Un parcours façonné par la glace

Profil de Shawn Marshall

Un parcours façonné par la glace

Shawn Marshall (Ph. D.) est un climatologue et glaciologue ayant occupé la chaire de recherche du Canada sur les changements climatiques de 2007 à 2017 à l'Université de Calgary, où il a enseigné pendant plus de 20 ans au département de géographie.

Originaire de l’Ontario, Shawn Marshall est un physicien dans l’âme, et il lui fallut un certain temps avant d’explorer le monde des glaciers. C’est en modélisant le climat de la dernière ère glaciaire, alors qu’il était étudiant d’été à l’Université de Toronto, qu’il a compris l’importance des glaciers dans le système climatique. Il s’est ensuite rendu dans l’ouest du Canada pour entreprendre un doctorat en géophysique avec Garry Clarke (Ph. D.) à l’Université de la Colombie-Britannique, et a amorcé un travail visant à modéliser la dynamique des glaciers et des nappes de glace dans les modèles climatiques mondiaux afin d’approfondir notre compréhension de l’évolution des glaciers de la planète dans le passé, le présent et l’avenir.

En 2000, il s’est joint à l’Université de Calgary, où il a amorcé deux décennies de recherches terrain sur les glaciers pour améliorer et affiner les modèles sur les modifications subies par les glaciers en raison des changements climatiques. Ses travaux l’ont amené au Groenland, en Islande, dans l’Arctique canadien, dans les Alpes et dans les Rocheuses, où il a étudié une gamme de processus climatiques et hydrologiques de la cryosphère et des glaciers et documenté l’importance des modifications subies par les glaciers sur les ressources en eau de l’ouest du Canada et sur l’élévation mondiale du niveau de la mer.

Motivé par la compréhension fondamentale de notre environnement

En 2019, Shawn Marshall est devenu le premier conseiller scientifique ministériel à ECCC, un rôle créé pour renforcer l’intégration de la science dans les décisions gouvernementales. Il a contribué à la rédaction du rapport Science du climat 2050 d’ECCC, qui établit les priorités nationales en matière de recherche climatique et oriente les efforts d’adaptation et d’atténuation au Canada. Il a également contribué à un large éventail d’orientations scientifiques stratégiques au sein de la Direction générale des sciences et de la technologie d’ECCC.

« J’ai choisi de venir travailler au sein du gouvernement, car j'avais le sentiment de pouvoir ainsi faire changer des choses en m’impliquant dans de plus grandes équipes, sur des projets de plus grande envergure à la portée nationale », explique le climatologue. Shawn Marshall fait maintenant partie de la Direction des sciences et de la technologie de l’eau à ECCC. Il met son expertise sur les glaciers à contribution pour améliorer les modèles de disponibilité en eau douce, un enjeu crucial dans le contexte de la gestion des ressources en eau saisonnières et des changements climatiques. L’eau de fonte des glaciers peut aussi constituer une menace pour la qualité de l’eau, puisque des contaminants anciens tels que le DDT et le plomb sont libérés par la fonte et s’écoulent.

Les glaciers, « une espèce en voie de disparition »

Shawn Marshall a passé la majorité de sa vie à étudier les glaciers, à comprendre leurs mouvements, à mesurer leur déplacement et à s’attarder aux facteurs de leur disparition graduelle. Dans une récente étude, il révèle que certains glaciers de l’Ouest canadien et des États-Unis ont perdu 12 % de leur masse totale entre 2021 et 2024 – une fonte deux fois plus rapide qu’il y a dix ans. Les hivers avec peu de neige, les vagues de chaleur précoces, les périodes sèches prolongées et les cendres des feux de forêt, qui assombrissent les glaciers et augmentent leur absorption de chaleur, sont autant de facteurs aggravants.

« Les glaciers sont une espèce en voie de disparition », affirme-t-il. « Leur recul visible et mesurable en fait des symboles puissants des changements climatiques. Travailler sur les glaciers est très émotif. On voit les changements, on les sent. Et on voit aussi leurs impacts sur les gens – que ce soit par l’élévation du niveau de la mer ou la diminution des ressources en eau douce. »

Il ajoute : « Les glaciers sont esthétiques et photogéniques; pour plusieurs, ces paysages grandioses sont significatifs. » Pour le glaciologue qui a passé des décennies à parcourir les glaciers du monde, ils sont plus que des ornements; ils nous renvoient une image juste des changements auxquels nous faisons face aujourd’hui. Les Nations Unies ont d’ailleurs désigné 2025 comme l’Année internationale de la préservation des glaciers, une façon d’éveiller la conscience des gens à l’impact des changements climatiques sur les environnements montagneux et polaires.

Une science au service de l’avenir

Pour Shawn Marshall, la science est la base du savoir, un outil fondamental pour comprendre notre environnement et anticiper les transformations à venir. « Elle nous permet d’établir des perspectives à long terme et d’éclairer les décisions pour mieux nous préparer au futur », dit-il. Profondément fasciné par la nature, il apprécie le privilège de travailler dans un domaine qui lui permet de penser à l’avenir, au-delà du brouhaha politique à court terme qui peut se montrer démoralisant, voire paralysant.

Malgré les changements climatiques qui se poursuivent et l’accélération du déclin des glaciers mondiaux, il refuse d’être pessimiste et persiste à croire que rien n’est irréversible. « Il n’est pas trop tard pour la majeure partie des glaciers dans le monde. Les décisions que nous prenons maintenant détermineront quelle quantité de glace survivra à l’issue du siècle. »

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2025-09-12