Yucca glauque (Yucca glauca) et autres papillons du yucca, programme de rétablissement proposé 2017 : partie 1

Partie 1 - Addition du gouvernement fédéral au Plan de rétablissement du yucca glauque et de la teigne du yucca en Alberta, 2012-2022, préparée par Environnement et Changement climatique Canada.

Préface

En vertu de l'Accord pour la protection des espèces en péril (1996), les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux signataires ont convenu d'établir une législation et des programmes complémentaires qui assureront la protection efficace des espèces en péril partout au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (L.C. 2002, ch. 29) (LEP), les ministres fédéraux compétents sont responsables de l'élaboration des programmes de rétablissement pour les espèces inscrites comme étant disparues du pays, en voie de disparition ou menacées et sont tenus de rendre compte des progrès réalisés dans les cinq ans suivant la publication du document final dans le Registre public des espèces en péril.

La ministre de l'Environnement et du Changement climatique est le ministre compétent en vertu de la LEP à l'égard du yucca glauque, la teigne du yucca, la teigne tricheuse du yucca et la fausse-teigne à cinq points du yucca et a élaboré la composante fédérale (partie 1) du présent programme de rétablissement, conformément à l'article 37 de la LEP. Dans la mesure du possible, le programme de rétablissement a été préparé en collaboration avec la Province de l'Alberta et Agriculture et Agroalimentaire Canada, en vertu du paragraphe 39(1) de la LEP. L'article 44 de la LEP autorise le ministre à adopter en tout ou en partie un plan existant pour l'espèce si ce plan respecte les exigences de contenu imposées par la LEP au paragraphe 41(1) ou 41(2). La Province de l'Alberta a dirigé l'élaboration du programme de rétablissement du yucca glauque et de la teigne du yucca ci-joint (partie 2), en collaboration avec Environnement et Changement climatique Canada.

La réussite du rétablissement de l'espèce dépendra de l'engagement et de la collaboration d'un grand nombre de parties concernées qui participeront à la mise en œuvre des directives formulées dans le présent programme. Cette réussite ne pourra reposer seulement sur Environnement et Changement climatique Canada, ou sur toute autre autorité responsable. Tous les Canadiens et les Canadiennes sont invités à appuyer ce programme et à contribuer à sa mise en œuvre pour le bien du yucca glauque, de la teigne du yucca, de la teigne tricheuse du yucca et de la fausse-teigne à cinq points du yucca et de l'ensemble de la société canadienne.

Le présent programme de rétablissement sera suivi d'un ou de plusieurs plans d'action qui présenteront de l'information sur les mesures de rétablissement qui doivent être prises par Environnement et Changement climatique Canada et d'autres autorités responsables et/ou organisations participant à la conservation de l'espèce. La mise en œuvre du présent programme est assujettie aux crédits, aux priorités et aux contraintes budgétaires des autorités responsables et organisations participantes.

Le programme de rétablissement établit l'orientation stratégique visant à arrêter ou à renverser le déclin de l'espèce, incluant la désignation de l'habitat essentiel dans la mesure du possible. Il fournit à la population canadienne de l'information pour aider à la prise de mesures visant la conservation de l'espèce. Lorsque l'habitat essentiel est désigné, dans un programme de rétablissement ou dans un plan d'action, la LEP exige que l'habitat essentiel soit alors protégé.

Dans le cas de l'habitat essentiel désigné pour les espèces terrestres, y compris les oiseaux migrateurs, la LEP exige que l'habitat essentiel désigné dans une zone protégée par le gouvernement fédéral Note1 soit décrit dans la Gazette du Canada dans un délai de 90 jours après l'ajout dans le Registre public du programme de rétablissement ou du plan d'action qui a désigné l'habitat essentiel. L'interdiction de détruire l'habitat essentiel aux termes du paragraphe 58(1) s'appliquera 90 jours après la publication de la description de l'habitat essentiel dans la Gazette du Canada.

Pour l'habitat essentiel se trouvant sur d'autres terres domaniales, le ministre compétent doit, soit faire une déclaration sur la protection légale existante, soit prendre un arrêté de manière à ce que les interdictions relatives à la destruction de l'habitat essentiel soient appliquées.

Si l'habitat essentiel d'un oiseau migrateur ne se trouve pas dans une zone protégée par le gouvernement fédéral, sur le territoire domanial, à l'intérieur de la zone économique exclusive ou sur le plateau continental du Canada, l'interdiction de le détruire ne peut s'appliquer qu'aux parties de cet habitat essentiel -- constituées de tout ou partie de l'habitat auquel la Loi de 1994 sur la convention concernant les oiseaux migrateurs s'applique aux termes des paragraphes 58(5.1) et 58(5.2) de la LEP.

En ce qui concerne tout élément de l'habitat essentiel se trouvant sur le territoire non domanial, si le ministre compétent estime qu'une partie de l'habitat essentiel n'est pas protégée par des dispositions ou des mesures en vertu de la LEP ou d'autre loi fédérale, ou par les lois provinciales ou territoriales, il doit, comme le prévoit la LEP, recommander au gouverneur en conseil de prendre un décret visant l'interdiction de détruire l'habitat essentiel. La décision de protéger l'habitat essentiel se trouvant sur le territoire non domanial et n'étant pas autrement protégé demeure à la discrétion du gouverneur en conseil.

Remerciements

La composante fédérale du présent programme de rétablissement (partie 1) a été rédigée par Medea Curteanu (Environnement et Changement climatique Canada [ECCC]). Une version antérieure avait été préparée par Julie Pearce (Pearce and Associates Ecological Research). Candace Neufeld (ECCC) a fourni de nombreux renseignements sur les espèces et conseils tout au long de l'élaboration du document. Merci à Donna Hurlburt (experte-conseil), à Dan Johnson (Université de Lethbridge) et à Cathy Linowski (Medicine Hat College) pour les données et renseignements sur les espèces qu'ils ont fournis. Le ministère de l'Environnement et des Parcs de l'Alberta (Alberta Environment and Parks) et l'Alberta Conservation Information Management System (ACIMS) ont fourni des données à jour sur les occurrences d'élément. Les photos de la couverture ont été gracieusement fournies par Gord Court, Olaf Pellmyr et Donna Hurlburt. Sandi Robertson et David Johns (ministère de l'Environnement et des Parcs de l'Alberta), Bill Houston (Agriculture et Agroalimentaire Canada), Greg Wilson, Mark Wayland, Victoria Snable, Kim Borg, Marie-Andrée Carrière et Paul Johanson (ECCC) ont révisé le document et formulé des commentaires fort utiles. Lynne Burns a fourni une aide considérable en matière de SIG et a créé la carte de l'habitat essentiel.

Ajouts et modifications apportés au document adopté

Le présent programme de rétablissement remplace le Programme de rétablissement du yucca glauque (Yucca glauca) et de la teigne du yucca (Tegeticula yuccasella) au Canada d'Environnement Canada (Environment Canada, 2011) qui a été affiché comme version finale dans le Registre public des espèces en péril le 11 août 2011.

Il comprend également de l'information sur deux autres espèces faisant partie du complexe de teignes du yucca, soit la teigne tricheuse du yucca (Tegeticula corruptrix) et la fausse-teigne à cinq points du yucca (Prodoxus quiquepunctellus), qui ne sont pas désignées actuellement par la Province de l'Alberta, mais sont désignées espèces en voie de disparition par le gouvernement fédéral.

En vertu de la LEP, il existe des exigences et des processus particuliers concernant la protection de l'habitat essentiel. Ainsi, les énoncés du plan de rétablissement provincial concernant la protection de l'habitat essentiel peuvent ne pas correspondre directement aux exigences fédérales. Les mesures de rétablissement visant la protection de l'habitat sont adoptées, cependant on évaluera à la suite de la publication de la version finale du programme de rétablissement fédéral si ces mesures entraîneront la protection de l'habitat essentiel en vertu de la LEP.

Les sections suivantes ont été incluses pour satisfaire à des exigences particulières de la Loi sur les espèces en péril (LEP) du gouvernement fédéral qui ne sont pas abordées dans le Plan de rétablissement du yucca glauque et de la teigne du yucca en Alberta, 2012-2022 (partie 2 du présent document, ci-après appelé « plan de rétablissement provincial »), pour présenter des renseignements à jour ou additionnels, et pour inclure des renseignements sur deux espèces additionnelles du complexe de teignes du yucca, soit la teigne tricheuse du yucca et la fausse-teigne à cinq points du yucca.

Certaines sections du plan de rétablissement provincial ne sont pas adoptées : 4.5 – Protection efficace de l'habitat essentiel; 8.0 – Plan d'action; 9.0 – Calendrier de mise en œuvre et ventilation des coûts; 10.0 – Considérations socio économiques.

Résumé du caractère réalisable du rétablissement

D'après les quatre critères suivants qu'Environnement et Changement climatique Canada utilise pour définir le caractère réalisable du rétablissement, le rétablissement du yucca glauque, de la teigne du yucca, de la teigne tricheuse du yucca et de la fausse-teigne à cinq points du yucca est déterminé comme étant réalisable du point de vue technique et biologique.

1. Des individus de l'espèce sauvage capables de se reproduire sont disponibles maintenant ou le seront dans un avenir prévisible pour maintenir la population ou augmenter son abondance.
Oui. Actuellement, il y a deux populations naturelles Note2 de yucca glauque au Canada, et une reproduction de la teigne du yucca, de la teigne tricheuse du yucca et de la fausse-teigne à cinq points du yucca a été observée dans ces deux sites. Les trois espèces du complexe de teignes du yucca dépendent de la reproduction sexuée (production de fruits et de graines) du yucca glauque, qui n'est assurée que par la pollinisation effectuée par la teigne du yucca. La reproduction sexuée du yucca glauque a été confirmée dans chaque population naturelle de l'espèce, mais, vu le faible taux de fructification observé en 2011 (Hurlburt, 2011), on ne sait pas encore si la population de teigne du yucca est viable dans la réserve de pâturage de Pinhorn, ce qui aurait des répercussions sur la viabilité des trois autres espèces. Les résultats préliminaires de plusieurs mesures de gestion indiquent qu'il pourrait être possible d'augmenter les taux de reproduction de la teigne du yucca (Hurlburt, 2011), ce qui pourrait permettre une hausse du recrutement de la teigne tricheuse du yucca et de la fausse-teigne à cinq points du yucca. Il y a des lacunes dans les connaissances au sujet de la taille, de la structure et de la capacité de dispersion de la population à chaque site.
2. De l'habitat convenable suffisant est disponible pour soutenir l'espèce, ou pourrait être rendu disponible par des activités de gestion ou de remise en état de l'habitat.
Oui. On trouve actuellement de l'habitat convenant au yucca glauque dans la réserve de pâturage de Pinhorn et le ranch expérimental de Onefour (anciennement la sous-station de recherche de Onefour), en Alberta. La teigne du yucca, la teigne tricheuse du yucca et la fausse-teigne à cinq points du yucca sont présentes uniquement dans les localités du yucca glauque, de sorte que la répartition du yucca glauque limite la répartition de ces trois espèces.
3. Les principales menaces pesant sur l'espèce ou son habitat (y compris les menaces à l'extérieur du Canada) peuvent être évitées ou atténuées.
Oui. Les principales menaces au rétablissement du yucca glauque et, par conséquent, à celui de la teigne du yucca, de la teigne tricheuse du yucca et de la fausse-teigne à cinq points du yucca sont le broutage par les ongulés sauvages, particulièrement dans la localité de Pinhorn, l'absence de perturbations, le pâturage du bétail et l'exploitation pétrolière et gazière (COSEWIC, 2013a). Les facteurs limitatifs tels que la relation de mutualisme obligatoire qui unit le yucca glauque et la teigne du yucca, la consommation des plantes par des insectes et les phénomènes météorologiques extrêmes ont également une incidence considérable sur le rétablissement de ces espèces (COSEWIC, 2013a). Certaines de ces menaces peuvent être atténuées par des pratiques de gestion bénéfiques, la protection des espèces et de leur habitat et la coopération avec des parties intéressées. Le suivi de la population et les recherches sur la biologie et l'écologie du yucca glauque et des trois espèces du complexe de teignes du yucca peuvent orienter les mesures de gestion.
4. Des techniques de rétablissement existent pour atteindre les objectifs en matière de population et de répartition ou leur élaboration peut être prévue dans un délai raisonnable.
Oui. Les principales techniques de rétablissement consisteront à réduire le broutage du yucca glauque par les ongulés, en aménageant des exclos, et à transférer des teignes du yucca au site de Pinhorn ainsi qu'à conserver l'habitat convenable dans les deux localités. Ces techniques devraient être efficaces pour le yucca glauque et le complexe de teignes du yucca et permettre l'atteinte des objectifs en matière de population et de répartition.

1 Évaluation de l'espèce par le COSEPACi

À des fins de clarté, le nom « teigne du yucca » fait ici référence uniquement au Tegeticula yuccasella, espèce pollinisatrice, alors que le terme « complexe de teignes du yucca » fait référence aux trois espèces de teignes considérées comme un ensemble.

Date de l'évaluation
Mai 2013
Nom français :
Yucca glauque
Nom scientifique :
Yucca glauca
Statut selon le COSEPAC :
Espèce menacée
Justification de la désignation :
Cette plante vivace à longue durée de vie n'est trouvée que dans trois sites du sud-est de l'Alberta et du sud-ouest de la Saskatchewan, où elle se rencontre principalement sur des pentes de coulées exposées au sud. Sa pollinisation est assurée exclusivement par la teigne du yucca, qui pond ses œufs dans les fleurs. Au Canada, l'espèce se reproduit presque exclusivement par propagation végétative. La production des graines est limitée par le faible nombre de teignes du yucca alors que l'établissement des plantules est compromis par l'absence de perturbations naturelles, incluant la suppression des feux. L'herbivorie des tiges en floraison par les ongulés indigènes limite également la production de graines. Malgré une amélioration de la gestion pour limiter les effets des menaces, cette plante vivace est désignée « menacée ». Elle est la seule plante hôte pour la teigne du yucca, la teigne tricheuse du yucca et la fausse-teigne à cinq points du yucca, lesquelles ont toutes été évaluées comme étant « en voie de disparition ».
Présence au Canada :
Alberta, Saskatchewan
Historique du statut selon le COSEPAC :
Espèce désignée « préoccupante » en mai 2002. Réexamen du statut : l'espèce a été désignée « menacée » en mai 2000 et en mai 2013.

i COSEPAC (Comité sur la situation des espèces en péril au Canada).

Date de l'évaluation
Mai 2013
Nom français :
Teigne du yucca
Nom scientifique :
Tegeticula yuccasella
Statut selon le COSEPAC :
Espèce en voie de disparition
Justification de la désignation :
Seulement deux populations de la teigne du yucca sont connues, et on les retrouve dans un secteur extrêmement petit et restreint. Cette espèce de teigne entretient une relation mutualiste obligatoire avec le yucca glauque; la teigne du yucca est le seul pollinisateur du yucca glauque et sa chenille dépend des graines de yucca glauque comme source de nourriture. Une population pourrait ne pas être viable car elle persiste grâce à l'intervention humaine, laquelle vise à empêcher l'importante herbivorie des fleurs, des fruits et des tiges par les ongulés sauvages. La chenille de la teigne tricheuse du yucca se nourrit des graines de yucca glauque et est en compétition avec la teigne du yucca pour la nourriture. La perte de fleurs ou de graines résultant de l'herbivorie par les ongulés est une menace continue, et à long terme les populations de yucca glauque pourraient être limitées par l'absence de feux et autres perturbations qui fournissent des sites d'établissement pour les plantules.
Présence au Canada :
Alberta
Historique du statut selon le COSEPAC :
Espèce désignée « en voie de disparition » en avril 2006. Réexamen et confirmation du statut en mai 2013.
Date de l'évaluation
Mai 2013
Nom français :
Teigne tricheuse du yucca
Nom scientifique :
Tegeticula corruptrix
Statut selon le COSEPAC :
Espèce en voie de disparition
Justification de la désignation :
Seulement deux populations de la teigne tricheuse du yucca sont connues, et on les retrouve dans un secteur extrêmement petit et restreint. Un site comporte une petite population qui est soumise à des fluctuations, alors qu'un seul individu adulte a été observé entre 1998 et 2011 à l'autre site. Cette espèce de papillon nocturne est un parasite obligatoire de graines, la chenille se nourrissant des graines de yucca glauque. Elle dépend d'une relation mutualiste entre le yucca glauque et son pollinisateur, la teigne du yucca, car la chenille de la teigne tricheuse du yucca a besoin de la production de fruit. La perte de fleurs ou de graines résultant de l'herbivorie par les ongulés est une menace continue, et à long terme les populations de yucca glauque pourraient être limitées par l'absence de feux et autres perturbations qui fournissent des sites d'établissement pour les plantules.
Présence au Canada :
Alberta
Historique du statut selon le COSEPAC :
Espèce désignée « en voie de disparition » en avril 2006. Réexamen et confirmation du statut en mai 2013.
Date de l'évaluation
Mai 2013
Nom français :
Fausse-teigne à cinq points du yucca
Nom scientifique :
Prodoxus quinquepunctellus
Statut selon le COSEPAC :
Espèce en voie de disparition
Justification de la désignation :
La fausse-teigne à cinq points du yucca n'est trouvée que dans deux sites au Canada, dont un ayant été découvert en 2011. Cette espèce de papillon nocturne est un foreur des tiges obligatoire du yucca glauque. La survie des chenilles dépend de la relation mutualiste entre le yucca glauque et son pollinisateur, la teigne du yucca. Les fleurs des tiges non pollinisées du yucca glauque se fanent plus rapidement que les tiges pollinisées, entraînant la mort chez presque tous les individus des cycles de vie immatures de la fausse-teigne à cinq points du yucca. La perte de fleurs ou de graines résultant de l'herbivorie par les ongulés est une menace continue, et à long terme les populations de yucca glauque pourraient être limitées par l'absence de feux et autres perturbations qui fournissent des sites d'établissement pour les plantules.
Présence au Canada :
Alberta
Historique du statut selon le COSEPAC :
Espèce désignée « en voie de disparition » en avril 2006. Réexamen et confirmation du statut en mai 2013.

2 Information sur la situation des espèces

Yucca glauque

Le yucca glauque (Yucca glauca) est inscrit comme espèce menacée à l'annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril (LEP) du Canada depuis juin 2003. Il est désigné espèce en voie de disparition (Endangered) en vertu du Wildlife Act de l'Alberta, mais il n'a reçu aucune désignation en Saskatchewan. Le Centre de données sur la conservation de la Saskatchewan (CDC) a récemment attribué la cote S1 (très susceptible de disparaître; Saskatchewan Conservation Data Center, 2015) à la seule population de yucca glauque en Saskatchewan. Cette cote est fondée sur la récente évaluation du COSEPAC (COSEWIC, 2013b), selon laquelle la population est autosuffisante (se reproduit), occupe un habitat semblable à celui des populations de l'Alberta et se situe dans l'aire de répartition naturelle possible de l'espèce (S. Vinge-Mazer, comm. pers., 2016; voir section 3.2 pour une analyse plus poussée).

L'aire de répartition canadienne du yucca glauque représente moins de 1 % de l'aire de répartition mondiale de l'espèce (COSEWIC, 2013b).

Le yucca glauque serait commun dans la majeure partie de son aire de répartition nord-américaine et est classé non en péril à l'échelle mondiale (G5; NatureServe, 2015). Aux États-Unis, l'espèce est classée non en péril (N5?; NatureServe, 2015), mais sa situation n'a pas été évaluée dans la plupart des États (tableau 1). Au Canada et en Alberta, le yucca glauque est classé gravement en péril (N1 et S1 respectivement; NatureServe, 2015). Tous les individus de l'espèce présents en Saskatchewan sont considérés comme exotiques, et aucune cote de conservation n'est actuellement applicable (SNA; NatureServe, 2015) dans ce cas.

Complexe de teignes du yucca

La teigne du yucca (Tegeticula yuccasella) est désignée espèce en voie de disparition en vertu de la LEP depuis 2005, alors que la teigne tricheuse du yucca (Tegeticula corruptrix) et la fausse-teigne à cinq points du yucca (Prodoxus quinquepunctellus) sont désignées espèces en voie de disparition depuis 2007. L'aire de répartition canadienne des trois espèces du complexe de teignes du yucca représente un pourcentage probablement bien inférieur à 1 % de leur aire mondiale. Les trois espèces du complexe de teignes du yucca utilisent plusieurs espèces du genre Yucca et ont donc une aire de répartition beaucoup plus vaste que celle du yucca glauque en Amérique du Nord (COSEWIC, 2002; COSEWIC, 2006 a, b).

En 2003, le ministre de l'Environnement et du Développement durable des ressources de l'Alberta (Alberta Environment and Sustainable Resource Development, AESRD) a approuvé l'inscription du yucca glauque et de la teigne du yucca comme espèces en voie de disparition (Endangered) en vertu du Wildlife Act de l'Alberta, sur recommandation de l'Alberta Endangered Species Conservation Committee. Le yucca glauque a été inscrit comme espèce en voie de disparition en vertu de la loi en novembre 2007, mais la teigne du yucca ne l'a pas encore été. La teigne tricheuse du yucca et la fausse-teigne à cinq points du yucca n'ont pas encore été évaluées par l'Alberta Endangered Species Conservation Committee et ne sont pas inscrites au Wildlife Act de l'Alberta.

Dans l'ensemble de leur aire de répartition mondiale, les trois espèces du complexe de teignes du yucca sont communes dans les populations de plantes du genre Yucca et sont classées apparemment non en péril / non en péril à l'échelle mondiale (G4G5; tableau 1; NatureServe, 2015). Aux États-Unis, la cote de la teigne du yucca n'a pas été établie (NNR), et aucune cote de conservation n'a été attribuée à la teigne tricheuse du yucca et à la fausse-teigne à cinq points du yucca à l'échelle du pays ou d'États (NatureServe, 2015). Au Canada et en Alberta, la teigne du yucca, la teigne tricheuse du yucca et la fausse-teigne à cinq points du yucca sont classées gravement en péril (N1, S1; NatureServe, 2015).

Tableau 1. Cotes attribuées par NatureServea au yucca glauque et aux trois espèces du complexe de teignes du yucca en Amérique du Nord (NatureServe, 2015).
  Cote mondiale (G) Cote nationale (N) Cote infranationale (S)
Yucca glauque G5 Canada (N1) Alberta (S1), Saskatchewan (SNA)
Yucca glauque G5 États-Unis (N5?) Arkansas (SNR), Colorado (SNR), Dakota du Nord (SNR), Dakota du Sud (SNR), Iowa (S3), Kansas (SNR), Missouri (S2), Montana (S4S5), Nebraska (SNR), Nouveau-Mexique (SNR), Oklahoma (SNR), Texas (SNR), Wyoming (S4)
Teigne du yucca G4G5 Canada (N1) Alberta (S1)
Teigne du yucca G4G5 États-Unis (NNR)  
Teigne tricheuse du yucca G4G5 Canada (N1) Alberta (S1)
Fausse-teigne à cinq points du yucca G4G5 Canada (N1) Alberta (S1)

a La cote de conservation attribuée par NatureServe à une espèce est constituée d'un nombre de 1 à 5 précédé d'une lettre indiquant l'échelle géographique de l'évaluation (G = mondiale, N = nationale, et S = infranationale).La signification des nombres est la suivante : 1 = gravement en péril, 2 = en péril, 3 = vulnérable, 4 = apparemment non en péril, et 5 = non en péril; NR = non classé; NA = non applicable; ? = inexact/incertain.

3 Information sur les espèces

3.1 Description des espèces

La teigne du yucca, la teigne tricheuse du yucca et la fausse-teigne à cinq points du yucca sont de petits papillons nocturnes blancs ou argentés qui présentent peu de caractères distinctifs; elles font partie de la superfamille des Incurvarioïdes et de la famille des Prodoxidés, communément appelée « famille des teignes du yucca ». Pellmyr (1999) a étudié le genre Tegeticula au moyen de données morphologiques et moléculaires et a déterminé que celui-ci comprenait 12 espèces. Dans la documentation publiée avant 2000, le nom « T. yuccasella »désigne la totalité de ces 12 espèces (voir COSEWIC, 2013a). La teigne du yucca et la teigne tricheuse du yucca sont les seules espèces du genre Tegeticula présentes au Canada (COSEWIC, 2013a). La fausse-teigne à cinq points du yucca appartient au genre Prodoxus. Le genre Prodoxus comprend 10 espèces, dont la seule présente au Canada est la fausse-teigne à cinq points du yucca (COSEWIC, 2013a). Les membres de la famille des Prodoxidés ont été observés uniquement en association avec des plantes des genres Yucca et Agave (Davis, 1967). Au Canada, le yucca glauque est le seul hôte des trois espèces du complexe de teignes du yucca, et la teigne du yucca est l'unique pollinisateur du yucca glauque.

La relation de mutualisme obligatoire Note3 qui unit le yucca glauque et son pollinisateur, la teigne du yucca, est très complexe et ne peut être décrite en détail dans le présent document (voir Powell, 1992, et Dodd et Linhart, 1994, pour de plus amples renseignements sur l'écologie de ces espèces). Une description générale du yucca glauque et de la teigne du yucca est présentée dans le plan de rétablissement provincial (partie 2 : Biologie des espèces). On sait très peu de choses de la biologie et de l'écologie de la teigne tricheuse du yucca et de la fausse-teigne à cinq points du yucca au Canada. La majeure partie de l'information dont on dispose concernant la biologie et l'écologie de la teigne tricheuse du yucca et de la fausse-teigne à cinq points du yucca provient d'études menées aux États-Unis.

Teigne tricheuse du yucca

Chez la teigne tricheuse du yucca, les adultes ont une envergure de 22,5 à 35 mm et possèdent des ailes étroites blanches sur le dessus et brunes sur le dessous (COSEWIC, 2006a). La teigne tricheuse du yucca se distingue des autres espèces du complexe de teignes du yucca par sa taille relativement plus grande et l'absence de petits points noirs sur ses ailes (Pellmyr, 1999). En outre, les femelles sont totalement dépourvues de tentacules maxillaires Note4, ce qui les distingue des femelles de la teigne du yucca, chez lesquelles ces organes sont bien visibles (COSEWIC, 2006a).

En Alberta, l'espèce est univoltine (une seule génération par année), et les adultes sortent du sol du début juillet à septembre, généralement après la pollinisation du yucca glauque (COSEWIC, 2006a). Les adultes se regroupent durant la nuit et s'accouplent sur les fleurs, les tiges ou les feuilles du yucca glauque, puis meurent après seulement quelques jours (Kerley et al., 1993; Marr et al., 2000). Les femelles pondent dans les jeunes fleurs de yucca glauque et n'effectuent pas de pollinisation, contrairement aux femelles de la teigne du yucca (Csotonyi et Hurlburt, 2000; Hurlburt, 2007). Chez le genre Tegeticula, les œufs sont en forme de massue, translucides et longs de 2 mm (COSEWIC, 2002), et l'éclosion survient en 7 à 10 jours (COSEWIC, 2006a). La chenille de la teigne tricheuse du yucca mesure moins de 1 mm au moment de l'éclosion et atteint 14 mm à maturité (COSEWIC, 2013a). Elle consomme une certaine proportion des graines en développement du yucca glauque et entre donc en concurrence alimentaire avec la chenille de la teigne du yucca. Les larves en développement peuvent consommer jusqu'à 40 % des graines (COSEWIC, 2013a). Le succès de la reproduction de la teigne tricheuse du yucca dépend donc fortement de la pollinisation assurée par la teigne du yucca et de la capacité du yucca glauque de produire des fruits. Cinq à six semaines après l'éclosion, les chenilles grugent le fruit pour en sortir, laissant un trou caractéristique dans le fruit, puis descendent jusqu'au sol au moyen d'un fil de soie. Elles s'enfouissent dans le sol à une profondeur de 5 à 20 cm, tissent un cocon composé de soie et de particules de sable et entrent en diapause prénymphose (Fuller, 1990). La diapause dure au moins un an, mais pourrait être plus longue et durer jusqu'à trois ans selon des données anecdotiques (COSEWIC, 2013a); les taux de mortalité peuvent être élevés en cas de diapause prolongée (Fuller, 1990).

Fausse-teigne à cinq points du yucca

Les adultes de la fausse-teigne à cinq points du yucca sont les plus petits des trois espèces du complexe de teignes du yucca présentes au Canada et ont une envergure de 11 à 21 mm (Althoff et al., 2001; COSEWIC, 2006b). Ils se distinguent des adultes des deux autres espèces par leur plus petite taille, l'absence de tentacules maxillaires dans le cas des femelles et la présence de petits points noirs sur le dessus des ailes antérieures (COSEWIC, 2006b). Le dessus des ailes postérieures est gris clair à gris moyen (Althoff et al., 2001), toujours plus foncé que les ailes antérieures et dépourvu de taches foncées. Le dessous des ailes est brun moyen avec du jaune dans la zone de chevauchement des ailes antérieures et postérieures (Althoff et al., 2001). Les ailes antérieures et postérieures sont bordées de franges blanches (Althoff et al., 2001). Les individus des deux sexes sont identiques, mais les femelles sont généralement légèrement plus grandes que les mâles (COSEWIC, 2006b).

En Alberta l'espèce est univoltine, et la période de vol des adultes s'étend sur seulement quelques jours, entre le début juin et la mi-juillet (COSEWIC, 2006b). Les adultes de la fausse-teigne à cinq points du yucca sont souvent les premiers des trois espèces du complexe à émerger, mais leur période de vol est semblable à celle de la teigne du yucca. Ils sortent des tiges du yucca glauque environ une semaine avant le début de la floraison et se rassemblent en début de saison sur les feuilles, puis demeurent dans les fleurs du yucca glauque à mesure que la saison avance. Les adultes s'accouplent à l'intérieur des fleurs du yucca glauque, qui s'ouvrent la nuit, et les femelles pondent dans les tiges florifères (Addicott et al., 1990; Pellmyr et al., 1996; James, 1998). Les femelles pondent un seul œuf à la fois, à 1 ou 2 mm sous la surface de la tige (Davis, 1967), et ne pollinisent pas les fleurs. Une cicatrice visible apparaît à chaque endroit où un œuf a été pondu, ce qui peut servir à détecter la présence de l'espèce dans une localité. Les œufs sont de forme variable, mais ils sont généralement mous, blancs et allongés, avec les extrémités arrondies (COSEWIC, 2006b). L'éclosion survient en environ neuf jours, et les chenilles s'enfoncent plus profondément dans la tige florifère et commencent à se nourrir de ses tissus. Les chenilles, dépourvues de pattes, sont blanchâtres durant les premiers stades mais deviennent vert pâle en grandissant (COSEWIC, 2006b). Il est important de signaler que les chenilles survivent uniquement dans les tiges florifères qui portent des fruits viables, de sorte que le succès de la reproduction de la fausse-teigne à cinq points du yucca dépend fortement de la pollinisation assurée par la teigne du yucca et de la capacité du yucca glauque de produire des fruits. Environ 30 jours après l'éclosion, les chenilles tissent un cocon et entrent en diapause prénymphose à l'intérieur de la tige. Au printemps, la nymphose dure environ une semaine, et les adultes sortent de la tige par des trous créés durant le stade nymphal (Davis, 1967). La plupart des adultes émergent après un an ou moins; toutefois, la diapause pourrait parfois être prolongée (Powell, 2001).

3.2 Population et répartition des espèces

Population et répartition mondiales

L'aire de répartition mondiale du yucca glauque s'étend depuis le sud-est de l'Alberta jusqu'au nord du Texas et depuis les Rocheuses jusqu'au fleuve Mississippi (figure 1 : COSEWIC, 2013b). Une hypothèse veut que les populations des extrémités nord et sud de l'aire de répartition soient des populations naturalisées issues d'individus échappés de culture (Davis, 1967).

Figure 1. Aire de répartition naturelle du yucca glauque (Yucca glauca) en Amérique du Nord (Hurlburt, 2001).
Aire de répartition naturelle du yucca glauque en Amérique du Nord
Photo: © Hurlburt, 2001
Description longue de la figure 1

La figure 1 montre l'aire de répartition du yucca glauque en Amérique du Nord. Au Canada, l'espèce est présente dans l'extrême sud de l'Alberta et dans le sud-ouest de la Saskatchewan. L'aire de répartition se prolonge vers le sud et occupe la majeure partie du Montana et la portion ouest du Dakota du Nord. Elle se prolonge ensuite vers le sud-est et s'étend sur la majeure partie du Wyoming, du Colorado, du Dakota du Sud, du Nebraska, du Kansas et de l'Oklahoma ainsi que sur l'extrémité nord-est du Nouveau-Mexique et le nord du Texas.

L'aire de répartition mondiale de la teigne du yucca s'étend depuis le sud-est de l'Alberta jusqu'à l'extrémité sud du Texas et depuis les Grandes Plaines jusqu'au Michigan et au Connecticut (COSEWIC, 2002). La teigne du yucca utilise plusieurs espèces du genre Yucca comme plantes hôtes, ce qui explique que son aire de répartition soit beaucoup plus vaste que celle du yucca glauque (figure 2; COSEWIC, 2002).

Figure 2. Aire de répartition de la teigne du yucca (Tegeticula yuccasella) en Amérique du Nord (COSEWIC, 2013a)
Aire de répartition de la teigne du yucca en Amérique du Nord
Photo: © COSEWIC, 2013a
Description longue de la figure 2

La figure 2 montre l'aire de répartition de la teigne du yucca. Au Canada, elle occupe seulement une petite parcelle dans le sud-est de l'Alberta, tandis qu'elle s'étend sur environ 80 % de la partie continentale des États-Unis, depuis le Montana dans le nord-ouest, jusqu'au Nouveau-Mexique et au Texas dans le sud-ouest, en Pennsylvanie dans le nord-est et en Floride dans le sud-est.

L'aire de répartition mondiale de la teigne tricheuse du yucca s'étend depuis le sud-est de l'Alberta jusqu'au nord du Mexique et depuis la Californie jusqu'au Nebraska (figure 3; COSEWIC, 2006a). L'espèce est connue seulement depuis 1999 (Pellmyr, 1999), et on estime donc que sa répartition exacte aux États-Unis n'est pas entièrement connue (COSEWIC, 2013a).

Figure 3. Aire de répartition de la teigne tricheuse du yucca (Tegeticula corruptrix) en Amérique du Nord (COSEWIC, 2013a).

Aire de répartition de la teigne tricheuse du yucca en Amérique du Nord
Photo: © COSEWIC, 2013a
Description longue de la figure 3

La figure 3 montre l'aire de répartition de la teigne tricheuse du yucca. Au Canada, elle occupe seulement une petite parcelle dans le sud-est de l'Alberta. L'aire de répartition se prolonge ensuite vers le sud où elle occupe la majeure partie du centre du Montana, puis le Wyoming, l'ouest du Dakota du Sud, l'ouest du Nebraska, l'ensemble du Colorado, l'ouest du Kansas, l'ensemble du Nouveau-Mexique , une petite portion de l'ouest de l'Oklahoma, la moitié ouest du Texas, la majeure partie de l'Arizona et l'extrémité sud de la Californie.

La fausse-teigne à cinq points du yucca est répandue en Amérique du Nord. Son aire de répartition s'étend depuis le sud-est de l'Alberta jusqu'au nord-ouest du Mexique et au sud du Texas et depuis les Grandes Plaines des États-Unis jusqu'à la côte de l'Atlantique (figure 4; COSEWIC, 2006b). La fausse-teigne à cinq points du yucca a la plus vaste répartition géographique des trois espèces du complexe et est associée à 15 espèces du genre Yucca.

Figure 4. Aire de répartition de la fausse-teigne à cinq points du yucca (Prodoxus quinquepunctellus) en Amérique du Nord (COSEWIC, 2013a).
Aire de répartition de la teigne tricheuse du yucca en Amérique du Nord
Photo: © COSEWIC, 2006b
Description longue de la figure 4

La figure 4 montre l'aire de répartition de la fausse-teigne à cinq points du yucca. Au Canada, elle occupe seulement une petite parcelle dans le sud-est de l'Alberta, tandis qu'elle s'étend sur environ 85 % de la partie continentale des États-Unis, depuis le Montana dans le nord-ouest, jusqu'à l'Utah et à l'Arizona dans l'ouest, la Pennsylvanie dans le nord-est et la Floride dans le sud-est. Elle s'étend également jusqu'au Mexique, dans le nord des États de Chihuahua et de Coahuila.

Aire de répartition canadienne

Il y a deux populations naturelles de yucca glauque au Canada, et la teigne du yucca, la teigne tricheuse du yucca et la fausse-teigne à cinq points du yucca ont été signalées dans chacune de ces localités (COSEWIC, 2013a; Hurlburt, 2011). La première population de yucca glauque se trouve au ranch expérimental de Onefour, en bordure de la rivière Lost, en Alberta, et la deuxième population, dans la réserve de pâturage de Pinhorn, près de Manyberries, en Alberta (partie 2 : figure 1; Hurlburt, 2001; Foreman et al., 2006). Ces populations sont séparées par environ 15 km (AESRD, 2013). Les populations de yucca glauque et de teigne du yucca des sites de Onefour et de Pinhorn sont décrites dans le plan de rétablissement provincial (partie 2 : Biologie des espèces).

La plus proche population indigène de yucca glauque, et probablement aussi des espèces du complexe de teignes du yucca, située aux États-Unis se trouve à environ 100 km au sud de la localité de Onefour; une immigration naturelle du yucca glauque depuis le Montana est jugée peu probable (COSEWIC, 2013b).

Dans le sud de la Saskatchewan et de l'Alberta, on trouve de nombreux yuccas glauques en milieu horticole, qui ont probablement été achetés en centre de jardinage ou prélevés de populations indigènes, puis transplantés. Une production de fruits et de graines a été observée à plusieurs endroits (p. ex. vallée de Lethbridge, Medicine Hat, Magrath, Etzikom Museum), ce qui donne à penser que la teigne du yucca y est également présente (Alberta Soapweed and Yucca Moth [ASYM] Recovery Team, 2006; D. Johnson, comm. pers., 2016), puisque cette espèce est le seul pollinisateur du yucca glauque (Marr et al., 2000). Il est possible que des chenilles ou des chrysalides de la teigne du yucca présentes dans le sol aient été transportées avec les yuccas glauques transplantés dans de nouveaux secteurs (Hurlburt, 2004), ce qui expliquerait une certaine persistance à court terme de la teigne du yucca à ces endroits ainsi qu'une certaine reproduction et dispersion limitées (D. Henderson, comm. pers., 2008). En laboratoire, une espèce étroitement apparentée aux espèces du complexe de teignes du yucca, le Prodoxus y-inversus, est demeurée en diapause prolongée dans le sol pendant jusqu'à 30 ans (Powell, 2001).

Une autre explication possible pour ces nouvelles observations de yuccas glauques produisant des fruits serait que les espèces du complexe de teignes du yucca se sont dispersées depuis d'autres localités et élargissent leur aire de répartition. Aucune étude n'a été réalisée sur les distances de dispersion des espèces du complexe. En général, chez les espèces du genre Prodoxidae, les adultes ont une durée de vie de seulement quelques jours et une capacité de vol médiocre, et ils ne devraient donc pas être capables de voyager sur de longues distances (Kerley et al., 1993; Marr et al., 2000; Hurlburt, 2001). Toutefois, Dan Johnson de l'Université de Lethbridge a étudié la fructification du yucca glauque en milieu horticole durant cinq ans et en est venu à la conclusion que la teigne du yucca est capable de se disperser sur des milles, particulièrement lorsqu'elle est transportée par les vents (D. Johnson, comm. pers., 2016). D'autres recherches s'imposent pour déterminer le potentiel de dispersion de la teigne du yucca, sa persistance en milieu horticole ainsi que la désynchronisation des interactions entre le yucca glauque et les trois espèces du complexe de teignes du yucca. Indépendamment du fait que les yuccas glauques qui poussent en milieu horticole se reproduisent par voie sexuée et de la façon dont les teignes du yucca parviennent dans ces milieux, le présent programme de rétablissement ne tient pas compte des populations de yucca glauque et des populations des espèces du complexe de teignes du yucca qui se trouvent en milieu horticole.

Dans le récent rapport de situation du COSEPAC sur le yucca glauque, une population introduite de yucca glauque située à Rockglen, en Saskatchewan, est considérée comme faisant partie de la population canadienne totale et a donc été prise en compte dans l'évaluation globale de la situation de l'espèce (COSEWIC, 2013b). L'inclusion de cette troisième population est fondée sur les Lignes directrices du COSEPAC concernant les populations manipulées (COSEWIC, 2010), selon lesquelles les individus d'une espèce sauvage peuvent être pris en compte dans le cadre de l'évaluation de la situation de l'espèce si ceux-ci ont été introduits de manière accidentelle ou non intentionnelle, sont autosuffisants et se trouvent dans un milieu naturel, à l'intérieur de l'aire de répartition naturelle de l'espèce. La population de Rockglen a été découverte en 2000 (D. Henderson, comm. pers., 2008); des visites et des consultations avec des propriétaires fonciers de la région ont révélé que cette population est issue d'individus du Montana introduits il y a 15 à 20 ans par un parent de la famille à qui appartenaient alors les terres où pousse aujourd'hui l'espèce (T. Sample, comm. pers., 2009). Bien que des pédicelles renflés Note5 aient été observés de manière anecdotique en 2003, ce qui peut donner à penser que la teigne du yucca est présente à cette localité (ASYM Recovery Team, 2006), la population de yucca glauque de Rockglen se compose de seulement 6 clones Note6 et n'héberge pas de population autosuffisante de teigne du yucca (COSEWIC, 2013b). La reproduction sexuée, qui introduit des variations au sein d'une population, est essentielle à la survie à long terme des espèces végétales, particulièrement dans un environnement en évolution. L'absence de reproduction sexuée dans les populations de yucca glauque pourrait avoir une incidence sur la survie à long terme de l'espèce, et, par conséquent, il faudrait tenir compte des facteurs qui ont un effet sur la reproduction sexuée (COSEWIC, 2013a). Ainsi, en l'absence d'une population autosuffisante de teigne du yucca qui assurerait la reproduction sexuée, la population de yucca glauque de la localité de Rockglen se reproduit uniquement par voie végétative et n'est donc pas considérée comme autosuffisante à l'heure actuelle. En outre, selon les lignes directrices du COSEPAC, l'évaluation de la situation doit clairement indiquer si la population introduite fait partie de l'espèce sauvage (unité désignable) qui est évaluée. D'ici à ce que des études génétiques montrent que la population de yucca glauque de la localité de Rockglen est semblable sur le plan génétique aux populations indigènes présentes en Alberta, cette population est donc considérée comme introduite par Environnement et Changement climatique Canada (ECCC), n'est pas jugée autosuffisante et ne fait donc pas partie de la population canadienne totale.

Plusieurs spécimens de fausse-teigne à cinq points du yucca ont été récoltés dans le sud de l'Ontario dans les années 1930 et 1950; on pense que ceux-ci auraient été trouvés sur des yuccas glauques cultivés (COSEWIC, 2013a). Actuellement, il n'y a aucune mention confirmant l'utilisation du yucca glauque par la teigne tricheuse du yucca ou la fausse-teigne à cinq points du yucca en milieu horticole en Alberta, mais plusieurs chenilles des espèces du complexe de teignes du yucca ont été observées dans quelques localités (COSEWIC, 2013a; D. Johnson, comm. pers., 2016). La présence en milieu horticole de ces deux espèces du complexe de teignes du yucca ne peut être exclue, puisque des individus adultes ou des analyses d'ADN des tissus des chenilles seraient nécessaires pour prouver que les deux espèces sont effectivement présentes en milieu horticole (D. Johnson, comm. pers., 2016).

À mesure que de nouvelles données seront accessibles, la situation en milieu horticole et à la localité de Rockglen du yucca glauque et des trois espèces du complexe de teignes du yucca qui y sont associées sera réévaluée par ECCC au besoin.

Population canadienne de yucca glauque

Des données sur la population de yucca glauque (tableau 2) ont été recueillies depuis 1976, dans le cadre d'activités de recherche utilisant des méthodes d'échantillonnage et des indices divers et réalisées à différents moments de l'année (voir COSEWIC, 2013a, pour les descriptions); les résultats de ces études ne peuvent donc pas être comparés efficacement pour évaluer la taille précise de la population canadienne à l'heure actuelle.

Tableau 2. Résumé des données sur la population de yucca glauque, recueillies dans le cadre des relevés réalisés à la réserve de pâturage de Pinhorn et au ranch expérimental de Onefour, en Albertab.
Année Pinhorn
Clonesc
Pinhorn
Rosettesd
Pinhorn
% des rosettes portant des fruits
Onefour
Clones
Onefour
Rosettes
Onefour
% des rosettes portant des fruits
Référence
1976 450 - - >55 000 - - Milner, 1977
1998 423e 1 383 0 8 499 28 174 0,001 Csotonyi et Hurlburt, 2000
2004 1 366 3 510 0,001 - - - Foreman et al., 2006
2006f - - - 45 560 à 71 540 153 980 à 246 690 21 Bradley et al., 2006
2011 - - 10,08 - - 0,004 Hurlburt, 2011

b Ce sommaire est fondé sur les meilleures informations dont disposait Environnement et Changement climatique Canada (en août 2016).

c Un clone est un groupe d'individus, ou rosettes, issus de la reproduction végétative d'un même parent.

d Une rosette (également désignée comme un ramet) correspond à un individu dont les feuilles sont disposées en cercle et qui produit une seule inflorescence.

e Ce chiffre inclut les 19 clones nouveaux trouvés dans le cadre du relevé de 2004 et représente l'effectif estimatif réel pour cette localité (COSEWIC, 2013a).

f Les différences existant entre les données de 2006 et celles de 1998 sont attribuables aux méthodes (de délimitation des clones) différentes utilisées dans le cadre des relevés et à la période de l'année où les relevés ont été effectués plutôt qu'à une augmentation réelle de la taille de la population. Les estimations de 1976 et de 2006 sont sensiblement comparables.

Populations canadiennes des espèces du complexe de teignes du yucca

Les relevés des populations sont limités dans le cas de la teigne du yucca, de la teigne tricheuse du yucca et de la fausse-teigne à cinq points du yucca, et ces relevés ont été réalisés à différents moments de l'année, au moyen de différentes techniques et de différents indices, de sorte que les données dont on dispose actuellement ne peuvent pas être comparées pour estimer la taille ou les tendances des populations (COSEWIC, 2013a). Par exemple, le nombre de cicatrices de ponte sur les parois des carpelles du yucca glauque a été utilisé comme indice pour déterminer l'activité saisonnière de la teigne tricheuse du yucca (voir COSEWIC, 2006, pour les indices vitaux), mais il ne s'agit pas d'une estimation directe de l'abondance. Le recrutement de nouveaux individus (nombre de chenilles par fruit) a été utilisé comme indice additionnel, mais cette méthode est destructrice pour le yucca glauque, puisqu'elle suppose la dissection des fruits, ainsi que pour les chenilles de la teigne du yucca et de la teigne tricheuse du yucca qui pourraient être présentes dans les fruits (COSEWIC, 2006). À la localité de Pinhorn, des étudiants du programme de réhabilitation environnementale du Medicine Hat College, en partenariat avec des bénévoles de l'Alberta Native Plant Council, ont mené des relevés dans certaines portions de la population de yucca glauque de 2009 à 2015, mais les visites ont été réalisées à l'automne, période où les adultes des espèces du complexe de teignes du yucca ne sont plus présents dans la région (C. Linowski, comm. pers., 2016). Des données sur le nombre de trous d'émergence par fruit ont été recueillies dans ce site, mais cet indice ne permet pas de distinguer clairement la densité de teignes du yucca et celle de teignes tricheuses du yucca, car les chenilles des deux espèces se développent dans les fruits, et il est impossible de distinguer les trous produits par celles-ci.

Ranch expérimental de Onefour

Au site de Onefour, de 1998 à 2007, la teigne tricheuse du yucca a fait l'objet de relevés reposant sur l'observation des fruits du yucca glauque. Le nombre de cicatrices de ponte par fruit a varié considérablement d'une année à l'autre, allant de 0,071 en 2007 à 13,939 ± 0,875 (moyenne ± ET) en 2002 (Hurlburt, 2007). Le nombre de chenilles par fruit a varié entre 3,636 ± 0,254 en 2002 et 0,033 ± 0,033 en 2003. Ces valeurs sont comparables à celles observées dans la population du Montana la plus proche (voir COSEWIC, 2013a, pour les indices vitaux).

Au site de Onefour, les adultes de la fausse-teigne à cinq points du yucca présents dans les fleurs ont été dénombrés en 2002, 2007 et 2011 (COSEWIC, 2013a). La densité d'adultes par fleur était de 0,310 ± 0,023 en 2002, de 1,086 en 2007 et de 0,500 en 2011 (seulement 6 fleurs ont été examinées en 2011). En 2003, le nombre de signes de ponte par inflorescence (tige florifère) et le nombre de chenilles par inflorescence ont été déterminés pour 16 clones : 652,9 ± 130,4 signes de ponte par tige et 27,4 ± 8,2 chenilles par tige ont été observés. Ces valeurs sont comparables à celles observées au Montana (COSEWIC, 2013a).

Pinhorn

Au site de Pinhorn, aucune fructification du yucca glauque n'a été observée depuis 1997, et la population de teigne du yucca y est donc considérée comme extrêmement petite ou possiblement disparue (COSEWIC, 2002). Sans reproduction sexuée chez le yucca glauque, la persistance de populations viables des trois espèces du complexe de teignes du yucca est impossible. Un recensement exhaustif de la population de yucca glauque a été réalisé en 2004, et des signes indiquant une reproduction de la teigne du yucca ont été observés (Foreman et al., 2006). En 2007, des interventions efficaces de gestion de l'habitat, qui ont consisté en l'installation d'exclos autour de trois sections de la population de yucca glauque en vue de réduire le broutage par les ongulés sauvages (antilocapre [Antilocapra Americana] et cerf mulet [Odocoileus hemionus]), ont permis une fructification l'année suivante chez environ 10 individus (J. Nicholson, comm. pers., 2009), ce qui indique que la teigne du yucca était encore présente et se reproduisant dans ce site. En 2008, une seule tige florifère de yucca glauque portant 14 fruits immatures a été prélevée dans le jardin de l'Etzikom Windmill Museum et transportée à la localité de Pinhorn (AESRD, 2013). Dans le cadre des relevés menés en 2011, 70 yuccas glauques situés dans les exclos présentaient des fruits (40,63 % des clones et 10,08 % des rosettes); seulement un fruit additionnel a été observé à l'extérieur des exclos (Hurlburt, 2011). Bien que ces fructifications récemment observées indiquent que la population de teigne du yucca se rétablit lentement dans la localité de Pinhorn, on ignore encore si ces taux de reproduction signifient que la population de teigne du yucca est viable (D. Hurlburt, comm. pers., 2009; AESRD, 2013).

On en sait encore moins sur les populations de teigne tricheuse du yucca et de fausse-teigne à cinq points du yucca présentes à Pinhorn. En août 1998, un seul adulte vivant de la teigne tricheuse du yucca a été capturé en vol (Csotonyi et Hurlburt, 2000), et en 2000, plusieurs cocons renfermant des chenilles en diapause prénymphose ont été trouvés dans des échantillons de sol passés au tamis (COSEWIC, 2013a). Aucun adulte n'a été observé durant le relevé en 2011, mais celui-ci a été réalisé durant une période où les probabilités d'observation directe étaient faibles (Hurlburt, 2011). La teigne tricheuse du yucca n'a pas été observée à Pinhorn depuis 2000, mais cela ne signifie pas que l'espèce n'est plus présente dans cette localité. Cette absence d'observations pourrait entre autres s'expliquer par le moment où les relevés sont réalisés, puisque cette localité a généralement été visitée à la fin septembre ou au début octobre, période où le yucca glauque a déjà produit ses fruits et où les teignes adultes vivantes ne sont plus présentes (C. Linowski, comm. pers., 2016).

La présence de la fausse-teigne à cinq points du yucca a été confirmée à la localité de Pinhorn pour la première fois en août 2011, d'après des cicatrices de ponte observées sur les tiges florifères de yuccas glauques situés dans les exclos (Hurlburt, 2011; COSEWIC, 2013a). Aucun individu adulte n'a été observé, mais les relevés ont été réalisés durant une période où il était peu probable que l'espèce puisse être observée directement (Hurlburt, 2011). Le taux de ponte (50,78 %) était considérablement plus faible que celui signalé à la localité de Onefour (> 92 %), mais cette observation montre que l'espèce est présente et peut se reproduire avec succès si le yucca glauque est protégé du broutage. La population de fausse-teigne à cinq points du yucca de Pinhorn est encore considérée comme petite, ce qui est attribuable à la faible production de fruits (et d'inflorescences nécessaires à la ponte) du yucca glauque causée par le broutage subi durant de nombreuses générations (COSEWIC, 2013a), et on ignore si les taux de reproduction observés indiquent que la population de fausse-teigne à cinq points du yucca est viable.

Tendances du yucca glauque et des espèces du complexe de teignes du yucca

On croyait que la population de yucca glauque du ranch expérimental de Onefour, et donc également celles des espèces du complexe de teignes du yucca, s'était propagée depuis les pentes du ravin jusque dans la prairie de terrain élevé après la réalisation du premier relevé exhaustif, en 1976 (Hurlburt, 2001). Toutefois, des recherches plus poussées ont montré qu'aucun nouveau semis de yucca glauque ne semblait présent dans la prairie de terrain élevé, et des floraisons récentes survenues de 1999 à 2003 indiquent que les individus ont environ 20 à 25 ans, âge de la première floraison (Hurlburt, 2007; COSEWIC, 2013b). Un incendie de prairie qui s'est produit dans la région à la fin des années 1970 pourrait avoir créé des conditions favorables à la germination des graines et à l'établissement des semis (Hurlburt, 2007).

La population de yucca glauque de Pinhorn se propage par voie végétative et par voie sexuée sur les pentes du ravin orientées vers l'ouest, particulièrement dans les zones érodées où les semis peuvent s'établir (C. Linowski, comm. pers., 2016). De plus, à l'intérieur des exclos, une tendance positive continue a été constatée en ce qui a trait à la production de fruits et à la présence de trous d'émergence (Hurlburt, 2011; C. Linowski, comm. pers., 2016).

3.3 Besoins du yucca glauque et des trois espèces du complexe de teignes du yucca

Le yucca glauque et, par conséquent, les trois espèces du complexe de teignes du yucca qui y sont associées se rencontrent dans divers types d'habitats dans leur aire de répartition nord-américaine. Les besoins en matière d'habitat du yucca glauque et de la teigne du yucca sont analysés dans le plan de rétablissement provincial (partie 2 : Besoins en matière d'habitat). Les besoins en matière d'habitat de la teigne tricheuse du yucca et de la fausse-teigne à cinq points du yucca sont moins bien connus, mais on suppose qu'ils sont semblables à ceux de la teigne du yucca, à quelques exceptions près.

La teigne tricheuse du yucca et la fausse-teigne à cinq points du yucca dépendent pour leur survie de la survie et de la reproduction sexuée de leur plante hôte, le yucca glauque. La teigne tricheuse du yucca et la fausse-teigne à cinq points du yucca entretiennent une relation de parasitisme obligatoire avec le yucca glauque. Le yucca glauque fournit les sites de ponte aux adultes de toutes les espèces du complexe de teignes du yucca, et ses graines servent de source de nourriture aux chenilles en développement de la teigne tricheuse du yucca, les tissus de ses tiges florifères, de source de nourriture pour les chenilles en développement de la fausse-teigne à cinq points du yucca, et ses tiges florifères, d'abri durant la diapause prénymphose de la fausse-teigne à cinq points du yucca.

Des pucerons, qui sont entretenus par plusieurs espèces de fourmis, sont souvent présents sur les yuccas glauques portant des fruits. Les fourmis peuvent infliger des dommages au yucca glauque en rongeant les boutons floraux de celui-ci, mais il est moins probable qu'elles causent des dommages en présence de pucerons (Perry, 2001; Perry et al., 2004; Snell et Addicott, 2008 b). En Alberta, une hausse de 60 % du nombre de graines viables par fruit a été constatée chez les individus occupés par des fourmis, car les fourmis ont entraîné une diminution du taux de ponte de la teigne tricheuse du yucca (Snell et Addicott, 2008 b). La présence de fourmis peut donc causer une diminution du nombre de teignes tricheuses du yucca, mais pourrait ainsi permettre une augmentation du nombre de teignes du yucca, en réduisant la compétition pour la nourriture.

Les chenilles de la fausse-teigne à cinq points du yucca dépendent pour leur survie de la présence de la teigne du yucca, qui assure la reproduction et la production de fruits chez le yucca glauque en pollinisant les fleurs. En outre, la fausse-teigne à cinq points du yucca pourrait bénéficier de la présence de pucerons qui se nourrissent de la sève de la tige florifère. En effet, les chenilles de l'espèce ne peuvent survivre que dans les parties vertes de la tige du yucca glauque, mais les œufs de l'espèce peuvent être répartis tout le long de la tige. Toutefois, les tiges du yucca glauque ne demeurent « vertes » que jusqu'au niveau du plus haut fruit, sauf si des pucerons sont présents; les tiges restent alors vertes plus longtemps (Snell et Addicott, 2008a). Les pucerons pourraient donc favoriser la survie des chenilles de la fausse-teigne à cinq points du yucca. Les tiges florifères dont aucune fleur n'a été pollinisée flétrissent plus rapidement que celles comportant des fleurs pollinisées, et l'absence de pollinisation entraîne donc une mortalité presque totale des stades immatures de la fausse-teigne à cinq points du yucca (COSEWIC, 2013a).

4 Menaces

4.1 Description des menaces

Les menaces qui pèsent sur le yucca glauque et la teigne du yucca sont analysées dans le plan de rétablissement provincial (partie 2 : Menaces et facteurs limitatifs), et on suppose que la teigne tricheuse du yucca et la fausse-teigne à cinq points du yucca sont soumises à des menaces semblables, mais il convient d'apporter quelques précisions. La cueillette à des fins horticoles ou médicinales (menace 3.2) et l'utilisation de véhicules hors route (menace 3.3) sont jugées comme des menaces dans le plan de rétablissement provincial, particulièrement pour la localité de Onefour; ces menaces ont toutefois été atténuées et ne sont plus une préoccupation depuis plus de 10 ans, et ces activités ne sont donc plus considérées comme des menaces pour les espèces (COSEWIC, 2013 a, b).

En plus des menaces énumérées dans le plan de rétablissement provincial, l'absence de perturbations est jugée comme une menace pour les populations de yucca glauque, de teigne du yucca, de teigne tricheuse du yucca et de fausse-teigne à cinq points du yucca au Canada (COSEWIC, 2013a,b). Les perturbations naturelles, notamment les perturbations climatiques, pyriques (feu) et biotiques, ont joué un rôle important dans le maintien, la diversité et la productivité de l'écosystème de prairie mixte en Amérique du Nord. Ces perturbations maintiennent l'habitat ouvert et empêchent l'établissement de graminées ou de plantes ligneuses concurrentes. En Alberta, le yucca glauque est associé à des loams sableux et se rencontre sur des pentes de ravin protégées, présentant une végétation éparse, orientées vers le sud et soumises à un certain degré de perturbations (COSEWIC, 2013a). Le degré de tolérance du yucca glauque aux incendies en ce qui a trait à leur fréquence et à leur intensité et au moment où ils surviennent est inconnu, mais des essais en laboratoire ont montré que les graines du yucca glauque ne sont pas dépendantes du feu et que leur exposition à une chaleur intense durant seulement 5 minutes peut réduire les taux de germination (Keeley et Meyers, 1985). Les semis du yucca glauque ont une faible capacité de compétition, de sorte que le feu pourrait jouer un rôle important dans la création d'un habitat convenable plutôt que dans la stimulation de la germination (COSEWIC, 2013b).

De plus, la pérennité et le rétablissement de la teigne tricheuse du yucca et de la fausse-teigne à cinq points du yucca dépendent fortement de la survie et de l'abondance du yucca glauque ainsi que de sa pollinisation continue par la teigne du yucca. En effet, la teigne tricheuse du yucca et la fausse-teigne à cinq points du yucca entretiennent une relation obligatoire avec le yucca glauque, aucune des deux espèces ne pouvant se reproduire en l'absence de reproduction sexuée chez le yucca glauque. Cette dépendance est exacerbée par le fait que, au Canada, les populations de yucca glauque et de teigne du yucca sont petites, ont une petite zone d'occupation et sont isolées.

À Pinhorn, des taux élevés d'individus broutés par des ongulés sauvages et d'échec de la reproduction du yucca glauque continuent d'être observés à l'extérieur des exclos (Hurlburt, 2011), et ce facteur demeure l'une des principales menaces dans cette localité (AESRD, 2013). De plus, le brome du Japon (Bromus arvensis) et le brome des toits (Bromus tectorum), espèces envahissantes qui se propagent en suivant les chemins d'accès associés à l'exploitation pétrolière et gazière, constituent une menace potentielle additionnelle pour cette localité (C. Linowski, comm. pers., 2016).

5 Objectifs en matière de population et de répartition

Le plan de rétablissement provincial énonce le but suivant pour le rétablissement du yucca glauque et de la teigne du yucca (partie 2 : But du rétablissement) :

  • Le but à long terme du plan de rétablissement est de maintenir la répartition et l'habitat actuels du yucca glauque et de la teigne du yucca en Alberta et d'accroître la population de teigne du yucca au site de Pinhorn. L'atteinte de ce but passe par le maintien de populations naturelles autosuffisantes de yucca glauque et de teigne du yucca au site de Onefour et par l’accroissement de la capacité de reproduction au site de Pinhorn.

En vertu de la LEP, des objectifs en matière de population et de répartition doivent être établis pour les espèces en voie de disparition ou menacées. Conformément au but du rétablissement défini dans le plan de rétablissement provincial, Environnement et Changement climatique Canada établit les objectifs en matière de population et de répartition à court et à long terme ci-dessous pour le yucca glauque et la teigne du yucca, ainsi que pour deux espèces additionnelles, la teigne tricheuse du yucca et la fausse-teigne à cinq points du yucca.

  • À court terme (5 ans) : accroître la capacité de reproduction Note7 du yucca glauque et de la teigne du yucca dans la localité de Pinhorn;
  • À long terme (> 10 ans) : maintenir la répartition actuelle des quatre espèces dans les deux localités naturelles de Pinhorn et de Onefour ainsi que dans toute population naturelle additionnelle qui pourrait être découverte à l'avenir.

À l'heure actuelle, des objectifs quantitatifs en matière de population ne peuvent être établis pour aucune des quatre espèces. Les techniques de relevé utilisées pour l'estimation de la taille de la population de yucca glauque n'ont pas été uniformes au fil des années, ce qui rend difficile d'évaluer la part des différences entre les estimations qui correspond réellement à des modifications de la taille de la population. Très peu de relevés des populations ont été effectués pour les trois espèces du complexe de teignes du yucca, et les estimations ne peuvent pas être comparées entre elles actuellement. Au Canada, les quatre espèces atteignent la limite nord de leur aire de répartition mondiale et ont probablement toujours été limitées par la faible disponibilité d'habitat convenable et de zones à climat convenable. On peut donc en conclure qu'il est peu probable qu'une espèce qui n'a jamais été largement répartie dans le passé le devienne dans le futur, et il faut plutôt s'attendre à ce que sa répartition et sa zone d'occupation au Canada demeurent limitées.

En ce qui a trait à la population de yucca glauque de Rockglen, à moins que des études génétiques ne révèlent que cette population est semblable aux populations indigènes présentes en Alberta, elle est considérée par ECCC comme introduite et n'est pas jugée autosuffisante et nécessaire pour la survie et le rétablissement de la population canadienne de yucca glauque.

6 Stratégies et approches générales pour l'atteinte des objectifs

6.1 Mesures déjà achevées ou en cours

Le plan de rétablissement provincial décrit des mesures achevées ou en cours visant le yucca glauque et la teigne du yucca (partie 2 : Activités de rétablissement et de conservation récentes). Les mesures additionnelles achevées ou en cours visant la teigne tricheuse du yucca et la fausse-teigne à cinq points du yucca sont les suivantes :

  • Des yuccas glauques ont fait l'objet d'un suivi de 1999 à 2003 au site de Onefour, en vue d'évaluer l'abondance de la teigne tricheuse du yucca (Hurlburt, 2004).
  • En 2002-2003, des yuccas glauques ont fait l'objet d'un suivi au site de Onefour quant à la présence de la teigne tricheuse du yucca et de la fausse-teigne à cinq points du yucca (Snell, 2004; Snell et Addicott, 2008 a, b).
  • Un dénombrement des teignes du yucca, des teignes tricheuses du yucca et des fausses-teignes à cinq points du yucca a été effectué au site de Onefour durant une visite d'une semaine en 2007 (Hurlburt, 2007).
  • Un inventaire des populations de teigne tricheuse du yucca et de fausse-teigne à cinq points du yucca a été entrepris au site de Pinhorn en 2004 pour déterminer la taille de ces populations et les taux d'émergence des larves (Foreman et al., 2006).
  • Un inventaire des populations de teigne tricheuse du yucca et de fausse-teigne à cinq points du yucca a été réalisé par une biologiste-conseil indépendante en 2011 aux sites de Onefour et de Pinhorn, pour la préparation de la mise à jour du rapport de situation du COSEPAC sur les deux espèces (voir Hurlburt, 2011; COSEWIC, 2013a).
  • Des exclos additionnels seront installés au printemps 2017 au site de Pinhorn pour protéger le yucca glauque du broutage par les ongulés sauvages (S. Robertson, comm. pers., 2016).

6.2 Commentaires à l'appui du tableau de planification du rétablissement

Les stratégies de rétablissement pour le yucca glauque et la teigne du yucca sont présentées dans le plan de rétablissement provincial (partie 2 : Stratégies de rétablissement). Ces stratégies sont également appropriées et suffisantes pour soutenir le rétablissement de la teigne tricheuse du yucca et de la fausse-teigne à cinq points du yucca au Canada, vu la relation obligatoire qui les lie au yucca glauque au Canada, et elles sont donc adoptées par ECCC comme stratégies générales.

7 Habitat essentiel

La présente section remplace la section 4, « Habitat essentiel », du plan de rétablissement provincial.

En vertu de l'alinéa 41(1)c) de la LEP, les programmes de rétablissement doivent inclure une désignation de l'habitat essentiel de l'espèce, dans la mesure du possible, et des exemples d'activités susceptibles d'entraîner la destruction de cet habitat. Aux termes du paragraphe 2(1) de la LEP, l'habitat essentiel est l'« habitat nécessaire à la survie ou au rétablissement d'une espèce sauvage inscrite, qui est désigné comme tel dans un programme de rétablissement ou un plan d'action élaboré à l'égard de l'espèce ».

La teigne du yucca, la teigne tricheuse du yucca et la fausse-teigne à cinq points du yucca entretiennent une relation obligatoire avec leur plante hôte, le yucca glauque, et les trois teignes ne se rencontrent pas à l'extérieur de l'aire de répartition du yucca glauque. L'habitat essentiel des trois espèces du complexe de teignes du yucca est donc considéré comme étant le même que celui désigné pour le yucca glauque.

L'habitat essentiel du yucca glauque et de la teigne du yucca a été décrit pour la première fois dans le document Alberta's 2006 Soapweed and Yucca Moth Recovery Plan (ASYMRT, 2006), et cette description a été reprise dans la mise à jour du plan de rétablissement provincial de 2013 (partie 2 : Habitat essentiel). L'habitat essentiel désigné correspond aux zones occupées par les deux populations naturelles connues de yucca glauque, selon la délimitation qui en a été faite en 2006. La superficie totale désignée dans le plan de rétablissement provincial est de 1,8 km2 (182 ha) à Onefour et de 0,02 km2 (2,65 ha) à Pinhorn (partie 2: figure 2 et Figure 3). Toutefois, puisque plusieurs individus situés en terrain élevé n’ont pas été documentés lors du relevé de 2006, cette désignation de l’habitat essentiel a été considérée comme étant incomplète et a dû être révisée (Hurlburt, 2007).

7.1 Désignation de l'habitat essentiel des espèces

L'habitat essentiel est entièrement désigné dans le présent programme de rétablissement et englobe toutes les populations naturelles existantes de yucca glauque Note8 connues au Canada. L'habitat essentiel est désigné pour deux localités (ranch expérimental de Onefour et réserve de pâturage de Pinhorn) et est actuellement considéré comme suffisant pour que les objectifs en matière de population et de répartition puissent être atteints. Les données recueillies durant les relevés de terrain menés en 2004, 2006 et 2007 et les renseignements sur les occurrences Note9 fournis par le ministère de l'Environnement et des Parcs de l'Alberta et l'Alberta Conservation Information Management System ont été utilisés pour la désignation de l'habitat essentiel (Foreman et al., 2006; Bradley et al., 2006; D. Hurlburt, données inédites).

La désignation de l'habitat essentiel est modifiée dans le présent programme de rétablissement pour deux raisons. Premièrement, depuis que l'habitat essentiel du yucca glauque et de la teigne du yucca a été décrit pour la première fois dans le plan de rétablissement provincial de l'Alberta, en 2006, plusieurs yuccas glauques ont été découverts à l'extérieur des limites de l'habitat essentiel désigné à la localité de Onefour (Hurlburt, 2007). Ces individus matures, qui ne sont pas de nouveaux individus et n'avaient simplement pas été repérés durant l'inventaire initial (Hurlburt, 2007), n'étaient pas inclus dans la mise à jour du plan de rétablissement provincial (partie 2 : Habitat essentiel). Deuxièmement, l'approche utilisée pour la désignation de l'habitat essentiel du yucca glauque n'était pas conforme à l'approche utilisée pour d'autres espèces de plantes en péril des prairies (p. ex., cryptanthe minuscule [Cryptantha minima], abronie à petites fleurs [Tripterocalyx micranthus]). Ainsi, la désignation de l'habitat essentiel du yucca glauque est fondée sur la meilleure information accessible et l'arbre de décision élaboré par l'équipe de rétablissement des plantes en péril des Prairies pour guider la désignation de l'habitat essentiel des espèces terrestres et aquatiques en péril des prairies (annexe A). Cette approche tient compte des exigences en matière de reproduction, de dispersion, d'expansion de l'aire de répartition et de persistance à long terme des populations de yucca glauque et des espèces du complexe de teignes du yucca au Canada.

L’arbre de décision débute par l’évaluation de la qualité des renseignements accessibles concernant les occurrences de yucca glauque au Canada, en vue de déterminer si une occurrence doit être retenue ou non pour fins de considération à titre d’habitat essentiel, en fonction de trois critères utilisés pour déterminer la qualité des renseignements (annexe A). Les trois critères concernent le nombre d’années s’étant écoulées depuis que l’occurrence connue a été retrouvée et/ou revisitée pour la dernière fois, la précision et l’exactitude du système de référencement géographique utilisé pour désigner l’emplacement de l’occurrence ainsi que l’évaluation de la capacité de l’habitat, dans son état actuel, de supporter l’espèce. Si cette première étape mène à la décision qu’une occurrence donnée ne doit pas être prise en considération, alors l’emplacement de cette occurrence est exclu de la désignation de l’habitat essentiel pour l’instant. Toutefois, elle pourrait être prise en compte à l’avenir pour la désignation de l’habitat essentiel, selon les résultats des relevés futurs.

La deuxième décision est relative à la mesure dans laquelle les besoins en matière d’habitat de l’espèce sont définis. L’habitat du yucca glauque se limite aux ravins et aux prairies semi-arides à sols à texture grossière. Ces zones sont soumises à un certain degré de perturbations et sont mal définies dans l’espace. L’habitat essentiel du yucca glauque est donc désigné en fonction des occurrences plutôt qu’en fonction d’un type d’habitat (annexe A). D’après le critère 2a (annexe A), l’habitat essentiel est désigné comme étant l’occurrence de yucca glauque et une zone de fonctions essentielles de 300 m qui entoure chaque occurrence de la plante.

Bien que l’on ignore l’étendue d’habitat exacte dont le yucca glauque a besoin pour que ses besoins en matière de reproduction, de dispersion et de survie à long terme soient satisfaits, la zone de fonctions essentielles de 300 m est fondée sur une analyse documentaire détaillée des effets de bordure de diverses activités d’utilisation des terres susceptibles d’influer sur la disponibilité des ressources pour les plantes de prairie indigènes et qui pourraient mener à un taux de croissance négatif de leurs populations (Environment Canada, 2012; Annexe D). Ainsi, pour assurer la persistance à long terme et, si possible, l’expansion naturelle du yucca glauque en Alberta, la zone de fonctions essentielles de 300 m est considérée comme la distance minimale nécessaire au maintien de l’habitat requis pour l’atteinte des objectifs en matière de population et de répartition. À mesure que de nouveaux renseignements sur les besoins en matière d’habitat de l’espèce et les caractéristiques propres à chaque site deviennent disponibles, cette distance pourrait être révisée.  

Dans le présent programme de rétablissement, l’habitat essentiel est entièrement désigné pour les deux populations naturelles de yucca glauque en Alberta et celles des trois espèces du complexe de teignes du yucca qui y sont associées, soit la teigne du yucca, la teigne tricheuse du yucca et la fausse-teigne à cinq points du yucca. L’habitat essentiel a été désigné de manière à ce qu’il comprenne toutes les zones où le yucca glauque est présent, en plus d’une zone de fonctions essentielles de 300 m entourant chaque occurrence. L’habitat essentiel a une superficie totale de 4,12 km2 (412 ha) et se trouve dans la réserve de pâturage de Pinhorn (0,56 km2) et le ranch expérimental de Onefour (3,56 km2) (figure 5; Annexe C).

Les données sur l'emplacement des occurrences de yucca glauque, de teigne du yucca, de teigne tricheuse du yucca et de fausse-teigne à cinq points du yucca sont considérées comme sensibles, à cause des risques de perturbations et de récolte du yucca glauque par les humains à des fins horticoles et médicinales (partie 2 : Menaces et facteurs limitatifs). L'habitat essentiel désigné pour ces quatre espèces est donc représenté au moyen de carrés du quadrillage UTM de 10 km × 10 km, qui indiquent l'emplacement géographique général des secteurs renfermant les polygones d'habitat essentiel, pour réduire au minimum les risques pour ces espèces. De plus amples informations, comme une carte de l'habitat essentiel, peuvent être obtenues auprès d'Environnement et Changement climatique Canada – Service canadien de la faune, à ec.planificationduretablissement-recoveryplanning.ec@canada.ca.

Figure 5. L'habitat essentiel du yucca glauque, de la teigne du yucca, de la teigne tricheuse du yucca et de la fausse-teigne à cinq points du yucca se trouve dans les carrés du quadrillage UTM de 10 km × 10 km (bordés de rouge), là où les critères énoncés à la section 7.1 sont respectés, exclusion faite du territoire des États-Unis (en gris). Ce système national de quadrillage de référence met en évidence l'emplacement géographique général renfermant de l'habitat essentiel; les polygones détaillés de l'habitat essentiel ne sont pas montrés. Selon les critères de désignation de l'habitat essentiel, la superficie totale de l'habitat essentiel à l'intérieur de ces carrés s'élève à environ 4,12 km2 (412 ha).
habitat essentiel des espèces
Description longue de la figure 5

La figure 5 montre les deux carrés du quadrillage où les espèces sont présentes en Alberta. Le premier carré chevauche la moitié sud-est de la réserve de pâturage provinciale de Pinhorn. La majeure partie du deuxième carré se trouve aux États-Unis, et la portion située au Canada chevauche la moitié est de l'aire naturelle Onefour Heritage Rangeland.

Caractéristiques biophysiques de l'habitat essentiel

Les caractéristiques biophysiques de l'habitat essentiel incluent, sans toutefois s'y limiter, le sol et les caractéristiques géologiques du substratum rocheux, les propriétés hydrologiques de surface et de subsurface, la végétation et la composition de la communauté végétale ainsi que le relief naturel qui se trouvent à l'intérieur des deux polygones (tableau 3). Les rivières, les lacs, les milieux humides et les forêts ne répondent pas à cette définition et ne sont donc pas considérés comme de l'habitat essentiel. De même, les éléments d’infrastructure d’origine humaine existants, comme les bâtiments, les routes, les sentiers, les clôtures et les étangs artificiels, qui se trouvent dans la zone désignée comme habitat essentiel ne possèdent pas les caractéristiques biophysiques de l’habitat essentiel et ne sont pas inclus dans la dégination de l’habitat essentiel.

Dans les zones désignées comme habitat essentiel, un site peut présenter une ou plusieurs des caractéristiques biophysiques (tableau 3).

Tableau 3. Sommaire de l'habitat essentiel et des caractéristiques biophysiques du yucca glauque, de la teigne du yucca, de la teigne tricheuse du yucca et de la fausse-teigne à cinq points du yucca en Alberta.
Habitat essentiel Détails
Emplacement Alberta : 1) réserve de pâturage de Pinhorn; 2) ranch expérimental de Onefour; superficie occupée par chaque yucca glauque en plus d'une zone de fonctions essentielles de 300 m autour de chaque individu
Carte Figure 5 (les cartes des polygones d'habitat essentiel détaillés peuvent être obtenues sur demande auprès d'ECCC)
Caractéristiques biophysiques nécessaires au yucca glauque (une ou une combinaison de plusieurs)
  • Pentes de ravin à végétation clairsemée orientées vers le sud ou l'est [azimut allant de 34° (nord-est) à 220° (sud-sud-ouest)]
  • Prairies indigènes semi-arides à végétation clairsemée
  • Régosols (sols non développés) alcalins à texture grossière dépourvus de croûte superficielle
Caractéristiques biophysiques nécessaires à la teigne du yucca, à la teigne tricheuse du yucca et à la fausse-teigne à cinq points du yucca
  • Présence de yuccas glauques indigènes
Exceptions
  • Rivières, lacs, milieux humides et forêts
  • Infrastructures d'origine humaine existantes, comme des bâtiments, des routes, des sentiers, des clôtures et des étangs artificiels

7.2 Activités susceptibles d'entraîner la destruction de l'habitat essentiel

La destruction est déterminée au cas par cas. On peut parler de destruction lorsqu'il y a dégradation d'un élément de l'habitat essentiel, soit de façon permanente ou temporaire, à un point tel que l'habitat essentiel n'est plus en mesure d'assurer ses fonctions lorsque exigé par l'espèce. La destruction peut découler d'une activité unique à un moment donné ou des effets cumulés d'une ou de plusieurs activités au fil du temps. Le tableau 4 donne des exemples d'activités susceptibles d'entraîner la destruction de l'habitat essentiel du yucca glauque, de la teigne du yucca, de la teigne tricheuse du yucca et de la fausse-teigne à cinq points du yucca; il peut toutefois exister d'autres activités destructrices.

Certaines activités qui entraînent une perturbation temporaire de l'habitat essentiel (p. ex. incendies) pourraient améliorer la qualité future de l'habitat essentiel, à condition que des mesures de gestion adéquates soient appliquées. Certaines perturbations de l'habitat du yucca glauque pourraient être bénéfiques pour l'espèce, en maintenant celui-ci ouvert et en freinant la croissance des espèces envahissantes ou des plantes ligneuses dans un site donné. Les activités requises pour gérer, inspecter et entretenir des infrastructures existantes qui ne sont pas désignées comme étant de l'habitat essentiel, mais dont les empreintes peuvent se trouver dans des unités d'habitat essentiel désignées ou être adjacentes à ces unités, ne sont pas des activités susceptibles d'entraîner la destruction de l'habitat essentiel, dans la mesure où elles sont menées d'une manière cohérente avec la conservation de l'habitat essentiel. Les répercussions des activités de gestion sur l'habitat essentiel peuvent être atténuées ou évitées si celles-ci sont réalisées durant les périodes où les espèces du complexe de teignes du yucca ne sont pas actives, comme avant la floraison ou après la production de graines. De plus amples renseignements sur les activités susceptibles d'entraîner la destruction de l'habitat essentiel peuvent être obtenus auprès d'Environnement et Changement climatique Canada – Service canadien de la faune, à ec.planificationduretablissement-recoveryplanning.ec@canada.ca.

Tableau 4. Activités susceptibles d'entraîner la destruction de l'habitat essentiel du yucca glauque, de la teigne du yucca, de la teigne tricheuse du yucca et de la fausse-teigne à cinq points du yucca.
Description de l'activité Description de l'effet (sur les caractéristiques biophysiques ou autres caractéristiques) relatif à la perte de fonction de l'habitat essentiel Information supplémentaire
Conversion de la prairie indigène en terres agricoles ou en prairie non indigène Cette activité entraînerait une perte directe de l'habitat essentiel en éliminant ou en perturbant le substrat sur lequel pousse le yucca glauque, et en modifiant les caractéristiques biophysiques du sol (p. ex. structure, porosité, température, humidité) nécessaires à la germination, à l'établissement et à la croissance. Cette activité cause des modifications de la communauté végétale, le secteur devenant dominé par des espèces cultivées, exotiques et envahissantes. Cette activité doit se produire à l'intérieur des limites de l'habitat essentiel pour en entraîner la destruction. Elle peut avoir des effets destructeurs directs ou cumulatifs et est nuisible à tout moment de l'année.
Recouvrement du sol, qui peut être causé par des activités telles que la construction d'infrastructures, notamment des puits de pétrole et de gaz, des pipelines, des bâtiments et des routes Cette activité entraînerait une perte directe de l'habitat essentiel en éliminant ou en perturbant le substrat sur lequel pousse le yucca glauque, et en modifiant les caractéristiques biophysiques du sol (p. ex. structure, porosité, température, humidité) nécessaires à la germination, à l'établissement et à la croissance. Cette activité entraîne une hausse de la circulation de piétons et de voitures, ce qui peut causer des modifications de la communauté végétale, le secteur devenant dominé par des espèces exotiques et envahissantes. Cette activité doit se produire à l'intérieur des limites de l'habitat essentiel pour en entraîner la destruction. Elle peut avoir des effets destructeurs directs ou cumulatifs et est nuisible à tout moment de l'année.
Véhicules hors route Les yuccas glauques peuvent être directement écrasés par les véhicules et ainsi être endommagés. La circulation continue peut accroître le potentiel de compactage du sol et d'érosion. Les matières végétales restées accrochées sous les véhicules ou sur les pneus peuvent constituer une source d'introduction d'espèces exotiques ou envahissantes; une fois qu'elles sont établies, les espèces envahissantes peuvent modifier le régime hydrologique et la disponibilité des nutriments et de l'eau dans le sol, en plus de créer de l'ombre, et entrent ainsi en concurrence directe avec le yucca glauque, dont la population se trouve à diminuer. Il y a donc destruction de l'habitat essentiel de l'espèce. Cette activité doit se produire à l'intérieur des limites de l'habitat essentiel pour en entraîner la destruction. Elle peut avoir des effets destructeurs directs ou cumulatifs et est nuisible à tout moment de l'année.
Surpâturage prolongé par du bétail (de forte intensité et/ou de longue durée durant la floraison du yucca glauque et le développement de ses graines) Si cette activité se produit durant la floraison et le développement des graines du yucca glauque, les inflorescences de l'espèce pourraient être directement consommées ou piétinées, et le yucca glauque est le seul hôte des chenilles des trois espèces du complexe de teignes du yucca. Cette activité pourrait entraîner la consommation directe de la teigne du yucca, qui est le seul pollinisateur du yucca glauque. Cette activité doit se produire à l'intérieur des limites de l'habitat essentiel pour en entraîner la destruction. Elle peut avoir des effets destructeurs directs ou cumulatifs et est nuisible à tout moment de l'année.
Application inconsidérée d'engrais ou de pesticides, qui peut être causée par des activités telles que la pulvérisation non sélective d'herbicides contre les mauvaises herbes à feuilles larges et d'insecticides ou l'ajout arbitraire d'engrais au sol Les herbicides et les engrais peuvent modifier la composition du sol ou de l'eau en nutriments et ainsi créer des conditions favorables à certaines espèces végétales et non propices à d'autres, ce qui peut entraîner un changement de la composition spécifique de la communauté végétale environnante. La modification de la composition du sol ou de l'eau en nutriments aura en outre une incidence sur l'issue de la compétition interspécifique pour les nutriments. Par ailleurs, le ruissellement et la dérive de pesticides peuvent altérer les communautés de plantes et de pollinisateurs, d'où une réduction possible de la capacité de l'habitat à abriter le yucca glauque. Cette activité peut entraîner la destruction de l'habitat essentiel si elle se produit à l'intérieur ou à l'extérieur des limites de celui-ci (p. ex. dérive de produits chimiques, écoulement souterrain ou de surface d'eau contaminée). Elle peut avoir des effets destructeurs directs ou cumulatifs et est nuisible à tout moment de l'année.
Épandage de déchets ou rejet de matières nocives, qui peuvent être causés par des activités telles que l'épandage ou le rejet de matières comme le fumier et les liquides provenant des fosses septiques Ces substances peuvent modifier la composition du sol en nutriments et la disponibilité des nutriments que les plantes peuvent prélever ainsi que la composition spécifique, en plus de faire augmenter le nombre de plantes concurrentes dans les environs, l'habitat essentiel s'en trouvant détruit. Bien que ces matières liquides ou semi-liquides puissent s'infiltrer à la surface du sol à court terme, elles ne laissent que peu d'indices à long terme à la surface du sol quant à la cause de changements négatifs observés par la suite. Cette activité peut entraîner la destruction de l'habitat essentiel si elle se produit à l'intérieur ou à proximité des limites de celui-ci (p. ex., dérive et écoulement souterrain ou de surface de contaminants). Elle peut avoir des effets directs ou cumulatifs et est nuisible à tout moment de l'année.
Introduction involontaire ou délibérée d'espèces envahissantes, qui peut être causée par des activités telles que le rejet ou l'épandage de balles de fourrage contenant des graines viables d'espèces exotiques envahissantes, le semis d'espèces envahissantes dans l'habitat essentiel, le transport d'espèces envahissantes (p. ex. sur les pneus) ou la plantation de végétaux ligneux (arbustes et arbres). Une fois établies, les plantes envahissantes et les plantes ligneuses peuvent modifier le régime hydrologique et la disponibilité des nutriments et de l'eau dans le sol, en plus de créer de l'ombre, et entrent ainsi en concurrence directe avec le yucca glauque, dont la population se trouve à diminuer. Il y a donc destruction de l'habitat essentiel de l'espèce. L'habitat essentiel peut être détruit par des espèces exotiques envahissantes ainsi que par d'autres mauvaises herbes nuisibles interdites et espèces opportunistes agressives. Il pourrait aussi être détruit par les espèces suivantes, qui ne sont limitées par aucune réglementation en raison de leur valeur économique : brome inerme (Bromus inermis), pâturin des prés (Poa pratensis), agropyre à crête (Agropyron cristatum), mélilot jaune (Melilotus officinalis) et mélilot blanc (Melilotus alba). Cette activité peut entraîner la destruction de l'habitat essentiel si elle se produit à l'intérieur ou à proximité des limites de celui-ci. Elle peut avoir des effets directs ou cumulatifs et est nuisible à tout moment de l'année.
Modification du régime hydrologique, qui peut être causée par des activités telles que la construction d'ouvrages de retenue en aval causant une inondation temporaire ou permanente, les déversements d'eau en amont, notamment l'aménagement de barrages et de fossés, les travaux de drainage, l'installation de ponceaux, les travaux d'élargissement des routes ou de rectification de leurs tracés, ou la construction de résidences ou de chalets, qui modifient le régime hydrologique de l'habitat essentiel. Chez le yucca glauque, les graines du réservoir de semences et les individus sont adaptés à des sols bien drainés, de sorte qu'une inondation par des substances telles que l'eau, même de courte durée, peut être suffisante pour modifier l'habitat de manière telle qu'il devient non propice à la survie et au rétablissement de l'espèce. La modification du régime hydrologique peut aussi faire en sorte que les conditions deviennent trop sèches, reproduisant une sécheresse. Par exemple, la construction routière peut interrompre ou altérer l'écoulement de l'eau en surface, modifiant les conditions de l'habitat et menaçant la survie à long terme de l'espèce à un endroit donné. Un accroissement de l'humidité peut par ailleurs favoriser l'empiètement de la végétation ligneuse et de certaines espèces végétales envahissantes. Cette activité peut entraîner la destruction de l'habitat essentiel si elle se produit à l'intérieur ou à l'extérieur des limites de celui-ci. Elle peut avoir des effets destructeurs directs ou cumulatifs et est nuisible à tout moment de l'année.

8 Mesure des progrès

Les indicateurs de rendement présentés ci-dessous proposent un moyen de définir et de mesurer les progrès vers l'atteinte des objectifs en matière de population et de répartition.

  • À court terme (5 ans) : la capacité de reproduction du yucca glauque et de la teigne du yucca a augmenté dans la localité de Pinhorn;
  • À long terme (> 10 ans) : la répartition des quatre espèces a été maintenue dans les deux populations naturelles (Onefour et Pinhorn) ainsi que dans toute population naturelle additionnelle découverte.

9 Énoncé sur les plans d'action

Au moins un plan d'action visant le yucca glauque, la teigne du yucca, la teigne tricheuse du yucca et la fausse-teigne à cinq points du yucca sera préparé d'ici 2021. Il est important de signaler que ces quatre espèces forment un ensemble d'organismes spécialisés fortement interdépendants. Vu leurs interactions trophiques complexes, il est recommandé qu'un plan d'action plurispécifique soit élaboré pour le yucca glauque et les espèces du complexe de teignes du yucca qui y sont associées. Les mesures de rétablissement décrites dans le plan de rétablissement provincial (partie 2 : Plan d'action) peuvent être adoptées pour le yucca glauque, la teigne du yucca, la teigne tricheuse du yucca et la fausse-teigne à cinq points du yucca. Il faudrait envisager la coordination avec des équipes travaillant au rétablissement d'autres espèces lors de l'élaboration de plans d'action plurispécifiques à l'échelle d'un paysage ou d'un écosystème et de la gestion de grandes superficies de terre. Les autres espèces en péril qui se trouvent dans l'habitat du yucca glauque et de la teigne du yucca sont énumérées à l'annexe B.

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Communications personnelles

Johnson, D., Professor of Environmental Science, Canada Research Chair in Sustainable Grassland Ecosystems, University of Lethbridge, Lethbridge, Alberta.
Henderson, D., écologiste des prairies, Environnement et Changement climatique Canada, Région du Pacifique, Kelowna, Colombie-Britannique.
Hurlburt, D., biologiste-conseil indépendante, Annapolis Royal, Nouvelle-Écosse.
Robertson, S., Wildlife Biologist, Alberta Environment and Parks, Medicine Hat, Alberta.
Linowski, C., Program Coordinator, Environmental Land Reclamation, Medicine Hat College, Medicine Hat, Alberta.
Nicholson, J., Senior Species at Risk Biologist, Alberta Fish and Wildlife, Medicine Hat, Alberta.
Sample, T., anciennement Coordinator, Rare Plant Rescue and PlantWatch, Nature Saskatchewan, Regina, Saskatchewan.
Vinge-Mazer, S., botaniste, Centre de données sur la conservation de la Saskatchewan, Saskatoon, Saskatchewan.

Annexe A. Arbre de décision pour la détermination du type de désignation de l'habitat essentiel en fonction des critères biologiques

Le présent arbre de décision a été élaboré par l'équipe de rétablissement des plantes en péril des Prairies canadiennes afin d'orienter l'approche de désignation de l'habitat essentiel pour toutes les espèces végétales terrestres et aquatiques en péril dans les prairies.

La première décision à prendre concerne la qualité des renseignements accessibles sur les occurrences de l'espèce au Canada et vise àdéterminer si une occurrence doit être retenue ou non pour fins de considération à titre d'habitat essentiel, et ce, en fonction de trois critères.

La deuxième décision repose sur le degré de définition de l'habitat. S'il n'est pas bien défini, l'habitat essentiel correspond à la zone qui englobe l'occurrence et tout élément naturel du relief, du sol et de la végétation qui se trouve dans les 300 mètres de l'occurrence.

Pour ce qui est des espèces qui occupent des parcelles d'habitat bien définies et clairement délimitées, une troisième décision doit être prise concernant la facilité de repérage de l'espèce ainsi que la variabilité spatiale et temporelle de son habitat.

Arbre de décision

1a. Les occurrences n'ont pas été revisitées depuis plus de 25 ans, ou les systèmes de référencement géographique utilisés étaient imprécis et/ou inexacts, ou il n'existe plus d'habitat permettant d'abriter l'espèce à cette localité (aucun habitat essentiel ne sera défini avant que plus d'information soit recueillie sur la population et la localité).

1b. Les occurrences ont été retrouvées et revisitées au cours des 25 dernières années, et l'habitat a été examiné au cours des 5 dernières années pour confirmer qu'il peut abriter une occurrence, et les références géographiques sont exactes et précises (passer au point 2).

2a. L'espèce est généraliste et est associée à des habitats largement répartis, ou elle est spécialiste et occupe des habitats dynamiques caractérisés par des régimes de perturbation et difficiles à délimiter comme parcelles dans l'espace, ou elle occupe un habitat qui, pour une autre raison, n'est pas bien défini (aire d'habitat essentiel = occurrences + tout élément naturel du relief, du sol et de la végétation qui se trouve dans les 300 m de chaque occurrence.)

2 b. L'espèce occupe des parcelles d'habitat bien définies et clairement délimitées dans l'espace (passer au point 3).

3a. Les parcelles d'habitat sont statiques dans l'espace, à moyen et à long terme, ou l'espèce peut facilement être repérée de façon fiable (aire d'habitat essentiel = parcelles d'habitat occupées + tout élément naturel du relief, du sol et de la végétation qui se trouve dans les 300 m des parcelles d'habitat).

3b. Les parcelles d'habitat sont dynamiques dans l'espace, à moyen et à long terme, ou l'espèce peut difficilement être repérée de façon fiable (aire d'habitat essentiel = parcelles d'habitat occupées et potentiellement occupées + tout élément naturel du relief, du sol et de la végétation qui se trouve dans les 300 m des parcelles d'habitat).

Remarques

Le critère 1a est conforme aux lignes directrices de NatureServe en matière de qualité des données, car les mentions de plus de 25 ans sans aucune mention de visite subséquente sont les moins précises.

Le critère 1b est conforme aux articles 46 et 55 de la LEP, selon lesquels les progrès réalisés en vue de l'atteinte des objectifs de rétablissement doivent être rapportés tous les cinq ans.

Les critères 2a, 3a et 3 b sont conformes aux recommandations inscrites à l'annexe D. Dans certains cas, un grand obstacle de plus de 150 m de largeur, comme un grand lit de rivière ou un champ cultivé, peut créer une discontinuité au sein de l'habitat naturel à l'intérieur de la zone de 300 m. De tels obstacles peuvent dépasser en importance d'autres effets de bordure observés à l'extrémité distale de la zone de 300 m, ou empêcher la dispersion efficace de la plante à l'extrémité la plus proche de l'occurrence. Dans ces cas précis, certaines parcelles de végétation naturelle qui se trouvent sur une forme de relief naturelle à l'intérieur de la zone de 300 m mais sont discontinues par rapport à l'habitat occupé par l'espèce végétale peuvent ne pas être prises en compte à titre d'habitat essentiel.

Le critère 3 ne sera appliqué que si les renseignements sont suffisants pour déterminer si l'habitat est statique ou dynamique dans l'espace et si la détectabilité de l'espèce est facile ou difficile. Si les renseignements ne sont pas suffisants, l'habitat essentiel sera désigné conformément au critère 2a jusqu'à ce que des études aient permis d'obtenir les renseignements nécessaires.

Annexe B. Effets sur l'environnement et sur les espèces non ciblées

Une évaluation environnementale stratégique (EES) est effectuée pour tous les documents de planification du rétablissement élaborés en vertu de la LEP, conformément à la Directive du Cabinet sur l'évaluation environnementale des projets de politiques, de plans et de programmes. L'objet de l'EES est d'incorporer les considérations environnementales à l'élaboration des projets de politiques, de plans et de programmes publics pour appuyer une prise de décisions éclairée du point de vue de l'environnement, et d'évaluer si les résultats d'un document de planification du rétablissement peuvent affecter un élément de l'environnement ou tout objectif ou cible de la Stratégie fédérale de développement durable (SFDD).

La planification du rétablissement vise à favoriser les espèces en péril et la biodiversité en général. Il est cependant reconnu que des programmes peuvent, par inadvertance, produire des effets environnementaux qui dépassent les avantages prévus. Le processus de planification fondé sur des lignes directrices nationales tient directement compte de tous les effets environnementaux, notamment des incidences possibles sur des espèces ou des habitats non ciblés. Les résultats de l'EES sont directement inclus dans le programme lui-même, mais également résumés dans le présent énoncé, ci-dessous.

Le présent programme de rétablissement sera bénéfique pour la biodiversité au Canada car il favorisera le rétablissement du yucca glauque, de la teigne du yucca, de la teigne tricheuse du yucca et de la fausse-teigne à cinq points du yucca. La possibilité que la mise en œuvre du présent programme de rétablissement ait des conséquences néfastes imprévues sur d'autres espèces a été envisagée. L'EES a permis de conclure que le présent programme sera manifestement favorable à l'environnement et n'entraînera aucun effet négatif significatif. Pour plus de renseignements, voir les sections Biologie des espèces, Menaces et facteurs limitatifs, et Habitat essentiel dans le Plan de rétablissement du yucca glauque et de la teigne du yucca en Alberta, 2012-2022 (partie 2).

Les approches de conservation décrites dans le programme de rétablissement ne compromettront pas la survie, la répartition ou l'abondance d'autres espèces. Qui plus est, ce programme pourrait même favoriser plusieurs espèces rares et en voie de disparition. Le yucca glauque est un hôte obligatoire du Megathymus streckeri, papillon rare signalé au Canada uniquement à la localité de Onefour (Hurlburt, 2007). Les activités de gestion et de recherche auraient un effet positif sur les espèces en péril désignées par le gouvernement fédéral, dont le renard véloce (Vulpes velox, espèce menacée), le Chevêche des terriers (Speotyto cunicularia, espèce en voie de disparition), le Pipit de Sprague (Anthus spragueii, espèce menacée), la Pie-grièche migratrice (Lanius ludovicianus excubitorides, espèce menacée), la couleuvre agile à ventre jaune de l'Est (Coluber constrictor flaviventris, espèce menacée), le grand iguane à petites cornes ( Phrynosoma hernandesi, espèce en voie de disparition), la cryptanthe minuscule (espèce en voie de disparition), l'abronie à petites fleurs (espèce en voie de disparition) et le chénopode glabre (Chenopodium subglabrum, espèce menacée). Par conséquent, les mesures visant à appuyer le rétablissement du yucca glauque, de la teigne du yucca, de la teigne tricheuse du yucca et de la fausse-teigne à cinq points du yucca favoriseront certainement la conservation de ces espèces rares et en péril ainsi que de diverses espèces végétales indigènes de la région.

Annexe C. Habitat essentiel du yucca glauque, de la teigne du yucca, de la teigne tricheuse du yucca et de la fausse-teigne à cinq points du yucca au Canada

Tableau 5. Unités d'habitat essentiel (carrés du quadrillage UTM de référence de 10 km × 10 km) renfermant l'habitat essentiel du yucca glauque, de la teigne du yucca, de la teigne tricheuse du yucca et de la fausse-teigne à cinq points du yucca en Alberta. L'habitat essentiel se trouve là où les critères énoncés à la section 7.1 sont respectés.
Population Code d'identification du carré du quadrillage UTM de référenceg de 10 km × 10 km
Province Coordonnées du carré du quadrillage UTMh
UTM Est
Coordonnées du carré du quadrillage UTMh
UTM Nord
Régime foncieri
Réserve de pâturage de Pinhorn 12UWV13 Alberta 510000 5430000 Territoire non domanial
Ranch expérimental de Onefour 12UWV42 Alberta 540000 5420000 Territoire non domanial

g Fondé sur le système militaire de quadrillage UTM de référence (voir Le quadrillage UTM - Système militaire de quadrillage de référence), les deux premiers caractères et la lettre correspondent à la zone UTM, les deux lettres suivantes indiquent le quadrillage UTM de référence de 100 km x 100 km suivies de deux caractères pour représenter le quadrillage UTM de référence  de 10 km x 10 km. Les deux derniers caractères représentent le quadrillage UTM de référence de 1 km x 1 km renfermant la totalité ou une partie d'une unité d'habitat essentiel. Ce code alphanumérique unique s'inspire de la méthodologie utilisée pour les Atlas des oiseaux nicheurs du Canada. (Pour en apprendre davantage sur les Atlas des oiseaux nicheurs, consulter le site Études d'oiseaux Canada).

h Les coordonnées indiquées sont une représentation cartographique de l'emplacement de l'habitat essentiel, présenté comme étant le coin sud-ouest du carré du quadrillage UTM de référence de 10 km x 10 km renfermant la totalité ou une partie d'une unité d'habitat essentiel. Les coordonnées peuvent ne pas faire partie de l'habitat essentiel et ne fournissent qu'une indication générale de l'emplacement.

i Le régime foncier est fourni à titre indicatif seulement, pour donner une idée générale des détenteurs des droits de propriété des terres où sont situées les unités d'habitat essentiel. Pour déterminer avec exactitude le régime foncier d'une terre, il faudra comparer les limites de l'habitat essentiel aux informations figurant au cadastre.

Annexe D. Justification de l'établissement d'une aire d'un rayon de 300 m autour des occurrences d'espèces végétales en vue de la désignation comme habitat essentiel

Les plantes terrestres sont sessiles, et leurs propagules (graines, rhizomes ou stolons) ont une capacité de dispersion plus limitée que la progéniture des organismes mobiles comme les vertébrés et les invertébrés. Elles sont en concurrence pour les mêmes ressources primaires : l'ensoleillement et les échanges gazeux en surface, et l'eau et les éléments nutritifs dans le sol. Pour protéger l'habitat nécessaire à la survie ou au rétablissement d'une espèce végétale, il est nécessaire de protéger la distribution actuelle de ces ressources dans les endroits où la présence des individus est connue. Toute activité humaine susceptible de perturber la distribution naturelle des ressources pourrait détruire l'habitat essentiel d'une espèce végétale en péril. Bien souvent, l'activité humaine peut se dérouler dans un site, mais les effets de cette activité se font sentir dans un autre site. Par ailleurs, les effets de l'activité humaine peuvent diminuer selon la distance par rapport au site où l'activité s'est déroulée ou peuvent se cumuler avec le temps (Ries et al., 2004). La question qui se pose est donc la suivante : quelle distance minimale raisonnable, calculée à partir de l'espèce végétale en péril, peut comprendre l'habitat nécessaire à la survie ou au rétablissement de l'espèce? La réponse à cette question définira l'aire qui doit être protégée à titre d'habitat essentiel en vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP).

Protection de l'habitat exposé aux effets de bordure causés par les activités humaines

Une aire incluant un rayon de 300 m autour des individus observés est essentielle pour assurer la survie à long terme des populations d'espèces végétales.

Effets de bordure causés par la perturbation des sols

Selon la seule recherche décrivant les effets de bordure sur la survie à court terme des espèces végétales en péril, une distance minimale de 40 m est requise pour éviter que la poussière des routes ait des effets négatifs sur la santé des plantes et la croissance des populations (Gleason et al., 2007). Cependant, cette distance était également la distance maximale à laquelle des mesures avaient été prises dans le cadre de cette recherche. Selon les analyses détaillées de Forman et Alexander (1998) et de Forman et al. (2003), les répercussions sur les plantes sont plus importantes dans les premiers 30 à 50 m, et ce, pour la majorité des effets de bordure liés à la construction et à la circulation continue. Cependant, les effets de la salinité et de l'azote et les effets sur le régime hydrologique pourraient s'étendre sur une distance de 100 à 200 m d'une route, et les espèces exotiques envahissantes pourraient se propager sur une distance pouvant atteindre 1 km. Les espèces exotiques envahissantes ont la capacité de supplanter les espèces végétales en péril et de modifier l'écosystème de telle sorte que ces dernières ne puissent plus utiliser l'habitat. Par conséquent, si aucune restauration active n'est mise en œuvre, cette menace précise pourrait détruire l'habitat essentiel.

Hansen et Clevenger (2005) n'ont observé aucune baisse de la fréquence des espèces exotiques envahissantes sur une distance de jusqu'à 150 m des routes et des voies ferrées dans les prairies. Cependant, l'échantillonnage n'a pas été réalisé au-delà de 150 m. Selon les conclusions de Gelbard et Harrison (2005), les effets de bordure des routes sur les plantes et les sols de l'habitat font en sorte que les espèces exotiques envahissantes pourraient s'installer et survivre plus facilement à 10 m des routes qu'à 1 000 m des routes. Bien entendu, toutes les routes ne sont pas les mêmes, et Gelbard et Belnap (2003) ont conclu que les routes pavées ou nivelées présentent généralement une couverture et une variété d'espèces exotiques envahissantes plus grandes que les sentiers de véhicules tout terrain. Tous les types de routes ont créé un habitat propice à la dispersion et à l'établissement de ces espèces sur leurs bordures et les 50 m suivants. La différence tient au fait que le processus d'invasion augmente sur les routes améliorées, où la fréquence de la circulation et l'intensité des perturbations sont plus élevées.

Dans les prairies canadiennes, la densité de routes est généralement d'une route tous les 1,6 à 3,2 km. Par conséquent, il est peu probable que les populations sources d'espèces exotiques envahissantes puissent être clairement identifiées au-delà de 800 m de la bordure des routes ou des champs cultivés (ce qui correspond au centre d'une section de 1,6 × 1,6 km qui serait entourée de routes ou de champs cultivés). Si l'on considère que des effets notables produits par des espèces exotiques envahissantes peuvent actuellement être observés sur une distance allant jusqu'à 150 m des routes ou d'autres sites aménagés, mais que ces effets peuvent être présents à une distance de plus de 800 m d'une population source, il semble raisonnable de convenir d'une distance comprise entre 150 et 800 m pour le maintien des caractéristiques de l'habitat essentiel.

Effets de bordure causés par les émissions atmosphériques issues d'activités industrielles

Les émissions atmosphériques issues d'activités industrielles, notamment de l'agriculture intensive, peuvent provoquer l'accumulation progressive d'azote dans les sols environnants. Des concentrations élevées d'azote et de soufre sont décelables à l'analyse dans les plantes et les sols sur une distance de jusqu'à 1 à 2 km (Meshalkina et al., 1996; Hao et al., 2006). On ne sait pas si ces augmentations détectables des macronutriments sont importantes sur le plan biologique, mais, étant donné que la plupart des espèces végétales en péril des prairies occupent un habitat de prairie pauvre en éléments nutritifs de début ou de milieu de succession, toute augmentation de la disponibilité des éléments nutritifs du sol est susceptible d'augmenter la concurrence ainsi que la vitesse de succession, et d'éliminer l'habitat essentiel à la survie des espèces.

Reich et al., 2001, ont observé une augmentation de la productivité de la dalée velue (Dalea villosa) en réaction à une fertilisation azotée. Cependant, en communauté mixte, tout effet positif serait annulé par une productivité supérieure des autres espèces concurrentes. Kochy et Wilson (2001) ont mesuré dans le Parc national de Elk Island, à plusieurs kilomètres en aval de raffineries de pétrole et d'un centre urbain, des dépôts d'azote de 22 kg/ha–1/an–1, tandis que les taux de référence dans la réserve naturelle du Parc national de Jasper n'étaient que de 8 kg/ha–1/an–1. À Elk Island, les taux de dépôt plus élevés qu'à Jasper semblent favoriser l'empiètement de la forêt sur les prairies indigènes. Selon les expériences menées par Plassmann et al. (2008), l'ajout d'azote en faibles concentrations (15 kg/ha–1/an–1) dans les dunes entraînait une augmentation des taux de germination des plantes annuelles à partir des réservoirs de semences, ce qui risquait d'épuiser les réservoirs de semences et de faire disparaître une espèce d'un site à faible teneur en azote auquel elle était adaptée.

De la même manière que les émissions industrielles, certaines espèces exotiques envahissantes comme les mélilots (Melilotus spp.) peuvent augmenter la concentration d'azote du sol par fixation biologique et ainsi favoriser la propagation d'autres espèces exotiques envahissantes (Jordan et al., 2008; Van Riper et Larson, 2009). Les mélilots sont parmi les espèces exotiques envahissantes devenues les plus répandues dans les Grandes Plaines du nord, car elles ont été plantées délibérément en bordure des routes, dans les cultures fourragères et dans d'autres zones restaurées (Lesica et DeLuca, 2000). Ces conclusions viennent appuyer le fait qu'une aire de plus de 150 m est nécessaire pour éviter l'introduction de Fabacées exotiques envahissantes, et qu'une aire peut-être encore plus grande est nécessaire pour éviter les effets négatifs des émissions industrielles d'azote et de soufre, de façon à maintenir les caractéristiques essentielles de l'habitat des espèces végétales en péril des prairies.

Effets de bordure causés par les déversements de liquides

L'eau, les hydrocarbures et les autres liquides issus des bris de pipelines ont des effets de bordure qui varient de façon importante en fonction de la topographie du site. Par exemple, une enquête menée en 2008 par l'Energy Resources Conservation Board (ERCB) de l'Alberta à la base des Forces canadiennes de Suffield a permis de repérer une fuite de pétrole brut en surface s'étant étendue sur 165 m le long de sentiers d'ongulés. Cette fuite a fini par couvrir 1 200 m2 de prairie indigène, tuant plus de 200 oiseaux migrateurs (rapport d'enquête de l'ERCB, 18 juin 2009). Un deuxième incident qui a fait l'objet d'une enquête par l'ERCB concernait une irruption de gaz naturel. Les concentrations de gaz étaient de 100 % de la « limite inférieure d'explosivité » dans les 50 m de la tête de puits et avaient diminué à 0 % à 500 m. Cet incident avait également causé un déversement de liquides sur plus de 25 m à partir de la tête de puits, ce qui a conduit à l'excavation et au retrait de 540 tonnes de terre aux fins d'assainissement (rapport d'enquête de l'ERCB, 1er juin 2009). D'autres enquêtes de l'ERCB ont décelé des déversements de pétrole qui s'étalaient en surface jusqu'à 1,6 km des points de rupture avant le début du nettoyage (rapport d'enquête de l'ERCB, 9 mai 2009).

Comme les plantes ne peuvent pas se déplacer, les submersions et les inondations, peu importe leur durée, peuvent suffire à détruire l'habitat essentiel pendant plusieurs mois, années ou décennies. La probabilité de telles ruptures est inconnue, notamment par rapport à la densité de l'ensemble des pipelines existants et prévus, et par rapport à la disponibilité de l'habitat et à l'occupation de la zone en question par des espèces en péril. Le risque que l'habitat subisse un changement irréversible est élevé. De ce fait, l'installation de pipelines dans une zone de plusieurs centaines de mètres entourant les occurrences d'espèces végétales ne devrait pas être autorisée.

Résumé

Tous les facteurs mentionnés précédemment peuvent être cumulatifs, particulièrement dans les parties les plus industrialisées du sud de l'Alberta et du sud-ouest de la Saskatchewan. Les émissions industrielles, la construction de routes et les déversements de liquides sont logiquement des activités d'utilisation des terres qui se déroulent au même endroit, et la dispersion des déchets agricoles sur les terres peut avoir des effets supplémentaires. Compte tenu de l'incertitude entourant les effets de bordure possibles au-delà de 150 m et de la difficulté de déterminer une source ponctuelle des effets au-delà de 800 m, l'approche préventive consisterait à inclure une aire d'un rayon de 300 m autour de l'occurrence de l'espèce végétale en péril comme habitat essentiel à la survie de cette espèce. La distance de 300 m correspond tout simplement au double de la distance de 150 m sur laquelle des répercussions négatives significatives peuvent se produire sur l'habitat des espèces végétales en péril, selon des données probantes publiées. La valeur de 150 m est doublée à titre de précaution, pour assurer le maintien des caractéristiques de l'habitat essentiel.

Il faut mener des recherches plus approfondies pour évaluer les effets de bordure des principales activités d'utilisation des terres sur l'habitat essentiel à la survie des espèces végétales en péril des prairies. Une distance plus petite ou plus grande et des changements dans la définition de l'habitat essentiel à la survie des espèces végétales en péril des prairies pourraient être proposés en fonction des résultats de ces recherches.

Ouvrages cités

Energy Resources Conservation Board. 2010. Industry zone industry activity and data. Alberta Energy Regulator (disponible en anglais seulement, Consulté le 19 mai 2010).

Forman, R.T.T. et L.E. Alexander. 1998. Roads and their major ecological effects. Annual Review of Ecology and Systematics. 29: 207-231.

Forman, R.T.T., D. Sperling, J.A. Bissonette, A.P. Clevenger, C.D. Cutshall, V.H. Dale, L. Fahrig, R. France, C.R. Goldman, K. Heanue, J. A. Jones, F.J. Swanson, T. Turrentine et T.C. Winter. 2003. Road ecology: Science and solutions. Island Press. Covelo CA.

Gelbard, J.L. et J. Belnap. 2003. Roads as conduits for exotic plant invasions in a semiarid landscape. Conservation Biology. 17: 420-432.

Gelbard, J.L et S. Harrison. 2005. Invasibility of roadless grasslands: An experimental study of yellow starthistle. Ecological Applications. 15: 1570-1580.

Gleason, S.M., D.T. Faucette, M.M. Toyofuku, C.A. Torres. et C.F. Bagley. 2007. Assessing and mitigating the effects of windblown soil on rare and common vegetation. Environmental Management. 40: 1016-1024.

Hansen, M.J. et A.P. Clevenger. 2005. The influence of disturbance and habitat on the presence of non-native plant species along transport corridors. Biological Conservation. 125: 249-259.

Hao, X., C. Chang, H.H. Janzen, G. Clayton et B.R. Hill 2006. Sorption of atmospheric ammonia by soil and perennial grass downwind from two large cattle feedlots. Journal of Environmental Quality. 35: 1960-1965.

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Meshalkina, J.L., Stein, A. et Makarov, O.A. 1996. Spatial variability of soil contamination around a sulphureous acid producing factory in Russia. Water, Air and Soil Pollution. 92: 289-313.

Plassmann, K., N. Brown,M.L.M Jones et G. Edwards-Jones. 2008. Can atmospheric input of nitrogen affect seed bank dynamics in habitats of conservation interest? The case of dune slacks. Applied Vegetation Science. 11: 413-420.

Reich, P.B.,D. Tilman, J. Craine, D. Ellsworth, M.G. Tjoelker, J. Knops, D. Wedin, S. Naeem, D. Bahauddin, J. Goth, W. Bengtson et T.D. Lee. 2001. Do Species and Functional Groups Differ in Acquisition and Use of C, N and Water under Varying Atmospheric CO2 and N Availability Regimes? A Field Test with 16 Grassland Species. New Phytologist. 150: 435-448.

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Van Riper, L.C. et D.L. Larson. 2009. Role of invasive Melilotus officinalis in two native plant communities. Plant Ecology. 200: 129-13.

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