Salamandre à nez court (Ambystoma texanum) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 7

Habitat

Localités connues

Les besoins généraux de l’A. texanum en matière d’habitat sont établis dans le rapport de situation de 1991 (Bogart et Licht, 1991), mais peu d’information y est présentée sur la répartition précise de la salamandre à nez court dans l’île Pelée. Il existe dans l’île des différences notables de fréquence d’A. texanum, d’A. laterale et de leurs hybrides génomiques dans les cinq populations (tableau 1). Dans la présente mise à jour, nous incluons d’autres renseignements sur les sites qui semblent importants pour séparer les salamandres retrouvées dans l’île. Les populations déjà repérées (figure 1) ont été localisées d’après leurs coordonnées géographiques (annexe 1) et étudiées à nouveau. Ces données pourraient éventuellement être combinées avec les résultats d’études en cours sur la couleuvre agile bleue et la couleuvre fauve de l’Est pour documenter les habitats essentiels de toutes ces espèces.

Dans le bois de la pointe Mosquito, l’habitat semble pratiquement pareil à ce qu’il était dans les années 1980. Un boisé inondé jonché d’arbres tombés offre encore un habitat adéquat pour les salamandres. Le niveau d’eau y était bas en comparaison des niveaux antérieurs, ce qui pourrait poser un problème s’il s’asséchait avant que les larves se métamorphosent. À un endroit où nous avons observé que les salamandres se reproduisaient en 1984, l’eau avait alors 50 cm de profondeur; en 2000, la profondeur n’y était plus que de 20 cm. Cet endroit est habituellement à sec à la mi-août, mais la métamorphose a lieu en juin et juillet. En avril 2000, nous avons trouvé des juvéniles et des adultes sous des débris ligneux au bord de l’eau. Ces salamandres constituaient la seule preuve que la population était encore viable et que des individus y étaient encore recrutés. Par contre, nous n’avons trouvé aucun œuf ou larve. Il se peut que la ponte n’avait pas encore eu lieu ou, si elle avait eu lieu, que les larves s’étaient dispersées dans l’épaisse couche de feuilles tapissant le sol du bois inondé.

La carrière, qui n’a jamais produit de salamandres à nez court « pures », était aussi pratiquement dans le même état que lors de nos études précédentes. Nous y avons trouvé beaucoup d’A. laterale et d’hybrides sous les roches, près du bord de l’eau. Cette carrière abandonnée abrite une végétation émergente; un affleurement rocheux la borde à la pointe Sheridan. Le niveau d’eau y était sensiblement plus bas aussi, mais l’étang est profond et contient de l’eau toute l’année de sorte qu’une baisse du niveau d’eau n’aurait pas de répercussion néfaste. D’après le nombre de salamandres observé en 2000 et les différentes tailles retrouvées, cette population est dense et ses effectifs n’ont probablement pas changé.

La localité du chemin Stone est un boisé inondé au sol calcaire. La plupart des spécimens examinés par le passé provenant de cet endroit étaient issus d’oeufs recueillis au début du printemps et élevés en laboratoire. Des adultes n’ont jamais été trouvés sous des débris près de l’eau et les activités reproductrices n’ont jamais été observées. La profondeur de l’eau varie entre 50 cm et environ 1 m. Les graminées et les roseaux submergés étant denses, il est difficile d’observer les salamandres dans l’eau. Un grand nombre de larves néonates ont été observées dans l’eau en 2000, parmi la végétation. Nous n’avons remarqué aucune différence perceptible à ce site par rapport à nos études antérieures.

L’Étang est la plus intéressante des localités parce que c’est le seul endroit où l’on retrouve ensemble l’A. laterale et l’A. texanum ainsi que toutes les combinaisons génomiques d’hybrides (tableau 1). Le niveau d’eau, qui n’a pas changé depuis nos études antérieures, est constant tout l’été (Licht, obs. pers.). Cet étang isolé, qui fait environ 10 m de diamètre, est entouré de petits arbres et de buissons, qui surplombent l’eau et y baignent. Au printemps, les salamandres sont très communes sous les roches qui l’entourent.

Les sites de l’étang des Guides et du bois North End étaient des terrains boisés inondés, situés du côté est de l’île Pelée et adjacents à la route périphérique (chemin East Shore). L’étang des Guides était situé du côté sud du chemin qui mène du chemin East Shore au terrain de camping du canton, utilisé par les Guides. Le bois North End est situé à l’extrémité nord-est de l’île, juste au sud du chemin Garno, qui relie les chemins East Shore et Clutton. Ce bois borde la limite de la réserve naturelle provinciale de la pointe Lighthouse. Des grappes d’oeufs ont été recueillies dans l’étang des Guides et des larves ont été capturées à l’épuisette dans le bois North End au printemps 1987. Bien qu’il n’y avait plus d’eau aux deux sites en mars 1989, des adultes ont été capturés sous des débris ligneux mouillés. Les quatre adultes capturés à l’étang des Guides étaient trois hybrides génomiques femelles (1 LT et 2 LTT) et un A. texanum mâle. Trois autre adultes ont été capturés dans le bois North End : un hybride LTT et deux A. texanum (un mâle et une femelle). Les deux sites étaient à sec en 2000 et aucune salamandre n’a été trouvée. 

Tendances

Aucun individu ou activité reproductrice n’a été observé à deux des cinq sites connus que nous avons visités au printemps 2000. Les localités de l’étang des Guides et du bois North End n’existent plus; ce sont maintenant des terrains secs. On y retrouvait autrefois les fréquences les plus élevées d’A. texanum (tableau 1). Aucun A. texanum mâle n’a jamais été capturé au site du chemin Stone; toutes les larves en provenant élevées en laboratoire jusqu’à la métamorphose étaient des femelles. Ce site était en 2000 pratiquement pareil à ce qu’il était lors de nos études antérieures et semble encore abriter une population très viable, comme en témoignent les nombreuses larves observées. Il semble que le nombre de lieux de reproduction et peut-être l’aire de répartition de l’A. texanum aient connu une réduction. 

Protection

Le bois de la pointe Mosquito, situé dans la réserve naturelle provinciale de la pointe Fish, qui fait partie du réseau des parcs provinciaux de l’Ontario, abrite la plus importante population d’A. texanum. Le site du chemin Stone se trouve sur un terrain appartenant à la Fédération des naturalistes de l’Ontario et à l’Office de protection de la nature du comté d’Essex. Le site de l’Étang, se trouve sur un terrain privé, mais l’isolement de cette population et la distance qui sépare ce site du chemin et des maisons procurent peut-être une certaine protection.

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