Tortue-molle à épines (Apalone spinifera) : programme de retablissment 2018

Titre official: Programme de rétablissement de la tortue molle à épines (Apalone spinifera) au Canada

Lois sur les espèces en péril
Série de Programmes de rétablissement

Tortue molle à épines (Apalone spinifera)
Tortue molle à épines
Information sur le document

Référence recommandée : Environnement et Changement climatique Canada. 2018. Programme de rétablissement de la tortue molle à épines (Apalone spinifera) au Canada, Série de programmes de rétablissement de la Loi sur les espèces en péril, Environnement et Changement climatique Canada, Ottawa. ix + 70 p.

Pour télécharger le présent programme de rétablissement ou pour obtenir un complément d’information sur les espèces en péril, incluant les rapports de situation du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC), les descriptions de la résidence, les plans d’action et d’autres documents connexes portant sur le rétablissement, veuillez consulter le Registre public des espèces en péril.

Illustration de la couverture : © Scott Gillingwater

Also available in English under the title “Recovery Strategy for the Spiny Softshell (Apalone spinifera) in Canada

Le contenu du présent document (à l’exception des illustrations) peut être utilisé sans permission, mais en prenant soin d’indiquer la source.

Préface

En vertu de l’Accord pour la protection des espèces en péril (1996), les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux signataires ont convenu d’établir une législation et des programmes complémentaires qui assureront la protection efficace des espèces en péril partout au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (L.C. 2002, ch. 29) (LEP), les ministres fédéraux compétents sont responsables de l’élaboration des programmes de rétablissement pour les espèces inscrites comme étant disparues du pays, en voie de disparition ou menacées et sont tenus de rendre compte des progrès réalisés dans les cinq ans suivant la publication du document final dans le Registre public des espèces en péril.

La ministre de l’Environnement et du Changement climatique et ministre responsable de l’Agence Parcs Canada est le ministre compétent en vertu de la LEP à l’égard de la tortue molle à épines, et a élaboré ce programme de rétablissement, conformément à l’article 37 de la LEP. Dans la mesure du possible, le programme de rétablissement a été préparé en collaboration avec la Province de l’Ontario (ministère de Richesses naturelles et des Forêts) et la Province du Québec (ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs), en vertu du paragraphe 39(1) de la LEP.

La réussite du rétablissement de l’espèce dépendra de l’engagement et de la collaboration d’un grand nombre de parties concernées qui participeront à la mise en œuvre des directives formulées dans le présent programme. Cette réussite ne pourra reposer seulement sur Environnement et Changement climatique Canada, l’Agence Parcs Canada ou toute autre autorité responsable. Tous les Canadiens et les Canadiennes sont invités à appuyer ce programme et à contribuer à sa mise en œuvre pour le bien de la tortue molle à épines et de l’ensemble de la société canadienne.

Le présent programme de rétablissement sera suivi d’un ou de plusieurs plans d’action qui présenteront de l’information sur les mesures de rétablissement qui doivent être prises par Environnement et Changement climatique Canada, l’Agence Parcs Canada et d’autres autorités responsables et/ou organisations participant à la conservation de l’espèce. La mise en œuvre du présent programme est assujettie aux crédits, aux priorités et aux contraintes budgétaires des autorités responsables et organisations participantes.

Le programme de rétablissement établit l’orientation stratégique visant à arrêter ou à renverser le déclin de l’espèce, incluant la désignation de l’habitat essentiel dans la mesure du possible. Il fournit à la population canadienne de l’information pour aider à la prise de mesures visant la conservation de l’espèce. Lorsque l’habitat essentiel est désigné, dans un programme de rétablissement ou dans un plan d’action, la LEP exige que l’habitat essentiel soit alors protégé.

Dans le cas de l’habitat essentiel désigné pour les espèces terrestres, y compris les oiseaux migrateurs, la LEP exige que l’habitat essentiel désigné dans une zone protégée par le gouvernement fédéralNote de bas de page 1 soit décrit dans la Gazette du Canada dans un délai de 90 jours après l’ajout dans le Registre public du programme de rétablissement ou du plan d’action qui a désigné l’habitat essentiel. L’interdiction de détruire l’habitat essentiel aux termes du paragraphe 58(1) s’appliquera 90 jours après la publication de la description de l’habitat essentiel dans la Gazette du Canada.

Pour l’habitat essentiel se trouvant sur d’autres terres domaniales, le ministre compétent doit, soit faire une déclaration sur la protection légale existante, soit prendre un arrêté de manière à ce que les interdictions relatives à la destruction de l’habitat essentiel soient appliquées.

Si l’habitat essentiel d’un oiseau migrateur ne se trouve pas dans une zone protégée par le gouvernement fédéral, sur le territoire domanial, à l’intérieur de la zone économique exclusive ou sur le plateau continental du Canada, l’interdiction de le détruire ne peut s’appliquer qu’aux parties de cet habitat essentiel — constituées de tout ou partie de l’habitat auquel la Loi de 1994 sur la convention concernant les oiseaux migrateurs s’applique aux termes des paragraphes 58(5.1) et 58(5.2) de la LEP.

En ce qui concerne tout élément de l’habitat essentiel se trouvant sur le territoire non domanial, si le ministre compétent estime qu’une partie de l’habitat essentiel n’est pas protégée par des dispositions ou des mesures en vertu de la LEP ou d’autres lois fédérales, ou par les lois provinciales ou territoriales, il doit, comme le prévoit la LEP, recommander au gouverneur en conseil de prendre un décret visant l’interdiction de détruire l’habitat essentiel. La décision de protéger l’habitat essentiel se trouvant sur le territoire non domanial et n’étant pas autrement protégé demeure à la discrétion du gouverneur en conseil.

Remerciements

Le présent document a été préparé par Rachel deCatanzaro, Krista Holmes, Angela McConnell, Marie-Claude Archambault, Lauren Strybos, Lee Voisin (Environnement et Changement climatique Canada, Service canadien de la faune – Région de l’Ontario), Sylvain Giguère, Carollynne Smith, Pierre-André Bernier (Environnement et Changement climatique Canada, Service canadien de la faune – Région du Québec), Barbara Slezak, Bruna Peloso, Louis Gagnon et Kari Van Allen (anciennement d’Environment et Changement climatique Canada, Service canadien de la faune – Région de l’Ontario). Les personnes suivantes ont apporté de précieux commentaires, révisions et suggestions : Madeline Austen (anciennement d’Environment et Changement climatique Canada, Service canadien de la faune – Région de l’Ontario), Karolyne Pickett, Judith Girard, Elizabeth Rezek, Lesley Dunn (Environnement et Changement climatique Canada, Service canadien de la faune – Région de l’Ontario), Ashley King, Wendy Dunford (Environnement et Changement climatique Canada, Service canadien de la faune – Région de la capitale nationale), Amelia Argue, Joe Crowley, Gillian Ferguson-Martin, Jay Fitzsimmons, Aileen Wheeldon, Dana Kinsman, Jim Saunders, Rhonda Donley (ministère des Richesses naturelles et des Forêts de l’Ontario), Gary Allen, Joanne Tuckwell, Tammy Dobbie, Colin Hoag, Eileen Nolan et Harry Szeto (Agence Parcs Canada), Clint Jacobs (Walpole Island Heritage Centre) et le personnel du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec.

De nombreuses autres personnes ont contribué à l’ébauche précédente d’un programme de rétablissement visant plusieurs espèces de tortues, notamment Patrick Galois (Amphibia-Nature), Gabrielle Fortin (anciennement d’Environnement et Changement climatique Canada, Service canadien de la faune – Région du Québec), David Seburn (Seburn Ecological Service), Scott Gillingwater (Office de protection de la nature de la rivière Thames supérieure). Nous remercions également les employés du ministère des Richesses naturelles et des Forêts de l’Ontario, du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec, du Service canadien de la faune, ainsi que de diverses universités et autres organisations, qui ont apporté leurs contributions. Il convient aussi de signaler que les documents de rétablissement élaborés par l’Équipe de rétablissement des tortues du Québec et de l’Équipe de rétablissement multi-espèces des tortues en péril de l’Ontario ont constitué le fondement des versions antérieures du présent document.

Des remerciements sont également adressés à toutes les autres parties qui ont fourni des conseils et des commentaires ayant permis d’enrichir le programme de rétablissement, dont divers organismes autochtones, particuliers, et intervenants qui ont fourni des renseignements et/ou participé aux réunions de consultation.

Sommaire

La tortue molle à épines (Apalone spinifera) est inscrite à titre d’espèce menacée au Canada à l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril (LEP). Il s’agit d’une tortue d’eau douce de taille moyenne à grande possédant une dossièreNote de bas de page 2 ressemblant à du cuir, de couleur olive à havane. La tortue molle à épines est une espèce essentiellement aquatique, habituellement associée à des plans d’eau de grande étendue, comme des rivières ou des lacs, mais on la trouve aussi dans des ruisseaux, des marais, des étangs et des méandres abandonnésNote de bas de page 3. L’espèce ne s’aventure sur la terre ferme que pour nidifier.

L’aire de répartition de l’espèce s’étend dans toute la moitié orientale de l’Amérique du Nord, depuis les Grands Lacs jusqu’au golfe du Mexique. Au Canada, la tortue molle à épines se rencontre dans le sud de l’Ontario et du Québec. On estime qu’environ 1 % de l’aire de répartition mondiale de l’espèce se trouve au Canada.

La population canadienne de tortues molles à épines adultes compte environ 1-000 individus matures répartis en 35 populations locales (14 existantes, 7 historiques et 14 disparues)Note de bas de page 4. Des relevés des populations locales en Ontario indiquent des déclins allant jusqu’à 45 % au cours des 20 dernières années (COSEWIC, 2016).

Les principales menaces pesant sur la population canadienne de tortues molles à épines sont les suivantes : l’aménagement/altération de l’habitat riverain et fluvial, la gestion des niveaux d’eau, les collisions avec des bateaux, la capture illégale, les prédateurs favorisés par les activités humainesNote de bas de page 5, les espèces exotiques et envahissantes, l’élevage de bétail, la prise accessoire par des pêcheurs et les perturbations associées aux activités humaines. Les autres menaces établies comprennent la contamination et l’apport de nutriments, et les changements climatiques. La tortue molle à épines est très vulnérable à toute hausse du taux de mortalité chez les adultes et les juvéniles plus âgés, car l’espèce présente une maturité sexuelle tardive et un faible taux de reproduction.

Le caractère réalisable du rétablissement de la tortue molle à épines comporte des inconnues. Conformément au principe de précaution, le présent programme de rétablissement a été élaboré en vertu du paragraphe 41(1) de la LEP, tel qu’il convient de faire lorsque le rétablissement est déterminé comme étant réalisable.

L’objectif à long terme (c.-à-d. environ 50 ans) en matière de population et de répartition est de maintenir et, si nécessaire et réalisable, d’accroître l’abondance et la répartition de la tortue molle à épines de manière à assurer la persistance des populations locales autosuffisantes là où l’espèce est présente au Canada. Le sous-objectif à moyen terme (c.-à-d. environ 10 à 15 ans) est de stabiliser et, si nécessaire et réalisable sur les plans biologique et technique, d’accroître les populations locales en augmentant la quantité d’habitat convenable et/ou en atténuant les menaces qui pèsent sur l’espèce. Les stratégies générales à employer pour contrer les menaces à la survie et au rétablissement de l’espèce sont exposées dans la section 6.2 (Orientation stratégique pour le rétablissement).

L’habitat essentiel de la tortue molle à épines est désigné pour 14 populations locales (12 en Ontario et 2 au Québec) au Canada et comprend l’habitat de tous les stades vitaux de l’espèce selon trois critères : 1) occupation de l’habitat; 2) caractère convenable de l’habitat; 3) connectivité de l’habitat. Bien que d’autres endroits abritent peut-être encore la tortue molle à épines, ils n’ont pas fait l’objet de relevés récents ou ont fait l’objet de relevés incomplets. Pour cette raison, l’habitat essentiel de la tortue molle à épines n’a été que partiellement désigné dans le présent programme de rétablissement. Le calendrier des études (section 7.2) décrit les activités requises pour achever la désignation de l’habitat essentiel nécessaire à l’atteinte des objectifs en matière de population et de répartition. À mesure que des données supplémentaires deviendront accessibles, il sera possible de mieux préciser les limites de l’habitat essentiel ou d’ajouter des unités respectant les critères de désignation de l’habitat essentiel.

Un ou plusieurs plans d’action visant la tortue molle à épines seront achevés et publiés dans le Registre public des espèces en péril d’ici décembre 2023.

Résumé du caractère réalisable du rétablissement

D’après les quatre critères suivants qu’Environnement et Changement climatique Canada utilise pour définir le caractère réalisable du rétablissement, le rétablissement de la tortue molle à épines comporte des inconnues. Conformément au principe de précaution, un programme de rétablissement a été élaboré en vertu du paragraphe 41(1) de la LEP, tel qu’il convient de faire lorsque le rétablissement est déterminé comme étant réalisable du point de vue technique et biologique. Le présent programme de rétablissement traite des inconnues entourant le caractère réalisable du rétablissement.

1. Des individus de l’espèce sauvage capables de se reproduire sont disponibles maintenant ou le seront dans un avenir prévisible pour maintenir la population ou augmenter son abondance.

Oui. La population totale de tortues molles à épines au Canada est estimée à environ 1-000 individus matures (COSEWIC, 2016). En Ontario, l’espèce est présente dans le bassin des Grands Lacs dans des rivières et des milieux humides côtiers du sud-ouest de la province, et de nombreuses observations ont été faites principalement dans quatre régions (COSEWIC, 2016). Au Québec, on ne connaît qu’une population locale existanteNote de bas de page 6 dans un réseau fluvial et lacustre (comptant < 100 individus matures) et une autre considérée comme existante, mais dont la viabilitéNote de bas de page 7 n’a pas encore été déterminée (référence retiréeNote de bas de page 8; référence retirée; référence retirée; COSEWIC, 2016). Bien que la densité des populations de cette espèce soit faible dans l’aire de répartition canadienne, la tortue molle à épines est considérée comme non en péril à l’échelle mondiale. Il existe des populations à l’extérieur du Canada qui pourraient être en mesure de soutenir la population canadienne ou d’améliorer son abondance.

2. De l’habitat convenable suffisant est disponible pour soutenir l’espèce, ou pourrait être rendu disponible par des activités de gestion ou de remise en état de l’habitat.

Oui. Bien que de nombreux milieux utilisés par la tortue molle à épines aient été détruits, dégradés et/ou fragmentés par le développement résidentiel, urbain et agricole, ou par la construction et l’exploitation d’ouvrages de régularisation des eaux, l’aire de répartition canadienne de l’espèce renferme encore de l’habitat convenable en quantité suffisante – ou pourrait en acquérir grâce à des mesures d’aménagement ou de remise en état de l’habitat – pour soutenir l’espèce. Certaines techniques d’aménagement et de remise en état pourraient permettre d’accroître la quantité d’habitat convenable (milieux humides, habitat de nidification, etc.) pour l’espèce, ainsi que la connectivité entre les populations locales.

3. Les principales menaces pesant sur l’espèce ou son habitat (y compris les menaces à l’extérieur du Canada) peuvent être évitées ou atténuées.

Inconnu. Les principales menaces pesant sur l’espèce comprennent l’aménagement/altération de l’habitat riverain et fluvial, la gestion des niveaux d’eau, les collisions avec des bateaux, la capture illégale, les prédateurs favorisés par les activités humaines, les espèces exotiques et envahissantes, l’élevage de bétail, la prise accessoire par des pêcheurs et les perturbations associées aux activités humaines. De grandes zones d’habitat anciennement convenable ont été modifiées pour répondre aux besoins des milieux urbains avoisinants (p. ex. rives asphaltées, sentiers pédestres). Bien que la majeure partie de la perte d’habitat attribuable à l’urbanisation soit probablement irréversible ou difficile à renverser, il pourrait être possible de remettre en état certains anciens habitats, et d’atténuer ou d’éviter la destruction de l’habitat par l’intermédiaire de l’éducation du public et de la conservation de l’habitat actuel. L’éducation du public et l’application de la loi pourraient aussi aider à atténuer l’impact des perturbations humaines et de la capture illégale d’individus. La protection de l’habitat ciblé par l’acquisition de terres, la réglementation, le zonage, la planification du paysage et des techniques d’intendance a été utilisée avec succès dans le cas de certaines populations locales (Seburn et Seburn, 2000). Certaines pratiques exemplaires de gestion (PEG) ont été élaborées et mises en œuvre, et d’autres pourraient probablement être élaborées et mises à l’essai dans un délai raisonnable, puis mises en œuvre pour aider à protéger les populations locales vulnérables contre des menaces comme la dégradation de l’habitat, la gestion inconsidérée des niveaux d’eau et la mortalité accidentelle. Des documents de sensibilisation et d’éducation du public ont été élaborés et continueront de faire partie intégrante des mesures de rétablissement de l’espèce. Des techniques comme l’installation de cages d’exclusion des prédateurs autour des nids, le lâcher de juvénilesNote de bas de page 9 et la mise en place de dispositifs de réduction des prises accessoires des pêches ont déjà été efficacement mises en œuvre dans certaines localités, et leur application pourrait être étendue en vue d’atténuer les menaces qui pèsent sur l’espèce (Seburn et Seburn, 2000; référence retirée). Pour réduire le taux de mortalité due à la navigation, on pourrait mettre en œuvre une réglementation concernant l’utilisation d’embarcations motorisées dans les habitats à fortes densités de tortues (Lester et al., 2013) et sensibiliser les plaisanciers aux impacts des bateaux sur les organismes aquatiques. Certaines techniques permettent de lutter contre les espèces envahissantes (telles que le roseau commun [Phragmites australis] non indigène) et de réduire les impacts de la prédation des nids. On ignore toutefois si ces menaces peuvent être atténuées autant qu’il le faudrait pour atteindre les objectifs en matière de population et de répartition de la tortue molle à épines au Canada.

4. Des techniques de rétablissement existent pour atteindre les objectifs en matière de population et de répartition ou leur élaboration peut être prévue dans un délai raisonnable.

Inconnu. La capture illégale pour le commerce d’animaux de compagnie ou la consommation humaine constitue une grave menace pour l’espèce, et on ignore si l’éducation/la sensibilisation, la protection juridique et d’autres techniques de rétablissement réduiront cette menace à un niveau où l’espèce ne sera plus menacée de disparitions locales. Le suivi systématique de l’effectif des populations locales est nécessaire parce que l’espèce forme de petites populations isolées. La collecte de données appropriées sur l’ensemble de la population canadienne sera essentielle pour s’assurer que les populations locales ne s’approchent pas d’un niveau où elles ne seraient plus autosuffisantes. Certaines populations locales sont peut-être déjà sous leur niveau viableNote de bas de page 10; pour assurer l’autosuffisance des populations locales dans l’aire de répartition canadienne de l’espèce, des techniques de rétablissement comme la réintroduction pourraient être nécessaires pour atteindre les objectifs en matière de population et de répartition. Comme la tortue molle à épines prend beaucoup de temps à atteindre la maturité sexuelle (environ 12-15 ans) et que ses œufs et ses juvéniles subissent une forte mortalité, le rétablissement de ses populations pourrait être lent. On ne sait donc pas si ces techniques de rétablissement permettront d’atteindre les objectifs en matière de population et de répartition dans un délai raisonnable.

1 Évaluation de l’espèce par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada

Date de l’évaluation : Avril 2016

Nom commun : Tortue molle à épines

Nom scientifique : Apalone spinifera

Statut selon le COSEPAC : Espèce en voie de disparition

Justification de la désignation : Le déclin continu de cette espèce en Ontario et au Québec est attribué au très faible recrutement résultant de la perte de l’habitat de nidification. Les sites convenables de nidification et d’exposition au soleil ont disparu ou ont été dégradés en raison du développement, de l’altération de régimes hydrologiques (p. ex. barrages, inondations, érosion des berges des rivières), des plantes envahissantes, de l’utilisation récréative et de la récolte illégale d’individus. Sans protection du nid, peu d’œufs survivent à la prédation par une abondance accrue de mammifères.

Présence au Canada : Ontario et Québec

Historique du statut selon le COSEPAC : Espèce désignée « menacée » en avril 1991. Réexamen et confirmation du statut en mai 2002. Réexamen du statut et désignation comme espèce en voie de disparition en avril 2016.

2 Information sur la situation de l’espèce

Le COSEPAC (COSEWIC, 2016) reconnaît six sous-espèces de l’Apalone spinifera, mais la tortue molle de l’Est (Apalone spinifera spinifera)est la seule sous-espèce présente au Canada. Au Canada, la tortue molle à épines est actuellement inscrite à titre d’espèce menacéeNote de bas de page 11 à l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril (LEP); toutefois, le COSEPAC l’a récemment réévaluée comme espèce en voie de disparitionNote de bas de page 12 (COSEWIC, 2016). En Ontario, l’espèce est inscrite comme espèce en voie de disparitionNote de bas de page 13 dans la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition (L.O. 2007, chap. 6) (LEVD) et bénéficie d’une protection générale de son habitat en vertu de la LEVD. Elle est également désignée comme « reptile spécialement protégé » aux termes de la Loi de 1997 sur la protection du poisson et de la faune (L.O. 1997, chap. 41). Au Québec, la tortue molle à épines est une espèce menacéeNote de bas de page 14 aux termes de la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables du Québec (RLRQ., c. E-12.01) (LEMV). La tortue molle à épines est également inscrite à l’annexe III de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES), qui contrôle le commerce international de cette espèce (CITES, 2016). L’annexe III ne permet le commerce d’une espèce inscrite que si un permis d’exportation est accordé.

La cote de conservation mondiale de la tortue molle à épinesNote de bas de page 15 est « non en péril » (G5) (NatureServe, 2017). À l’échelle nationale, elle est en péril (N2) au Canada et non en péril (N5) aux États-Unis (NatureServe, 2017). L’espèce est également cotée « gravement en péril » (S1) au Québec et « en péril » (S2) en Ontario (annexe A) (NatureServe, 2017). L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) attribue à la tortue molle à épines la cote « préoccupation mineure » (Van Dijk, 2013).

Environ 1 % de l’aire de répartition mondiale de la tortue molle à épines se trouve au Canada (COSEWIC, 2016).

3 Information sur l’espèce

3.1 Description de l’espèce

La tortue molle à épines est une tortue aquatique de taille moyenne à grande. Elle possède une dossière ressemblant à du cuir, à travers de laquelle on peut sentir sa colonne vertébrale et ses côtes (référence retirée). La dossière est de couleur olive à havane et est dotée de petites projections épineuses sur le bord avant, qui rendent sa texture semblable à du papier sablé. Le plastronNote de bas de page 16 est petit, de couleur blanc crème, et n’offre qu’une protection minimale (référence retirée). La tête et les membres sont de couleur olive à gris et sont couverts de taches et de rayures foncées (Ernst et Lovich, 2009). L’espèce possède des pattes profondément palmées qui sont bien adaptées à la nage, un long cou et un museau pointu allongé (COSEWIC, 2016). La tortue molle à épines est capable de se déplacer rapidement sur la terre et dans l’eau, grâce à sa dossière profilée et légère (référence retirée).

La tortue molle à épine présente un dimorphisme sexuelNote de bas de page 17. La dossière des mâles (et des nouveau-nés) présente habituellement des ocellesNote de bas de page 18, alors que celle des femelles présente généralement des taches foncées et pâles et des marques foncées (COSEWIC, 2016). Les femelles sont habituellement 1,6 fois plus grosses que les mâles (Harding, 1997), et leur dossière atteint une taille maximale (au stade adulte) de 54 cm, alors que celle des mâles mesure au plus 24 cm (Ernst et Lovich, 2009; COSEWIC, 2016).

L’espérance de vie moyenne de la tortue molle à épines est de plusieurs décennies (Ernst et Lovich, 2009), et l’espérance de vie maximale est de plus de 50 ans (COSEWIC, 216). Les mâles atteignent la maturité sexuelle lorsque la longueur de leur plastron atteint de 9 à 10 cm (à environ 7 ans), alors que les femelles atteignent la maturité sexuelle lorsque leur plastron atteint une longueur de 18 à 20 cm (à environ 12-15 ans) (Desroches et Rodrigue, 2004; Ernst et Lovich, 2009; COSEWIC, 2016).

3.2 Population et répartition de l’espèce

L’aire de répartition de la tortue molle à épines (figure 1) s’étend dans toute la moitié orientale de l’Amérique du Nord. On peut trouver l’espèce depuis les Grands Lacs jusqu’au golfe du Mexique, et son aire de répartition s’étend à quelques endroits dans le centre et l’ouest des États-Unis, mais l’espèce est principalement présente dans les sous-bassins du Mississippi (rivières Arkansas/Red, Missouri et Ohio, et fleuve Mississippi), et est en grande partie absente du littoral est (Ernst et Lovich, 2009). L’abondance totale et la répartition complète de l’espèce sont actuellement inconnues; dans bien des cas, les données sur les populations locales ne consistent qu’en des données de présence/absence fondées sur des mentions occasionnelles et/ou des relevés limités.

Autrefois, la tortue molle à épines était plus largement répartie au Canada, sa présence s’étendant dans l’ensemble du bassin des Grands Lacs inférieurs et du Saint-Laurent, depuis le cours supérieur du fleuve Saint-Laurent jusqu’au secteur inférieur du lac Huron. Cette répartition comprenait trois systèmes fluviaux majeurs et un lac du Québec (Bonin, 1997). De nos jours, les populations locales de tortues molles à épines au Canada sont gravement fragmentées et ne sont présentes que dans quelques zones isolées de l’aire de répartition historique de l’espèce (figure 2) (COSEWIC, 2016). Selon des études, le nombre de femelles matures a diminué dans certains sites de ponte, notamment trois grands sites communaux (référence retirée; référence retirée; référence retirée; COSEWIC, 2016). En Ontario, la tortue molle à épines a été observée principalement dans le sud-ouest de l’Ontario, dans des zones côtières et des cours d’eau/affluents des lacs Érié, Sainte-Claire et Huron. Un grand nombre d’observations sont regroupées dans quatre localités : deux sites dans le lac Érié, et des sites dans deux systèmes fluviaux majeurs du sud-ouest de l’Ontario. L’espèce est considérée comme localement disparueNote de bas de page 19 du lac Ontario et de la rivière des Outaouais (COSEWIC, 2016). Au Québec, il n’existe que deux populations existantes connues de l’espèce (COSEWIC, 2016). Deux autres populations locales historiquesNote de bas de page 20 dans deux systèmes fluviaux (y compris la rivière des Outaouais, qui est considérée comme faisant partie de l’Ontario et du Québec) sont considérées comme disparues de la province. Des individus isolés ont été observés dans l’ensemble de l’aire de répartition historique de l’espèce au Québec, mais on ne considère pas que ces individus forment des populations locales (référence retirée; Rioux et Desroches, 2007; référence retirée; AARQ, 1988). D’après le rapport de situation du COSEPAC de 2016, la zone d’occurrenceNote de bas de page 21 couvre 51 070 km2, et la zone d’occupationNote de bas de page 22, 600 km2, mais ces estimations ne comprennent pas les deux occurrences connues au Québec; l’inclusion de ces occurrences ferait légèrement augmenter les deux estimations.

Au Canada, il existe 21 populations locales existantes ou historiques de l’espèce et 14 populations classées comme disparuesNote de bas de page 23. Cette évaluation du statut de l’espèce comprend les récentes évaluations d’occurrences d’élémentNote de bas de page 24, Note de bas de page 25 par le COSEPAC qui sont disponibles. En Ontario, 12 populations locales sont considérées comme étant disparues, et 12, comme étant existantes. Sept autres populations locales sont considérées comme étant historiques puisqu’elles n’ont pas fait l’objet de relevés récents. Au Québec, une population locale est existante, une autre est considérée comme existante, mais sa viabilité doit être confirmée, et deux autres sont présumées disparues.

Aucune donnée précise n’est disponible sur la taille et les tendances des populations locales, mais les données préliminaires donnent à penser que les populations locales sont en déclin dans l’ensemble de l’aire de répartition canadienne et que le nombre estimé d’individus matures (capables de se reproduire) au Canada est d’environ 1-000 (COSEWIC, 2016). Des relevés récents indiquent qu’au cours des deux dernières décennies le nombre d’individus matures dans certaines populations locales de l’Ontario pourrait avoir décliné de 45 % (COSEWIC, 2016). Au Québec, le nombre d’individus a été estimé à quelques centaines seulement il y a une décennie (Galois, comm. pers., in COSEWIC, 2002), mais on croit que la province compte aujourd’hui moins de 100 individus matures (COSEWIC, 2016). La qualité et l’étendue de l’habitat disponible (particulièrement l’habitat de nidification) continuent de décliner COSEWIC, 2016). Les hausses futures des populations pourraient dépendre d’une augmentation de la quantité d’habitat convenable qui pourrait être rendue disponible par la remise en état de l’habitat et/ou à l’aide de techniques de mise en valeur de l’habitat.

Figure 1
Figure 1. Aire de répartition de la tortue molle à épines au Canada et aux États-Unis (aire de répartition mondiale d’après Ernst et Lovich [2009]). Aire de répartition de la tortue molle à épines de l’Est [sous-espèce] d’après Conant et Collins [1998]). Cette carte représente l’aire de répartition générale de l’espèce (et de la sous-espèce), et ne montre pas l’information détaillée sur la présence et l’absence d’observations dans l’aire de répartition.
Description longue

La figure 1 est une carte de l’aire de répartition de la tortue molle à épines au Canada et aux États-Unis, y compris de l’aire de répartition de la sous‑espèce (tortue molle à épines de l’Est) (lignes hachurées). Le cœur de l’aire de répartition s’étend de l’ouest de l’État de New York au sud du Minnesota, au sud du Texas, et à la Géorgie. De petites localités isolées se trouvent au New Jersey et en Caroline du Nord, et la partie principale s’étend à quelques endroits jusqu’au Nouveau-Mexique, en Arizona, dans le sud de la Californie, et au Colorado. Une vaste superficie d’aire de répartition se trouve au Montana, dont une petite portion s’étend dans le Wyoming. L’aire de répartition de la tortue molle à épines de l’Est se trouve principalement au sud des Grands Lacs, et s’étend de l’ouest de l’État de New York au Michigan et au nord de l’Alabama. Une portion isolée de l’aire de répartition se trouve dans le nord de l’État de New York, et s’étend légèrement dans le sud du Québec.

Figure 2
Figure 2. Aire de répartition de la tortue molle à épines au Canada (aire de répartition de la tortue molle à épines de l’Est [sous-espèce] d’après Conant et Collins [1998]). Cette carte représente l’aire de répartition générale de l’espèce, et ne montre pas l’information détaillée sur la présence et l’absence d’observations dans l’aire de répartition.
Description longue

La figure 2 est une carte de l’aire de répartition de la tortue molle à épines de l’Est au Canada. L’aire de répartition s’étend depuis l’extrême sud-ouest de l’Ontario, près de Windsor, jusqu’à Toronto, au nord, et à Niagara Falls, à l’est. Une plus petite portion de l’aire de répartition se trouve dans l’extrême sud du Québec, là où la rivière des Outaouais se jette dans le Saint-Laurent, et le long de la frontière de l’État de New York.

3.3 Besoins de la tortue molle à épines

Besoins généraux en matière d’habitat

La tortue molle à épines dépend principalement des milieux aquatiques, et n’utilise les milieux terrestres que pour la nidification et de rares déplacements entre plans d’eau voisins. Au Canada, la tortue molle à épines est habituellement associée à des plans d’eau de grande étendue, comme des rivières ou des lacs, mais elle peut aussi fréquenter saisonnièrement des ruisseaux, des marais, des étangs et des méandres abandonnés (référence retirée). Elle peut aussi utiliser les milieux humides et les étangs situés près d’importants plans d’eau (référence retirée; référence retirée). La tortue molle à épines peut demeurer à l’intérieur d’un cours d’eau (voir par exemple référence retirée) ou se déplacer entre des cours d’eau et un lac (voir par exemple référence retirée). Des individus ont été observés dans des eaux dont la profondeur allait jusqu’à 5 m, mais l’espèce demeure habituellement près de la rive, à une profondeur de moins de 3 m, sauf durant l’hiver (référence retirée). La tortue molle à épines est également fréquemment observée en association avec des éléments tels que des barres de sable, des vasières, des billes submergées et de la végétation aquatique (référence retirée; Ernst et Lovich, 2009).

Les zones peu profondes présentant un substrat mou (vase ou sable) et les zones où la végétation aquatique est éparse sont couramment utilisées par les adultes et les juvéniles pour assurer la thermorégulationNote de bas de page 26 et éviter les prédateurs (référence retirée; Ernst et Lovich, 2009). Les zones peu profondes permettent à la tortue molle à épines de sortir la tête hors de l’eau et de respirer tout en gardant le reste du corps enfoui dans le substrat (Ernst et Lovich, 2009).

Croissance des juvéniles

En Ontario, on a remarqué que les juvéniles utilisaient des habitats de croissance semblables à ceux étudiés par Plummer (1976). Gillingwater (données inédites) a observé des juvéniles qui utilisaient des zones peu profondes de rivières et lacs au fond vaseux, sablonneux ou constitué d’un autre substrat meuble. L’habitat de croissance des juvéniles se trouve habituellement hors de la zone d’écoulement principal du cours d’eau, loin de l’eau turbulente et des vagues (Gillingwater, comm. pers., 2016). En Ontario, on n’a trouvé des juvéniles que dans cet habitat, mais Gillingwater (comm. pers., 2016) a remarqué que des mâles adultes utilisent cet habitat ou de l’habitat semblable pour la thermorégulation et l’alimentation (Gillingwater, comm. pers., 2016). Des femelles adultes utilisent également ces habitats à l’occasion.

Hivernage

Pour ne pas geler, la tortue molle à épines hiverne sous l’eau dans un hibernacleNote de bas de page 27 submergé, habituellement à une profondeur de moins de 5 à 10 cm dans un substrat meuble (p. ex. sable ou limon) (Ernst et Lovich, 2009), d’octobre à avril ou mai. Les femelles semblent commencer à hiverner plus tôt (mi-octobre) que les mâles (fin novembre) (Dobbyn et Smith, 2005).

La tortue molle à épines hiverne souvent dans le cours d’eau ou le lac où elle passe le plus clair de son temps durant la saison active. Dans les cours d’eau, des hibernacles ont été observés dans des fosses d’une profondeur minimale de 1 m et d’une profondeur maximale d’environ 5 m (référence retirée; référence retirée; COSEWIC, 2016). Dans les milieux lacustres, des hibernacles ont été observés habituellement près des décharges, dans des zones où la profondeur de l’eau est de 2 à plus de 7 m (référence retirée; référence retirée; référence retirée). La tortue molle à épines est intolérante aux périodes d’anoxieNote de bas de page 28 prolongées, et choisit des sites d’hivernage qui demeurent bien oxygénés durant l’hiver (p. ex. où l’eau s’écoule tout l’hiver) (Fletcher, 2002; référence retirée; Reese et al., 2003; Ultsch, 2006). La tortue molle à épines est réputée être fidèle à ses sites d’hivernage (référence retirée; Vermont Fish and Wildlife, 2009). On sait également qu’elle hiverne en groupe (Graham référence retirée; référence retirée; référence retirée; Dobbyn et Smith, 2005).

Reproduction

Au Canada, les tortues molles à épines se reproduisent au printemps (à la fin avril ou en mai), lorsqu’elles émergent de leur hivernage (Ernst et Lovich, 2009; référence retirée). La reproduction a habituellement lieu dans des eaux profondes loin des rives (Harding, 1997; Ontario Nature, 2012), mais elle peut se produire dans des eaux adjacentes aux sites de thermorégulation. Il existe peu de données sur ce comportement ou les profondeurs auxquelles la reproduction a lieu.

Nidification

Les tortues molles à épines femelles pondent généralement de 12 à 18 œufs à la fois (Ernst et al., 1994), du début juin à la mi-juillet (Fletcher, 2002; COSEWIC, 2016). En Ontario, on a observé que les femelles pondent de 3 à 43 œufs en même temps (COSEWIC, 2016; Gillingwater, données inédites). Les nids se trouvent généralement dans des zones où le substrat est principalement composé de sable ou d’un mélange de sable et de gravier, et où la densité de la végétation et la pente sont faibles (référence retirée; référence retirée; référence retirée). Les aires de nidification couramment utilisées comprennent les plages sableuses, les barres de sable ou de gravier, ou d’autres zones terrestres présentant des bancs de sable, de gravier ou d’argile (référence retirée; référence retirée; COSEWIC, 2016). L’espèce préfère les sols sablonneux. Si la nidification peut aussi avoir lieu dans les sols de loam argileux (Ernst et Lovich, 2009), on a constaté que la nidification qu’elle échouait fréquemment dans les sites argileux (Gillingwater, comm. pers., 2016). Les tortues choisissent habituellement des sites ensoleillés (avec peu de couvert), à portée de vue d’un plan d’eau (COSEWIC, 2002; référence retirée). Les femelles utilisent la même aire de nidification générale chaque année, mais pas nécessairement la même plage ou la même barre de gravier (référence retirée), ce qui indique qu’elles sont fidèles à leur aire de nidification générale. Le long d’une portion convenable d’un cours d’eau, les tortues molles à épines peuvent changer d’emplacement de nidification chaque année à l’intérieur d’un tronçon de 2 km. Si l’habitat de nidification est limité, plusieurs femelles peuvent utiliser le même site de nidification (Ernst et Lovich, 2009; Équipe de rétablissement des tortues du Québec, données inédites). En Ontario et au Québec, il est évident que plusieurs menaces, notamment l’altération des rives, les inondations, les perturbations d’origine humaine et les espèces envahissantes, limitent la disponibilité des sites de nidification et contribuent à des échecs de nidification (référence retirée; référence retirée; COSEWIC, 2016).

La distance entre l’habitat aquatique et les sites de nidification varie grandement selon la disponibilité des sites et les conditions locales. La nidification a habituellement lieu à proximité de l’eau, les distances moyennes rapportées allant de 3 à 38 m (Graham et Graham, 1997; Steen et al., 2012). Toutefois, certaines femelles peuvent se déplacer jusqu’à 100 m vers l’intérieur des terres pour nidifier (Ernst et Lovich, 2009). En Ontario, les nids sont habituellement construits à l’intérieur d’une bande riveraine de 50 m (référence retirée; référence retirée; Gillingwater, comm. pers., 2015), alors qu’au Québec, les nids sont aménagés beaucoup plus près de l’eau, tous les sites de nidification connus se trouvant dans des plaines d’inondation (c.-à-d. des zones qui sont inondées de façon périodique). De 2009 à 2011, chez une population locale bien étudiée du Québec, les distances rapportées entre les nids et le cours d’eau le plus proche variaient de 1,1 à 4,4 m (n = 22) (Galois et al., 2010, 2011, 2012), et tous les nids observés au Québec depuis 2009 ont été trouvés à l’intérieur d’une bande riveraine de 10 m (n = 59) (Galois et al., 2010, 2011, 2012; Paré, comm. pers., 2015). Il est probable que les femelles de cette population locale ne s’éloignent pas davantage de l’eau en raison de la topographie et du substrat du site de nidification. Les rives des voies navigables de la région sont abruptes, ce qui empêche les tortues de voir l’eau, un facteur important dans le choix de l’habitat de nidification par l’espèce. En outre, le substrat du site de nidification est composé de sable, de gravier et de cailloux, alors que l’habitat dans les milieux terrestres adjacents est composé d’un substrat pauvre pour la nidification (p. ex. sol argileux), ce qui dissuaderait les femelles de faire l’effort de s’éloigner de l’eau (Giguère, comm. pers., 2015). On a signalé qu’une tortue molle à épines femelle au Québec s’était déplacée sur 7 km vers l’amont (dans l’eau) pour nidifier (référence retirée). Des déplacements de 18 km entre des sites d’hivernage et des sites de nidification ont été observés en Ontario (Gillingwater, comm. pers., 2016).

Les nouveau-nés émergent généralement à la fin de l’été, après une incubation de 60 à 75 jours (Fletcher, 2002; COSEWIC, 2016), mais la période d’incubation peut durer jusqu’à 100 jours (Gillingwater, comm. pers., 2016).

Thermorégulation

Les tortues régulent leur température corporelle en utilisant leur environnement. Elles sont capables de modifier ou de maintenir leur température en variant leur exposition au soleil, à l’ombre et à l’eau (Bulté et Blouin-Demers, 2010). Les sites aquatiques de thermorégulation peuvent comprendre des objets flottants ou affleurants (p. ex. des roches, des billes, de la végétation flottante ou des débris flottants), et l’espèce peut parfois effectuer sa thermorégulation en flottant à la surface de l’eau (référence retirée; Ernst et Lovich, 2009). En plus d’utiliser les sites d’exposition au soleil des milieux aquatiques, les individus peuvent s’exposer au soleil le long des rives de cours d’eau, dans des zones ouvertes à proximité de l’eau, par exemple sur des bancs de vase ou de sable (référence retirée; Ernst et Lovich, 2009). Des tortues molles à épines ont également été observées en train de s’exposer au soleil en étant enfouies dans du substrat mou (vaseux/sablonneux) dans des eaux peu profondes (Gillingwater, données inédites; Dobbyn et Smith, 2005; COSEWIC, 2016).

Alimentation

La tortue molle à épines est principalement carnivore (Ernst et Lovich, 2009) et se nourrit surtout d’organismes vivants ou morts, notamment des écrevisses, des insectes et des poissons, mais elle peut aussi se nourrir de vers de terre, d’escargots, de bivalves, d’isopodes, de cladocères, d’amphibiens et de petits serpents (Ernst et Lovich, 2009). D’importantes ressources alimentaires sont disponibles dans les lacs, les tronçons de cours d’eau présentant des radiersNote de bas de page 29, les ruisseaux affluents, les bras, les zones de substrat vaseux/sablonneux, les baies, les débris végétaux et les plantes aquatiques (COSEWIC, 2016). L’espèce peut trouver de la nourriture dans des eaux d’une profondeur allant jusqu’à 2,5 à 3 m (exemple retiré) (MNRF 2014a, données inédites).

Habitat de déplacement (déplacements et dispersion)Note de bas de page 30

La tortue molle à épines se déplace entre différents types d’habitat en milieu aquatique pour accéder à des ressources qui sont nécessaires de façon récurrente ou saisonnière (p. ex. sites de nidification, sites d’hivernage, sources de nourriture) (référence retirée). Il est donc important que les différents habitats qu’elle utilise soient interconnectés, ou séparés par des distances raisonnables, afin que les individus puissent se déplacer de l’un à l’autre pour accomplir les divers processus de leur cycle vital. La tortue molle à épines est une bonne nageuse capable de déplacements fréquents et longs (Vermont Fish and Wildlife, 2009; Gillingwater, comm. pers., 2016).

Des déplacements de plus de 30 km ont été observés dans des milieux aquatiques en Ontario et au Québec (référence retirée). La longueur linéaire moyenne observée du domaine vitalNote de bas de page 31 pour la tortue molle à épines au Québec est de 10,8 km (Équipe de rétablissement de la tortue molle à épines du Québec, données inédites). Des données laissent croire qu’il existe une différence importante entre les sexes, chez la tortue molle à épines, en ce qui concerne la mobilité et la chronologie des déplacements. Les femelles semblent se déplacer sur de plus longues distances et sont également plus actives que les mâles (référence retirée). La superficie moyenne annuelle du domaine vital de la tortue molle à épines au Québec était de 32,06 ± 30,70 km2 pour les femelles (fourchette de 1,77 à 110,28 km2) et de 2,75 ± 2,99 km2 pour les mâles (fourchette de 0,44 à 6,92 km2) (référence retirée). On a également observé des individus utilisant beaucoup de petites zones précises d’habitat d’un certain type, notamment pour la nidification et l’hivernage, et qu’ils utilisaient le reste de leur domaine vital pour se déplacer entre ces zones (référence retirée). On croit que la grande superficie des domaines vitaux est due à la distance entre les sites d’hivernage et de nidification convenables. La superficie du domaine vital de la tortue molle à épines en Ontario est inconnue, mais des études ont permis d’observer des déplacements de femelles adultes allant jusqu’à 30 km (références retirées) et des déplacements de mâles et de juvéniles de moins de 250 m au cours d’une saison (Galois, comm. pers., in COSEWIC, 2002; Gillingwater, comm. pers., 2016). Il s’agit d’une importante lacune dans les connaissances qui doit être comblée de manière à préciser les mesures de rétablissement.

Plummer et al. (1997) ont étudié les domaines vitaux de tortues molles à épines dans un petit cours d’eau (ruisseau Gin), en Arkansas, aux États-Unis. Ils ont calculé une superficie annuelle du domaine vital de 0,88 ha pour les mâles et de 0,7 ha pour les femelles, et la superficie légèrement plus grande des domaines vitaux dans le cas des mâles n’était pas statistiquement significative. Ils ont observé des déplacements quotidiens allant jusqu’à 1-920 m, et ont affirmé que les habitudes de déplacement des tortues molles à épines dans un petit cours d’eau étaient caractérisées par de brefs déplacements, mais sur une longue distance hors de leur domaine vital, suivis de leur retour immédiat. Ayant comparé leurs résultats avec les résultats d’autres études, les auteurs appuient la notion selon laquelle la superficie du domaine vital dépend de la taille du cours d’eau et de la disponibilité des caractéristiques d’habitat nécessaires aux différentes activités liées au cycle vital de l’espèce, comme la nidification et l’hivernage (Schubauer et al., 1990; MNRF, 2014b).

3.4 Facteurs limitatifs biologiques

La plupart des tortues, y compris la tortue molle à épines, ont en commun certains éléments de leur cycle vital qui peuvent limiter leur capacité de s’adapter à des degrés élevés de perturbation, ce qui explique en partie leur tendance à connaître des baisses d’effectif (Congdon et al., 1993; Gibbons et al., 2000; Turtle Conservation Fund, 2002). En particulier, la tortue molle à épines a une stratégie de reproduction reposant sur de forts taux de survie des adultes, qui compensent les faibles taux de recrutement, pour les raisons suivantes :

  1. maturité sexuelle tardive (autour de 12-15 ans chez les femelles des populations locales nordiques, et longévité de 50 ans);
  2. taux élevé de prédation naturelle des œufs et des juvéniles de moins de deux ans;
  3. besoin de conditions environnementales particulières pour le développement interne des œufs;
  4. incubation externe des œufs sans soins parentaux.

En raison de ces caractéristiques biologiques, les populations de tortues, dont celle de tortues molles à épines, ne peuvent pas s’ajuster à une augmentation du taux de mortalité des adultes. Des études à long terme ont révélé que ces animaux ont besoin d’un taux élevé de survie des adultes (et particulièrement des femelles) pour maintenir leurs populations, de sorte qu’il suffit d’une augmentation de 2 ou 3 % du taux annuel de mortalité des adultes pour provoquer une diminution d’effectif (Congdon et al., 1993, 1994; Cunnington et Brooks, 1996).

Au Canada, la tortue molle à épines se trouve à la limite nord-est de son aire de répartition (figure 1). Les conditions climatiques requises pour la survie de la tortue molle à épines limitent son aire de répartition dans les régions nordiques (Hutchinson et al., 1966; McKenney et al., 1998). Le climat joue un rôle essentiel dans le recrutement, car l’incubation des œufs exige des conditions que seul l’environnement peut procurer. Le temps d’incubation constitue un facteur limitatif important pour les populations de tortues des régions nordiques (Brooks, 2007), où le court été permet normalement une seule ponte par année, et réduit la probabilité qu’une ponte connaisse une éclosion une année donnée. On sait qu’il arrive que deux pontes aient lieu certaines années au Canada (COSEWIC, 2016), mais les taux de recrutement peuvent varier d’une année à l’autre selon les conditions météorologiques, en particulier durant l’été.

La disponibilité de sites d’hibernation convenables constitue un autre facteur limitatif important. L’espèce est relativement intolérante aux conditions anoxiques durant l’hiver, et la couverture de glace est présente plus longtemps au nord (Ultsch et Cochran, 1994).

3.5 Importance de l’espèce sur le plan culturel

Les tortues jouent un rôle important dans les croyances et les cérémonies spirituelles des Autochtones. Pour les Premières Nations, la tortue est un maître, qui possède de vastes connaissances. Elle joue un rôle fondamental dans l’histoire de la Création, car elle a permis à la Terre d’être formée sur sa dossière. Pour cette raison, la plupart des Premières Nations appellent traditionnellement l’Amérique du Nord « île de la Tortue » (Bell et al., 2010).

4 Menaces

Les menaces pesant sur la tortue molle à épines peuvent varier régionalement et localement à l’intérieur de l’aire de répartition de l’espèce au Canada. Toutefois, l’information présentée au tableau 1 constitue une évaluation générale des menaces qui pèsent sur la tortue molle à épines au Canada. Lorsque de l’information est connue sur l’importance d’une menace à l’échelle locale, des renseignements additionnels sont fournis dans la description de la menace, sous le tableau 1.

4.1 Évaluation des menaces

Tableau 1. Tableau d’évaluation des menaces
Information sur les menaces Menace Niveau de préoccupationa Étendueb Occurrence Fréquence Gravitéc Certitude causaled
Perte ou dégradation de l’habitat Aménagement/altération de l’habitat riverain et fluvial Élevé Généralisée Historique et courante Récurrente Élevée Élevée
Perte ou dégradation de l’habitat Gestion des niveaux d’eau Élevé Généralisée Historique et courante Récurrente Élevée Élevée
Perte ou dégradation de l’habitat Élevage de bétail Moyen Localisée Historique et courante Saisonnière Élevée Élevée
Mortalité accidentelle Collisions avec des bateaux Élevé Généralisée Courante Saisonnière Élevée Élevée
Mortalité accidentelle Prises accessoires Moyen Généralisée Courante Saisonnière Modérée Moyenne
Changements dans la dynamique écologique ou dans les processus naturels Prédateurs favorisés par les activités humaines Élevé/moyen Généralisée Courante Saisonnière Élevée Élevée
Utilisation des ressources biologiques Capture illégale Élevé Généralisée Courante Saisonnière Modérée Élevée
Espèce ou génome exotique, envahissant ou introduit Espèces exotiques et envahissantes Élevé/faible Généralisée Courante et anticipée Continue Élevée/faible Moyenne/faible
Perturbation ou dommage Perturbations associées aux activités humaines Moyen Généralisée Courante Saisonnière Modérée Moyenne
Pollution Contamination et apport de nutriments Moyen/faible Localisée Courante Continue/saisonnière Inconnue Moyenne/faible
Climat et catastrophes naturelles Changements climatiques Faible Généralisée Anticipée Continue Inconnue Faible

a Niveau de préoccupation : indication du degré d’importance (élevé, moyen ou faible) de la gestion de la menace pour le rétablissement de l’espèce, au regard des objectifs en matière de population et de répartition. Ce critère prend en considération l’ensemble de l’information présentée dans le tableau.
Différence d’évaluation entre provinces : L’indication de deux cotes pour un élément signifie une différence d’évaluation entre les deux provinces (Ontario/Québec, dans cet ordre).

b Étendue : indique l’échelle spatiale à laquelle la menace touche la population canadienne (localisée : la menace touche de petites zones dans l’aire de répartition canadienne; généralisée : la menace touche la majeure partie de l’habitat dans l’aire de répartition canadienne

c Gravité : importance de l’effet de la menace à l’échelle de la population (élevée : effet très important à l’échelle de la population, modérée, faible, inconnue).

d Certitude causale : indication du caractère probant des données concernant l’existence de la menace (élevée : les données disponibles relient fortement la menace à des sources de stress pesant sur la viabilité de la population; moyenne : il y a une corrélation entre la menace et la viabilité de la population, par exemple selon l’opinion de spécialistes; faible : la menace est présumée ou plausible).

4.2 Description des menaces

Cette section décrit les menaces présentées dans le tableau 1 et en souligne les principaux éléments. Les menaces sont présentées individuellement, mais il importe de tenir compte de l’effet cumulatif à long terme de ces menaces variées sur les populations locales de tortues molles à épines. Il est à noter que certaines menaces ne se manifestent que durant la saison d’activité de l’espèce, en entraînant une mortalité directe, une élimination, une mutilation ou une capture illégale d’individus. Parmi les mécanismes par lesquels les menaces peuvent affecter les populations locales de tortues molles à épines, l’isolement par perte et fragmentation d’habitat est particulièrement préoccupant, car il réduit ou élimine la dispersion, ce qui limite la possibilité d’immigration de source externeNote de bas de page 32 là où elle existe.

Perte, dégradation ou fragmentation de l’habitat

Aménagement/altération de l’habitat riverain et fluvial

La perte et la dégradation de l’habitat sont des menaces hautement préoccupantes pour les populations locales de tortues molles à épines. Leur habitat en milieux riverainsNote de bas de page 33 et aquatiques ont été et sont toujours dégradés, entre autres par l’altération des rives, la construction et l’entretien des routes, la construction de ponts et de barrages, l’urbanisation, et les activités agricoles intensives (COSEWIC, 2016). L’aménagement illégal (p. ex. la dérivation de cours d’eau, l’excavation d’étangs et l’installation de quais) est également préoccupant, en particulier lorsque cet aménagement a lieu à l’intérieur ou à proximité des habitats de nidification ou de thermorégulation.

La dégradation de l’habitat en milieux riverains réduit la disponibilité des sites convenables à la nidification et à l’exposition au soleil (référence retirée). Une telle dégradation de l’habitat peut également réduire le nombre de sites d’hivernage et accroître le nombre de prédateurs (voir par exemple Ernst et Lovich, 2009). Dans de nombreuses régions, les berges sont durcies pour empêcher l’érosion, souvent à l’aide de murs de métal ou de béton, ou d’enrochementsNote de bas de page 34 (référence retirée; référence retirée). Ce durcissement des rives empêche la tortue molle à épines de réaliser certaines fonctions vitales essentielles (p. ex. nidification, recherche de nourriture et exposition au soleil) le long de grands segments d’habitat autrefois disponible, ce qui risque au final de mener à un déclin de l’abondance de la population locale (référence retirée). Par exemple, les rives naturelles présentent une plus grande quantité de végétation émergente et aquatique que les rives aménagées (Radomski et Goeman, 2001), et ces caractéristiques de l’habitat sont essentielles pour la tortue molle à épines durant la saison active (référence retirée). Les activités de construction associées à ce type d’aménagement peuvent aussi entraîner la mortalité directe de tortues.

Le dragage peut nuire directement ou indirectement aux tortues. Des individus peuvent être extraits de leurs sites d’hivernage et/ou être tués par la machinerie lourde utilisée durant le dragage. Les sites d’hivernage pourraient également être détruits par le dragage. L’altération de la qualité de l’eau (attribuable à la charge sédimentaire dans les cours d’eau) et les changements morphologiques des cours d’eau pourraient quant à eux modifier la composition et la disponibilité des proies (Bodie, 2001).

La perte d’habitat attribuable au développement et à l’agriculture est importante en ce qui concerne la tortue molle à épines (COSEWIC, 2016), et une partie de cette perte d’habitat est irréversible, ce qui signifie que la remise en état n’est plus une approche viable. Le remblayage ou l’assèchement de milieux humides à de telles fins élimine effectivement de l’habitat de la tortue, en particulier des habitats d’exposition au soleil et d’alimentation (référence retirée).

Certaines techniques communément utilisées pour la gestion des cours d’eau et des zones riveraines, comme la réduction des embâcles créés par l’accumulation de chicots/billes, l’assèchement des rives, la canalisation, la réduction des barres de sable et des plages et l’aménagement de réservoirs peuvent nuire aux tortues (Bodie, 2001). La tortue molle à épines est particulièrement touchée par la réduction des barres de sable et des plages, qui réduit à son tour la disponibilité de sites de nidification convenables et modifie l’écoulement de l’eau et la dispersion des sédiments (COSEWIC, 2016).

Gestion des niveaux d’eau

Les ouvrages de régularisation des eaux (p. ex. barrages hydroélectriques, écluses) peuvent entraver les déplacements des tortues dans les milieux aquatiques et, par conséquent, accroître la fragmentation de l’habitat et empêcher l’accès des tortues à de l’habitat convenable (Bennett et al., 2010). Ces ouvrages sont particulièrement préoccupants pour les espèces de tortues hautement aquatiques, comme la tortue molle à épines, qui utilisent fréquemment le milieu aquatique pour se déplacer et se disperser, et pour qui la construction d’ouvrages de régularisation des eaux contribue potentiellement à l’isolement de populations locales (Edmonds, 2002; Bennett et al., 2010). L’isolement de populations locales pourrait compromettre l’immigration de source externe à moyen terme, ce qui pourrait augmenter la probabilité de disparition de populations locales (Stockwell et al., 2003; Marchand et Litvaitis, 2004). À long terme, une capacité réduite des individus de se disperser avec succès pourrait entraîner une réduction de la diversité génétique (Gray, 1995). La perte de variation génétique au sein des petites populations isolées peut à son tour réduire la valeur adaptative (fitness) et l’adaptabilité de ces populations et donc accroître le risque de disparition en cas de catastrophe ou d’épidémieNote de bas de page 35 (Frankham, 1995; Reed et Frankham, 2003). On a également observé un petit nombre de tortues molles à épines escalader l’enrochement autour d’un barrage, se blessant ou se retrouvant sur une route (Gillingwater, comm. pers., 2016). Comme les retenues d’eau en amont des barrages ne constituent pas de l’habitat approprié, les tortues molles à épines reviendraient probablement de l’autre côté (Gillingwater, comm. pers., 2012). Ainsi, ces ouvrages constitueraient un danger pour l’espèce même lorsqu’ils ne forment pas une barrière à ses déplacements.

Certaines opérations de régularisation des eaux nuisent également à l’habitat des tortues en modifiant les niveaux d’eau en amont et en aval, influant ainsi sur la profondeur des sites d’hivernage et la disponibilité des habitats de nidification, d’exposition au soleil et d’alimentation. Par exemple, l’utilisation de barrages pour maîtriser les crues pourrait nuire à l’espèce en réduisant l’érosion des rives (élimination de végétation riveraine) par les débits de pointe et donc la superficie de sol exposé convenant à la nidification (Seburn, 2007). La régularisation des eaux peut également avoir des effets sur le régime d’écoulement en aval, ce qui modifie le transport des sédiments, les propriétés thermiques, les niveaux d’eau et les concentrations d’oxygène, qui sont tous des facteurs susceptibles d’influer sur le caractère convenable de l’habitat, en particulier durant l’hibernation.

La fluctuation des niveaux d’eau causée par les opérations de régularisation des eaux peut également entraîner une mortalité directe. Par exemple, les niveaux d’eau accrus au printemps et à l’été peuvent noyer les nids (et tuer les embryons), car les nids sont habituellement creusés près de l’eau. En revanche, une baisse des niveaux d’eau pendant l’hiver peut entraîner le gel (et la mort) des tortues hivernantes (Ewert, 1979). Les épisodes de crues aggravés par la présence d’ouvrages de régularisation des eaux le long de deux systèmes fluviaux majeurs sont de plus en plus responsables de la perte complète de pontes durant une saison (Équipe de rétablissement de la tortue-molle à épines au Québec, 2014; COSEWIC, 2016;). De 2008 à 2011, à cause des tempêtes, tous les sites de nidification (sauf un, qui avait été piétiné par du bétail) sont demeurés submergés pendant le développement des embryons, noyant ainsi tous les embryons (Ewert, 1979; COSEWIC, 2016).

Les petits ouvrages de régularisation des eaux qui servent à remettre en état des milieux humides peuvent favoriser la tortue molle à épines, mais ils peuvent aussi endommager ou détruire son habitat si leur conception ne tient pas compte des besoins de l’espèce en matière d’habitat. Si un tel ouvrage assure le maintien d’un habitat convenable pour toutes les tortues présentes, l’ouvrage n’est pas considéré comme une menace pour l’espèce.

Élevage de bétail

L’élevage de bétail est préoccupant à certains endroits réputés abriter la tortue molle à épines. La présence de bétail sur la rive ou à proximité de cette dernière dégrade l’habitat de nidification en compactant le sol et en érodant les berges. De plus, le piétinement pourrait écraser des nids et des individus. Selon le COSEPAC (COSEWIC, 2016), les principaux sites de nidification connus de la tortue molle à épines dans deux réseaux fluviaux majeurs sont touchés par cette menace.

Mortalité accidentelle

Collisions avec des bateaux

Pendant qu’elles sont dans l’eau, les tortues risquent d’être blessées ou tuées en entrant en collision avec des bateaux et/ou des hélices (Burger et Garber, 1995; Smith et al., 2006; référence retirée; Bulté et al., 2010; Bennett et al., 2014). Les mortalités de tortues attribuables aux impacts avec des embarcations motorisées, même dans les plans d’eau où le trafic est faible à modéré (par rapport à « élevé ») peuvent entraîner le déclin d’une population locale de tortues d’eau douce (Bulté et al., 2010). Bien qu’aucune recherche s’intéressant aux blessures et aux mortalités attribuables aux collisions avec des embarcations motorisées ne soit disponible en ce qui concerne la tortue molle à épines en Ontario, des recherches ont été menées sur cette menace pour d’autres espèces de tortues aquatiques de l’Ontario. Une étude portant sur les effets de la navigation de plaisance sur les populations de tortues géographiques dans deux localités en Ontario a révélé que 8,3 et 3,8 % des individus des deux localités présentaient des blessures dues à des hélices. Si plus de 10 % de ces collisions entraînent la mort des tortues, une disparition rapide de la population est possible (Bulté et al., 2010). Comme la tortue molle à épines et la tortue géographique ont des habitudes aquatiques semblables, cette étude laisse croire que les collisions avec des hélices sont susceptibles de constituer une menace pour la tortue molle à épines dans son aire de répartition canadienne. Dans une localité du Québec, la mortalité due à des accidents liés à des activités récréatives, comme des blessures découlant de collisions avec des hélices, constitue une préoccupation pour une population locale de tortues molles à épines, lorsqu’on tient compte également de l’altération de l’habitat et d’autres menaces (référence retirée).

Comme de nombreuses tortues molles à épines nicheuses au Canada vivent dans des plans d’eau de grande étendue où le trafic d’embarcations motorisées est élevé, cette menace est à la hausse, et bon nombre des populations locales sont touchées par la navigation de plaisance (COSEWIC, 2016). De plus, la tortue molle à épines est plus vulnérable à cette menace, car elle s’expose régulièrement au soleil loin des rives, en flottant à la surface de l’eau, et se trouve ainsi à très haut risque de collision avec des bateaux, en comparaison avec d’autres espèces de tortues qui s’exposent rarement ou peu fréquemment au soleil de cette façon (p. ex. tortue mouchetée).

Prises accessoires

Les prises accessoires dans le cadre des pêches commerciale et récréative en eau douce constituent une menace sous-estimée, mais bien réelle pour les tortues (Raby et al., 2011). Les tortues peuvent être prises accidentellement dans les lignes de pêche récréative, dans les pièges à poissons commerciaux ou les pièges destinés à la recherche scientifique, ou encore dans des filets, et se noyer. Comme il arrive souvent que les filets ne soient pas vérifiés pendant plusieurs jours, le taux de noyade des tortues est élevé. Le taux de mortalité est suffisant pour causer la disparition de populations locales de tortues (Midwood et al., 2014). Les tortues qui survivent sans se noyer dans les filets peuvent montrer des signes de blessures, lesquelles les rendent susceptibles de mourir plus tard (Stoot et al., 2013).

Des études menées dans l’est de l’Ontario et dans le fleuve Mississippi (aux États-Unis) ont révélé que les techniques de pêche passives (p. ex. verveux) peuvent entraîner une grande quantité de prises accessoires de tortues (référence retirée; Carrière, 2007; Larocque et al., 2012a). Par exemple, Larocque et al. (2012b) ont observé que quatre espèces de tortues constituaient au moins 93 % des prises accessoires d’animaux autres que des poissons. Un haut taux de mortalité (33 %) de tortues a également été rapporté dans des filets déployés dans un lac de l’Ontario (référence retirée). Il est souvent recommandé de s’assurer qu’une partie du filet demeure hors de l’eau afin de réduire la mortalité de tortues. Toutefois, même si l’on suit cette recommandation, les tortues ont tendance à se rendre dans le dernier compartiment du filet, qui est ancré au fond et qui peut donc être complètement submergé (Thompson, comm. pers., in Seburn, 2007), et risquent ainsi de se noyer.

En plus de risquer d’être prises accessoirement dans les filets de pêche commerciale, les tortues risquent de se blesser et de mourir en avalant les hameçons des pêcheurs récréatifs. Les pêcheurs relâchent souvent les tortues hameçonnées en coupant la ligne; l’hameçon demeure donc dans le corps de la tortue (référence retirée; référence retirée). L’hameçon et le fil de nylon peuvent causer d’importantes lacérations dans le tube digestif et les poids de plomb peuvent causer un empoisonnement (Borkowski, 1997). En 2005 seulement, trois tortues molles à épines ont été trouvées avec des lignes de pêche dans la gorge dans le sud de l’Ontario (Gillingwater, 2008) et, depuis, on signale au moins un individu ainsi hameçonné par année dans le sud de l’Ontario (Gillingwater, comm. pers., 2016). Des tortues molles à épines sont retrouvées mortes, ou vivantes avec un hameçon pris en elles (Gillingwater pers. comm. 2016). Même un hameçon dissolvant peut causer à une tortue une blessure potentiellement mortelle avant qu’il se dissolve (Gillingwater, comm. pers., 2016). Une étude menée au Tennessee a permis d’observer que 4 % des mâles et 6 % des femelles de l’espèce avaient ingéré des hameçons (Steen et al., 2014).

Modifications de la dynamique écologique ou des processus naturels

Prédateurs favorisés par les activités humaines

Dans bon nombre de régions, la faible densité ou l’absence de prédateurs occupant le sommet des chaînes alimentaires ainsi que la disponibilité accrue de nourriture et d’habitat liée aux activités humaines (p. ex. nourriture donnée aux animaux, déchets, cultures, sources d’eau, abris pour se cacher) ont mené à une plus grande abondance de prédateurs de tortues que ce que les conditions naturelles auraient pu soutenir dans le passé (Mitchell et Klemens, 2000). Les principaux prédateurs de la tortue molle à épines sont le raton laveur (Procyon lotor), le coyote (Canis latrans), la moufette rayée (Mephitis mephitis), le vison d’Amérique (Neovison vison) et le renard roux (Vulpes vulpes) (COSEWIC, 2016; référence retirée). Les femelles adultes sont plus susceptibles que les mâles d’échapper à la prédation en raison de leur plus grande taille et de leur plus grande rapidité de déplacement (référence retirée). Les œufs et les juvéniles sont les plus vulnérables à la prédation, et sont chassées par une grande variété de prédateurs, notamment des mammifères, des oiseaux, d’autres reptiles, des amphibiens et des poissons (référence retirée). Les nids de la tortue molle à épines font souvent l’objet de prédation par des ratons laveurs, des coyotes, des moufettes rayées et des renards roux (Ernst et Lovich, 2009; référence retirée).

Le taux anormalement élevé de nombreuses populations de prédateurs peut mener à des taux de prédation insoutenables pour les tortues (œufs, juvéniles, adultes). Par exemple, un taux de prédation de 100 % des nids de la tortue molle à épines non protégés a été enregistré dans un parc provincial en Ontario (référence retirée; référence retirée) et au plus grand site de nidification communal connu au Canada (Gillingwater, comm. pers., 2016). Dans trois sites en Ontario (à l’intérieur d’un parc provincial), le taux de survie des œufs jusqu’à l’éclosion était de 85,4, de 70,8 et de 30,9 % dans le cas des nids protégés, et de 61 et 47,3 % respectivement dans le cas des nids naturels dans les deux premiers sites (De Solla et al., 2003).

Au Québec, l’information disponible laisse croire que cette menace pourrait être moins préoccupante pour certaines populations locales. Par exemple, aucun prédateur n’a été observé durant les activités de suivi visant un important site de nidification communal, au printemps 2014 (S. Giguère, comm. pers., 2015).

Des méthodes visant à contrer les taux élevés de prédation (comme la protection des nids par des cages d’exclusion des prédateurs) ont été élaborées et utilisées avec plus ou moins de succès (Seburn, 2007; Riley et Litzgus, 2013). Toutefois, dans de nombreux cas, il serait difficile et coûteux d’appliquer ces méthodes (notamment l’installation de dispositifs d’exclusion des prédateurs au-dessus des nids de tortue) à l’échelle requise pour protéger les populations locales de cette menace.

Utilisation des ressources biologiques

Capture illégale

Dans le monde entier, de nombreuses espèces de tortues sont touchées par la capture d’individus et par la capture systématique à grande échelle pour utilisation comme animaux de compagnie, aliments et remèdes traditionnels (Thorbjarnarson et al., 2000; Bodie, 2001; référence retirée; Moll et Moll, 2004). Le taux d’exportation de tortues d’eau douce, pour leur commerce comme animaux de compagnie ou aliments, est élevé aux États-Unis (Mali et al., 2014). Par exemple, de 1999 à 2014, environ 700 000 tortues molles à épines ont été exportées légalement à des fins commerciales, dont 13 % ont été capturées dans la nature (U.S. Fish and Wildlife Service, 2014). La tortue molle à épines était l’une des espèces communes du marché de l’exportation des États-Unis de 1989 à 1997 (Moll et Moll, 2004). Un grand nombre d’adultes (principalement des femelles) ont été exportés depuis les États-Unis vers des marchés précis depuis la fin des années 1990, tout comme de grandes quantités de nouveau-nés (Van Dijk, 2013). Kopecký et al. (2013) ont analysé le commerce des tortues d’eau douce de compagnie dans l’Union européenne : parmi les 15 espèces de tortues les plus commercialiséesNote de bas de page 36, la tortue molle à épines se situait au 8e rang, avec une estimation de 27 035 individus importés depuis les États-Unis de 2008 à 2012. On peut s’attendre à ce que le taux de commerce illégal soit également élevé au Canada étant donné la demande dans ce commerce lucratif. Les espèces de reptiles classées comme en péril sont plus susceptibles de faire l’objet d’un commerce international comme animaux de compagnie que celles qui ne sont pas considérées comme en péril (Bush et al., 2014), du fait que les espèces sauvages rares sont particulièrement recherchées (Courchamp et al., 2006).

Au Canada, la capture, le commerce et la possession de tortues molles à épines sont illégaux aux termes des lois fédérales et provinciales. Néanmoins, on a rapporté que des braconniers capturaient des tortues molles à épines adultes et leurs œufs à des fins alimentaires en Ontario (référence retirée). En mars 2013, un journal de Toronto faisait état d’un restaurant ayant en sa possession 31 tortues molles à épines dans ses congélateurs (The Star, 2013). Ce type d’activité pourrait indiquer une forte demande pour cette espèce dans le marché de l’alimentation.

La capture illégale de tortues molles à épines retire des individus de la population, ce qui, vu la stratégie reproductive de l’espèce (longévité extrême, faibles taux de recrutement), pourrait grandement réduire le taux de recrutement (COSEWIC, 2016). L’élimination annuelle, ne serait-ce que de quelques individus d’une population locale, peut avoir un impact important. L’ampleur de la récolte illégale organisée de tortues molles à épines fait l’objet de peu d’études au Canada.

Espèces exotiques, envahissantes ou introduites

Espèces exotiques et envahissantes

L’introduction de plantes exotiques envahissantes peut altérer la disponibilité et la qualité de l’habitat pour la tortue molle à épines. Dans certaines régions, particulièrement autour des lacs Érié, Huron et Sainte-Claire, et le long de certains cours d’eau importants, le roseau commun (Phragmites australis) a envahi des rives, formant des peuplements monospécifiquesNote de bas de page 37 qui ont altéré les conditions de l’habitat d’alimentation et de l’habitat de nidification, forçant les femelles à utiliser d’autres sites de ponte (référence retirée; Gillingwater, comm. pers., 2012). Les plantes envahissantes ont tendance à former des peuplements denses qui empiètent sur les autres espèces et qui réduisent progressivement chaque année la superficie disponible pour les sites de nidification (COSEWIC, 2016). En outre, l’expansion du réseau routier favorise la propagation des espèces végétales envahissantes, ce qui est particulièrement le cas dans le sud de l’Ontario (Gelbard et Belnap, 2003).

Les tortues nidifient en terrain ouvert, sans ombrage, bien exposé à la chaleur du soleil. Dans une étude menée le long du lac Érié, en Ontario, il a été observé que le roseau commun non indigène avait réduit la quantité d’habitat de nidification convenable pour de nombreuses espèces de tortues, sa propagation ayant accru la quantité d’ombre et ainsi altéré le microenvironnement (particulièrement le microenvironnement thermique) des nids de tortues durant la période d’incubation (référence retirée). La perte d’habitat de nidification convenable pour les tortues due à la présence de plantes envahissantes non indigènes, notamment le roseau commun non indigène, le houblon du Japon (Humulus japonicus) et la salicaire commune (Lythrum salicaria), a également été observée sur de nombreux autres rivages dans le sud de l’Ontario (Gillingwater, comm. pers., 2012). Le roseau commun et le houblon du Japon continuent de causer la perte de grandes parties de l’habitat de nidification de la tortue molle à épines dans le sud-ouest de l’Ontario (Gillingwater, comm. pers., 2016). La glycérie aquatique (Glyceria maxima) pourrait également avoir un impact sur la tortue molle à épines.

Les espèces envahissantes sont considérées comme une menace importante dans toute l’aire de répartition canadienne de la tortue molle à épines (COSEWIC, 2016). Toutefois, les espèces envahissantes ne touchent pas les populations locales existantes du Québec autant que d’autres populations locales, probablement parce que les populations du Québec sont plus isolées et que la navigation commerciale y est moins intense (référence retirée). Par conséquent, la gravité et le niveau de préoccupation des espèces envahissantes sont cotés élevés-faibles (tableau 1).

Perturbation ou dommage

Perturbations associées aux activités humaines

Les activités humaines peuvent nuire de nombreuses façons à la tortue molle à épines. Parce que l’espèce se méfie des humains, le simple fait de s’approcher de ses individus pendant qu’ils s’exposent au soleil peut faire en sorte qu’ils quittent leur site d’exposition pour retourner dans l’eau. Si la perturbation devient répétitive, il en résulte une perte de chaleur qui peut retarder le développement des œufs dans le corps des femelles et nuire à d’autres activités du cycle vital chez les deux sexes et chez toutes les classes d’âge (p. ex. métabolisation de la nourriture, émergence printanière) (Bulté et Blouin-Demers, 2010). De plus, la présence d’humains et/ou de bateaux peut retarder ou interrompre la nidification, et les femelles peuvent abandonner leurs nids, ce qui les rend plus vulnérables à la prédation (Horne et al., 2003; Moore et Seigel, 2006; références retirées). Les perturbations répétées dans les sites de nidification peuvent également forcer les femelles à utiliser des sites de nidification de moindre qualité (Moore et Seigel, 2006), ce qui à son tour peut ralentir l’incubation et réduire le taux d’éclosion des œufs (Horne et al., 2003). En Ontario, un sentier asphalté a été construit à côté d’un site connu de thermorégulation et de nidification, et, même s’il reste de l’habitat convenable, l’espèce a abandonné le site ces dernières années, probablement en raison de la présence accrue d’humains (Gillingwater, comm. pers., 2016). Les espèces qui passent le plus clair de leur temps dans des plans d’eau de grande superficie, notamment la tortue molle à épines, pourraient être plus vulnérables aux perturbations ou aux blessures, car la navigation de plaisance, le ski nautique et d’autres sports nautiques sont souvent pratiqués dans l’aire de répartition canadienne de l’espèce. Les activités menées sur les plages de nidification (p. ex. utilisation de véhicules tout-terrain) peuvent également dissuader les femelles d’y pondre (référence retirée) et entraîner un risque de piétinement des nids ou des nouveau-nés (référence retirée). La translocation de tortues (p. ex. personnes qui prennent des tortues pour les observer et qui les remettent dans la nature à un autre endroit que celui où les individus ont été capturés) d’un plan d’eau à un autre par des humains peut accroître le stress ou la présence de menaces (p. ex. réseaux routiers) lorsque les tortues tentent de retourner à leur site d’origine ou de trouver des milieux leur permettant de mener certaines activités liées à leur cycle vital (p. ex. pour se nourrir ou pour hiverner) (Gillingwater, comm. pers., 2012).

La tortue molle à épines pourrait faire l’objet de harcèlement et de persécution délibérés par des humains. Par exemple, il arrive que des gens lancent des roches aux tortues, qu’ils ciblent des individus avec des armes à feu, et qu’ils roulent volontairement sur des individus avec leur véhicule (voir par exemple Horne et al., 2003; Ashley et al., 2007; référence retirée). Des observateurs ont également été témoins de la destruction délibérée d’œufs (Horne et al., 2003; Gillingwater, 2008).

Pollution

Contamination et apport de nutriments

L’habitat aquatique de la tortue molle à épines peut être touché par la dégradation de la qualité de l’eau causée par le ruissellement des eaux contaminées provenant de l’agriculture (p. ex. nutriments et pesticides) et de l’industrie (déchets industriels), des routes (p. ex. sels de voirie) et des zones urbaines (p. ex. métaux lourds) (Mitchell et Klemens, 2000; Bishop et al., 2010). La tortue molle à épines peut être vulnérable à l’accumulation de contaminants, mais les effets à long terme de ces derniers sont encore mal compris. Les tortues absorbent les contaminants provenant de l’environnement, et en absorbent aussi dans le cadre de divers processus physiologiques (comme l’alimentation, la respiration, l’absorption par les tissus ou les membranes, notamment par la coquille des œufs) (Bishop et al., 1998). La tortue molle à épines est plus vulnérable aux contaminants que d’autres espèces de tortues en raison de son régime alimentaire et de son aire de répartition (bassin des Grands Lacs et du Saint-Laurent).

Des études récentes montrent que la chaîne alimentaire benthique a peu d’effet sur l’accumulation de mercure chez la tortue peinte et la tortue musquée (référence retirée) et que les concentrations de mercure mesurées dans le sang et les écaillesNote de bas de page 38 n’influent pas sur le taux de parasitisme chez la tortue peinte (Slevan-Tremblay, 2013). Toutefois, l’exposition au mercure pourrait nuire au système immunitaire en réduisant le nombre de lymphocytesNote de bas de page 39. Deux études menées dans le bassin des Grands Lacs ont permis de déceler plusieurs contaminants d’origine industrielle dans des œufs de chélydres serpentines. On a également observé que le taux de développement anormal des embryons augmentait avec l’exposition aux hydrocarbures aromatiques polycycliques (Bishop et al., 1998; Van Meter et al. 2006). Ces études s’intéressaient à d’autres espèces, mais il existe un potentiel d’effets similaires sur la tortue molle à épines, car ces espèces utilisent des habitats semblables et montrent des comportements similaires.

Les apports de sédiments et de matière organique issus de l’érosion et du ruissellement (p. ex. des terres agricoles) peuvent également modifier la qualité de l’eau et la structure de l’habitat, et menacer les populations locales de tortues molles à épines (référence retirée). Le déclin et/ou la disparition de populations de tortues ont été attribués à l’envasement (dépôt continu de limon) dans plusieurs études (Bodie, 2001), notamment le déclin et la disparition possible de l’espèce Apalone mutica et des sous-espèces Kinosternon flavescens ssp. spooneri, en Illinois (Moll, 1980), et le déclin des populations de tortues géographiques (Graptemys geographica) et de tortues molles (Apalone sp.) au Missouri (Johnson, 1992) et au Kansas (Plummer, 1976). Les apports de matière organique et de nutriments peuvent accroître la turbidité de l’eau et réduire la teneur de l’eau en oxygène dissous, ce qui peut nuire à la respiration durant l’hiver. On ignore dans quelle mesure ces conditions peuvent nuire à la tortue molle à épines.

L’augmentation des charges en nutriments associée à l’activité humaine peut favoriser la prolifération de cyanobactéries (algues bleues) dans les eaux fréquentées par les tortues (Carpenter et al., 1998), ce qui peut menacer les tortues, qui risquent d’ingérer les toxines contenues dans les algues. De plus, une augmentation de la charge en nutriments peut mener à une consommation accrue d’oxygène par les bactéries, ce qui peut entraîner des périodes de faible concentration d’oxygène dissous (hypoxie) ou même d’absence totale d’oxygène (anoxie) durant l’hiver. La tortue molle à épines est intolérante aux conditions anoxiques (Reese et al., 2003). Par conséquent, les individus qui hibernent dans des zones où les concentrations d’oxygènes sont appauvries risquent de mourir durant l’hibernation en raison des conditions hypoxiques ou anoxiques.

La contamination des eaux souterraines associée au ruissellement aux sites d’hivernage constitue aussi une préoccupation. Il sera nécessaire de mener des études visant à déterminer l’ampleur des effets de la charge en nutriments sur la tortue molle à épines de manière à préciser le niveau de risque pour les populations locales.

Changements climatiques et catastrophes naturelles

Changements climatiques

Le climat demeure le principal facteur limitatif de la répartition des tortues dans la partie nordique de leur aire de répartition. Vu l’effet du climat sur les taux de recrutement, il est probable que l’évolution du climat de la planète aura une incidence sur les populations de tortues, bien que la nature et l’ampleur générales des effets ne soient pas claires. En Ontario, on prévoit un accroissement de la température moyenne annuelle de 2,5 à 3,7 °C d’ici 2050 (comparativement à la moyenne pour la période 1961-1990), de même que des changements des régimes de précipitation saisonniers (Expert Panel on Climate Change Adaptation, 2009).

Des modifications du régime de précipitations en raison des changements climatiques pourraient causer un abaissement des niveaux d’eau estivaux (Lemmen et al., 2008), et ces niveaux plus bas pourraient à leur tour accroître la disponibilité des sites de nidification. Toutefois, en l’absence de précipitations accrues, l’accroissement des températures et de l’évaporation pourraient se solder par un faible ruissellement (Expert Panel on Climate Change Adaptation, 2009) et un assèchement de milieux humides auparavant permanents. La baisse des niveaux d’eau dans les Grands Lacs pourrait entraîner une perte considérable de milieux humides côtiers qu’utilise la tortue molle à épines. De plus, une diminution de la profondeur de l’eau dans les milieux humides des Grands Lacs contenant des sites d’hivernage pourrait faire augmenter le taux de mortalité des tortues en hibernation.

Des modifications du régime de précipitations en raison des changements climatiques pourraient également accroître la fréquence des épisodes de précipitations extrêmes sous forme de pluie, ce qui pourrait accroître le nombre de cas d’inondation des nids se trouvant sur les rives. Un site de nidification recensé régulièrement au Québec est déjà régulièrement inondé. Si la fréquence et l’intensité des épisodes de précipitations extrêmes sous forme de pluie augmentent dans le futur, comme on le prédit (Expert Panel on Climate Change Adaptation, 2009), il existe des risques que le site de nidification soit inondé encore plus souvent. Un tel phénomène réduirait encore davantage le taux d’éclosion et nuirait au recrutement à la population locale (Équipe de rétablissement de la tortue molle à épines au Québec, 2014). Il faut réaliser d’autres études pour déterminer les effets que les changements climatiques auront sur l’espèce.

5 Objectifs en matière de population et de répartition

L’objectif à long terme (c.-à-d. 50 ans) en matière de population et de répartition est le suivant :

En vue d’atteindre l’objectif à long terme en matière de population et de répartition, le sous-objectif à moyen terme (c.-à-d. 10 à 15 ans) suivant a été établi :

La tortue molle à épines est inscrite à la LEP en raison de sa faible population totale (~1-000 individus matures) et du déclin continu du nombre d’individus matures (COSEWIC, 2016). Il existe de l’incertitude quant au nombre exact de tortues molles à épines au Canada, mais on a observé des baisses d’abondance chez de multiples populations locales dans toute l’aire de répartition canadienne (COSEWIC, 2016). Ces baisses ont donné lieu à la récente réévaluation du statut de l’espèce par le COSEPACNote de bas de page 41 (COSEWIC, 2016), laquelle est fondée sur une réduction estimée de plus de 50 % du nombre d’individus matures au cours des 3 dernières générations (105 ans), ainsi que sur une réduction prévue de plus de 50 % de ce nombre au cours des 3 prochaines générations (COSEWIC, 2016).

Pour assurer le rétablissement de l’espèce au Canada, il faut renverser le déclin des populations locales en éliminant ou en atténuant les menaces qui pèsent sur l’espèce de façon à accroître les populations ainsi que, là où c’est possible, la quantité d’habitat convenable à leur disposition. Les populations locales contribuent à la résilienceNote de bas de page 42 et à la redondanceNote de bas de page 43 de la population canadienne et au maintien de l’aire de répartition de l’espèce. Par conséquent, à moyen terme, la stabilisation des effectifs des populations locales constitue la première étape en vue d’assurer le maintien d’une population canadienne autosuffisante. Les populations locales pour lesquelles il serait nécessaire d’accroître l’abondance comprennent par exemple les suivantes : celles pour lesquelles les données indiquent un évident déclin, celles où de l’habitat convenable a été perdu/dégradé et/ou celles où on a observé que les menaces étaient élevées et nuisibles. Les populations locales pour lesquelles il serait possible d’accroître l’abondance comprendraient celles où le recrutement est extrêmement faible et où des techniques de rétablissement éprouvées peuvent atténuer les menaces. En outre, le maintien de la connectivité au sein de populations locales exemptes de barrières permanentes et entre ces populations accroîtra leur stabilité puisque l’immigration de sources externes pourra jouer un rôle dans la persistance de l’espèce là où son recrutement est faible. À long terme, le maintien de populations locales autosuffisantes dans toute l’aire de répartition assurera le maintien de la répartition de l’espèce, sa survie et son rétablissement au Canada. Afin de maintenir des populations locales autosuffisantes à long terme, l’augmentation de l’habitat convenable disponible et accessible en amont et en aval des populations locales existantes permettra à celles-ci de s’étendre et pourrait accroître la connectivité en leur sein.

Cette espèce longévive présente des besoins écologiques précis, des besoins complexes en ce qui a trait à son cycle vital, et une capacité limitée de compenser la perte d’individus par la reproduction ou le recrutement depuis des populations locales adjacentes. Par conséquent, des stratégies et des approches générales, entreprises sur plusieurs fronts et dans de vastes régions, seront nécessaires pour atteindre l’objectif en matière de population et de répartition. Ces approches et stratégies comprennent la mise en place d’outils administratifs, la réduction du taux de mortalité des individus, la protection, la gestion et la remise en état de l’habitat, l’amélioration du taux de recrutement, la communication, la sensibilisation et l’intendance, la réalisation de relevés et d’activités de suivi, et la recherche.

Il faut obtenir plus de données de référence sur les effectifs et les tendances des populations locales pour déterminer quelles populations sont menacées ou en déclin, et établir des cibles quantitatives pour le rétablissement. À la lumière de données récentes (réévaluation du statut de l’espèce par le COSEPAC en 2016), l’importance des mesures de rétablissement augmente, notamment la recherche pour combler les lacunes dans les connaissances. Lorsqu’il y a des incertitudes dans les données, les décisions en matière de planification de la conservation et de protection devraient être fondées sur le principe de précaution et des données probantes.

6 Stratégies et approches générales pour l’atteinte des objectifs

6.1 Mesures déjà achevées ou en cours

À l’échelle nationale, la Société d’herpétologie du Canada (SHC) est le principal organisme sans but lucratif qui se consacre à la conservation des amphibiens et des reptiles, y compris les tortues, en menant des études scientifiques, des programmes d’éducation du public et des projets communautaires, en effectuant la compilation et l’analyse de données historiques et en réalisant des projets de conservation ou de remise en état de l’habitat.

Environnement et Changement climatique Canada finance des projets liés à la conservation des tortues au Québec et en Ontario dans le cadre du Programme d’intendance de l’habitat (PIH) et du Fonds autochtone pour les espèces en péril (FAEP) depuis 2001, et finance de tels projets dans le cadre du Fonds interministériel pour le rétablissement (FIR) depuis 2004. Ces projets comprennent des activités telles que la réalisation de relevés, la détermination des milieux importants pour les populations locales, l’étude de la gravité des menaces et/ou l’atténuation des menaces, la sollicitation d’observations auprès de la population et l’incitation du public à signaler la découverte de tortues, ainsi que l’éducation des propriétaires fonciers et du grand public en ce qui concerne l’identification des espèces, les menaces pesant sur elles et les options en matière d’intendance. Du financement fédéral a contribué à plusieurs des initiatives décrites plus bas.

Ontario

Une équipe de rétablissement multi-espèces des tortues en péril de l’Ontario a été créée au début des années 2000 par un groupe de personnes intéressées par le rétablissement des tortues. Cette équipe s’est concentrée sur six espèces de tortues en péril : la tortue mouchetée (Emydoidea blandingii), la tortue musquée (Sternotherus odoratus), la tortue géographique (Graptemys geographica), la tortue molle à épines, la tortue ponctuée (Clemmys Guttata) et la tortue des bois (Glyptemys insculpta). Ce groupe a coordonné et entrepris diverses activités de rétablissement, comme des programmes d’éducation et de sensibilisation sur les reptiles et diverses initiatives de gestion, par exemple des projets de protection des nids et de remise en état des sites de nidification (Seburn, 2007).

Le ministère des Richesses naturelles et des Forêts de l’Ontario (MRNF) a financé de nombreux projets de conservation et d’intendance visant des espèces de tortues en Ontario par l’entremise du Fonds d’intendance des espèces en péril de l’Ontario et d’autres programmes de financement provinciaux.

Depuis 2009, Ontario Nature coordonne l’élaboration d’une nouvelle édition de l’atlas des reptiles et des amphibiens de l’Ontario, et collabore avec le Centre d’information sur le patrimoine naturel (CIPN, centre provincial de données sur la conservation de l’Ontario) et d’autres organisations. Ce projet, dans le cadre duquel on demande au public, aux chercheurs et aux organismes gouvernementaux et non gouvernementaux de fournir des mentions d’occurrence, contribue à l’amélioration des connaissances sur la répartition et la situation des reptiles et des amphibiens en Ontario, ce qui comprend la tortue molle à épines, en Ontario (Ontario Nature, 2012; Crowley, comm. pers., 2012).

Plusieurs programmes d’inventaire, relevés et de suivi à grande échelle visant les tortues, dont la tortue molle à épines, ont été mis sur pied en Ontario, comme l’Ontario Turtle Tally (Zoo de Toronto), le Kawartha Turtle Watch (Trent University), des initiatives de relevé ou de suivi de Conservation de la nature Canada ainsi que des programmes de relevé et de suivi locaux (menés, par exemple, par l’Office de protection de la nature de la rivière Thames supérieure). En outre, des études ont été menées sur la tortue molle à épines dans diverses régions de l’Ontario pour combler certaines lacunes sur le plan des connaissances, y compris des études sur les domaines vitaux, la taille des populations locales, la prédation, la démographie, l’utilisation de l’habitat, et l’écologie de la nidification (voir par exemple référence retirée; De Solla et al., 2003; référence retirée; référence retirée; référence retirée; référence retirée; Galois et al., 2010, 2011, 2012; référence retirée; référence retirée; référence retirée; référence retirée; Rioux et Desroches, 2007).

De nombreux organismes et agences offrant des programmes de sensibilisation/formation sur les espèces de tortues en péril aux groupes scolaires, aux Premières Nations et au grand public (p. ex. Scales Nature Park, le Reptiles at Risk on the Road Project, la Georgian Bay Biosphere Reserve [et anciennement le Georgian Bay Reptile Awareness Program], Ontario Nature, le MRNF, Parcs Ontario et l’Office de protection de la nature de la rivière Thames supérieure). De plus, les parcs nationaux et les canaux historiques donnent l’occasion à leurs visiteurs d’en apprendre au sujet de la tortue molle à épines ainsi que d’autres tortues en péril présentes un peu partout en Ontario. Le programme de conservation des milieux humides Adopt-a-Pond du Zoo de Toronto est l’un des nombreux projets dans le cadre desquels ont été élaborés des programmes scolaires sur la conservation des tortues, tandis que le programme de conservation Turtle Island du Zoo de Toronto encourage la conservation des tortues et la sensibilisation à celles-ci auprès des Premières Nations et de groupes non autochtones. L’organisme Turtle SHELL (Safety, Habitat, Education and Long Life) a quant à lui préparé des brochures et installé des panneaux de traverses de tortues. En 2004, l’Office de protection de la nature de la rivière Thames supérieure a rédigé un guide intitulé Stewardship of the Spiny Softshell Turtle, qui s’adresse aux propriétaires fonciers qui possèdent des terres adjacentes à l’habitat de tortues.

Diverses initiatives de remise en état, d’atténuation des menaces et de conservation ont été entreprises en Ontario au bénéfice de la tortue molle à épines. Par exemple, l’Office de protection de la nature de la rivière Thames supérieure a mené d’importants travaux de rétablissement et d’intendance visant la tortue molle à épines, notamment en localisant et en protégeant des nids. L’Ontario Turtle Trauma Centre (OTTC), à Peterborough, réhabilite aussi les tortues sauvages qui ont été blessées dans l’espoir de les relâcher en bonne santé.

Les populations de tortues bénéficient directement de bon nombre des projets réalisés conformément aux exigences de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition de l’Ontario. Ainsi, les clôtures visant à empêcher le passage des tortues et les écopassages sont dorénavant intégrés dès la conception de la plupart des nouvelles routes traversant un habitat d’espèce de tortue en péril (Ontario Road Ecology Group, 2010; OMNR, 2013).

Québec

Au Québec, les équipes de rétablissement des tortues ont été formées par la Province et existent depuis 1996 (Équipe de rétablissement de la tortue-molle à épines), et l’étendue de leurs travaux a évolué, passant de une à cinq espèces (Équipe de rétablissement de cinq espèces de tortues). Une équipe responsable de la mise en œuvre est également en place pour travailler à la mise en œuvre de mesures de rétablissement établies dans le cadre d’un plan de rétablissement visant cette espèce (Groupe de mise en œuvre pour le rétablissement de la tortue-molle à épines).

Il existe une base de données sur les amphibiens et les reptiles (Atlas des amphibiens et des reptiles du Québec [AARQ]), qui est gérée par la Société d’histoire naturelle de la vallée du Saint-Laurent (SHNVSL). L’Atlas des amphibiens et des reptiles du Québec est une base de données source du Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec (CDPNQ), qui est tenu par le MFFP en ce qui concerne les données sur les espèces fauniques menacées ou vulnérables, y compris la tortue molle à épines. Le CDPNQ cartographie actuellement les occurrences d’élément de la tortue molle à épines au Québec.

Depuis 1996, des inventaires couvrant l’ensemble de l’aire de répartition historique (p. ex. référence retirée; référence retirée; référence retirée; référence retirée; référence retirée), de même que des travaux de recherche sur l’écologie (référence retirée; référence retirée), l’utilisation de l’habitat et les déplacements (référence retirée; référence retirée; référence retirée; référence retirée; référence retirée), la génétique (référence retirée ), les menaces telles que la navigation de plaisance (causant la mort ou blessant des individus) (référence retirée), et l’altération potentielle de l’habitat d’hivernage (référence retirées) ont été réalisés dans la province.

L’équipe responsable de la mise en œuvre des mesures visant la tortue molle à épines a également rédigé des plans de protection pour les principaux habitats utilisés par l’espèce au Québec. En association avec ces plans, plusieurs projets d’acquisition de terres ont été mis en œuvre en vue de protéger l’habitat de la tortue molle à épines au Québec. Des partenaires tels que Conservation de la nature Canada protègent plus de 270 ha d’habitat (référence retirée). En outre, plusieurs initiatives d’intendance et de communication ont été lancées pour protéger la tortue molle à épines et son habitat (pose d’affiches et de bouées de navigation indiquant la présence des zones de protection, distribution de brochures et de dépliants au public, présentation d’exposés dans les écoles, à la télévision et dans les bulletins de nouvelles, élaboration d’une page Web). Un programme de suivi et de protection des nids existe également depuis 2008. Grâce à des relevés annuels des nids, 59 nids ont été localisés à ce jour, et sont protégés à l’aide de mesures de relocalisation et d’atténuation de la prédation (installation de clôtures) (Galois et al., 2010, 2011, 2012). Pour accroître le succès de la nidification au Québec, un projet d’incubation artificielle des œufs, suivi du lâcher de nouveau-nés, a été mis en œuvre en 2009 par l’équipe responsable de la mise en œuvre des mesures visant la tortue molle à épines (référence retirée). De plus, une stratégie de communication, en cours d’élaboration, vise la promotion de la tortue molle à épines en tant qu’emblème animal régional de la protection de la biodiversité et de l’environnement. Toutes ces initiatives sont dirigées par des organismes gouvernementaux, des institutions zoologiques, des organisations vouées à la conservation et des organismes de bassins versants. L’un des principaux sites de ponte utilisés par la tortue molle à épines au Québec fait l’objet d’un suivi étroit par des bénévoles depuis 2003.

6.2 Orientation stratégique pour le rétablissement

Pour atteindre l’objectif en matière de population et de répartition, sept stratégies générales visant le rétablissement ont été établies :

  1. Utiliser les outils législatifs et administratifs pour conserver les individus de la tortue molle à épines et leur habitat.
  2. Réduire la mortalité, les blessures et la capture illégale d’individus dans l’ensemble de l’aire de répartition canadienne de la tortue molle à épines.
  3. Protéger, gérer et remettre en état l’habitat dans l’ensemble de l’aire de répartition canadienne de la tortue molle à épines.
  4. Améliorer le taux de recrutement aux endroits où les populations locales de tortues molles à épines sont en déclin, ou là où la viabilité est jugée comme étant compromise.
  5. Mener des activités de communication, de sensibilisation et d’intendance.
  6. Effectuer des relevés et assurer le suivi des populations locales de tortues molles à épines, de leur habitat, et des menaces qui pèsent sur elles.
  7. Effectuer des recherches sur la démographie, la caractérisation et l’utilisation de l’habitat, et l’atténuation des menaces pour combler les lacunes dans les connaissances.

Des approches de recherche et de gestion sont recommandées pour chaque stratégie (tableau 2). Les menaces/facteurs limitatifs présentés dans la première colonne sont numérotés de la manière suivante (sans ordre de gravité particulier) pour assurer la concision de la présentation :

  1. Aménagement de l’habitat riverain et fluvial
  2. Collisions avec des bateaux
  3. Prédateurs favorisés par les activités humaines
  4. Capture illégale
  5. Espèces exotiques et envahissantes
  6. Gestion des niveaux d’eau
  7. Élevage de bétail
  8. Prises accessoires
  9. Perturbations associées aux activités humaines
  10. Contamination et apport de nutriments
  11. Changements climatiques
Tableau 2. Tableau de planification du rétablissement
Menace ou élément limitatif Stratégie générale pour le rétablissement Prioritée Description générale des approches de recherche et de gestion
1,4,6,7 Utiliser les outils législatifs et administratifs pour conserver les individus de la tortue molle à épines et leur habitat Élevée
  • Continuer d’améliorer et d’appliquer les lois, règlements, politiques et interdictions et autres outils réglementaires et non réglementaires fédéraux et provinciaux afin de protéger les individus de la tortue molle à épines et leur habitat.
  • Continuer d’élaborer et de mettre en œuvre des techniques d’atténuation (p. ex. pratiques exemplaires de gestion [PEG]) des menaces qui pèsent sur les individus et leur habitat et évaluer leur efficacité.
2,3,4,7,8,9 Réduire la mortalité, les blessures et la capture illégale d’individus Élevée
  • Continuer d’élaborer et de mettre en œuvre des méthodes d’atténuation (p. ex. PEG et solutions de rechange au développement traditionnel) afin de réduire les cas de mortalité et de blessures chez la tortue molle à épines. Voici des exemples de mesures d’atténuation prioritaires :
    • Mettre en œuvre et évaluer des activités d’intendance visant à réduire la perturbation des individus et de l’habitat de nidification occupé (p. ex. affichage, surveillance de l’utilisation de véhicules hors route sur les plages), particulièrement près de zones urbaines.
    • Mettre en œuvre et évaluer des techniques visant à limiter les populations de prédateurs ou à restreindre leur accès aux habitats de nidification par des mesures directes ou indirectes (p. ex. enlèvement des déchets, gestion des prédateurs et installation de clôtures).
  • Encourager la mise en œuvre de PEG approuvées, de solutions de rechange au développement, et de méthodes d’atténuation qui se concentrent sur les menaces prioritaires au moyen de l’intendance, du financement et d’autres méthodes auprès de la population générale, des Premières Nations, des propriétaires fonciers, des gestionnaires de terres, des gouvernements et de l’industrie.
  • Élaborer une stratégie fédérale/provinciale visant à contrer la capture illégale d’individus pour le commerce d’animaux de compagnie ou la consommation humaine.
1,3,5,6,7, 9,10 Protéger, gérer ou remettre en état l’habitat Élevée
  • Protéger des zones assez grandes pour maintenir des populations locales viables et augmenter la connectivité grâce à des mesures d’intendance, à l’élaboration de PEG, et/ou à la conservation des terres.
  • Évaluer les besoins en matière de remise en état de l’habitat aux endroits où la perte, la dégradation et la fragmentation d’habitat menacent des populations locales de tortues molles à épines.
  • Établir, élaborer, mettre en œuvre et évaluer des mesures de gestion des espèces exotiques et envahissantes aux sites touchés utilisés par la tortue molle à épines.
  • Établir, élaborer, mettre en œuvre et évaluer des méthodes de remise en état dans les sites prioritaires, et effectuer le suivi de l’utilisation de l’habitat par la tortue molle à épines.
  • Déterminer les seuils de perturbation pour les activités susceptibles d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel.
  • Continuer de promouvoir les activités d’intendance, notamment l’appui financier au moyen des programmes de financement offerts.
1-10 Améliorer le taux de recrutement aux endroits où la tortue molle à épines est en déclin ou là où la viabilité est jugée comme étant compromise Élevée Cette stratégie doit être mise en œuvre parallèlement aux deux stratégies générales énoncées ci-dessus : « Réduire la mortalité, les blessures et la capture illégale », et « Protéger, gérer et remettre en état l’habitat »
  • Évaluer la situation et l’abondance des individus aux endroits où la tortue molle à épines est en déclin ou là où la viabilité de l’espèce est jugée comme étant compromise afin de déterminer les besoins en matière de recrutement.
  • Mettre en œuvre, évaluer, adapter et améliorer les méthodes de recrutement conformément aux résultats obtenus et à l’écologie de la tortue molle à épines. Voici un exemple de méthode de recrutement prioritaire :
    • Élaborer un protocole/programme d’intervention précoce rentable qui pourrait comprendre la surveillance des nids, l’incubation artificielle des œufs et le lâcher de juvéniles.
Toutes les menaces Effectuer des relevés et assurer le suivi Élevée
  • Classer par ordre de priorité les sites qui présentent de l’habitat convenable et qui ont déjà abrité ou pourraient abriter des populations locales et y réaliser des inventaires ciblés.
  • Élaborer des protocoles normalisés de relevé, de suivi et de création de bases de données (p. ex. collecte et traitement des données, marquage) et en promouvoir la bonne utilisation.
  • Élaborer et mettre en œuvre des plans de suivi en Ontario et au Québec. Encourager la présentation de mentions d’observation de l’espèce aux atlas herpétologiques provinciaux ainsi qu’aux centres de données sur la conservation (CDC) provinciaux.
Toutes les menaces Mener des activités de communication, de sensibilisation et d’intendance Moyenne
  • Élaborer et mettre en œuvre une stratégie de communication et de sensibilisation, ou continuer de mettre en œuvre les outils de communication et de sensibilisation existants pour aider à atténuer les menaces pesant sur la tortue molle à épines.
  • Élaborer des documents de sensibilisation/d’éducation, en insistant sur la capture et le commerce des tortues à l’intention des groupes les plus souvent associés à l’utilisation de l’espèce. Produire et distribuer ces documents dans la langue du public cible.
  • Favoriser le transfert, l’utilisation et l’archivage des renseignements et des outils, notamment des connaissances autochtones.
  • Améliorer et maintenir la collaboration entre les intervenants (p. ex. solliciter la participation de partenaires et promouvoir le travail collaboratif avec de multiples autorités compétentes).
  • Encourager les initiatives de recherche nécessaires pour combler les lacunes dans les connaissances, et solliciter la participation de partenaires (p. ex. universités, gouvernements, organisations non gouvernementales, Premières Nations).
Toutes les menaces Effectuer des recherches sur les populations, l’habitat et les menaces afin de combler les lacunes dans les connaissances Moyenne
  • Déterminer les critères minimaux en matière d’habitat et de population pour une population locale viable (p. ex. superficie d’habitat convenable, nombre d’individus matures) à l’échelle de rétablissement appropriée.
  • Accroître les connaissances sur les besoins de l’espèce en matière d’habitat afin de poursuivre la caractérisation et la définition des habitats (p. ex. de nidification, d’alimentation et d’hivernage) qu’elle utilise pour réaliser diverses activités de son cycle vital.
  • Effectuer des recherches visant à évaluer la gravité des menaces connues pesant sur les populations, et recueillir des données sur la fréquence, l’étendue et la certitude causale de ces menaces.
    Mener des études démographiques et génétiques intensives dans certains sites de l’aire de répartition de l’espèce afin d’accroître les connaissances sur le caractère distinct, la taille, la composition des classes d’âge et le rapport entre les sexes des populations locales.

e « Priorité » reflète l’ampleur dans laquelle la stratégie générale contribue directement au rétablissement de l’espèce ou est un précurseur essentiel à une approche qui contribue au rétablissement de l’espèce.

6.3 Commentaires à l’appui du tableau de planification du rétablissement

Compte tenu de la stratégie de reproduction de la tortue molle à épines (voir la section 3.4), le maintien d’un taux de survie des adultes le plus élevé possible (en particulier chez les femelles) demeure le principal besoin de l’espèce pour l’atteinte du rétablissement. Malheureusement, certains caractères biologiques de la tortue molle à épines (c.-à-d. habitudes aquatiques, exposition au soleil en flottant à la surface de l’eau, nidification sur les plages) la rendent très vulnérable à de nombreuses activités humaines (p. ex. mortalité causée par la navigation, capture illégale, activités récréatives sur les plages). Il sera donc important qu’une approche proactive et intégrée soit adoptée pour limiter les menaces pesant sur la tortue molle à épines.

De telles approches devraient mettre principalement l’accent sur les endroits et le moment où la mortalité des adultes se produit. La protection, la gestion et la remise en état de l’habitat sont également essentielles au rétablissement, car de telles approches contribuent au maintien, à l’amélioration et à la création d’habitat convenable, et aident à réduire le taux de mortalité des adultes (c.-à-d. atténuation de la gravité de la menace). La protection et la remise en état de l’habitat devraient se concentrer principalement sur les zones aquatiques et les rives désignées comme habitat essentiel (voir la section 7) où l’on trouve la plupart des adultes. Ces stratégies doivent être mises en œuvre dans le cadre d’une approche intégrée faisant intervenir divers groupes (p. ex. propriétaires fonciers, utilisateurs des terres, planificateurs de l’aménagement des terres, Premières Nations, organisations non gouvernementales et gouvernements). Pour informer ces groupes, de même que pour commencer à atténuer certaines menaces (p. ex. mortalité due à la navigation et prises accessoires), des méthodes précises de communication et de sensibilisation doivent être adoptées.

Des relevés et un suivi des populations sont également nécessaires pour recueillir de l’information sur l’espèce, de manière à étayer les activités de conservation futures. On reconnaît que dans certains sites la mortalité des œufs et des juvéniles peut être plus préoccupante que celle des adultes. Il est important de déterminer les principales menaces à chaque site et de les atténuer par des techniques appropriées, car les niveaux des menaces ne sont pas nécessairement uniformes partout au Canada. Il faudra aussi combler les lacunes dans les connaissances touchant l’espèce grâce à un vaste éventail d’études poussées, dans le but d’atteindre les objectifs en matière de population et de répartition. Avec les approches mises en évidence au tableau 2, certaines lacunes dans les connaissances seront aussi comblées grâce au calendrier des études visant à désigner l’habitat essentiel (tableau 4).

7 Habitat essentiel

Aux termes de la LEP, l’habitat essentiel est « l’habitat nécessaire à la survie ou au rétablissement d’une espèce sauvage inscrite, qui est désigné comme tel dans un programme de rétablissement ou un plan d’action élaboré à l’égard de l’espèce ». En vertu de l’alinéa 41(1)c) de la LEP, les programmes de rétablissement doivent inclure une désignation de l’habitat essentiel de l’espèce, dans la mesure du possible, et des exemples d’activités susceptibles d’entraîner la destruction de cet habitat. Dans le présent programme de rétablissement fédéral, l’habitat essentiel de la tortue molle à épines est désigné, dans la mesure du possible, sur la base de la meilleure information sur l’occupation qui était accessible en date de décembre 2013. Suivant la publication du présent programme de rétablissement, de l’habitat essentiel additionnel pourrait être désigné si de nouvelles données justifient l’inclusion de zones autres que celles actuellement désignées. Dans certaines des zones désignées en tant qu’habitat essentiel, la qualité de l’habitat devra être accrue pour assurer le rétablissement de l’espèce.

7.1 Désignation de l’habitat essentiel de l’espèce

L’habitat essentiel de la tortue molle à épines au Canada est désigné pour 14 populations locales (12 se trouvant en Ontario, et 2, au Québec). L’habitat essentiel n’a été désigné pour sept populations locales historiques parce qu’elles ne satisfont pas à au moins un critère (p. ex. occupation multiple). On reconnaît que l’habitat essentiel désigné pourrait être insuffisant pour atteindre les objectifs en matière de population et de répartition de l’espèce. Le calendrier des études (section 7.2) décrit les activités requises pour achever la désignation de l’habitat essentiel.

L’habitat essentiel de la tortue molle à épines est fondé sur trois critères généraux : l’occupation de l’habitat, le caractère convenable de l’habitat et la connectivité de l’habitat (entre les zones occupées). Ces critères sont décrits ci-dessous.

7.1.1 Occupation de l’habitat

Ce critère se rapporte aux zones où il existe un degré de certitude raisonnable de la présence de la tortue molle à épines et de l’utilisation de l’habitat par cette dernière.

L’habitat est considéré occupé lorsque :

Une période de 40 ans a été choisie pour le critère de l’occupation de l’habitat. Cette période est appropriée, vu la longue durée d’une générationNote de bas de page 45 (environ 35 ans) de l’espèce (COSEWIC, 2016). Cette longévité complique l’étude de l’ensemble du cycle vital de l’espèce, car elle rend difficile l’acquisition d’une quantité adéquate de données précises sur le cycle vital. L’espèce n’est pas bien étudiée dans l’ensemble de son aire de répartition. L’application d’une fenêtre temporelle de 40 ans permet l’inclusion des populations locales qui persistent probablement, mais dont aucun individu n’a été détecté ces dernières années. Le critère de l’occupation de l’habitat tient compte de la qualité de l’habitat afin d’accroître le niveau de confiance selon lequel l’habitat contribuera au maintien d’une population locale de tortues molles à épines. La fidélité aux sites est prise en compte puisque la tortue molle à épines affiche une grande fidélité aux sites d’hivernage et de nidification (voir la section 3.3).

L’occupation de l’habitat est fondée sur des relevés effectués par des professionnels et dans le cadre d’études télémétriques, sur des observations de sites de nidification (p. ex. présence de fragments de coquilles d’œufs) et de sites d’hivernage, sur des observations d’individus morts, et sur des observations accidentelles de tortues molles à épines. Afin de servir adéquatement à la désignation de l’habitat essentiel, ces données d’observation doivent être spatialement précises (≤ 150 m) ou suffisamment détaillées pour être associées à une caractéristique aquatique convenable donnée (p. ex. un cours d’eau, un lac ou un milieu humide). Comme les déplacements terrestres de la tortue molle à épines sont limités et que l’espèce demeure près de l’eau (Graham et Graham, 1997; Steen et al., 2012), il est habituellement possible d’associer les observations à une caractéristique d’habitat aquatique convenable. L’habitat essentiel n’est pas désigné pour les localités où des activités de relevé suffisantes ont été réalisées à de bons moments et selon des protocoles appropriés sur de multiples années sans confirmer la persistance de la tortue molle à épines ou l’utilisation de l’habitat par cette dernière, et pour les localités où la disparition est présumée (p. ex. lac Ontario, rivière des Outaouais).

Pour satisfaire au critère d’occupation multiple, les deux observations doivent être séparées par une distance linéaire de moins de 30 km, afin de tenir compte de la dispersion de l’espèce (voir la section 7.1.3). Cette approche prudente est appropriée, car la plupart des localités n’ont pas fait l’objet de relevés adéquats, et il existe une plus grande probabilité qu’un plus grand nombre de tortues molles à épines résident à proximité des observations connues.

7.1.2 Caractère convenable de l’habitat

Le caractère convenable de l’habitat se rapporte aux zones présentant un ensemble précis de caractéristiques biophysiques permettant aux individus d’accomplir les activités essentielles à la réalisation de leur cycle vital (c.-à-d. hivernage, accouplement, thermorégulation, croissance des juvéniles, nidification, alimentation) ainsi que leurs déplacements. Il est important que toutes les zones d’habitat nécessaires soient connectées par des zones aquatiques ou semi-aquatiques, et qu’elles se situent à une distance raisonnable les unes des autres pour permettre aux tortues de se déplacer facilement entre elles. L’habitat convenable pour la tortue molle à épines peut donc être décrit comme une mosaïque de milieux aquatiques et terrestres dans lesquels des caractéristiques biophysiques précises peuvent être associées à des activités essentielles du cycle vital. À l’intérieur de l’habitat convenable, les caractéristiques biophysiques requises par la tortue molle à épines varient sur le plan spatial et temporel en fonction de la nature dynamique des écosystèmes. En outre, certaines caractéristiques biophysiques seront plus importantes pour les individus à différents moments dans le temps (p. ex. durant divers processus vitaux ou à diverses périodes de l’année). Les caractéristiques biophysiques de l’habitat convenable de la tortue molle à épines sont détaillées au tableau 3.

Vu le manque d’information sur la quantité d’habitat requis par la tortue molle à épines pour réaliser les activités nécessaires à son cycle vital à l’intérieur d’un domaine vital, l’approche suivante a été utilisée pour déterminer l’étendue de l’habitat convenable pour la tortue molle à épines. La description de l’habitat convenable reflète le fait que certaines caractéristiques biophysiques peuvent ne pas être immédiatement adjacentes les unes aux autres, tant qu’elles demeurent connectées de manière à ce que les individus puissent se déplacer facilement entre elles afin de répondre à tous leurs besoins biologiques et de réagir aux perturbations (ou d’éviter les perturbations). Les distances précisées ici pour définir l’étendue de l’habitat convenable sont propres à la tortue molle à épines, et sont fondées sur les besoins biologiques et comportementaux de l’espèce (voir la section 3.3).

L’habitat convenable de la tortue molle à épines, qui comprend les habitats d’hivernage, d’accouplement, de thermorégulation, de croissance des juvéniles, de nidification et d’alimentation, de même que l’habitat de déplacement (déplacements locaux et dispersion) entre ces habitats, est défini de la manière suivante :

En outre, l’habitat convenable comprend aussi les sites de nidification confirmés, quel que soit leur emplacement (sans tenir compte de la distance jusqu’à la caractéristique d’habitat aquatique convenable la plus près), et est défini de la manière suivante :

Les tortues molles à épines sont essentiellement aquatiques, quittent rarement l’eau, et la plupart des domaines vitaux sont associés à un cours d’eau, à un plan d’eau ou un milieu humide permanent, bien que les individus puissent se déplacer vers des cours d’eau, des étangs ou des milieux humides adjacents. La tortue molle à épines possède un vaste domaine vital et peut se déplacer sur de grandes distances en milieux riverains au cours d’une année. La distance de 10 km a été sélectionnée d’après la longueur linéaire moyenne des domaines vitaux de l’espèce observés au Québec, soit 10,8 km (Équipe de rétablissement de la tortue-molle à épines du Québec, données inédites). Cette distance fait donc en sorte que le site s’étend sur une longueur totale de 20 km, ce qui tient compte des distances typiques parcourues en amont et en aval par les tortues molles à épines (femelles) au Canada (référence retirée; Fletcher, 1996). La distance terrestre mesurée le long de cours d’eau, de plans d’eau et de milieux humides représente la distance maximale parcourue pour nidifier documentée en Ontario et au Québec (voir la section 3.3), et est établie par la province. Il est probable, compte tenu des différences climatiques et d’autres différences entre les populations locales de l’Ontario et du Québec, que les tortues aient développé (ou qu’elles développent dans le futur) des signes d’adaptation propres à ces deux régions (COSEWIC, 2016). La distance terrestre de 50 m en Ontario tient compte de la distance maximale d’un site de nidification par rapport à l’eau dans la majorité des sites étudiés (références retirées; Gillingwater, comm. pers. 2015). Au Québec, la distance de 10 m comprend tous les sites de nidification rapportés à ce jour (Galois et al., 2010, 2011, 2012; Paré, comm. pers., 2015). Par conséquent, ces distances tiennent compte de la vaste majorité de l’habitat de nidification potentiel, ce qui est important, car peu de localités précises sont connues. Ces distances pourraient aussi englober certains cours d’eau, étangs ou milieux humides adjacents ou connectés renfermant de l’habitat convenable pour la tortue molle à épines, de même que de l’habitat convenable pour se déplacer entre ceux-ci.

Il est probable que la disponibilité et la sélection des sites de nidification soient particulièrement importantes pour la persistance des populations locales compte tenu de la nature des facteurs limitatifs connus de la tortue molle à épines (p. ex. stratégie de reproduction à long terme, conditions climatiques – voir la section 3.4). Vu la rareté de ces habitats, des sites de nidification confirmés sont aussi désignés comme habitat essentiel, quel que soit leur emplacement, y compris l’habitat terrestre et aquatique convenable pour la tortue molle à épines à l’intérieur d’un rayon de 50 m autour des mentions valides de sites de nidification. Cette superficie permet la nidification et les haltes, et peut également offrir des corridors de déplacement protecteurs pour les femelles et les nouveau-nés qui migrent depuis (ou vers) un habitat aquatique convenable.

Tableau 3. Caractéristiques biophysiques détaillées de l’habitat convenable lié aux activités précises du cycle vital de la tortue molle à épines au Canada
Habitat Élément(s) de l’habitat Caractéristiques Activités du cycle vital Références
Caractéristiques biophysiques de l’habitat aquatique convenable Cours d’eau (p. ex. rivières, ruisseaux), plans d’eau (p. ex. lacs, méandres abandonnés, étangs) ou milieux humides (p. ex. marais)
  • profondeur d’eau adéquate (de 1 à 7 m); ET
  • milieu bien oxygéné; ET
  • eau ne gelant pas jusqu’au fond; ET
  • substrat mou (p. ex. sable, vase) ou lit de gravier
Hivernage/
accouplement
Référence retirée; Fletcher (2002); références retirées; Ernst et Lovich (2009)
Caractéristiques biophysiques de l’habitat aquatique convenable Cours d’eau (p. ex. rivières, ruisseaux), plans d’eau (p. ex. lacs, méandres abandonnés, étangs) ou milieux humides (p. ex. marais)
  • milieux aquatiques d’une profondeur allant jusqu’à 7 m; ET
  • substrat mou de sable, de boue organique ou de gravier; ET
  • végétation aquatique et/ou débris végétaux; OU
  • billes flottantes/émergentes et/ou rochers
Alimentation/
thermorégulation/
croissance des juvéniles
Référence retirée; référence retirée; référence retirée; Ernst et Lovich (2009); Vermont Fish and Wildlife (2009); Gillingwater, données inédites
Caractéristiques biophysiques de l’habitat aquatique convenable Cours d’eau (p. ex. rivières, ruisseaux), plans d’eau (p. ex. lacs, méandres abandonnés, étangs) ou milieux humides (p. ex. marais)
  • milieux aquatiques d’une profondeur allant jusqu’à 7 m; ET
  • milieux perméables à la tortue molle à épines (aucun obstacle aux déplacements de l’espèce)f
Déplacements locaux et dispersion Référence retirée; référence retirée; Ernst et Lovich (2009); Vermont Fish and Wildlife (2009)
Caractéristiques biophysiques de l’habitat terrestre convenable Zones principalement dépourvues de végétation et/ou zones riveraines (p. ex. barres de sable, plages, vasières, affleurement rocheux, îles).
  • substrat de sable, de gravier, de vase ou d’argile, milieu ensoleillé pendant de grandes portions de la journée
Nidification/ thermorégulation COSEWIC (2002); référence retirée; Ernst et Lovich (2009); Vermont Fish and Wildlife (2009)
Caractéristiques biophysiques de l’habitat terrestre convenable Habitat riverain et terrestre (p. ex. berges de cours d’eau, plages)
  • milieux perméables à la tortue molle à épines (aucun obstacle aux déplacements de l’espèce)g
Déplacements locaux et dispersion Ernst et Lovich (2009)

f Les obstacles aux déplacements de la tortue molle à épines dans les milieux aquatiques comprennent les structures de grande taille résultant de l’activité humaine, comme les barrages et les écluses, qui empêchent ou restreignent de façon importante les déplacements dans l’eau.

g Les obstacles aux déplacements de la tortue molle à épines dans les milieux terrestres comprennent les routes, les caractéristiques topographiques infranchissables et les zones urbaines.

7.1.3 Connectivité de l’habitat

Il est nécessaire de maintenir des liens naturels entre les différents types d’habitat requis par la tortue molle à épines pour assurer la persistance des populations locales. La connectivité entre les populations locales est nécessaire à l’immigration et à l’émigration (déplacements vers et depuis des populations locales, respectivement), ce qui augmente le flux génique (et maintient ainsi la diversité génétique au sein des populations locales et entre celles-ci), permet l’immigration de source externe (qui contribue au maintien des populations locales) et, par le fait même, aide l’espèce à réagir aux facteurs de stress environnementaux (p. ex. fluctuations des niveaux d’eau, pollution, milieux anoxiques) en se déplaçant ailleurs. Au Canada, la perte et la fragmentation d’habitat menacent les populations locales de tortues molles à épines (voir la section 4.2; COSEWIC, 2016). Elles peuvent entraîner la perte de corridors de dispersion et isoler des populations locales, réduisant ainsi la diversité génétique.

Pour permettre les déplacements sur de courtes distances dont la tortue molle à épines a besoin pour réaliser les activités liées à son cycle vital (déplacements locaux), la connectivité est assurée à l’intérieur des zones définies d’habitat convenable (déplacements saisonniers entre les différents habitats pour réaliser un cycle vital annuel complet) (section 7.1.2; voir également le tableau 3 et la figure 3). Afin de permettre des déplacements sur de longues distances, comme l’immigration ou l’émigration (dispersion – voir la section 3.3), le critère de la connectivité de l’habitat relie les populations locales par leurs corridors hydrologiques en fonction de la tendance connue de la tortue molle à épines à entreprendre des déplacements en milieux aquatiques pour se disperser (référence retirée; référence retirée; référence retirée).

Le critère de la connectivité de l’habitat est défini comme suit :

La distance de 30 km équivaut à 3 fois la longueur linéaire moyenne du domaine vital (10 km), et est fondée sur la distance de séparation maximale entre les occurrences d’élément que NatureServe (2017) recommande d’utiliser pour maintenir la connectivité et réduire le risque d’isolement génétique. Cette distance correspond également aux déplacements rapportés de la tortue molle à épines dans un cours d’eau en Ontario (30 km; référence retirée; référence retirée).

7.1.4 Application des critères de désignation de l’habitat essentiel de la tortue molle à épines

L’habitat essentiel de la tortue molle à épines est désigné comme l’étendue d’habitat convenable (section 7.1.2) où le critère de l’occupation de l’habitat (section 7.1.1) est satisfait. À l’heure actuelle, les limites de l’habitat convenable de cours d’eau, de plans d’eau et de milieux humides permanents sont disponibles pour la plupart des populations locales en Ontario et au Québec, et peuvent être utilisées pour définir la zone à l’intérieur de laquelle se trouve de l’habitat essentiel, appelée dans le présent document « unité d’habitat essentiel ». Là où le critère de la connectivité de l’habitat est rempli (dans les cas où deux observations valides sont faites à l’intérieur d’un réseau continu de caractéristiques d’eaux de surface et sont séparées par une distance maximale de 30 km), l’unité d’habitat essentiel est étendue pour désigner un complexe plus grand de milieux aquatiques pour la tortue molle à épines (voir la figure 3). Par conséquent, l’unité d’habitat essentiel représente l’étendue maximale de l’habitat essentiel à un endroit donné. Les structures résultant de l’activité humaine (p. ex. chaussées et accotements de routes et autres surfaces asphaltées) ne possèdent pas les caractéristiques biophysiques de l’habitat convenable de la tortue molle à épines (section 7.1.2) et ne sont donc pas désignées comme de l’habitat essentiel. Le cas échéant, des milieux créés par l’activité humaine qui possèdent les caractéristiques biophysiques de l’habitat convenable de l’espèce (p. ex. plans d’eau créés par des barrages) sont désignés à titre d’habitat essentiel.

L’application des critères de désignation de l’habitat essentiel aux données disponibles a mené à la désignation de 12 unités renfermant de l’habitat essentiel pour 14 des 21 populations locales de tortues molles à épines au Canada, soit 12 en Ontario (dont 9 populations existantes et 3 populations historiques) et 2 au Québec (1 existante et 1 considérée comme existante, mais dont la viabilité reste à évaluer). Il s’agit d’une désignation partielle de l’habitat essentiel, car il existe sept populations locales en Ontario qui n’ont pas été recensées récemment ou adéquatement, et/ou pour lesquelles les données nécessaires pour désigner l’habitat essentiel sont incertaines, ou pour lesquelles des ententes de partage des données doivent être conclues. On a établi un calendrier des études à réaliser (section 7.2) pour obtenir l’information permettant d’achever la désignation de l’habitat essentiel en vue de l’atteinte des objectifs en matière de population et de répartition. Les 14 populations locales disparues ont été exclues de la désignation de l’habitat essentiel et ne sont pas visées par le calendrier des études.

Étant donné la vulnérabilité de la tortue molle à épines à la capture illégale, l’habitat essentiel est présenté au moyen de carrés du quadrillage UTM (grille de Mercator transverse universelle) de 50 × 50 km (tableau 4; voir aussi la figure 4) pour ne pas divulguer cette information de nature délicate. Les carrés du quadrillage UTM font partie d’un système de quadrillage de référence qui indique l’emplacement géographique général renfermant de l’habitat essentiel à des fins de planification de l’aménagement du territoire et/ou d’évaluation environnementale. L’habitat essentiel se trouve dans chaque carré, là où les descriptions de l’occupation de l’habitat (section 7.1.1), du caractère convenable de l’habitat (section 7.1.2) et de la connectivité de l’habitat (section 7.1.3) sont respectés. De plus amples informations sur l’emplacement de l’habitat essentiel peuvent être obtenues, à des fins de protection de l’espèce et de son habitat et sur justification, auprès du Service canadien de la faune d’Environnement et Changement climatique Canada, à ec.planificationduretablissement-recoveryplanning.ec@canada.ca.

Figure 3. Schéma des critères de désignation de l’habitat essentiel de la tortue molle à épines. Une unité d’habitat essentiel est désignée là où le critère de l’occupation de l’habitat s’applique. À l’intérieur de l’unité d’habitat essentiel, l’habitat essentiel correspond aux zones renfermant les caractéristiques biophysiques détaillées (décrites au tableau 3) nécessaires à la réalisation d’une activité précise liée au cycle vital de l’espèce. L’étendue maximale des caractéristiques biophysiques est déterminée par les connaissances sur l’écologie et le comportement de la tortue molle à épines (c.-à-d. cours d’eau ou plan d’eau s’étendant sur une distance maximale de 10 km parallèlement à la rive dans les deux sens depuis le lieu d’une observation, et l’habitat convenable adjacent se trouvant dans un rayon propre à la province (50 m en Ontario, 10 m au Québec) par rapport au cours d’eau ou au plan d’eau; OU un milieu humide s’étendant dans un rayon maximal de 10 km d’une mention valide, et l’habitat convenable adjacent se trouvant dans un rayon propre à la province (50 m en Ontario, 10 m au Québec) par rapport au milieu humide; OU un site de nidification connu englobant une zone s’étendant dans un rayon de 50 m autour d’une mention valide d’un site de nidification. L’unité d’habitat essentiel est étendue pour inclure les corridors de dispersion lorsque deux mentions valides se trouvent à l’intérieur d’un réseau hydrologique continu et que ces mentions sont séparées par une distance maximale de 30 km (critère de la connectivité de l’habitat).
Description longue

La figure 3 est un schéma de la façon dont l’habitat essentiel est désigné pour la tortue molle à épines. Elle montre une zone riveraine lacustre et un cours d’eau menant à une zone de milieux humides. Dans cette zone, et là où des observations de tortues molles à épines ont été confirmées, à l’intérieur des distances précisées, l’habitat essentiel est défini.

Tableau 4. L’habitat essentiel de la tortue molle à épines se trouve dans ces carrés du quadrillage UTM de 50 km × 50 km, là où les descriptions de l’occupation de l’habitat (section 7.1.1), du caractère convenable de l’habitat (section 7.1.2) et de la connectivité de l’habitat (section 7.1.3) sont respectées
Code d’identification du carré du quadrillage UTM de référence de 50 km × 50 kmh Province ou territoire Coordonnées du carré du quadrillage UTMi Coordonnées du carré du quadrillage UTMi
17TLBB Ontario 300000 4650000
17TLGC Ontario 350000 4600000
17TLGD Ontario 350000 4650000
17TLHC Ontario 350000 4700000
17TLHD Ontario 350000 4750000
17TMGB Ontario 400000 4650000
17TMHA Ontario 400000 4700000
17TMHB Ontario 400000 4750000
17TMHC Ontario 450000 4700000
17TMHD Ontario 450000 4750000
17TNHA Ontario 500000 4700000
17TNHB Ontario 500000 4750000
17TNHC Ontario 550000 4700000
17TNHD Ontario 550000 4750000
18TXQB Québec 600000 4950000
18TXQD Québec 650000 4950000
18TXRA Québec 600000 5000000
18TXRC Québec 650000 5000000

h Fondé sur le système militaire de quadrillage UTM de référence, les deux premiers caractères correspondent à la zone UTM, la lettre suivante représente le rang UTM, les deux lettres suivantes indiquent le quadrillage UTM de référence de 100 km × 100 km, suivies d’une lettre pour représenter le quadrillage UTM de référence de 50 km × 50 km renfermant la totalité ou une partie d’une unité d’habitat essentiel. Ce code alphanumérique unique s’inspire de la méthodologie utilisée pour les Atlas des oiseaux nicheurs du Canada.

i Les coordonnées indiquées sont une représentation cartographique de l’emplacement de l’habitat essentiel, présenté comme étant le coin sud-ouest du carré du quadrillage UTM de référence de 50 km × 50 km renfermant la totalité ou une partie d’une unité d’habitat essentiel. Les coordonnées peuvent ne pas faire partie de l’habitat essentiel et ne fournissent qu’une indication générale de l’emplacement.

Figure 4
Figure 4. Carrés du quadrillage renfermant de l’habitat essential de la tortue molle à épines au Canada. L’habitat essentiel de l’espèce se trouve dans les carrés du quadrillage UTM de 50 km x 50 km, là où les descriptions de l’occupation de l’habitat (section 7.1.1), du caractère convenable de l’habitat (section 7.1.2) et de la connectivité de l’habitat (section 7.1.3) sont respectées.
Description longue

La figure 4 est une carte du sud de l’Ontario et du Québec montrant des carrés de quadrillage de 50 x 50 km englobant de l’habitat essentiel. Un groupe de 14 carrés couvrent la zone du sud-ouest de l’Ontario, de Windsor à Hamilton. Quatre carrés couvrent une zone à l’est et au sud-est de Montréal.

7.2 Calendrier des études visant à désigner l’habitat essentiel

L’habitat essentiel de la tortue molle à épines est partiellement désigné dans le présent programme de rétablissement, car il pourrait être insuffisant pour atteindre l’objectif en matière de population et de répartition (section 5) de l’espèce. Il y a certaines localités (p. ex. des occurrences d’élément existantes ou historiques) qui pourraient encore abriter l’espèce, mais qui n’ont pas fait l’objet d’un relevé récent ou ont fait l’objet d’un relevé incomplet, ou pour lesquelles des ententes de partage des données sont requises et/ou il y a une incertitude entourant les données nécessaires à la désignation de l’habitat essentiel. Il faut mener des études pour confirmer si ces localités contribuent à la viabilité générale des populations locales.

Tableau 5. Calendrier des études pour la désignation de l’habitat essentiel
Description de l’activité Justification Échéancier
Confirmer l’occupation de l’habitat dans les localités qui ne comptent qu’une seule observation de l’espèce, où la validité d’une mention est remise en question (p. ex. mentions qui pourraient concerner des individus relâchés) ou pour lesquelles des ententes de partage des données sont requises ou aux endroits où les mentions sont imprécises sur le plan spatial ou ne peuvent pas être associées à des localités précises. Cette activité est nécessaire pour achever la désignation de l’habitat essentiel. 2018 – 2028
Réaliser des relevés des populations locales et des évaluations de l’habitat aux sites historiques afin de confirmer la présence de l’espèce aux endroits qui n’ont pas fait l’objet de suffisamment d’activités de recherche. Des données sur la présence récente (y compris la nidification) de l’espèce sont nécessaires pour éclairer la désignation de l’habitat essentiel (c.-à-d. détermination de l’occupation de l’habitat). 2018 – 2028

7.3 Activités susceptibles d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel

La compréhension de ce qui constitue la destruction de l’habitat essentiel est nécessaire à la protection et à la gestion de cet habitat. La destruction est déterminée au cas par cas. On peut parler de destruction lorsqu’il y a dégradation d’un élément de l’habitat essentiel, soit de façon permanente ou temporaire, à un point tel que l’habitat essentiel n’est plus en mesure d’assurer ses fonctions lorsqu’exigé par l’espèce. La destruction peut découler d’une activité unique à un moment donné ou des effets cumulés d’une ou de plusieurs activités au fil du temps.

La destruction d’habitat essentiel de la tortue molle à épines peut avoir lieu à diverses échelles, aussi bien dans des milieux aquatiques que dans des milieux terrestres. Elle peut résulter d’une activité ayant lieu à l’intérieur ou à l’extérieur des limites de l’habitat essentiel et à toute période de l’année. À l’intérieur des limites de l’habitat essentiel, des activités peuvent nuire à des habitats qui offrent des conditions favorables à l’accouplement, la nidification, l’alimentation, la thermorégulation ou l’hivernage. Certaines activités peuvent également altérer des corridors de dispersion et de déplacement local qui relient ces habitats. Dans ces corridors, il est particulièrement important de maintenir la perméabilité de l’habitat (déplacement dans un habitat connectif pour accéder à des habitats convenables adjacents); par conséquent, certaines activités susceptibles d’entraîner la destruction d’habitats convenables à l’accouplement, la nidification, l’alimentation, la thermorégulation et l’hivernage pourraient ne pas entraîner la destruction dans les corridors pourvu qu’une perméabilité de l’habitat suffisante soit maintenue. En général, certaines activités qui ont lieu à l’extérieur de l’habitat essentiel sont moins susceptibles d’entraîner la destruction de cet habitat que celles qui ont lieu à l’intérieur de l’habitat essentiel.

Le tableau 6 présente une liste non exhaustive des activités susceptibles d’entraîner la destruction d’habitat essentiel.

Tableau 6. Activités susceptibles d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel
Description de l’activité Description de l’effet Emplacement de l’activité susceptible d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel
-
Dans l’habitat essentiel
-
Habitats de nidification, d’alimentation, d’accouplement, d’hivernage, de croissance des juvéniles ou de thermorégulation
Emplacement de l’activité susceptible d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel
-
Dans l’habitat essentiel
-
Habitat de déplacement local et/ou de dispersion
Emplacement de l’activité susceptible d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel
-
Hors de l’habitat essentiel
Activités qui modifient les caractéristiques hydrologiques (comme le drainage ou le remblayage de milieux humides et le dragage) Le drainage complet ou partiel de milieux humides, peu importe le moment de l’année, est susceptible de causer la perte permanente ou temporaire d’habitats d’accouplement, de thermorégulation, d’hivernage, de croissance des juvéniles, de déplacement et d’alimentation. Les barrages et les grands bassins de retenue peuvent également contribuer à la fragmentation de l’habitat convenable et entraver les déplacements et la dispersion des tortues. L’élévation du niveau d’eau peut entraîner la saturation du substrat de nidification et empêcher les tortues d’utiliser le site de nidification avec succès. Inversement, l’abaissement répété du niveau de l’eau peut favoriser la croissance de la végétation à un site de nidification et empêcher les tortues de l’utiliser. La gestion des niveaux d’eau peut également réduire les processus d’érosion naturels qui contribuent à la création ou au maintien des sites de nidification. Les changements hydrologiques (causés p. ex. par des travaux de drainage ou de dragage) pourraient également modifier la profondeur et le débit de l’eau suffisamment pour empêcher l’espèce d’hiverner avec succès (p. ex. l’exposition de tortues hivernantes au gel en raison d’une baisse anormale du niveau de l’eau). La stabilisation des niveaux d’eau peut réduire en permanence la disponibilité de l’habitat de plaine inondable (p. ex. milieux humides) utilisé par la tortue molle à épines pour sa thermorégulation et son alimentation. Lorsque ces activités sont réalisées hors des limites de l’habitat essentiel, elles peuvent entraîner la destruction de cet habitat si elles modifient le niveau et le débit de l’eau qui contribue au maintien de l’habitat essentiel. La probabilité que de telles activités entraînent la destruction d’habitat essentiel augmente durant les périodes d’hivernage et de nidification. Le moment des débits de pointe a un effet crucial sur le succès de nidification. De même, l’évolution temporelle des débits et des niveaux d’eau a un effet crucial sur le succès d’hivernage. De l’habitat pourrait être détruit si ces activités modifient ces paramètres au point qu’ils ne répondent pas aux besoins de l’espèce en matière d’hivernage et de nidification. Même des activités de ce genre menées hors de l’habitat essentiel peuvent indirectement drainer des milieux humides qui font partie de l’habitat essentiel. Ainsi, de telles activités qui seraient menées à l’extérieur des limites de l’habitat essentiel entraîneraient la destruction d’habitat essentiel si les caractéristiques des milieux humides qui contribuent au caractère convenable de l’habitat n’étaient pas maintenues (p. ex. caractéristiques hydrologiques de l’habitat essentiel). X X X
Activités telles que le développement résidentiel et/ou industriel; conversion de l’habitat pour l’agriculture La conversion complète ou partielle d’habitats riverains ou terrestres à d’autres fins (développement, agriculture, etc.) peut entraîner une perte ou une dégradation permanente de l’habitat de thermorégulation, de nidification, de croissance des juvéniles et/ou d’alimentation. La conversion d’habitat peut aussi éliminer ou détruire de l’habitat de déplacement local et de dispersion, ce qui pourrait réduire l’accès à des endroits importants (p. ex. sites de nidification) et isoler des populations locales. Un seul événement pourrait détruire l’habitat essentiel. Ainsi, de telles activités qui seraient menées à l’extérieur des limites de l’habitat essentiel entraîneraient la destruction d’habitat essentiel si les caractéristiques qui contribuent au caractère convenable de l’habitat n’étaient pas maintenues (p. ex. caractéristiques hydrologiques de l’habitat essentiel). Toute activité de ce genre à l’intérieur de l’habitat essentiel est susceptible d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel. Un seul événement pourrait détruire l’habitat essentiel. X X X
Activités qui modifient l’écoulement de l’eau et/ou fragmentent l’habitat aquatique, telles que la création et l’exploitation d’ouvrages de régularisation des eaux La modification ou la perturbation de l’écoulement de l’eau, p. ex. par la création et l’exploitation de barrages ou d’autres ouvrages de régularisation des eaux, peut entraîner la dégradation ou l’élimination d’habitats de nidification, d’hivernage, de croissance des juvéniles, d’alimentation et de thermorégulation. La stabilisation des niveaux d’eau peut réduire de façon permanente la disponibilité de l’habitat de plaine inondable (p. ex. milieux humides, zones riveraines ouvertes) dont l’espèce dépend pour la nidification, l’alimentation et/ou la thermorégulation. Les niveaux d’eau élevés peuvent saturer les substrats de l’habitat de nidification, ce qui réduit la possibilité pour l’espèce d’utiliser le site avec succès. Les faibles niveaux d’eau récurrents peuvent favoriser la croissance de végétation sur les sites de nidification et ainsi empêcher leur utilisation par l’espèce aux fins de ponte. La modification du niveau d’eau au point où les besoins de l’espèce en matière d’hivernage ne sont plus satisfaits et où l’abandon du site ou la mortalité devient possible pourrait entraîner la destruction de l’habitat d’hivernage. En outre, la construction et l’exploitation d’ouvrages de régularisation des eaux sont susceptibles de créer des obstacles aux déplacements de la tortue molle à épines et ainsi de fragmenter l’habitat, et d’empêcher des individus d’accéder à des zones d’habitat convenable dans leur domaine vital et de se disperser vers des populations locales adjacentes.  La création et l’exploitation d’ouvrages de régularisation des eaux à l’intérieur et à l’extérieur de l’habitat essentiel pourraient entraîner la destruction de l’habitat essentiel si les niveaux d’eau qui contribuent à son caractère convenable ne sont pas maintenus (p. ex. caractéristiques hydrologiques de l’habitat essentiel). La probabilité que ces activités entraînent la destruction de l’habitat essentiel augmente durant les périodes de nidification et d’hivernage. Il faut mener des études approfondies pour déterminer les conditions/seuils de ces activités menées à l’intérieur et à l’extérieur de l’habitat essentiel qui sont susceptibles d’entraîner la destruction d’habitat. X X X
Construction de nouvelles infrastructures routières (p. ex. routes, ponts et ponceaux) La construction de routes (asphaltées, de gravier ou de terre) et de ponts, peu importe le moment de l’année, peut entraîner la destruction permanente (perte) ou la dégradation d’habitats convenables de nidification, d’hivernage ou de déplacement. Les travaux de construction peuvent compacter les zones d’habitat de nidification et les couvrir d’enrochement ou d’autres matériaux qui ne conviennent pas à la nidification. La construction d’ouvrages de franchissement de cours d’eau (ponts, ponceaux, etc.) ou l’excavation de fossés routiers l’hiver peut modifier les niveaux d’eau et avoir une incidence négative sur les sites d’hivernage et/ou causer de la mortalité (p. ex. à cause de l’installation de batardeaux pour enlever l’eau dans une zone et de l’utilisation de machinerie lourde qui peut endommager l’habitat convenable sous la laisse des hautes eaux). La construction de routes peut également entraver les déplacements locaux (p. ex. accès aux sites de nidification). Un seul événement pourrait détruire l’habitat essentiel. Les activités de ce genre menées à l’intérieur ou à l’extérieur des limites de l’habitat essentiel peuvent nuire à l’habitat ou aux individus. Les modifications de niveaux d’eau hors de l’habitat convenable peuvent entraîner une baisse des niveaux d’eau là où se trouvent des hibernacles, ce qui accroîtrait le risque de mortalité hivernale de l’espèce. Comme les chaussées et accotements de routes et ponts existants ne sont pas inclus dans la description de l’habitat essentiel, la poursuite des activités d’entretien de ces ouvrages conformément aux PEG en matière d’atténuation des effets sur l’habitat n’est pas susceptible d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel. X X -
Altération des rives (p. ex. reprofilage, linéarisation ou durcissement des berges de cours d’eau) Les modifications apportées à la structure et à la composition des rives ou des berges (p. ex. enlèvement excessif de végétation indigène, ajout de matériaux de stabilisation tels que du béton, perte de bras abandonnés et de substrats fins et grossiers associés), peu importe le moment de l’année, peuvent créer des conditions permanentes qui ne conviennent pas à la nidification, à la thermorégulation et à l’alimentation de l’espèce. Le durcissement (artificialisation) des rives peut également entraver les déplacements de l’espèce. Un seul événement pourrait détruire l’habitat essentiel. Si ces activités étaient menées dans les limites de l’habitat essentiel, elles détruiraient ou dégraderaient directement l’habitat. Si ces activités étaient menées à l’extérieur et en amont de l’habitat essentiel, elles pourraient nuire indirectement à l’habitat, par exemple par l’apport de sédiments. Tout aménagement des rives dans l’habitat essentiel est susceptible d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel. X X -
Pratiques agricoles intensives (p. ex. maïs de grande culture) Les pratiques agricoles intensives (p. ex. maïs de grande culture) peuvent à tout moment de l’année entraîner l’envasement de plans d’eau voisins et ainsi nuire à l’alimentation de l’espèce; elles peuvent également entraîner l’élimination de végétation indigène et de zones de sol naturellement dénudé et ainsi endommager de façon temporaire ou permanente les habitats de nidification et de thermorégulation. La forte utilisation de pesticides et d’engrais peut dégrader ou altérer définitivement les habitats d’hivernage et d’alimentation de façon directe (p. ex. en nuisant à la qualité de l’eau) ou indirecte (p. ex. en modifiant la disponibilité de nourriture). De telles activités menées à l’extérieur de l’habitat essentiel pourraient entraîner la destruction ou la dégradation d’habitat essentiel si les caractéristiques qui contribuent au caractère convenable de l’habitat ne sont pas maintenues. Un seul événement pourrait détruire l’habitat essentiel. Il faut mener des études approfondies pour déterminer les conditions/seuils de proximité de l’habitat essentiel ainsi que le niveau d’intensification agricole qui entraînerait la destruction de l’habitat essentiel. X X X
Élevage de bétail Les pratiques d’élevage comme celles consistant à laisser le bétail paître dans l’habitat essentiel ou à lui donner accès à des voies d’eau dans l’habitat essentiel peuvent également dégrader ou détruire des habitats de nidification, d’alimentation, de thermorégulation et d’hivernage. Le bétail piétine l’habitat et enlève de la végétation naturelle, ce qui peut altérer temporairement ou définitivement la structure de l’habitat. Dans les cours d’eau, le bétail peut soulever du substrat et causer de l’envasement susceptible de dégrader l’habitat d’alimentation en aval. De telles activités menées à l’extérieur de l’habitat essentiel pourraient entraîner la destruction ou la dégradation d’habitat essentiel si les caractéristiques qui contribuent au caractère convenable de l’habitat ne sont pas maintenues. Un seul événement pourrait détruire l’habitat essentiel. Toute pratique agricole donnant au bétail accès à l’habitat essentiel est susceptible d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel. X X X
Activités qui dégradent la qualité de l’eau (p. ex. rejets de déchets liquides ou solides ménagers, commerciaux, industriels ou municipaux) Les rejets dans l’eau de déchets domestiques, commerciaux, industriels ou municipaux sous forme liquide ou solide peuvent contaminer l’eau avec des substances chimiques ou biologiques dangereuses ou des métaux lourds, ou mener à l’eutrophisation du milieu. Les activités qui entraînent l’envasement ou le ruissellement de pesticides et d’engrais (p. ex. activités agricoles) peuvent également dégrader la qualité de l’eau. La dégradation de la qualité de l’eau et/ou la réduction des teneurs de l’eau en oxygène (créant des conditions anoxiques) dans les milieux aquatiques se trouvant à l’intérieur ou à l’extérieur de l’habitat essentiel peuvent, peu importe le moment de l’année, altérer ou détruire temporairement ou définitivement des habitats d’alimentation, d’hivernage et de thermorégulation. Des rejets de déchets constants, sporadiques ou récurrents peuvent entraîner la destruction de l’habitat. Il faut mener des études pour établir les seuils/conditions de ces activités. X - X
Activités qui introduisent des espèces exotiques et/ou envahissantes (p. ex. plantation d’espèces végétales non indigènes, déplacement de matériaux de remblai) L’introduction d’espèces exotiques et/ou envahissantes peut entraîner la dégradation ou la destruction de l’habitat en réduisant l’habitat de nidification, d’alimentation, de thermorégulation, d’hivernage, de croissance des juvéniles et de déplacement. Par exemple, des peuplements denses du roseau commun non indigène peuvent envahir des sites de nidification et empêcher les tortues de les utiliser, et/ou ils peuvent entraver les déplacements entre les habitats de nidification, d’hivernage et d’alimentation. Ces denses peuplements peuvent également réduire l’exposition au soleil et ainsi altérer l’habitat de thermorégulation. Un seul événement dans l’habitat essentiel peut entraîner la destruction de l’habitat parce que l’introduction de graines peut mener à prolifération rapide de ces espèces envahissantes. X X X

8 Mesure des progrès

Les indicateurs de rendement présentés ci-dessous proposent un moyen de définir et de mesurer les progrès accomplis vers l’atteinte des objectifs en matière de population et de répartition.

Indicateur de rendement à long terme (50 ans) :

Indicateur de rendement à moyen terme (10-15 ans) :

9 Énoncé sur les plans d’action

Un ou plusieurs plans d’action visant la tortue molle à épines seront publiés dans le Registre public des espèces en péril d’ici décembre 2023. Les plans d’action multi‑espèces de Parcs Canada indiquent les mesures de rétablissement propres aux parcs nationaux et aux autres lieux patrimoniaux nationaux où l’espèce est présente (une liste des plans d’action multi-espèces actuels, y compris ceux qui portent sur la tortue ponctuée de la sous-espèce virens, est présentée dans la section relative aux documents du Registre public des espèces en péril).

10 Références

Étant donné la vulnérabilité de certaines espèces à la capture illégale, les références contenant des informations de nature délicate ont été retirées de la présente version du programme de rétablissement. Aux fins de la protection de l’espèce et de son habitat, on peut faire une demande justifiée pour obtenir la liste complète des références en communiquant avec la Section de la planification du rétablissement d’Environnement et Changement climatique Canada à l’adresse suivante : ec.planificationduretablissement-recoveryplanning.ec@canada.ca

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Annexe A : Cotes de conservation infranationales attribuées à la tortue molle à épines (Apalone spinifera) au Canada et aux États-Unis

Tableau A-1 – Cotes de conservation de la tortue molle à épines au Canada et aux États-Unis. (NatureServe, 2017)
Espèce Cote mondiale (G) Cote nationale (N) (Canada) Cote infranationale (S) (Canada) Cote nationale (N) (États-Unis) Cote infranationale (S) (États-Unis)
Tortue molle à épines (Apalone spinifera) G5 N2 Québec (S1)
Ontario (S2)
N5 Alabama (S3), Arizona (SNA), Arkansas (SNR), Colorado (S4), Californie (SNA), Floride (S3), Géorgie (S5), Illinois (S5), Indiana (SNR), Iowa (SNR), Kansas (S5), Kentucky (S5), Louisiane (S5), Maryland (S1), Michigan (S4), Minnesota (S5), Mississippi (S5), Missouri (SNR), Montana (S3), Nebraska (S5), Nevada (SNA), Caroline du Nord (S3), New Jersey (SNR), Nouveau-Mexique (S4), New York (S2S3), Ohio (SNR), Oklahoma (S5), Pennsylvanie (S4), Dakota du Sud (S2), Caroline du Sud (SNR), Tennessee (S5), Texas (S5), Utah (SNA), Vermont (S1), Virginie (S2), Virginie-Occidentale (S4), Wisconsin (S4S5); Wyoming (S4)

Définitions des cotes (Master et al., 2012)

S1 – Espèce gravement en péril : Espèce extrêmement susceptible de disparaître du territoire en raison d’une aire de répartition très limitée, d’un nombre très restreint de populations ou d’occurrences, de déclins très marqués, de menaces graves ou d’autres facteurs.

S2 – Espèce en péril : Espèce très susceptible de disparaître du territoire en raison d’une aire de répartition limitée, d’un nombre restreint de populations ou d’occurrences, de déclins marqués, de menaces graves ou d’autres facteurs.

S2S3 – Espèce vulnérable/en péril : Espèce à risque de disparition modéré à élevé dans le territoire considéré, à cause d’une aire de répartition relativement limitée à limitée, d’un nombre relativement faible à faible de populations ou d’occurrences, de baisses d’effectif récentes et répandues à marquées, de menaces modérées à graves ou d’autres facteurs.

N3/S3 – Espèce vulnérable : Espèce modérément susceptible de disparaître du territoire en raison d’une aire de répartition plutôt limitée, d’un nombre relativement faible de populations ou d’occurrences, de déclins récents et généralisés, de menaces ou d’autres facteurs.

S4 – Espèce apparemment non en péril : Espèce assez peu susceptible de disparaître du territoire en raison de la grande étendue de son aire de répartition ou du grand nombre de populations ou d’occurrences, mais pour laquelle il existe des sources de préoccupations en raison de déclins localisés récents, de menaces ou d’autres facteurs.

S4S5 – Espèce non en péril/apparemment non en péril : Espèce à risque de disparition nul à relativement faible dans le territoire considéré, à cause d’une aire de répartition étendue à très étendue ou d’un nombre élevé de populations ou d’occurrences, mais pouvant susciter des préoccupations en raison de baisses d’effectif récentes et locales, de menaces ou d’autres facteurs.

G5/N5/S5 – Espèce non en péril : Espèce très peu susceptible de disparaître du territoire en raison de son aire de répartition ou de l’abondance de populations ou d’occurrences et ne suscitant aucune préoccupation associée à des déclins ou des menaces ou n’en suscitent que très peu.

SNA – Non applicable : Aucune cote de conservation ne s’applique, car l’espèce ou l’écosystème n’est pas une cible appropriée en matière de conservation.

SNR – Espèce non classée : Espèce dont le statut de conservation national ou infranational n’a pas encore été évalué.

Annexe B : Effets sur l’environnement et sur les espèces non ciblées

Une évaluation environnementale stratégique (EES) est effectuée pour tous les documents de planification du rétablissement en vertu de la LEP, conformément à la Directive du Cabinet sur l’évaluation environnementale des projets de politiques, de plans et de programmes. L’objet de l’EES est d’incorporer les considérations environnementales à l’élaboration des projets de politiques, de plans et de programmes publics pour appuyer une prise de décisions éclairée du point de vue de l’environnement, et d’évaluer si les résultats d’un document de planification du rétablissement peuvent affecter un élément de l’environnement ou tout objectif ou cible de la Stratégie fédérale de développement durable (SFDD).

La planification du rétablissement vise à favoriser les espèces en péril et la biodiversité en général. Il est cependant reconnu que des programmes peuvent, par inadvertance, produire des effets environnementaux qui dépassent les avantages prévus. Le processus de planification fondé sur des lignes directrices nationales tient directement compte de tous les effets environnementaux, notamment des incidences possibles sur des espèces ou des habitats non ciblés. Les résultats de l’EES sont directement inclus dans le programme lui-même, mais également résumés dans le présent énoncé, ci-dessous.

La plupart des activités entreprises pour protéger la tortue molle à épines et son habitat profiteront également à d’autres espèces qui utilisent un habitat similaire. La protection des milieux aquatiques contribuera à maintenir une biodiversité riche soutenue par ces milieux. De plus, la réduction des menaces et les mesures d’atténuation visant la tortue molle à épines peuvent contribuer à la réduction du taux de mortalité d’autres espèces animales (p. ex. activités visant à éliminer la pollution des milieux aquatiques, mise en œuvre de méthodes d’atténuation pour réduire le nombre de prises accessoires, etc.). Certaines de ces mesures se retrouveront sans doute dans d’autres documents de rétablissement, particulièrement ceux qui visent des espèces aquatiques ou riveraines. Le tableau B-1 présente des exemples d’espèces susceptibles de tirer avantage du rétablissement de la tortue molle à épines au Canada.

Tableau B-1. Exemples d’espèces en péril pouvant profiter de la conservation et de la gestion de l’habitat de la tortue molle à épines
Nom commun Nom scientifique Statut en vertu de la LEP
Couleuvre fauve de l’Est (population carolinienne) Pantherophis gloydi En voie de disparition
Crapaud de Fowler Anaxyrus fowleri En voie de disparition
Râle élégant Rallus elegans En voie de disparition
Couleuvre d’eau du lac Érié Nerodia sipedon insularum En voie de disparition
Petit Blongios Ixobrychus exilis Menacée
Couleuvre à nez plat Heterodon platirhinos Menacée
Dard de sable Ammocrypta pellucida Menacée
Tortue musquée Sternotherus odoratus Préoccupante
Tortue géographique Graptemys geographica Préoccupante
Tortue serpentine Chelydra serpentina Préoccupante
Couleuvre tachetée Lampropeltis triangulum Préoccupante
Couleuvre mince (population des Grands Lacs) Thamnophis sauritus Préoccupante
Méné d’herbe Notropis bifrenatus Préoccupante
Brochet vermiculé Esox americanus vermiculatus Préoccupante

Cette liste n’est pas exhaustive. Étant donné que les besoins propres à chacune de ces espèces peuvent varier, la mise en œuvre des mesures de rétablissement doit être évaluée en fonction des impacts sur les espèces cooccurrentes. Dans la mesure du possible, il faut maintenir les processus écosystémiques naturels et leur permettre d’évoluer sans interférence humaine, car c’est à ces processus que les espèces sont adaptées.

La possibilité que le présent programme de rétablissement entraîne des effets négatifs imprévus sur l’environnement et d’autres espèces a été examinée. Les mesures recommandées, y compris les relevés et les activités de sensibilisation du public, sont non intrusives. Il a donc été conclu que le présent plan de gestion est peu susceptible de produire d’importants effets négatifs.

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