Étude 2017 sur la protection du caribou des bois (Rangifer tarandus caribou), population des montagnes du sud : chapitre 2

2 Examen biologique et contexte de l’Étude

2.1 Taille et tendances des populations

Dans l’AENMS, le programme de rétablissement fédéral reconnaît 24 populations locales de caribous, dont 21 se trouvent entièrement ou en grande partie en Colombie-Britannique et trois se trouvent entièrement ou en grande partie en Alberta. Dans le programme de rétablissement fédéral, la notion de population locale sert à regrouper des sous-populations dont on présume qu’elles formaient une seule population par le passé. Certaines populations locales ne sont constituées que d’une seule sous-population, qu’on appelle aussi une harde.

Dans le programme de rétablissement fédéral, les populations locales ont été délimitées et cartographiées selon deux méthodes différentes. Pour le groupe du Sud (appelé « caribou des montagnes » en Colombie-Britannique), les limites des populations locales sont celles qui ont été établies dans le MCRIP de la Colombie-Britannique pour délimiter de grandes « unités de gestion du caribou des montagnes » contiguës regroupant des sous-populations à l’intérieur de limites administratives. Les populations locales ainsi délimitées couvrent souvent de grandes régions qui ne sont pas actuellement occupées par le caribou ainsi que de l’habitat matricielnote7.

Pour les groupes du Nord et du Centre, les populations locales ont été délimitées selon les connaissances sur les zones actuellement ou récemment (30 dernières années environ) occupées par les sous-populations de caribous des montagnes du Sud. ECCC considérait ces connaissances comme la meilleure information disponible au moment où le programme de rétablissement a été préparé. Ainsi, les limites des populations locales des groupes du Nord et du Centre correspondent généralement aux limites des sous-populations qu’elles englobent.

Le groupe du Sud occupe la zone humide de l’intérieur sud de la Province. Dans cette région, le caribou est adapté à la neige profonde, se nourrit presque exclusivement de lichens arboricoles durant l’hiver et effectue une migration saisonnière vers de plus basses altitudes pour se nourrir de végétation verte au début du printemps et pour éviter la neige non consolidée au début de l’hiver (Apps et al., 2001).

Les caribous des groupes du Nord et du Centre utilisent des aires d’hivernage où la neige est peu profonde dans des pinèdes à lichens en basse altitude ou sur des crêtes en haute altitude balayées par le vent, où ils creusent dans la neige pour trouver des lichens terrestres. Le groupe du Centre et le groupe du Nord se distinguent moins par des différences comportementales que par leurs caractéristiques génétiques et la barrière physique que constitue la rivière de la Paix (COSEWIC, 2014).

Les trois populations locales du groupe du Centre qui se trouvent en grande partie ou entièrement en Colombie-Britannique et qui sont visées par la phase 1 de la présente étude sont celles de Pine River, de Quintette et de Narraway. Des six sous-populations qui forment ces trois populations locales, une a disparu (Burnt Pine) et au moins trois autres connaissent des déclins à long terme (tableau 1).

Tableau 1. Effectif a et tendance des sous populations de caribous des montagnes du Sud au Canada (Colombie-Britannique [C.-B.] et Alberta [Alb.]).
Groupe #b Prov. Population locale Sous population Estimation de l’effectifc - Estimation Estimation de l’effectifc - Année Tendance de l’effectifd - Actuelle Tendance de l’effectifd - Long terme
Groupe du Nord 1 C.-B. Chilcotin Rainbows 50e 2008 En baisse En baisse
Groupe du Nord 1 C.-B. Chilcotin Charlotte Alplands 21f 2001 En baisse En baisse
Groupe du Nord 1 C.-B. Chilcotin Itcha-Ilgachuz 1 350g 2016 En baisseh Stablei
Groupe du Nord 2 C.-B. Tweedsmuir Tweedsmuir 165j 2016 En baissek En baisse
Groupe du Nord 3 C.-B. Telkwa Telkwa 16l 2016 En baisse En baisse
Groupe du Nord 4 C.-B. Takla Takla 70 2015 En baissem Inconnuen
Groupe du Nord 5 C.-B. Wolverine Wolverine 362o 2016 En hausse Stable
Groupe du Nord 6 C.-B. Chase Chase 475p 2009 Inconnue Inconnue
Groupe du Nord 7 C.-B. Graham Graham 298q 2016 Stable ou En baisser Inconnues
Groupe du Nord   C.-B. Groupe du Nord Total - 2 807 - Inconnue Inconnue
Groupe du Centre 8 C.-B. Pine River Scott 54t 2016 En hausseu Inconnue
Groupe du Centre 8 C.-B. Pine River Moberly 54t 2016 - -
Groupe du Centre 8 C.-B. Pine River Kennedy Siding 50v 2016 Stable En baisse
Groupe du Centre 8 C.-B. Pine River Burnt Pine 0w 2013 Sous pop. disparue -
Groupe du Centre 9 C.-B. Quintette Quintette 62x 2016 En baisse En baisse
Groupe du Centre 10 C.-B. et Alb. Narraway Narraway 53y 2016 En baisse En baisse
Groupe du Centre 11 Alb. Redrock-Prairie Creek Redrock-Prairie Creek 127 2012 En baisse En baisse
Groupe du Centre 12 Alb. A La Peche A La Peche 88 2012 En baisse En baisse
Groupe du Centre 13 Alb. Jasper-Banff Tonquin 34 2014 En baisse En baisse
Groupe du Centre 13 Alb. Jasper-Banff Maligne <5z 2014 En baisse En baisse
Groupe du Centre 13 Alb. Jasper-Banff Brazeau 15aa 2014 En baisse En baisse
Groupe du Centre 13 Alb. Jasper-Banff Banff 0 2009 Sous pop. disparue -
Groupe du Centre - C.-B./ AB Groupe du Centre Total - 488 - En baisse En baisse
Groupe du Sud 14 C.-B. Hart Ranges Hart Ranges 375bb 2016 En baissecc En baisse
Groupe du Sud 15 C.-B. Upper Fraser North Cariboo Mountains 146dd 2016 En baisse En baisse
Groupe du Sud 15 C.-B. Upper Fraser George Mountainee 0 2004 Sous pop. disparue -
Groupe du Sud 15 C.-B. Upper Fraser Narrow Lake 36ff 2016 Stablegg En baisse
Groupe du Sud 16 C.-B. Mount Robson Mount Robsonhh 0 - S.O. S.O.
Groupe du Sud 17 C.-B. Quesnel Highlands Barkerville 72ii 2016 En baissejj En hausse
Groupe du Sud 17 C.-B. Quesnel Highlands Wells Gray (North) 200kk 2015 En baisse En baisse
Groupe du Sud 18 C.-B. Wells Gray-Thompson Wells Gray (South) 121ll 2015 En baisse En baisse
Groupe du Sud 18 C.-B. Wells Gray-Thompson Groundhog 19 2016 En haussemm En baisse
Groupe du Sud 19 C.-B. Revelstoke-Shuswap Columbia North 152nn 2013 En baisse En baisse
Groupe du Sud 19 C.-B. Revelstoke-Shuswap Frisby-Boulder 11 2013oo En baisse En baisse
Groupe du Sud 19 C.-B. Revelstoke-Shuswap Columbia South 4 2016pp En baisse En baisse
Groupe du Sud 20 C.-B. Kinbasket Central Rockies 3qq 2008 En baisserr En baisse
Groupe du Sud 21 C.-B. South Monashee Monashee 1 2016 Sous pop. disparuess -
Groupe du Sud 22 C.-B. Central Kootenay Central Selkirkstt 35 2016uu En baisse En baisse
Groupe du Sud 23 C.-B. Southwest Kootenay South Selkirks 12vv 2016 En baisse En baisse
Groupe du Sud 24 C.-B. Southeast Kootenay Purcells Central 0 2005  Sous pop. disparue -
Groupe du Sud 24 C.-B. Southeast Kootenay Purcells South 16ww 2016 Stable En baisse
Groupe du Sud   C.-B. Groupe du Sud Total - 1 205 - En baisse En baisse

Total pour l’AENMS = 4 500 Estimation de la population

a  L’effectif d’une sous population est une estimation du nombre total d’individus dans la sous population.

b  « No » correspond au numéro de chaque population locale indiqué à la figure 4.

c À moins d’indication contraire, les estimations de l’effectif sont fondées sur les données de relevés et comprennent toutes les classes d’âge.

d La tendance actuelle est fondée sur des entrevues avec des experts gouvernementaux. La tendance à long terme correspond aux tendances sur trois générations (27 ans) établies à partir des données de relevés pour les groupes du Sud et du Nord et des indices vitaux de la population (mortalité des adultes porteurs d’un collier émetteur, recrutement de faons à la fin de l’hiver) pour le groupe du Centre et la sous population Tweedsmuir du groupe du Nord.

e L’estimation totale de 50 individus est fondée sur un total de 44 caribous observés (38 adultes et 6 faons) durant un relevé de l’abondance absolue (Freeman, 2009). Cette sous population fera de nouveau l’objet d’un relevé en octobre 2016 (N. Dodd, comm. pers., 2016)

f Les 23 caribous (7 mâles adultes, 12 femelles adultes et 4 faons) observés représentent un nombre minimal (Young et al., 2001); compte tenu du vaste territoire sur lequel on observe de petits groupes de caribous de la harde Charlotte Alplands, la variabilité des observations faites durant les relevés n’est pas inattendue (c.-à-d. que certains caribous n’ont sans doute pas été observés) (N. Dodd, comm. pers., 2016). Le nombre de génitrices a diminué, passant de 29 en 1993 à 12 en 2001 (Young et al., 2001). D’après les observations anecdotiques de 6 et de 9 individus en 2009, la sous population a probablement diminué, de sorte qu’il est raisonnable de supposer qu’elle compte actuellement moins de 25 individus (N. Dodd, comm. pers., 2016)

g L’estimation de 1 350 individus en 2014 était fondée sur un relevé de l’abondance absolue par marquage réobservation (Dodd, en préparation).

h La tendance de l’effectif à court terme est à la baisse (baisse de 51,8 % de 2003 à 2014), et la tendance actuelle selon les relevés effectués en 2012 et 2014 est une baisse de 15,6 % (Dodd, en préparation).

i La tendance de l’effectif à long terme (1994-2014) est stable, l’effectif n’ayant diminué que de 3,6 % durant cette période. Bien que la tendance sur 20 ans porte à croire que l’effectif de la harde de caribous Itcha Ilgachuz est stable, il a en fait augmenté entre la fin des années 1990 et le début des années 2000, passant d’environ 1 500 individus en 1995 à un maximum de 2 800 individus en 2003. Depuis, l’effectif a constamment baissé et semble actuellement être semblable à ce qu’il était au début des années 1990 (Dodd, en préparation).

j Ce nombre est en plein milieu de la fourchette d’estimation de 150 180. La limite inférieure est fondée sur une analyse de marquage recapture (avec colliers), et la limite supérieure reste à confirmer. Les estimations sont fondées sur des relevés effectués en octobre 2015 et en mars 2016 et une analyse de marquage recapture effectuée dans le cadre du relevé de l’automne 2015. Le nombre de caribous dénombrés (effectivement observés) le 16 mars 2016 était de 120 (A. Roberts, comm. pers., 2016)

k L’évaluation actuelle de la tendance de l’effectif indique qu’il continue de diminuer (A. Roberts, comm. pers., 2016).

l J. Campbell, comm. pers., 2016

m L’effectif de la harde Takla a diminué de 44 % de 2004 à 2012, soit d’environ 7 % par année. On ignore pourquoi l’effectif de cette harde semble diminuer malgré un recrutement de faons raisonnablement élevé (les faons constituent de 17 à 20 % de l’effectif). La diminution de l’effectif n’était pas uniforme dans les différentes parties de l’aire de répartition de la harde (Seip, 2015).

n Les récentes estimations de l’effectif comprennent un dénombrement minimal de 102 caribous en 1998 (Poole et al., 2000), un dénombrement de 125 en 2004 (Wilson et al.) et un dénombrement de 70 en 2012 (Klohn Crippen Berger Ltd).

o Au total, 258 caribous ont été dénombrés dans l’aire d’étude, dont 6 faons/100 femelles adultes et 31 mâles adultes/100 femelles adultes. En appliquant les facteurs de correction pour la détectabilité et la superficie couverte, on obtient une estimation de l’effectif de 362 caribous dans l’aire de répartition de la harde Wolverine (Hansen et Paterson, 2016)

p Un relevé effectué en 2010 a donné une estimation de 347 caribous, mais l’estimation retenue est celle du relevé de 2009 (COSEWIC, 2014)

q L’estimation de l’effectif est fondée sur un inventaire aérien effectué à la fin de l’hiver dans des complexes alpins de l’aire d’hivernage principal de la harde Graham (12 blocs de relevé situés entre la crête Butler et la rivière Halfway), une estimation de la détectabilité et la prise en compte de la proportion de l’échantillon de caribous munis d’un collier se trouvant hors des blocs de relevé au moment de l’inventaire (Culling et Culling, 2016)

r Un recrutement de faons de 12 % (si l’on présume 50 % de femelles) et une mortalité des femelles adultes de 7-10 % indiquent une tendance de l’effectif à court terme stable à légèrement en baisse (λ = 1,01-0,98) (Culling et Culling, 2016)

s Selon COSEWIC (2014), la tendance à long terme de 1989 à 2009 était stable; l’effectif était estimé à 708 caribous en 2009. Par contre, de 2009 à 2016, l’effectif de la harde Graham a diminué de 58 %, soit de 708 à 298 individus.

t Il s’agit de l’effectif combiné des sous populations Scott et Moberly (Seip et Jones, 2016). En 2013, les effectifs des sous populations Scott et Moberly ont été estimés à 20-40 et à 16 caribous, respectivement (Seip et Jones). COSEWIC (2014) donne une estimation de 22 caribous pour la sous population Moberly en 2014.

u Le taux élevé de survie des adultes et le taux de recrutement de faons relativement élevé se sont traduits par une hausse de l’effectif par rapport à l’estimation de 42 caribous en 2015. L’amélioration de l’état de la population résulterait de la combinaison de mise en enclos de femelles gestantes et de contrôle des loups en 2015 (Seip et Jones, 2016).

v Dénombrement par appareils photo détecteurs de mouvement. Le nombre de caribous dénombrés (50) en 2016 était le même qu’en 2015 et semblable aux autres estimations faites depuis 2011 (p. ex. 41 en 2013, d’après Seip et Jones), ce qui indique que l’effectif de la harde Kennedy Siding est resté stable ces dernières années. L’effectif dénombré en 2015 est cependant beaucoup plus faible que les 120 caribous dénombrés en 2007 (Seip et Jones, 2016)

w Le dernier caribou observé dans la région de Burnt Pine était une femelle adulte sans collier aperçue en mars 2013 qui aurait pu appartenir à la harde Kennedy Siding, et rien n’indique qu’il reste des caribous qui fréquentent le chaînon Burnt Pine toute l’année (Seip et Jones, 2013). Le suivi continu de la population permettra de confirmer si cette sous population a disparu (COSEWIC, 2014).

x Cette estimation tient compte de la détectabilité. Le relevé a permis de dénombrer 39 caribous, dont 33 dans la zone d’inventaire en haute altitude (Seip et Jones, 2016). L’effectif a été estimé à 114-129 en 2013 (Seip et Jones) et à 106 (98-113) en 2014 (COSEWIC, 2014). Selon les récentes estimations, l’effectif a diminué de 58 % de 2014 à 2016.

y Estimation de l’effectif du sous groupe Bearhole-Redwillow (minimum de 18) : 18 caribous ont été dénombrés (excluant les caribous de la harde Quintette), ce qui est comparable aux dénombrements des récentes années et cadre bien avec une baisse continue de l’effectif; 49 caribous dénombrés et effectif estimé à 80 en 2008 (Seip et Jones, 2016) et à 24 en 2013 (Seip et Jones). Estimation de l’effectif du sous groupe South Narraway (minimum de 35) : 35 caribous ont été dénombrés, dont 5 faons, soit un taux de recrutement de faons de 14,3 %. Il s’agit d’une baisse du nombre de caribous dénombrés par rapport à au moins 102 caribous en 2008 (Seip et Jones, 2016) et à 50 en 2013 (Seip et Jones).

z Pas plus de 5 caribous à la fois ont été observés depuis quelques années (L. Neufeld, comm. pers., 2016).

aa Cette estimation de l’effectif est fondée sur un dénombrement de 13 caribous (L. Neufeld, comm. pers., 2016).

bb Cette estimation de l’effectif s’applique aux sous populations Hart South (246) et Parsnip (129) (Klaczek et Heard, 2016).

cc Selon les résultats de relevés, les sous populations Hart South et Parsnip auraient diminué de 40-50 % depuis une décennie; depuis 2012, l’effectif de la sous population Hart South a baissé de 40 % et celui de la sous population Parsnip est resté stable (Klaczek et Heard, 2016).

dd Recensement des caribous dans les blocs Sugar Bowl et Haggen seulement. Selon les résultats de relevés, la sous population North Cariboo Mountain aurait diminué de 40-50 % depuis une décennie et semble stable depuis 2012 (Klaczek et Heard, 2016).

ee L’aire de répartition de cette harde n’est plus gérée en fonction du caribou par la Province de la Colombie-Britannique.

ff 42 caribous avaient été observés en 2014 (Courtier et Heard, 2014).

gg Selon les résultats de relevés, la sous population Narrow Lake aurait diminué de 40-50 % depuis une décennie et semble stable depuis 2012 (Klaczek et Heard, 2016).

hh L’aire de répartition de la population locale Mount Robson comprend seulement de petites parties des aires de répartition des sous populations Tonquin et A La Peche du groupe du Centre; les estimations des effectifs et des tendances de ces sous populations sont incluses dans celles du groupe du Centre. La population locale Mount Robson n’était pas visée par l’évaluation et le rapport de situation du COSEPAC (2014).

ii 51 caribous ont été dénombrés, et on a estimé l’effectif (72) en appliquant un facteur de correction (0,709) propre à la sous population Barkerville pour tenir compte de la détectabilité des caribous (N. Dodd, comm. pers., 2016).

jj L’estimation de 2012 était de 90 caribous, dont 75 ont été dénombrés (N. Dodd, comm. pers., 2016).

kk 164 caribous ont été dénombrés, et l’application du facteur de correction (0,857) pour tenir compte de la détectabilité des caribous a donné une estimation de 191 caribous. L’estimation subjective de l’effectif, tenant compte de pistes fraîches de caribous invisibles en raison de la végétation, était de 200 caribous (N. Dodd, comm. pers., 2016).

ll Le plus récent dénombrement complet de la sous population Wells Gray (South) a été effectué en 2013 (133 caribous). Un dénombrement partiel a été effectué en 2015 et a permis, après extrapolation, d’estimer l’effectif à 121 caribous (J. Surgenor, comm. pers., 2016).

mm L’effectif de la sous population Groundhog a été estimé à 14 caribous en 2015 et à 19 caribous en 2016 (J. Surgenor, comm. pers., 2016).

nn Cette estimation comprend les caribous directement dénombrés (148) et ceux dont on a observé les pistes (4). L’estimation ne tient pas compte de la détectabilité (Legebokow et Serrouya, 2013).

oo Il s’agit des caribous directement dénombrés (11), pas d’une estimation tenant compte de la détectabilité (Legebokow et Serrouya, 2013).

pp S. Boyle, Agence Parcs Canada (parcs nationaux du Mont Revelstoke et des Glaciers), comm. pers., 2016.

qq Il s’agit des caribous directement dénombrés (3), pas d’une estimation tenant compte de la détectabilité (Legebokow et Serrouya, 2013).

rr Selon Serrouya et al. (2014), cette population locale est peut être disparue.

ss Un caribou était associé à un petit réseau de pistes observé, et l’équipe ayant effectué le relevé était persuadée qu’il s’agissait du seul caribou présent au site. L’équipe a conclu qu’il ne restait qu’un seul caribou dans l’aire de répartition récente connue de la harde South Monashee et que celle ci est fonctionnellement disparue (van Oort et Laubman, 2016). Trois caribous ont été observés en 2013 (Legebokow et Serrouya, 2013).

tt Depuis 2005, la sous population Central Selkirk a été divisée en deux blocs, soit les blocs Nakusp et Duncan. Toutefois, depuis 2010, des caribous ont été régulièrement observés entre ces blocs et, en principe, ils n’appartiennent pas à l’un ou à l’autre de ces blocs. C’est pourquoi le ministère des Forêts, des Terres et de l’Exploitation des ressources naturelles de la Colombie-Britannique est revenu à la convention d’utiliser le terme « Central Selkirks » sans division en blocs (DeGroot, 2014). Ainsi, l’estimation de 35 individus comprend les caribous des blocs Nakusp et Duncan.

uu L’effectif de la sous population a diminué d’environ 50 % de 1999 à 2002, puis est resté relativement stable durant une décennie. Les résultats de l’inventaire de 2016 montrent une baisse de l’effectif de 40 % par rapport à l’inventaire précédent réalisé en 2012, et de 77 % par rapport au milieu des années 1990, lorsque les travaux d’inventaire exhaustif ont débuté (DeGroot, 2014).

vv Dénombrement total de la sous population. Tous les caribous se trouvaient en Colombie-Britannique au moment du relevé. Les caribous de cette sous population passent la majeure partie de leur temps au Canada, ne se déplaçant qu’occasionnellement aux États Unis (L. DeGroot, comm. pers., 2016).

ww L. DeGroot, comm. pers., 2016.

Depuis 2016, l’effectif total des sous-populations existantes de caribous des bois du groupe du Centre en Colombie-Britannique était estimé à 219 individus (Seip et Jones, 2016). Non seulement la sous-population Burnt Pine a disparu avant 2015, mais les sous-populations qui restent, à l’exception de la harde Moberly, ont vu leurs effectifs diminuer d’au moins 50 % depuis dix ans. La sous-population Moberly a augmenté depuis 2014, probablement grâce à la combinaison de mise en enclos des femelles gestantes et de contrôle des loups; toutefois, la taille actuelle de cette sous-population représente moins de 25 % de sa taille estimée en 1997 (Seip et Jones 2016).

Les relevés montrent que le taux de survie des femelles adultes et le taux de recrutement de juvéniles sont trop faibles la plupart des années pour maintenir des populations stables. Comme ailleurs, la prédation par le loup est la principale cause de mortalité des femelles adultes (Seip et Jones, 2016). Voici les principaux facteurs, mis en évidence ou proposés, expliquant la prédation accrue exercée par le loup :

  • la perte et la perturbation de l’habitat en haute altitude, ce qui pousse les caribous à descendre où ils courent un plus grand risque de rencontrer des loups et d’autres prédateurs (BC Ministry of Environment, 2013);
  • l’augmentation de la densité des structures linéaires, que les loups utilisent pour chasser et qui leur permettraient d’accroître leur capacité d’exploitation du caribou (Dickie et al., 2016);
  • l’augmentation de la végétation de début de succession, ce qui entraîne des hausses des populations d’orignaux, de cerfs et de wapitis et, par conséquent, une hausse du nombre de loups (Latham et al., 2011; Serrouya, 2013);
  • les températures hivernales plus chaudes, qui favorisent la survie hivernale des cerfs et procurent ainsi plus de proies pour les loups, ce qui entraîne une hausse des populations de loups (Dawe et Boutin, 2016);
  • la pression de chasse et de piégeage généralement faible exercée sur le loup, de sorte que ses populations sont actuellement plus élevées que celles qu’on a observées durant la majeure partie du 20e siècle, lorsque les prix des fourrures étaient plus élevés et que le contrôle des loups était généralisé et intensif (BC Ministry of Forests, Lands and Natural Resource Operations, 2014).

Ces vastes changements dans le paysage et le climat ont peut-être aussi des incidences sur la santé et la nutrition du caribou (p. ex. Parker et al., 2009) ainsi que sur les effectifs des populations d’autres prédateurs comme l’ours noir (p. ex. DeMars, 2015). Beaucoup de recherches sont en cours sur l’importance relative de ces facteurs pour expliquer les taux de prédation des caribous par les loups, car la protection de l’habitat à elle seule ne permet pas de gérer tous les facteurs.

2.2 Objectifs en matière de population et de répartition

2.2.1 Objectifs fédéraux visant le caribou

Le programme de rétablissement fédéral mentionne que :

« Pour orienter les mesures de rétablissement, les objectifs en matière de population et de répartition sont, dans la mesure du possible, de :

  • Mettre fin au déclin des effectifs et de la superficie de l’aire de répartition de toutes les populations locales;
  • Maintenir la superficie actuelle des aires de répartition dans toutes les populations locales;
  • Accroître les effectifs de toutes les populations locales de manière à rendre ces populations autosuffisantes et, lorsque cela est approprié et réalisable, de manière à ce qu’elles puissent supporter une chasse réservée ou donnant priorité aux peuples autochtones.

Les populations locales sont considérées comme étant autosuffisantes lorsque les conditions suivantes sont remplies :

  • la population locale présente en moyenne un taux de croissance stable ou à la hausse à court terme (≤ 20 ans) et est suffisamment importante pour supporter des phénomènes aléatoires et persister à long terme (≥ 50 ans) sans nécessiter de mesures de gestion active continues;
  • on note une augmentation qui ramène les effectifs à au moins 100 caribous dans les populations locales qui comptent actuellement moins de 100 caribous, cela sans observer de réduction du nombre de caribous au sein des populations locales qui comptent actuellement plus de 100 caribous. »

2.2.2 Objectifs de la Colombie-Britannique visant le caribou

Le but visé en matière de population et de répartition, et son échéancier, qui sont établis pour le caribou nordique de la région de South Peacenote8 dans le document provincial intitulé Implementation Plan for the Ongoing Management of South Peace Northern Caribou in British Columbia (B.C. Ministry of Environment, 2013), sont les suivants :

Augmenter la population du caribou nordique de la région de South Peace à ≥ 1 200 animaux dans l’aire de répartition en moins de 20 ans.

Les objectifs de mise en œuvre du plan de la Colombie-Britanniquee sont les suivants :

  1. Protéger 90 % de l’habitat d’hivernage désigné en haute altitude dans l’aire de répartition du caribou nordique de la région de South Peace :
    • protéger ≥ 90 % de l’habitat d’hivernage désigné en haute altitude dans les aires de répartition des hardes Graham, Moberly, Burnt Pine, Scott, Kennedy Siding et Narraway;
    • protéger ≥ 80 % de l’habitat d’hivernage désigné en haute altitude dans l’aire de répartition de la harde Quintette.
  2. Gérer la population de caribous nordiques de la région de South Peace afin de contrer les menaces ne touchant pas l’habitat (p. ex. prédation) qui pèsent sur certaines hardes de caribous nordiques de la région de South Peace.
  3. Dans toutes les aires de répartition, gérer l’empreinte industrielle dans les habitats désignés en haute et en basse altitude en imposant des pratiques normalisées de gestion de l’activité industrielle dans tous les secteurs de l’industrie afin de réduire ou d’interdire les perturbations en surface et l’altération de l’habitat, et d’assurer des conditions viables à long terme pour l’habitat du caribou.
  4. Dans toutes les aires de répartition, surveiller la conformité et l’efficacité des mesures de gestion, et apporter les modifications nécessaires en vue de l’atteinte du but visé en matière de population et de répartition.

2.3 Mesures de rétablissement

La Colombie-Britannique a beaucoup contribué à la protection et au rétablissement du caribou des montagnes du Sud, et y a grandement investi. Ces contributions, qui comprennent l’investissement dans des mesures de rétablissement direct, ont nécessité des collaborations étroites avec des intervenants et des collectivités des Premières Nations ainsi qu’une analyse de l’ensemble des répercussions, de manière à trouver un équilibre entre les facteurs environnementaux, sociaux et économiques.

Le montant exact des coûts indirects pour la Couronne découlant des quelconques nouvelles mesures de protection, sous la forme de pertes de loyer en rapport avec l’exploitation de ressources, est actuellement inconnu, mais il devra être analysé avec soin pour éviter tout impact injustifié sur les activités d’exploitation des ressources. Par exemple, les impacts potentiels sur les secteurs minier, pétrolier, gazier et forestier dans l’aire de répartition du caribou des montagnes du Sud représenteraient une perte d’environ 30 à 40 milliards de dollars en investissements de capital seulement, sans compter les retombées associées, dont la création d’emplois.

Les mesures prises par la Colombie-Britannique, à titre d’autorité responsable, sont basées sur des recherches et des inventaires effectués dans la région. Les investissements directs liés aux sous-populations de caribous des montagnes du Sud, consentis par le gouvernement provincial, l’industrie, les programmes de compensation, les peuples autochtones, le gouvernement fédéral et les intervenants, se sont élevés à plus de 12,5 millions de dollars au cours des 10 dernières années seulement.

La détermination et la gestion de l’habitat convenant au caribou font partie intégrante des mesures de rétablissement de la Colombie-Britannique, comme le décrivent des sections ultérieures de l’Étude. Les plans provinciaux et le programme de rétablissement fédéral reconnaissent que la protection de l’habitat à elle seule ne peut pas contrer les causes actuelles du déclin des populations de caribous. Les baisses de population résultent d’une interaction complexe entre les impacts historiques sur l’habitat, les pratiques actuelles d’utilisation des terres, les effets probables des conditions climatiques et la dynamique prédateurs proies interagissantes.

Selon la Colombie-Britannique, l’ensemble complet de processus éloignés et immédiats menant aux déclins doit être examiné dans le respect des contraintes acceptables pour les peuples autochtones, les intervenants locaux et le grand public.

Les gestionnaires des espèces sauvages et les biologistes ne s’entendent pas tous à savoir si le rétablissement des petites sous-populations de caribous en déclin est possible en présence de telles contraintes. À ce jour, aucune administration au Canada n’a mis en œuvre un programme ayant réussi à rétablir durablement des populations de caribous à l’échelle du paysage.

Malgré ces incertitudes, la Colombie-Britannique a pris les mesures de gestion suivantes pour le rétablissement du caribou des montagnes du Sud.

2.3.1 Contrôle des prédateurs

La prédation par le loup, le cougar et l’ours est le plus important facteur immédiat qui influe sur la viabilité de nombreuses hardes de caribous. L’élimination directe de certains prédateurs s’est faite par le biais de la libéralisation de la chasse et du piégeage saisonniers, du tir aérien de loups et de l’expansion des limites de prise de cougars à proximité de nombreuses hardes de caribous, particulièrement dans le centre de la Colombie-Britannique. Toutes les unités de gestion faunique (UGF) qui chevauchent les aires de répartition de hardes ou sont situées à proximité de celles-ci ont des saisons de chasse et de piégeage prolongées et une limite de prises de loups plus élevée. Dans la région de Kootenay (groupe du Sud), une formation en piégeage et un programme de récupération des carcasses ont été offerts de 2008 à 2012 afin d’accroître les habiletés des trappeurs à piéger des loups et de susciter leur intérêt pour cet animal. Cette initiative a effectivement stimulé l’intérêt des trappeurs, mais on y a mis fin parce qu’elle a seulement permis d’éliminer des meutes partielles; de plus, les analyses isotopiques effectuées sur les carcasses pour déterminer la proportion de caribou dans l’alimentation des loups étaient en grande partie non concluantes.

2.3.2 Élimination de loups par voie aérienne

Dans deux régions (South Peace et South Selkirk), on procède annuellement à l’élimination de loups par voie aérienne durant l’hiver depuis janvier 2014. L’objectif est d’éliminer 80 % ou plus des loups dans ces régions. Dans la région de South Selkirk (groupe du Sud), il y avait un total de quelque 16 loups appartenant à 4 meutes distinctes, et 9 de ces loups (2 meutes) ont été éliminés. Dans la région de South Peace (groupe du Centre), on a estimé un total de 166 loups provenant de 17 meutes, et 140 de ces loups (14 meutes) ont été éliminés. Un volet du programme d’élimination comprend le piégeage de loups vivants en automne et au début de l’hiver afin de leur poser des colliers émetteurs. Si des loups munis d’un collier émetteur se trouvent dans chaque meute, il est possible de confirmer le chevauchement avec l’habitat du caribou et de mieux situer les meutes aux fins d’élimination. Le programme d’élimination se veut quinquennal; il serait donc prématuré d’évaluer ses bénéfices pour les sous-populations locales de caribous. Cependant, il y a des raisons de penser que l’élimination de loups dans la région de South Peace a contribué à la réussite du projet de mise en enclos des femelles gestantes et à une augmentation du nombre de caribous de la sous-population Moberly. Les résultats demeurent peu concluants. Le programme d’élimination par voie aérienne a coûté environ 1,5 million de dollars, en plus du temps consacré par les employés gouvernementaux.

2.3.3 Mesures indirectes – stérilisation des couples dominants (alpha)

De 2001 à 2012, un projet pilote de stérilisation des loups a été entrepris dans l’aire de répartition de la population locale Quesnel Highlands, qui fait partie du groupe du Sud. La stérilisation des loups adultes mâles et femelles a mis un terme à la reproduction, limitant ainsi fortement le taux d’augmentation des populations de loups. En date de 2008, de 39 à 77 % des meutes de loups avaient été stérilisées, et la densité des loups a été réduite de 39 à 48 % de 2009 à 2012. Les études radiotélémétriques des loups ont indiqué que les adultes stérilisés ont maintenu leur territoire, affiché des taux de survie normaux et conservé leurs liens de couples. Cependant, il n’y a aucun changement en ce qui concerne le recrutement des caribous de Quesnel Highlands. La prise d’orignaux a été augmentée après 2001 dans le but de réduire la biomasse de proies des loups, mais les effets sur la population d’orignaux n’ont pas été évalués adéquatement. Selon une évaluation indépendante, il a été recommandé de poursuivre avec un programme de stérilisation légèrement modifié, mais les obstacles posés par la logistique et la sécurité du personnel se sont révélés insurmontables. Le programme de stérilisation a coûté environ 760 000 $, en plus du temps des employés gouvernementaux.

2.3.4 Réduction des proies principales

Un programme de réduction visant un prédateur (loup) et sa proie principale (orignal) est en vigueur dans la région de Kootenay (région de Revelstoke, secteurs de gestion de la faune provinciaux no 4-39 et 4-38) depuis 2003. Le nombre d’orignaux a été réduit par le biais de la chasse sportive, passant de 1 650 (1,58/km2) en 2003 à 286 (0,27/km2) en 2014. Ce déclin a entraîné une réduction des loups, dont le nombre est passé de 30/10 000 km2 à environ 12/10 000 km2 en 2014. De 2003 à 2014, la sous population de caribous Columbia North s’est stabilisée et pourrait avoir augmenté. D’autres populations de caribous de taille semblable se trouvant à proximité, mais à l’extérieur de la zone de réduction de la population d’orignaux, ont décliné durant cette période (p. ex. Wells Gray et Central Selkirks). Le projet pilote de réduction des orignaux a coûté quelque 600 000 $, en plus du temps des employés gouvernementaux.

2.3.5 Mise en enclos des femelles gestantes

La prédation est considérée comme le principal facteur immédiat limitant la croissance des populations de caribous des montagnes du Sud. La plus grande partie de la prédation a lieu au printemps, dans les six semaines suivant la mise bas. Le fait que les femelles et les veaux soient mis en enclos à ce moment peut protéger les veaux contre le grizzli, l’ours noir, le carcajou, le cougar et le loup. Les conséquences écologiques de l’élimination d’une telle variété d’espèces ne sont pas envisageables. Plutôt que d’éliminer un grand nombre de prédateurs pour obtenir de petits gains progressifs relativement à la survie du caribou, D’autres mesures seront envisagées afin de réduire la mortalité des veaux .

Des projets de mise en enclos des femelles gestantes sont en cours dans les zones des sous-populations Moberly (groupe du Centre) et Columbia North (groupe du Sud). Les résultats initiaux indiquent que les enclos sont efficaces lorsqu’ils sont combinés au contrôle des prédateurs dans les zones à proximité des enclos. Ces essais ont été conçus pour une durée de cinq ans. Les projets ont coûté environ 3,6 millions de dollars au total, dont environ 220 000 $ de dépenses en capital , en plus du temps non calculé des employés gouvernementaux.

Les employés provinciaux travaillant dans la zone visée par le MCRIP collaborent avec les biologistes de l’Idaho Fish and Game, du Washington Department of Wildlife, la tribu Kalispell, le US Forest Service, le US Fish and Wildlife Service (USFWS) et le Fish and Wildlife Compensation Program – Columbia Basin aux fins de conservation transfrontalière du caribou de la sous- population South Selkirk (group du Sud). En s’attaquant aux causes de la mortalité des adultes et du faible taux de recrutement, ce groupe s’est récemment engagé à mettre en œuvre un projet de mise en enclos des femelles gestantes dans l’aire de répartition de la population locale Southwest Kootenay. Ce travail est réalisé en coordination avec le USFWS dans le cadre d’une initiative visant à mettre à jour le processus de rétablissement du caribou de l’USFWS ainsi que l’accord de coopération récemment signé sous l’égide du Comité trilatéral Canada-Mexique-États-Unis sur la conservation et la gestion des espèces sauvages et des écosystèmes .

Les projets de mise en enclos des femelles gestantes ont à ce jour donné des résultats prometteurs, et les spécialistes continuent d’améliorer les méthodes pour augmenter leur efficacité. La technique pourrait être mise en application dans d’autres sous-populations du groupe du Centre, au besoin.

2.3.6 Augmentation de l’effectif des hardes (translocation, reproduction en captivité)

Le MCRIP énonce l’engagement consistant à « augmenter le nombre de caribous dans les hardes menacées grâce à la translocation d’animaux provenant d’ailleurs afin que les hardes atteignent une masse critique leur permettant d’être autosuffisantes ». La sous population Purcells-South est celle qui a été identifiée prioritaire à être augmentée en premier (Mountain Caribou Science Team, 2008). En 2010, un plan d’augmentation a été élaboré pour cette harde. En mars 2012, le ministère des Forêts, des Terres et de l’Exploitation des ressources naturelles (Ministry of Forests, Lands, and Natural Resource Operations, MFLNRO) a réalisé la première de deux phases d’un projet de translocation en ajoutant 20 caribous de l’écotype du Nord dans la harde Purcells-South. La capture et la relocalisation des caribous a été réussite au départ, mais les caribous déplacés ont subi un taux de mortalité plus élevé que prévu. À l’automne 2012, le MFLNRO a reporté la phase 2 d’un an à cause du manque de succès de la phase 1. Le personnel a effectué un examen du programme et a recommandé des changements opérationnels importants afin d’augmenter le taux de réussite des translocations. Les leçons apprises devraient faciliter les prochaines translocations dans des hardes de caribous qui sont gravement menacées. Cependant, aucune autre mesure n’a été planifiée pour augmenter l’effectif de la harde Purcells-South. Le projet de translocation a coûté quelque 900 000 $, en plus du temps non calculé des employés gouvernementaux.

2.3.7 Élevage en captivité

L’élevage en captivité est considéré pour le caribou des montagnes (groupe du Sud) depuis 2008. La province envisage une gestion basée sur la translocation pour favoriser le rétablissement des populations de caribous dans plusieurs parties de leur aire de répartition, et on envisage d’effectuer des translocations vers au moins six hardes. Après plusieurs évaluations, il a été confirmé qu’il existe peu de populations sources appropriées pour la translocation de caribous sauvages. L’élevage en captivité constitue une option pour fournir des caribous aux fins de translocation sans appauvrir les populations sources sauvages. Au cours des six dernières années, la Province, le zoo de Calgary, l’Université de Calgary, le secteur du pétrole et du gaz et Parcs Canada se sont tous montrés intéressés à élaborer conjointement une installation d’élevage en captivité.

En janvier 2016, le zoo de Calgary a organisé un atelier sur l’élevage en captivité afin d’examiner et d’élaborer des méthodes d’augmentation des effectifs du caribou boréal, dont l’élevage en captivité. Il a été déterminé que l’aménagement de gros enclos in situ était la méthode susceptible d’être le plus efficace. La Province de l’Alberta a annoncé son soutien pour un tel projet dans le centre ouest de la province. La Colombie-Britannique ne s’est pas engagée à aménager de gros enclos, mais continue d’examiner les hardes de caribous pour évaluer leur potentiel comme hardes fondatrices dans le cadre d’une approche fondée sur des installations d’élevage en captivité. Sur la base d’une évaluation objective des hardes fondatrices de caribous dans l’unité désignable des montagnes du Nord, des colliers émetteurs ont été posés sur des caribous de la harde Muskwa. Les données radiotélémétriques et les relevés de recrutement aideront à préciser si cette harde pourrait fournir des individus pour un programme d’élevage en captivité. Cette évaluation est en cours. Environ 50 000 $ ont servi aux recherches sur l’élevage en captivité, en plus du temps non calculé des employés gouvernementaux.

2.3.8 Surveillance des espèces sauvages et pose de colliers émetteurs

Des programmes de surveillance et de recherche ont été mis en œuvre pour évaluer comment les populations des principales espèces sauvages (p. ex. caribou, orignal, loup) répondent aux facteurs naturels (p. ex. feux, infestations d’insectes) et anthropiques (p. ex. exploitation forestière, activités récréatives hivernales). Ces programmes pourraient permettre de mieux comprendre l’animal et la dynamique des hardes, en plus d’aider à améliorer les outils de gestion. Environ 1,5 million de dollars ont été investis dans les programmes de surveillance des espèces sauvages, en plus du temps des employés gouvernementaux.

2.3.9 Relevés visant le caribou

Une surveillance des populations est en cours. De nombreuses hardes de caribous font l’objet d’un relevé sur une base régulière. Idéalement, chaque harde est visée par un relevé tous les trois ans. Lorsque des investissements importants en gestion sont consentis, les relevés sont plus fréquents. Les données recueillies permettent de suivre les tendances des populations et d’évaluer les effets des mesures de gestion. Les relevés visant le caribou ont coûté environ 2,5 millions de dollars, en plus du temps du personnel.

2.3.10 Gestion des perturbations anthropiques (activités récréatives)

Les caribous sont vulnérables aux perturbations et aux déplacements causés par les activités récréatives hivernales. L’accès est interdit aux motoneiges (utilisées à des fins récréatives) dans de nombreuses zones de l’aire de répartition du caribou des montagnes et dans le cas de quelques hardes nordiques. Chaque année, on effectue des vols hivernaux d’application de la loi pour promouvoir la conformité et donner des contraventions aux personnes qui vont dans les zones interdites. Les détenteurs de tenures pour l’héliski sont assujettis aux conditions d’un protocole d’entente visant à réduire les effets des hélicoptères. Les détenteurs de tenures (c.-à-d. les personnes qui ont l’autorisation d’utiliser des terres domaniales aux fins d’activités récréatives commerciales) doivent fournir chaque année de l’information sur les espèces sauvages observées et leurs réponses opérationnelles suite aux rencontres. Il y a un moratoire sur l’octroi de tenures additionnelles aux fins d’activités récréatives commerciales dans les zones où vit le caribou. Environ 634 000 $ ont été dépensés pour la surveillance des zones interdites aux motoneigistes, en plus du temps non calculé du personnel.

2.3.11 Lignes directrices

Des pratiques normalisées de gestion de l’activité industrielle ont été élaborées pour les secteurs de l’exploitation forestière, de l’exploitation pétrolière et gazière, de l’exploration minière et d’autres activités terrestres[Word Doc 10.2 MB], et sont en train d’être officiellement approuvées. Ces lignes directrices fournissent des conseils techniques éclairés, mais non juridiquement contraignants, aux professionnels en ressources en vue d’atténuer les conséquences possibles sur le caribou. L’investissement a principalement été effectué en termes de temps du personnel.

2.3.12 Résumé de l’investissement financier engendré lors de la gestion directe du caribou des montagnes du Sud

Tableau 2. Investissement financier direct de 2006 à 2016.
Outil de gestion Budget dépensé ($)
Translocation 900 000
Recherche 302 000
Mise en enclos des femelles gestantes 3 600 000
Loups – pose de colliers émetteurs, relevés et inventaire 370 000
Élimination de loups 1 500 000
Réduction des autres proies 600 000
Stérilisation des loups 760 000
Relevés du caribou 2 500 000
Caribou – pose de colliers émetteurs et surveillance 1 130 000
Surveillance des motoneiges 634 000
Gestion des activités récréatives 61 000
Gestion de l’habitat 168 000
Total 12 525 000

2.4 Désignation de l’habitat essentiel

L’habitat essentiel est défini au paragraphe 2(1) de la Loi sur les espèces en péril comme étant « l’habitat nécessaire à la survie ou au rétablissement d’une espèce sauvage inscrite, qui est désigné comme tel dans un programme de rétablissement ou un plan d’action élaboré à l’égard de l’espèce ». L’habitat essentiel du caribou est désigné à l’échelle du paysage dans le programme de rétablissement fédéral. Le rétablissement est défini selon des objectifs en matière de population et de répartition; l’habitat essentiel est donc l’habitat nécessaire à l’atteinte des objectifs en matière de population et de répartition établis pour le caribou des montagnes du Sud.

Le programme de rétablissement fédéral établit six catégories d’aires de répartition pour l’habitat essentiel (tableau 3). Toutes les zones de chaque population locale où les caractéristiques biophysiques de l’habitat essentiel décrites dans le programme de rétablissement existent sont désignées comme de l’habitat essentiel. Pour certaines catégories d’habitat essentiel, le programme de rétablissement fédéral établit un seuil de superficie minimale d’habitat non perturbé considéré comme nécessaire pour le rétablissement des populations locales de caribous.

Les seuils ont été estimés selon la meilleure information disponible au moment de la rédaction de la version provisoire du programme de rétablissement. Ils sont également fondés sur l’expérience acquise lors de l’élaboration du programme de rétablissement du caribou des bois, population boréale. Les seuils sont établis en partie à cause du lien existant entre les perturbations du paysage et la hausse des populations de chevreuils, d’orignaux et de wapitis, et donc de la densité des prédateurs, dans l’aire de répartition du caribou. Cependant, les perturbations ne sont pas les seuls mécanismes entraînant une augmentation artificielle du nombre de proies et de prédateurs (voir par exemple Bradley et Neufled, 2002, pour une explication du déclin du caribou dans le parc national Jasper, où les seuils de perturbations n’ont pas été dépassés). De plus, les perturbations interagissent avec de nombreux autres facteurs liés ou non à l’habitat, ce qui entraîne des conditions favorables ou défavorables pour le caribou. Ainsi, il est difficile d’établir avec assurance le niveau de perturbation de l’habitat en lien avec la survie et le rétablissement du caribou.

Aux fins du calcul du degré de perturbation dans les aires de répartition assujetties à un seuil minimal de 65 % d’habitat non perturbé, la perturbation est définie comme la zone touchée par des perturbations anthropiques visibles sur les images Landsat à l’échelle 1:50 000, y compris une zone tampon de 500 m, et/ou les perturbations causées par des incendies au cours des 40 dernières annéesnote9. Le tableau 3 montre les différentes catégories d’habitat essentiel désignées dans le programme de rétablissement et les seuils minimaux d’habitat non perturbé correspondants. Ces six catégories d’habitat essentiel n’ont pas été entièrement cartographiées à échelle fine dans le programme de rétablissement fédéralnote10. Par conséquent, l’information actuellement disponible a été utilisée pour définir de façon temporaire l’habitat en haute altitude aux fins de la présente étude (voir par exemple la section 2.6).

L’habitat essentiel du caribou des montagnes du Sud est formé de trois composantes : l’emplacement, la quantité et le type.

2.4.1 Emplacement de l’habitat essentiel

L’habitat essentiel, tel que défini dans le programme de rétablissement fédéral, se trouve dans les emplacements suivants (le texte en italique provient directement du programme de rétablissement) :

  • « des aires d’hivernage et/ou d’estivage en haute altitude (printemps, mise bas, été, automne/rut), délimitées par les aires de répartition des populations locales, pour tous les groupes;
  • des aires d’estivage (printemps, mise bas, été, automne/rut) en basse altitude, délimitées par les aires de répartition des populations locales, pour le groupe du Nord;
  • des aires en basse altitude utilisées au début de l’hiver et/ou au printemps, délimitées par les aires de répartition des populations locales pour le groupe du Sud;
  • des aires de répartition des populations locales des groupes du Nord et du Centre qui offrent, dans les aires d’hivernage en basse altitude et les aires matricielles de type 1, les conditions écologiques générales nécessaires au cycle continu d’adoption et d’abandon de l’habitat utilisable permettant le maintien d’un minimum de 65 % d’habitat non perturbénote11;
  • des aires matricielles de type 2 pour tous les groupes et des aires matricielles de type 1 pour le groupe du Sud qui offrent les conditions écologiques générales associées à de faibles risques de prédation, soit une densité de la population de loups inférieure à 3 loups/1 000 km2.

Les composantes essentiellement permanentes existantes, notamment les routes, les sentiers entretenus et l’infrastructure en place (p. ex. les immeubles) ainsi que les champs agricoles, ne sont généralement pas considérées comme étant de l’habitat essentiel, même lorsqu’elles se trouvent à l’intérieur d’un polygone d’habitat essentiel.

2.4.2. Quantité d’habitat essentiel

Le programme de rétablissement décrit la « quantité » d’habitat essentiel comme suit :

  • Dans les aires d’hivernage en basse altitude et les aires matricielles de type 1 des groupes du Nord et du Centre comportant moins de 65 % d’habitat non perturbé, l’habitat essentiel comprend l’habitat actuellement convenable ainsi que l’habitat adjacent qui, avec le temps, contribueront à l’atteinte du seuil de 65 % d’habitat non perturbé.
  • Dans les aires d’hivernage en basse altitude et les aires matricielles de type 1 des groupes du Nord et du Centre comportant 65 % ou plus d’habitat non perturbé, l’habitat essentiel comprend au moins 65 % d’habitat convenable non perturbé dans les aires d’hivernage en basse altitude et les aires matricielles de type 1, si l’on reconnaît que l’habitat changera au fil du temps, compte tenu de la dynamique de la forêt dans les aires de répartition.
  • Dans les aires d’hivernage et/ou d’estivage en haute altitude de tous les groupes, les aires d’estivage en basse altitude du groupe du Nord et les aires en basse altitude utilisées au printemps et/ou au début de l’hiver du groupe du Sud, l’habitat essentiel comprend l’habitat actuellement convenable ainsi que l’habitat adjacent qui, avec le temps, pourrait devenir convenable grâce à des mesures de remise en état.

2.4.3. Type d’habitat essentiel

Le « type » renvoie aux caractéristiques biophysiques de l’habitat essentiel (et peut être interprété comme représentant les « parties » de l’habitat essentiel). Les caractéristiques biophysiques sont les caractéristiques de l’habitat nécessaires au caribou des montagnes du Sud pour maintenir ses processus vitaux (p. ex. l’accès aux sources de nourriture, le faible risque de prédation et la faible perturbation sensorielle). L’annexe C du programme de rétablissement fédéral de 2014 présente une description générale des caractéristiques biophysiques pour les trois groupes (c.-à-d. Nord, Centre et Sud) et pour les différentes catégories d’habitat essentiel.

Tableau 3. Résumé des catégories d’habitat essentiel et des seuils de perturbation établis dans le programme de rétablissement fédéral.
Catégorie d’habitat essentiel Groupe du Nord Groupe du Centre Groupe du Sud
Aire d’hivernage en haute altitude Perturbation minimale Perturbation minimale Perturbation minimale
Aire d’estivage en haute altitude Perturbation minimale Perturbation minimale Perturbation minimale
Aire d’hivernage en basse altitude Minimun de 65 % d’habitat non perturbé Minimun de 65 % d’habitat non perturbé s.o.note12
Aire d’estivage en basse altitude Perturbation minimale s.o. s.o.
Aire en basse altitude utilisée au début de l’hiver et/ou au printemps s.o. s.o. Perturbation minimale
Aire matricielle de type 1 Minimun de 65 % d’habitat non perturbé Minimun de 65 % d’habitat non perturbé Densité de loups de
< 3/1 000 km2
Aire matricielle de type 2note13 Densité de loups de
< 3/1 000 km2
Densité de loups de
< 3/1 000 km2
Densité de loups de
< 3/1 000 km2

2.5 Habitat important du caribou désigné par la Colombie-Britannique

Comme cela a été mentionné précédemment, le terme « habitat essentiel » ne figure pas dans les plans de mise en œuvre de la Colombie-Britannique. Des cartes de qualité de l’habitat en fonction des saisons ont été élaborées pour le groupe du Centre (carte 2). Ces cartes sont fondées sur des modèles de fonctions de sélection des ressources, établis à partir de données recueillies sur des caribous porteurs d’un collier émetteur dans les trois populations locales, ainsi que sur des cartes des caractéristiques de l’habitat. Les cartes de qualité de l’habitat indiquent différentes catégories de sélection de l’habitat du caribou dans les aires en basse et en haute altitude des populations locales. Les principales aires d’hivernage en haute altitude comptaient entre 87 et 95 % des sites de télémétrie hivernaux en haute altitude, les principales aires d’estivage en haute altitude comptaient entre 83 et 92 % des sites estivaux, et les principales aires d’hivernage en basse altitude comptaient entre 81 et 98 % des sites hivernaux en basse altitude. Les aires d’habitat qui contribuent au système prédateur-proie dans une aire de répartition du caribou, mais qui ne sont pas des aires d’habitat principales du caribou, constituent l’habitat matriciel (Seip et Jones, 2015).

La Colombie-Britannique a utilisé les cartes de qualité de l’habitat pour établir les limites des désignations juridiques (voir l’examen de la législation ci-après). Le plan de mise en œuvre pour le caribou nordique de la région de South Peace mettait l’accent sur la protection de 80 à 90 % des habitats en haute altitude et exigeait l’élaboration de plans de surveillance du caribou et d’atténuation dans les habitats en haute altitude où des projets sont planifiés. Les aires d’hivernage en basse altitude sont gérées par l’établissement d’objectifs dans des zones désignées visant à maintenir (conserver) les attributs de l’habitat du caribou et d’en minimiser la fragmentation.

Carte 2 – Carte de l’habitat du caribou du groupe du Centre en Colombie-Britanniquee.
Image de la carte 2 (voir longue description ci-dessous)
Description longue pour la carte 2

Cette carte présente les différents types d’habitat que les biologistes provinciaux ont catégorisés pour le caribou de la région de South Peace en Colombie-Britanniquee. L’aire d’hivernage principale en haute altitude est présentée en vert, et l’aire d’estivage principale en haute altitude, en brun. Ces aires suivent des régions montagneuses dans une orientation nord ouest à sud est. L’aire d’hivernage en basse altitude est jaune vif, principalement dans les zones à l’est, près de la frontière avec l’Alberta. L’aire d’hivernage principal en basse altitude est orange, à l’intérieur du territoire de l’aire d’hivernage en basse altitude. Les aires matricielles constituant l’habitat restant sont indiquées en jaune pâle à l’intérieur d’un territoire délimité par une ligne rouge et épaisse.

2.6 Perturbation dans les aires d’hivernage en basse altitude et les aires matricielles de type 1

Comme il a été discuté précédemment, le programme de rétablissement fédéral exige que les populations locales soient maintenues ou rétablies dans un état qui comprend au moins 65 % d’habitat « non perturbé »(ou, à l’inverse, au plus 35 % d’habitat « perturbé ») dans les aires d’hivernage en basse altitude et les aires matricielles de type 1.

En 2012, ECCC a cartographié les perturbations dans les aires de répartition des sous-populations comme elles étaient définies à l’époque. Pour ce faire, le ministère a utilisé une méthode similairenote14 à celle utilisée pour une évaluation scientifique aux fins de la désignation de l’habitat essentiel du caribou boréal (Environment Canada, 2011), qui définit « perturbation » comme étant les perturbations anthropiques visibles sur les images obtenues par Landsat 5 à l’échelle 1:50 000note15 avec une zone tampon de 500 m, ainsi que les perturbations causées par les incendies au cours des 40 dernières années, sans zone tampon.

Pour les besoins de la présente étude, la cartographie des perturbations produite en 2012 a été utilisée pour calculer le niveau de perturbation dans toutes les zones situées à l’intérieur des limites des populations locales comme elles étaient définies dans le programme de rétablissement fédéral, à l’exception de celles considérées comme des aires de répartition saisonnières en haute altitude (pour lesquelles l’objectif de gestion est une « perturbation minimale »).

Bien que les aires matricielles de type 1 puissent contenir des aires en haute altitude, les aires d’hivernage en basse altitude et l’habitat matriciel de type 1 sont appelés ci-après des « zones en altitude non élevée », afin de distinguer ces types d’habitat essentiel qui sont assujettis au seuil d’au moins 65 % d’habitat « non perturbé » des aires de répartition saisonnières en haute altitude, où l’objectif de gestion est une « perturbation minimale ». Les aires de répartition saisonnières en haute altitude ont été définies en fonction des données accessibles facilement au moment de l’Étude (annexe 2). L’inverse de ces aires représente l’ensemble de l’aire de répartition en altitude non élevée. Le niveau de perturbation dans les aires en altitude non élevée dépasse le seuil d’au plus 35 % d’habitat perturbé pour les trois populations locales du groupe du Centre (tableau 4 et cartes 3, 4 et 5).

Tableau 4. Perturbation dans les zones en altitude non élevée des populations locales du groupe du Centre.
Population locale Superficie totale (ha) Habitat en altitude non élevée (ha) Zone perturbée (ha) (lignes sismiques excluesnote16) % de perturbation (lignes sismiques exclues) % de perturbation (lignes sismiques incluses)
Narraway 1 311 744 940 479 418 280 44,5 50,4
Quintette 618 245 477 309 258 990 54,3 57,6
Pine River 1 155 611 787 145 489 130 62,1 62,6
Carte 3. Perturbation dans les zones en altitude non élevée – population locale Narraway.
Image de la carte 3 (voir longue description ci-dessous)
Description longue pour la carte 3

Cette carte délimite le territoire de la population locale Narraway par une ligne gris foncé. À l’intérieur de ce territoire, l’habitat en altitude non élevée perturbé est indiqué en orange et se trouve principalement dans la moitié nord du territoire de la population locale. Dans la moitié sud, il y a également une zone perturbée cartographiée, parmi l’habitat en haute altitude, qui est indiqué en rose. Les zones se trouvant entre l’habitat en haute altitude et l’habitat en altitude non élevée perturbé constituent de l’habitat non perturbé en altitude non élevée.

Carte 4. Perturbation dans les zones en altitude non élevée – population locale Quintette.
Image de la carte 4 (voir longue description ci-dessous)
Description longue pour la carte 4

Cette carte délimite le territoire de la population locale Quintette par une ligne gris foncé. À l’intérieur de ce territoire, l’habitat en altitude non élevée perturbé est indiqué en orange et se trouve principalement dans la moitié nord du territoire de la population locale. Dans la moitié sud, il y a également une zone perturbée cartographiée, parmi l’habitat en haute altitude, qui est indiqué en rose. Les zones se trouvant entre l’habitat en haute altitude et l’habitat en altitude non élevée perturbé constituent de l’habitat non perturbé en altitude non élevée.

Carte 5. Perturbation dans les zones en altitude non élevée – population locale Pine River.
Image de la carte 5 (voir longue description ci-dessous)
Description longue pour la carte 5

Cette carte délimite le territoire de la population locale Pine River par une ligne gris foncé. À l’intérieur de ce territoire, l’habitat en altitude non élevée perturbé est indiqué en orange et se trouve principalement dans la moitié nord du territoire de la population locale. Dans la moitié sud, il y a également une zone perturbée cartographiée, parmi l’habitat en haute altitude, qui est indiqué en rose. Les zones se trouvant entre l’habitat en haute altitude et l’habitat en altitude non élevée perturbé constituent de l’habitat non perturbé en altitude non élevée.

Une analyse récente de la population locale Quintette a permis d’établir que 62 % de l’habitat matriciel/en basse altitude était perturbé (Glencore, 2016). Cette analyse est fondée sur la méthode qu’Environnement Canada (2011) a appliquée aux images obtenues par Landsat 5 pour le caribou boréal. Ainsi, l’analyse tient compte d’images plus récentes et révèle donc probablement des perturbations récentes, ce qui pourrait expliquer la valeur de perturbation plus élevée (62 %) que celle présentée dans le tableau 4 (58 %), cette dernière étant fondée sur l’imagerie de 2011.

Il convient de souligner que, contrairement aux aires d’hivernage en basse altitude et aux aires matricielles de type 1, un minimum de 65 % d’habitat non perturbé ne fait pas partie de la définition de l’habitat essentiel pour les aires en haute altitude.

2.7 Activités susceptibles d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel

Le programme de rétablissement fédéral indique qu’il y a destruction de l’habitat essentiel si une partie de l’habitat essentiel est dégradée de façon permanente ou temporaire, par des activités réalisées à l’intérieur ou à l’extérieur de l’habitat essentiel, d’une manière telle que cette partie de l’habitat ne pourrait plus remplir sa fonction quand le caribou des montagnes du Sud en aurait besoin.

Les activités susceptibles d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel sont énumérées dans le programme de rétablissement fédéral comme suit :

« Les activités susceptibles d’entraîner la destruction de toutes les catégories d’habitat essentiel, sauf les aires matricielles de type 2 de tous les groupes et les aires matricielles de type 1 du groupe du Sud, sont notamment les suivantes :

  • Toute activité entraînant la perte directe d’habitat essentiel du caribou des montagnes du Sud, par exemple : la conversion de l’habitat en terres agricoles, les mines, le développement industriel et l’aménagement d’infrastructures.
  • Toute activité entraînant la dégradation de l’habitat essentiel et causant une réduction, mais non une perte totale, de la qualité et de la disponibilité de l’habitat du caribou des montagnes du Sud, par exemple : les blocs de coupe forestière, la pollution, le drainage d’un secteur et les inondations.
  • Toute activité entraînant la fragmentation cumulative de l’habitat par des éléments linéaires anthropiques, par exemple : construction de routes, lignes sismiques, pipelines et corridors de lignes de transmission d’électricité.
  • Toute activité qui, si elle n’est pas suffisamment atténuée, provoque le déplacement du caribou des montagnes du Sud par rapport à une partie ou à l’ensemble de ses aires de répartition saisonnières et/ou aux caractéristiques biophysiques de ces aires de répartition, dans une mesure suffisante pour causer une réduction de ses déplacements et/ou du succès de la reproduction ou pour mener à une mortalité plus élevée qui conduira à une diminution de son aire de répartition ou à un déclin de sa population.
  • Toute activité qui, si elle n’est pas suffisamment atténuée, augmente la probabilité de hausse de la densité des prédateurs dans l’habitat essentiel (p. ex. modification de l’habitat créant des conditions favorables à d’autres ongulés).
  • Toute activité qui, si elle n’est pas suffisamment atténuée, facilite l’accès des prédateurs à l’habitat essentiel et leurs déplacements dans cet habitat (p. ex. pratique de la motoneige, de la raquette ou du ski de fond).

Les activités susceptibles d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel dans les aires matricielles de type 2 de tous les groupes et les aires matricielles de type 1 du groupe du Sud sont notamment les suivantes :

  • Toute activité qui, si elle n’est pas suffisamment atténuée, augmente la probabilité de hausse de la densité des prédateurs au sein d’une population locale (p. ex. modification de l’habitat créant des conditions favorables à d’autres ongulés).
  • Toute activité qui, si elle n’est pas suffisamment atténuée, réduit l’efficacité des mesures de gestion des prédateurs. »

ECCC a élaboré un diagramme provisoire qui permet de déterminer si une activité donnée est susceptible d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel. Ce diagramme correspond à la figure 1 ci-dessous.

Comme il est mentionné à la section 2.6, la cartographie préliminaire des perturbations indique que le seuil de perturbation maximale de 35 % établi dans le programme de rétablissement fédéral pour les aires d’hivernage en basse altitude et les aires matricielles de type 1 a été dépassé à l’intérieur des limites des trois populations locales du groupe du Centre. Par conséquent, l’habitat essentiel comprend l’habitat actuellement non perturbé ainsi que l’habitat adjacent qui, avec le temps, contribuerait à l’atteinte du seuil de 65 % d’habitat non perturbé. Dans les aires de répartition en haute altitude, l’habitat essentiel comprend l’habitat actuellement non perturbé ainsi que l’habitat adjacent qui, avec le temps, pourrait devenir non perturbé grâce à des mesures de remise en état.

Les cinq principaux groupes d’activités pouvant avoir des répercussions sur l’habitat essentiel du caribou ont été définis dans l’Étude en fonction de l’évaluation des menaces du programme de rétablissement fédéral.

Ces groupes sont les suivants :

  • activités liées à l’exploitation forestière (y compris la construction de routes);
  • activités liées à l’exploitation minière (y compris l’exploration houillère et minière et la construction de routes/lignes de transport d’énergie);
  • activités pétrolières et gazières (y compris la construction de routes, les pipelines et l’exploitation forestière comme activité préalable);
  • activités liées aux énergies renouvelables (p. ex., parcs éoliens, projets de production énergétique indépendants et routes/infrastructure connexes);
  • activités récréatives (p. ex., activités hivernales motorisées et non motorisées, expansion de stations de ski, utilisation de véhicules hors route durant l’été).
Figure 1. Diagramme provisoire d’ECCC relatif à la destruction de l’habitat essentiel.
Image de la figure 1 (voir longue description ci-dessous)
Description longue pour la figure 1

Cette figure décrit un processus provisoire visant à déterminer si une activité est susceptible d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel. Elle comporte des facteurs permettant de déterminer si des caractéristiques biophysiques sont présentes, si elles risquent d’être éliminées, si l’on s’attend à ce que les effets de l’activité soient permanents ou temporaires, et si les effets peuvent faciliter l’accès des prédateurs ou contribuer à l’augmentation de la densité des proies.

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