Profil de Jason Harquail

Bâtir des ponts qui dureront des générations

Fier Micmac, Jason Harquail est l'actuel gestionnaire de l'équipe de rapprochement à la Division des sciences autochtones d'Environnement et Changement climatique Canada. Son travail est essentiel à l'établissement de partenariats avec les communautés autochtones pour atténuer les répercussions des changements climatiques et d'origine anthropique.

 

Reconnaître l'importance de l'apprentissage axé sur la terre

L'intérêt de Jason pour l'environnement et son lien avec celui-ci se sont manifestés à un jeune âge. « J'ai été très chanceux d'avoir mon père sur la terre avec moi. Non seulement m'a-t-il enseigné ce qu'est la nature, mais il m'a aussi aidé à la ressentir à travers ses histoires », se souvient-il. Son père lui a transmis des leçons sur le respect que ses ancêtres avaient pour la nature et les relations qu'ils entretenaient avec cette dernière. Il lui a aussi expliqué en quoi les répercussions de l'activité humaine ont changé non seulement les écosystèmes, mais aussi les sources de nourriture et les façons d'être autochtones traditionnelles. Cette exposition aux sciences autochtones a mené Jason vers une vie d'apprentissage et d'action qui s'appuie sur ses connaissances de la nature.

Les sciences autochtones sont une méthode adaptée à la culture qui permet d'accumuler des connaissances, de préciser des hypothèses et de changer les pratiques en s'inspirant de la compréhension profonde du monde naturel des Premières Nations, des Inuits et des Métis. Elles sont mises en application par les peuples autochtones depuis des millénaires pour développer et faire progresser continuellement le savoir autochtone sur l'environnement.

Faire de sa passion une carrière

Je suis si reconnaissant d'avoir la chance de passer du temps avec un grand nombre d'aînés et de détenteurs du savoir, et d'apprendre d'eux. Leurs enseignements ont approfondi ma compréhension d'une manière que je n'aurais jamais pu imaginer, et j'ai encore beaucoup à découvrir.

Jason Harquail

La passion de Jason l'a mené à commencer à travailler, en 1999, au New Brunswick Aboriginal Peoples Council, à titre de contrôleur des pêches. Il est plus tard devenu gestionnaire des pêches commerciales communautaires. Dans le cadre de son travail, Jason communique chaque jour avec Pêches et Océans Canada, des représentants de l'industrie, des pêcheurs autochtones ainsi que d'autres organisations autochtones. Il s'est efforcé d'intégrer les pratiques autochtones, notamment le fait de prendre uniquement ce dont nous avons besoin et le renforcement du respect entre tous les êtres vivants, pour résoudre les problèmes qu'il a constatés dans le secteur des pêches. Son travail a révélé un besoin accru de compréhension du savoir et des sciences autochtones dans ce secteur.

Le travail de Jason s'est étendu à l'échelon fédéral lorsqu'il a été nommé membre du Sous-comité des connaissances traditionnelles autochtones. Son rôle consiste à cerner les lacunes dans les connaissances et à donner des conseils sur l'intégration du savoir autochtone dans le processus d'évaluation des espèces du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC). Jason a collaboré avec des aînés et des détenteurs de savoir pour élaborer les Lignes directrices sur les procédures et les protocoles relatifs aux connaissances traditionnelles autochtones . Ces lignes directrices décrivent une approche et des étapes précises pour faciliter l'accès aux connaissances traditionnelles autochtones, la collecte de celles-ci et leur intégration dans le processus d'évaluation de la situation des espèces du COSEPAC.

Jason a été approché par Myrle Ballard, Ph. D. et Alexa Alexander-Trusiak, Ph. D. qui connaissaient bien son travail au sein du Sous-comité des connaissances traditionnelles autochtones, en vue de se joindre à la Division des sciences autochtones nouvellement formée d'Environnement et Changement climatique Canada.

Établir des partenariats pour trouver des solutions globales

L'étroite collaboration avec les communautés autochtones constitue la partie la plus enrichissante de mon travail. Je peux nouer des relations avec des membres de ces communautés, apprendre de leurs points de vue et contribuer à un changement significatif.

Jason Harquail

Créée en 2022, la Division des sciences autochtones est un élément clé de l'avancement de la Loi sur la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.La Division des sciences autochtones travaille à l'établissement et au maintien de relations avec les détenteurs du savoir autochtone. Elle peut ainsi collaborer avec eux à des projets de recherche environnementale, notamment un jardin de palourdes avec la Première Nation Kwiakah en Colombie-Britannique.

En 2023, Jason est devenu l'un des premiers navigateurs Aki de la Division des sciences autochtones. Le mot « Aki » signifie « terre » en anichinabé, et un navigateur est quelqu'un qui explore ou qui se promène sur la terre. Le rôle de Jason est de faire en sorte, par l'intermédiaire de projets dirigés par des Autochtones, que les gens sachent, comprennent et reconnaissent que les sciences autochtones sont des sciences distinctes dont les approches scientifiques sont équivalentes aux approches occidentales.

Jason et son équipe travaillent directement avec les communautés pour aborder les répercussions qu'elles subissent en raison des changements climatiques et d'origine anthropique. « L'approche n'en est pas une de consultation, mais consiste à favoriser de manière respectueuse des relations saines et à long terme avec les communautés autochtones », explique Jason. Jason et son équipe sont en constante communication avec les communautés pour établir et maintenir la confiance, dans le respect et la réciprocité.

Les navigateurs Aki aident à combler les lacunes en dirigeant les scientifiques et les communautés autochtones vers des possibilités de financement et d'autres possibilités de soutien et de collaboration. Cela suppose de faciliter l'échange de connaissances scientifiques autochtones pour renforcer et transmettre les capacités et créer un environnement positif et incitatif pour les scientifiques autochtones.

Jason travaille actuellement en partenariat avec la Première Nation Ugpi'ganjig, située dans le nord du Nouveau-Brunswick, pour revitaliser les jardins de palourdes et l'écosystème de la rivière Eel. Jason prévoit de réunir des aînés, des membres des communautés, des jeunes et des conseillers techniques locaux dans le cadre d'événements communautaires et de séances de partage du savoir pour orienter le processus de restauration et renforcer les pratiques traditionnelles. L'intégration équitable du savoir et des sciences autochtones dans les pratiques scientifiques occidentales peut contribuer à des approches plus durables en gestion de l'environnement, tout en aidant à relever les défis particuliers auxquels fait face la communauté.

Les jeunes sont l'avenir

Aujourd'hui père lui-même, Jason perpétue la tradition de se promener sur la terre, de transmettre ses connaissances à sa propre famille et de donner aux jeunes, par son travail, les outils dont ils ont besoin. Inspiré par ses propres expériences, il se consacre à faire participer des jeunes à tous ses projets. « J'ai entamé mon parcours en tant que jeune personne curieuse qui posait toujours des questions et voulait en savoir plus. Il est essentiel que les jeunes participent aux projets de la Division des sciences autochtones. Ils sont nos futurs gardiens du savoir et protecteurs de la Terre mère, ce que nous devrions tous avoir à cœur. »

Détails de la page

Date de modification :