Rorqual boréal (Balaenoptera borealis) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 3

Information sur l'espèce

Nom et classification

Le rorqual boréal (Balaenoptera borealis) (Lesson, 1828) vient au troisième rang en taille dans la famille des balaenoptéridés, après le rorqual bleu (B. musculus) et le rorqual commun (B. physalus). On désigne aussi le rorqual boréal par les noms suivants : rorqual du Nord, rorqual de Rudolphi et baleine noire (Gambell 1985). Il faut toutefois noter que le nom « baleine noire » est maintenant employé pour désigner une autre espèce, Eubalaena glacialis (Véronique Lesage, comm. pers.). Le nom anglais, « sei whale », est dérivé du nom norvégien, « sejhval ». Les baleiniers norvégiens avaient ainsi nommé l’espèce, car son arrivée dans les eaux scandinaves coïncidait avec celle de la « seje », ou goberge (Pollachius virens) (Andrews, 1916). Parmi les autres noms anglais du rorqual boréal figurent « coalfish whale », « pollock whale », « Rudolph’s rorqual », « sardine whale » et « Japan finner ».

Gambell (1985) indique des noms censés être inuits ou aléoutes : « Komovokhgak » et « Agalagitakg ». Toutefois, la source citée (Klinowska, 1980) est obscure, et les noms ne sont pas connus des groupes inuits du Canada atlantique; le mot « Komovokhgak » provient peut-être de l’Ouest de l’Arctique (Allan McNeill, comm. pers.).

Comme le précise Horwood (1987), la classification du B. borealis est fondée sur la traduction en latin par Lesson du nom français établi par Cuvier (1823), « rorqual du Nord ». L’existence d’une forme vivant dans l’hémisphère Sud, Sibbaldius schlegelii, a pour la première fois été proposée par Flower en 1865. Toutefois, la distinction raciale entre les populations boréales (B. b. borealis) et australes (B. b. schlegelii), qui est fondée sur la différence de taille et le caractère allopatrique des deux populations (Tomilin, 1967; Zemsky, 1980, cité dans Horwood, 1987), est généralement ignorée.

Description

Le rorqual boréal est généralement gris acier foncé à gris bleuâtre. La pigmentation est souvent plus pâle au bas des flancs et sur la partie postérieure de la surface ventrale (Horwood, 1987). Les sillons ventraux sont presque toujours marqués d’une zone blanche ou de couleur pâle, qui part du menton et va parfois jusqu’à l’ombilic. Toutefois,Andrews (1916) note que la couleur varie énormément chez l’espèce. Les flancs et le ventre peuvent être mouchetés de cicatrices circulaires grises ou blanches, causées par divers parasites et prédateurs, dont les copépodes ectoparasites Penella spp. (Andrews, 1916; Ivashin et Golubovsky, 1978), les lamproies (Pike, 1951; Rice, 1977) et le squalelet féroce (Schevchenko, 1977). La nageoire dorsale est longue et effilée; elle se trouve plus vers l’avant du corps que chez le rorqual bleu et le rorqual commun (Andrews, 1916). Les fanons sont beaucoup plus fins que ceux des autres balaenoptéridés; ils constituent donc un caractère fiable pour l’identification de l’espèce (Mead, 1977).

On confond facilement le rorqual boréal avec le rorqual de Bryde (B. brydei), surtout dans les eaux subtropicales, où les deux espèces ont toujours cohabité. Les différences morphologiques entre le rorqual boréal et le rorqual de Bryde sont mineures. À l’exception du fait que le rorqual boréal est plus grand que le rorqual de Bryde, le seul caractère permettant de bien distinguer les deux espèces en mer est un détail de leur tête. Le rorqual de Bryde porte trois crêtes distinctes le long du rostre, tandis que le rorqual boréal n’en a qu’une (Horwood, 1987). Cependant, comme le rorqual de Bryde se limite surtout aux régions plus chaudes, généralement au-dessous du 40e degré de latitude nord (Omura, 1959), la confusion est peu probable dans les eaux canadiennes.

Le rorqual boréal peut aussi être confondu avec le rorqual commun et le petit rorqual, particulièrement par des observateurs inexpérimentés (Horwood, 1987). Pour bien différencier le rorqual boréal du rorqual commun, il faut observer le côté droit de la mandibule ou la face ventrale de l’animal pour confirmer qu’ils sont gris et non pas blanc jaunâtre comme chez le rorqual commun. Kate Wynne (comm. pers.) rapporte qu’il y a un chevauchement énorme dans la taille et la couleur du corps ainsi que dans la forme de la nageoire dorsale entre le rorqual boréal et le rorqual commun dans le nord-est du Pacifique. Elle confirme que l’observation du côté droit de la mandibule ou de la face ventrale de la nageoire est nécessaire pour identifier avec certitude l’espèce.

La possibilité de sous-estimer la taille des populations de rorquals boréaux à cause des incertitudes entourant la distinction entre cette espèce et le rorqual commun a également été notée dans l’Atlantique canadien (Whitehead et al., 1998, cité dans Breeze et al., 2002). La confusion est cependant plus prononcée sur le littoral du Pacifique, où les observateurs sont habituellement moins familiarisés avec le rorqual boréal et le rorqual commun.

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