Programme de rétablissement du micocoulier rabougri au Canada [version finale] 2011 : Annexe A

Précédent TdM Suivant

Conformément à la Directive du Cabinet sur l’évaluation environnementale des projets de politiques, de plans et de programmes, une évaluation environnementale stratégique (EES) est réalisée pour tous les programmes de rétablissement d’espèces en péril. L’EES a pour objet d’intégrer les considérations environnementales à l’élaboration de projets de politiques, de plans et de programmes publics afin d’appuyer une prise de décisions respectueuse de l’environnement.

La planification du rétablissement se veut à la fois bénéfique pour l’espèce en péril et la biodiversité en général. On reconnaît toutefois que, outre les avantages attendus, certains programmes peuvent avoir des conséquences imprévues sur l’environnement. Le processus de planification, fondé sur les lignes directrices nationales, prend directement en considération tous les effets sur l’environnement, en particulier les effets possibles sur les espèces ou les habitats qui ne sont pas visés. Les résultats de l’EES sont pris en compte dans le programme de rétablissement proprement dit, mais sont également résumés ci-dessous.

Le micocoulier rabougri ne peut pas être considéré en dehors de son contexte; il dépend d’autres espèces dont la présence participe à la structure, à la fonction et aux processus de l’écosystème. Certaines régions abritant des populations de micocouliers rabougris abritent aussi d’autres espèces en péril désignées à l’échelle nationale ou provinciale (notamment le ptéléa trifolié (Ptelea trifoliata), l’oponce de l’Est (Opuntia humifusa), le scinque pentaligne (Plestiodon fasciatus), la couleuvre fauve de l’Est (Pantherophis gloydi) et la couleuvre à nez plat (Heterodon platyrhinos)). La protection du micocoulier rabougri et de son habitat contribuera au maintien de l’intégrité et de l’équilibre des écosystèmes des dunes littorales et des alvars et de leurs communautés végétales, dont bon nombre sont considérées en Ontario et, dans certains cas, dans le monde, comme des espèces rares ou en péril (Dougan et associés et McKay, 2009).

Lorsque d’autres espèces de micocouliers ne sont pas présentes dans l’écosystème, le micocoulier rabougri remplit une fonction écologique très importante auprès de plusieurs espèces d’invertébrés qui dépendent de lui pour l’ensemble ou une partie de leur cycle vital. C’est notamment le cas de certaines espèces de papillons comme le papillon du micocoulier (Asterocampa celtis), l’empereur fauve (Asterocampa clyton) et le papillon longs-palpes (Libytheana carinenta ssp. bachmanii) ainsi que de différentes espèces de coléoptères, de papillons nocturnes, de galles nématiques et d’au moins un type d’oïdium. Le rétablissement du micocoulier rabougri devrait se révéler bénéfique pour ces espèces.

De manière générale, les efforts de rétablissement du micocoulier rabougri devraient entaîner des effets positifs sur d’autres biotes, en péril ou non, qui sont présents dans les mêmes habitats, ainsi que sur les habitats eux-mêmes. Les stratégies générales énoncées dans ce programme de rétablissement mettent l’accent sur la protection et le rétablissement de l’habitat et encouragent les processus naturels à survenir à l’intérieur des plages naturelles de variations. Les approches proposées axées sur la recherche, la surveillance, la protection, la gestion, l’éducation du public et l’application des lois devraient entraîner le retour d’une mosaïque de communautés végétales essentielles à la pérennité, au maintien et au rétablissement du micocoulier rabougri et d’une foule d’autres espèces vivant à proximité. Les travaux de recensement et de recherche pourraient entraîner la découverte d’autres espèces en péril et/ou des menaces qui planent sur celles-ci et l’établissement du niveau de préoccupation de ces menaces. La mise en œuvre de mesures visant la protection de l’habitat essentiel, la gestion de la végétation et des espèces nuisibles, le rétablissement des processus côtiers ainsi que des meilleures pratiques de gestion, des communications et des moyens d’acquisition des terres devraient également avoir des effets positifs sur les espèces habitant dans les milieux ouverts qui sont généralement associées au micocoulier rabougri.

Une sensibilisation accrue du public et une augmentation des activités d’intendance relatives à l’espèce s’avéreront sans doute bénéfiques pour les espèces vivant dans des habitats fragiles, notamment par la prise de décisions éclairées concernant la gestion des habitats ainsi que la diminution des opérations de développement et d’extraction d’agrégats et des répercussions engendrées par les activités récréatives. Dans le même ordre d’idées, la gestion d’espèces surabondantes comme le cerf de Virginie ou l’escargot aura des effets positifs sur les autres espèces locales touchées par le broutage. La mise en œuvre des mesures de lutte contre l’érosion devrait freiner la disparition des milieux propices à la survie du micocoulier rabougri et de nombreuses autres espèces.

Les effets négatifs sur l’environnement découlant de ce programme se limiteront probablement aux espèces qui ont des effets néfastes sur le micocoulier rabougri (p. ex. le broutage et les espèces surabondantes comme le cerf de Virginie et l’escargot) ou son habitat (c.à-d. par la densification des couverts forestiers due à la succession).

Les espèces végétales ont des besoins très différents en matière d’ombre. Par conséquent, les conditions favorables au micocoulier rabougri risquent de ne pas convenir aussi bien aux espèces vivant à proximité. Les mesures de gestion de ce problème pourraient comprendre le contrôle d’autres espèces végétales dans le but de maintenir un stade de succession optimal. Cette mesure pourrait éventuellement conduire à la disparition ou à l’affaiblissement d’autres espèces, notamment des espèces en péril; à la perte de forêts matures, de zones arborées et de fourrés; à la perte de débris ligneux au sol qui constituent un microhabitat important pour d’autres espèces; à l’élimination de la végétation existante si l’on rétablissait le micocoulier rabougri dans les endroits d’où il a disparu ou si l’on augmentait les populations existantes; à la perturbation des contaminants qui se trouvent dans le sol, substances qui pourraient nuire aux autres espèces. Durant les activités de recherche et/ou de surveillance, le piétinement et les perturbations causées à l’habitat pourraient également provoquer la perte de plants. Par conséquent, nous recommandons la mise en œuvre d’une approche écosystémique pour la gestion de l’habitat, approche qui tient compte des besoins de la multitude d’espèces communes et importantes qui vivent à proximité du micocoulier rabougri. Les méthodes de rétablissement seront mises en œuvre de façon à assurer la préservation d’une mosaïque de milieux ouverts et fermés, en particulier dans les zones côtières, et ce, pour assurer la viabilité de toutes les espèces (communes et en péril) vivant dans le même milieu. Pour maintenir une mosaïque de communautés végétales de différentes classes d’âge, il faudra limiter le nombre d’activités de gestion de la végétation de manière à ne pas toucher l’ensemble de l’habitat en même temps. Si elles sont échelonnées, ces activités ne perturberont pas autant les autres espèces qui pourront alors trouver refuge dans d’autres secteurs.

Au besoin, des mesures seront prises pour limiter les effets négatifs potentiels liés à la modification de l’habitat, à la modification des rives ou aux projets de gestion des espèces prévus au parc national de la Pointe Pelée ou dans le cadre d’autres projets financés par le gouvernement fédéral; les mesures d’atténuation connexes seront élaborées dans une évaluation environnementale (projet) aux termes de la Loi canadienne d’évaluation environnementale. Ce processus est aussi adopté dans les parcs provinciaux et les réserves de conservation aux termes d’un document intitulé A Class Environmental Assessment for Provincial Parks and Conservation Reserves. Il est parfois nécessaire de faire le suivi de ces évaluations environnementales afin de s’assurer que les techniques utilisées produisent des résultats et de vérifier l’exactitude des effets prévus. Ainsi, il sera possible d’adapter la façon de gérer ces endroits, d’atténuer les effets éventuels sur l’environnement et de continuer d’améliorer les efforts de rétablissement. Les répercussions négatives éventuelles des plans de gestion du cerf de Virginie ont été étudiées dans le cadre d’une évaluation environnementale et d’autres processus; on en conclut qu’elles contribuent au maintien de l’intégrité écologique dans les endroits où elles surviennent. De nouvelles versions des plans de gestion des cerfs de Virginie seront rédigées en fonction des conclusions issues de ces processus d’évaluation environnementale. La consultation d’archéologues et une sensibilisation accrue du public à l’égard des activités dommageables devraient atténuer les risques d’endommagement des ressources archéologiques et empêcher tout effet négatif sur l’expérience des visiteurs dans les endroits publics, respectivement.

Précédent TdM Suivant

Détails de la page

Date de modification :