Tétras des armoises (Centrocercus urophasianus) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 7
Taille et tendances des populations
Activités de recherche
Les tendances démographiques et la désignation du Tétras des armoises se fondent en grande partie sur les suivis des mâles dans les arènes. Des préoccupations ont été soulevées relativement à la validité des dénombrements dans les arènes comme indices de populations (Walsh et al., 2004; Strohm, 2005). La présence varie selon la journée, la saison et l’année (Walsh et al., 2004). Les indices dérivés des dénombrements dans les arènes ne sont pas corroborés par des modèles comportant des taux démographiques réalistes (Strohm, 2005) et les activités de recherche inconstantes pourraient déformer les tendances démographiques (Aldridge, 2000; Aldridge et Brigham, 2003). Les dénombrements dans les arènes n’ont pas été menés annuellement en Alberta et en Saskatchewan avant la dernière décennie (tableaux 1 et ) (voir 2Répartition : Aire de répartition canadienne, pour obtenir plus de renseignements).
En Alberta, chaque arène fait l’objet d’un seul dénombrement annuel de trois jours à la fin d’avril. Les observateurs arrivent à chaque arène une heure avant le lever du soleil et restent sur place jusqu’après le lever du soleil ou jusqu’au moment où les oiseaux s’envolent pour la journée. Ils passent jusqu’à deux heures à chacune des arènes actives (Eslinger, comm. pers., 2006). La surveillance des arènes était sporadique de 1968 à 1996. À partir de 1997, des dénombrements d’arènes ont été menés annuellement à toutes les arènes actuellement et auparavant occupées (Alberta Fish and Wildlife Division, Alberta Sustainable Resource Development, 2006).
En Saskatchewan, des biologistes de Saskatchewan Environment and Resource Management ont entrepris un suivi (de 1987 à 1994) en collaboration avec le parc national des Prairies (de 1996 à 2006) (Wynn, 1996). Avant 1994, au parc national des Prairies, les arènes étaient dénombrées trois fois chaque printemps. De 1995 à 2006, les occupants des arènes étaient dénombrés quatre fois à des journées de dénombrement précises (Wynn, 1996). Les journées de dénombrement, les observateurs arrivaient à chaque arène une demi-heure avant le lever du soleil et y restaient deux heures. Les arènes inoccupées n’étaient pas surveillées annuellement (parc national du Canada des Prairies, 2006). Le relevé des arènes dans le sud-ouest de la Saskatchewan est mené conformément au protocole recommandé par le Western States Sage Grouse Technical Committee (McAdam, comm. pers., 2006). Les dénombrements d’arènes sont menés tous les 7 à 10 jours du début d’avril au début de mai et au moins un dénombrement d’arène coïncide avec la journée où les dénombrements ont lieu en Alberta (McAdams, comm. pers., 2006).
Abondance
Les relevés du printemps 2006 ont permis de compter 90 mâles à 9 arènes en Alberta, et 60 mâles à 6 arènes en Saskatchewan, pour obtenir une moyenne cumulative de 10 mâles par arène dans les deux provinces (tableaux 2 et ). Les estimations de la population signalées auparavant au Canada utilisent une estimation faible et une estimation élevée (Aldridge et Brigham, 2003). L’estimation faible utilise le dénombrement élevé de mâles dans les arènes et suppose un rapport des sexes de deux femelles pour un mâle (Aldridge et Brigham, 2003; Lungle, 2006). L’estimation élevée inclut le rapport des sexes de 2:1, mais elle suppose que seules 90 p. 100 des arènes ont été dénombrées et que 75 p. 100 des mâles ont été comptés dans les arènes. À l’aide de cette hypothèse, l’estimation canadienne s’établissait entre 450 et 667 oiseaux en 2006. Les estimations de la population s’établissaient entre 270 et 400 en Alberta et entre 180 et 267 en Saskatchewan. 3
Fluctuations et tendances
Les taux de changement annuels laissent supposer des déclins à long terme de 2 p. 100 par année chez le Tétras des armoises dans l’ouest de l’Amérique du Nord (Connelly et al., 2004). Les populations de Tétras des armoises au Canada semblent cycliques (tableaux 1 et ); cependant, les suivis inégaux entre les années et les provinces rendent difficile l’évaluation de ces cycles et des changements de taux annuels (Aldridge, 2000; Connelly et al., 2004). La tendance dominante semble celle du déclin. En Alberta, le nombre d’individus pourrait avoir diminué de 85 p. 100 depuis 1968 et de 34 p. 100 au cours des 10 dernières années. Aldridge et Brigham (2003) et Connelly et al. (2004) ont calculé des taux similaires de déclin de la population (de 66 à 92 p. 100 : de 1968 à 2002; et 80% : de 1975 à 2003). Connelly et al. (2004) signalent que le nombre d’individus en Saskatchewan a diminué de 28 à 51 p. 100 au cours des 10 dernières années (de 1996 à 2006); depuis 1988, la population de la Saskatchewan a diminué de de 90 à 94 p. 100. De même, des chutes de 60 à 90 p. 100 ont été signalées avant 1994 (Aldridge et Brigham, 2003; McAdam, 2003; Connelly et al., 2004). La surveillance régulière n’a été amorcée qu’en 1994 (Aldridge et Brigham, 2003), ce qui rend l’évaluation des tendances démographiques à long terme impossible (Connelly et al., 2004). 2
En utilisant les estimations de la population inférieures, le nombre d’individus dans les deux provinces est passé de 777 en 1996 à 450 en 2006, une diminution de 42 p. 100. De 1988 à 2006, la population canadienne totale a chuté de 88 p. 100. Des résultats similaires ont été obtenus pour les arènes, dont le nombre est passé de 30 à 15 de 1996 à 2006 (diminution de 50 p. 100, tableau 3). Parmi les 21 arènes surveillées en Alberta en 1968, 17 (81 p. 100) avaient été abandonnées en 2006 (Alberta Fish and Wildlife Division, Alberta Sustainable Resource Development, 2006). En Saskatchewan, les taux d’arènes abandonnées semblent encore plus importants. Des 61 arènes occupées en 1988, 54 (89 p. 100) avaient été abandonnées en 2005 (parc national du Canada des Prairies, 2006). Toutefois, il semble que 22 (36 p. 100) arènes occupées en 1988 n’ont pas fait l’objet d’une surveillance au cours des années subséquentes, et quatre (7%) ne comptaient pas plus de 2 mâles au cours de la période d’évaluation ni dans les 5 années suivant cette période.
Endroit | Arènes occupées en 1996 | Arènes occupées en 2006 | Taux d’abandon |
---|---|---|---|
Saskatchewan |
19 (2)
|
6 (0)
|
68 %
|
Alberta |
11 (2)
|
9 (1)
|
18 %
|
Total |
30 (4)
|
15 (1)
|
50 %
|
Immigration de source externe
De vastes étendues d’armoises ont été éliminées dans le nord-est du Montana, isolant de façon frappante la population de l’Alberta (ASGRAG, 2005; Carlson, comm. pers., 2006). Le déplacement des tétras entre l’Alberta et l’est du Montana est peu probable en raison de la conversion de parcours indigènes (Carlson, comm. pers., 2006). Toutefois, il semble exister un corridor essentiel de flux génétique dans l’ouest de la Saskatchewan qui relie l’Alberta au reste de la population, et des dispersions sur de longues distances ont été observées (plus de 200 km) entre l’Alberta et le Montana (Bush, comm. pers., 2006). On s’attend à ce que les recherches en cours à la University of Montana expliquent la somme de déplacements transfrontaliers de Tétras des armoises munis d’un radioémetteur (Tack, comm. pers., 2006).
Les dénombrements d’arènes du Tétras des armoises au nord de la rivière Milk, aux États-Unis, laissent supposer que le Tétras des armoises a diminué en nombre au cours des 10 dernières années, ce qui reflète les tendances démographiques canadiennes (Carlson, comm. pers., 2006). Au nord de la rivière Milk, l’habitat est constitué de prairies d’herbes mixtes dominées par l’armoise argentée, tandis qu’au sud de la rivière, la communauté écologique est un mélange d’armoises argentées et d’armoises tridentées (Carlson, comm. pers., 2006). Dans les régions au sud de la rivière Milk, telles que les comtés Phillips et Valley, la population de tétras semble grande et stable (Carlson, comm. pers., 2006).
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