Allocution de la conférence de Humanity First sur la réinstallation des réfugiés syriens

Discours

L’honorable John McCallum, ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté
Allocution de la conférence de Humanity First sur la réinstallation des réfugiés syriens
Le vendredi 20 novembre 2015

Le discours prononcé fait foi

Bonsoir, Mesdames et Messieurs. Monsieur Daud, je sais que Humanity First fait de l’incroyable travail sur le plan humanitaire et qu’elle se donne beaucoup de mal pour accueillir et installer les réfugiés au pays. C’est pourquoi c’est un immense plaisir et honneur pour moi d’être ici pour ma toute première allocution à titre de ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté.

En effet, c’est la première fois que le ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté fait un discours au Canada étant donné que c’est un nouveau titre. Le poste s’appelait auparavant ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration, mais on y a ajouté par la suite le mot Réfugiés. Je pense que c’est symbolique parce que c’est le premier ministre qui choisit les noms. C’est donc dire que le premier ministre Justin Trudeau veut montrer avec éloquence que les réfugiés ont leur importance au Canada.

En même temps, le premier ministre fait savoir que les citoyens canadiens accueilleront les réfugiés et que ces derniers sont nécessaires à la vitalité de notre pays et qu’ils le rendront encore meilleur qu’il ne l’est aujourd’hui.

En me replongeant deux semaines et deux jours plus tôt, le jour de la formation du conseil des ministres, je peux dire que je suis honoré que le premier ministre ait choisi une antiquité comme moi dans sa jeune équipe aussi diversifiée. (rires)  Je suis d’autant plus honoré qu’il a donné à cette antiquité un dossier qui exige d’elle une technologie à la fine pointe. (rires)  Du moins pour les deux ou trois prochains mois.

Vous savez, sur une note un peu plus sérieuse, car ce n’est pas de la rigolade, je suis économiste et je traite de ce qu’on appelle communément des dollars et des cents, bref de ce qu’il faut pour avoir de la nourriture dans son assiette. Mais c’est différent ici. On parle de valeurs. C’est plus émotionnel que rationnel. C’est une question qui m’a rendu on ne peut plus patriote pour le Canada de par ma responsabilité d’accueillir dans notre merveilleuse terre patrie qu’est le Canada 25 000 personnes fuyant de terribles conditions qui prévalent ailleurs sur la planète.

Mais manifestement, je ne suis pas seul là-dedans. Je travaille avec des centaines de contacts directs et des milliers de fonctionnaires : c’est un peu le projet des millions de Canadiens qui composent notre pays. Nous sommes convaincus que nous pourrons accueillir tous ces réfugiés rapidement et que nous le ferons de la bonne manière. J’explique ce à quoi je veux faire référence.

Nous attacherons toute l’importance nécessaire à tout ce qui concerne la sécurité. Mon collègue et ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, abordera la question en détail, mais je dirais d’emblée que les dirigeants du SCRS et de la GRC ont récemment affirmé que notre plan assurerait un niveau de sécurité optimal. Ma collègue, Jane Philpott, ministre de la Santé, s’occupera de tout ce qui entoure la santé. 

J’ose croire que la sécurité et la santé sont deux grandes priorités, mais il y a d’autres défis, il nous faut aussi identifier tous ces réfugiés. Nous devons vérifier s’ils ont leur permis de sortie. Nous avons besoin d’avions pour leur faire traverser l’océan. Nous devons leur donner un toit à leur arrivée. Nous sommes résolus, en travaillant main dans la main avec des partenaires de tous les ordres de gouvernement, la société civile et les citoyens canadiens, à faire tout en notre possible afin que tout se passe bien. 

Aujourd’hui même, j’ai annoncé que le gouvernement expliquera son plan à l’ensemble des Canadiens mardi prochain.

Le fait que l’annonce ait lieu mardi prochain ne m’a pas empêché de prendre contact avec de nombreuses personnes déjà. J’ai eu un entretien sur le sujet avec les 13 ministres provinciaux et territoriaux de l’Immigration et pas moins de 32 maires jusqu’à présent, ainsi qu’avec de nombreux autres intervenants. Je peux vous dire une chose : toutes ces personnes se sont montrées solidaires de cette mission d’accueillir 25 000 réfugiés au Canada.

Je vais d’ailleurs vous dire quelque chose que je devrais taire actuellement. C’est peut-être un secret et il faudrait peut-être attendre mardi, mais je vous le dis quand même. Lorsque j’ai parlé aux ministres provinciaux, chacun m’a indiqué combien de réfugiés il ou elle croyait pouvoir accueillir dans sa province. L’objectif est de 25 000 réfugiés. Si on additionne tous les chiffres donnés par les ministres, on arrive à un nombre supérieur. On dépasse les 25 000 réfugiés.

J’aimerais donc remercier du fond du cœur les ministres ainsi que les premiers ministres et les administrations publiques des provinces. Mais je lance aussi un avertissement. Les engagements ne sont que des promesses : les réfugiés ne sont pas encore en sol canadien. C’est par contre un excellent point de départ de constater tout l’engouement exprimé dans les mots et les chiffres de mes collègues provinciaux et territoriaux. 

J’aimerais aussi dire que l’aide n’est pas que le fruit des élus. Nous mettons à contribution des milliers de fonctionnaires fédéraux, provinciaux et municipaux qui travaillent sans relâche pour que nous atteignions notre objectif. Nous sommes aussi actifs auprès des entreprises et des chambres de commerce (le dialogue a été entamé dans certains cas, et nous continuerons dans la même lignée) pour aider les réfugiés à trouver du travail parce que, comme vous le savez, ils ont de l’aide pour environ un an, et nous ne voulons pas qu’ils dépendent trop longtemps de l’État. Notre but est de les faire sortir le plus possible et de leur permettre de trouver un emploi pour qu’ils contribuent à notre pays comme tous les autres citoyens. 

Je sais que la qualité des logements est un enjeu de première importance. Je sais aussi que nous travaillons d’arrache-pied de ce côté et que certaines personnes aux coffres bien remplis et au bon cœur nous ont déjà offert des logements abordables ou gratuits pour les nouveaux arrivants. Je veux les remercier de leur générosité et encourager d’autres personnes à leur emboîter le pas.

Ce que j’aimerais dire en dernier lieu, c’est que c’est plus qu’un geste humanitaire. Si on regarde à moyen terme, c’est non seulement bénéfique pour le Canada parce que nous faisons le bien, mais c’est aussi bon pour l’économie canadienne et la croissance du Canada et la diversité de notre pays. Le Canada devient ainsi un endroit où il fait encore mieux vivre et son économie prend de l’ampleur et se renforce. 

Je veux donc vous rappeler, en langage d’économiste, que c’est une entreprise coûteuse qui aura cependant d’excellentes retombées à long terme. Il y aura certes des coûts au début. Beaucoup de gens que nous accueillerons ne parlent ni anglais ni français. Certains auront des troubles physiques ou psychologiques ou des problèmes autres en raison des réalités du pays d'où ils viennent, et bon nombre d’entre nous ont peine à imaginer ces réalités accablantes. 

Mais ils s’adapteront, ils se débrouilleront, ils apprendront et ils deviendront des membres de la population active du Canada. Pour illustrer mon propos, je vais passer en revue l’histoire des vagues de réfugiés que nous avons accueillis par le passé. Vous n’avez qu’à penser aux 35 000 Hongrois qui sont arrivés lors de la révolution hongroise. Si je ne m’abuse, le Canada a accueilli 35 000 personnes en un an alors qu’il était encore tout petit, pas sur le plan géographique, mais sur le plan démographique, avec une population d’environ 15 millions de personnes.

On pourrait aussi parler des 60 000 réfugiés vietnamiens arrivés par bateau sous le gouvernement progressiste-conservateur de Joe Clark. Ou encore des milliers de personnes qui ont fui l’Ouganda sous le joug d’Idi Amin. Et j’aimerais faire remarquer que je parle des progressistes-conservateurs parce que je souhaite faire voir que l’accueil de réfugiés n’est pas l’apanage des libéraux. C’est une initiative purement canadienne qu’ont épousée les gouvernements libéraux et progressistes au cours des dernières décennies, et c’est pourquoi je crois que tous les Canadiens peuvent mettre la main à la pâte pour réaliser l’objectif.

Par pur hasard, l’un de mes hauts fonctionnaires m’a dit aujourd’hui qu’il avait un jour parlé à une personne d’un autre continent à qui il avait dit qu’après un certain temps, plus de 70 % de nos réfugiés faisaient partie de la population active. Son interlocuteur a alors voulu le rectifier : ne voulait-il pas plutôt dire « 7 % »? Non, c’était bien 70 %. Autrement dit, notre feuille de route est assez impressionnante. Pour l’autre personne, « 70 % » était inconcevable. Il devait avoir voulu dire « 7 % ». Mais non, le chiffre était le bon.

L’histoire montre ainsi que les gens qui viennent de loin finissent par travailler et prospérer après une certaine période d’adaptation. Ma liste d’exemples et loin d’être épuisée. Depuis la Deuxième Guerre mondiale, nous avons accueilli un million de réfugiés. Deux anciennes gouverneures générales sont des réfugiées. Adrienne Clarkson et sa famille habitaient Hong Kong en 1942 au moment de l’occupation japonaise et Michaëlle Jean vient d’Haïti. Notre gouverneur général, que je connais bien parce qu’il a déjà été mon supérieur (il était directeur de McGill et j’étais doyen), s’intéresse vivement aux réfugiés même s’il n’en est pas un lui-même.

Peter Munk, un homme d’affaires très connu, est réfugié. Kim Thuy, une auteure ayant reçu le prix du gouverneur général, est arrivée dans l’un des bateaux en provenance du Vietnam. Maryam Monsef, une collègue du conseil âgée de 31 ans, ce qui est plutôt jeune selon mes standards, est réfugiée de l’Afghanistan. Je connais au moins trois députés récemment élus qui sont arrivés à titre de réfugiés. 

Je fais ici la liste de réfugiés qui ont eu un parcours impressionnant, mais ce n’est pas le cas de tout le monde. Les réfugiés, ce sont nos voisins et nos amis et, souvent, on ignore même que ce sont des réfugiés. Je voulais seulement dire que certains réfugiés ont acquis une grande notoriété et qu’en général, les statistiques montrent que les réfugiés contribuent pour beaucoup à notre pays. Nous devons les accueillir, pas seulement parce que nous sommes gentils, même si j’espère que c’est le cas, mais aussi parce qu’ils feront de grandes choses pour notre pays à court et moyen terme.

En conclusion, Mesdames et Messieurs, comme je l’ai déjà dit, je suis honoré d’être à ce poste, de faire partie de ce projet d’accueillir rapidement et dans les règles de l’art 25 000 réfugiés qui ont fui la Syrie pour le Canada. Je suis honoré de servir sous notre premier ministre, lequel a modifié le nom du ministère pour insister sur l’importance des réfugiés et pris l’engagement ambitieux, mais non dénué de principes, d’accueillir autant de réfugiés. 

En guise de mot de la fin, j’aimerais remercier tous ceux et celles qui, à ma connaissance, sont à pied d’œuvre pour réaliser le projet et pour qui la question des réfugiés revêt un grand intérêt. Je veux aussi encourager les citoyens canadiens en faveur du projet à faire tout ce qu’ils peuvent au cours des prochains mois, à la fois parce que c’est ce qu’il faut faire et parce qu’en travaillant main dans la main, nous ferons les choses comme il se doit.  

Merci beaucoup!

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