Espèces sauvages 2010 : chapitre 16
Insectes : Mouches noires
Simuliidae - Famille d’insectes dans l’ordre des diptères. Cette famille comprend toutes les mouches diptères au corps trapu noirâtre, qui sucent le sang des humains, des mammifères et des oiseaux.
En bref
- Il existe plus de 1250 espèces connues de mouches noires dans le monde, dont 162 sont présentes au Canada.
- En excluant les espèces classées comme étant Disparue, Disparue de la région, Indéterminée, Non évaluée, Exotique ou Occasionnelle, la majorité (91%) des mouches noires au Canada est en sécurité à l’échelle nationale (au niveau du Canada), alors que 9% sont sensibles à l’échelle nationale.
- Les mouches noires sont présentes sur tous les continents, à l’exception de l’Arctique, et sont établies dans l’ensemble des provinces et des territoires au Canada.
- Les larves vivent dans l’eau vive. Elles extraient de fines particules de matières alimentaires de l’eau qui s’écoule à l’aide d’« éventails » spécialement formés sur leur tête.
- Seules les femelles piquent; les mâles se nourrissent surtout du nectar des plantes et sont rarement observés.
- La durée de vie moyenne d’une mouche noire est de trois semaines.
Contexte
Les mouches noires sont des insectes qui appartiennent à l’ordre Diptera, de la famille Simuliidae. Elles sont de petites (de 1 à 5 mm de long) mouches piqueuses de couleur noire, orange jaunâtre ou gris brunâtre. Il existe plus de 1250 espèces connues dans le monde, dont 162 ont été dénombrées au Canada. Les mouches noires sont présentes presque partout où il y a des rivières et des cours d’eau, car elles ont besoin d’eau vive pour les stades immatures de leur développement. Nous les trouvons partout au Canada, y compris dans les régions arctiques.
Les femelles ont des bouches spécialisées qui comprennent des « stylets » dentelés qu’elles utilisent pour couper la peau à la recherche d’un repas de sang. Les mâles ne piquent pas et sont rarement observés. Le mâle et la femelle dépendent tous deux du nectar des plantes comme source d’énergie pour voler, tandis que les femelles ont besoin de sang pour le développement des oeufs.
Les mouches noires pondent dans l’eau vive. La femelle produit de 150 à 600 oeufs qu’elle dépose directement sur les milieux de croissance dans l’eau (par exemple, roches, végétation) ou elle les laisse tomber dans l’eau pendant qu’elle vole (les oeufs s’établissent alors dans le sédiment). Les larves se fixeront aux pierres ou à la végétation dans l’eau vive à l’aide de crochets spécialisés. Elles ont des « éventails » articulés autour de leur bouche qui prennent de l’expansion afin d’attraper les débris au passage dans l’eau, comme les bactéries, les algues et les petits particules organiques. La larve avale les débris pris dans l’éventail, répétant ce processus à toutes les quelques secondes. Les larves se développent en pupes, phase inactive de développement durant laquelle elles ne se nourrissent pas. Les pupes se transforment en adultes et flotteront jusqu’à la surface de l’eau dans une bulle d’air produite lorsqu’elles émergent du stade de la pupe. Les adultes sont prêts à voler à leur sortie de l’eau. Les femelles adultes s’envoleront à la recherche d’un repas de sang et pondront leurs oeufs peu après. La durée de vie moyenne d’une mouche noire est de trois semaines.
La piqure des mouches noires cause des souffrances aux humains, de même qu’aux animaux sauvages et domestiques. La salive de certaines espèces contient une toxine qui, en grandes quantités, peut provoquer un choc anaphylactique et, dans de rares cas, la mort. Les agriculteurs sont particulièrement conscients des impacts potentiellement dévastateurs de certaines espèces de mouches noires. Une étude dans le nord de l’Alberta a révélé qu’une épidémie de la mouche noire Simulium arcticum en 1971 avait entraîné la mort de 973 vaches et une perte de poids de 45 kg par animal parmi celles qui ont survécu.
La pollution de l’eau agit sensiblement sur le succès de la reproduction des mouches noires. Donc, les mesures pour lutter contre les populations de mouches noires comportent habituellement la dispersion d’insecticides en amont de la zone de la rivière ou du cours d’eau qui est une aire de reproduction productive. De même, en raison de la susceptibilité des larves à la pollution organique et inorganique, les mouches noires sont souvent utilisées dans les études portant sur la surveillance environnementale de la contamination de l’eau douce.
État des connaissances
Dans le monde, les Simuliidae ont fait l’objet de peu de recherches et sont une famille relativement inconnue. La situation est très semblable au Canada. Par exemple, une expédition de recherche dans les Territoires du Nord-Ouest en 2006 organisée par Doug Currie du Musée Royal de l’Ontario a recensé 43 espèces de mouches noires, ce qui représente près du double de l’estimation précédente de 22 espèces pour la région. Plus de relevés devront être menés si nous voulons confirmer quelles espèces de mouches noires sont établies au Canada, de même que leur abondance et leur répartition.
Les travaux de Roger W. Crosskey et de Theresa M. Howard étaient jusqu’à récemment considérés comme la norme taxonomique. Depuis la parution de cette publication, cependant, les désaccords au sujet de la taxonomie se sont multipliés parmi les experts sur les mouches noires, ce qui se traduit par de nouveaux défis dans le domaine de la recherche sur les Simuliidae.
Richesse et diversité au Canada
La Colombie-Britannique est la province qui compte le plus grand nombre d’espèces de mouches noires (81 espèces, figure 16), suivie de l’Alberta (72 espèces), du Québec (66 espèces) et de l’Ontario (63 espèces). La Nouvelle-Écosse est la province qui compte le moins d’espèces de mouches noires (13 espèces).
Pleins feux sur Simulium giganteum
Simulium giganteum est connue en Amérique du Nord à partir d’un seul spécimen qui a été prélevé près d’Arviat (Nunavut). Il est difficile de déterminer si cette espèce et les autres espèces « rares » de mouches noires sont effectivement « rares » à cause des grandes difficultés associées à la réalisation de relevés complets dans les régions subarctiques et arctiques du Canada. Les superficies immenses du territoire conjuguées à l’absence de chemins font que les relevés coûtent cher. Beaucoup de recherches doivent être menées avant que nous puissions confirmer la répartition et l’abondance de Simulium giganteum. Dans le cadre de la situation générale, cette espèce a été classée dans la catégorie Indéterminée au niveau du Canada.
Résultats de l’évaluation de la situation générale
À l’échelle nationale, la plupart des espèces de mouches noires sont classées en sécurité (72%, 116 espèces, figure 16 et tableau 23). Toutefois, 12 espèces sont sensibles (7%) et 34 espèces ont été classées dans la catégorie Indéterminée (21%).
Classification nationale (Canada) |
Nombre et pourcentage d’espèces dans chaque catégorie de rang |
---|---|
0.2 Disparue | 0 (0%) |
0.1 Disparue de la région | 0 (0%) |
1 En péril | 0 (0%) |
2 Possiblement en péril | 0 (0%) |
3 Sensible | 12 (7%) |
4 En sécurité | 116 (72%) |
5 Indéterminée | 34 (21%) |
6 Non évaluée | 0 (0%) |
7 Exotique | 0 (0%) |
8 Occasionnelle | 0 (0%) |
Total | 162 (100%) |
Menace envers les mouches noires canadiennes
La principale menace connue envers les populations de mouches noires est la pollution de l’eau causée par l’activité industrielle et agricole. Les produits chimiques organiques et inorganiques rejetés dans les cours d’eau et les rivières peuvent nuire aux larves de mouches noires en aval et/ou les détruire. Parmi ces polluants, mentionnons les pesticides, les engrais et les effluents des mines et des usines de pâtes et papiers.
Conclusion
Ce rapport présente la première évaluation de la situation générale des espèces de mouches noires au Canada. D’importants progrès ont été réalisés dans le domaine de la recherche sur les Simuliidae. Toutefois, bien d’autres relevés, notamment dans les régions du nord du Canada, devront être menés pour confirmer la richesse et la diversité des mouches noires au Canada.
Pour en savoir plus
Adler, P. H., Currie, D. C. et Wood, D. M. 2004. The black flies (Simuliidae) of North America. Cornell University Press: 960 pp.
Blackflies Info. 2009. Taxonomy and Systematics of Simuliidae. (Consulté le 8 mars 2010).
Currie, D. C. et Adler, P. H. 2000. Update on a survey of the black flies (Diptera: Simuliidae) from the Northwest Territories and Nunavut Project. Arctic Insect News 11: 6-9.
The Canadian Encyclopedia Online. 2010. Black flies. (Consulté le 4 mars 2010). [en anglais seulement]
Références
Biological Survey of Canada. 2006. A preliminary assessment of Subarctic black fly diversity (Diptera: Simuliidae) in Norman Wells and environs, Northwest Territories. Newsletter of the Biological Survey of Canada (Terrestrial Arthropods) 25. (Consulté le 8 mars 2010). [en anglais seulement]
Crosskey, R. W. et Howard, T. M. 2004. A revised taxonomic and geographical inventory of world blackflies (Diptera: simuliidae). Department of Entomology, The Natural History Museum, Cromwell Road, London.
Currie, D. C. and Adler, P. H. 2008. Global diversity of black flies (Diptera: Simuliidae) in freshwater. Hydrobiologia 595: 469-475. (Consulté le 8 mars 2010). [en anglais seulement]
Fauna Europaea. 2009. Simulium (Schoenbauria) giganteum. (Consulté le 9 mars 2010). [en anglais seulement]
The Red Path Museum. 2010. The Canadian Biodiversity Website. Insects – Black flies / Family Simuliidae. (Consulté le 8 mars 2010). [en anglais seulement]
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