Pleins feux sur la science : Consolider l’expertise sur les rives - Sonia Laforest

Profil de Sonia Laforest
Consolider l’expertise sur les rives

Sonia Laforest

Sonia Laforest est experte en traitement des rives à d’Environnement et Changement climatique Canada (ECCC) depuis plus de 20 ans. Dans le cadre de ses fonctions au Centre national des urgences environnementales, elle a parcouru le pays et le monde entier pour participer aux interventions à la suite de déversements d’hydrocarbures. Au cours des dix dernières années, elle a travaillé à la Section des urgences – science et technologie et s’emploie actuellement à mettre en place une unité des rives et à partager ses connaissances en matière de protection des rives du Canada pour les années à venir.

 

Intervenir en cas de déversements et développer une expertise

Sonia a grandi à proximité du littoral et a toujours su qu’elle axerait son travail sur celui-ci. Après avoir obtenu une maîtrise en géographie physique avec une spécialisation en milieux fluviaux (plaines inondables) à l’Université de Sherbrooke, au Québec, elle s’est jointe au Centre national des urgences environnementales en tant que première intervenante où elle a travaillé à la supervision du nettoyage des rives à la suite de déversements.

Sonia debout sur une plage.

Son travail au sein du Centre était exigeant et important : il l’appelait à intervenir en cas de déversement, quel que soit le lieu ou le moment où il se produisait.

« Les experts en traitement des rives sont parmi les premiers à se rendre sur les lieux d’un déversement, à l’évaluer et à en mesurer l’impact. Nous sommes également les derniers à quitter le site du déversement, car nous devons évaluer si l’environnement est en train de retourner à son état d’origine », explique-t-elle à propos de son travail.

Le processus d’intervention lors d’un déversement susceptible d’affecter un rivage commence par un inventaire du littoral. « Nous l’appelons la Technique d’évaluation et de restauration des rives, ou TERR », explique Sonia.

Il s’agit d’une méthode d’évaluation et de documentation systématique des littoraux côtiers et des rives fluviales après un déversement. Elle peut comprendre un survol du littoral en hélicoptère afin de déterminer l’étendue de la zone touchée et les types d’habitats menacés, ainsi qu’une analyse de la plage afin de déterminer le type de littoral et son substrat. Tous ces renseignements contribuent à l’élaboration de la stratégie de nettoyage du déversement.

En travaillant au bureau du Centre national des urgences environnementales de Québec, Sonia a acquis une connaissance approfondie des rives, des rivières et des baies de la province. Son travail l’a également conduite à voyager à l’autre bout du Canada, et même en Corée du Sud et en Tunisie, pour participer à des interventions internationales à la suite de déversements.

« On a le sentiment de faire quelque chose d’important pour l’environnement, car si on ne se débarrasse pas du pétrole, il peut rester là pour toujours. »

Mettre sur pied une équipe

En 2013, Sonia a quitté le Centre national des urgences environnementales pour se joindre à la Section des urgences – science et technologie, où elle dirige aujourd’hui une unité des rives en pleine expansion qui fournit de l’expertise en matière de décontamination du littoral au Centre. La croissance de l’unité, rendue possible grâce à la deuxième phase du Plan de protection des océans, signifie que davantage de ressources sont disponibles pour protéger les milliers de kilomètres de littoral du Canada et mener des recherches sur de nouveaux types d’hydrocarbures.

Qu’est-ce que le Plan de protection des océans?

Le Plan de protection des océans est une série d’initiatives du gouvernement du Canada visant à protéger les écosystèmes marins et les espèces sauvages qui les composent. Dans le cadre du Plan, ECCC s’efforce d’améliorer la façon dont nous nous préparons aux urgences en cas d’incident de pollution et y réagissons.

Cela implique notamment de recueillir des informations importantes sur les rivages au moyen d’inventaires du littoral : mesurer la pente d’un rivage, prendre des photos, creuser des fosses d’essai et prélever des échantillons de sédiments. Ces renseignements sont ensuite inscrits dans un formulaire de consignation de données antérieures à la technique d’évaluation et de restauration des rives (pré-TERR) et fournissent de l’information importante et à jour en cas de déversement dans la zone.

L’un des projets en cours de développement dont Sonia est très enthousiaste consiste à mettre en place des « plages » d’essai avec différents types de sédiments dans les laboratoires d’ECCC afin de voir ce qui se passe lorsque différents hydrocarbures y sont ajoutés. La profondeur à laquelle s’infiltrent les hydrocarbures dans les sédiments, la quantité d’hydrocarbures absorbée et l’influence de différents facteurs, comme le vent, le soleil et la marée, sont tous des éléments dont il faut tenir compte.

« J’ai hâte de travailler avec mon équipe sur le comportement des nouveaux hydrocarbures dans différents environnements », dit Sonia.

Apprendre des autres et partager ses connaissances

Sonia en imperméable tenant un poteau dans une rivière.

Les travaux de Sonia sur les rives lui ont permis de tirer deux conclusions principales : il n’y en a pas deux identiques, et ce sont les personnes qui vivent le long d’un littoral qui le connaissent le mieux.

Elle souligne également l’importance des mentors : « Ce sont des gens qui nous servent de modèle et qui font de grandes choses pour l’environnement. »

Elle se souvient des travaux réalisés dans les années 80 et 90, notamment de l’énorme quantité de recherches et des méthodologies mises au point après les grandes marées noires de la fin des années 80, tout en soulignant que bon nombre de ces experts ont depuis pris leur retraite. « Lorsque je bâtis une équipe, je fais de mon mieux pour partager mon expertise et les connaissances que nous avons acquises depuis les années 70. »

Diriger une équipe est un changement pour Sonia, qui ne s’était jamais imaginée dans ce rôle, ayant passé le début de sa carrière en tant qu’unique experte du littoral sur un site de déversement.

« C’est comme si, pendant un certain temps, vous faisiez quelque chose et que c’était normal, mais maintenant je suis plus à même de transmettre mes connaissances. » Elle ajoute : « Je me sens si vieille quand je dis cela. Mais ce n’est pas grave : nous arrivons tous à un moment de notre carrière où il est temps de transmettre nos connaissances. C’est ce dont je suis le plus fière. »

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