Loup à tête large et du loup tacheté programme de rétablissement : chapitre 1


Résumé

Quatre espèces de loup de mer (de la famille des Anarhichadidae) fréquentent les eaux canadiennes : Anarhichas denticulatus (loup à tête large), A. minor (loup tacheté) et A. lupus (loup atlantique) dans les océans Atlantique et Arctique, et A. orientalis dans l’océan Arctique seulement. En mai 2001, le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a désigné A. denticulatus et A. minor comme étant des espèces « menacées » en raison de déclins dans leur abondance et leur biomasse. Cette désignation signifie que l’espèce risque de devenir « en voie de disparition » si rien n’est fait pour renverser la situation, tandis que la désignation d’espèce « en voie de disparition » renvoie aux espèces qui, de façon imminente, risquent de disparaître du pays ou de la planète. D’après le COSEPAC, l’abondance de ces deux espèces a subi un déclin de plus de 90 % sur trois générations et leur aire de répartition a diminué. Parmi les menaces particulières relevées par le COSEPAC figurent la mortalité due aux captures fortuites dans les pêches commerciales et la perturbation des habitats imputable au chalutage par le fond. Une troisième espèce, A. lupus, a été désignée par le COSEPAC comme « préoccupante » (Espèce sauvage qui peut devenir une espèce menacée ou une espèce en voie de disparition par l’effet cumulatif de ses caractéristique biologiques et des menaces signalées à son égard).Chacune des trois espèces de loup de mer a été inscrite à l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril (LEP) au moment de la proclamation de la Loi, en juin 2003.

Le présent document est centré sur A. denticulatus et A. minor, mais il porte également sur A. lupus puisque les aires de répartition des trois espèces se chevauchent en majeure partie. Bien qu’A. lupus encoure un risque plus faible, il a connu un déclin aussi important que celui observé pour les deux espèces menacées dans la partie septentrionale de son aire de répartition (nord-est de Terre-Neuve et plateau continental du Labrador). Les deux espèces menacées sont principalement réparties sur les Grands Bancs et dans des zones s’étendant vers le nord. A. lupus présente une répartition plus vaste dans le golfe du Saint-Laurent, sur le Plateau néo-écossais, dans la baie de Fundy et sur le banc Georges, où les deux autres espèces se font rares. Bien que les trois espèces ont connu des déclins importants durant les années 1980 et 1990, la ou les causes proximales de ces déclins demeurent incertaines.

Le présent document a été élaboré par une équipe de rétablissement multisectorielle et multirégionale regroupant des représentants de l’industrie des pêches, du milieu universitaire et des gouvernements tant fédéral que provinciaux. Parmi les représentants des gouvernements figuraient des experts scientifiques, des gestionnaires des pêches et des économistes qui ont aidé à la formulation d’un cadre de travail pour la conservation et le rétablissement de ces espèces de loup de mer.

Les présents programme de rétablissement et plan de gestion représentent un effort de collaboration et de consultation de la part de l’équipe de rétablissement pour présenter les connaissances disponibles et recommander des solutions pour le rétablissement. L’équipe de rétablissement a décidé de regrouper, dans un document unique « multi-espèces », les deux espèces menacées de loup de mer ainsi qu’A. lupus, une espèce préoccupante, en raison de leurs cycles biologiques similaires, de leur écologie et de leurs rapports étroits sur le plan taxonomique.

Les auteurs des présents programme de rétablissement et plan de gestion constatent la rareté de l’information disponible sur la dynamique des populations de loup de mer, leur écologie, leur abondance, leur répartition, leur utilisation de l’habitat, leur comportement de même que leurs interactions avec les engins de pêche et leur environnement. Ils soulignent la nécessité immédiate de mener des recherches supplémentaires pour promouvoir la formulation de mesures de rétablissement. Le document traite des menaces et des enjeux qui, selon l’équipe, affectent la conservation et le rétablissement du loup de mer et présente des recommandations pour les atténuer. Il fait également la promotion de l’intendance de la part des intervenants comme moyen pour faciliter et favoriser le rétablissement.

Le but du présent document est d’accroître les effectifs et la répartition d’A. denticulatus, d’A. minor et d’A. lupusdans les eaux de l’est du Canada, de manière à assurer la viabilité à long terme de ces espèces. Ce but sera atteint par la communication des objectifs et des stratégies énumérés ci-après.

Cinq principaux objectifs ont été relevés en vue de l’atteinte de ce but :

  • mieux connaître la biologie et le cycle biologique des espèces de loup de mer;
  • désigner, conserver ou protéger l’habitat du loup de mer nécessaire à des tailles et à des densités de population viables;
  • réduire le potentiel de déclin des populations de loup de mer en atténuant les effets humains;
  • favoriser la croissance et le rétablissement des populations de loup de mer;
  • élaborer des programmes de communication et de formation pour favoriser la conservation et le rétablissement des populations de loup de mer.

Tous ces objectifs sont liés à des activités susceptibles d’être atténuées par une intervention humaine, et chacun d’eux vise l’atteinte du but énoncé dans les présents programme de rétablissement et plan de gestion.

Les mesures recommandées pour l’atteinte de ces objectifs sont les suivantes :

  • étudier le cycle biologique des espèces menacées de loup de mer;
  • étudier la structure de la population dans les eaux de l’est du Canada;
  • établir des points de référence limites pour le rétablissement;
  • étudier les interactions entre le loup de mer et son écosystème;
  • définir l’habitat du loup de mer;
  • définir des mesures de conservation ou de protection de l’habitat du loup de mer;
  • relever et atténuer l’incidence des activités humaines;
  • accroître les connaissances des utilisateurs de la ressource et faire connaître les espèces de loup de mer auprès du public;
  • promouvoir des initiatives relatives à l’intendance;
  • consulter des exploitants pêcheurs, des transformateurs, des scientifiques, des organismes de réglementation et d’application, des observateurs, des vérificateurs à quai et d’autres utilisateurs de l’océan de même que collaborer avec eux;
  • surveiller les activités humaines et les espèces de loup de mer;
  • surveiller les profils spatiotemporels de l’abondance du loup de mer;
  • surveiller les profils spatiotemporels de la mortalité naturelle et de la mortalité induite par l’homme.

L’équipe de rétablissement reconnaît la nécessité d’une gestion adaptée ainsi que celle de modifier ou de réviser les présents programme de rétablissement et plan de gestion au fur et à mesure que de nouvelles données deviennent disponibles. Selon elle, l’observation des recommandations du présent document, y compris l’atténuation des menaces connues, offre les meilleures chances de conservation et de rétablissement des trois espèces de loup de mer afin qu’elles ne figurent plus parmi les espèces en péril. L’équipe reconnaît également que la mise en œuvre des activités de rétablissement sera tributaire des ressources disponibles et que des facteurs non humains (influences environnementales) ont joué un rôle dans le déclin des espèces et que leurs effets ne peuvent être contrôlés ou atténués.

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