Exploitation économique
L’exploitation économique est une forme cachée et nuisible de violence fondée sur le sexe (VFS). Elle survient lorsqu’une personne utilise l’argent ou d’autres ressources pour contrôler, exploiter ou nuire à une autre personne. Cette forme d’exploitation limite la capacité d’une personne à prendre ses propres décisions financières et à conserver son autonomie.
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À propos de l’exploitation économique
L’exploitation économique peut survenir une seule fois ou se répéter sur une longue période.
L’exploitation économique ne se limite pas à la violence financière. La violence financière constitue une forme d’exploitation économique. La violence financière survient lorsqu’une personne contrôle, détourne ou s’approprie l’argent ou les biens d’une autre. L’exploitation économique est un terme plus large. Il comprend tous les moyens par lesquels la liberté ou l’autonomie financières d’une personne peuvent être contrôlées ou compromises.
Les deux formes d’exploitation peuvent empêcher une personne de quitter une relation abusive, de reconstruire sa vie ou de participer pleinement à l’économie.
Exemples d’exploitation économique :
- Prendre de l’argent ou des biens sans consentement, par la force ou sous la menace.
- Limiter ou contrôler l’accès à l’argent.
- Faire pression pour signer des documents, comme des chèques ou des contrats.
- Empêcher une personne d'acheter ou de vendre des biens.
- Forcer l’ouverture ou l’utilisation d’un compte conjoint ou abuser d’un tel compte.
- Refuser de rendre des biens ou de l’argent empruntés.
- Empêcher une personne de travailler ou rendre difficile le maintien d’un emploi (sabotage professionnel).
Ces termes, comme l’ensemble de la terminologie liée à la violence fondée sur le sexe, sont présentés dans le Glossaire de la violence fondée sur le sexe.
L’exploitation économique peut survenir :
- dans une relation intime actuelle ou passée;
- entre membres d’une même famille;
- entre camarades ou connaissances;
- entre personnes inconnues;
- en personne ou en ligne.
Personne n’est à l’abri de l’exploitation économique, mais certaines personnes sont plus à risque :
- Les femmes qui subissent la violence entre partenaires intimes sont plus susceptibles de subir de l’exploitation économique. Dans ces cas, les personnes à l’origine de la violence utilisent l’exploitation économique pour contrôler et isoler l’autre personne.
- Les femmes autochtones sont encore plus à risque d’exploitation économique.
- Les personnes 2ELGBTQI+ subissent des taux plus élevés d’exploitation économique que les personnes qui ne sont pas 2ELGBTQI+.
- Les femmes vivant avec un handicap subissent plus souvent de l’exploitation économique que les femmes qui ne vivent pas avec un handicap.
- L’exploitation économique est la forme la plus courante de maltraitance envers les personnes aînées au Canada.
Les personnes qui subissent de l’exploitation économique ont souvent peur de la signaler à la police ou à d’autres autorités, ou ne souhaitent pas le faire. Parmi les raisons :
- la peur de représailles ou de préjudices;
- la dépendance envers la personne responsable de l’exploitation;
- la honte, l’embarras ou un sentiment d’impuissance;
- la méconnaissance de leurs droits ou des façons de signaler l’exploitation;
- le manque d’information sur les mesures que peuvent prendre les banques ou les organisations financières.
Répercussions de l’exploitation économique
L’exploitation économique peut avoir des répercussions graves et durables qui ne sont pas seulement financières. Répercussions possibles :
Conséquences physiques, par exemple :
- des problèmes de santé liés au stress (problèmes cardiaques, troubles digestifs, affaiblissement du système immunitaire).
Conséquences sur la santé mentale ou émotionnelle, par exemple :
- la dépression, l’anxiété, le trouble de stress post-traumatique;
- des sentiments de honte, de stress et de peur.
Conséquences économiques, par exemple :
- une perte potentielle de revenu;
- des répercussions sur la cote de crédit;
- une baisse de la cote de crédit;
- une dépendance accrue envers la personne responsable de l’exploitation, ce qui rend plus difficile de quitter la situation.
Une enquête menée en 2021 par le Centre canadien pour l'autonomisation des femmes a révélé que 78 % des participantes ont déclaré que le contrôle exercé par leur partenaire sur les finances pendant la pandémie de COVID-19 avait eu un impact négatif sur leur santé mentale.Note de bas de page 1
Comment réagir à l’exploitation économique
Si vous vivez ou si vous observez une situation d’exploitation économique, il existe des façons sécuritaires d’intervenir.
Si vous vivez de l’exploitation économique :
- parlez à une personne en qui vous avez confiance;
- obtenez de l’aide auprès d’un service local d’aide aux victimes;
- discutez de la situation avec votre institution financière;
- signalez l’exploitation aux autorités.
Si vous voyez une autre personne subir de l’exploitation économique :
- proposez du soutien et fournissez de l’information sur les ressources disponibles;
- parlez à une personne en qui vous avez confiance;
- signalez l’exploitation aux autorités.
Pour en savoir plus, consultez la section sur les ressources ci-dessous.
Faits et statistiques sur l’exploitation économique
La sensibilisation à l’exploitation économique est de plus en plus grande, mais il existe encore peu de recherches et de données gouvernementales récentes sur cette question au Canada.
Les données autodéclarées de l’Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés de 2018 montrent que certains groupes, notamment les femmes, les femmes autochtones, les femmes vivant avec un handicap et les femmes 2ELGBTQI+, subissent des taux plus élevés de violence économique :
- Depuis l’âge de 15 ans, 6 % des femmes ont déclaré avoir été forcées de donner de l’argent ou des biens à leur partenaire intime, comparativement à 4 % des hommes. De même, 5 % des femmes ont déclaré que leur partenaire intime les avait empêchées d’avoir accès à un emploi, à de l’argent ou à des ressources financières, comparativement à 2 % des hommes.Note de bas de page 2
- La violence économique était presque trois fois plus courante chez les femmes autochtones que chez les femmes non autochtones. Plus précisément, 16 % des femmes autochtones ont indiqué avoir été forcées de donner de l’argent ou des biens à leur partenaire (comparativement à 6 % des femmes non autochtones), et 13 % des femmes autochtones ont déclaré que leur partenaire les avait empêchées d’avoir accès à un emploi, à de l’argent ou à des ressources financières (comparativement à 5 % des femmes non autochtones).Note de bas de page 3
- Les femmes vivant avec un handicap ont déclaré, au cours de leur vie, des niveaux élevés de violence économique. Une femme sur 10 vivant avec un handicap a indiqué avoir été forcée de donner de l’argent ou des biens à son partenaire (comparativement à 4 % des femmes ne vivant pas avec un handicap), et 8 % des femmes vivant avec un handicap ont déclaré que leur partenaire les avait empêchées d’avoir accès à un emploi, à de l’argent ou à des ressources financières (comparativement à 3 % des femmes ne vivant pas avec un handicap). Note de bas de page 4
- Les femmes LGB+ étaient deux fois plus susceptibles de subir de la violence économique que les femmes hétérosexuelles. Au cours de leur vie, 17 % des femmes LGB+ ont déclaré avoir été forcées de donner de l’argent ou des biens à leur partenaire (comparativement à 6 % des femmes hétérosexuelles), et 10 % ont déclaré que leur partenaire les avait empêchées d’avoir accès à un emploi, à de l’argent ou à des ressources financières (comparativement à 5 % des femmes hétérosexuelles).Note de bas de page 5
La violence entre partenaires intimes comprend de nombreux comportements, y compris l’exploitation économique. De nombreuses enquêtes régionales montrent que l’exploitation économique survient souvent dans les situations de violence entre partenaires intimes.
Les résultats de l’Enquête sociale générale de 2019 sur la victimisation indiquent que :
- 2,2 % des personnes ont déclaré avoir subi de la violence économique de la part de leur partenaire, par exemple en étant empêchées d’accéder au revenu familial ou être forcées de donner de l’argent, des biens ou des propriétés;
- La violence économique était plus fréquente chez les femmes (2,7 %) que chez les hommes (1,6 %).Note de bas de page 6
Une enquête de Statistique Canada menée en 2022-2023 a révélé que la violence économique était fréquente (49 %)Note de bas de page 7 chez les femmes admises dans des établissements résidentiels pour victimes et les personnes survivantes de violence.
Ressources pour les victimes et les personnes survivantes
- La page Obtenez de l’aide maintenant de Femmes et Égalité des genres Canada (FEGC) présente des ressources de soutien immédiat.
- L’Agence du revenu du Canada aide les victimes et les personnes survivantes de VFS et d’exploitation économique à accéder à leurs crédits d’impôt et à leurs prestations.
- La page Web Arrêtons la violence familiale de l’Agence de la santé publique du Canada fournit des ressources et des renseignements à toute personne victime d’exploitation.
- Explorez l’application STEAR (Support Tool for Economic Abuse Recovery) du Centre canadien pour l’autonomisation des femmes (CCAF)
- Cet outil de dépistage de la violence économique, conçu par le CCAF, aide le personnel des maisons d’hébergement à aborder sans gêne les questions financières avec les victimes et les personnes survivantes de violence entre partenaires intimes.
- Le site Web du CCAF fournit des informations aux victimes et aux personnes survivantes d’exploitation économique.
En savoir plus sur la VFS et l’exploitation économique
- En savoir plus sur la violence fondée sur le sexe.
- Découvrez à quoi peut ressembler l’exploitation économique grâce à la campagne « Ce n’est pas juste » de FEGC (scénario sur les données bancaires).
- Apprenez ce que toutes les Canadiennes et tous les Canadiens devraient savoir sur l’exploitation économique et financière - Brochure d’Emploi et Développement social Canada (EDSC).
- Consultez le Guide de sécurité à l’intention des aînés de la Gendarmerie royale du Canada.
- Renseignez-vous sur les abus économiques facilités par la technologie auprès du Centre canadien pour l’autonomisation des femmes.