Tortue ponctuée (Clemmys guttata) : programme de retablissment 2018

Titre official: Programme de rétablissement de la tortue ponctuée (Clemmys guttata) au Canada

Lois sur les espèces en péril
Série de Programmes de rétablissement

Tortue ponctuée
Tortue ponctuée
Information sur le document

Référence recommandée : Environnement et Changement climatique Canada. 2018. Programme de rétablissement de la tortue ponctuée (Clemmys guttata)au Canada. Série de Programmes de rétablissement de la Loi sur les espèces en péril. Environnement et Changement climatique Canada, Ottawa. ix + 71 p.

Pour télécharger le présent programme de rétablissement ou pour obtenir un complément d’information sur les espèces en péril, incluant les rapports de situation du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC), les descriptions de la résidence, les plans d’action et d’autres documents connexes portant sur le rétablissement, veuillez consulter le Registre public des espèces en péril.

Illustration de la couverture : © Joe Crowley

Also available in English under the title “Recovery Strategy for the Spotted Turtle (Clemmys guttata) in Canada

Le contenu du présent document (à l’exception des illustrations) peut être utilisé sans permission, mais en prenant soin d’indiquer la source.

Préface

En vertu de l’Accord pour la protection des espèces en péril (1996), les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux signataires ont convenu d’établir une législation et des programmes complémentaires qui assureront la protection des espèces en péril partout au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (L.C. 2002, ch. 29) (LEP), les ministres fédéraux compétents sont responsables de l’élaboration des programmes de rétablissement pour les espèces inscrites comme étant disparues du pays, en voie de disparition ou menacées et sont tenus de rendre compte des progrès réalisés dans les cinq ans suivant la publication du document final dans le Registre public des espèces en péril.

La ministre de l’Environnement et du Changement climatique etministre responsable de l’Agence Parcs Canada est le ministre compétent en vertu de la LEP à l’égard de la tortue ponctuée et a élaboré ce programme de rétablissement, conformément à l’article 37 de la LEP. Dans la mesure du possible, le programme de rétablissement a été préparé en collaboration avec la Province de l’Ontario (ministère des Richesses naturelles et des ForêtsNote de bas de page 1) et la Province de Québec (ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs), en vertu du paragraphe 39(1) de la LEP.

La réussite du rétablissement de l’espèce dépendra de l’engagement et de la collaboration d’un grand nombre de parties concernées qui participeront à la mise en œuvre des directives formulées dans le présent programme. Cette réussite ne pourra reposer seulement sur Environnement et Changement climatique Canada, l’Agence Parcs Canada ou sur toute autre autorité responsable. Tous les Canadiens et les Canadiennes sont invités à appuyer ce programme et à contribuer à sa mise en œuvre pour le bien de la tortue ponctuée et de l’ensemble de la société canadienne.

Le présent programme de rétablissement sera suivi d’un ou de plusieurs plans d’action qui présenteront de l’information sur les mesures de rétablissement qui doivent être prises par Environnement et Changement climatique Canada, l’Agence Parcs Canada et d’autres autorités responsables et/ou organisations participant à la conservation de l’espèce. La mise en œuvre du présent programme est assujettie aux crédits, aux priorités et aux contraintes budgétaires des autorités responsables et organisations participantes.

Le programme de rétablissement établit l’orientation stratégique visant à arrêter ou à renverser le déclin de l’espèce, incluant la désignation de l’habitat essentiel dans la mesure du possible. Il fournit à la population canadienne de l’information pour aider à la prise de mesures visant la conservation de l’espèce. Lorsque l’habitat essentiel est désigné, dans un programme de rétablissement ou dans un plan d’action, la LEP exige que l’habitat essentiel soit alors protégé.

Dans le cas de l’habitat essentiel désigné pour les espèces terrestres, y compris les oiseaux migrateurs, la LEP exige que l’habitat essentiel désigné dans une zone protégée par le gouvernement fédéralNote de bas de page 2 soit décrit dans la Gazette du Canada dans un délai de 90 jours après l’ajout dans le Registre public du programme de rétablissement ou du plan d’action qui a désigné l’habitat essentiel. L’interdiction de détruire l’habitat essentiel aux termes du paragraphe 58(1) s’appliquera 90 jours après la publication de la description de l’habitat essentiel dans la Gazette du Canada.

Pour l’habitat essentiel se trouvant sur d’autres terres domaniales, le ministre compétent doit, soit faire une déclaration sur la protection légale existante, soit prendre un arrêté de manière à ce que les interdictions relatives à la destruction de l’habitat essentiel soient appliquées.

Si l’habitat essentiel d’un oiseau migrateur ne se trouve pas dans une zone protégée par le gouvernement fédéral, sur le territoire domanial, à l’intérieur de la zone économique exclusive ou sur le plateau continental du Canada, l’interdiction de le détruire ne peut s’appliquer qu’aux parties de cet habitat essentiel — constituées de tout ou partie de l’habitat auquel la Loi de 1994 sur la convention concernant les oiseaux migrateurs s’applique aux termes des paragraphes 58(5.1) et 58(5.2) de la LEP.

En ce qui concerne tout élément de l’habitat essentiel se trouvant sur le territoire non domanial, si le ministre compétent estime qu’une partie de l’habitat essentiel n’est pas protégée par des dispositions ou des mesures en vertu de la LEP ou d’autres lois fédérales, ou par les lois provinciales ou territoriales, il doit, comme le prévoit la LEP, recommander au gouverneur en conseil de prendre un décret visant l’interdiction de détruire l’habitat essentiel. La décision de protéger l’habitat essentiel se trouvant sur le territoire non domanial et n’étant pas autrement protégé demeure à la discrétion du gouverneur en conseil.

Remerciements

Le présent document a été préparé par Rachel deCatanzaro, Krista Holmes, Angela McConnell, Marie-Claude Archambault, Lee Voisin (Environnement et Changement climatique Canada, Service canadien de la faune – Région de l’Ontario), et Barbara Slezak, Kari Van Allen, Bruna Peloso et Louis Gagnon (anciennement d’Environnement et Changement climatique Canada, Service canadien de la faune – Région de l’Ontario). Les personnes suivantes ont également contribué à son élaboration en formulant des commentaires, des suggestions et des modifications : Karolyne Pickett, Jude Girard, Madeline Austen, Elizabeth Rezek, Lesley Dunn (Environnement et Changement climatique Canada, Service canadien de la faune – Région de l’Ontario), Gabrielle Fortin, Carollynne Smith, Sylvain Giguère, Pierre-André Bernier (Environnement et Changement climatique Canada, Service canadien de la faune – Région du Québec), Paul Johanson (Environnement et Changement climatique Canada, Service canadien de la faune – Région de la capitale nationale), Gary Allen, Josh Van Wieren, Colin Hoag, Eileen Nolan, Joanne Tuckwell et Harry Szeto (Agence Parcs Canada), Amelia Argue, Joe Crowley, Vivian Brownell, Gillianne Marshall, Gillian Ferguson-Martin, Jay Fitzsimmons, Aileen Rapson, Dana Kinsman, Jim Saunders, Corina Brdar, Sandy Dobbyn, Graham Cameron, Megan Rasmussen, Valerie Vaillancourt, Eric Cobb, Nicki Boucher, Brian Naylor (Ph.D.), Jean Enneson (ministère des Richesses naturelles et des Forêts de l’Ontario), Clint Jacobs (Centre du patrimoine de l’île Walpole) et membres du personnel du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec. De nombreuses autres personnes, dont Patrick Galois (Amphibia-Nature), Sylvain Giguère, Gabrielle Fortin (Environnement et Changement climatique Canada, Service canadien de la faune – Région du Québec), David Seburn (Seburn Ecological Service) et Scott Gillingwater (Office de la protection de la nature de la rivière Thames supérieure), ont collaboré à la préparation d’une ébauche d’un programme de rétablissement ciblant plusieurs espèces de tortues. Nous remercions également de leur contribution le personnel du ministère des Richesses naturelles et des Forêts de l’Ontario, du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec et du Service canadien de la faune ainsi que diverses universités et autres organisations. Des remerciements sont également adressés à l’équipe de rétablissement des tortues du Québec et à l’équipe de rétablissement multi-espèces des tortues en péril de l’Ontario, qui ont préparé les documents relatifs au rétablissement sur lesquels sont fondées les versions antérieures du présent document.

Nous remercions sincèrement toutes les autres parties qui ont offert des conseils et des commentaires durant l’élaboration du présent programme de rétablissement, y compris les organisations autochtones, les citoyens et les intervenants qui ont fourni des renseignements et participé aux réunions de consultation.

Sommaire

La tortue ponctuée (Clemmys guttata) est inscrite à titre d’espèce en voie de disparition à l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril (LEP). Elle est également désignée en voie de disparition en Ontario en vertu de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition (LEVD, 2007) de la province. Cette petite espèce de tortue d’eau douce se distingue par sa dossièreNote de bas de page 3 noire, lisse et arquée piquée de points orange-jaune épars. La tortue ponctuée est semi-aquatique et se rencontre en milieux terrestre et aquatique durant la saison active.

L’aire de répartition de la tortue ponctuée s’étend du Michigan, du sud de l’Ontario et du Maine jusqu’à la Floride. Au Canada, l’espèce est présente dans le sud, le centre et l’est de l’Ontario, et sa présence au Québec est attestée par seulement deux mentions historiquesNote de bas de page 4 confirmées. Environ 6 % de son aire de répartition mondiale se trouve au Canada.

L’abondance des populations localesNote de bas de page 5 de tortues ponctuées a subi un important déclin au Canada. Les populations sont très dispersées au Canada, et la population canadienne est estimée à 2 000-3 000 individus. Bon nombre des populations locales restantes sont petites, et certaines d’entre elles ne sont probablement plus viablesNote de bas de page 6.

Les principales menaces qui pèsent sur la tortue ponctuée sont la mortalité accidentelle attribuable aux véhicules routiers et hors route, la capture illégale, les espèces exotiques et envahissantes et la conversion des terres à des fins d’exploitation agricole et de développement. La tortue ponctuée est très vulnérable à toute augmentation des taux de mortalité des adultes et des juvéniles plus âgés, car elle atteint sa maturité sexuelle tardivement et présente un faible taux de reproduction.

Le caractère réalisable du rétablissement de la tortue ponctuée comporte des inconnues. Conformément au principe de précaution, un programme de rétablissement a été élaboré en vertu du paragraphe 41(1) de la LEP, tel qu’il convient de faire lorsque le rétablissement est déterminé comme étant réalisable.

L’objectif à long terme (c.-à-d. 50 ans) en matière de population et de répartition au Canada consiste à assurer la persistance de populations locales autosuffisantes de tortues ponctuées dans les régions où l’espèce est présente au Canada. Le sous-objectif à moyen terme (c.-à-d. 10 à 15 ans) consiste à stabiliser et, si possible du point de vue biologique et technique, à accroître l’abondance des populations locales en augmentant la quantité d’habitat convenable et/ou en atténuant les menaces en Ontario. Les stratégies générales proposées pour atténuer les menaces à la survie et au rétablissement de l’espèce sont présentées à la section « Orientation stratégique pour le rétablissement » (section 6.2).

L’habitat essentiel de la tortue ponctuée est désigné pour 88 populations locales (25 populations existantesNote de bas de page 7 et 63 populations historiques), et comprend tous les aspects du cycle vital de l’espèce en fonction des trois critères suivants : 1) occupation de l’habitat; 2) caractère convenable de l’habitat; 3) connectivité de l’habitat. Plusieurs sites historiques abritent encore probablement l’espèce, mais aucune recherche ciblée n’y a été effectuée récemment ou de façon appropriée, et/ou des mesures de remise en état de l’habitat pourraient s’imposer pour y assurer la persistance des populations locales. Pour toutes ces raisons, l’habitat essentiel de la tortue ponctuée est désigné seulement de façon partielle dans le présent programme de rétablissement. Le calendrier des études présenté à la section 7.2 présente les activités requises pour compléter la désignation de l’habitat essentiel en vue d’atteindre les objectifs en matière de population et de répartition établis pour l’espèce.

Un ou plusieurs plans d’action visant la tortue ponctuée seront achevés et publiés dans le Registre public des espèces en péril d’ici décembre 2023.

Résumé du caractère réalisable du rétablissement

D’après les quatre critères suivants qu’Environnement et Changement climatique Canada utilise pour définir le caractère réalisable du rétablissement, le rétablissement de la tortue ponctuée comporte des inconnues. Conformément au principe de précaution, un programme de rétablissement a été élaboré en vertu du paragraphe 41(1) de la LEP, tel qu’il convient de faire lorsque le rétablissement est déterminé comme étant réalisable du point de vue technique et biologique. Le présent programme de rétablissement traite des inconnues entourant le caractère réalisable du rétablissement.

1. Des individus de l’espèce sauvage capables de se reproduire sont disponibles maintenant ou le seront dans un avenir prévisible pour maintenir la population ou augmenter son abondance.

Oui. Le nombre de populations locales existantes connues s’élève à 25, et l’on estime que la population canadienne de tortues ponctuées compte de 2 000 à 3 000 individus (COSEWIC, 2014). Bien que la densité de ses populations locales et son potentiel reproductif soient faibles à l’échelle de son aire de répartition canadienne, la tortue ponctuée est considérée comme non en péril à l’échelle mondiale. On trouve des populations aux États-Unis qui pourraient maintenir la population canadienne ou accroître son abondance au Canada grâce à l’intervention humaine (p. ex. techniques de réintroduction). Toutefois, leur faisabilité et la probabilité de réussite n’ont pas été évaluées.

2. De l’habitat convenable suffisant est disponible pour soutenir l’espèce, ou pourrait être rendu disponible par des activités de gestion ou de remise en état de l’habitat.

Oui. Bien que, dans de nombreuses parties de l’aire de répartition historique de l’espèce, l’habitat utilisé par la tortue ponctuée ait été détruit et/ou dégradé par des espèces exotiques et envahissantes, le développement urbain, industriel et agricole et la gestion du niveau de l’eau, de l’habitat convenable demeure disponible dans l’aire de répartition de l’espèce au Canada ou pourrait être rendu disponible pour soutenir l’espèce par des activités de gestion et de remise en état. Des techniques de gestion ou de remise en état pourraient être utilisées pour accroître la quantité d’habitat convenable disponible pour l’espèce et la connectivité entre les populations locales.

3. Les principales menaces pesant sur l’espèce ou son habitat (y compris les menaces à l’extérieur du Canada) peuvent être évitées ou atténuées.

Inconnu. Les principales menaces qui pèsent sur la tortue ponctuée sont la mortalité accidentelle attribuable aux véhicules routiers et hors route, la capture illégale, les espèces exotiques et envahissantes et la conversion des terres à des fins d’exploitation agricole et de développement. Au nombre des autres menaces, on compte la mortalité accidentelle causée par les pratiques agricoles, la perte d’habitat attribuable à la gestion du niveau de l’eau et la succession causée par la suppression des incendies. Des documents de sensibilisation et d’information destinés à la population ont été préparés et continueront de faire partie intégrante du rétablissement de l’espèce afin de réduire la mortalité accidentelle, les espèces exotiques et envahissantes et la capture illégale. Il est difficile d’assurer un suivi de la capture illégale et de traiter le problème, mais des mesures de sensibilisation du public et d’application de la loi sont en place pour lutter contre cette menace. Ces mesures, de même que la protection des données sur l’emplacement des tortues ponctuées, aideront à réduire la capture illégale. Des techniques telles que l’utilisation de cages de nids pour réduire la prédation des nids et d’écopassages (avec des clôtures reliées) pour diminuer la mortalité routière ont été mises en œuvre avec succès afin d’atténuer les menaces qui pèsent sur l’espèce dans certaines régions (Seburn et Seburn, 2000; Référence retiréeNote de bas de page 8). Quelques pratiques exemplaires de gestion (PEG) ont été mises en place, et il est probable que d’autres pratiques soient élaborées et mises à l’essai dans un délai raisonnable et mises en œuvre pour rétablir les populations locales vulnérables qui subissent des menaces telles que la mortalité accidentelle et les menaces de moindre importance, comme la perte d’habitat et la gestion du niveau de l’eau. La protection ciblée de l’habitat par le biais de la réglementation, de l’acquisition de terres et de la planification de la conservation ainsi que des techniques d’intendance ont été utilisées avec succès dans certaines populations locales aux fins de protection de l’habitat (Seburn et Seburn, 2000). D’autres menaces comme les activités qui modifient la nappe phréatique (notamment en hiver), la pollution et la perturbation anthropique peuvent être partiellement atténuées grâce à la sensibilisation du public, à la remise en état de l’habitat et à la conservation/protection ciblée de l’habitat actuel. Les menaces dont les conséquences sont inconnues incluent les prédateurs favorisés par l’humainNote de bas de page 9, la contamination et la charge en nutriments, la perturbation causée par les activités humaines et les changements climatiques. On ne sait pas si toutes ces menaces peuvent être éliminées ou atténuées pour assurer la survie de la population canadienne.

4. Des techniques de rétablissement existent pour atteindre les objectifs en matière de population et de répartition ou leur élaboration peut être prévue dans un délai raisonnable.

Inconnu. Certaines populations locales sont en déclin (COSEWIC, 2014). Pour assurer la viabilité de l’espèce dans l’aire de répartition canadienne, des techniques de rétablissement, comme l’introduction ou l’élevage, pourraient être nécessaires pour atteindre les objectifs en matière de population et de répartition. L’efficacité des techniques de réintroduction n’a pas encore été déterminée pour cette espèce; ainsi, on ne sait pas si de telles techniques pourraient être mises en œuvre efficacement dans un délai raisonnable. De plus, la capture illégale pour le commerce des animaux de compagnie et la consommation humaine constitue une menace grave pour l’espèce, et on ne sait pas si l’éducation/la sensibilisation, la protection par des lois et d’autres techniques de rétablissement réduiront cette menace suffisamment pour que l’espèce ne soit plus menacée de disparition à l’échelle locale. La maturité sexuelle de la tortue ponctuée est tardive (jusqu’à 15 ans), et l’espèce connaît des niveaux élevés de mortalité des œufs et des juvéniles; le rétablissement de la population pourrait donc être lent. Le suivi systématique de l’abondance des populations locales est nécessaire parce que l’espèce se trouve dans de petites sous-populations (p. ex. populations locales) isolées. À l’heure actuelle, des observations fortuites dans la plupart des populations locales ontariennes ont été utilisées pour estimer l’abondance (COSEWIC, 2014). Des travaux pour recueillir des données appropriées au Canada permettront aux spécialistes d’évaluer correctement les conditions actuelles et de veiller à ce que les populations locales ne diminuent pas en deçà du point où les individus ne peuvent se remplacer eux-mêmes. À cause des incertitudes entourant l’efficacité des techniques de rétablissement, les estimations de l’abondance et les conditions des populations locales, on ne sait pas si les techniques de rétablissement permettront d’atteindre les objectifs en matière de population et de répartition dans un délai raisonnable.

1. Évaluation de l’espèce par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada

Date de l’évaluation : Novembre 2014

Nom commun : Tortue ponctuée

Nom scientifique : Clemmys guttata

Statut selon le COSEPAC : Espèce en voie de disparition

Justification de la désignation : Cette espèce a un potentiel de reproduction particulièrement faible, incluant une maturation tardive et un taux de fécondité faible, et se trouve dans de petites sous-populations isolées. Bien que certaines sous-populations soient dans des aires protégées, il y a des indications provenant d’un suivi approfondi et du calcul de déclins prévus que même ces populations sont en danger malgré une faible exposition aux menaces anthropiques. Les principales menaces pesant sur l’espèce sont la mortalité sur les routes, la collecte pour le commerce des animaux de compagnie, l’alimentation et la médecine traditionnelle ainsi que la perte d’habitat causée par les plantes envahissantes et le développement. Aucune immigration de source externe à partir d’autres populations n’est possible.

Présence au Canada : Ontario, Québec.

Historique du statut selon le COSEPAC : Espèce désignée « préoccupante » en avril 1991. Réexamen du statut : l’espèce a été désignée « en voie de disparition » en mai 2004 et en novembre 2014.

2. Information sur la situation de l’espèce

Au Canada, la tortue ponctuée est inscrite à titre d’espèce en voie de disparitionNote de bas de page 10 à l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril (LEP) du gouvernement fédéral. En Ontario, elle est également désignée en voie de disparition en vertu de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition (LEVD, 2007) (L.O. 2007, ch. 6), et reçoit une protection générale de son habitat en vertu de la LEVD. L’espèce y est aussi désignée « reptile spécialement protégé » aux termes de la Loi de 1997 sur la protection du poisson et de la faune (L.O. 1997, ch. 41) de l’Ontario. Au Québec, elle figure sur la liste des espèces susceptibles d’être désignées menacées ou vulnérables en vertu de la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables (L.R.Q., 291 ch. E-12.01). Enfin, elle figure aussi à l’annexe II (qui permet le commerce d’une espèce inscrite seulement si un permis d’exportation est accordé) de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES), qui régit le commerce international de cette espèce (CITES, 2014).

La cote de conservation mondiale de la tortue ponctuée est « non en péril » (G5) (NatureServe, 2017). À l’échelle nationale, l’espèce est désignée « en péril » (N2) au Canada et « non en péril » (N5) aux États-Unis (NatureServe, 2017). Elle est classée « gravement en péril » (S1) au Québec et « en péril » (S2) en Ontario (NatureServe, 2017). L’annexe A présente des cotes de conservation additionnelles et les définitions des cotes de conservation attribuées par NatureServe. L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a désigné la tortue ponctuée « en danger »Note de bas de page 11 (van Dijk, 2013).

Environ 6 % de l’aire de répartition mondiale de la tortue ponctuée se trouvent au Canada (Seburn, 2007).

3. Information sur l’espèce

3.1 Description de l’espèce

La tortue ponctuée est une petite espèce de tortue d’eau douce dont la dossière, à l’âge adulte, peut atteindre une longueur maximale de 14,25 cm (Ernst et Lovich, 2009). La dossière est lisse, arquée et noire avec des points orange-jaune épars. Ces points peuvent s’estomper avec l’âge et même disparaître complètement chez certains individus âgés (Ernst et Lovich, 2009). Le plastronNote de bas de page 12 est habituellement noir et orange, mais il s’assombrit généralement ou peut même devenir entièrement noir avec l’âge (Ernst et Lovich, 2009). La tête et les membres sont généralement noirs avec des points jaunes, orange et occasionnellement blancs, tandis que la queue peut être striée de jaune. La tête est ornée de chaque côté d’une grande tache orange distinctive, derrière l’œil (COSEWIC, 2014).

La tortue ponctuée affiche un dimorphisme sexuelNote de bas de page 13. À l’âge adulte, la mandibuleNote de bas de page 14 et les yeux sont orange à jaunes chez la femelle, mais bruns chez le mâle (Harding, 1997). Chez la femelle, le plastron est plat et la queue est relativement courte et mince, tandis que chez le mâle le plastron est normalement concave, et la queue, plus longue et plus épaisse. Les juvéniles ont une coloration très semblable à celle des femelles adultes et peuvent donc être confondus avec celles-ci sur le terrain (COSEWIC, 2004).

La tortue ponctuée ressemble par la coloration et les marques à une tortue mouchetée (Emydoidea blandingii) juvénile. Les deux espèces se distinguent toutefois l’une de l’autre par un certain nombre de caractères. Contrairement à la tortue ponctuée, la tortue mouchetée a le menton et la gorge jaune vif, la dossière fortement bombée et le plastron articulé. La dossière des adultes est en outre généralement beaucoup plus grande chez la tortue mouchetée (21,8-28,4 cm) que chez les plus grandes tortues ponctuées adultes observées (14,25 cm) (COSEWIC, 2004).

On sait que l’espèce peut vivre plus de 30 ans au Canada, avec un âge maximal estimé de 110 ans pour les femelles et de 65 ans pour les mâles (Litzgus, 2006). La tortue ponctuée atteint la maturité sexuelle à l’âge de 11 à 15 ans (Litzgus et Brooks, 1998a, b).

3.2 Population et répartition de l’espèce

L’aire de répartition de la tortue ponctuée (figure 1) se limite à certaines régions de l’est de l’Amérique du Nord (Ernst et Lovich, 2009). L’espèce y forme des populations isolées depuis le Michigan, le sud, le centre et l’est de l’Ontario et le Maine jusqu’au centre de la Floride, en longeant la plaine côtière de l’Atlantique et, vers l’ouest, jusqu’en Pennsylvanie, en Ohio, en Indiana, dans le nord-est de l’Illinois et au Michigan (COSEWIC, 2014; NatureServe, 2017).

Figure 1
Figure 1. Aire de répartition de la tortue ponctuée en Amérique du Nord (adaptée de NatureServe, 2017). Cette carte illustre l’aire de répartition générale de l’espèce, mais elle ne fournit pas d’information détaillée sur la présence ou l’absence d’observations à l’intérieur de cette aire. Consulter le texte pour obtenir de plus amples renseignements sur la répartition de l’espèce en Ontario et au Québec.
Description longue

La figure 1 est une carte illustrant l’aire de répartition de la tortue ponctuée en Amérique du Nord. L’aire de répartition inclut le sud de l’Ontario, depuis la baie Georgienne jusqu’à l’extrême sud du Québec, et comprend des zones dans le sud des Grands Lacs au Michigan, en Ohio, en Indiana et dans l’État de New York. L’aire de répartition suit également la côte Est, sur une bande terrestre d’environ 200 km, jusqu’au nord de la Floride.

Long description

Figure 1 is a map of the distribution of Spotted Turtle in North America.  The range includes southern Ontario from Georgian Bay to the extreme southern portion of Quebec, and includes areas south of the Great Lakes in Michigan, Ohio, Indiana and New York.  The range then extends down the eastern seaboard from Maine to northern Florida, extending approximately 200 km inland.

En Ontario, l’espèce se rencontre en populations dispersées dans le sud-ouest de la province, y compris le long de la péninsule Bruce, de même que dans le centre de la province depuis la rive est de la baie Georgienne et, vers l’est, jusqu’à la frontière du Québec (Référence retirée). De grandes quantités d’habitat convenable continu et des populations locales faisant l’objet d’un grand nombre de données se trouvent le long de la baie Georgienne, mais 80 % de la population canadienne moyenne estimée actuelle se situe dans de petites parcelles isolées du sud-ouest et du sud-est de l’Ontario, ce qui indique une forte fragmentation de la population (COSEWIC, 2014; IUCN, 2014).

Au Québec, même si des nombreux relevés ont été effectués au fil des ans dans des milieux potentiellement occupés par l’espèce, seulement deux mentions historiques confirmées de la tortue ponctuée ont été enregistrées dans le sud-ouest de la province (Giguère, comm. pers., 2012). Une de ces deux mentions est très ancienne (années 1800), et l’autre est fondée sur la découverte d’un individu mort au cours des années 1960 (COSEWIC, 2014). La présence de la tortue ponctuée au Québec n’est donc pas encore confirmée. Il convient toutefois de noter que l’espèce peut être difficile à détecter, en partie en raison de sa préférence pour les milieux difficiles d’accès (p. ex. tourbières) et de son comportement discret (Référence retirée; Gillingwater, comm. pers., 2012).

En Ontario, on compte 109 occurrences d’élémentNote de bas de page 15 connues de la tortue ponctuée, dont 25 sont considérées comme existantes, 81 comme historiques et 3 comme disparuesNote de bas de page 16 (COSEWIC, 2014). Cependant, certaines populations locales existantes et historiques incluent seulement un petit nombre d’individus et pourraient ne pas être viables (Seburn, 2007; COSEWIC, 2014). Comme l’a noté le COSEPAC (COSEWIC, 2014), au moins 8 des 21 populations locales bien étudiées comptent moins de 50 individus matures. Selon des travaux de modélisation, les populations locales de 50 individus affichent une probabilité de quasi-disparitionNote de bas de page 17 d’environ 40 % d’ici 100 ans (Enneson et Litzgus, 2009).

En Ontario, le nombre de populations locales considérées comme historiques a augmenté au fil du temps, mais cela pourrait être en partie attribuable au manque de travaux de relevé adéquats dans ces sites (COSEWIC, 2014). En raison de son habitude à se réchauffer au soleil sous la végétation et à éviter les humains, la tortue ponctuée est difficile à observer, notamment lorsque les densités sont faibles (COSEWIC, 2014). Toutefois, il y a des cas observés de déclin de l’abondance et de disparition de populations locales dans l’aire de répartition, dont dans le parc provincial MacGregor Point, le parc provincial de la Pointe-Pelée, l’île Pelée, la baie Georgienne, le sud-ouest de l’Ontario et d’autres régions de l’aire de répartition (COSEWIC, 2014).

Au Canada, la population totale est estimée à 2 000-3 000 individus (COSEWIC, 2014), d’après les estimations disponibles de l’abondance des populations locales. Selon les taux de mortalité annuelle dans le sud-ouest de l’Ontario et la baie Georgienne, on prévoit un déclin de plus de 40 % de la population canadienne de tortues ponctuées adultes au cours des 3 prochaines générations (123 ans) (Litzgus, 2006; Enneson, 2009; COSEWIC, 2014).

La zone d’occupationNote de bas de page 18 de la tortue ponctuée au Canada est difficile à estimer en raison des difficultés que soulève la détection de l’espèce (OMNRF, 2015), mais elle est probablement de 460 à 2 000 km2, compte tenu de la quantité d’habitat convenable disponible en Ontario (COSEWIC, 2014).

3.3 Besoins de la tortue ponctuée

Besoins généraux en matière d’habitat

La tortue ponctuée est une espèce semi-aquatiqueNote de bas de page 19 qui effectue des déplacements saisonniers distincts (Joyal et al., 2001; Beaudry et al., 2009) entre les milieux terrestres et aquatiques pour combler différents besoins biologiques et comportementaux (Référence retirée; Litzgus et Brooks, 2000; Référence retirée; Reeves et Litzgus, 2008; Rasmussen et Litzgus, 2010a). Les milieux utilisés par la tortue ponctuée varient considérablement à l’échelle de l’aire géographique occupée par l’espèce et entre les populations locales (Référence retirée; Référence retirée; Seburn, données inédites; Rasmussen et Litzgus, 2010a). Des études télémétriques montrent toutefois une forte fidélité aux zones d’habitat principal, particulièrement dans les sites d’hivernage et les sites de rassemblement printanierNote de bas de page 20 (Référence retirée; Litzgus et al., 1999; Litzgus et Brooks, 2000; Seburn, 2001; A. Yagi, comm. pers., in COSEWIC, 2014; Rasmussen et Litzgus, 2010a).

Durant la saison active, l’habitat aquatique de la tortue ponctuée englobe généralement des milieux humides peu profonds (moins de 1 m) et riches en matière organique, comme des marécages, des tourbières ombrotrophes et minérotrophes et des marais (Référence retirée; Litzgus et Brooks, 2000; Référence retirée; Gillingwater et Piraino, données inédites; Seburn, données inédites; Reeves et Litzgus, 2008). Dans certaines parties du Canada, la tortue ponctuée affiche une préférence marquée pour les prés marécageux (Rasmussen et Litzgus, 2010a). La tortue ponctuée fréquente également les étangs, les mares printanièresNote de bas de page 21, les zones de suintementNote de bas de page 22, les bourbiersNote de bas de page 23, les ruisseaux, les cours d’eau forestiers, les rives de baies abritées, les fossés de drainage, les bassins de retenue d’eaux pluviales et les chenaux artificiels (Référence retirée; Ernst et Lovich, 2009). L’habitat terrestre de la tortue ponctuée comprend des zones riveraines telles que des plages, des affleurements rocheux, des forêts sèches (Litzgus et Brooks, 2000), des champs (Ernst et Lovich, 2009) et des prés (Gillingwater et Piraino, données inédites).

L’utilisation de l’habitat par l’espèce varie d’une saison à l’autre, sauf au printemps, alors que les mâles et les femelles se rassemblent vraisemblablement pour s’accoupler (Référence retirée).

Hibernation

Pour se protéger du gel, la tortue ponctuée se réfugie dans des hibernaclesNote de bas de page 24 situés sous l’eau pendant 7 à 8 mois, de la mi-septembre/octobre à mars/mi à fin avril (Litzgus et al., 1999; Haxton et Berrill, 2001). Les tortues ponctuées peuvent hiberner en groupe ou seules. Selon une étude, sur 18 sites d’hibernation, 11 sites étaient utilisés par des tortues solitaires et 7 sites étaient des sites communs pouvant compter jusqu’à 9 individus (Litzgus et al., 1999). En Ontario, des tortues ponctuées ont également été observées en train d’hiberner en groupe avec des tortues mouchetées (Blythe, comm. pers., in COSEWIC, 2014; Gillingwater, données inédites).

En Ontario, la tortue ponctuée utilise des sites d’hibernation dans divers milieux, tels des marécages (Litzgus et al., 1999), des tourbières ombrotrophes (Référence retirée; Référence retirée), des tourbières minérotrophes (Seburn, données inédites; Rasmussen et Litzgus; 2010b), des marais (Dobbyn, comm. pers.; Rasmussen et Litzgus, 2010b) et des prés à graminoïdes (Dobbyn, comm. pers.), qui offrent des éléments de protection structurale comme de la végétation ligneuse, des monticules de végétation ou des terriers (Rasmussen et Litzgus, 2010b). La profondeur de l’eau y oscille entre 0 et 100 cm (Rasmussen et Litzgus, 2010b; Blythe, comm. pers., in COSEWIC, 2014; Hopkins, comm. pers., in COSEWIC, 2014; Gillingwater, données inédites).

Une étude réalisée dans la baie Georgienne a révélé que la tortue ponctuée y utilisait deux types de sites d’hibernation, soit des buttes de sphaigne renforcées par des racines et des tiges de végétaux, y compris des arbres, des arbustes et des cavernes rocheuses situés à proximité des rives. Dans les deux types de sites d’hibernation, les tortues étaient submergées dans de l’eau stagnante (Litzgus et al., 1999). D’après les microenvironnements utilisés par l’espèce durant son hibernation, on soupçonne que la tortue ponctuée serait tolérante aux milieux hypoxiquesNote de bas de page 25 (Litzgus et al., 1999; Ultsch, 2006; Rasmussen et Litzgus, 2010b). Dans le sud-ouest de l’Ontario, les sites d’hibernation incluent des marais parsemés de buttes de gazon avec de l’eau d’une profondeur de moins de 1 m; des peuplements de quenouilles avec de l’eau d’une profondeur de moins de 50 cm; des prairies humides de carex et d’herbes avec de l’eau d’une profondeur de 0 à 50 cm (Gillingwater, données inédites).

Accouplement

Au début du printemps (dès la fonte des neiges et des glaces), les tortues émergent de leur site d’hibernation et se rassemblent dans des milieux aquatiques pour s’accoupler (Référence retirée; Lizgus et Brooks, 1998a). On sait que la tortue ponctuée se montre fidèle à ses sites de reproduction (Litzgus et al., 1999; Litzgus et Brooks, 2000; Gillingwater et Piraino, données inédites). À un site de l’Ontario, les mêmes 10 à 15 adultes sont retournés pendant plus de 20 ans en mai au même étang de castors pour s’accoupler (G. Bird, M.J. Oldham, J.D. Litzgus, données inédites, in COSEWIC, 2014). L’accouplement a généralement lieu du début avril au début juillet en Ontario (COSEWIC, 2014; Gillingwater, données inédites), et de mars à mai dans la partie sud-ouest de l’aire de répartition de l’espèce (p. ex. en Illinois) (Wilson, 1994). La tortue ponctuée atteint sa maturité sexuelle entre 11 et 15 ans (Litzgus et Brooks, 1998a, b).

Nidification

Dans la région des Grands Lacs, la ponte (ovipositionNote de bas de page 26) a habituellement lieu de la fin mai à la mi-juin (Harding, 1997; Gillingwater, données inédites), généralement durant la nuit (Litzgus et Mousseau, 2006). Les nids sont situés dans des zones bien drainées à sol sableux, loameux ou graveleux, ou sur des substrats de matière organique ou de sphaigne exposés au soleil. Ils peuvent être aménagés parmi des touffes de graminées (Gillingwater et Piraino, données inédites) ou des monticules de graminées, de cypéracées ou de sphaigne dans des pâturages marécageux (Ernst et al., 1994) et dans des crevasses remplies de sol/de débris d’affleurements rocheux du Bouclier canadien (Référence retirée; Litzgus et Brooks, 2000). On a aussi observé des tortues nidifiant le long de digues artificielles ou de sentiers et sur des huttes de rat musqué (Gillingwater et Piraino, données inédites).

Le choix des sites de nidification dépend des composantes du substrat et, peut-être de façon plus importante, du potentiel de thermorégulationNote de bas de page 27 du milieu requis pour l’incubation des œufs. En conséquence, la tortue ponctuée choisit habituellement des zones exposées au soleil qui sont exemptes de végétation ou qui comportent un couvert végétal clairsemé (Référence retirée; Ernst et Lovich, 2009).

En Ontario, les pontes comptent entre 3 et 7 œufs, mais les femelles ne se reproduisent pas nécessairement chaque année (Litzgus et Brooks, 1998a).

La distance entre l’habitat aquatique et les sites de nidification peut varier considérablement selon la disponibilité de ces sites. Selon une méta-analyse des distances mesurées entre des nids et des milieux humides, ou entre des points où se trouvaient des femelles gravides et des milieux humides (en Nouvelle-Angleterre et en Ontario), la distance parcourue moyenne était de 127 m au 95e rang centile (n = 93) (Steen et al., 2012). Des tortues ponctuées suivies dans le cadre d’une étude en Ontario ont parcouru en moyenne 33,5 m et au maximum 139,0 m depuis le point d’eau le plus proche pour trouver un site de nidification, alors qu’au Massachusetts, la distance moyenne parcourue s’établissait à 36 m, et la distance maximale, à 130 m (Steen et al., 2012). Dans le Maine, des valeurs moyenne de 51 m (± 34 m) et maximale de 120 m (n = 12) ont été enregistrées (Joyal et al., 2001).

Le sexe de chaque embryon en développement est déterminé par la température durant l’incubation (détermination du sexe dépendante de la température). L’incubation d’œufs de tortues ponctuées à des températures de plus de 30 °C produit des femelles, tandis que l’incubation à des températures de moins de 27 °C produit des mâles (Ewert et Nelson, 1991). Les nouveau-nés émergent habituellement des sites de nidification à l’automne; l’émergence la plus hâtive a été observée le 18 août, en Pennsylvanie (Ernst et Lovich, 2009). Des observations font état de nouveau-nés ayant passé l’hiver dans leur nid en Pennsylvanie (Ernst et Lovich, 2009) et dans le sud-ouest de l’Ontario (Gillingwater, données inédites).

Thermorégulation

Les tortues ponctuées peuvent réguler leur température corporelle en misant sur le milieu ambiant; elles peuvent modifier ou maintenir leur température corporelle en faisant varier leur exposition au soleil, à l’ombre et à l’eau (Bulté et Blouin-Demers, 2010). Durant la saison active, la régulation de la température interne impose à la tortue ponctuée certaines contraintes quant à l’utilisation de son habitat (COSEWIC, 2014). Durant le jour, les tortues tirent profit des températures moyennes élevées et des nombreuses occasions d’exposition au soleil qu’offrent les milieux terrestres. La nuit, elles utilisent régulièrement les milieux humides et les étangs comme refuges thermiquesNote de bas de page 28 (Ernst et Lovich, 2009). L’exposition au soleil a souvent lieu le long des rives, sur des mottes ou des monticules de végétaux, ou parmi la végétation dense (dans des milieux humides ou à proximité de milieux aquatiques) (Gillingwater et Piraino, données inédites; Ernst et Lovich, 2009). Lorsqu’elles sont inactives, les tortues ponctuées s’enfouissent dans la boue et les débris au fond des milieux humides ou se cachent parmi la végétation ou dans des terriers de rats musqués pour maintenir leur température corporelle (Ernst et Lovich, 2009; Gillingwater, comm. pers., 2012). Durant les journées chaudes de l’été, certains individus peuvent gagner des milieux aquatiques ombragés comportant de la végétation flottante ou des quenouilles, où l’eau est plus fraîche, pour réguler leur température corporelle (Gillingwater, comm. pers., 2012). Les tortues ponctuées s’exposent au soleil principalement sous la végétation, ce qui les rend plus difficiles à observer comparativement à d’autres espèces de tortues qui se chauffent au soleil sur des billots ou des roches le long du rivage (OMNRF, 2015).

Alimentation

La tortue ponctuée a un régime alimentaire varié et se nourrit notamment de larves d’insectes aquatiques, d’escargots, de canneberges, de salamandres, de poissons, d’algues et de têtards (Référence retirée). Une étude réalisée au lac Huron montre que son régime alimentaire est constitué à 74 % d’invertébrés aquatiques, à 16,2 % de poissons, à 4,6 % d’amphibiens (y compris les têtards) et à 2,3 % de végétaux (Rasmussen et al., 2009). La tortue ponctuée trouve une grande part de sa nourriture dans des milieux comportant de grandes quantités de végétation aquatique et émergente ou de sphaigne (Harding, 1997, 2002; Ernst et Lovich, 2009). Elle se nourrit durant toute la saison active, mais les individus sont surtout actifs en mai, juin et juillet (Rasmussen et al., 2009).

Période d’inactivité estivaleNote de bas de page 29

En été, la tortue ponctuée peut souvent demeurer inactive pendant des jours, voire des semaines (Ernst et Lovich, 2009). Durant ces périodes, les individus se dirigent vers des terrains plus secs, en forêt, et s’enfouissent dans le sol ou la litière de feuilles (Joyal et al., 2001). Ils peuvent également s’enfouir dans la boue des milieux humides en creusant sous les racines de la végétation en place dans des terriers de rats musqués ou sous de gros débris ligneux (Harding, 1997). Une étude réalisée dans le Maine a révélé que les tortues peuvent s’éloigner des milieux humides sur une distance pouvant atteindre 80 m pour entreprendre leur période d’inactivité estivale en terrain plus sec (Joyal et al., 2001). Chez les populations plus nordiques, il a été démontré que la distance parcourue vers les sites d’inactivité estivale était nettement moindre (3,5 à 26 m) (Référence retirée; Référence retirée). Les prés humides ouverts, les milieux humides asséchés, les bords de milieux humides et le sol sous les genévriers arbustifs croissant sur des affleurements rocheux peuvent également être utilisés comme sites d’inactivité estivale (Référence retirée).

Les individus de certaines populations de l’Ontario semblent se réfugier dans des microsites plus frais que le milieu ambiant quand les températures sont très élevées afin de réduire le risque de dessiccationNote de bas de page 30 (Référence retirée; Référence retirée). Des études effectuées à la limite nord de l’aire de répartition de la tortue ponctuée donnent toutefois à croire que l’inactivité estivale pourrait être liée à d’autres impératifs que la thermorégulation, car certains individus ont choisi des microsites qui n’étaient pas plus frais que le milieu ambiant et qui se trouvaient loin de l’eau (ces tortues ne tentaient donc pas d’éviter la dessiccation) (Référence retirée; Litzgus et Brooks, 2000). Selon une autre hypothèse, l’inactivité estivale chez les populations nordiques pourrait également être liée aux fluctuations de la profondeur de l’eau ou de l’abondance des sources de nourriture (Référence retirée; Litzgus et Brooks, 2000).

Déplacements (déplacements locaux et dispersion)Note de bas de page 31

La tortue ponctuée peut traverser plusieurs types de milieux lorsqu’elle se déplace à l’intérieur de son domaine vitalNote de bas de page 32 (COSEWIC, 2014). L’espèce est considérée comme principalement aquatique, mais elle passe aussi du temps en milieu terrestre pour combler divers besoins biologiques tels que ceux liés à la nidification, à la thermorégulation et aux périodes d’inactivité estivale (Ward et al., 1976; Litzgus et Brooks, 2000; Référence retirée; Référence retirée).

En Ontario, la longueur du domaine vital varie de 140 m à plus de 1 500 m (Référence retirée; Référence retirée; Seburn, 2012; Gillingwater, données inédites; Enneson, comm. pers., 2014), et la superficie du domaine vital au Canada oscille entre 0,7 et 8,8 ha, mais varie d’une population à l’autre (Référence retirée; Référence retirée; Référence retirée; Rasmussen et Litzgus, 2010a; Seburn, 2012; Yagi et Litzgus, 2012; Gillingwater, données inédites). La présence de domaines vitaux plus petits pourrait simplement refléter la faible quantité d’habitat disponible aux sites restants (Harding, 1997).

En Caroline du Sud, la superficie du domaine vital était 3 fois plus grande chez les femelles gravides (environ 16 ha) que chez les mâles (5 ha) (Référence retirée). Plusieurs études réalisées au Canada ont toutefois indiqué que le sexe des individus n’avait aucun impact significatif sur la superficie et la longueur moyennes des domaines vitaux (Référence retirée; Gillingwater et Piraino, données inédites; Rasmussen et Litzgus, 2010a; Seburn, 2012; Yagi et Litzgus, 2012). Ces études laissent croire que la taille du domaine vital peut varier entre les populations du nord et du sud.

Durant l’année, mais particulièrement durant la période de nidification, l’espèce a besoin d’habitat libre d’obstacles aux déplacements entre les milieux humides et les sites de nidification. Les femelles peuvent parcourir de grandes distances pour trouver un site de nidification adéquat, tandis que les mâles peuvent faire de même pour trouver des partenaires (COSEWIC, 2014). Par exemple, une femelle gravide d’une population nordique a franchi une distance de 335 m en 24 heures pour trouver un site d’oviposition, alors que la distance moyenne des déplacements effectués par les femelles gravides de cette population était de 92 m (Référence retirée). Une étude effectuée dans le Maine a révélé que la tortue ponctuée, dans les parties méridionales de son aire de répartition, parcourait entre 70 et 570 m pour atteindre les sites d’oviposition, et une distance linéaire moyenne de 311 m (plage de 110 à 1 150 m) entre les différents milieux humides utilisés durant la saison active (Joyal et al., 2001).

Comme des tortues ponctuées ont été observées alors qu’elles se déplaçaient dans des milieux aquatiques et terrestres à des fins de dispersion, les deux types de milieux sont considérés comme des corridors de déplacement (Référence retirée; Joyal et al., 2001). La tortue ponctuée fait preuve d’une forte fidélité à son domaine vital (Barlow, 1999), et certaines données indiquent qu’elle utilise d’année en année les mêmes corridors pour se déplacer entre ses différents habitats (Joyal et al., 2001). Le maintien de ces corridors est donc essentiel pour que la tortue ponctuée puisse combler chaque année tous ses besoins biologiques et comportementaux.

Certaines études indiquent que la tortue ponctuée évite généralement les plans d’eau profonds, qui peuvent être considérés comme des obstacles pour cette espèce (Référence retirée; Gillingwater et Piraino, données inédites). Des suivis télémétriques ont toutefois révélé qu’elle peut franchir des chenaux profonds (p. ex. dragués) pour accéder à d’autres milieux (Gillingwater et Piraino, données inédites). Dans le cadre d’une étude réalisée dans la région de la baie Georgienne, des femelles ont été observées alors qu’elles traversaient un chenal de 50 m dans la baie Georgienne pour accéder à un site de nidification sur une île avoisinante (Enneson, comm. pers., 2014).

Vers la fin de la saison active, les individus utilisent les corridors de déplacement terrestres et aquatiques pour se rendre aux sites d’hibernation. Une étude a révélé que la distance voyagée jusqu’à ces sites variait de 87 à 490 m (Rasmussen et Litzgus, 2010a).

3.4 Facteurs biologiques limitatifs

Certaines caractéristiques communes du cycle vital des tortues peuvent limiter leur capacité d’adaptation aux perturbations de forte intensité et expliquent en partie leur vulnérabilité aux baisses d’effectif (Référence retirée; Gibbons et al., 2000; Turtle Conservation Fund, 2002). Plus précisément, les tortues ont une stratégie de reproduction qui dépend du maintien d’un taux de survie des adultes élevé pour compenser les faibles taux de recrutement, pour les raisons suivantes :

  1. l’atteinte de la maturité sexuelle est tardive;
  2. les taux de prédation naturelle des œufs et des juvéniles de moins de deux ans sont élevés;
  3. le développement interne des œufs et l’incubation externe des œufs en l’absence de soins parentaux dépendent des conditions environnementales.

En raison de ces caractéristiques du cycle vital, les populations de tortues, y compris celles de la tortue ponctuée, sont incapables de s’adapter à une augmentation du taux de mortalité des adultes. Des études à long terme indiquent que la survie des populations de tortues dépend du maintien d’un taux de survie des adultes (en particulier des femelles adultes) élevé (Seburn, 2007). Même une augmentation de 2 à 3 % du taux de mortalité annuel chez les adultes par rapport aux taux de mortalité naturelle pourrait entraîner le déclin des populations (Référence retirée; Congdon et al., 1994; Cunnington et Brooks, 1996; Enneson et Litzgus 2008).

La tortue ponctuée pourrait avoir un faible potentiel de reproduction, même comparativement à d’autres espèces de tortues. En Ontario, la tortue ponctuée avait le pourcentage le plus bas de femelles adultes gravidesNote de bas de page 33 dans les populations étudiées, avec une moyenne de 58 % femelles adultes étant gravides (Litzgus et Brooks, 1998a); ce pourcentage est de plus de 80 % chez les tortues serpentines femelles (Chelydra serpentina), de 75 % chez les tortues des bois femelles adultes (Glyptemys insculpta) et de 68 % chez les tortues peintes du Centre femelles adultes (Chrysemys picta marginata) (R.J. Brooks, comm. pers., in COSEWIC, 2004).

L’intervalle des conditions climatiques auxquelles la tortue ponctuée peut survivre limite sa répartition dans les régions nordiques (Hutchinson et al., 1966; McKenney et al., 1998). Le climat joue un rôle déterminant dans l’atteinte de la maturité sexuelle et le recrutement des tortues. Par exemple, l’atteinte de la maturité sexuelle est plus tardive chez les populations nordiques que chez les populations plus méridionales (COSEWIC, 2004), et le nombre d’années reproductives s’en trouve réduit d’autant. Il a été noté que les tortues ponctuées des populations nordiques se reproduisent moins fréquemment que celles des populations du sud, mais qu’elles sont aussi plus grosses et ont de plus grandes pontes, en moyenne (Litzgus et Mousseau, 2006; Rasmussen et Litzgus, 2010b). L’incubation des œufs dépend également des conditions externes. La durée de la période d’incubation constitue un important facteur limitatif pour les populations nordiques de tortues ponctuées (Référence retirée), car la brièveté des étés nordiques ne permet généralement qu’une seule ponte par année et contribue à réduire le succès d’éclosion des nids. Le recrutement peut varier d’une année à l’autre en fonction des conditions météorologiques, particulièrement en été. La tortue ponctuée est une espèce polygameNote de bas de page 34 (Litzgus et Mousseau, 2006); ainsi, un sex-ratio biaisé en faveur des mâles peut avoir des impacts négatifs sur l’évolution d’une population. Chez la tortue ponctuée, la détermination du sexe dépend de la température et se produit durant l’incubation (Ernst et Lovich, 2009). Des recherches ont montré qu’une plus forte proportion de mâles est produite lorsque les œufs sont exposés à une température de 22,5 à 27 °C durant l’incubation, et une plus forte proportion de femelles, lorsque la ponte est incubée à des températures égales ou supérieures à 30 °C (Ewert et Nelson, 1991). Les changements climatiques pourraient donc influer sur la proportion de mâles et de femelles recrutés dans la population.

Au Canada, la tortue ponctuée se trouve à la limite nord de son aire de répartition (Seburn et Seburn, 2000). Comme le nombre d’unités thermiquesNote de bas de page 35 diminue en fonction inverse de la latitude, l’abrègement des périodes de nidification et de développement constitue un facteur limitatif pour cette espèce (Référence retirée).

3.5 Importance de l’espèce sur le plan culturel

Les tortues occupent une place importante dans les croyances spirituelles et les cérémonies des Autochtones. Pour les Premières Nations, la tortue est un maître qui possède de vastes connaissances. Elle joue un rôle fondamental dans l’histoire de la création, car elle a permis à la Terre d’être formée sur sa dossière. Pour cette raison, la plupart des membres des Premières Nations appellent de manière traditionnelle l’Amérique du Nord « île de la Tortue ». Les Autochtones utilisent aussi la carapace de la tortue pour représenter un calendrier lunaire, les 13 plaques osseusesNote de bas de page 36 représentant les 13 pleines lunes de l’année. Fabriqués à partir de carapaces de tortues, les hochets de tortue sont utilisés au cours des cérémonies traditionnelles et représentent souvent la tortue dans l’histoire de la création. Les tortues figurent aussi dans d’autres histoires traditionnelles, y compris l’histoire de la bande Anishinaabe « La façon dont la tortue a acquis sa carapace » [traduction] et l’histoire haudenosaunee « La tortue fait une course contre un castor » [traduction] (Bell et al., 2010).

4. Menaces

Les menaces qui pèsent sur la tortue ponctuée peuvent varier d’une région à l’autre dans l’aire de répartition de l’espèce au Canada. L’information présentée ci-dessous dans le tableau 1 est donc une évaluation globale des menaces qui pèsent sur l’espèce au Canada. Dans le cas où des informations sont disponibles sur l’importance d’une menace donnée, des précisions additionnelles sont fournies dans la description de cette menace dans le tableau 1 ci-dessous.

4.1 Évaluation des menaces

Tableau 1. Tableau d’évaluation des menaces
Menace Information sur la menace Niveau de préoccupationa Étendueb Occurrencec Fréquenced Gravitée Certitude causalef
Mortalité accidentelle Réseaux routiers et véhicules hors route Élevé Généralisée Courante Saisonnière Élevée Élevée
Mortalité accidentelle Pratiques agricoles Faible Localisée Courante Saisonnière Faible Faible
Utilisation des ressources biologiques Capture illégale Élevé Généralisée Courante Saisonnière Élevée Moyenne
Espèces exotiques, envahissantes ou introduites Espèces exotiques et envahissantes Élevé Localisée Courante/anticipée Courante Élevée Élevée
Destruction, dégradation ou fragmentation de l’habitat Conversion des terres à des fins d’exploitation agricole et de développement
(p. ex. industriel, urbain, rural, villégiature)
Moyen Généralisée Historique/courante Récurrente Faible Faible
Destruction, dégradation ou fragmentation de l’habitat Gestion du niveau de l’eau Faible Localisée Historique/courante Récurrente Inconnue Faible
Altération de la dynamique écologique ou des processus naturels Succession végétale favorisée par la suppression des incendies Faible Localisée Courante Saisonnière Inconnue Faible
Altération de la dynamique écologique ou des processus naturels Prédateurs favorisés par les activités humaines Inconnu Localisée Courante Saisonnière Inconnue Moyenne
Pollution Contamination et charges en nutriments Inconnu Localisée Courante Courante/Saisonnière Inconnue Faible
Perturbations ou dommages Perturbations occasionnées par les activités humaines Inconnu Localisée Courante Saisonnière Inconnue Moyenne
Climat et catastrophes naturelles Changements climatiques Inconnu Généralisée Anticipée Saisonnière Inconnue Faible

a Niveau de préoccupation : signifie que la gestion de la menace représente une préoccupation (élevée, moyenne ou faible) pour le rétablissement de l’espèce, conforme aux objectifs en matière de population et de répartition. Ce critère tient compte de toute l’information figurant dans le tableau.

b Étendue : G (généralisée) ou L (localisée).

c Occurrence : H (historique), C (courante), I (imminente), A (anticipée) ou IN (inconnue).

d Fréquence : U (unique), S (saisonnière), C (continue), R (récurrente) ou IN (inconnue).

e Gravité : indique l’effet à l’échelle de la population (Élevée : très grand effet à l’échelle de la population, modérée, faible, inconnue).

f Certitude causale : indique le degré de preuve connu de la menace (Élevée : la preuve disponible établit un lien fort entre la menace et les pressions sur la viabilité de la population; Moyenne : il existe une corrélation entre la menace et la viabilité de la population, p. ex. une opinion d’expert; Faible : la menace est présumée ou plausible).

4.2 Description des menaces

Cette section décrit les menaces mentionnées dans le tableau 1 et insiste sur les points essentiels. Bien que chaque menace soit présentée individuellement, il importe de tenir compte des effets cumulatifs à long terme des diverses menaces qui pèsent sur les populations locales de tortues ponctuées. Plus précisément, différentes sources de perte et de fragmentation de l’habitat, comme la fragmentation de populations locales causée par les routes, la perte d’habitat attribuable à la conversion de terres et la dégradation de l’habitat causée par la gestion du niveau de l’eau, la pollution et les changements de la dynamique écologique, se combinent pour isoler davantage les populations locales restantes et entraîner la mortalité d’individus, ce qui réduit la connectivité et la résilience de la population canadienne.

Mortalité accidentelle

Réseaux routiers et véhicules hors route

Les études sur l’herpétofauneNote de bas de page 37 font état d’une préoccupation grandissante à l’égard de la mortalité résultant de collisions avec des véhicules routiers (voir par exemple Andrews et al., 2006), en particulier le long des routes très fréquentées traversant des milieux humides. Par exemple, dans le cadre d’une étude d’une durée de 4 ans, 716 tortues, dont des tortues ponctuées, ont été trouvées mortes le long d’un tronçon de 3,6 km d’une route longeant un milieu humide dans le sud de l’Ontario (Robinson, comm. pers., 2014). Bien que certaines collisions soient accidentelles, le comportement de certains automobilistes qui percutent intentionnellement des tortues constitue également une menace; Ashley et al. (2007) ont constaté que des imitations de reptiles placées sur la route étaient frappées trop souvent pour que ces collisions soient toutes dues à l’effet du hasard et qu’environ 2,7 % des automobilistes les percutaient intentionnellement.

La mortalité routière est l’une des plus importantes préoccupations pesant sur les espèces qui se déplacent fréquemment sur terre, comme la tortue ponctuée (Beaudry et al., 2009). Selon une étude de modélisation, le taux de mortalité des espèces de tortues semi-aquatiques dans les régions où circulent beaucoup de véhicules se trouve au-dessus du seuil de maintien, ce qui signifie que ces populations seraient probablement incapables de se maintenir dans l’avenir au taux actuel de mortalité routière (Gibbs et Shriver, 2002). En Ontario, le réseau routier s’est développé rapidement, en particulier dans la partie méridionale de la province, où la longueur des principales routes s’est accrue de 28 000 km en l’espace de 60 ans (Fenech et al., 2005). La mortalité routière est une source de préoccupation importante dans la province, et des tronçons de route le long desquels les taux de mortalité des tortues d’eau douce sont très élevés ont été répertoriés dans de nombreuses régions, y compris dans des parcs provinciaux et nationaux (Référence retirée; Crowley et Brooks, 2005; Ontario Road Ecology Group, 2010).

Les femelles sont plus vulnérables à la mortalité routière parce qu’elles se déplacent en milieu terrestre durant la période de nidification (Haxton, 2000) et peuvent utiliser l’accotement des routes comme sites de nidification (voir par exemple Aresco, 2005; Référence retirée). Elles se rencontrent donc plus fréquemment sur les routes que les mâles (Référence retirée). Les plus forts taux de mortalité routière observés chez les femelles pourraient expliquer la présence d’un sex-ratio biaisé en faveur des mâles mis en évidence par certaines études menées chez des populations de tortues habitant des milieux humides entourés d’un dense réseau routier (Marchand et Litvaitis, 2004; Référence retirée; Gibbs et Steen, 2005). En outre, les œufs se trouvant dans des nids aménagés en bordure de route peuvent être compactés ou écrasés ou se dessécher, et les nouveau-nés qui émergent de ces nids peuvent être tués lorsqu’ils tentent de traverser la route, ce qui diminue le taux de recrutement. L’étendue et les conséquences de la mortalité routière sur les populations locales de tortues ponctuées doivent être étudiées davantage.

Dans les régions où des sentiers de véhicules hors route chevauchent ou jouxtent des sites de nidification, les femelles et les nouveau-nés sont plus susceptibles d’être perturbés, heurtés ou tués par des véhicules hors route, et les nids sont plus susceptibles d’être écrasés et recueillis illégalement. Chez une population de l’Ontario, la plupart des femelles nidifiaient au centre d’une piste de véhicule tout-terrain (VTT), où la végétation était clairsemée (COSEWIC, 2004). La présence de VTT a aussi été régulièrement notée dans des milieux aquatiques et des sites de nidification de plusieurs populations de tortues ponctuées en Ontario (Crowley, comm. pers., 2012). On a observé au moins deux populations qui étaient menacées par des VTT (COSEWIC, 2014). En été, l’utilisation de VTT dans les milieux humides peut entraîner l’endommagement ou la destruction de la végétation et, ainsi, réduire la qualité de l’habitat de milieu humide utilisé par la tortue ponctuée (p. ex. habitat d’hibernation et de thermorégulation).

L’entretien des routes et des sentiers peut également constituer une menace pour les tortues ponctuées, notamment pour les individus et les nids, lorsque des travaux de terrassement et d’élimination/de contrôle de la végétation sont nécessaires en été, en automne et en hiver et réalisés sans la mise en œuvre de mesures d’atténuation ou de pratiques exemplaires de gestion dans l’habitat des tortues.

En plus d’être un facteur de mortalité directe, les routes peuvent entraver les déplacements des tortues entre les milieux et les autres populations locales (COSEWIC, 2014) et contribuer à la fragmentation de l’habitat en réduisant la capacité de dispersion des tortues (Rizkalla et Swihart, 2006). La menace attribuable aux routes qui causent la fragmentation de l’habitat est prise en compte à la section « Perte, dégradation ou fragmentation de l’habitat – Conversion des terres à des fins d’exploitation agricole et de développement (p. ex. industriel, urbain, rural, villégiature) ».

Pratiques agricoles

Les activités agricoles, en particulier celles qui nécessitent l’utilisation de machinerie lourde ou de faucheuses, ainsi que le piétinement par le bétail peuvent constituer une source de mortalité ou de blessures chez les tortues durant leurs déplacements en milieu terrestre et peuvent même causer l’échec de la nidification (COSEWIC, 2014). Le surpâturage par le bétail a également été mentionné comme une menace pour la tortue ponctuée (COSEWIC, 2014), mais la gravité de ces menaces pour la tortue ponctuée demeure à préciser.

Utilisation de ressources biologiques

Capture illégale

À l’échelle mondiale, de nombreuses espèces de tortues sont touchées par la capture occasionnelle et systématique à grande échelle aux fins d’utilisation comme animaux de compagnie, de consommation ou d’utilisation comme remèdes traditionnels (Bodie, 2001; Moll et Moll, 2004). Les taux d’exportation de tortues d’eau douce destinées au commerce des animaux de compagnie ou au marché de l’alimentation sont élevés aux États-Unis (Mali et al., 2014). Ainsi, entre 1999 et 2010, environ 7 866 tortues ponctuées, dont près de 15 % avaient été capturées en nature, ont été exportées légalement à des fins commerciales aux États-Unis (United States Fish and Wildlife Service, 2014). Le taux d’exportation illégale est aussi probablement élevé au Canada, compte tenu de la nature lucrative du commerce des animaux de compagnie. Comme c’est le cas pour toutes les espèces sauvages rares (Courchamp et al., 2006), les espèces de reptiles en péril sont plus susceptibles de faire l’objet d’un commerce international que les espèces non en péril (Bush et al., 2014). Les tortues ponctuées utilisent des sites d’hibernation et d’accouplement communs, ce qui les rend vulnérables à l’exploitation par les fournisseurs d’animaux de compagnie (COSEWIC, 2014). Un bulletin de nouvelles révélait récemment que des contrebandiers avaient tenté de faire passer illégalement plus de 1 000 tortues (dont des tortues ponctuées) à la frontière canado-américaine (CBC News, 2014). Ces chiffres témoignent de la forte demande pour cette espèce au Canada.

Au Canada, les lois fédérales et provinciales interdisent de capturer, de vendre ou de posséder des tortues ponctuées. L’ampleur de la récolte illégale organisée de la tortue ponctuée a été peu étudiée au Canada. Même s’il n’a pas été clairement établi que la capture de tortues à des fins de consommation est une pratique répandue au Canada, on sait que les humains consomment plusieurs espèces de tortues (Thorbjarnarsonet al., 2000; Moll et Moll, 2004). Des cas de capture illégale de tortues à des fins de consommation humaine, dont celui d’une tortue ponctuée destinée à un restaurant, ont été documentés en Ontario (Référence retirée).

La capture illégale de tortues ponctuées élimine des individus de toutes les classes d’âge et a donc pour effet, compte tenu de la stratégie de reproduction de l’espèce (durée de vie extrêmement longue et faibles taux de recrutement), de réduire considérablement le taux de recrutement (COSEWIC, 2014). L’élimination annuelle de seulement 1 à 3 % d’adultes matures dans une population de tortues ponctuées peut avoir un impact considérable sur la stabilité de la population (COSEWIC, 2014)

Espèces exotiques, envahissantes ou introduites

Espèces exotiques et envahissantes

L’introduction de plantes exotiques envahissantes peut compromettre la disponibilité et la qualité de l’habitat de la tortue ponctuée. Dans certaines régions, en particulier autour des lacs Érié, Huron et Sainte-Claire, ainsi que le long de certains cours d’eau importants en Ontario, le roseau commun (Phragmites australis) a envahi les milieux humides et les zones côtières, y formant des peuplements monospécifiquesNote de bas de page 38 qui ont modifié les conditions et réduit la qualité de l’habitat (Référence retirée; COSEWIC, 2014; Hudon et al. 2005; Gillingwater, comm. pers., 2012). L’expansion des réseaux routiers favorise également la propagation d’espèces végétales envahissantes, en particulier dans le sud de l’Ontario (Gelbard et Belnap, 2003). Une étude réalisée le long des rives du lac Érié a révélé que le roseau commun a réduit la quantité d’habitat de nidification convenable de nombreuses espèces de tortues en modifiant les conditions microenvironnementales (en particulier la température) des nids durant la période d’incubation (Référence retirée). La perte d’habitat de nidification convenable de plusieurs espèces de tortues causée par diverses espèces de plantes envahissantes telles que le roseau commun, le houblon du Japon (Humulus japonicus) et la salicaire commune (Lythrum salicaria) a également été documentée dans de nombreuses autres régions du sud de l’Ontario (Gillingwater, comm. pers., 2012).

L’introduction d’autres espèces non indigènes peut également avoir des conséquences néfastes pour la tortue ponctuée. Par exemple, la libération en milieu naturel de tortues de compagnie exotiques (p. ex. tortue à oreilles rouges [Trachemys scripta]) peut entraîner une compétition et/ou favoriser la transmission de maladies parmi les populations de tortues indigènes (Cadi et Joly, 2003, 2004). Ces tortues non indigènes sont devenues abondantes et parviennent à se reproduire dans la nature dans certaines régions de la province, comme la région du Grand Toronto (MNRF, 2014, données inédites; Seburn, 2015).

Perte, dégradation ou fragmentation de l’habitat

Conversion des terres à des fins d’exploitation agricole et de développement (p. ex. industriel, urbain, rural, villégiature)

Anciennement, la conversion des terres à des fins d’exploitation agricole ou de développement (dont la construction de routes) représentait une grave menace pour la tortue ponctuée. Cette activité a entraîné l’élimination ou la fragmentation de vastes superficies d’habitat dans le sud de l’Ontario depuis la colonisation européenne. En date de 2002, environ 72 % (1,4 million d’hectares) des milieux humides d’une superficie d’au moins 10 ha présents avant la colonisation dans le sud de l’Ontario avaient été convertis à d’autres fins, les pertes les plus lourdes étant concentrées dans le sud-ouest de l’Ontario et dans certains secteurs de l’est de la province (Ducks Unlimited Canada, 2010).

Aujourd’hui, la perte d’habitat de milieux humides et terrestres aux fins d’exploitation agricole et de développement continue d’être une menace pour la tortue ponctuée, mais dans une moindre mesure. Le remblayage ou le drainage de milieux humides à de telles fins entraîne en effet l’élimination de l’habitat de l’espèce et a causé des mortalités de tortues ponctuées et de tortues mouchetées en Ontario (Gillingwater et Piraino, 2004; Gillingwater, comm. pers., 2013, in COSEWIC, 2014). L’aménagement de milieux secs peut causer l’élimination de corridors de déplacement, de sites de nidification ainsi que de zones utilisées durant les périodes d’inactivité estivale. La fragmentation de l’habitat (milieux humides ou terrestres) par des routes, des terres agricoles ou d’autres zones aménagées isole les populations de tortues et accroît le risque de mortalité durant les déplacements en terrain inhospitalier. Des études ont révélé que les tortues sont moins abondantes dans les milieux humides plus isolés (Marchand et Litvaitis, 2004)

Le dragage de milieux humides et de réservoirs de retenue pour le développement ou l’entretien pourrait avoir des conséquences directes ou indirectes sur les tortues. Lorsque le dragage s’effectue durant la saison d’hibernation, les tortues peuvent être retirées des sites d’hibernation et/ou tuées par de la machinerie lourde. Les sites d’hibernation pourraient également être détruits par le dragage. Le dragage de milieux humides et de réservoirs de retenue et la création d’habitat d’étang ouvert pourraient également avoir des effets sur la tortue ponctuée en altérant l’habitat existant de telle sorte qu’il ne soit plus convenable pour l’espèce (Gillingwater, données inédites), comme c’est le cas lorsqu’un étang est creusé dans des milieux humides peu profonds ou des prés marécageux, ces derniers étant un élément important de l’habitat de l’espèce (voir la section 3.3).

Gestion du niveau de l’eau

Toute altération du régime hydrologique naturel dans les complexes de milieux humides peut entraîner la destruction ou la dégradation de l’habitat aquatique de la tortue ponctuée en réduisant la qualité des sites d’hibernation, de reproduction, d’alimentation et de thermorégulation. Au Canada, la tortue ponctuée se rencontre souvent dans des milieux inondés peu profonds créés par des barrages de castors (Litzgus et al., 1999; Yagi et Litzgus, 2012, 2013). L’enlèvement des barrages de castors ou d’autres activités de gestion de l’eau (p. ex. excavation de fossés, drainage ou aménagement d’ouvrages de régulation des eaux [barrages]) qui altèrent les propriétés hydrologiques des sites d’hibernation en hiver peuvent causer la mort de tortues ponctuées. La modification du niveau de l’eau de l’habitat aquatique peut également altérer les caractéristiques de l’habitat terrestre avoisinant (p. ex. humidité du sol, structure de la végétation) et possiblement entraîner l’élimination de sites de nidification et de thermorégulation. Dans certains cas, on pense que l’altération des caractéristiques hydrologiques pourrait rendre l’habitat aquatique non convenable pour l’espèce et compromettre gravement la viabilité des populations si aucune autre zone d’habitat convenable n’est présente dans la région (Litzgus et al., 1999).

De petits ouvrages de régulation des eaux installés dans le but de remettre en état les milieux humides peuvent avoir des avantages pour la tortue ponctuée s’ils sont conçus en tenant compte des besoins en matière d’habitat de l’espèce et s’ils sont combinés à des mesures appropriées d’atténuation des effets sur l’espèce.

Changements dans la dynamique écologique ou dans les processus naturels

Succession végétale favorisée par la suppression des incendies

La succession végétale dans l’habitat de la tortue ponctuée peut dans certains cas constituer une menace pour l’espèce (COSEWIC, 2014). La suppression du régime naturel des feux peut au fil du temps favoriser l’empiètement des arbres et des arbustes dans les milieux humides qui comportent déjà un couvert végétal (p. ex. les tourbières), réduisant ainsi la superficie des zones d’eaux libres et rendant l’habitat non convenable pour la tortue ponctuée (Seburn, 2007).

Prédateurs favorisés par les activités humaines

Dans de nombreuses régions, la faible densité ou l’absence de prédateurs de niveau trophique supérieur et l’augmentation des sources de nourriture rendues disponibles par les humains (p. ex. offre directe de nourriture aux animaux, déchets, cultures) ont permis aux prédateurs de tortues de proliférer au-delà de la capacité de charge historique du milieu naturel (Mitchell et Klemens, 2000). Les principaux prédateurs de la tortue ponctuée sont le raton laveur, la mouffette, le vison, le coyote et le renard (Référence retirée; Gillingwater, données inédites). Lorsque les populations de nombreuses espèces de prédateurs sont anormalement élevées, les taux de prédation des tortues peuvent atteindre des niveaux critiques. Dans le cadre d’une étude, entre 13,9 et 33 % des nids de tortues ponctuées ont été détruits par des prédateurs à un site, et bon nombre des tortues ponctuées adultes capturées présentaient des signes d’attaque par des prédateurs (p. ex. membres manquants, marques de dents sur la carapace) (Référence retirée; Référence retirée; Litzgus et Brooks, 1998a).

Des méthodes visant à réduire les taux de prédation élevés, telle l’installation de cages d’exclusion au-dessus des nids, ont été élaborées et appliquées avec des degrés de réussite divers (Seburn, 2007; Riley et Litzgus 2013). Toutefois, dans bien des cas, il est impossible d’utiliser ces méthodes à l’échelle requise pour protéger toute une population contre cette menace.

Pollution

Contamination et charges en nutriments

L’habitat des tortues peut être touché par la dégradation de la qualité de l’eau causée par le ruissellement d’eaux contaminées provenant de zones agricoles (nutriments et pesticides) et industrielles (déchets industriels), de routes (p. ex. sels de déglaçage) et de zones urbaines (p. ex. métaux lourds) (Mitchell et Klemens, 2000; Bishop et al., 2010). La tortue ponctuée pourrait être vulnérable à l’accumulation de contaminants, mais les impacts à long terme de cette menace demeurent méconnus. Les tortues absorbent les contaminants présents dans leur environnement par divers processus physiologiques (p. ex. ingestion de nourriture, respiration et absorption par les tissus ou les membranes telles que la coquille des œufs) (Bishop et al., 2010).

Des études récentes indiquent que la dépendance trophique à l’égard des organismes benthiques a peu d’effet sur l’accumulation du mercure chez la tortue peinte et la tortue musquée (Référence retirée) et que la concentration de mercure dans le sang et les plaques osseuses n’a aucune incidence sur les taux de parasitisme chez la tortue peinte (Slevan-Tremblay, 2013). L’exposition au mercure peut toutefois avoir des effets néfastes sur le système immunitaire en réduisant le nombre de lymphocytesNote de bas de page 39. Des effets similaires se produisent peut-être chez la tortue ponctuée. Deux études réalisées dans le bassin des Grands Lacs ont révélé la présence de plusieurs contaminants d’origine industrielle dans des œufs de tortue serpentine (Bishop et al., 1998; Van Meter et al., 2006). Il a également été démontré que le taux de développement embryonnaire anormal augmentait en fonction de l’exposition aux hydrocarbures aromatiques polychlorés. Ces études portaient sur d’autres espèces, mais il est possible que des effets similaires se produisent chez la tortue ponctuée, car celle-ci partage l’habitat des espèces suivies dans le cadre de ces études.

L’augmentation des charges en nutriments provoquée par les activités humaines peut favoriser la prolifération des cyanobactéries (algues bleues) dans les eaux fréquentées par les tortues (Carpenter et al., 1998), ce qui peut constituer une menace pour les tortues qui ingèrent les toxines produites par ces algues. Les charges en nutriments peuvent aussi convertir les communautés végétales dominées par les macrophytesNote de bas de page 40 en communautés dominées par le phytoplanctonNote de bas de page 41 (p. ex. Mesters, 1995). De plus, une augmentation de la charge en nutriments peut mener à une consommation accrue d’oxygène par les bactéries, ce qui peut entraîner des périodes d’absence totale d’oxygène (anoxie) durant l’hiver.

Perturbation ou persécution

Perturbations occasionnées par les activités humaines

Les activités humaines peuvent avoir de nombreux effets sur les tortues. Les tortues étant des animaux très méfiants, le seul fait d’approcher des individus en train de se chauffer au soleil peut inciter ceux-ci à quitter leur site de thermorégulation et à retourner dans l’eau. En cas de dérangements répétés, la perte de chaleur ainsi occasionnée peut retarder le développement des œufs portés par les femelles et entraver d’autres activités liées au cycle vital chez les deux sexes et toutes les classes d’âge (p. ex. métabolisme alimentaire, émergence au printemps). La présence d’humains peut également retarder ou interrompre la nidification et inciter une femelle à abandonner son nid avant d’avoir achevé son travail, rendant ce dernier plus vulnérable à la prédation (Horne et al., 2003; Moore et Seigel, 2006; Référence retirée). La perturbation répétée des femelles aux sites de nidification peut forcer ces dernières à utiliser des sites de moindre qualité (Moore et Seigel, 2006), ce qui peut ralentir l’incubation et réduire le taux d’éclosion des œufs (Horne et al., 2003). L’ampleur de cette menace demeure à préciser dans le cas de la tortue ponctuée.

Changements climatiques et catastrophes naturelles

Changements climatiques

Le climat est le principal facteur qui limite la répartition des tortues dans les régions nordiques. Compte tenu de l’effet du climat sur les taux de recrutement, il est probable que les changements climatiques planétaires auront un impact sur les populations de tortues. Une augmentation de la température moyenne annuelle de 2,5 à 3,7 °C est prévue d’ici 2050 (par comparaison à 1961-1990) en Ontario, tout comme une modification des régimes de précipitations régionaux (Expert Panel on Climate Change Adaptation, 2009). Chez la tortue ponctuée, la détermination du sexe est liée à la température, les femelles étant surreprésentées en cas d’exposition à une température élevée, les mâles étant plus nombreux en cas d’exposition à une température plus basse (Ernst et Lovich, 2009). On a avancé que les changements climatiques et la hausse attendue des températures moyennes auraient des répercussions sur le sex-ratio des individus (en favorisant la naissance de femelles) dans les populations de tortues (Janzen, 1994) et ainsi compromettre la viabilité de l’espèce.

Les changements des régimes de précipitations causés par les changements climatiques pourraient entraîner une baisse des niveaux d’eau en été (Lemmen et al., 2008) et, de ce fait, accroître la disponibilité des sites de nidification. Toutefois, si les précipitations n’augmentent pas, la hausse des températures et des taux d’évaporation pourrait provoquer une diminution du ruissellement (Expert Panel on Climate Change Adaptation, 2009) et l’assèchement des milieux humides autrefois permanents. La baisse du niveau de l’eau des Grands Lacs pourrait entraîner la disparition de nombreux milieux humides côtiers utilisés par la tortue ponctuée. En comparaison d’autres espèces de tortues, la tortue ponctuée est considérée comme modérément sensible aux changements climatiques (King et Niiro, 2013). De plus amples études s’imposent pour déterminer les impacts des changements climatiques sur cette espèce.

5. Objectifs en matière de population et de répartition

L’objectif à long terme (c.-à-d. 50 ans) en matière de population et de répartition consiste à :

Pour favoriser l’atteinte de l’objectif à long terme en matière de population et de répartition, le sous-objectif à moyen terme (c.-à-d. 10 à 15 ans) suivant a été établi :

Selon le COSEPAC, la tortue ponctuée est en voie de disparition à cause de la petite taille de la population totale (< 2 500 individus matures) et du déclin continu du nombre d’individus matures (COSEWIC, 2014). Il existe une incertitude à l’égard de l’estimation exacte de la population de tortues ponctuées, mais des déclins ont été observés dans de multiples populations locales de l’aire de répartition canadienne (COSEWIC, 2014).

Il existe des signes de déclin, voire de disparition, des populations locales de tortues ponctuées, qu’elles soient grandes ou petites et qu’elles soient à l’intérieur ou à l’extérieur d’aires protégées (COSEWIC, 2014). Les plus grandes populations locales, les populations locales dans les aires protégées et les populations locales avec de l’habitat convenable suffisant ou abondant sont essentielles à la survie à long terme et au rétablissement de l’espèce, tandis que les populations plus petites contribuent à la résilienceNote de bas de page 43 et à la redondanceNote de bas de page 44 de la population canadienne et aident à maintenir l’aire de répartition de l’espèce. Ainsi, à moyen terme, la stabilisation de l’abondance démographique des populations locales est une première étape au maintien d’une population canadienne autosuffisante. Dans certaines populations locales, la qualité et la connectivité de l’habitat disponible devront être améliorées pour assurer le rétablissement. À long terme, la persistance de populations locales autosuffisantes dans l’aire de répartition canadienne permettra de maintenir la répartition canadienne de la tortue ponctuée et d’assurer la survie et le rétablissement de cette espèce au Canada.

Cette espèce longévive a des besoins écologiques précis, des besoins complexes en ce qui a trait à son cycle vital et une capacité limitée de compenser la perte d’individus par la reproduction ou le recrutement depuis les populations locales adjacentes (souvent elles-mêmes en déclin). La plupart des populations locales sont petites, voire très petites, et donc vulnérables à la disparition. Par conséquent, des approches et des stratégies générales actives doivent être entreprises sur plusieurs fronts au cours d’une longue période et sur une grande superficie pour assurer l’atteinte de ces objectifs. L’atténuation des menaces et/ou le maintien ou l’augmentation de l’habitat convenable où se trouve la tortue ponctuée (y compris l’habitat reliant des populations locales adjacentes) seront essentiels pour augmenter la taille des populations locales et assurer la persistance à long terme de populations locales autosuffisantes. L’obtention d’habitat convenable suffisant, qui comprend le maintien d’étapes de succession appropriées et la réduction de la dégradation et de la fragmentation de l’habitat, est particulièrement importante pour la survie de la tortue ponctuée.

Il est nécessaire d’obtenir plus de données de base sur l’abondance et d’information sur les tendances des populations locales afin d’évaluer les endroits où les populations locales sont menacées ou en déclin et de définir davantage de cibles de rétablissement quantitatives. Lorsqu’il y a des incertitudes entourant les données, les décisions relatives à la planification de la conservation et à la protection qui pourraient avoir des conséquences sur l’espèce devraient respecter le principe de précaution et être fondées sur des éléments probants.

6. Stratégies et approches générales pour l’atteinte des objectifs

6.1 Mesures déjà achevées ou en cours

À l’échelle nationale, la Société d’herpétologie du Canada (SHC) est la principale organisation sans but lucratif qui se consacre à la conservation des amphibiens et des reptiles, y compris les tortues. À cette fin, la Société mène à bien des études scientifiques, des programmes d’information du public et des projets communautaires, des travaux de compilation et d’analyse de données historiques et des projets de conservation et de remise en état de l’habitat.

Environnement et Changement climatique Canada finance des projets axés sur la conservation de la tortue ponctuée au Québec et en Ontario depuis de nombreuses années par l’intermédiaire du Programme d’intendance de l’habitat (PIH) et du Fonds autochtone pour les espèces en péril (FAEP), depuis 2001, et du Fonds interministériel pour le rétablissement (FIR), depuis 2004. Les projets comprenaient des activités diverses, comme la réalisation de relevés ciblés de l’espèce, la détermination des milieux importants pour les populations locales, l’évaluation de la gravité des menaces ou l’atténuation de menaces telles que la mortalité routière, l’invitation du public à communiquer des observations et à signaler la présence de tortues, la communication d’informations aux propriétaires fonciers et au public sur l’identification de l’espèce, les menaces et les diverses options en matière d’intendance. Le financement fédéral a contribué à plusieurs des initiatives décrites ci-dessous.

Ontario

Une équipe de rétablissement multi-espèces des tortues en péril de l’Ontario (Ontario Multi-Species Turtles at Risk Recovery Team) a été créée au début des années 2000 par un groupe de personnes intéressées par le rétablissement des tortues. Ce groupe a centré ses efforts sur six espèces de tortues en péril, à savoir la tortue mouchetée, la tortue musquée (Sternotherus odoratus), la tortue géographique (Graptemys geographica), la tortue-molle à épines (Apalone spinifera), la tortue ponctuée et la tortue des bois. Le groupe a coordonné et entrepris plusieurs activités de rétablissement, dont des programmes d’éducation et d’information sur les reptiles et diverses initiatives de gestion tels que des projets de protection des nids et de remise en état de sites de nidification (Seburn, 2007).

Le ministère des Richesses naturelles et des Forêts (MRNF) a financé de nombreux projets de conservation des tortues et d’intendance en Ontario par l’intermédiaire du Fonds d’intendance des espèces en péril de l’Ontario et d’autres programmes de financement provinciaux. En 2010, le MRNF a rendu public un document intitulé Forest Management Guide for Conserving Biodiversity at the Stand and Site Scales (OMNR, 2010) (The Stand and Site Guide). Ce document fait partie d’une série de guides de gestion forestière que les aménagistes forestiers utilisent aux fins de la planification et de la mise en œuvre des mesures de gestion forestière. On y présente des normes, des lignes directrices et des pratiques exemplaires de gestion applicables aux espèces de tortues présentes dans le secteur d’exploitation forestière, y compris la tortue ponctuée.

Depuis 2009, Ontario Nature coordonne l’établissement d’un nouvel atlas des reptiles et amphibiens de l’Ontario. En sollicitant des mentions d’occurrence auprès de la population, des chercheurs et des organisations gouvernementales et non gouvernementales, ce projet contribue à enrichir nos connaissances sur la répartition et la situation des reptiles et des amphibiens, y compris la tortue ponctuée, en Ontario (Crowley, comm. pers., 2013; Ontario Nature, 2012). En collaboration avec le Centre d’information sur le patrimoine naturel, le MRNF et d’autres organisations, Ontario Nature s’emploie à faire la promotion de la nouvelle édition de l’atlas des reptiles et des amphibiens de l’Ontario.

Conservation de la nature Canada (CNC) a mené à bien un important projet pluriannuel d’inventaire et de gestion des reptiles, dont de nombreuses espèces de tortues. On a réalisé plusieurs programmes de relevés ou de suivi (p. ex. Ontario Turtle Tally [Zoo de Toronto], Kawartha Turtle Watch [Université Trent]) et projets de recherche de deuxième ou troisième cycle sur les tortues ainsi que plusieurs études visant à évaluer l’ampleur des taux de mortalité des tortues sur les routes. Des études sur l’habitat, le domaine vital, l’abondance des populations, la prédation, la démographie, l’utilisation de l’habitat et l’écologie de la nidification des tortues ont également été menées dans diverses régions de l’Ontario.

De nombreuses organisations et agences offrent des programmes de sensibilisation et d’information sur les espèces de tortues en péril aux groupes scolaires, aux Premières Nations et au grand public (p. ex. Reptiles at Risk on the Road Project, Georgian Bay Reptile Awareness Program, Ontario Nature, MRNF, Parcs Ontario, Kawartha Turtle Trauma Centre, Zoo de Toronto et Office de protection de la nature de la rivière Thames supérieure). Les parcs nationaux et canaux historiques fournissent à leurs visiteurs des occasions d’en apprendre davantage sur la tortue ponctuée et d’autres espèces de tortues en péril en Ontario. Le programme Adopt-A-Pond du Zoo de Toronto est l’un des nombreux projets axés sur l’élaboration de programmes scolaires sur la conservation des tortues, alors que le programme Turtle Island Conservation du Zoo de Toronto promeut la conservation des tortues et la sensibilisation à l’égard de ces dernières au sein des groupes des Premières Nations et non autochtones. L’organisme caritatif Turtle SHELL (acronyme pour Safety, Habitat, Education and Long Life [sécurité, habitat, éducation et longévité]) a élaboré des brochures et installé des panneaux signalant le passage de tortues. Des mesures visant à protéger les nids d’espèces de tortues en péril ont également été mises en place.

En plus de mener à bien des initiatives d’information de la population et de conservation, l’Ontario Turtle Trauma Centre (OTTC), à Peterborough (Ontario) soigne des tortues sauvages blessées en vue de les relâcher. En date de 2013, le Centre s’était déjà consacré au rétablissement de plus de 800 tortues (OntarioTurtle Trauma Centre, 2014).

Les populations de tortues ponctuées bénéficient directement de nombreux projets qui sont réalisés en application de la Loi de 2007 sur les espèces en danger de disparition de l’Ontario. Par exemple, la conception de la plupart des nouvelles routes traversant l’habitat d’une espèce de tortue en péril prévoit l’aménagement d’écopassages et l’installation de clôtures visant à empêcher les tortues de s’aventurer sur la chaussée (Ontario Road Ecology Group, 2010; OMNR, 2013). De nombreuses recherches sont en cours sur les tortues en péril au Canada; les références se rapportant à bon nombre de ces recherches sont présentées à la section 10.

Québec

L’Équipe de rétablissement des tortues du Québec a été constituée en 2005. L’un de ses mandats consistait à élaborer et à mettre en œuvre un programme de rétablissement pour cinq espèces de tortues, soit la tortue des bois, la tortue géographique, la tortue mouchetée, la tortue musquée et la tortue ponctuée (Référence retirée). L’équipe a étendu ses activités à une sixième espèce de tortue après sa fusion avec l’Équipe de rétablissement de la tortue-molle à épines, en 2012. Pour garantir la mise en œuvre des mesures de rétablissement, on a créé quatre groupes, chacun travaillant sur une espèce de tortue ou sur un groupe d’espèces bien précis.

Une base de données sur les amphibiens et les reptiles (Atlas des amphibiens et des reptiles du Québec) est gérée par la Société d’histoire naturelle de la vallée du Saint-Laurent (SHNVSL). L’Atlas des amphibiens et des reptiles du Québec a servi de base de données source pour le Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec (CDPNQ) jusqu’en 2014. Le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) dirige le CDPNQ en ce qui concerne les données sur les espèces sauvages menacées ou vulnérables.

Des relevés ciblés ont été effectués récemment à deux emplacements différents en fonction de la disponibilité de l’habitat convenable à ces sites (Référence retirée) ainsi qu’à d’autres sites où la tortue ponctuée avait déjà été observée dans le passé. Aucune tortue ponctuée n’a été observée à ces sites.

Au cours des années 1990, un programme de sensibilisation a été mis en place dans les régions où la tortue ponctuée avait été observée dans le passé. Des relevés de suivi y ont été effectués en 1998-1999, mais aucune tortue ponctuée n’y a été observée et aucune mention de l’espèce n’a été signalée (COSEWIC, 2014). Aucun relevé n’a été réalisé subséquemment dans ces secteurs, et aucune nouvelle observation n’a été signalée. Des relevés ont récemment été effectués dans d’autres régions de la province comportant des parcelles d’habitat convenable, mais les recherches se sont une fois de plus révélées infructueuses.

6.2 Orientation stratégique pour le rétablissement

En vue d’atteindre les objectifs en matière de population et de répartition, les sept stratégies générales suivantes ont été établies aux fins du rétablissement :

  1. utiliser des outils législatifs et administratifs pour protéger la tortue ponctuée et son habitat;
  2. réduire la mortalité, les blessures et la capture illégale de tortues ponctuées à l’échelle de l’aire de répartition de l’espèce au Canada;
  3. protéger, gérer et remettre en état l’habitat à l’échelle de l’aire de répartition de la tortue ponctuée au Canada;
  4. accroître le recrutement dans les emplacements où les populations de tortues ponctuées sont en déclin ou dans ceux où leur viabilité semble compromise;
  5. mener à bien des activités de communication, de sensibilisation et d’intendance;
  6. répertorier et suivre les populations locales de tortues ponctuées, leur habitat et les menaces;
  7. effectuer des recherches sur la démographie des populations, les caractéristiques et l’utilisation de l’habitat et l’atténuation des menaces afin de combler les lacunes dans les connaissances.

Des approches de recherche et de gestion sont recommandées pour chaque stratégie (tableau 2). Par souci de concision, les menaces et facteurs limitatifs énumérés dans la première colonne sont numérotés comme suit :

  1. réseaux routiers et véhicules hors route;
  2. capture illégale;
  3. espèces exotiques et envahissantes;
  4. pratiques agricoles;
  5. conversion des terres;
  6. suppression des incendies;
  7. gestion de l’eau;
  8. prédateurs favorisés par les activités humaines;
  9. contamination et charges en nutriments;
  10. perturbations occasionnées par les activités humaines;
  11. changements climatiques.
Tableau 2. Tableau de planification du rétablissement de la tortue ponctuée
Menace ou élément limitatif Stratégie générale pour le rétablissement Prioritég Description générale des approches de recherche et de gestion
1,2,4,5,7,9,10 Utiliser des outils législatifs et administratifs pour protéger la tortue ponctuée et son habitat Élevée
  • Continuer d’améliorer et de mettre en application les lois, règlements, politiques, interdictions fédérales et provinciales, et autres outils réglementaires et non réglementaires afin de protéger la tortue ponctuée et son habitat.
  • Continuer d’élaborer et de mettre en œuvre des mesures d’atténuation (p. ex. pratiques exemplaires de gestion [PEG]), et d’évaluer leur efficacité pour contrer les menaces pesant sur les individus et leur habitat.
1,2,4,5,7,8,10 Réduire la mortalité, les blessures et la capture illégale de tortues ponctuées à l’échelle de l’aire de répartition de l’espèce au Canada. Élevée
  • Élaborer une stratégie fédérale/provinciale en vue de prévenir la capture illégale pour le commerce des animaux de compagnie ou à des fins de consommation.
  • Continuer d’élaborer et d’appliquer des techniques d’atténuation (p. ex. PEG et solutions de rechange aux méthodes de développement classiques) afin de réduire la mortalité et les blessures chez les tortues ponctuées adultes. Les mesures d’atténuation suivantes sont jugées prioritaires :
    • appliquer et évaluer des techniques d’atténuation en vue de réduire les taux de mortalité routière (p. ex. aménagement d’écopassages), surtout là où celle-ci est élevée;
    • mettre en place et évaluer des mesures d’intendance en vue de réduire la perturbation des sites de nidification occupés et des tortues (p. ex. installation de panneaux, surveillance de l’utilisation de véhicules hors route sur les plages), surtout dans l’habitat près de zones urbaines;
    • appliquer et évaluer des techniques en vue de contrôler les populations de prédateurs ou de restreindre l’accès aux sites de nidification au moyen de mesures directes et indirectes (p. ex. élimination des déchets, gestion des prédateurs et érection de clôtures).
  • Promouvoir l’application de PEG approuvées, de méthodes de développement novatrices et de techniques d’atténuation auprès de la population, des Premières Nations, des propriétaires fonciers, des gestionnaires des terres, des gouvernements et de l’industrie. Cette activité vise à atténuer les principales menaces au moyen de mesures d’intendance, de financement et d’autres techniques.
3,5,6,7,9 Protéger, gérer et remettre en état l’habitat à l’échelle de l’aire de répartition de la tortue ponctuée au Canada. Élevée
  • Protéger des zones suffisamment vastes pour maintenir des populations viables et augmenter la connectivité au moyen d’accords d’intendance, de PEG et/ou de mesures de conservation des terres.
  • Évaluer les besoins en matière de remise en état de l’habitat aux sites où la destruction, la dégradation et la fragmentation de l’habitat menacent des populations locales de tortues ponctuées.
  • Définir, élaborer, mettre en place et évaluer des mesures de gestion des espèces exotiques et envahissantes dans des sites touchés de la tortue ponctuée.
  • Définir, élaborer, mettre en place et évaluer des techniques de remise en état aux sites prioritaires et suivre l’utilisation par la tortue ponctuée.
  • Établir des seuils de perturbation critiques pour les activités susceptibles d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel.
  • Continuer de favoriser les activités d’intendance, notamment par la voie d’un soutien financier dans le cadre des programmes de financement existants.
1,2,3,4,5,6,9 Accroître le recrutement dans les emplacements où les populations de tortues ponctuées sont en déclin ou dans ceux où leur viabilité semble compromise. Élevée Cette stratégie sera mise en œuvre concurremment aux deux stratégies générales susmentionnées « Réduire la mortalité, les blessures et la capture illégale » et « Protéger, gérer et remettre en état l’habitat ».
  • Documenter les besoins en matière de recrutement afin de déterminer les sites où les populations de l’espèce sont en déclin ou ceux où leur viabilité semble compromise.
  • Mettre en place, évaluer, adapter et améliorer les techniques de recrutement à la lumière des résultats obtenus et en considération de l’écologie de la tortue ponctuée. Voici un exemple de technique de recrutement prioritaire :
    • élaborer un protocole/programme d’intervention précoce rentable, qui pourrait comprendre la surveillance des nids, l’incubation artificielle des œufs et le lâcher de juvéniles.
Toutes les menaces Mener à bien des activités de communication, de sensibilisation et d’intendance. Moyenne
  • Élaborer une stratégie de communication et de sensibilisation ou continuer d’utiliser les outils de communication et de sensibilisation existants en vue de réduire les menaces qui pèsent sur la tortue ponctuée.
  • Élaborer du matériel de sensibilisation et d’information accordant une attention particulière à la capture et au commerce de tortues ponctuées, à l’intention des principaux groupes souvent associés à de telles activités. Ces documents devraient être rédigés dans la langue du public cible.
  • Encourager le transfert, l’utilisation et l’archivage de l’information et des outils, en particulier des connaissances traditionnelles autochtones (CTA).
  • Améliorer et maintenir la coopération parmi les intervenants (p. ex. embaucher des partenaires et encourager la réalisation de projets conjoints intéressant plusieurs autorités responsables).
  • Favoriser la participation de partenaires (p. ex. universités, organisations gouvernementales, non gouvernementales, Premières Nations) aux projets de recherche requis pour combler les lacunes dans les connaissances.
Toutes les menaces Réaliser des relevés et assurer un suivi. Moyenne
  • Classer par ordre de priorité les sites comportant de l’habitat convenable qui ont déjà abrité ou qui pourrait abriter des populations en vue d’y effectuer des relevés ciblés.
  • Élaborer des protocoles normalisés de relevé, de suivi des populations et d’établissement de bases de données (p. ex. collecte de données, manipulation et marquage des tortues), et en promouvoir l’application.
  • Effectuer des relevés ciblés de la tortue ponctuée au Québec afin de déterminer si l’espèce y est présente.
  • Élaborer et mettre en œuvre des plans de suivi en Ontario (et au Québec, si nécessaire).
  • Encourager le signalement d’observations de tortues ponctuées aux atlas herpétologiques provinciaux ainsi qu’aux centres de données sur la conservation (CDC) provinciaux.
Toutes les menaces Effectuer des recherches sur la population, l’habitat et les menaces afin de combler les lacunes dans les connaissances. Moyenne
  • Définir les critères minimaux relatifs à l’habitat et à la population pour assurer le maintien d’une population locale viable (p. ex. superficie d’habitat convenable, nombre d’individus matures) à l’échelle de rétablissement appropriée.
  • Augmenter les connaissances des besoins en matière d’habitat de l’espèce pour mieux caractériser et désigner les habitats (p. ex. nidification, alimentation et hibernation) utilisés durant les divers stades du cycle vital, notamment par les nouveau-nés et les juvéniles, et pour mieux comprendre l’utilisation spatiale et temporelle de l’habitat.
  • Mener à bien des recherches pour évaluer la gravité des menaces connues pesant sur les populations et documenter leur fréquence, leur étendue et leur certitude causale.
  • Réaliser des études démographiques intensives dans des sites choisis répartis à l’échelle de l’aire de répartition afin d’accroître nos connaissances sur la taille des populations, la composition par âge et le sex-ratio.

g « Priorité » reflète l’ampleur dans laquelle l’approche contribue directement au rétablissement de l’espèce ou est un précurseur essentiel à une approche qui contribue au rétablissement de l’espèce.

6.3 Commentaires à l’appui du tableau de planification du rétablissement

Compte tenu de la stratégie de reproduction de la tortue ponctuée (voir la section 3.4), le maintien d’un taux de survie des adultes maximal, en particulier chez les femelles, demeure le principal besoin en matière de rétablissement de l’espèce. Malheureusement, certaines caractéristiques biologiques ou comportementales de la tortue ponctuée (c.-à-d. nidification sur les accotements de route, déplacements en milieu terrestre) et l’attrait qu’elle présente pour le commerce des animaux de compagnie accentuent considérablement sa vulnérabilité à bon nombre des menaces qui sont associées aux activités humaines (p. ex. mortalité routière, pratiques agricoles et véhicules hors route, prédation des nids, destruction de l’habitat et capture illégale). Il importe donc d’adopter une approche proactive et intégrée pour atténuer les menaces qui pèsent sur les tortues ponctuées adultes.

Les approches retenues devraient accorder une attention toute particulière aux échelles spatiales et temporelles auxquelles survient la plus grande mortalité des adultes. La mise en place de mesures de protection et d’intendance jouera un rôle déterminant dans l’atténuation des menaces et le maintien à long terme de l’espèce au Canada. La protection, la gestion et la remise en état de l’habitat joueront également un rôle clé dans le rétablissement de l’espèce, car ces mesures contribuent au maintien, à l’amélioration ou à la création de parcelles d’habitat convenable et à la réduction de la mortalité des adultes (c.-à-d. réduction de la gravité des menaces). La mise en œuvre de ces mesures doit se faire selon une approche intégrée prévoyant la participation de divers intervenants (p. ex. propriétaires fonciers, utilisateurs des terres, planificateurs de l’utilisation des terres, Premières Nations, organisations non gouvernementales, gouvernements). Pour informer ces intervenants et commencer à atténuer des menaces précises (p. ex. mortalité routière et capture illégale), il importe de mettre en place des approches de communication et de sensibilisation. Il faut également s’employer à combler les lacunes dans les connaissances concernant cette espèce en réalisant une pléthore d’études portant sur des aspects précis en vue d’atteindre l’objectif à long terme en matière de population et de répartition. Les mesures décrites au tableau 2 et le calendrier des études visant à désigner l’habitat essentiel (tableau 5) permettront de combler certaines lacunes dans les connaissances.

7. Habitat essentiel

Aux termes de la LEP, l’habitat essentiel est « l’habitat nécessaire à la survie ou au rétablissement d’une espèce sauvage inscrite, qui est désigné comme tel dans un programme de rétablissement ou un plan d’action élaboré à l’égard de l’espèce ». En vertu de l’alinéa 41(1)c) de la LEP, les programmes de rétablissement doivent inclure une désignation de l’habitat essentiel de l’espèce, dans la mesure du possible, et des exemples d’activités susceptibles d’entraîner la destruction de cet habitat. Dans le présent programme de rétablissement fédéral, l’habitat essentiel de la tortue ponctuée est désigné dans la mesure du possible, sur la base de la meilleure information accessible en date de décembre 2013. De l’habitat essentiel additionnel pourrait être désigné après la publication du présent programme de rétablissement si de nouvelles informations appuient l’inclusion de zones hors de celles qui sont actuellement désignées. Dans certaines zones désignées à titre d’habitat essentiel, il faudra s’employer à améliorer la qualité de l’habitat en vue d’y assurer le rétablissement de l’espèce.

7.1 Désignation de l’habitat essentiel de l’espèce

L’habitat essentiel de la tortue ponctuée au Canada est désigné pour 88 populations locales (figure 4; voir également le tableau 4). Il est reconnu que l’habitat essentiel désigné est insuffisant pour atteindre les objectifs en matière de population et de répartition établis pour l’espèce. Certains emplacements n’ont pas fait l’objet de relevés récemment ou n’ont pas été inventoriés adéquatement. Dans d’autres cas, des accords d’échange de données sont requis et/ou une certaine incertitude persiste quant aux données nécessaires à la désignation de l’habitat essentiel. Un calendrier des études décrit les activités requises pour achever la désignation de l’habitat essentiel (voir la section 7.2). La désignation de l’habitat essentiel sera mise à jour lorsque l’information deviendra disponible, soit dans un programme de rétablissement révisé ou un ou des plans d’action.

L’habitat essentiel de la tortue ponctuée est fondé sur trois grands critères : occupation de l’habitat, caractère convenable de l’habitat et connectivité de l’habitat (entre les zones occupées). Ces critères sont décrits plus en détail ci-après.

7.1.1 Occupation de l’habitat

Ce critère se rapporte aux zones où il y a un degré de certitude raisonnable que l’espèce est présente et utilise actuellement l’habitat.

L’habitat est considéré occupé lorsque :

En Ontario, la plupart des populations locales restantes ne comptent qu’un petit nombre d’individus (COSEWIC, 2014; Seburn, 2007). Ainsi une seule observation peut indiquer la présence d’une population locale et a été utilisée pour déterminer l’occupation de l’habitat. Cette approche convient dans le cas de la tortue ponctuée, car celle-ci est une espèce en voie de disparition qui est exposée à des menaces considérables et qui est difficile à détecter du fait de sa nature cryptique et de la méfiance dont elle fait preuve à l’égard des humains.

Une période de 40 ans a été choisie aux fins de l’application du critère d’occupation de l’habitat. Cette période est jugée appropriée, compte tenu de la longueur de la durée d’une générationNote de bas de page 46 chez cette espèce (estimée à 40,6 ans) (COSEWIC, 2014). Ce trait de longévité complique l’étude du cycle vital complet de l’espèce, car il rend difficile l’obtention d’une quantité adéquate de données exactes réparties sur l’ensemble du cycle vital. L’application d’une fenêtre temporelle de 40 ans permet d’inclure des populations locales qui persistent vraisemblablement, mais dont aucun individu de la tortue ponctuée n’a été observé récemment.

Les mentions considérées pour la désignation de l’habitat essentiel comprennent les données de toutes les sources valides (p. ex. données de relevés effectués par des spécialistes, observations fortuites de l’espèce, études radiotélémétriques et observations de sites de nidification et d’hivernage). Afin de servir adéquatement à la désignation de l’habitat essentiel, ces mentions doivent être spatialement précises (≤ 1 km) ou fournir suffisamment d’information détaillée pour être associées à des sites précis (p. ex. le domaine vital d’un individu). L’habitat essentiel n’a pas été désigné aux emplacements où des efforts de relevés répétés menés à des moments opportuns selon des méthodes appropriées n’ont pas permis de confirmer la persistance de l’espèce ou l’utilisation de l’habitat par celle-ci et où l’espèce est tenue pour disparue, et/ou aux emplacements où des relevés récents ou d’autres sources d’information (p. ex. photographies aériennes) ont confirmé que l’habitat convenable n’est plus présent (p. ex. en raison de l’aménagement résidentiel).

7.1.2 Caractère convenable de l’habitat

Le caractère convenable de l’habitat fait référence aux emplacements qui comportent un ensemble précis de caractéristiques biophysiques permettant aux individus d’accomplir les différentes activités essentielles de leur cycle vital (c.-à-d. hibernation, accouplement, nidification, alimentation, thermorégulation et inactivité estivale) ainsi que leurs déplacements. Il importe que toutes les zones d’habitat requises soient reliées par des étendues d’habitat aquatique ou semi-aquatique et soient suffisamment rapprochées pour que les tortues puissent se déplacer facilement d’une à l’autre. On peut donc décrire l’habitat convenable de la tortue ponctuée comme étant une mosaïque de milieux terrestres et aquatiques à l’intérieur desquels des caractéristiques biophysiques particulières peuvent être associées à des activités essentielles du cycle vital. À l’intérieur des limites de l’habitat convenable, les caractéristiques biophysiques requises par la tortue ponctuée varient dans le temps et l’espace, selon la nature dynamique des écosystèmes. De plus, l’importance des caractéristiques biophysiques précises varie dans le temps (p. ex. en fonction de différents processus vitaux ou selon les saisons ou le moment de l’année).

Les caractéristiques biophysiques de l’habitat convenable de la tortue ponctuée sont présentées au tableau 3 et illustrées à la figure 2.

En raison du manque d’information sur la quantité d’habitat requise par la tortue ponctuée pour accomplir les activités liées à son cycle de vie à l’intérieur de son domaine vital, l’approche suivante a été utilisée pour désigner une étendue d’habitat convenable de l’espèce. La description de l’habitat convenable reflète le fait que certaines caractéristiques biophysiques n’ont pas à être immédiatement adjacentes les unes aux autres, tant qu’elles demeurent connectées de manière à ce que les individus puissent se déplacer facilement entre elles pour combler tous leurs besoins biologiques et réagir aux perturbations ou pour pouvoir les éviter. Les distances utilisées pour déterminer l’étendue de l’habitat convenable sont propres à la tortue ponctuée et sont fondées sur les besoins biologiques et comportementaux de l’espèce (voir la section 3.3).

L’habitat convenable de la tortue ponctuée comprend les habitats utilisés pour l’hibernation, l’accouplement, la thermorégulation, la nidification, l’alimentation et les déplacements (déplacements locaux et dispersion) entre ces habitats (figure 3). Il est défini comme suit :

Ces critères permettront d’inclure la vaste majorité de l’habitat de nidification potentiel, ce qui est important compte tenu du faible nombre d’emplacements précis connus. La disponibilité et le choix des sites de nidification jouent vraisemblablement un rôle important dans la persistance des populations locales étant donné la nature des facteurs limitatifs connus pour l’espèce (p. ex. stratégie de reproduction à long terme, conditions climatiques – voir la section 3.3). En raison de la rareté de ces habitats, les sites de nidification confirmés sont désignés comme de l’habitat essentiel, et ce, où qu’ils se trouvent (peu importe la distance de l’élément de l’habitat aquatique le plus proche). En conséquence, l’habitat convenable pour la tortue ponctuée englobe également :

La majorité des déplacements des tortues sont liés à la recherche d’un habitat convenable de nidification, d’hibernation, de thermorégulation et d’alimentation. La distance utilisée pour établir les limites de l’habitat convenable (c.-à-d. rayon de 1 km autour d’une observation) est fondée sur les connaissances actuelles sur les besoins de l’espèce. La distance radiale de 1 km a été choisie en considération de la longueur maximale du domaine vital de l’espèce observée en Ontario (cette longueur peut être supérieure à 1 000 m; Référence retirée) et dans le Maine (1 125 m; Référence retirée). La distance radiale de 1 km détermine une aire de 2 km de diamètre, soit la distance qu’une tortue ponctuée peut parcourir durant la saison active (Lewis et Ritzenthaler, 1997; Joyal et al., 2001; Beaudry et al., 2010). Cette distance est également représentative des déplacements observés de l’espèce au Canada (Référence retirée; Gillingwater et Piraino, données inédites). L’utilisation d’une approche fondée sur l’habitat est importante pour préserver les habitats encore occupés et disponibles pour la tortue ponctuée, car une grande partie de l’habitat de l’espèce est déjà disparue ou fragmentée à l’échelle du paysage. La distance maximale a été choisie en raison du statut en voie de disparition de l’espèce, de la faible taille estimée de sa population et de sa très grande vulnérabilité à la perte et à la dégradation de son habitat.

Comme la tortue ponctuée peut parcourir de grandes distances pour nidifier, une distance terrestre de 130 m s’étendant en milieu terrestre à partir d’un élément aquatique est retenue sur la base d’une analyse des données sur les déplacements de la tortue ponctuée (y compris des données provenant de l’Ontario), qui démontrent qu’une telle aire permettrait de recueillir plus de 95 % des observations de l’espèce en milieu terrestre, y compris les sites de nidification et les femelles gravides (n = 93, Steen et al., 2012). La zone se trouvant à l’intérieur d’un rayon de 130 m autour de l’habitat aquatique convenable procure aux tortues ponctuées qui viennent d’éclore des corridors de déplacement indispensables vers des milieux humides. En outre, les éléments adjacents de l’habitat convenable (c.-à-d. situés à moins de 260 m l’un de l’autre; voir la figure 3) forment un complexe d’habitats qui facilite les déplacements entre les habitats aquatique et terrestre interreliés pour répondre à toutes les exigences fonctionnelles du cycle vital des tortues.

L’habitat situé dans un rayon de 50 m autour des observations de nidification est important pour maintenir les conditions microclimatiques (p. ex. caractéristiques thermiques, caractéristiques de la végétation et de la lumière), sert d’aire de rassemblement et peut également procurer aux nouveau-nés un corridor de déplacement protégé vers un habitat aquatique convenable. L’habitat essentiel dans ces aires convenables correspond aux caractéristiques biophysiques de l’habitat convenable. Cette approche vise à protéger les nids éloignés qui pourraient ne pas être captés dans la limite de l’habitat essentiel terrestre de 130 m.

En Ontario, l’habitat convenable pour la tortue ponctuée peut être partiellement décrit à l’aide de cartes provinciales illustrant les milieux humides, les plans d’eau et les cours d’eau et sur lesquelles les éléments aquatiques permanents sont généralement bien indiqués. Toutefois, la tortue ponctuée utilise souvent des éléments du milieu de plus petites dimensions, temporaires ou éphémères qui ne sont pas bien reconnus par la cartographie de classification des terres (p. ex. Classification écologique des terres), en particulier lorsqu’aucune vérification sur le terrain n’a été effectuée. Dans le cas des emplacements pour lesquels aucune carte détaillée de l’habitat n’est disponible, l’aire comprise dans un rayon de 1 km autour d’une tortue ponctuée peut être utilisée pour représenter l’étendue maximale à l’intérieur de laquelle peut se trouver de l’habitat convenable (figure 3). Il est approprié d’adopter une telle approche car ces éléments de petites dimensions, temporaires ou éphémères peuvent constituer des refuges importants pour l’espèce à certaines périodes de l’année.

Tableau 3. Caractéristiques biophysiques détaillées de l’habitat convenable requises pour les activités liées au cycle vital de la tortue ponctuée au Canada
Habitat Élément(s) de l’habitat Caractéristiques biophysiques Activités liées au cycle vital Références
Habitat aquatique convenable Milieux humides permanents, semi-permanents ou éphémères, y compris les milieux suivants :
  • marais, marécages et tourbières (ombrotrophes et minérotrophes)
  • milieux humides dont la persistance est assurée par les castors;
  • mares printanières
  • étangs
  • fondrières ou zones de suintement
  • fossés de drainage
  • Présence d’eau jusqu’à une profondeur de 9 m); ET
  • Substrat mou constitué de boue ou de sable; OU
  • Pour l’alimentation, la thermorégulation et l’hibernation : éléments tels que sphaigne, touffes de cypéracées, graminées, végétation aquatique et/ou émergente, billes flottantes ou submergées, masses de racines ou huttes de rat musqué; OU
  • Pour l’hibernation : colonne d’eau d’une profondeur suffisante et ne gelant pas jusqu’au fond (p. ex. buttes de sphaigne comportant des cavités souterraines)
Hibernation/
accouplement/
alimentation/
thermorégulation/
inactivité estivale/
déplacements
RÉFÉRENCE RETIRÉE; Harding (1997); Lewis et Ritzenthaler (1997); Litzgus et al. (1999); Wilson (1994); RÉFÉRENCE RETIRÉE; Barlow (1999); RÉFÉRENCE RETIRÉE
Habitat aquatique convenable Cours d’eau ou plans d’eau, y compris les ruisseaux, les cours d’eau et les lacs
  • Présence d’eau jusqu’à une profondeur de 9 m); ET
  • Milieux perméables (sans obstacles entravant les déplacementsh des tortues ponctuées).
Déplacements/
alimentation
Wilson (1994); RÉFÉRENCE RETIRÉE; RÉFÉRENCE RETIRÉE; et Brooks (2000); Rasmussen et Litzgus (2010a)
Habitat terrestre convenable Zones littorales (p. ex. barres de sable, plages et vasières), forêts sèches, affleurements rocheux, champs, prés, zones marécageuses, milieux humides à sphaigne
  • Zones pleinement ou partiellement exposées au soleil;
ET
  • Substrat propice au creusage des nids (p. ex. sol loameux riche, foncé, exempt de végétation ou à végétation clairsemée; zones de graminées ou de cypéracées; buttes ou litière de sphaigne; huttes de rat musqué; anfractuosités d’affleurements rocheux remplies de sol ou de détritus; milieux adjacents à un milieu humide ou à un plan d’eau)
Nidification/
thermorégulation/
déplacements
RÉFÉRENCE RETIRÉE; Harding (1997); Litzgus et Brooks (1998a); Joyal et al. (2001); RÉFÉRENCE RETIRÉE; Beaudry et al. (2010)
Habitat terrestre convenable Forêts sèches, boisés, prés, affleurements rocheux ou champs
  • Sol loameux ou boueux exempt de végétation ou à végétation clairsemée, zones de graminées, matière végétale en décomposition ou bois pourri
Thermorégulation/
inactivité estivale/
déplacements
RÉFÉRENCE RETIRÉE; Barlow (1999); Litzgus et Brooks (2000); RÉFÉRENCE RETIRÉE

h Une structure bloquant le passage (p. ex. barrage ou embâcle) peut être considérée comme une entrave aux déplacements.

Figure 2
Figure 2. Caractéristiques biophysiques de l’habitat convenable de la tortue ponctuée requises pour chacune des activités liées au cycle vital.
Description longue

La figure 2 est un diagramme des caractéristiques biophysiques de l’habitat convenable de la tortue ponctuée. Pour chaque type d’habitat convenable illustré dans le diagramme, on voit les activités liées au cycle vital correspondantes. Les milieux humides comprenant des hibernacles ont été associés à l’hibernation, à l’alimentation et à l’accouplement; les prés, à la nidification; la forêt sèche, à la période d’inactivité estivale; les milieux humides, à la nidification, à l’hibernation, à l’alimentation et à l’accouplement; le rivage, à la nidification; les affleurements rocheux, à la période d’inactivité estivale.

7.1.3 Connectivité de l’habitat

Le maintien de liens naturels entre les types d’habitat requis par la tortue ponctuée est nécessaire pour assurer la persistance des populations locales. La connectivité entre les populations locales est importante, car elle permet l’immigration et l’émigration d’individus (déplacements vers et depuis des populations locales, respectivement) et contribue ainsi à l’augmentation du flux génique (en maintenant une diversité génétique au sein des populations et entre ces mêmes populations). La connectivité permet également à l’espèce de réagir aux facteurs de stress environnementaux (p. ex. fluctuations des niveaux d’eau) en se déplaçant à un autre emplacement. Au Canada, la perte d’habitat et la fragmentation de l’habitat constituent une menace pour la tortue ponctuée (voir la section 4.2; COSEWIC, 2014). Cette menace peut entraîner la perte de corridors de dispersion et l’isolement de populations locales et ainsi causer une réduction de la diversité génétique.

Pour permettre aux tortues ponctuées de se déplacer localement sur de courtes distances en vue d’accomplir les activités liées à leur cycle vital (habitat de déplacement), une connectivité est assurée dans les aires définies d’habitat convenable (déplacements saisonniers entre les habitats nécessaires à l’accomplissement du cycle vital annuel) (section 7.1.2; voir également le tableau 3; figure 3). Pour permettre aux tortues ponctuées d’effectuer des déplacements sur de longues distances hors de leur domaine vital (immigration ou émigration) (déplacements de dispersion – voir la section 3.3), le critère de connectivité de l’habitat assure une connectivité entre des populations locales, en considération des tendances documentées de tortues ponctuées à entreprendre des déplacements tant en milieu aquatique que terrestre pour se disperser ainsi que des données montrant que les individus utilisent d’une année à l’autre le même parcours pour se déplacer entre les habitats (Joyal et al., 2001).

Le critère de connectivité de l’habitat désigne de l’habitat convenable inoccupé à titre d’habitat essentiel s’il se trouve à distance de dispersion de deux points d’observation de la tortue ponctuée et est défini ainsi :

Aux emplacements où le critère de connectivité de l’habitat s’applique, un polygone englobant minimalNote de bas de page 48 est tracé en utilisant une approche fondée sur l’occupation (autour d’une aire d’un rayon de 1 km entourant un point d’observation de la tortue ponctuée) (figure 3). Le milieu connectif peut être précisé en utilisant une approche fondée sur l’habitat, à mesure que des renseignements supplémentaires et des connaissances propres à la région deviennent disponibles. Ce critère permet d’englober l’habitat convenable adjacent susceptible d’être utilisé par la tortue ponctuée à des fins de dispersion ou d’autres activités liées au cycle vital. Ces aires contenant de l’habitat potentiel sont nécessaires pour favoriser le rétablissement de l’espèce et pourraient être utilisées par l’espèce en cas de croissance de la population.

La distance de 3 km correspond à 3 fois la longueur linéaire moyenne du domaine vital (c.-à-d. 1 km), soit la distance de séparation minimale entre des populations locales recommandée par NatureServe (NatureServe, 2017) pour maintenir la connectivité et réduire le risque d’isolement génétique.

Figure 3
Figure 3. Schéma des critères de désignation de l’habitat essentiel de la tortue ponctuée. Les observations qui satisfont au critère d’occupation de l’habitat sont utilisées pour définir l’habitat convenable (c.-à-d. zone de 130 m autour des milieux humides permanents et saisonniers, des cours d’eau et des plans d’eau compris dans un rayon de 1 km autour de points d’observation de l’espèce). Comme les petits milieux humides et étangs temporaires ne sont pas bien indiqués, une aire d’un rayon de 1 km tracée autour d’une mention de la tortue ponctuée détermine une unité d’habitat essentiel. Une unité d’habitat essentiel comprend aussi les sites de nidification, peu importe où ils se trouvent, ainsi que l’habitat avoisinant convenable à l’intérieur d’un rayon de 50 m d’un site de nidification. Là où le critère de connectivité de l’habitat s’applique, les limites de l’unité sont étendues (à l’aide d’un polygone englobant minimal) pour délimiter un complexe d’habitat de plus grande superficie. Les unités d’habitat essentiel sont fusionnées là où elles se recoupent spatialement. L’habitat essentiel est l’habitat à l’intérieur d’une unité d’habitat essentiel et qui correspond aux caractéristiques biophysiques précises décrites au tableau 3.
Description longue

La figure 3 est un schéma des critères de désignation de l’habitat essentiel de la tortue ponctuée. Le diagramme montre les zones d’habitat essentiel d’après les observations de tortues ponctuées.

7.1.4 Application des critères de désignation de l’habitat essentiel de la tortue ponctuée

L’habitat essentiel de la tortue ponctuée est défini comme étant l’étendue d’habitat convenable (section 7.1.2) à l’intérieur de laquelle le critère d’occupation de l’habitat est satisfait (section 7.1.1). Actuellement, les limites de l’habitat convenable sont partiellement connues (p. ex. éléments des milieux humides permanents et de l’habitat aquatique) actuellement pour la plupart des populations locales, mais les limites des petites parcelles d’habitat convenable temporaire ou éphémère ne sont pas disponibles actuellement pour appuyer la désignation de l’habitat essentiel de toutes les populations locales en Ontario. En attendant l’obtention des données manquantes, une limite plus large (c.-à-d. la zone comprise dans un rayon de 1 km autour d’un point d’observation de l’espèce) est déterminée comme étant l’aire à l’intérieur de laquelle se trouve de l’habitat essentiel, appelée dans le présent document « unité d’habitat essentiel ». Aux emplacements où le critère de connectivité de l’habitat s’applique (dans les cas où au moins deux points d’observation de l’espèce satisfaisant au critère d’occupation de l’habitat sont séparés par une distance maximale de 3 km [section 7.1.3]), l’unité d’habitat essentiel est étendue (à l’aide d’un polygone englobant minimal) pour désigner un complexe d’habitat de plus grande superficie (voir la figure 3). L’unité d’habitat essentiel représente donc l’étendue maximale de l’habitat essentiel à un emplacement donné. Lorsque les limites de l’habitat seront déterminées, la désignation de l’habitat essentiel sera mise à jour. En raison des fluctuations des niveaux d’eau, des ondes de tempête, de l’érosion et de l’accumulation de dépôts le long des rives, l’emplacement précis et l’étendue de l’habitat convenable à l’intérieur des unités d’habitat essentiel de la tortue ponctuée pourraient changer au fil du temps (Rasmussen et Litzgus, 2010a). Les zones urbaines et/ou les structures fabriquées par les humains (p. ex. revêtements de route, accotement de route et asphalte) ne correspondent pas aux caractéristiques biophysiques de l’habitat convenable de la tortue ponctuée (voir la section 7.1.2) et ne sont pas considérées comme étant de l’habitat essentiel.

L’application des critères de désignation de l’habitat essentiel à la meilleure information accessible a mené à la désignation de 107 unités renfermant de l’habitat essentiel pour 88 populations locales de tortues ponctuées au Canada. Les 88 populations locales pour lesquelles de l’habitat essentiel est désigné proviennent de 25 populations locales existantes et de 63 populations locales historiques décrites dans le rapport de situation du COSEPAC (COSEWIC, 2014). Les autres populations historiques et disparues ne répondaient pas aux critères d’habitat essentiel et aucun habitat essentiel n’y a été désigné pour le moment. Pour ces raisons, la désignation de l’habitat essentiel est considérée comme partielle, et un calendrier des études (section 7.2) a été élaboré afin de fournir l’information nécessaire pour achever la désignation de l’habitat essentiel nécessaire à l’atteinte des objectifs en matière de population et de répartition des populations existantes et historiques connues.

Étant donné la vulnérabilité de la tortue ponctuée à la capture illégale, la ministre de l’Environnement et du Changement climatique, sur l’avis du COSEPAC, a limité la communication de tout renseignement concernant l’emplacement des populations de tortues ponctuées ou de leur habitat en vertu de la LEP (article 124). Ainsi, l’habitat essentiel est présenté à l’aide de carrés du quadrillage UTM de 100 km x 100 km (figure 4, voir également le tableau 4) pour éviter la divulgation de ces données de nature délicate. Ces carrés du quadrillage UTM font partie d’un système de quadrillage de référence qui met en évidence l’emplacement géographique général renfermant l’habitat essentiel à des fins d’aménagement du territoire et/ou d’évaluation environnementale. De plus amples informations sur l’emplacement de l’habitat essentiel peuvent être obtenues, à des fins de protection de l’espèce et de son habitat et sur justification, auprès d’Environnement et Changement climatique Canada – Service canadien de la faune, à ec.planificationduretablissement-recoveryplanning.ec@canada.ca.

Figure 4
Figure 4. Carrés du quadrillage renfermant de l’habitat essentiel de la tortue ponctuée en Ontario. L’habitat essentiel de la tortue ponctuée se trouve dans les carrés du quadrillage UTM de référence de 100 km x 100 km bordés de rouge, là où les critères énoncés à la section 7 sont respectés.
Description longue

La figure 4 est une carte du sud de l’Ontario et du Québec qui montre les carrés de 100 km x 100 km renferment de l’habitat essentiel de la tortue ponctuée. Il y a au total 18 carrés de quadrillage couvrant le sud de l’Ontario, depuis Windsor jusqu’à North Bay vers le nord et jusqu’à la région d’Ottawa vers l’est. Deux carrés de quadrillage couvrent les zones du Québec, depuis le nord de la rivière des Outaouais jusqu’à proximité de Montréal.

Tableau 4. Carrés du quadrillage UTM de référence de 100 km x 100 km désignés comme renfermant de l’habitat essentiel de la tortue ponctuée au Canada. L’habitat essentiel de la tortue ponctuée se trouve dans les carrés du quadrillage UTM de référence de 100 km x 100 km, là où les critères énoncés à la section 7 sont respectés
Code d’identification du carré du quadrillage UTM de référence de 100 km x 100 kmi UTM Est - Coordonnées du carré du quadrillage UTMj UTM Nord - Coordonnées du carré du quadrillage UTMj Nombre d’unités d’habitat essentiel désignées
17TLG 300000 4600000 12
17TLH 300000 4700000 1
17TMG 400000 4600000 2
17TMH 400000 4700000 7
17TMJ 400000 4800000 2
17TMK 400000 4900000 11
17TNH 500000 4700000 11
17TNJ 500000 4800000 3
17TNK 500000 4900000 15
17TNL 500000 5000000 12
17TNM 500000 5100000 1
17TPH 600000 4700000 3
17TPK 600000 4900000 14
17TPL 600000 5000000 1
18TTQ/18TUQ 260346 4900000 6
18TVQ 400000 4900000 3
18TVR 400000 5000000 2
18TWR 500000 5000000 1

Total = 107 unités

i Fondé sur le système militaire de quadrillage UTM de référence, les deux premiers caractères correspondent à la zone UTM, la lettre suivante représente la rangée UTM et les deux dernières lettres indiquent le quadrillage UTM de référence de 100 km x 100 km renfermant la totalité ou une partie d’une unité d’habitat essentiel. Ce code alphanumérique unique s’inspire de la méthodologie utilisée pour les Atlas des oiseaux nicheurs du Canada. Pour tenir compte de la vulnérabilité de l’espèce, les carrés du quadrillage UTM de référence à l’intersection des zones UTM sont fusionnés avec les carrés adjacents du quadrillage pour assurer au minimum un carré du quadrillage de 100 km x 100 km.

j Les coordonnées indiquées sont celles de la représentation cartographique de l’habitat essentiel, c.-à-d. du coin sud-ouest du carré du quadrillage UTM de référence de 100 km x 100 km qui est l’unité d’habitat essentiel. Elles sont données à titre indicatif seulement.

7.2 Calendrier des études visant à désigner l’habitat essentiel

L’habitat essentiel de la tortue ponctuée n’est que partiellement désigné dans le présent programme de rétablissement étant donné qu’il pourrait être insuffisant pour atteindre les objectifs en matière de population et de répartition (section 5) établis pour l’espèce. Certains emplacements abritant potentiellement l’espèce i) n’ont pas fait l’objet de recherches récentes ou suffisamment approfondies, ou ii) pourraient contribuer à la viabilité des populations, mais l’habitat essentiel n’y a pas été désigné, faute de données suffisantes, ou iii) où des ententes de partage des données sont requises. La réalisation de relevés ciblés selon des méthodes éprouvées s’impose pour déterminer les probabilités de détection de l’espèce aux occurrences historiques ou dans les régions où des observations anecdotiques ont été recueillies.

Tableau 5. Calendrier des études pour la désignation de l’habitat essentiel
Description de l’activité Justification Échéancier
Effectuer des relevés des populations et des évaluations de l’habitat aux occurrences d’élément existantes et historiques où l’information actuellement accessible est insuffisante. Cette activité est nécessaire pour confirmer l’emplacement et l’étendue des populations et pour déterminer l’étendue de l’habitat convenable et des emplacements potentiels afin de restaurer les occurrences historiques. 2025
Évaluer la quantité d’habitat convenable (p. ex. habitat de nidification, d’alimentation et de thermorégulation) pour les populations locales où les menaces pesant sur l’habitat sont importantes et déterminer où la superficie d’habitat convenable est probablement insuffisante. Cette activité est nécessaire pour déterminer les populations locales pour lesquelles la superficie d’habitat essentiel est peut-être insuffisante pour atteindre les objectifs en matière de population et de répartition et, donc, pour lesquelles davantage d’habitat essentiel doit être désigné. 2025
Évaluer l’utilisation de l’habitat et le succès reproducteur de l’espèce dans les zones ayant fait l’objet de travaux de remise en état. Cette activité est nécessaire pour désigner de l’habitat essentiel additionnel afin de soutenir la croissance des populations locales. 2030

7.3 Activités susceptibles d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel

La compréhension de ce qui constitue la destruction de l’habitat essentiel est nécessaire à la protection et à la gestion de cet habitat. La destruction est déterminée au cas par cas. On peut parler de destruction lorsqu’il y a dégradation d’un élément de l’habitat essentiel, soit de façon permanente ou temporaire, à un point tel que l’habitat essentiel n’est plus en mesure d’assurer ses fonctions lorsque exigé par l’espèce. La destruction peut découler d’une activité unique à un moment donné ou des effets cumulés d’une ou de plusieurs activités au fil du temps.

La destruction de l’habitat essentiel de la tortue ponctuée peut se produire à plusieurs échelles, tant en milieu aquatique qu’en milieu terrestre. Elle peut résulter d’une activité menée à l’intérieur ou à l’extérieur des limites de l’habitat essentiel, quelle que soit la période de l’année. À l’intérieur des limites de l’habitat essentiel, certaines activités peuvent toucher des milieux aquatiques abritant l’espèce ainsi qu’une zone de 130 m s’étendant depuis la ligne des hautes eaux de l’habitat aquatique occupé présentant des conditions convenables pour l’alimentation, la thermorégulation ou l’hibernation. Certaines activités peuvent également avoir un impact sur les corridors de dispersion reliant ces habitats. Dans ces corridors, il importe particulièrement de préserver la perméabilité de l’habitat (c.-à-d. veiller à ce qu’aucune barrière n’entrave les déplacements de l’espèce et n’empêche celle-ci d’accéder aux habitats convenables adjacents). En conséquence, certaines activités susceptibles d’entraîner la destruction des habitats d’alimentation, d’hibernation et de thermorégulation peuvent ne pas avoir d’impact sur les corridors de dispersion si l’habitat demeure suffisamment perméable. Les activités menées hors des limites de l’habitat essentiel pourraient parfois être moins susceptibles d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel que celles qui se déroulent à l’intérieur de ce même habitat.

Le tableau 6 donne des exemples d’activités susceptibles d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel de l’espèce; il peut toutefois exister d’autres activités destructrices.

Tableau 6. Exemples d’activités susceptibles d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel de la tortue ponctuée
Description de l’activité Description de l’effet Emplacement de l’activité susceptible d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel -
À l’intérieur des limites de l’unité d’habitat essentiel -
Habitats de nidification, d’alimentation, d’accouplement, de thermorégulation et d’inactivité estivale
Emplacement de l’activité susceptible d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel -
À l’intérieur des limites de l’unité d’habitat essentiel -
Habitat de déplacement et de dispersion Dispersal habitat
Emplacement de l’activité susceptible d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel -
À l’intérieur des limites de l’unité d’habitat essentiel -
Habitat d’hibernation
Emplacement de l’activité susceptible d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel -
À l’extérieur des limites de l’unité d’habitat essentiel
Activités susceptibles d’entraîner l’altération des propriétés hydrologiques (p. ex. drainage) ou le remblayage de milieux humides Le drainage ou le remblayage complets ou partiels de milieux humides (p. ex. marais, tourbières) ou d’autres changements hydrologiques importants peuvent en tout temps de l’année causer la perte définitive des habitats de thermorégulation, d’hibernation, d’accouplement, de nidification, d’alimentation, d’inactivité estivale et de déplacement. Les barrages et les gros bassins de retenue peuvent également contribuer à la fragmentation de l’habitat convenable et nuire aux déplacements et à la dispersion des tortues. La hausse du niveau de l’eau peut causer la saturation temporaire ou permanente du substrat de nidification et empêcher les tortues d’utiliser avec succès le site de nidification. À l’opposé, des baisses répétées du niveau de l’eau peuvent favoriser la croissance de la végétation aux sites de nidification et empêcher leur utilisation à cette fin. Les réserves d’eau et les rejets contrôlés peuvent réduire le processus d’érosion naturelle qui contribue à la création ou au maintien des sites de nidification. En outre, des changements du régime hydrologique peuvent suffisamment altérer la profondeur de l’eau et empêcher l’espèce d’hiberner avec succès (p. ex. au Canada, exposition au gel des tortues en hibernation causée par une diminution anormale du niveau de l’eau). La stabilisation du niveau de l’eau peut réduire de façon permanente la disponibilité de l’habitat de plaine inondable (p. ex. milieux humides) utilisé par la tortue ponctuée pour la thermorégulation et l’alimentation. La possibilité que de telles activités entraînent la destruction de l’habitat essentiel augmente durant les périodes d’hibernation et de nidification. Le moment précis des débits de pointe est crucial à la réussite de la nidification. De même, le moment des débits et la profondeur de l’eau ont un effet déterminant sur le succès de l’hibernation. L’habitat peut être détruit si ces activités modifient ces paramètres à un point tel que les besoins de l’espèce en matière d’hibernation et de nidification ne sont plus comblés. À l’extérieur des limites de l’habitat essentiel, ces activités pourraient entraîner la destruction de l’habitat essentiel si les caractéristiques des milieux humides et les propriétés hydrologiques contribuant au caractère convenable de l’habitat ne sont pas maintenues (p. ex. profondeur convenable de l’eau). Un seul incident pourrait entraîner la destruction de l’habitat essentiel. X X X X
Activités entraînant la conversion de l’habitat telles que le développement résidentiel et/ou industriel, la conversion de l’habitat à des fins d’exploitation agricole, la construction de nouvelles routes, l’installation de barrages et le dragage L’aménagement complet ou partiel d’habitat de milieu humide ou d’habitat en terrain élevé important peut causer la perte définitive des habitats de thermorégulation, d’hibernation, de nidification, d’alimentation et d’inactivité estivale. Cette activité peut également avoir des effets sur les corridors de déplacement et, par conséquent, isoler les populations. À l’extérieur des limites de l’habitat essentiel, ces activités peuvent entraîner la destruction de l’habitat essentiel si les caractéristiques des milieux humides contribuant au caractère convenable de l’habitat (p. ex. caractéristiques hydrologiques de l’habitat essentiel) ne sont pas maintenues. Un seul incident pourrait entraîner la destruction de l’habitat essentiel. Actuellement, toutes ces activités peuvent probablement entraîner la destruction de l’habitat essentiel si elles se déroulent à l’intérieur des limites de cet habitat. X X X X
Activités susceptibles de causer une dégradation de la qualité de l’eau, telles que le dragage, la sédimentation, le ruissellement de déchets liquides ou solides domestiques, industriels ou municipaux Les rejets de déchets liquides ou solides domestiques, industriels ou municipaux dans les plans d’eau ou cours d’eau pourraient entraîner la contamination de l’eau par des matières chimiques et biologiques dangereuses ou des métaux lourds, ou provoquer l’eutrophisation de ces plans d’eau. Tel qu’il est mentionné ci-dessus, les activités agricoles peuvent également causer une dégradation de la qualité de l’eau en provoquant un envasement ou le rejet de pesticides et d’engrais. En tout temps de l’année et tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’habitat essentiel, la dégradation de la qualité de l’eau et la réduction consécutive des concentrations d’oxygène (créant des conditions anoxiques) peuvent entraîner une altération ou la destruction temporaire ou définitive des habitats d’alimentation, d’inactivité estivale, d’hibernation et de thermorégulation. Des épisodes continus, sporadiques ou récurrents de tels rejets pourraient causer la destruction de l’habitat. La tenue d’études s’impose pour établir des seuils/conditions pour ces activités. X - X X
Construction de nouvelles infrastructures routières (p. ex. routes, fossés, ponts et ponceaux) En tout temps de l’année, la construction de routes (d’asphalte, de gravier ou de terre) et de ponts peut entraîner la destruction définitive (perte) d’habitats de nidification, d’alimentation, d’accouplement, d’inactivité estivale et d’hibernation. Les routes principales peuvent causer une fragmentation définitive ou un isolement de l’habitat convenable et, ainsi, empêcher les tortues ponctuées d’accéder aux ressources nécessaires pour réaliser leur cycle vital. Le flux génique peut également être réduit. Les routes peuvent en outre constituer des pièges écologiques en attirant les tortues, surtout les femelles adultes, les exposant ainsi à un risque de collision. L’augmentation importante du risque de collisions mortelles sur les routes construites pour les véhicules (camions, automobiles) est la principale source de préoccupation. Si la construction ou l’entretien des ouvrages de franchissement des cours d’eau (ponceaux, ponts, etc.) ou des fossés a lieu en hiver, cette activité peut altérer le niveau de l’eau et avoir un impact négatif sur les sites d’hibernation et/ou entraîner la mortalité (p. ex. utilisation de batardeaux pour éliminer l’eau dans des secteurs choisis, de machinerie lourde susceptible d’altérer l’habitat convenable sous la ligne des hautes eaux). Un seul incident pourrait entraîner la destruction de l’habitat essentiel. De telles activités, qu’elles soient menées à l’intérieur ou à l’extérieur des limites de l’habitat essentiel, peuvent avoir un impact sur les individus ou leur habitat. L’altération du niveau de l’eau hors de l’habitat convenable pourrait abaisser le niveau de l’eau dans les sites d’hibernation, augmentant ainsi le risque de mortalité de la tortue ponctuée en hiver. La chaussée, les accotements de route et les ponts existants ne sont pas inclus dans la description de l’habitat essentiel; la poursuite des activités d’entretien des routes et des ponts selon les PEG appropriées aux fins d’atténuation des risques pour l’habitat n’est donc pas susceptible d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel. X X X X
Altération des rives (p. ex. reprofilage, dragage, linéarisation ou stabilisation des berges) En tout temps de l’année, la modification de la structure et de la composition des rives/berges (p. ex. enlèvement de la végétation indigène, ajout de matériaux de stabilisation tels que du béton, dragage) peut créer des conditions inhospitalières permanentes dans les habitats de nidification, de thermorégulation et d’inactivité estivale. Un seul incident pourrait entraîner la destruction de l’habitat essentiel. Actuellement, toutes les altérations des rives à l’intérieur des limites de l’habitat essentiel sont susceptibles d’entraîner la destruction de cet habitat. La réalisation de telles activités en amont des limites de l’habitat essentiel pourrait également avoir un impact sur la structure et la composition des rives et entraîner la destruction de l’habitat essentiel. X - - X
Déforestation et altération des forêts (p. ex. développement résidentiel, industriel et/ou commercial, conversion des terres à des fins d’exploitation agricole, chemins forestiers, coupe à blanc, aménagement d’un dépôt commercial de grumes) En tout temps de l’année, l’exploitation forestière selon certains régimes de récolte, comme la coupe à blanc, peut entraîner la destruction, la fragmentation ou la dégradation de l’habitat d’inactivité estivale et les corridors de déplacement en détruisant la végétation ou la litière dans laquelle les tortues s’enfouissent ainsi que le couvert forestier qui leur confère une protection contre la dessiccation durant l’inactivité estivale. Ces activités d’exploitation forestière ainsi que la construction de nouvelles infrastructures de chemins routiers peuvent causer la dégradation ou la destruction de petits milieux humides peu profonds ou de prés marécageux indispensables à la survie de l’espèce. Elles peuvent également altérer les propriétés hydrologiques de surface en modifiant les taux de ruissellement et la capacité filtrante de ces milieux et en intensifiant l’érosion et l’envasement. Un seul incident pourrait entraîner la destruction de l’habitat essentiel. Ces activités doivent se dérouler à l’intérieur des limites de l’habitat essentiel pour en provoquer la destruction. L’exploitation sélective et les pratiques d’aménagement forestier durables n’entraîneront probablement pas la dégradation de l’habitat essentiel s’ils sont réalisés selon des méthodes d’atténuation appropriées pour réduire les effets sur la qualité de l’habitat de la tortue ponctuée. X X - -
Activités associées à l’intensification des pratiques agricoles (p. ex. conversion et utilisation de terres pour les cultures en rangs et broutage intensifs, application de pesticides et d’engrais à grande échelle) En tout temps de l’année, la conversion des terres à des fins d’exploitation agricole intensive (p. ex. champ de maïs) peut entraîner l’altération définitive des habitats de nidification et de thermorégulation (p. ex. réduction des sources de nourriture causée par l’élimination de la végétation et la création de zones de sol dénudé). L’utilisation accrue de pesticides et d’engrais peut causer la dégradation ou la perte définitive des habitats d’hibernation et d’alimentation, de façon directe (p. ex. dégradation de la qualité de l’eau) et indirecte (p. ex. perte d’habitat et changement de la disponibilité des sources de nourriture). Un seul incident pourrait entraîner la destruction de l’habitat essentiel. À l’extérieur des limites de l’habitat essentiel, ces activités pourraient entraîner la destruction de l’habitat essentiel si les caractéristiques des milieux humides contribuant au caractère convenable de l’habitat (p. ex. caractéristiques hydrologiques de l’habitat essentiel) ne sont pas maintenues. La tenue d’études additionnelles s’impose pour établir des seuils/conditions à partir desquels de telles activités se déroulant à l’extérieur des limites de l’habitat essentiel sont susceptibles d’entraîner la destruction de cet habitat. X X X X
Suppression des incendies dans les milieux naturels La suppression du régime naturel des feux peut favoriser la succession végétale dans les habitats de nidification, d’hibernation et d’alimentation et y altérer les conditions au point où ces habitats ne permettent plus aux tortues d’y accomplir ces activités. Par exemple, la croissance d’arbres et d’arbustes peut entraîner la densification du couvert végétal et, ainsi, accroître les conditions d’ombre et réduire la quantité d’habitat ouvert propice à la nidification. Un seul incident pourrait entraîner la destruction de l’habitat essentiel. Pour avoir un impact sur l’habitat essentiel, ces activités doivent se dérouler à l’intérieur des limites de cet habitat. Actuellement, toutes les activités conduisant à la suppression des incendies à l’intérieur des limites de l’habitat essentiel sont susceptibles d’entraîner la destruction de cet habitat. X X X -
Activités favorisant l’introduction d’espèces exotiques et/ou envahissantes (p. ex. plantation d’espèces non indigènes, utilisation de matériaux de remblai) L’introduction d’espèces exotiques et/ou envahissantes peut entraîner la dégradation ou la destruction complète de l’habitat en réduisant la superficie des habitats de nidification, de thermorégulation et d’hibernation. Par exemple, le roseau commun (Phragmites australis), une espèce exotique, forme des peuplements denses qui peuvent entraîner la densification du couvert végétal dans les sites de nidification, empêchant ainsi la nidification des tortues. En réduisant l’exposition au soleil, ces peuplements altèrent également l’habitat de thermorégulation. Le roseau commun peut également former des peuplements denses dans l’habitat aquatique et ainsi empêcher les tortues de trouver facilement leur nourriture. Lorsqu’elles se produisent à l’intérieur des limites de l’habitat essentiel, les activités qui favorisent l’introduction d’espèces exotiques et/ou envahissantes soit à l’intérieur, soit proximité de l’habitat essentiel peuvent entraîner la destruction de cet habitat. Un seul incident pourrait entraîner la destruction de l’habitat essentiel parce que la propagation des plantes envahissantes peut être rapide une fois les graines introduites. X X X X
Utilisation de véhicules hors route (p. ex. VTT) L’utilisation de véhicules hors route dans les milieux humides peut causer la destruction et l’altération des propriétés hydrologiques et de la composition de l’habitat. Cette activité peut également provoquer le compactage du sol et favoriser l’introduction et l’établissement d’espèces envahissantes. Ces impacts peuvent avoir une incidence sur les habitats d’hibernation, de nidification et d’inactivité estivale en empêchant les femelles de creuser le sol pour aménager un nid et en détruisant la structure des sites d’hibernation et d’inactivité estivale. À l’intérieur des limites de l’habitat essentiel, ces activités peuvent entraîner la destruction de l’habitat essentiel si les caractéristiques des milieux humides contribuant au caractère convenable de l’habitat (p. ex. caractéristiques hydrologiques de l’habitat essentiel) ne sont pas maintenues. Ces impacts sont plus susceptibles de se produire entre mars et novembre, mais ils pourraient également se manifester entre décembre et février. La tenue d’études additionnelles s’impose pour établir des seuils/conditions pour ces activités. X X X -

8. Mesure des progrès

Les indicateurs de rendement présentés ci-dessous proposent un moyen de définir et de mesurer les progrès vers l’atteinte des objectifs en matière de population et de répartition.

Indicateur de rendement à moyen terme (15 ans) :

Indicateur de rendement à long terme (50 ans) :

9. Énoncé sur les plans d’action

Un ou plusieurs plans d’action visant la tortue ponctuée seront publiés dans le Registre des espèces en péril d’ici décembre 2023. Les plans d’action multi-espèces de Parcs Canada indiquent les mesures de rétablissement propres aux parcs nationaux et aux autres lieux patrimoniaux nationaux où l’espèce est présente (une liste des plans d’action multi-espèces actuels, y compris ceux qui portent sur la tortue ponctuée de la sous-espèce virens, est présentée dans la section relative aux documents du Registre public des espèces en péril).

10. Références

À cause de la vulnérabilité de certaines espèces à la capture illégale, des références spécifiques qui fournissent des données de nature délicate ont été retirées de la présente version du programme de rétablissement. Une liste complète des références peut être obtenue à des fins de protection de l’espèce et de son habitat et sur justification, auprès de la Section de la planification du rétablissement d’Environnement et Changement climatique Canada à l’adresse suivante : ec.planificationduretablissement-recoveryplanning.ec@canada.ca.

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Annexe A : Cotes de conservation infranationales attribuées à la tortue ponctuée (Clemmys guttata) au Canada et aux États-Unis

Tableau A-1. Cotes de conservation attribuées à la tortue ponctuée au Canada et aux États-Unis (NatureServe, 2017)
Espèces Cote mondiale (G) Cote nationale (N)
(Canada)
Cotes infranationales (S)
(Canada)
Cote nationale (N)
(États-Unis)
Cotes infranationales (S)
(États-Unis)
Tortue ponctuée
(Clemmys guttata)
G5 N2 Québec (S1)
Ontario (S2)
N5 Caroline du Nord (S3), Caroline du Sud (S5), Connecticut (S4), Delaware (S3), District de Columbia (S1), Floride (S3?), Géorgie (S3), Illinois (S1), Indiana (S2), Maine (S3), Massachusetts (S4), Maryland (S5), Michigan (S2), New Hampshire (S3), New Jersey (S3), New York (S3), Ohio (S3), Pennsylvanie (S3), Rhode Island (S5), Vermont (S1), Virginie (S4), Virginie-Occidentale (S1)

Définitions des cotes (Master et al., 2012)

S1 : Gravement en péril - Espèce extrêmement susceptible de disparaître du territoire en raison d’une aire de répartition très limitée, d’un nombre très restreint de populations ou d’occurrences, de déclins très marqués, de menaces graves ou d’autres facteurs

N2/S2 : En péril - Espèce très susceptible de disparaître du territoire en raison d’une aire de répartition limitée, d’un nombre restreint de populations ou d’occurrences, de déclins marqués, de menaces graves ou d’autres facteurs.

S3 : Vulnérable - Espèce modérément susceptible de disparaître du territoire en raison d’une aire de répartition plutôt limitée, d’un nombre relativement faible de populations ou d’occurrences, de déclins récents et généralisés, de menaces ou d’autres facteurs.

S3?: Vulnérable (inexacte) - Cote numérique imprécise. Espèce modérément susceptible de disparaître du territoire en raison d’une aire de répartition plutôt limitée, d’un nombre relativement faible de populations ou d’occurrences, de déclins récents et généralisés, de menaces ou d’autres facteurs.

S4 : Apparemment non en péril - Espèce assez peu susceptible de disparaître du territoire en raison de la grande étendue de son aire de répartition ou du grand nombre de populations ou d’occurrences, mais pour laquelle il existe des sources de préoccupations en raison de déclins localisés récents, de menaces ou d’autres facteurs.

G5/N5/S5 : Non en péril - Espèce très peu susceptible de disparaître du territoire en raison de la très vaste étendue de son aire de répartition ou de l’abondance de populations ou d’occurrences et ne suscitant aucune préoccupation associée à des déclins ou des menaces ou n’en suscitant que très peu.

Annexe B : Effets sur l’environnement et sur les espèces non ciblées

Une évaluation environnementale stratégique (EES) est effectuée pour tous les documents de planification du rétablissement en vertu de la LEP, conformément à la Directive du Cabinet sur l’évaluation environnementale des projets de politiques, de plans et de programmes. L’objet de l’EES est d’incorporer les considérations environnementales à l’élaboration des projets de politiques, de plans et de programmes publics pour appuyer une prise de décisions éclairée du point de vue de l’environnement, et d’évaluer si les résultats d’un document de planification du rétablissement peuvent affecter un élément de l’environnement ou tout objectif ou cible de la Stratégie fédérale de développement durable (SFDD).

La planification du rétablissement vise à favoriser les espèces en péril et la biodiversité en général. Il est cependant reconnu que des programmes peuvent, par inadvertance, produire des effets environnementaux qui dépassent les avantages prévus. Le processus de planification fondé sur des lignes directrices nationales tient directement compte de tous les effets environnementaux, notamment des incidences possibles sur des espèces ou des habitats non ciblés. Les résultats de l’EES sont directement inclus dans le programme lui-même, mais également résumés dans le présent énoncé, ci-dessous.

La plupart des activités entreprises pour protéger la tortue ponctuée et son habitat auront des retombées bénéfiques pour d’autres espèces utilisant un habitat similaire. La protection des milieux humides contribuera au maintien de l’importante biodiversité présente dans ces milieux. En outre, les mesures de réduction et d’atténuation des menaces ciblant la tortue ponctuée devraient contribuer à réduire la mortalité chez d’autres espèces animales (p. ex. aménagement d’écopassages pour réduire la mortalité routière, mesures visant à éliminer la pollution dans les milieux aquatiques). Certaines de ces mesures sont probablement énoncées dans d’autres documents de rétablissement, en particulier ceux ciblant des espèces aquatiques et riveraines. Le tableau B-1 donne des exemples d’espèces susceptibles de tirer profit des mesures visant à assurer le rétablissement de la population canadienne de tortues ponctuées.

Tableau B-1. Espèces en péril susceptibles de tirer profit des mesures de conservation et de gestion de l’habitat des tortues dans les régions où la tortue ponctuée est présente.
Nom commun Nom scientifique Statut de l’espèce selon la LEP
Couleuvre fauve de l’Est (population carolinienne) Pantherophis gloydi En voie de disparition
Couleuvre fauve de l’Est (population des Grands Lacs et du Saint-Laurent) Pantherophis gloydi En voie de disparition
Râle élégant Rallus elegans En voie de disparition
Méné camus Notropis anogenus En voie de disparition
Couleuvre royale Regina septemvittata En voie de disparition
Plantanthère blanchâtre de l’Est Platanthera leucophaea En voie de disparition
Tortue-molle à épines Apalone spinifera Menacée
Tortue mouchetée (population des Grands Lacs et du Saint-Laurent) Emydoidea blandingii Menacée
Tortue musquée Sternotherus odoratus Menacée
Petit Blongios Ixobrychus exilis Menacée
Couleuvre à nez plat Heterodon platirhinos Menacée
Massasauga (population des Grands Lacs et du Saint-Laurent) Sistrurus catenatus Menacée
Tortue musquée Sternotherus odoratus Préoccupante
Tortue serpentine Chelydra serpentina Préoccupante
Couleuvre tachetée Lampropeltis triangulum Préoccupante
Couleuvre mince (population des Grands Lacs) Thamnophis sauritus Préoccupante
Tortue géographique Graptemys geographica Préoccupante
Méné d’herbe Notropis bifrenatus Préoccupante
Brochet vermiculé Esox americanus vermiculatus Préoccupante
Râle jaune Coturnicops novemboracensis Préoccupante

Les espèces susmentionnées ne constituent pas une liste exhaustive. Comme chaque espèce peut présenter des besoins particuliers, il importe d’évaluer les impacts des mesures de rétablissement proposées pour la tortue ponctuée sur les espèces qui partagent son habitat. Dans la mesure du possible, les processus naturels des écosystèmes auxquels les espèces sauvages sont adaptées doivent être maintenus, et leur évolution doit se faire sans interférence humaine.

La possibilité que le présent programme de rétablissement entraîne des effets négatifs imprévus sur l’environnement et sur d’autres espèces a été examinée. La majorité des mesures recommandées sont non intrusives, y compris les relevés et les activités de sensibilisation du public. Il a donc été conclu que le présent programme de rétablissement est peu susceptible de produire d’importants effets négatifs.

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