Notes pour une allocution d’Ahmed Hussen, ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté à l’occasion d’une conférence de presse sur l’aide offerte aux femmes et aux enfants yézidis ainsi qu’aux autres survivants de Daech

Discours

Ottawa (Ontario)
Le 21 février 2017

Telle qu’elle a été prononcée

Merci beaucoup. Bonjour, et merci de vous joindre à nous aujourd’hui pour discuter des efforts que déploie notre gouvernement afin de réinstaller au Canada des femmes et des jeunes filles yézidies ainsi que d’autres survivants de Daech. Je suis accompagné de mon secrétaire parlementaire, Serge Cormier, de Dawn Edlund, sous-ministre adjointe déléguée des Opérations à IRCC, et de David Manicom, sous-ministre adjoint délégué du Ministère pour les Politiques stratégiques et de programmes. Sean Boyd d’Affaires mondiales Canada est aussi présent.

Je vous donnerai aujourd’hui un aperçu de notre plan pour venir en aide aux femmes et aux enfants yézidis ainsi qu’aux autres survivants de Daech. Nous répondrons ensuite à vos questions.

Vous le savez peut-être, le 25 octobre 2016, la Chambre des communes a voté à l’unanimité pour que le gouvernement réinstalle – offre sa protection aux femmes et aux jeunes filles yézidies qui fuient le génocide. À cette fin, tout au long de 2017, notre gouvernement réinstallera au Canada environ 1 200 survivants de Daech très vulnérables et les membres de leur famille, en concentrant particulièrement ses efforts sur les femmes et les enfants yézidis vulnérables.

Il est important ici de clarifier deux points. Premièrement, nous avons toujours eu comme tradition d’offrir notre protection en fonction de la vulnérabilité, et non de la religion ou de l’ethnicité; c’est pourquoi nous axons notre intervention sur l’ensemble des survivants de Daech. Cela dit, les yézidis représentent la vaste majorité des personnes que nous allons réinstaller grâce à cette initiative en raison du niveau particulièrement élevé de violence dont ils ont souffert aux mains de Daech.

Deuxièmement, alors que la motion visait expressément les femmes et les jeunes filles, nos efforts à cet égard nous ont révélé que Daech a aussi délibérément ciblé les jeunes garçons. C’est pourquoi il est essentiel pour nous de travailler à la réinstallation de tous les enfants survivants de Daech.

Pour revenir à notre engagement à réinstaller 1 200 survivants, il est important de garder à l’esprit que la population yézidie fait partie intégrante de la société iraquienne. De nombreuses personnes ont des racines dans cette communauté; aussi l’initiative visera-t-elle les personnes pour qui la réinstallation s’avère la meilleure option. Nous avons collaboré très étroitement avec divers partenaires afin de trouver un équilibre entre notre désir d’aider ces personnes vulnérables et la nécessité de veiller à ce que les vulnérabilités psychosociales importantes et particulières soient correctement gérées.

Les leçons tirées des efforts qu’a déployés le gouvernement allemand pour réinstaller des yézidis ont été primordiales. En effet, l’Allemagne a réussi à réinstaller en un an 1 000 survivants de Daech qui se trouvaient dans le Nord de l’Iraq, et son expérience nous a été très utile dans l’établissement du plan d’IRCC.

Notre opération est en cours, et des survivants de Daech sont arrivés au Canada pour être réinstallés au cours des derniers mois, c’est-à-dire depuis le 25 octobre 2016. D’ici demain, près de 400 réfugiés pris en charge par le gouvernement, la plupart venant de l’extérieur de l’Iraq, devraient être arrivés au Canada. Comme vous le savez, cela fera demain 120 jours depuis la date de la motion adoptée à la Chambre des communes.

Le reste des 1 200 réfugiés que nous nous sommes engagés à accueillir continuera à arriver d’ici la fin de l’année. Ces personnes viendront, pour la plupart, du Nord de l’Iraq. Nous savons, à partir de l’expérience de l’Allemagne, que cela nous oblige à travailler dans un environnement extrêmement dangereux et instable. La sécurité de notre personnel et des survivants de Daech eux-mêmes est primordiale pour nous, et nous en avons tenu compte dans l’élaboration et l’exécution de notre plan.

En conséquence, nous avons obtenu le consentement du gouvernement iraquien et travaillé de très près avec l’administration régionale kurde pour nous assurer qu’ils appuyaient notre plan, et nous pouvons compter sur leur soutien et leur coopération dans nos efforts. Nous avons aussi collaboré très étroitement avec l’Organisation internationale pour les migrations, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés ainsi que des organisations non gouvernementales comme Yazda à l’élaboration et à l’exécution de notre plan.

Comme dans tous les cas de réfugiés, le Canada honorera son engagement de réinstallation sans compromettre la sécurité tant des survivants de Daech que des Canadiens. En ce qui concerne le filtrage, je tiens à souligner que toutes les personnes que nous réinstallons au Canada ont été passées en entrevue par des agents très bien formés et qu’elles ont subi des vérifications médicales, judiciaires et de sécurité, comme ce fut le cas pour les réfugiés syriens.

Les survivants qui viennent au Canada à bord de vols commerciaux arrivent à un rythme contrôlé de façon à éviter de submerger les fournisseurs de services de soutien et d’établissement. Comme nous l’a appris l’initiative de réinstallation des réfugiés syriens, nous devons prendre le temps de nous assurer que les mécanismes de soutien et les services communautaires, les services de réinstallation sont prêts à mesure que nous faisons venir des réfugiés au Canada. Cela suppose de bien doser le rythme des arrivées.

Nous sommes par ailleurs conscients que les réfugiés, en particulier les femmes et les jeunes, sont nos nouveaux arrivants les plus vulnérables. Dans ce cas particulier, beaucoup d’entre eux ont subi des traumatismes et une vulnérabilité inimaginables, sur le plan tant physique qu’émotionnel, et beaucoup auront des besoins physiques, psychologiques et sociaux uniques, comme du counselling traumatologique. Nous nous attendons à ce que les survivants de Daech manifestent des besoins encore plus grands que ceux des réfugiés qu’accueille habituellement le Canada; c’est ce que nous ont dit les fonctionnaires allemands avec qui nous avons communiqué.

Étant donné que certains survivants de Daech sont déjà arrivés au Canada, nous continuons à travailler avec les fournisseurs de services, les organismes d’aide à l’établissement, pour surveiller en tout temps les services de soutien qu’utilisent ces réfugiés, déterminer si ces services sont adéquats, et apporter les changements nécessaires en cours de route.

Nous collaborons aussi très étroitement avec l’Organisation internationale pour les migrations, qui nous aide à transporter ces réfugiés jusqu’au Canada, pour évaluer globalement les besoins des survivants de Daech avant leur venue au Canada. Nous communiquons les renseignements ainsi recueillis aux organismes d’aide à l’établissement et aux autres fournisseurs de services afin de veiller à ce qu’ils se dotent d’un plan adéquat pour soutenir ces personnes et les aider à s’établir lorsqu’elles arrivent au Canada.

Nous collaborons aussi de très près avec les provinces, les territoires, les municipalités et d’autres organisations comme les conseils scolaires pour veiller à ce que les survivants de Daech reçoivent le soutien nécessaire à leur arrivée. Nous continuons à évaluer la justesse des mesures de soutien et à peaufiner notre plan pour nous assurer que cette population très vulnérable et traumatisée est toujours soutenue.

Nous réinstallons des familles, et pas seulement des femmes et des enfants, car nous estimons qu’il est essentiel de maintenir les familles ensemble afin d’assurer une source d’entraide pour ce groupe particulier de personnes. Les membres de ces familles de nouveaux Canadiens doivent pouvoir compter les uns sur les autres alors qu’ils fondent leur nouveau foyer et s’adaptent à leur nouveau milieu.

En conclusion, je souligne que cette initiative qui est en cours et qui se poursuivra en 2017 s’inscrit dans la très vieille tradition progressiste que nous avons au Canada d’ouvrir nos portes aux personnes qui ont besoin de protection et qui fuient la guerre et la persécution. Notre gouvernement a récemment réinstallé plus de 40 000 réfugiés syriens, et les leçons que nous en avons tiré nous ont beaucoup aidés dans notre présent effort pour réinstaller des survivants de Daech.

Nous sommes déterminés à offrir notre protection aux survivants de Daech, et soucieux de prendre le temps nécessaire pour bien faire les choses, y compris pour faire en sorte que le soutien offert à cette population particulière réponde vraiment à ses besoins. Notre opération vise à faire venir au Canada les personnes les plus à risque, et à leur donner le soutien et les services dont elles ont besoin pour se bâtir un nouveau foyer et refaire leur vie ici.

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