Transcription – « Mon nouveau chez moi : Yellowknife »

Louis-Gaëtan

Yellowknife, c’est une ville capitale, mais c’est aussi cet esprit de commune, cet esprit d’entraide.

Adeline

J’étais super surprise de voir qu’il y avait une association francophone.

Narrateur

Bienvenue dans « Mon nouveau chez moi », une plongée au cœur des Communautés Francophones Accueillantes du Canada, un balado d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada.

Adeline

Bonjour, moi, c’est Adeline.

J’ai 33 ans, je viens du sud-est de la France.

Je suis directrice par intérim du réseau TNO Santé et je suis arrivée à Yellowknife en 2014.

Louis-Gaëtan

Salut tout le monde, je m’appelle Louis-Gaëtan.

Je suis né à Madagascar, j’ai 33 ans.

Je vis à Yellowknife, ça va faire dix ans cette année, et je suis pompier et ambulancier ici.

Adeline

Pour moi, Yellowknife, c’est la tranquillité.

Je pense que c’est vraiment le calme et la vie posée sans stress.

Le fait qu’on soit isolés crée un genre de petite bulle assez spéciale, assez particulière.

Le fait d’être dans la capitale des Territoires du Nord-Ouest, c’est la particularité de tout avoir.

On a donc tous les services, tout genre de magasins.

En fait, on a vraiment tout comme si on était dans une grande ville, sauf qu’on a le côté très relax et très peu oppressant d’un petite ville.

Louis-Gaëtan

J’ai presque envie de dire qu’on a l’avantage de toutes les grandes villes sans les inconvénients.

Adeline

Je suis arrivée en PVT avec mon conjoint en permis vacances-travail.

C’est un permis de travail ouvert d’un ou deux ans qui permet de voyager et de travailler dans tout le Canada.

Nous, on est venus pour visiter Yellowknife sur notre road-trip, notre découverte du Canada.

On était censés venir simplement deux semaines pour pêcher, en particulier.

Finalement, on est restés, de fil en aiguille toujours plus, une semaine de plus, un mois de plus, puis il s’est avéré qu’on est restés quelques années.

Louis-Gaëtan

J’ai découvert Yellowknife, c’était via le forum « Destination Canada » qui se passe au mois de novembre de chaque année à Paris et à Bruxelles.

En gros, le principe, c’est toutes les provinces anglophones du Canada représentées par leurs Communautés Francophones.

Il n’y avait pas de file d’attente au stand de Yellowknife.

Bah moi, c’est ça qui m’a attiré.

Et voilà, l’aventure a commencé là.

Moi, je suis arrivé à l’aéroport, j’ai vu des Somaliens, j’ai vu des Éthiopiens, j’ai vu des Zimbabwéens, j’ai vu des Indiens, j’ai vu des Chinois, j’ai vu des Japonais.

J’ai plus ou moins vu tous les continents du monde à l’aéroport.

Il y a vraiment une multitude de cultures, de nationalités, ici, en plus des différentes communautés autochtones.

C’est vraiment riche.

Adeline

Je trouve aussi que c’est assez incroyable et je ne m’attendais pas du tout à ça non plus et je pense que c’est aussi un des points qui nous a fait rester.

La première année, on était juste scotchés de croiser du monde de partout avec une histoire différente.

Des centaines d’ethnies, je pense qu’il y a une centaine d’ethnies à Yellowknife actuellement qui cohabitent.

Donc c’est vraiment richissime, quoi.

Pour une si petite ville au Canada, c’est exceptionnel.

Louis-Gaëtan

Je savais dans quoi je m’embarquais, je savais qu’il allait faire froid.

Par contre, je ne savais pas qu’il allait faire aussi froid.

Donc ça, je retiens ça avec le CDÉTNO.

CDÉTNO, c’est Centre de développement économique des Territoires du Nord-Ouest.

C’est eux qui étaient au forum « Destination Canada » qui vendaient Yellowknife, tu sais, la beauté de Yellowknife, les opportunités à Yellowknife.

Et par contre, ils ont un peu mal joué l’histoire de température.

Il m’a dit que c’était un froid sec.

Moins 50 degrés, c’est moins 50 degrés que ce soit sec ou humide.

Peu importe ce que les gens vous disent, il fait froid.

Moins 50 degrés, c’est froid.

Adeline

Pour moi, ce n’est pas vrai.

Le froid ici est très, très froid, certes, mais quand tu es bien habillé, que tu es couvert, que tu sais que tu vas te prendre une gifle avec le moins 50 ressenti, en se protégeant bien, en s’habillant bien, je pense que c’est vraiment gérable.

Après, je comprends que ça soit vraiment dur pour certains et puis qu’au bout de dix ans comme Louis, on en ait aussi marre.

Je pense que tu as été tanné assez vite, mais…

Louis-Gaëtan

Non, non, non, non.

Ne mets pas ça sur mes dix ans, dix ans de Yellowknife.

Ça, c’est la phrase, ça, c’est le paragraphe que tu entends.

Tous les gens qui travaillent dans des bureaux à Yellowknife disent : « Oui, le froid, c’est bien. Tant que tu t’habilles bien, ce n’est pas si terrible que ça. »

Non.

Demandez aux gens qui travaillent dehors.

Moi, je travaille dehors, moi, je dis : « Non, non, non, c’est mauvais. Moins 50, c’est mauvais. »

Adeline

Nous, quand on est arrivés, on a décidé de rester plus longtemps que prévu, donc on s’est mis à chercher du travail, et en quelques heures mon conjoint a postulé pour une offre d’emploi qu’il avait vue sur internet et commençait le lendemain après avoir discuté avec l’employeur au téléphone.

Donc c’est allé très, très vite.

Louis-Gaëtan

Yellowknife, c’est une ville-capitale, mais c’est aussi cet esprit de commune, cet esprit d’entraide.

On vient plus ou moins tous d’ailleurs.

Donc du coup, il y a cet esprit de : « Je suis passé par là. »

Donc si je peux aider quelqu’un, et les gens, ils n’hésitent pas du tout et ça, ça traverse les communautés.

Adeline

C’est tellement appréciable de se faire recevoir par des gens qu’on connait à peine qui ont vraiment envie de nous accueillir et de nous faire sentir chez nous rapidement.

Que c’est ça qui se passe en fait, c’est qu’automatiquement, on renvoie la pareille aux autres.

Louis-Gaëtan

En ce qui concerne mon arrivée ici à Yellowknife, ça a commencé par le CDÉTNO.

Comme je disais auparavant, c’est le Centre de développement économique des Territoires du Nord-Ouest.

Eux, ils m’ont orienté vers la FFT qui est la Fédération franco-ténoise.

Et ensuite, l’AFCY, qui est l’Association franco-culturelle de Yellowknife.

Et c’est comme ça, ça a commencé là.

Ça a commencé avec ce réseau francophone.

Adeline

Ici, toutes les associations francophones apportent quelque chose.

C’est-à-dire qu’on a autant le volet immigration que le volet culturel.

Donc on nous a tout de suite aiguillés pour aller utiliser les services et se faire aider en fait, sur tous les points de notre vie, c’est-à-dire autant l’assurance sociale que les spectacles pour sortir un peu le week-end.

Donc c’est un vrai soutien en fait pour les francophones quand on arrive.

Mais d’ailleurs, j’étais super surprise de voir qu’il y avait une association francophone.

Louis-Gaëtan

Avant même que je mette les pieds à Yellowknife, moi j’étais en contact avec une employée du CDÉTNO : « Comment est-ce que je peux trouver un logement? » « Est-ce que tu peux m’orienter? »

Elle m’a mis en contact avec un autre francophone, un Québécois qui était ici, qui cherchait un colocataire justement et donc du coup, ça a commencé là.

Adeline

Donc, moi, j’ai trouvé un emploi comme coordonnatrice de projet pour le réseau TNO santé.

Et il y a quelques mois, depuis le mois de janvier en fait, je suis devenue la directrice par intérim du réseau TNO santé.

Et ça, c’est vrai que c’est quelque chose que je n’aurais pas pu imaginer ailleurs dans le monde en France, vraiment pas.

Donc je suis vraiment chanceuse de pouvoir vivre ce que je vis aujourd’hui professionnellement.

Et pour beaucoup beaucoup de corps de métier, à mon avis, les carrières sont vraiment intéressantes.

Louis-Gaëtan

La compétition n’est pas la même.

Adeline

Oui, c’est vrai.

Louis-Gaëtan

Il n’y a pas autant de compétition, donc il y a beaucoup plus de chances pour que quelqu’un évolue assez rapidement dans sa carrière.

C’est quand même une ville émergente, il y a tout à faire ici.

Donc quelqu’un qui a l’ambition de créer, de vouloir entreprendre, Yellowknife, c’est l’endroit pour faire ça.

Cela dit, il faut souligner qu’à Yellowknife, majoritairement, tout est en anglais.

Le travail, l’emploi à Yellowknife, majoritairement, c’est en anglais.

Adeline

Il y a un effort qui est mis par le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest pour offrir un service en français dans tous les domaines.

C’est vraiment une volonté, parce que c’est la seconde langue officielle du pays.

Donc c’est vrai que, autant pour les services de santé que juridique, on devrait tout avoir en français comme en anglais.

Dans le domaine de la santé, c’est sûr que c’est très rassurant de pouvoir parler dans sa langue maternelle parce qu’on est quand même vulnérables et parfois, tellement soucieux que l’anglais n’est pas facile à utiliser dans des circonstances qui peuvent être plus ou moins stressantes.

Donc oui, avoir le service en français, c’est sûr, pour moi, c’est un plus.

Louis-Gaëtan

Ici, on a la Radio Taïga qui est la radio francophone de Yellowknife et on a l’Aquilon qui est le journal hebdomadaire.

Moi, ça me fait plaisir, de voir les nouvelles en français.

En route pour aller au travail, écouter la Radio Taïga, les émissions qui se passent dessus.

Oui, ça fait plaisir.

Adeline

On a la chance d’avoir des garderies francophones et des écoles francophones aux Territoires du Nord-Ouest.

Et donc moi, mes enfants vont l’un et l’autre à la garderie et à l’école francophone à Yellowknife.

C’est une chance et c’est rassurant pour nous parce qu’on voudrait vraiment que nos enfants maintiennent une connexion avec le français et tout simplement la culture française.

Donc c’est vrai que c’est un avantage qu’on a à avoir ces services‑là ici.

Louis-Gaëtan

Dans les Territoires du Nord-Ouest, il y a 11 langues officielles dont 9 langues autochtones.

50 % de la population des territoires, y compris Yellowknife, c’est la population autochtone.

Adeline

Quand on est arrivés, on a rencontré différentes personnes ancrées aussi avec la communauté autochtone, avec les Dénés notamment.

Louis-Gaëtan

Pour expliquer aux gens, les Dénés, c’est une communauté autochtone qui est ici, qui est plus dominante ici à Yellowknife.

Adeline

On a été invités au nouvel an autochtone dans la communauté de Detah, qui est à quelques kilomètres de Yellowknife.

Donc on a assisté à la cérémonie des tambours animée par les drummers.

Les sons des tambours, c’était vraiment prenant, c’était vraiment exceptionnel.

Je n’avais jamais vécu ça.

J’étais vraiment émue, touchée, puis vraiment, vraiment puissante.

C’était vraiment une expérience très, très forte.

Louis-Gaëtan

La culture autochtone est bien respectée, la culture autochtone est mise en avant.

Adeline

Ma vie, aujourd’hui, je la trouve plutôt douce et belle parce que j’apprécie vraiment le cadre dans lequel je vis, l’environnement.

Toute la nature nous apporte vraiment différents aspects, c’est-à-dire qu’on peut profiter de l’eau en été avec le kayak.

On peut aller se faire un petit feu sur une roche bah en été, en hiver, n’importe quand.

J’apprécie de pouvoir sortir et être en pleine nature tout le temps.

Louis-Gaëtan

Ce que j’apprécie bien, moi, j’aime bien le calme.

Mais surtout quand on parle de Yellowknife, on ne peut pas manquer les aurores boréales.

Il faut le voir pour voir à quel point les aurores sont magnifiques.

Adeline

Et puis, on s’en lasse pas.

Louis-Gaëtan

Je pourrai jamais m’en lasser, moi, des aurores.

Adeline

Alors, la première fois que j’ai vu une aurore boréale, j’ai vraiment vraiment, vraiment trouvé ça assez incroyable.

C’est juste un moment magique.

Il n’y en a aucune qui se ressemble, elles sont toutes uniques.

Donc c’est ça qui est absolument fou.

Puis voilà, ça explose, ça danse, ça change de couleur.

C’est quand même vraiment incroyable.

Mais à chaque fois que je vois une aurore, je pense que je suis pleine de gratitude.

Je me dis : « Mais waouh! Je vis à cet endroit-là sur la planète et je peux voir ça tous les jours si ça me chante. »

C’est assez exceptionnel.

On est vraiment chanceux.

Louis-Gaëtan

Tu as raison sur l’aspect gratifiant du truc.

Les mots ne peuvent pas… ne font pas justice à cet évènement, honnêtement.

Vous voulez ressentir ce qu’on ressent quand on voit les aurores?

Venez à Yellowknife, c’est tout ce que je vais dire.

Venez à Yellowknife.

Moi, j’avais 23 ans quand je suis venu.

23 ans, 24 ans, tu sais…

Quand j’ai réalisé les opportunités qui sont présentes à Yellowknife, moi, ça m’a vraiment changé ma mentalité.

Adeline

Je suis d’accord avec toi, Louis.

J’ai vraiment l’impression d’avoir changé un petit peu niveau mentalité, niveau ouverture d’esprit.

De façon générale, je sais que le voyage, ça amène ça.

Mais en vivant à Yellowknife avec toutes les expériences que j’ai eues que ça soit professionnelles ou personnelles, le poste que j’ai maintenant, mes autres postes avant, j’ai vraiment l’impression d’avoir grandi.

J’ai aussi eu deux enfants entre temps, au cours de ma vie ici.

Donc c’est sûr que d’être devenue maman ici, c’est aussi quelque chose.

Ça m’a appris beaucoup sur moi, puis ça change la vie.

Et c’est sûr que de les faire grandir ici, c’est un cadeau parce que quelque part, j’ai le mal du pays, de mon pays natal.

Mais c’est vraiment beau de les voir grandir ici.

Puis, par exemple, leur montrer les aurores boréales l’autre soir, de les voir regarder des renards passer dans notre jardin parce que c’est tous les jours.

C’est assez génial quoi.

Ce que je dirais à quelqu’un qui hésite à venir, c’est : « Viens, n’hésite pas. »

« Fonce, parce qu’il y a des aventures à vivre, il y a des expériences à prendre, il y a plein, plein de choses à découvrir. »

Et c’est sûr que voilà, rien n’est figé.

Tu peux venir essayer quelques mois, repartir.

Tu peux faire comme nous, rester deux semaines au départ, puis finalement, des années.

Yellowknife a beaucoup à donner, les Territoires ont beaucoup à donner.

Louis-Gaëtan

J’aime bien quand tu évites de parler du climat.

Bon, moi, je vais m’étaler dessus, ne t’inquiète pas.

Ne t’inquiète pas, je vais couvrir ça.

Bon, moi, ce que je dirais à quelqu’un qui veut venir à Yellowknife, première chose, c’est qu’il va faire froid.

C’est que huit mois de l’année, il fait froid.

Par contre, tenter l’aventure à Yellowknife, moi, je dis :

tu n’as rien à perdre.

Moi, je suis venu juste pour voir pendant l’hiver comme ça va se passer.

Je suis là, ça va faire dix ans cette année.

Viens voir.

Viens voir, tu ne vas pas le regretter.

Narrateur

Merci d’avoir écouté « Mon nouveau chez-moi ». Un balado d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, avec la participation de la Communauté Francophone Accueillante. Ne manquez pas également de découvrir d’autres épisodes sur les Communautés Francophones Accueillantes à travers le Canada.

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