands migrateurs qui fréquentent principalement les eaux à l’ouest du 40e degré de longitude et au nord du 30e degré de latitude nord.  

Des données génétiques, principalement tirées d’analyses de l’ADN mitochondrial (ADNmt), appuient l’hypothèse d’une population de l’Atlantique Nord distincte et d’une grande séparation spatiale de celle-ci par rapport aux autres populations. Heist et al. (1996) ont utilisé l’ADNmt pour analyser la structure des populations de requins-taupes bleus de l’Atlantique et du Pacifique. Ils ont constaté que la population de l’Atlantique Nord différait considérablement des populations de l’Atlantique Sud, du Pacifique Nord et du Pacifique Sud (FST global = 0,15), et ont ainsi conclu que la population de l’Atlantique Nord recevait un flux génique très limité à partir des populations d’autres zones et, par conséquent, qu’il était justifié qu’elle fasse l’objet de considérations de gestion distinctes. Schrey et Heist (2003) ont étudié l’ADN microsatellite (nucléaire) du requin-taupe bleu à 4 locus en utilisant 433 échantillons provenant de l’Atlantique Nord, de l’Atlantique Sud, du Pacifique Nord, du Pacifique Sud et des côtes sud-africaines de l’Atlantique et de l’océan Indien. Cette étude a révélé de très faibles degrés de différenciation, et ce, même entre les principaux bassins océaniques (FST global < 0,003), et les résultats permettent difficilement d’infirmer l’hypothèse selon laquelle les requins-taupes bleus forment une seule et même population à l’échelle mondiale. Selon un modèle de mutation, la valeur de p était légèrement inférieure à 0,05, alors que, selon un autre modèle de mutation, elle était légèrement supérieure à 0,05. L’analyse de puissance indiquait une très grande capacité de détecter la structure de la population au niveau indiqué par l’étude de l’ADNmt. Selon Schrey et Heist (2003), les deux jeux de données pourraient s’expliquer par le fait que les femelles affichent un haut degré de philopatrie (d’où les grandes différences observées dans l’ADNmt, hérité de la mère) et que les mâles ont davantage tendance à se disperser (d’où la faible différenciation observée dans les marqueurs de l’ADN nucléaire). Grâce à des techniques d’ADNmt semblables (n = 106), Tagchi et al. (2011) ont confirmé de nouveau la séparation génétique des populations de requins-taupes bleus de l’Atlantique Nord et du Pacifique.

Unités désignables

Les eaux canadiennes se trouvent à la limite de l’aire de répartition de l’espèce dans l’Atlantique Nord (voir la section Répartition ci-dessous). D’après la séparation biogéographique, les différences génétiques par rapport aux autres populations du monde et l’absence de preuves d’une structuration au sein de l’Atlantique Nord, les requins-taupes bleus de l’Atlantique Nord sont considérés comme formant une population, et la seule UD présente au Canada fait partie d’une population de l’Atlantique Nord plus étendue. Les individus qui fréquentent les eaux canadiennes font probablement partie de la population de l’Atlantique Nord.

Dans les eaux canadiennes, les requins-taupes bleus représentent probablement une portion de la population de l’Atlantique Nord, mais aucune information n’est disponible sur le pourcentage de la population qui vit au Canada.

Importance de l’espèce

Même s’il n’est pas directement ciblé au Canada, le requin-taupe bleu est une espèce capturée de façon fortuite et vendue en raison de la qualité de sa chair. Ce poisson est aussi très prisé par les pêcheurs sportifs, surtout aux États-Unis, parce qu’il se débat énergiquement durant la capture et qu’il est comestible. À l’échelle de l’aire de répartition, y compris en eaux canadiennes, la chair est utilisée à l’état frais, congelé, fumé et séché salé aux fins de consommation humaine; l’huile est extraite pour les vitamines; les nageoires sont servies dans des soupes; la peau est transformée en cuir; les mâchoires et les dents servent d’ornements.

Le requin-taupe bleu est un prédateur opportuniste situé au sommet de la chaîne trophique, et il a de nombreuses proies. Par conséquent, il joue probablement un rôle important dans la structure des écosystèmes pélagiques marins.

Répartition

Aire de répartition mondiale

Le requin-taupe bleu se rencontre dans toutes les mers tempérées et tropicales de la planète. La population de requins-taupes de l’Atlantique Nord fréquente toutes les eaux comprises entre le 60e degré de latitude nord et l’équateur (figure 4a).

Voir description longue ci-dessous
Figure 4. a) Aire de répartition mondiale approximative; b) aire de répartition de l’unité désignable dans l’Atlantique Nord; c) zone d’occupation canadienne de l’unité désignable du requin taupe bleu. Sources : Caillet et al. (2009); Showell et al. (2017).
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Cartes de l’aire de répartition du requin‑taupe bleu. Carte a : aire de répartition mondiale; carte b : aire de répartition dans l’Atlantique Nord; carte c : zone d’occupation dans les eaux canadiennes de l’Atlantique.

Veuillez voir la traduction française ci-dessous :
Pacific Ocean = Océan pacifique
North America = Amérique du nord
South America = Amérique du sud
Atlantic Ocean = Océan Atlantique
Europe = Europe
Africa = Afrique
Asia = Asie
Indian Ocean = Océan Indien
Australia = Australie

Aire de répartition canadienne

L’aire de répartition canadienne a été estimée au moyen de la répartition de l’ensemble des observations connues recueillies par les pêches commerciales (ZIFF [fichier informatisé sur les échanges entre les zones] et SIPMAR [Système d’information sur les pêches des Maritimes]), des données canadiennes d’observateurs en mer (programmes des observateurs en mer des Régions des Maritimes et de Terre-Neuve-et-Labrador du MPO), des relevés scientifiques et des données de marquage qui chevauchent une division de pêche de l’OPANO (figure 5; Showell et al., 2017). Dans les eaux canadiennes, le requin-taupe bleu est généralement associé à des eaux chaudes telles que celles au sein ou à proximité du Gulf Stream. L’espèce a été repérée dans les bancs Georges et Browns, le long du plateau continental de la Nouvelle-Écosse, dans les bancs de Terre-Neuve et même dans le golfe du Saint-Laurent (Showell et al., 2017). Les données fournies par les observateurs à bord de bateaux canadiens, féroïens et japonais révèlent que les requins-taupes bleus sont capturés dans les eaux tant côtières qu’extracôtières, entre la partie sud de la zone économique exclusive (ZEE) du Canada et le 50e degré de latitude nord. Cette espèce est un grand migrateur qui visite les côtes canadiennes de l’Atlantique de façon saisonnière (à la fin de l’été et à l’automne). Les requins-taupes des eaux canadiennes représentent une extension nord-ouest de la population de l’Atlantique Nord et ne constituent probablement qu’une petite partie cette grande population. Il n’existe aucune donnée témoignant d’une expansion ou d’une contraction de l’aire de répartition du requin-taupe bleu dans les eaux canadiennes de l’Atlantique.

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Figure 5. Observations combinées de requins-taupes bleus en eaux canadiennes provenant des bases de données des observateurs ZIFF et SIPMAR (1998 à 2014). Showell et al. (2017).
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Carte des observations combinées de requins‑taupes bleus en eaux canadiennes provenant des bases de données des observateurs ZIFF (Zonal Interchange File Format) et SIPMAR (Système d’information sur les pêches des Maritimes) (de 1998 à 2014).

Zone d’occurrence et zone d’occupation

La zone d’occurrence dans la portion canadienne de cette UD a été calculée en tant que la somme de la partie des divisions ou des sous-divisions de l’OPANO 3KL+3NOP+4R+4VWX+ 5Y+5Ze se trouvant dans la ZEE du Canada (1,06 million de km2) (figure 4b; Showell et al., 2017). La zone d’occupation biologique actuelle, représentée par des observations fréquentes ou des captures, mesure environ 800 000 km2 (Campana et al., 2004a).

Habitat

Besoins en matière d’habitat

Unité désignable de l’Atlantique nord

Bien que plusieurs balises satellites aient été déployées sur des requins-taupes bleus dans les eaux canadiennes depuis le rapport de situation du COSEPAC de 2006, les nouvelles données n’ont pas modifié notre compréhension des besoins en matière d’habitat dans l’Atlantique Nord (Campana et al., 2015). La température semble être le principal facteur de la répartition du requin-taupe bleu, qui préfère les eaux de 17 à 22 °C, de sorte que, dans l’océan Atlantique, il est souvent associé au Gulf Stream (Compagno, 2001), lequel se trouve surtout en dehors des eaux canadiennes. Des enregistreurs de température et de profondeur sur des émetteurs satellites indiquent que le requin-taupe bleu fréquente des eaux de 10,4 à 28,6 °C et la couche d’eau entre la surface et 556 m (Loefer et al., 2005).

Eaux canadiennes

En général, le requin-taupe bleu se rencontre en zone extracôtière, près de la rupture de pente continentale, sur le plateau continental et parfois près des côtes. Dans la partie ouest de l’Atlantique Nord, le requin-taupe bleu se déplace vers le plateau continental lorsque les températures à la surface de l’eau dépassent 17 °C, habituellement de juin à décembre.

Le manque de données empêche la détermination des habitats nécessaires à la réalisation des fonctions essentielles du cycle vital (p. ex. accouplement, mise bas) de l’espèce dans les eaux canadiennes. Godin et al. (données inédites, 2015) ont repéré des zones à hauts taux de capture (débarquements + rejets) (figure 6), ce qui donne à penser que l’espèce peut se concentrer en eaux canadiennes, mais aucun élément de l’habitat n’a été associé à ces zones.

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Figure 6. Points chauds principaux montrant les probabilités de capture de requins taupes bleus (débarquements + rejets) par les pêches canadiennes à la palangre pélagique de 2003 à 2013 : captures multipliées par a) deux fois (4 requins/mouillage); b) cinq fois (10 requins/mouillage) et c) dix fois (20 requins/mouillage) le nombre moyen de requins par mouillage. La ligne rouge délimite la zone économique exclusive de 200 milles marins du Canada. Source : Godin et al. (2015).
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Carte montrant les probabilités de capture de requins‑taupes bleus (débarquements + rejets) par les pêches canadiennes à la palangre pélagique de 2003 à 2013. Les cartes sont fondées sur les captures multipliées par deux fois (carte a), cinq fois (carte b) et 10 fois (carte c) le nombre moyen de requins par mouillage.

Tendances en matière d’habitat

Le manque de données a nui aux études visant à déterminer si l’habitat du requin-taupe bleu a changé au fil du temps dans l’UD de l’Atlantique Nord ou dans les eaux canadiennes. Bien que, ces dernières décennies, l’Atlantique Nord ait subi des anomalies de température positives qui pourraient avoir des conséquences sur l’aire de répartition de l’espèce, aucune recherche sur les périodes de migration vers les zones extracôtières et côtières et les tendances en matière de répartition n’a été réalisée.

Biologie

Cycle vital et reproduction

Le requin-taupe bleu est aplacentaire et vivipare, ses embryons en développement se nourrissant des œufs non fécondés pendant la période de gestation, laquelle varie à l’échelle planétaire. Dans l’Atlantique Nord, elle dure de 15 à 18 mois environ, et la taille des portées est de 11 petits en moyenne, et ce, tous les 3 ans (Campana et al., 2004a). La période de mise bas s’étend de la fin de l’hiver au milieu de l’été, et les petits mesurent environ 70 cm de longueur (Mollet et al., 2000).

La validation de l’âge et de la croissance du requin-taupe a donné des résultats variés, selon la technique utilisée et le bassin océanique étudié. Dans l’Atlantique Nord, d’après la validation par la méthode de datation au radiocarbone, l’âge auquel la moitié des individus sont matures est estimé à 8 ans chez les mâles (185 cm de longueur à la fourche [LF]) et à 18 ans chez les femelles (275 cm LF) (Natanson et al., 2006). Selon Campana et al. (2004a), qui ont obtenu des estimations semblables de l’âge à la maturité, les femelles restent immatures jusqu’à 18 ans (272 cm LF).

D’après les données sur la longueur des poissons provenant des pêches canadiennes à la palangre pélagique, les individus matures sont rares dans les eaux canadiennes de l’Atlantique ou ne sont pas capturés par les engins de pêche commerciale, ou encore ils sont vraisemblablement en mesure de briser la ligne grâce à leur taille quand ils sont capturés (DFO, 2016). Le pourcentage de mâles matures (longueur totale [LT] > 185 cm) et de femelles matures (LT > 275 cm) rapporté par les observateurs des pêches de 2006 à 2015 est estimé respectivement à 7 % (n = 1 114) et à moins de 1 % (n = 1 025). La taille moyenne des poissons capturés lors des pêches japonaises à la palangre pélagique pratiquées en eaux canadiennes de 1986 à 1996 a augmenté au cours de cette période, tandis que la composition selon la taille dans les pêches canadiennes à la palangre pélagique pratiquées de 1999 à 2014 a varié, sans qu’une tendance ressorte (figure 7).

Selon Bishop et al. (2006), la mortalité naturelle (M) du requin-taupe bleu de l’Atlantique Nord serait de 0,10 à 0,15. Smith et al. (1998) a, quant à lui, établi la mortalité naturelle à 0,16.

La durée d’une génération a été calculée au moyen de la formule suivante : 1/mortalité des adultes + âge où 50 % des femelles sont en âge de se reproduire. La durée d’une génération est donc d’environ 25 ans [18+(1/0,15)].

Voir description longue ci-dessous
Figure 7. Distribution de la fréquence des longueurs des requins taupes bleus capturés par des pêches japonaises à la palangre en eaux canadiennes de 1986 à 1996, ainsi que par des pêches canadiennes à la palangre de 1999 à 2014, répertoriées par les programmes canadiens d’observateurs en mer. Source : M. Showell, 2017, ministère des Pêches et des Océans, communication personnelle.
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Graphiques illustrant la distribution de la fréquence des longueurs des requins‑taupes bleus capturés par des pêches japonaises à la palangre en eaux canadiennes de 1986 à 1996 (image du haut), ainsi que par des pêches canadiennes à la palangre de 1999 à 2014 (image du bas), répertoriées par les programmes canadiens d’observateurs en mer.

Veuillez voir la traduction française ci-dessous :
Average total length (cm) = Longueur totale moyenne (cm)
Japan = Japon

Physiologie et adaptabilité

Les requins-taupes bleus adultes ont probablement des adaptations leur permettant de supporter l’étendue actuelle des changements climatiques, les changements de type de proie et les hausses de température de l’eau puisqu’ils peuvent se déplacer sur de longues distances et se nourrir d’une grande variété d’espèces. De plus, ils occupent un vaste territoire, ce qui les rend moins vulnérables aux phénomènes stochastiques localisés. La physiologie endothermique de l’espèce lui permet de demeurer très active en eaux froides (Carey et al., 1981).

Dispersion

Le requin-taupe bleu est un grand migrateur; des déplacements sur une distance allant jusqu’à 3 400 km ont été observés (Casey et Kohler, 1992). Les études de marquage classiques montrent que la plupart des recaptures se font à moins de 500 km du site de marquage (Kohler et al., 1998; ICCAT, 2012). Compte tenu de sa préférence pour les eaux chaudes et de sa grande mobilité, il est peu probable que l’espèce passe de longues périodes dans les eaux canadiennes, sauf en été et au début de l’automne. Les requins-taupes bleus marqués et recapturés (Nmarqués =9 218; Nrecapturés =1 203) de 1962 à 2012 dans l’Atlantique Nord-Ouest ont révélé une vaste gamme de profils de déplacement, mais surtout des déplacements vers le sud, le sud-est et l’est à partir du site de marquage (figure 1).

Une étude récente de suivi des déplacements des requins-taupes bleus marqués au large de la péninsule du Yucatan, au Mexique (n = 12), et au large du Maryland, aux États-Unis (n = 14), a montré des déplacements propres à la région et peu de chevauchement des aires de répartition, ce qui semble fournir la preuve d’une structuration spatiale à des échelles plus petites que celle actuellement considérée (Vaudo et al., 2016).

Il n’existe aucun modèle accepté de la migration du requin-taupe bleu dans l’Atlantique Nord. Maia et al. (2007) ont résumé les connaissances sur la dispersion et la migration dans l’Atlantique Nord. Il semble que les femelles migrent vers les 20 à 30°de latitude nord pour mettre bas, d’après les données selon lesquelles aucune femelle gravide n’a été capturée en dehors de ces latitudes (bien que de telles inférences soient limitées par la disponibilité de données d’observateurs scientifiques). Les mâles ont tendance à fréquenter davantage les latitudes élevées que les femelles, d’après la fréquence des données sur les captures observées, mais cette tendance pourrait être en partie due à la séparation dans la colonne d’eau, où les femelles passeraient plus de temps en profondeur, ou à un effet de la sélectivité des engins de pêche. Schrey et Heist (2003) ont émis l’hypothèse voulant que les femelles soient philopatriques à des lieux de mise bas (qu’il reste à repérer) et que les mâles parcourent de plus grandes distances, en se fondant sur la structure de la population déterminée par les microsatellites et l’ADNmt (voir la section Structure spatiale et variabilité de la population). Il est difficile de mettre au point un modèle de migration accepté, car l’on manque d’information sur les lieux de mise bas et l’on ne comprend pas entièrement les tendances de déplacement des mâles/femelles et des individus immatures/matures sur un cycle annuel.

Relations interspécifiques

Les requins-taupes bleus adultes se nourrissent d’une grande variété d’espèces, principalement des calmars et des poissons osseux (ostéichtyens), dont les thons, les maquereaux, les bonites et l’espadon (Xiphias gladius) (Bowman et al., 2000). Selon certaines études, les requins-taupes bleus de grande taille tendent à chasser des proies plus grosses, par exemple d’autres requins, de petits cétacés et des tortues. D’après deux méthodes d’échantillonnage utilisées dans l’ouest de l’Atlantique Nord, le tassergal (Pomatomus saltatrix) et le stromaté (Peprilus triacanthus) étaient les plus importantes proies, composant respectivement 78 et 31 % de l’alimentation du requin-taupe bleu (Bowman et al., 2000). Il existe des signes de remplacement saisonnier des proies, l’espèce délaissant les calmars pour se tourner vers le tassergal au printemps (MacNeil et al., 2005).

Taille et tendances de la population

Activités et méthodes d’échantillonnage

L’information sur l’abondance et les tendances provient principalement d’indices qui dépendent des pêches et de registres de captures. Le requin-taupe bleu est le plus abondant en eaux canadiennes de juin à décembre, période où la température de l’eau est le plus élevée. Les eaux canadiennes ne représentent qu’environ 2,5 % de l’aire de répartition géographique mondiale de la grande population de l’Atlantique Nord. Par conséquent, les indices et les évaluations provenant de l’extérieur du Canada sont pertinents dans l’évaluation de la situation de l’espèce au Canada. Le MPO (Showell et al., 2017) et la CICTA (ICCAT, 2017b) ont tous deux fourni des documents résumant les données d’évaluation de la biologie, des pêches et des stocks dans l’aire de répartition nord-atlantique du requin-taupe bleu, principales sources sur lesquelles est basé le présent rapport de situation.

Les pêches canadiennes s’effectuent à la périphérie de l’aire de répartition de la population de l’Atlantique Nord et, par conséquent, les indices ne doivent pas être considérés séparément des indices qui couvrent la totalité de l’aire de répartition du requin-taupe bleu de l’Atlantique Nord. La couverture par les observateurs en mer des pêches à la palangre pélagique est d’environ 5 % depuis 2004, et les données sur les prises accessoires de requins-taupes bleus de 1996 à 2014 sont les seules données disponibles pour définir un indice d’abondance et comprendre la démographie de la population au Canada (Showell et al., 2017). Les autres pêches qui interagissent avec le requin-taupe bleu (p. ex. au filet maillant et au chalut) ont une couverture de 1 à 18 % selon la région et le type d’engin (Showell et al., 2017).

Il existe plusieurs indices de taux de capture provenant des débarquements des pêches commerciales à la palangre dans d’autres parties de l’aire de répartition. L’analyse la plus récente des données sur les taux de capture a été revue et publiée par la CICTA (2017). L’analyse de la CICTA a relevé les six séries de taux de capture qui étaient jugées les plus adéquates aux fins d’utilisation dans les modèles d’évaluation des stocks : une des pêches à la palangre du Japon (1994 à 2015), deux des pêches à la palangre des États-Unis (données d’observateurs de 1992 à 2015, données de journaux de bord de 1986 à 2015); une des pêches à la palangre du Portugal (2000 à 2015); une des pêches à la palangre de l’Espagne (1990 à 2015); une des pêches à la palangre du Taïpei chinois (2007 à 2015) (figure 8).

Voir description longue ci-dessous
Figure 8. Indices de CPUE du requin taupe bleu dans l’Atlantique Nord; US-Log = données des journaux de bord des pêches à la palangre des États Unis; US-Obs = programme des observateurs des pêches à la palangre des États Unis; JPLL = données des journaux de bord des pêches à la palangre pélagique du Japon; POR LL = données des journaux de bord des pêches à la palangre pélagique du Portugal; CH TA LL = données sur les pêches à la palangre du Taïpei chinois; ESP LL = données des journaux de bord des pêches à la palangre pélagique de l’Espagne. Figures d’après ICCAT (2017a).
Description longue

Graphique montrant les indices de CPUE (capture par unité d’effort) du requin‑taupe bleu dans l’Atlantique Nord selon six différentes pêches, de 1966 à 2015.

Veuillez voir la traduction française ci-dessous :
Relative CPUE = CPUE relatives
Year = Année
Catch = Captures
Std. Abun. Index = Indice d’abondance normalisé
Year = Année

La CICTA (2017b) a accepté trois modèles démographiques. L’évaluation de ces modèles est fondée sur des séries de taux de capture, des données biologiques et de l’information sur les captures. Les trois modèles utilisés étaient : 1) un modèle bayésien de production excédentaire, 2) une évaluation bayésienne de la biomasse et 3) un modèle de synthèse des stocks. Afin de mieux étayer les modèles, la CICTA a affiné son facteur d’estimation des captures pour tenir compte de la mauvaise comptabilisation des captures dans les jeux de données historiques. De ces trois a

pproches de modélisation, neuf simulations de modèle d’évaluation des stocks ont été choisies pour élaborer un avis sur l’état et la gestion des stocks. Les résultats sommaires de ces modèles sont présentés au tableau 1.

Tableau 1. Sommaire des indices et des évaluations utilisés pour comprendre le statut du requin taupe bleu, population de l’Atlantique Nord
Indice ou évaluation Emplacement Série Années Conclusions
Modèle de MLG, taux de prise au Canada Eaux canadiennes Sans objet 1996 à 2014 Déclin non significatif
CICTA, indices de CPUE (six séries) Atlantique du Nord Données de CPUE Diverses Tendance à la baisse depuis 2010.
CICTA, modèle bayésien de production excédentaire Atlantique du Nord Série de prises 1 de Schaefer 1950 à 2015 B2015/BREM 0,85 (CV = 0,2)
H2015/HREM 2,97 (CV = 0,47)
Probabilité de surpêche passée/actuelle = 82 %
CICTA, modèle bayésien de production excédentaire Atlantique du Nord Série de prises 2 de Schaefer 1971 à 2015 B2015/BREM 0,75 (CV = 0,21)
H2015/HREM 3,58 (CV = 0,45)
Probabilité de surpêche passée/actuelle = 92 %
CICTA, modèle bayésien de production excédentaire Atlantique du Nord Série généralisée de prises 1 1950 à 2015 B2015/BREM 0,78 (CV = 0,23)
H2015/REM 1,93 (CV = 0,48)
Probabilité de surpêche passée/actuelle = 98 %
CICTA, modèle bayésien de production excédentaire Atlantique du Nord Série généralisée de prises 2 1971 à 2015 B2015/BREM 0,63 (CV = 0,24)
H2015/HREM 2,41 (CV = 0,44)
Probabilité de surpêche passée/actuelle = 97 %
CICTA, modèle bayésien de biomasse Atlantique du Nord Série de prises 1 de Schaefer 1950 à 2015 B2015/BREM 0,76 (plage de 95 % = 0,51 à 1,09)
H2015/HREM 3,7 (plage de 95 % = 1,46 à 10,6)
Probabilité de surpêche passée/actuelle = 92,6 %
CICTA, modèle bayésien de biomasse Atlantique du Nord Série de prises 1 de Pella 1950 à 2015 B2015/BREM 0,61 (plage de 95 % = 0,41 à 0,87)
H2015/HMEM 4,1 (plage de 95 % = 1,6 à 11,4)
Probabilité de surpêche passée/actuelle = 99,9 %
CICTA, modèle bayésien de biomasse Atlantique du Nord Série de prises 2 de Schaefer 1950 à 2015 B2015/BREM 0,69 (plage de 95 % = 0,43 à 1,04)
H2015/HREM 4,38 (plage de 95 % = 1,61 à 12,4)
Probabilité de surpêche passée/actuelle = 95,8 %
CICTA, modèle bayésien de biomasse Atlantique du Nord Série de prises 2 de Pella 1950 à 2015 B2015/BREM 0,57 (plage de 95 % = 0,35 à 0,85)
H2015/HREM 4,17 (plage de 95 % = 1,57 à 11,4)
Probabilité de surpêche passée/actuelle = 99,3 %
CICTA, modèle de synthèse des stocks Atlantique du Nord Série 3 1950 à 2015 F2015/FREM 4,38 (CV = 0,11)
SSF2015/SSFREM 0,95 (CV = 0,48)
Probabilité de surpêche passée/actuelle = 56 %

Fluctuations et tendances

Indice canadien

Campana et al. (2004a) a élaboré un indice d’abondance fondé sur les indices de taux de capture canadiens normalisés provenant de la pêche à la palangre pélagique, qui a ensuite été utilisé pour mettre à jour la série de taux de capture (figure 9; Fowler et Campana, 2009; Showell et al., 2017). La mise à jour la plus récente (figure 9) montre une baisse des taux de capture comparativement aux données du début de la série, mais cette baisse n’est pas statistiquement significative. Les variables qui expliquent l’utilité limitée de l’indice canadien sont notamment le petit nombre de sorties annuelles en mer avec observateurs au cours desquelles des prises de requins-taupes bleus ont été réalisées (fourchette : 11 à 95) et la faible couverture spatiale non seulement dans l’aire de répartition canadienne, mais aussi dans l’aire de répartition à l’échelle de l’Atlantique Nord.

Voir description longue ci-dessous
Figure 9. Taux de capture normalisés de requins taupes bleus des pêches à la palangre pélagique dans la Région des Maritimes du MPO (1996 2014) sur le plateau néo écossais. La courbe lisse représente la fonction LOWESS. Source : Showell et al. (2017).
Description longue

Taux de capture normalisés de requins‑taupes bleus des pêches à la palangre pélagique dans la région des Maritimes de Pêches et Océans Canada (MPO) (de 1996 à 2014) sur le plateau néo‑écossais.

Veuillez voir la traduction française ci-dessous :
Standardized Catch Rate – kgs per hook = Taux de capture normalisé – kg par hameçon
Year = Année

Indices de CPUE dans l’Atlantique Nord

La CICTA a examiné et mis à jour les indices de captures par unité d’effort (CPUE) utilisés dans ses évaluations des stocks de 2012 en vue de l’évaluation de 2017. Les six séries de CPUE utilisées pour l’évaluation des stocks de 2017 ont montré des tendances généralement à la baisse du stock de l’Atlantique Nord depuis environ 2010 (figure 8).

Abondance

L’évaluation la plus récente de la population de requins-taupes bleus de l’Atlantique Nord entreprise par la CICTA (2017b) utilise deux séries de données sur les captures de 2015, des paramètres de croissance actualisés et trois modèles démographiques différents. La CICTA s’est basée sur un total de neuf simulations de modèle acceptées pour évaluer la situation de la population.

Une représentation juste des captures est un élément important des modèles. À cause du manque d’uniformité de la déclaration et de la non-déclaration de tous les requins, surtout au début de la série chronologique, l’on n’a pas considéré que les captures déclarées de requins-taupes bleus reflètent exactement la prise réelle. Une nouvelle série de captures a été reconstituée sur la base des rapports entre le requin-taupe bleu et les espèces ciblées (thons et espadon) dans la partie la plus récente de la série chronologique, en supposant que le rapport historique reste valable pour le rapport actuel. L’évaluation de la CICTA en 2017 a utilisé à la fois les séries chronologiques estimées et les séries chronologiques déclarées de diverses simulations de modèle (figure 10).

Des estimations de l’abondance ont été fournies avec les mesures de la biomasse de la population et de la fécondité du stock reproducteur (FSR). Les deux peuvent être considérées comme des estimations raisonnables du nombre d’individus matures dans la population. La structure de la taille de la population dans l’Atlantique est jugée stable au cours de la période d’évaluation (Coelho et al., 2017).

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Figure 10. Séries chronologiques de prises déclarées et estimées de requins taupes bleus (t) du stock de l’Atlantique Nord, de 1971 à 2015. Source : ICCAT (2017a).
Description longue

Graphique illustrant les séries chronologiques de prises déclarées et estimées de requins‑taupes bleus du stock de l’Atlantique Nord, de 1971 à 2015.

Veuillez voir la traduction française ci-dessous :
Shortfin mako catch (t) = Prises de requins-taupes bleus (t)
Data_type = Type de données
Estimated = Prises estimées
Reported = Prises déclarées
Year = Année

Modèle bayésien de production excédentaire

On a utilisé un modèle bayésien de production excédentaire (BSP, pour bayesian surplus production model) pour estimer la situation de la population en incorporant les captures estimées ainsi que les indices de taux de capture susmentionnés : série tirée des journaux de bord des pêches à la palangre des États-Unis, série tirée des pêches à la palangre du Japon, série tirée des pêches à la palangre du Portugal, série tirée des pêches à la palangre de l’Espagne et série tirée des pêches à la palangre du Taïpei chinois. Trois applications logicielles différentes ont été utilisées, dont une seule (BSP2-JAGS) a permis d’obtenir quatre variantes de modèle qui ont convergé adéquatement. Ces quatre exécutions de modèle étaient cohérentes, et ont conclu que la biomasse moyenne actuelle est inférieure à BREM, que la moyenne H est supérieure à HREM et que le stock est actuellement surpêché (B2015/BREM = 0,63 à 0,85) et continue de subir une surpêche (H2015/HREM = de 1,93 à 3,58) (figure 11, tableau 1). La probabilité que le stock soit surpêché et qu’il continue de subir une surpêche était de 82,1 à 97,8 %.

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Figure 11. Résultats de quatre variations d’un modèle bayésien de production excédentaire pour le requin taupe bleu de l’Atlantique Nord. Historique de la biomasse (bleu) et du taux de récolte (rouge) pour le modèle a) C1 Schaefer, b) C2 Schaefer, c) modèle de production généralisé C1 et d) modèle de production généralisé C2. Source : ICCAT (2017b).
Description longue

Graphiques montrant l’historique de biomasse et le taux de récolte pour le requin‑taupe bleu de l’Atlantique Nord selon quatre variations d’un modèle bayésien de production excédentaire. Les variations sont identifiées dans la légende de la figure.

Veuillez voir la traduction française ci-dessous :
B/Bmsy or H/Hmsy = B/Brem ou H/Hrem
Year = Année
N C1 Schaefer = N C1 Schaefer
N C2 Schaefer = N C2 Schaefer
N C1 generalized = N C1 généralisé
N C2 generalized = N C2 généralisé

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Figure 12. Résumé des neuf exécutions individuelles de modèle utilisées par la CICTA (ICCAT, 2017b) pour évaluer la population de requins taupes bleus de l’Atlantique Nord. De gauche à droite, les modèles sont les suivants : SS = synthèse des stocks; BSP1 = BSP2JAGS, série de prises 1, Schaefer; BSP2 = BSP2JAGS, série de prises 1, Schaefer; BSP3 = BSP2JAGS, série de prises 2, généralisé; BSP4 = BSP2JAGS, série de prises 2, généralisée; JABBA Pella, série de prises 1; JABBA Pella, série de prises 2; JABBA Schaefer, série de prises 1; JABBA Schaefer, série de prises.
Description longue

Diagrammes circulaires résumant les résultats des neuf exécutions individuelles de modèle utilisées par la Commission internationale pour lonservation des thonidés de l’Atlantique (CICTA) (2017b) pour évaluer la population de requins‑taupes bleus de l’Atlantique Nord. Les modèles sont identifiés dans la légende de la figure.

Veuillez voir la traduction française ci-dessous :
Kobe Quadrant = Quadrant de Kobe
Kobe Targets Achieved = Cibles de Kobe atteintes
Over Fished or Over Fishing = Déjà surpêché ou subissant une surpêche
Over Fished & Over Fishing = Déjà surpêche et continuant de l’être

Voir description longue ci-dessous
Figure 13. FSR/FSRREM et F/FREM pour les exécutions 1 (ligne noire), 2 (ligne bleue) et 3 (ligne rouge) du modèle de synthèse des stocks comparativement aux valeurs de REM (ligne tiretée). La CICTA (ICCAT, 2017b) a utilisé l’exécution 3 (ligne rouge) comme fondement de son évaluation. Source : ICCAT (2017b).
Description longue

Graphiques illustrant la FSR/FSRREM (image du haut) et la F/FREM (image du bas) pour les exécutions 1, 2 et 3 du modèle de synthèse des stocks comparativement aux valeurs de REM. (FSR signifie « fécondité du stock reproducteur »; REM signifie « rendement équilibré maximal ».)

Veuillez voir la traduction française ci-dessous :
Year = Année

Modèle d’évaluation bayésienne de la biomasse

Une évaluation bayésienne de la biomasse (JABBA) a été appliquée à la série des CPUE de l’Atlantique Nord à l’aide de différents intrants de modèles et de séries de captures pour produire quatre scénarios (ICCAT, 2017b). Tous les scénarios prédisaient systématiquement un appauvrissement de la biomasse d’environ 50 % inférieur à la BREM pour la dernière année d’évaluation, soit 2015. La fourchette d’intervalles de crédibilité à 95 % est entièrement inférieure à la BREM pour tous les scénarios (ICCAT, 2017b). Le modèle JABBA indiquait que le stock était déjà surpêché et qu’il subissait encore une surpêche (H2015/HREM = de 3,75 à 4,37), ce qui donne une probabilité de 92,6 à 99,9 % d’être déjà dans une situation de surpêche et de continuer à subir une surpêche (tableau 1). Les trajectoires estimées de H/HREM sous-entendent que les taux de récolte durables étaient déjà dépassés avant les années 1990 et que, en 2015, ils sont trois à quatre fois plus élevés que les niveaux durables.

Modèle de synthèse des stocks

Trois séries de modèles de synthèse des stocks ont été évaluées et testées pour évaluer la sensibiliser des modèles (ICCAT, 2017b). La CICTA a finalement choisi un modèle de base (SS3) qui convergeait raisonnablement bien et produisait des résultats conformes aux données halieutiques et biologiques disponibles (figure 13). L’exécution SS3 a prédit que le stock était probablement déjà surpêché (FSR2015/ FSRFREM = 0,95, où FSR correspond à la fécondité du stock reproducteur) et qu’il subissait encore une surpêche (F2015/FREM = 4,38, CV = 0,11), ce qui donne une probabilité de 56,1 % d’être déjà dans une situation de surpêche et de continuer à subir une surpêche (figure 13). Le modèle a estimé une B1950 de 277 435 t, laquelle a diminué pour s’établir à une B2015 de 110 638 t, ce qui correspond à une réduction totale de 60 %, la plus grande partie de la réduction se produisant depuis 1983 (figure 14; ICCAT, 2017b). De même, on estime que la fécondité du stock reproducteur a diminué de 50 % de 1950 à 2015 (figure 14).

Dans l’ensemble, la CICTA (2017b) a conclu que, selon tous les modèles, la probabilité combinée que la population de requins-taupes bleus de l’Atlantique Nord soit déjà surpêchée et continue de subir une surpêche est de 90 % (figure 13).

Voir description longue ci-dessous
Figure 14. Estimations annuelles de la biomasse totale (t) et de la fécondité du stock reproducteur (FSR, en milliers), d’après le modèle de synthèse des stocks. Figure d’après les données de la CICTA (ICCAT, 2017b; tableau 7) provenant de l’exécution 3 du modèle.
Description longue

Graphique illustrant les estimations annuelles de la biomasse totale et de la fécondité du stock reproducteur, d’après le modèle de synthèse des stocks de requins‑taupes bleus.

Veuillez voir la traduction française ci-dessous :
Biomass (t) = Biomasse (t)
Year = Année
Spawning Stock Fecundity (1000s) = Fécondité du stock reproducteur (en milliers)
SSF (1000s) = FSR (en milliers)

Immigration de source externe

Les individus font partie d’une seule population largement répartie dans la moitié nord de l’océan Atlantique. Les eaux canadiennes ne représentent que 2,5 % de l’aire de répartition géographique totale de l’espèce (et se trouvent en périphérie). Les menaces au Canada représentent seulement une petite portion de toutes les menaces (Showell et al., 2017). Par conséquent, la disparition de l’espèce du pays est très improbable. Si elle devait survenir, une immigration de source externe serait possible à partir de la grande population, à moins que toute la population de l’Atlantique Nord subisse elle aussi un grave déclin.

Menaces et facteurs limitatifs

Menaces

Utilisation des ressources biologiques – pêche et récolte de ressources aquatiques

La mortalité due aux pêches est la seule menace qui pèse sur le requin-taupe bleu. L’espèce n’est pas ciblée au Canada, mais elle fait l’objet de prises accessoires dans les pêches à la palangre pélagique ciblant les thons et l’espadon, qui sont la principale cause de mortalité. Les pêches au filet maillant et au chalut visant les poissons de fond rapportent un moins grand nombre d’interactions avec l’espèce (tableau 2, figure 15a). Les prises par les pêches récréatives en eaux canadiennes sont considérées comme négligeables (Campana et al., 2004b). En 2018, le MPO a interdit les débarquements de requins-taupes bleus lors de tournois de pêche dans la Région des Maritimes du MPO. Environ 89 % des débarquements déclarés au Canada de 1994 à 2014 proviennent du plateau néo-écossais et ont lieu dans la région Scotia-Fundy (Maritimes) (figure 15b). Les données sur les débarquements au Canada sous-estiment la mortalité causée par les prises accessoires parce que la plupart des rejets d’individus morts ne sont pas déclarés.

Tableau 2. Débarquements canadiens (t) de requins taupes bleus par année, par engin de pêche et par Région, calculés à partir des bases de données du ZIFF et du SIPMAR. Showell et al. (2017)
Année Région Palangre Ligne à main Filet maillant Chalut à panneaux Autre Tournoi Total régional Total annuel
1993 Maritimes Sans objet Sans objet 0,3 Sans objet Sans objet Sans objet 0,3 3,71
1993 Terre-Neuve 1,1 Sans objet 2,3 Sans objet 0,0 Sans objet 3,41 Sans objet
1993 Québec Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet 0 Sans objet
1993 Golfe Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet 0 Sans objet
1994 Maritimes 117,6 2,3 9,5 1,7 0,1 Sans objet 131,2 142,4
1994 Terre-Neuve 6,5 Sans objet 4,5 Sans objet Sans objet Sans objet 11 Sans objet
1994 Québec Sans objet 0,2 Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet 0,2 Sans objet
1994 Golfe Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet 0 Sans objet
1995 Maritimes 88,0 0,2 13,4 0,7 0,5 Sans objet 102,8 111,2
1995 Terre-Neuve 5,9 Sans objet 2,4 Sans objet Sans objet Sans objet 8,3 Sans objet
1995 Québec Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet 0 Sans objet
1995 Golfe 0,1 Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet 0,1 Sans objet
1996 Maritimes 50,5 0,3 7,8 1,0 Sans objet  0,1 59,6 67,51
1996 Terre-Neuve 5,6 Sans objet 2,3 Sans objet 0,0 Sans objet 7,91 Sans objet
1996 Québec Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet 0,0 0 Sans objet
1996 Golfe Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet 0 Sans objet
1997 Maritimes 90,2 0,2 9,3 1,5 Sans objet Sans objet 101,2 109,5
1997 Terre-Neuve 4,0 Sans objet 4,0 0,1 Sans objet Sans objet 8,1 Sans objet
1997 Québec Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet 0 Sans objet
1997 Golfe 0,2 Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet 0,2 Sans objet
1998 Maritimes 46,2 0,2 8,0 2,2 0,6 Sans objet 57,2 70,9
1998 Terre-Neuve 9,5 Sans objet 4,0 Sans objet Sans objet Sans objet 13,5 Sans objet
1998 Québec Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet 0 Sans objet
1998 Golfe 0,2 Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet 0,2 Sans objet
1999 Maritimes 45,8 Sans objet 4,8 1,8 0,7 Sans objet 53,1 70,4
1999 Terre-Neuve 7,8 0,1 9,2 0,1 Sans objet Sans objet 17,2 Sans objet
1999 Québec 0,0 Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet 0 Sans objet
1999 Golfe 0,1 Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet 0,1 Sans objet
2000 Maritimes 48,2 0,1 5,3 0,4 0,8  0,49 54,8 79,5
2000 Terre-Neuve 10,7 Sans objet 12,9 0,1 0,5 Sans objet 24,2 Sans objet
2000 Québec 0,0 Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet 0,3 0,3 Sans objet
2000 Golfe Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet 0,2 0,2 Sans objet
2001 Maritimes 51,2 0,2 5,2 0,2 0,4 Sans objet 57,2 69,7
2001 Terre-Neuve 8,6 Sans objet 3,6 0,1 Sans objet Sans objet 12,3 Sans objet
2001 Québec 0,0 0,1 Sans objet Sans objet 0,0 Sans objet 0,1 Sans objet
2001 Golfe 0,0 Sans objet Sans objet Sans objet 0,1 Sans objet 0,1 Sans objet
2002 Maritimes 54,3 0,3 9,8 0,8 1,3  0,67 66,5 79,3
2002 Terre-Neuve 6,4 0,1 4,5 Sans objet Sans objet Sans objet 11 Sans objet
2002 Québec Sans objet Sans objet 0,1 Sans objet Sans objet Sans objet 0,1 Sans objet
2002 Golfe 0,8 Sans objet 0,2 Sans objet Sans objet 0.7 1,7 Sans objet
2003 Maritimes 57,6 0,2 6,8 0,5 1,4  0,40 66,5 74
2003 Terre-Neuve 6,0 Sans objet 1,4 Sans objet 0,1 Sans objet 7,5 Sans objet
2003 Québec 0,0 Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet 0 Sans objet
2003 Golfe Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet 0 Sans objet
2004 Maritimes 62,1 0,2 6,8 0,1 1,0  1,00 70,2 81,4
2004 Terre-Neuve 8,0 Sans objet 3,0 Sans objet Sans objet Sans objet 11 Sans objet
2004 Québec Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet 0 Sans objet
2004 Golfe 0,2 Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet 0,2 Sans objet
2005 Maritimes 71,3 0,5 11,9 0,9 0,9  0,39 85,5 95,7
2005 Terre-Neuve 5,3 Sans objet 4,4 0,1 Sans objet Sans objet 9,8 Sans objet
2005 Québec Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet 0 Sans objet
2005 Golfe 0,4 Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet 0,4 Sans objet
2006 Maritimes 61,5 Sans objet 4,9 0,3 Sans objet  0,39 66,7 70,4
2006 Terre-Neuve 2,4 Sans objet 1,2 Sans objet Sans objet Sans objet 3,6 Sans objet
2006 Québec Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet 0 Sans objet
2006 Golfe Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet 0,1 Sans objet 0,1 Sans objet
2007 Maritimes 61,3 Sans objet 6,0 0,8 Sans objet  0,20 68,1 71,3
2007 Terre-Neuve 1,9 Sans objet 1,0 Sans objet 0,0 Sans objet 2,9 Sans objet
2007 Québec Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet 0 Sans objet
2007 Golfe 0,2 Sans objet Sans objet Sans objet 0,1 Sans objet 0,3 Sans objet
2008 Maritimes 39,3 Sans objet 2,3 0,7 1,3 Sans objet 43,6 45,8
2008 Terre-Neuve 2,0 Sans objet 0,1 Sans objet Sans objet Sans objet 2,1 Sans objet
2008 Québec 0,1 Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet 0,1 Sans objet
2008 Golfe Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet 0 Sans objet
2009 Maritimes 46,6 Sans objet 1,7 0,2 Sans objet  0,49 48,5 53
2009 Terre-Neuve 3,5 Sans objet 0,9 Sans objet Sans objet Sans objet 4,4 Sans objet
2009 Québec Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet 0 Sans objet
2009 Golfe 0,1 Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet 0,1 Sans objet
2010 Maritimes 37,0 Sans objet 0,5 0,1 0,3  0,25 37,9 41,3
2010 Terre-Neuve 1,5 Sans objet 1,5 Sans objet Sans objet Sans objet 3 Sans objet
2010 Québec Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet 0 Sans objet
2010 Golfe 0,2 Sans objet 0,2 Sans objet Sans objet Sans objet 0,4 Sans objet
2011 Maritimes 35,6 Sans objet 0,1 Sans objet 0,1  0,15 35,8 37,6
2011 Terre-Neuve 1,3 Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet 1,3 Sans objet
2011 Québec 0,2 Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet 0,2 Sans objet
2011 Golfe 0,2 Sans objet Sans objet Sans objet 0,1 Sans objet 0,3 Sans objet
2012 Maritimes 28,4 Sans objet 0,2 0,5 Sans objet  0,42 29,1 29,7
2012 Terre-Neuve Sans objet Sans objet 0,4 Sans objet Sans objet Sans objet 0,4 Sans objet
2012 Québec Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet 0,1 Sans objet 0,1 Sans objet
2012 Golfe 0,1 Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet 0,1 Sans objet
2013a Maritimes  34,4 Sans objet 0,4 Sans objet Sans objet  0,32 35,1 35,3
2013a Terre-Neuve Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet 0 Sans objet
2013a Québec 0,1 Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet 0,1 Sans objet
2013a Golfe 0,1 Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet 0,1 Sans objet
2014a Maritimes  53,2 Sans objet 1,5 Sans objet Sans objet  0,32 35,1 35,3
2014a Terre-Neuve Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet
2014a Québec Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet
2014a Golfe Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet

a Les données pour les Régions de Terre-Neuve, du Québec et du Golfe étaient incomplètes au moment de la publication.

Le nombre de débarquements au Canada a baissé depuis 2008. Cette baisse pourrait être notamment expliquée par le fait que la flottille canadienne de palangriers est passée des hameçons en J aux hameçons circulaires (DFO, 2016). À l’extérieur du Canada, les flottilles de palangriers commerciaux des pays étrangers sont les principales sources de mortalité de cette population. Les autres types d’engins et de pêches, dont la pêche récréative aux États-Unis, sont responsables d’un nombre moins élevé de cas de mortalité (figure 16).

À partir de 2015, la flottille canadienne de palangriers dans la Région des Maritimes du MPO a volontairement appuyé les mesures de gestion visant à remettre à l’eau les requins-taupes encore vivants après le retrait de l’engin de pêche. La remise à l’eau des requins-taupes bleus vivant capturés lors de pêches à la palangre pélagique est obligatoire depuis 2018. La survie des individus remis à l’eau dépend des conditions au moment de leur capture et de leur remise à l’eau, qui peuvent varier en fonction de la méthode de capture, des techniques de mouillage des engins, du temps avant le retrait de l’engin, de la taille des requins, du traitement des requins à bord des bateaux et des conditions environnementales (Campana et al., 2015). La mortalité des requins-taupes bleus remis à l’eau dans le cadre des pêches canadiennes à la palangre pélagique s’élève à 49 %, d’après les estimations de la condition des individus au moment de leur remise à l’eau (morts, baissés ou sains). La survie après remise à l’eau des individus blessés et sains a été estimée à 31 % au moyen des balises satellites (n = 33) (figure 17; Campana et al., 2015).

Dans la Région des Maritimes du MPO, la mortalité totale annuelle (1996 à 2014) a été calculée en appliquant un taux de mortalité de 49 % aux estimations des rejets totaux des pêches à la palangre pélagique, des pêches au chalut à panneaux visant les poissons de fond, des pêches à la palangre visant les poissons de fond et des pêches au filet maillant visant les poissons de fond (Showell et al., 2017). Les rejets estimés de requins morts ont été ajoutés aux débarquements déclarés, ce qui a permis d’obtenir une mortalité totale moyenne de 69 t/an (fourchette : 42 à 115 t; 1996 à 2014) (Showell et al., 2017).

Dans la Région de Terre-Neuve-et-Labrador, les estimations des prises accessoires de requins-taupes bleus ont été calculées en extrapolant le rapport des sorties de pêche contrôlées par des observateurs sur les sorties de pêche non contrôlées par des observateurs de 1998 à 2010 de plusieurs pêches (figure 15; Showell et al., 2017). Une très faible couverture par les observateurs (0 à 3 %) a entraîné un degré très élevé d’incertitude et une fourchette d’estimations allant de quasi nulle à 174 t, avec une moyenne annuelle de 80 t (figure 18). La plupart des prises estimées sont tirées de la pêche au filet maillant ciblant la morue, qui aurait un taux de mortalité de 100 %. Par conséquent, la mortalité totale annuelle au Canada est estimée à 150 t/an.

Voir description longue ci-dessous
Figure 15. Débarquements canadiens de requins-taupes bleus (t) par a) type d’engin (« autres » inclut les débarquements dans le cadre de tournois de pêche, de pêches à la ligne à main et d’autres pêches) tirés des bases de données du ZIFF et du SIPMAR; b) par région de gestion. Les données ne tiennent pas compte des rejets en mer. Source : figure d’après le tableau 2 de Showell et al. 2017).
Description longue

Graphiques montrant les débarquements canadiens de requins‑taupes bleus par type d’engin (image du haut) et région de gestion (image du bas).

Veuillez voir la traduction française ci-dessous :
Reported landings (t) = Débarquements déclarés (t)
Year = Année
Other = Autres
Otter Trawl = Chalut à panneaux
Gillnet = Filet maillant
Longline = Palangre
Gulf = Golfe
Quebec = Québec
NFLD = T.-N.-L.

Voir description longue ci-dessous
Figure 16. Captures estimées de requins taupes bleus (débarquements et rejets) dans l’Atlantique Nord par des palangriers (bleu) et d’autres engins (rouge). Source : ICCAT (2012).
Description longue

Graphique illustrant les captures estimées de requins‑taupes bleus (débarquements et rejets) dans l’Atlantique Nord par des palangriers et d’autres engins.

Veuillez voir la traduction française ci-dessous :
Year = Année

Voir description longue ci-dessous
Figure 17. Mortalité des requins due à la capture ou à l’hameçonnage dans les pêches commerciales canadiennes à la palangre pélagique dans la Région des Maritimes du MPO, répartie par espèce : a) proportion de requins qui meurent après la remise à l’eau, d’après les BCDD; b) proportion des captures totales qui meurent pendant l’hameçonnage (rayé) et après la remise à l’eau (gris plein). Source : Campana et al. (2015).
Description longue

Graphiques illustrant la mortalité des requins due à la capture ou à l’hameçonnage dans les pêches commerciales canadiennes à la palangre pélagique dans la région des Maritimes du MPO, répartie par espèce. Le graphique a montre la proportion de requins qui meurent après la remise à l’eau; le graphique b montre la proportion des captures totales qui meurent pendant l’hameçonnage et après la remise à l’eau.

Veuillez voir la traduction française ci-dessous :
Mortality of live releases = Mortalité chez les individus remis à l’eau vivants
Mortality of total catch = Mortalité des captures totales
Blue = Requin bleu
Mako = Requin-taupe
Porbeagle = Maraîche
Post-release = Après la remise à l’eau
Hooking = Hameçonnage

Voir description longue ci-dessous
Figure 18. Prises accessoires totales annuelles estimées (t) de requins taupes bleus par espèce ciblée et par engin (FM = filet maillant; P = palangre; CFP = chalut de fond à panneaux) dans la zone économique exclusive du Canada se trouvant dans les divisions 3LNOP, de 1998 à 2010. Les données proviennent des observateurs en mer du Canada et du ZIFF de la Région de Terre Neuve et Labrador du MPO pour des années comparables. Veuillez noter que ces estimations non pondérées sont mises à l’échelle de toutes les pêches et dépendent de la déclaration des débarquements canadiens dans le ZIFF, de même que du degré de couverture annuelle de chaque pêche par le programme des observateurs en mer de la Région de Terre Neuve et Labrador. Source : Showell et al. (2017).
Description longue

Graphique montrant les prises accessoires totales annuelles estimées de requins‑taupes bleus par espèce ciblée et par engin dans la zone économique exclusive du Canada se trouvant dans les divisions 3LNOP, de 1998 à 2010.

Veuillez voir la traduction française ci-dessous :
Mako Shark Bycatch Estimates (t) = Estimations des prises accessoires de requins-taupes
Year = Année
Atlantic Cod-directed GN = FM ciblant la morue franche
Greenland Halibut-directed GN = FM ciblant le flétan noir
Monkfish-directed GN = FM ciblant la baudroie
White Hake-directed GN = FM ciblant la merluche blanche
Atlantic Cod-directed LL = P ciblant la morue franche
Swordfish+tunas-directed LL = P ciblant l’espadon et le thon
Yellowtail-directed OTB = CFP ciblant la limande à queue jaune

La forte incertitude entourant la mortalité par pêche à l’échelle de l’Atlantique Nord découle de la mauvaise comptabilisation des prises, les estimations des rejets en mer étant pratiquement inexistantes et les débarquements ne faisant pas l’objet de déclarations complètes. L’exactitude des débarquements déclarés s’est améliorée après 1996, année où la CICTA a exigé la déclaration des débarquements de requins.

La plus grande partie des prélèvements proviennent de pêches pratiquées à l’extérieur du Canada. De 1996 à 2015, les débarquements annuels moyens déclarés s’élevaient à 2 395 t, mais ce nombre est considéré comme une sous-estimation. Étant donné la sous-déclaration des débarquements et des rejets, la CICTA (ICCAT, 2012; 2017) a fourni de meilleures estimations en calculant le rapport entre les débarquements de requins-taupes bleus et les débarquements totaux de thons et d’espadons de chaque flottille ces dernières années, puis en le multipliant par la somme des débarquements de thons et d’espadons chaque année historique (figure 11). De 1996 à 2015, les estimations de débarquements annuels fondées sur ce rapport étaient en moyenne de 4 673 t (fourchette : 3 247 à 5 278 t). Toutefois, ces estimations fondées sur les débarquements ne tiennent pas compte des rejets de requins en mer et ne représentent ainsi que des taux de mortalité minimale. Si l’on utilise la mortalité totale annuelle moyenne estimée pour le Canada (soit 150 t), les pêches canadiennes seraient responsables d’environ 4 % de la mortalité globale en termes de poids. Les mesures imposées sur les pêches canadiennes à la palangre pélagique devraient permettre de diminuer encore plus la mortalité en eaux canadiennes.

Comme le décrit la section Biologie ci-dessus, les femelles matures sont rarement capturées dans les pêches canadiennes. Les données des observateurs recueillies de 2006 à 2015 indiquent que seulement 1 % des femelles observées capturées ont atteint la maturité sexuelle. Toutefois, ce constat doit être interprété avec prudence, car la faible couverture annuelle par les observateurs des pêches canadiennes entraîne un degré élevé d’incertitude dans les estimations.

Le requin-taupe bleu renferme des teneurs élevées en contaminants, dont des PCB, des DDT, des pesticides et du mercure (Lyons et al., 2013). Toutefois, l’on ne sait pas si ces teneurs représentent une source de mortalité pour la population.

Facteurs limitatifs

Les populations de requins-taupes bleus, comparativement à celles d’autres espèces de requins, ont une faible productivité, qui limite leur capacité de se rétablir une fois qu’elles sont appauvries. La CICTA (ICCAT, 2012) a réalisé une analyse de productivité et de sensibilité de 20 populations de requins et déterminé que la faible productivité par rapport à celle d’autres espèces de requins était principalement due au temps que les femelles prennent pour atteindre la maturité et à leur cycle de reproduction de 3 ans (tableau 3; ICCAT, 2012).

Tableau 3. Productivité (r, taux intrinsèque d’augmentation des populations par année, an 1) et durée d’une génération de 20 stocks de requins et de raies pélagiques, par ordre décroissant. Les estimations de la productivité sont des médianes; les limites de confiance à 80 % sont aussi indiquées. Source : ICCAT (2012)
Stock Productivité (r) LCI LCS Durée d’une génération (ans)
Requin bleu (Atlantique Nord) 0,314 0,279 0,345 8,2
Requin bleu (Atlantique Sud) 0,299 0,264 0,327 9,8
Pastenague violette (Atlantique Nord) 0,230 0,181 0,279 6,2
Requin-marteau commun 0,225 0,213 0,237 13,4
Requin-tigre 0,190 0,180 0,200 15,6
Requin longimane 0,121 0,104 0,137 10,4
Requin-marteau halicorne (Atlantique Sud) 0,121 0,110 0,132 21,6
Requin-renard 0,121 0,099 0,143 11,0
Requin-marteau halicorne (Atlantique Nord) 0,096 0,093 0,107 21,6
Requin soyeux (Atlantique Nord) 0,078 0,065 0,090 14,4
Grand requin-marteau 0,070 0,069 0,071 27,1
Requin-taupe bleu 0,058 0,049 0,068 25,0
Maraîche 0,052 0,044 0,059 20,3
Pastenague violette (Atlantique Sud) 0,051 0,004 0,096 6,6
Requin obscur 0,043 0,035 0,050 29,6
Requin soyeux (Atlantique Sud) 0,042 0,029 0,054 16,5
Requin de nuit 0,041 0,028 0,053 14,9
Petit requin-taupe 0,029 0,020 0,038 25,2
Requin gris 0,010 0,005 0,024 21,8
Requin-renard à gros yeux 0,009 0,001 0,018 17,8

Nombre de localités

Le requin-taupe bleu a une vaste aire de répartition dans tout l’Atlantique Nord. Il est susceptible d’être capturé dans plusieurs (probablement plus de 10) pêches internationales. Au sens accordé par le COSEPAC, chaque pêcherie pourrait être considérée comme une « localité », où une menace particulière pesant sur la population serait associée à chaque localité; cependant, la plupart des « localités » se trouvent à l’extérieur du Canada.

Protection statuts et classements

Statuts et protection juridiques

Le requin-taupe bleu ne fait l’objet d’aucune pêche dirigée dans l’Atlantique canadien, et il n’y a pas non plus de plan de gestion intégrée des pêches (PGIP) qui supervise la gestion des requins. L’espèce est plutôt gérée dans le cadre des PGIP des pêches qui capturent des requins en tant que prises accessoires (p. ex. la pêche à la palangre pélagique visant l’espadon dans la Région des Maritimes du MPO). De plus, l’Atlantic Canada Conservation Action Plan for Selected Shark Species (CAP) a récemment été approuvé. Ce plan d’action a été élaboré afin de mettre à jour le Plan d’action national pour la conservation et la gestion des requins du Canada (DFO, 2007) en réponse au Plan d’action international pour la conservation et la gestion des requins de la FAO (FAO, 1999). Le CAP a pour objectif de gestion principal de s’assurer que les activités humaines n’exercent pas d’effets néfastes inacceptables sur l’écosystème, mais il ne fournit pas de plans d’action pour aider à conserver les espèces de requins pélagiques. 

Une limite non restrictive de 100 t de requins-taupes bleus vise les pêches à la palangre pélagique dans la Région des Maritimes du MPO. Depuis peu, la remise à l’eau des requins-taupes bleus vivants est obligatoire dans les pêches canadiennes à la palangre pélagique dans la Région des Maritimes du MPO, ce qui devrait réduire les débarquements et la mortalité dans les années à venir, mais aucune mesure ne limite les interactions de requins avec les engins de pêche. Pour soutenir cette mesure obligatoire, le Fonds mondial pour la nature-Canada (WWF-Canada) a élaboré le guide Shark Fishing – Best Catch, Handle and Release Practices, qui a été remis aux responsables de tournois de pêche aux requins et aux groupes de pêche de la Région des Maritimes du MPO pour aider à réduire la mortalité des requins après leur remise à l’eau. Depuis 2018, il n’est plus permis de conserver les requins-taupes bleus capturés lors de tournois de pêche. Pour obtenir leur permis de pêche, les palangriers pélagiques canadiens dans la Région des Maritimes du MPO doivent consigner dans des journaux de bord les prises de requins-taupes bleus, et ils doivent utiliser des hameçons circulaires corrodables pour réduire les prises accessoires et la mortalité après remise à l’eau. Dans les pêches aux poissons de fond (engins fixes) de la Région de Terre Neuve-et-Labrador, les débarquements de requins sont réglementés de sorte que les requins ne représentent pas plus que 10 % des pêches ciblant les espèces de poissons de fond (en poids); aucune autre mesure de protection n’existe.

Les prises accessoires de requins-taupes bleus sont débarquées en tant que produits alimentaires, et le requin-taupe bleu a plus de valeur que le requin bleu (Prionace glauca), espèce souvent capturée par les mêmes pêches. Dans l’Atlantique canadien, les pêches aux poissons de fond utilisant des filets maillants et des palangres doivent observer une politique sur les débarquements de requins entiers adoptée par le Canada, qui vise à s’assurer que les requins pélagiques ont encore les ailerons naturellement fixés à leur carcasse, et ce, avant la pesée et la comptabilisation par un vérificateur à quai au point de débarquement. Par ailleurs, aux termes du Règlement de pêche de l’Atlantique, les pêches dans l’Atlantique canadien qui utilisent des chaluts de fond ou des sennes coulissantes ne sont pas autorisées à conserver les prises accessoires de requins-taupes bleus. Cette interdiction ne réduit cependant pas les interactions entre les requins et les engins de pêche. L’ablation des nageoires de requin (où les nageoires sont retirées et conservées alors que le corps du requin, parfois vivant, est rejeté en mer) est interdite depuis 1994 au Canada. Il convient toutefois de souligner que, en raison de la valeur de la chair du requin-taupe bleu, celui-ci est moins touché par le problème d’ablation des nageoires. Néanmoins, il est à noter que le Canada autorise la vente de nageoires de requin à l’intérieur de ses frontières, tout comme il permet leur exportation vers des marchés étrangers.

Statuts et classements non juridiques

Le COSEPAC a évalué le requin-taupe bleu pour la première fois en 2006 et l’avait alors désigné « espèce menacée », mais celui-ci n’a pas reçu de protection juridique aux termes de la Loi sur les espèces en péril du Canada. Le COSEPAC a réévalué la population et l’a cotée « espèce préoccupante » en 2017, avant l’évaluation exhaustive de la CICTA (ICCAT, 2017b). La dernière évaluation du requin-taupe bleu (de l’Atlantique) a été réalisée en 2018 par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), qui l’a coté « en voie de disparition ». La National Oceanographic and Atmospheric Administration (NOAA) des États-Unis a décrit le statut de la population comme suit : surpêchée et susceptible de faire encore l’objet d’une surpêche (NOAA, 2018).

Protection et propriété de l’habitat

L’habitat du requin-taupe bleu se trouve dans la zone économique exclusive (ZEE) du Canada, au large de la côte atlantique, et est géré principalement par Pêches et Océans Canada. Aucune mesure de protection spécifique n’est actuellement appliquée à l’habitat occupé par le requin-taupe bleu. En eaux internationales à l’extérieur du Canada, aucune zone n’est actuellement désignée aux fins de protection de l’habitat du requin-taupe bleu.

Remerciements et experts contactés

Le rédacteur remercie Mark Showell, Mark Fowler, Warren Joyce, Mike McMahon, Mark Simpson et Carolyn Miri, qui ont mené les travaux pour le document de recherche du Secrétariat canadien de consultation scientifique (SCCS). Merci à Christie Whelan de son aide et à Aurélie Cosandey-Godin, de la WWF, d’avoir fourni ses analyses.

Sources d’information

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Sommaire biographique des rédactrices du rapport

Scott Wallace travaille dans les domaines de la conservation et de la gestion des océans depuis 1995 et se spécialise dans les espèces en péril et les pêches durables. Il a travaillé pour le gouvernement, des ONGE et des universités. Il a rédigé le rapport de situation du COSEPAC sur le requin-taupe bleu de 2006 et de 2017. Il a été membre du Sous-comité de spécialistes des poissons marins du COSEPAC de 2007 à 2015. Il est titulaire d’un doctorat de l’Université de la Colombie-Britannique.

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