Lamproie du ruisseau Morrison (Lampetra richardsoni var. marifuga) programme de rétablissement : chapitre 7


Les conflits et les défis

10. Les conflits et les défis anticipés

Les lamproies du ruisseau Morrison n'ont actuellement pratiquement aucune valeur marchande et la situation ne risque pas de changer. À l'inverse, il existe d'autres intérêts commerciaux, privés et publics, dans les bassins hydrologiques que l'espèce habite. On compte parmi ces intérêts la forêt, le captage d'eau, les routes et l'expansion des propriétés résidentielles et commerciales. Il est possible ou vraisemblable que l'atténuation des menaces à la survie des lamproies heurtera de plein fouet les pressions du développement. Le rétablissement de l'espèce profitera en conséquence à long terme des travaux d'intendance et de recherches spécifiques. Ainsi, il est important de comprendre qu'une bonne partie des menaces pesant sur la lamproie du ruisseau Morrison pourra être réduite sans toutefois être éliminée complètement.

10.1 Les répercussions potentielles de gestion sur les autres espèces

Les lamproies du ruisseau Morrison forment une espèce parasitaire et elles ont la possibilité d'influer sur l'abondance d'autres espèces, notamment les salmonidés. Donc, l'introduction de cette variété dans d'autres bassins hydrologiques n'est pas recommandée. Il n'existe d'ailleurs aucun objectif qui vise à transplanter cette espèce dans un autre bassin hydrologique.

Il est peu probable que les efforts de rétablissement mis en place pour la lamproie du ruisseau Morrison aient des conséquences négatives sur les autres poissons ou espèces sauvages propres au ruisseau Morrison. Par exemple, on ne connaît pas les répercussions de la lamproie sur les populations adultes résidentes ou sur les espèces prédatrices anadromes, mais elles ne devraient pas être importantes. On ne recommande pas d'accroissement de la population de l'espèce et la protection des habitats de la lamproie profitera à d'autres espèces également.

11. La faisabilité du rétablissement

La lamproie du ruisseau Morrison ne se retrouve que dans le ruisseau Morrison Creek et il est peu probable qu'elle soit volontairement introduite ailleurs en Colombie-Britannique. Ainsi, cette population continuera d'être limitée à un petit secteur. De fait, c'est cet endémisme poussé à l'extrême qui justifie son statut actuel en tant qu'espèce en voie de disparition et qui fait que cette espèce demeurera toujours, d'une façon ou d'une autre, en péril. Les actions de rétablissement viseront à maintenir ou à améliorer les conditions actuelles de l'habitat (notamment l'hydrologie et la qualité de l'eau), le contrôle de la population et l'engagement de travaux précis de recherche. Avec l'appui des administrations municipales, de l'industrie locale et du public, le rétablissement est réputé être techniquement et biologiquement faisable.

Dans le cadre du processus de la LEP, le ministre compétent doit déterminer la faisabilité du rétablissement pour chaque espèce en péril. Pour faciliter la normalisation de ces décisions, la présente politique sur la faisabilité du rétablissement (Gouvernement du Canada 2005) pose quatre questions, auxquelles il faut répondre dans chaque programme de rétablissement. Voici ces questions et leurs réponses :

  1. Les individus capables de reproduction sont-ils disponibles présentement pour améliorer le taux de croissance de la population ou son abondance?

    Oui. La lamproie du ruisseau Morrison possède dans la nature une répartition très restreinte. On croit que la population est auto-suffisante bien qu'on ne connaisse pas son statut. Peu importe l'abondance et les tendances de la population, l'espèce continuera d'être en péril en raison de sa portée géographie limitée.
  2. L'habitat adéquat suffisant existe-t-il pour faire vivre l'espèce ou doit-on le créer par l'entremise de la gestion de l'habitat ou de la restauration?

    Oui. L'habitat adéquat suffisant existe dans le ruisseau Morrison.
  3. Peut-on atténuer ou éviter les menaces à l'espèce par le biais de mesures de rétablissement?

    Oui. Il est possible de contrôler les menaces aux lamproies du ruisseau Morrison mais il faut plus composer avec des facteurs sociaux que techniques. Par exemple, les principales menaces sont l'expansion urbaine, la gestion de l'eau et l'usage général du sol. La plupart des menaces, tels l'excès de l'utilisation de l'eau et l'aménagement de terrain, peuvent être gérées avec les règlements existants mais elles exigeront des consultations avec les détenteurs d'enjeux.
  4. Existe-t-il des techniques nécessaires de rétablissement et se sont-elles montrées efficaces?

    Oui. Des techniques spéciales de rétablissement ne sont pas nécessaires pour le rétablissement de la lamproie du ruisseau Morrison. Ce dont on a besoin, c'est une gestion efficace des bassins hydrologiques et l'atténuation des menaces actuelles et futures, ce qui nous semble entièrement réalisable. Cependant, il faudrait souligner que la lamproie du ruisseau Morrison demeurera vraisemblablement toujours très restreinte au plan de sa répartition. Il en découle qu'elle sera toujours en quelque sorte en péril. Les efforts de rétablissement sont mieux utilisés à contrôler les menaces. Il n'existe pas de défis techniques significatifs en l'espèce.

En conclusion, avec l'appui des administrations locales, de l'industrie locale et du public, le rétablissement est considéré comme étant réalisable au plan technique et biologique.

12. L’approche recommandée / l’échelle du rétablissement

La stratégie du rétablissement recommande l'utilisation d'une approche unique de l'espèce (plutôt qu'une approche écosystémique) parce qu'elle porte sur une seule unité taxinomique. Il n'existe aucune occasion apparente de joindre les efforts faits pour la lamproie du ruisseau Morrison avec d'autres travaux similaires effectués pour des espèces en péril se trouvant dans le secteur immédiat. On peut cependant profiter de l'occasion pour échanger de l'information avec les experts qui travaillent sur la lamproie du lac Cowichan, une autre espèce extrêmement endémique de l'île de Vancouver. De plus, chaque effort devrait être fait pour fournir des contributions aux initiatives de planification de la gestion, aux actions ou aux polices.

Bien qu'on en sache très peu sur la lamproie du ruisseau Morrison, il est assez probable qu'il existe un chevauchement important entre les types d'habitats utilisés par les salmonidés, en particulier en ce qui a trait aux lieux de frai. À ce titre, il existe des occasions de coordonner les efforts de rétablissement de la lamproie du ruisseau Morrison avec ceux engagés par les groupes locaux d'intendance présentement occupés au rétablissement des populations de salmonidés. Les efforts déployés pour protéger les habitats des salmonidés dans le ruisseau Morrison aideront probablement à protéger également les habitats des lamproies.

La qualité de l'habitat d'un ruisseau est directement touchée par les activités en amont, donc il est recommandé que le rétablissement soit perçu tant à l'échelle du bassin hydrologique qu'à celle du site. Le développement doit prendre en compte que les répercussions cumulatives provoquant des changements importants dans le régime d'écoulement naturel ou ou sur la qualité ou la quantité de l'habitat, ce qui commande une planification à l'échelle du bassin hydrologique et une conformité aux règlements existants et aux pratiques exemplaires. En attendant de détenir de l'information suffisante, les sites spécifiques ou les affluents pourraient être identifiés comme habitats essentiels et par conséquent une priorité pour la protection de l'habitat dans les circuits liquides.

13. Les lacunes du savoir

On possède des connaissances élémentaires sur l'évolution naturelle de cette espèce; cependant, il existe des lacunes quant aux donnés démographiques, à l'habitat essentiel et la tolérance aux changements de l'habitat physique. On en connaît encore moins sur l'écologie de la lamproie du ruisseau Morrison, les facteurs environnementaux qui influencent l'abondance et la répartition et les menaces à l'espèce. Pour atteindre les objectifs de la conservation, il faudra aborder plusieurs lacunes des connaissances. Les lacunes du savoir se classent en trois grandes catégories, que voici :

Biologie de base

Clarification des menaces

Abondance de la population et dynamiques

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