L’abronie rose (Abronia umbellata) : rapport sur la mise en œuvre du programme de rétablissement 2007 à 2017

Titre officiel : Rapport sur la mise en œuvre du Programme de rétablissement de l’abronie rose (Abronia umbellata) au Canada (2007-2017)

Le présent rapport fait le point sur les travaux réalisés par Parcs Canada et ses partenaires, de 2007 à 2017, en ce qui a trait à l’abronie rose. Les recherches n’ont pas mené à la découverte de nouvelles plantes, mais des graines locales ont permis la production de semis en serre pour que ceux-ci soient plantés dans la nature. Avec l’aide de bénévoles et de Premières Nations de la région, les semis ont été plantés à quatre endroits. Les activités de plantation ont donné de très bons résultats, car des milliers de nouveaux plants sauvages ont poussé.

Citation recommandée

Agence Parcs Canada, 2018. Rapport sur la mise en œuvre du Programme de rétablissement de l’abronie rose (Abronia umbellata) au Canada (2007-2017).

Introduction

Le 14 février 2007, la version définitive du Programme de rétablissement de l’abronie rose (Abronia umbellata) au Canada a été affichée dans le Registre public des espèces en péril. Le Programme de rétablissement renfermait des buts et des objectifs pour l’espèce et une description des activités requises pour atteindre les buts et les objectifs. En vertu de l’article 46 de la Loi sur les espèces en péril (LEP), le ministre compétent doit produire un rapport sur la mise en œuvre du Programme de rétablissement et sur les progrès réalisés en vue de l’atteinte de ses objectifs, à intervalles de cinq ans à compter de sa mise dans le registre public, et ce, jusqu’à ce que ses objectifs soient atteints ou que le rétablissement de l’espèce ne soit plus réalisable. Le présent document fait état de la mise en œuvre du Programme de rétablissement de l’abronie rose (Abronia umbellata) au Canada de 2007 à 2017, ainsi que des progrès réalisés en vue d’atteindre ses buts et objectifs.

Mise en œuvre du Programme de rétablissement et progrès dans l’atteinte de ses objectifs

Le Programme de rétablissement de l’abronie rose (Abronia umbellata) au Canada a cerné des objectifs de rétablissement visant à établir trois populations viables et protégées d’abronie rose dans son aire de répartition historique au Canada, y compris la population existante de la baie Clo-oose. Parcs Canada a réalisé d’importants progrès vers l’atteinte des objectifs de rétablissement du Programme.

De 2006 à 2010, 76 écosystèmes de sables côtiers le long de la côte ouest de l’île de Vancouver (de Port Renfrew à l’île Nootka) ont fait l’objet d’un relevé à la recherche de cas non découverts d’abronie rose et afin d’évaluer les sites de restauration potentiels pour le rétablissement de l’espèce (Blight et coll., 2010; Fairbarns, 2009). Aucune population supplémentaire d’abronie rose n’a été découverte (Fairbarns, 2011), mais 17 sites ont obtenu une note moyenne à élevée pour leur adéquation au rétablissement et étaient considérés comme des sites de rétablissement potentiels.

Une nouvelle génération commence

Jim Hamilton à côté de l’abronie rose à la baie Clo-oose sur le sentier de la Côte-Ouest en 2012

Jim Hamilton à côté de l’abronie rose à la baie Clo-oose sur le sentier de la Côte-Ouest en 2012
© Ross Vennesland/Parcs Canada

Jim Hamilton (1931-2017), qui a marqué l’histoire du sentier emblématique de la Côte-Ouest, a découvert le retour de l’abronie rose en 2000 après une absence de près d’un demi-siècle.

Propagation et plantation

Propagation et plantation
© Parcs Canada

Grâce aux semences des plantes découvertes par M. Hamilton, un programme de sélection qui connaît un grand succès est en cours depuis 2006!

Abronie rose sauvage et florissante

Abronie rose sauvage et florissante
© Ross Vennesland/Parcs Canada

La propagation des graines d’abronie rose a commencé en 2006 à l’aide de semences locales recueillies à la baie Clo-oose en 2000 et en 2001 (lorsque l’espèce est revenue après avoir été absente pendant un demi-siècle; Fairbarns, 2007). Les premiers résultats ont été décevants, puisque seulement deux graines ont germé sur plus de 500. Cependant, ces deux plantes ont réussi à former la base d’un programme de propagation des plantes, qui a produit des milliers de semis et ainsi contribué aux efforts de rétablissement de l’espèce.

En 2007, on a élaboré un plan de déplacement de l’abronie rose (Maslovat, 2007) pour orienter les efforts vers l’atteinte des objectifs de rétablissement de l’espèce. Des essais expérimentaux de plantation de l’abronie rose ont été menés à la baie Clo-oose de 2008 à 2010 pour déterminer si le rétablissement de l’espèce était réalisable et pour étudier les divers aspects de l’écologie de l’espèce (p. ex., l’effet de la fertilisation supplémentaire sur les semis et de la morphologie de l’écosystème sur la viabilité de la population, en comparant l’habitat de plage à celui des dunes; Fairbarns, 2011). Ces efforts de rétablissement préliminaires ont été couronnés de succès, mais la population naturellement régénérée de la baie Clo-oose n’a pas atteint une taille qui était susceptible d’être minimalement viable (annexe 1, figure 2). La faible productivité des plantes naturellement régénérées qui a été observée sur le site a été considérée comme étant principalement due aux menaces des billes de bois échouées sur la plage et des tempêtes hivernales (sur la plage), et à l’absence d’une dynamique naturelle de l’écosystème des sables (dans la zone des dunes). Après 2010, les efforts de rétablissement de la population de la baie Clo-oose ont été temporairement suspendus jusqu’à ce que les travaux de restauration de l’habitat puissent améliorer le caractère adéquat de la zone des dunes pour la restauration continue de la population.

Entre-temps, des travaux de restauration ont été entrepris ailleurs en 2010 pour établir deux populations supplémentaires afin d’atteindre les objectifs du Programme de rétablissement. La plage Wickaninnish a été choisie pour remplacer la population historique d’Ahousaht, et la plage Keeha a été choisie pour remplacer la population historique de la baie Pachena. Cependant, une espèce exotique envahissante (l’oyat, ou ammophile des sables, Ammophila arenaria) a colonisé et stabilisé de nombreux écosystèmes de sables côtiers naturellement dynamiques sur ces sites au cours du siècle dernier et a entraîné une succession accélérée vers les écosystèmes boisés. Cette herbe envahissante et les îlots problématiques de végétation forestière ont été enlevés aux deux endroits afin de restaurer l’habitat dans des conditions plus naturelles avant que les graines et les semis d’abronie rose soient plantés aux fins d’évaluation du potentiel de restauration. Les résultats de la restauration à la plage Keeha n’ont pas été aussi fructueux qu’à la plage Wickaninnish (annexe 1, figure 2), de sorte qu’en 2012, Parcs Canada a redirigé les efforts de restauration pour implanter une troisième population canadienne dans l’anse Schooner, où l’enlèvement des graminées et autres végétaux envahissants avait amélioré le caractère propice de l’habitat. Jusqu’à maintenant, les meilleurs résultats pour la croissance des plantes sauvages d’abronie rose (annexe 1, figure 2) ont été observés à la plage Wickaninnish et à l’anse Schooner. Ces résultats peuvent être attribués à la disponibilité d’habitats restaurés de dunes à la plage Wickaninnish et à l’anse Schooner, et à l’amélioration des méthodes de propagation et de déplacement élaborées à partir des leçons tirées des premiers efforts à la baie Clo-oose.

En 2015, des travaux de restauration de l’habitat ont été entrepris dans la baie Clo-oose afin d’accroître la dynamique naturelle de l’écosystème des sables côtiers en éliminant la végétation forestière qui bloquait l’influence du milieu marin et le sable dans la zone des dunes. À la suite de ces travaux de restauration fructueux, des semis d’abronie rose ont de nouveau été plantés sur le site en 2016 et en 2017. Les résultats de 2017 semblent prometteurs, étant donné que 60 plantes produisent plus de 43 000 semences. Ces graines devraient produire des individus sauvages pendant de nombreuses années. Néanmoins, il n’est pas encore clair si les résultats à la baie Clo-oose seront aussi satisfaisants qu’à la page Wickaninnish et à l’anse Schooner.

Des travaux futurs comprendront la restauration continue de la population à la baie Clo-oose et l’analyse des données sur la population afin de déterminer si les tailles minimales viables de la population ont été atteintes à trois emplacements de population, conformément aux objectifs du Programme de rétablissement (cette analyse est prévue pour 2018). Sans cette analyse, il est actuellement impossible de déterminer si l’une des quatre sous-populations établies devrait être considérée comme viable à long terme. Néanmoins, les résultats des efforts déployés à ce jour semblent positifs (annexe 1). Le nombre annuel de plantes naturellement régénérées se maintient à un rythme élevé et stable, même si le nombre de plantes cultivées en serre et déplacées a été réduit (annexe 1, figure 1). De plus, le nombre de plantes naturellement régénérées pour l’ensemble des années à la plage Wickaninnish et à l’anse Schooner correspond à plus du double du nombre de plantes cultivées en serre qui ont été déplacées. On espère que les récents efforts de restauration de l’habitat dans la baie Clo-oose se traduiront par un plus grand succès dans le nombre de plantes qui se régénéreront naturellement au cours des prochaines années.

Le succès du rétablissement de l’abronie rose n’aurait pas été possible sans le dévouement des Premières Nations locales et de centaines de bénévoles. À la plage Keeha, la Première Nation Huu-ay-aht a appuyé la plantation et la restauration de l’habitat sur ses terres visées par un traité, ce qui a joué un rôle clé dans la production continue de plantes naturellement régénérées qui ont été observées chaque année depuis le début des travaux sur ce site en 2011. En 2015, l’aide de la Première Nation Ditidaht à la baie Clo-oose, une région éloignée, a joué un rôle déterminant dans la restauration de l’habitat et le maintien de l’habitat restauré pour l’abronie rose. Ces travaux de restauration ont entraîné une augmentation de la production de plantes naturellement régénérées à partir des plantations en 2016 et 2017. Les Premières Nations Tla-o-qui-aht et Yuuthlu-ilth-ath ont également fourni un soutien essentiel à la restauration, à la plantation et à l’inventaire aux sites très fructueux de la plage Wickaninnish et de l’anse Schooner. Les bénévoles ont également joué un rôle important dans la réussite de Parcs Canada, car les 1 000 heures qu’ils ont consacrées au projet ont contribué à sensibiliser le public à l’égard de l’abronie rose et à restaurer son habitat.

Des programmes de sensibilisation et d’interprétation ont été mis en place, et ils ont été présentés aux visiteurs du parc et à un plus vaste public canadien au moyen d’une exposition permanente au centre d’accueil de la réserve de parc, de programmes d’interprétation et d’événements spéciaux, de contenu de site Web, de campagnes dans les médias sociaux, de brochures, d’une application pour les téléphones intelligents, de vidéos documentaires et de plusieurs articles imprimés et reportages télévisés. De plus, un partenariat avec l’Université de Victoria a donné lieu à la publication de huit articles de revue examinés par des pairs et de deux thèses de cycle supérieur sur la géomorphologie de ces habitats qui continuent de guider la restauration écologique de l’abronie rose (p. ex., Darke et coll., 2013; Eamer et coll., 2013)

Les initiatives visant à protéger l’abronie rose et son habitat essentiel à la baie Clo-oose comprennent la fermeture de zones à la randonnée pédestre intensive et au camping, la signalisation d’interprétation et un programme (établi en 2007) pour sensibiliser les randonneurs pédestres du sentier de la Côte-Ouest à l’abronie rose et à la nécessité de la protéger.

En 2017, Parcs Canada a élaboré un plan d’action visant des espèces multiples dans la réserve de parc national du Canada Pacific Rim. Le plan présentait une approche globale intégrant toutes les espèces en péril de la réserve de parc national Pacific Rim qui nécessitaient un plan d’action en vertu de l’article 49 de la LEP, ainsi que d’autres espèces préoccupantes du point de vue de la conservation. Des mesures bénéfiques pour de multiples espèces en péril ont été établies et priorisées afin de maximiser l’efficacité des activités de rétablissement des espèces en péril dans la réserve de parc.

Documents associés à la mise en œuvre du Programme de rétablissement de l’abronie rose (Abronia umbellata) au Canada

La liste qui suit présente une sélection de rapports et de documents qui ont été réalisés pendant la mise en œuvre du Programme de rétablissement de l’abronie rose (Abronia umbellata) au Canada.

Blight, L.K., M. Fairbarns, N. Page, P. Shepherd et R.G. Vennesland. 2010. Conservation Strategies for a Disappearing Plant: abronie rose, Abronia umbellata, Reintroduction on the West Coast of Canada. Dans : S. Bondrup-Nielsen et coll. (sous la direction de), Ecosystem Based Management: Beyond Boundaries. Proceedings of the Sixth International Conference of Science and the Management of Protected Areas.

Darke, I.B., J.B.R. Eamer, H.E.R. Beaugrand et I.J. Walker. 2013. Monitoring considerations for a dynamic dune restoration project: Pacific Rim National Park Reserve, British Columbia, Canada. Earth Surface Processes and Landforms. DOI : 10.1002/esp.3380

Eamer, J.B.R, I.B. Darke, I.J. Walker. 2013. Geomorphic and sediment volume responses of a coastal dune complex following invasive vegetation removal

Fairbarns, M. 2007. Abronie rose (Abronia umbellata) — Activités de rétablissement 2006-2007, rapport inédit présenté à l’Agence Parcs Canada, Vancouver, Colombie-Britannique.

Fairbarns, M. 2009. Abronie rose (Abronia umbellata) — Activités de rétablissement 2008-2009, rapport inédit présenté à l’Agence Parcs Canada, Vancouver, Colombie-Britannique.

Fairbarns, M. 2011. Abronie rose (Abronia umbellata) — Résumé et synthèse des activités de rétablissement, rapport inédit présenté à l’Agence Parcs Canada, Vancouver, Colombie-Britannique.

Maslovat, C. 2007. Plan de transition pour l’abronie rose (Abronia umbellata) au Canada. Rapport inédit présenté à l’Agence Parcs Canada, Vancouver, Colombie-Britannique.

Annexe 1 : Résumés de la restauration de la population d’abronie rose

Les chiffres ci-dessous résument le succès de la restauration au fil des ans (de 2008 à 2017; figure 1) et selon l’endroit (baie Clo-oose, plage Keeha, plage Wickaninnish et anse Schooner; figure 2).

Figure 1. Série chronologique des efforts de rétablissement pour l’ensemble des emplacements de populations restaurés par Parcs Canada. On y voit le nombre de plantes cultivées en serre qui ont été déplacées (colonnes rayées), et le nombre de plantes naturellement régénérées qui ont découlé des plantes déplacées (colonnes colorées) depuis que les efforts de restauration de la population ont commencé en 2008. La réussite du programme est démontrée par la production stable et continue de plantes naturelles, à mesure que le nombre de plantes déplacées a diminué de 2015 à 2017.

Série chronologique des efforts de rétablissement pour l’ensemble des emplacements de populations restaurés par Parcs Canada. On y voit le nombre de plantes cultivées en serre qui ont été déplacées (colonnes rayées), et le nombre de plantes naturellement régénérées qui ont découlé des plantes déplacées (colonnes colorées) depuis que les efforts de restauration de la population ont commencé en 2008. La réussite du programme est démontrée par la production stable et continue de plantes naturelles, à mesure que le nombre de plantes déplacées a diminué de 2015 à 2017.
Version textuelle du Figure 1. Série chronologique des efforts de rétablissement pour l’ensemble des emplacements de populations restaurés par Parcs Canada.
  2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017
Plantes déplacées 470 350 580 1050 980 620 950 700 180 60
Plantes naturellement regénérées 0 20 70 70 450 1830 950 2160 1750 2850

Figure 2. Résultats des efforts de rétablissement à chacun des quatre emplacements de population restaurés par Parcs Canada (toutes les années confondues). On y voit le nombre de plantes cultivées en serre qui ont été déplacées (colonnes rayées) et le nombre de plantes naturellement régénérées qui ont découlé des plantes déplacées (colonnes colorées). Le succès a été limité tant à la baie Clo-oose qu’à la plage Keeha, mais les résultats ont été considérables à la plage Wickaninnish et à l’anse Schooner (où le nombre de plantes qui se sont régénérées naturellement a été de deux à trois fois plus élevé que le nombre de plantes de serre qui ont été déplacées). On s’attend à ce que les récents efforts de restauration de l’habitat à la baie Clo-oose améliorent le taux de réussite dans les années à venir.

Résultats des efforts de rétablissement à chacun des quatre emplacements de population restaurés par Parcs Canada (toutes les années confondues). On y voit le nombre de plantes cultivées en serre qui ont été déplacées (colonnes rayées) et le nombre de plantes naturellement régénérées qui ont découlé des plantes déplacées (colonnes colorées). Le succès a été limité tant à la baie Clo-oose qu’à la plage Keeha, mais les résultats ont été considérables à la plage Wickaninnish et à l’anse Schooner (où le nombre de plantes qui se sont régénérées naturellement a été de deux à trois fois plus élevé que le nombre de plantes de serre qui ont été déplacées). On s’attend à ce que les récents efforts de restauration de l’habitat à la baie Clo-oose améliorent le taux de réussite dans les années à venir.
Version textuelle du Figure 2. Résultats des efforts de rétablissement à chacun des quatre emplacements de population restaurés par Parcs Canada (toutes les années confondues).
  Baie Clo-oose Plage Keeha Plage Wickaninnish Anse Schooner
Plantes déplacées 1650 700 1800 1850
Plantes naturellement regénérées 200 150 3900 5400

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