Transcription – « Mon nouveau chez moi : Région Haut-Saint-Jean »

Claudia Lolo,

La région du Haut-Saint-Jean est vraiment mon nouveau chez moi. D’ailleurs mes enfants m’ont dit, maman, si tu vends la maison, on te parle plus.

Narrateur

Bienvenue dans mon nouveau chez moi, une plongée au cœur des communautés francophones accueillantes du Canada. Un balado d’immigration, réfugiés et citoyenneté Canada.

Claudia Lolo,

Bonjour, je m’appelle Claudia Lolo, je suis originaire de la Guadeloupe, une petite île des Caraïbes. Je suis venue au Canada avec mes quatre enfants, nous sommes arrivés dans la région du Haut-Saint-Jean en janvier 2020 et je suis chef de cuisine et chef d’entreprise.

Claudia Lolo,

La région du Haut-Saint-Jean englobe la ville d’Edmundston, la communauté rurale du Haut-Madawaska et la première nation malécite de Madawaska. On se retrouve à la frontière des États-Unis, donc du Maine, et on est à vingt kilomètres du Québec, donc on est vraiment bien cernés pas très loin des grandes villes. Il y a beaucoup de lacs, beaucoup de forêts, beaucoup d’arbres et ça c’est très agréable. On parle principalement le français, donc les administrations sont en français, le service médical est en français, les médecins parlent français, les écoles sont en français. Il faut savoir que ça fait partie de la province du Nouveau-Brunswick, une province qui est bilingue, officiellement bilingue.

Claudia Lolo,

J’avais un rêve, c’était de pouvoir venir visiter le Canada, donc nous sommes venus avec les enfants. J’ai eu la possibilité de visiter Montréal et sa région et lorsqu’il a fallu partir, eh bien, mes enfants ils étaient tristes à l’aéroport, je comprenais pas qu’est-ce qui se passait. Ils ont fini par me dire, maman, on ne veut pas repartir, on veut rester ici et ma deuxième fille était prête à rester cachée dans les toilettes de l’aéroport pour qu’on ne puisse pas retourner, qu’on ne puisse pas prendre l’avion. Je lui dis malheureusement c’est pas possible parce que les douaniers vont nous mettre dans l’avion de force, mais c’était assez rigolo et je lui ai promis qu’on allait revenir. J’ai discuté avec mes enfants et on a convenu ensemble qu’on ferait le projet de venir s’installer au Canada.

Claudia Lolo,

Au retour des vacances, bien j’ai commencé à me renseigner pour savoir quelles étaient les démarches pour venir vivre au Canada et j’ai été à Destination Canada, c’est un forum, moi j’y ai été à Paris, mais il existe aussi à Bruxelles. Ça met en relation les employeurs avec des personnes qui sont intéressées pour travailler au Canada, mais c’est surtout pour la Communauté francophone hors Québec. J’ai rencontré une représentante d’immigration, quand je lui ai dit que j’étais chef d’entreprise et chef de cuisine, elle m’a dit, Oh, ça m’intéresse beaucoup, c’est le genre de profil qui est très recherché. Donc j’ai commencé mes démarches, mais mes enfants m’ont dit, maman, euh toi tu viens du Nil, tu aimes le soleil, toi on te voit pas à moins quarante au Canada. Donc, de là on a refait nos valises et en février 2019 nous sommes retournés au Canada pour deux semaines et c’est là où, en fin de compte, j’ai rencontré mon employeur qui était complètement conquis, qui voulait absolument m’embaucher. Donc je lui ai dit, écoutez, je rentre en France et j’arrive. Comme j’avais trouvé un employeur, donc les démarches d’immigration, c’était de faire un permis de travail pour cet employeur là, donc un permis de travail fermé. Donc j’ai mis mes affaires en ordre, j’ai pris un container pour transporter toute la maison parce qu’on est cinq à venir moi et mes enfants, donc ça fait beaucoup de choses à ramener. Et nous sommes arrivés, nous avons pris l’avion pour arriver au Canada.

Claudia Lolo,

Moi, lorsque je suis arrivée dans la région du Haut-Saint-Jean, ce qui m’a surpris c’est l’accueil des gens. Bien, les gens ils étaient assez accueillants, ils cherchaient à connaître et à savoir d’où je venais. La culture aussi m’a surprise, parce que je me suis rendu compte qu’il y avait des similitudes entre mes origines antillaises et les origines canadiennes. J’étais vraiment très très surprise et je continue encore à l’être. C’est au niveau des plats, il y a des plats qui se ressemblent, il y a des plats qui sont quasiment identiques, puisque j’avais été à un repas international et il y avait une cuisinière de la première nation qui nous avait préparé un pain. Et, c’est exactement le même pain qu’on mange chez nous en Guadeloupe. Donc je me suis dit Oh, on a sûrement des origines similaires en fait.

Claudia Lolo,

Au début, j’ai dû apprendre à composer avec la neige et j’ai découvert qu’est ce que c’était une tempête de neige. Mon ami m’avait dit, ah quand il y a tempête, faut pas sortir et moi je me suis dit Ah bon ? Et, pourquoi on ne sort pas ? J’ai regardé par la fenêtre, ils avaient annoncé tempête, j’ai dit ah bah ça va, il y a quelques flocons de neige, c’est pas bien méchant. Donc, j’ai pris la voiture de location et avec les enfants on est parti se balader et en fait je suis même pas arrivée au bout de la ville que les gros flocons de neige ont commencé à tomber et que là, eh bien, il a fallu pousser la voiture parce que la voiture n’avançait plus. La voiture n’avançait plus et là mes enfants, ils ont dû sortir de la voiture et pousser parce que bien, on était pris dans la neige et du coup j’ai dit ok, plus jamais je sortirai pendant une tempête de neige. J’ai compris maintenant. Ah non.

Claudia Lolo,

Quand je suis arrivée dans la province, des associations m’ont vraiment aidé puisque j’ai eu recours au centre pour nouveaux arrivants de la région du nord-ouest qui, en fin de compte, m’a aidé dans les démarches de professionnels. Aussi pour mes enfants, puisqu’il fallait les inscrire à l’école, mais je ne savais pas comment ça fonctionnait, donc ils m’ont donné tous les renseignements nécessaires. Ils organisaient des activités telles que le canoë et la descente en canoë, des pique-niques, le blé d’Inde. Parce que bon, moi je connais le maïs, mais le blé d’Inde, je ne savais pas de quoi on me parlait au début. Et en fin de compte voilà, ça m’a permis de prendre contact avec d’autres immigrants comme moi-même, avec des familles ou même simplement des étudiants. Et après, bien je suis devenue bénévole parce que je me suis dit il fallait que j’aide moi aussi les nouveaux arrivants, les nouveaux immigrants qui allaient venir dans la région. Puisqu’on m’a tendu la main, bah à moi maintenant de leur tendre la main également. La région est de plus en plus diversifiée, on a de plus en plus de personnes avec des cultures différentes, ce qui nous unit c’est la langue. Quelqu’un qui vient du Togo, qui vient du Sénégal, peu importe où qui vient du Maroc, on parle français, ça c’est vraiment un lien qui fait l’unité en fin de compte, on n’est plus des Canadiens et des immigrants, on est une communauté francophone.

Claudia Lolo,

Avec le centre de ressources pour nouveaux arrivants et la Communauté francophone accueillante du Haut-Madawaska, ils nous aident vraiment dans tous les domaines, que ce soit scolaire, que ce soit au niveau du logement, ils donnent des conseils, mais également aussi au niveau professionnel. Et en terme d’emploi, il y a vraiment besoin de main d’œuvre, de personnes, de familles qui puissent venir avec leurs compétences. C’est vrai qu’on va peut-être pas commencer avec le diplôme ou le statut de notre pays, mais ce qui est intéressant, c’est qu’on a toujours la possibilité d’évoluer. Moi je le vois dans mon parcours, je suis chef d’entreprise comme je l’ai dit et je suis chef de cuisine, chef à domicile. Eh bien, j’ai pas commencé en tant que chef de cuisine, j’ai commencé en tant que cuisinière tout simplement et maintenant j’ai changé d’emploi et j’ai évolué, puisque je suis devenue assistante gérante dans une entreprise de restauration. Donc, l’évolution est possible.

Claudia Lolo,

La qualité de vie, c’est quelque chose de primordial pour moi, pour mes enfants. Il faut que mes enfants puissent retrouver un équilibre. On n’a pas notre famille ici, on est en train de se constituer une famille avec des amis, des relations, donc c’est important pour moi que mes enfants puissent se sentir bien. J’adore m’occuper des oiseaux et de les entendre chanter le matin. L’été, ce que j’aime faire et c’est pour ça que j’aime aussi cette province, c’est que il y a beaucoup de lacs, il y a beaucoup de lacs, il y a beaucoup de verdure, donc marcher en forêt, aller au lac Baker qui est pas loin. Edmundston est vraiment mon nouveau chez moi, d’ailleurs mes enfants m’ont dit, maman, si tu vends la maison, on te parle plus.

Claudia Lolo,

Si je regarde ma vie, si je me regarde moi depuis que je suis arrivée au Canada, donc depuis trois ans bientôt, j’ai énormément changé. Je pourrais dire que je suis devenue beaucoup plus patiente. C’est vrai que la vie ici m’a fait voir la vie autrement, plus sereinement en fait. J’ai toujours été proche de la nature, même lorsque j’habitais en France, mais ici c’est autre chose, c’est vraiment pas pareil. C’est comme si en fin de compte, j’avais enfin posé mes bagages quelque part et que je me dis c’est bon, j’ai plus besoin de bouger, je suis arrivé à destination.

Narrateur

Merci d’avoir écouté mon nouveau chez moi. Un balado d’immigration, réfugiés et citoyenneté Canada avec la participation de la Communauté francophone accueillante. Ne manquez pas également de découvrir d’autres épisodes sur les communautés francophones accueillantes à travers le Canada.

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