Notes d’allocution pour Ahmed Hussen, ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté à un déjeuner au Canadian Club of Toronto
Discours
Toronto (Ontario)
19 avril 2017
Tel que prononcé
Je vous remercie de cette aimable présentation. Je veux tout d’abord vous parler d’un jeune homme en route vers le Canada. Il est rempli d’émotions contradictoires. Tout d’abord, la peur l’envahit dès qu’il pense à ce nouveau pays et qu’il se demande si les gens là‑bas l’accepteront, quelles sont les normes en vigueur et les langues que l’on y parle, et ainsi de suite.
En même temps, ce jeune homme se laisse gagner par l’espoir et l’enthousiasme que suscitent la possibilité d’une nouvelle vie et les occasions qui se présenteront à lui et à sa famille. Mesdames et Messieurs, je vous remercie d’être venus au milieu de la journée pour m’écouter. Il y a quelques jours, nous avons célébré le 35e anniversaire de la Charte canadienne des droits et libertés.
La Charte a révolutionné la société canadienne et elle a eu de véritables répercussions sur notre jurisprudence. Elle a fait naître une société fondée sur le respect des droits et des possibilités pour tous, capable d’accueillir les gens de partout dans le monde afin que tous soient égaux et aspirent à une société égalitaire.
Pourquoi sommes-nous ici? Pourquoi êtes-vous ici aujourd’hui pour m’écouter parler d’immigration et m’adresser à vous en tant que ministre de l’Immigration? Pourquoi l’immigration est-elle importante? Si vous vous entretenez avec une diversité d’intervenants et de groupes, où que vous alliez au Canada, on vous tiendra le même discours sur la pénurie de main-d’œuvre et de compétences et sur le défi démographique auquel diverses régions de notre grand pays sont confrontées.
Certes, l’immigration n’est pas la panacée, mais elle est essentielle si nous voulons régler certains, si ce n’est pas la totalité, de ces problèmes. Alors que nous réfléchissons à la situation, nous devons nous demander à quoi ressemble l’immigration aujourd’hui. Autrement dit, à quoi ressemble aujourd’hui le ministère que je dirige? Lorsqu’on jette un regard sur le ministère de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, on constate qu’une grande partie de ses programmes visent en fait à nous assurer que nous continuons à accueillir les gens qui ont besoin de protection et d’un sanctuaire, mais aussi que nous sommes concurrentiels dans ce qui est une véritable course mondiale aux talents et aux compétences.
Par exemple, à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, nous nous efforçons de conserver notre tradition de pays progressiste qui accueille les personnes dans le besoin et qui n’a pas peur d’assumer ses obligations internationales et de protéger ceux qui fuient la guerre et la persécution. Il est par ailleurs tout aussi important de veiller à ce que les Canadiens disposent de moyens pour être réunis avec les membres de leur famille et leurs proches et à ce que les mécanismes nécessaires soient établis. Nous devons aussi nous préoccuper des aspects de l’immigration qui nous permettent d’être compétitifs, d’attirer les meilleurs et les plus brillants candidats et de faciliter leur venue ici.
Pour y parvenir cette année, dans une perspective globale, nous nous sommes préparés à l’accueil et à l’établissement de 300 000 résidents permanents au Canada. C’est un record historique, qui correspond aux trois ambitions dont j’ai parlé. De ces 300 000 personnes, 40 000 seront des réfugiés, 25 000 des réfugiés réinstallés par le gouvernement, soit le double du nombre de réfugiés invités à venir au Canada par le gouvernement antérieur, 16 000 réfugiés parrainés par le secteur privé, près de quatre fois le nombre de réfugiés des années antérieures à 2016 et le reste sont des demandeurs d’asile dont le nombre ne peut être prévu en fonction des courants migratoires mondiaux.
De ces 300 000 personnes, 172 000 sont des immigrants économiques, de la main‑d’œuvre qualifiée, des talents, des gens qui viennent ici pour faire croître une entreprise qu’ils ont démarrée et faire en sorte que nous ayons l’environnement et l’écosystème nécessaires. Je mentionnerai quelques-uns de ces programmes pour vous montrer nos initiatives à cet égard. Le programme Entrée express : 80 000 des 172 000 immigrants qualifiés viendront par le truchement d’Entrée express. Il s’agit d’un programme objectif qui accorde des points en fonction de l’âge, de la maîtrise de la langue anglaise, de la langue française ou des deux, des études postsecondaires et de l’expérience de travail.
Ce programme a vraiment bien fonctionné. L’année dernière, nous avons apporté quelques réformes visant à reconfigurer le système pour faciliter le traitement des étudiants étrangers. Notre objectif était d’attirer et de retenir plus d’étudiants étrangers, notamment pour qu’un plus grand nombre d’entre eux décident de rester au Canada après leurs études. Pourquoi ne voudrions-nous pas que ces personnes restent au pays? Elles maîtrisent déjà le français ou l’anglais ou les deux langues et elles ont fait leurs études dans l’un de nos excellents établissements d’enseignement supérieur.
L’autre programme est une initiative que nous avons annoncée en tant que gouvernement. La Stratégie en matière de compétences mondiales du Canada est une approche pangouvernementale qui sera lancée en juin. Le gouvernement a écouté bon nombre d’entre vous, qui êtes ici présents, qui lui ont demandé de l’aide afin de permettre aux personnes de talents de venir au Canada très rapidement. La Stratégie comporte trois volets. Le volet des talents mondiaux permet aux entreprises d’obtenir la main-d’œuvre dont elles ont besoin pour croître et créer encore plus d’emplois pour les Canadiens.
Comment cela fonctionne-t-il? La Stratégie supprime les aspects coûteux de l’étude d’impact sur le marché du travail, et celle-ci est remplacée par un plan des avantages relatifs au marché du travail. Ces avantages sont les emplois que créera la venue du nouveau travailleur dans l’entreprise. Le deuxième volet est un mode de service réservé aux entreprises, qui existe déjà au Ministère. Une entreprise qui veut déménager son siège social au Canada peut nous appeler et, en moins d’un mois, grâce aux mécanismes déjà établis, tous les permis de travail nécessaires sont obtenus et tout est réglé à une cadence record.
Le troisième et dernier volet est une initiative pleine de bon sens qui facilitera beaucoup le travail des agents frontaliers. C’est une exemption de permis de travail de courte durée pour les gens qui viennent au Canada pour s’acquitter d’un bref mandat de consultation, de 15 à 30 jours par année, ou de recherche hautement spécialisée d’une durée maximale de 120 jours par année.
Pourquoi exigerions-nous que ces personnes aient un permis de travail? Nous leur donnerons une exemption pour qu’ils puissent venir ici, accomplir leur travail puis retourner dans leur environnement particulier.
Autre programme : le visa pour démarrage d’entreprise, qui consiste à repérer des entreprises prometteuses de concert avec des associations de l’industrie et des sociétés de capital-risque. Tout d’abord, un propriétaire d’entreprise est désigné par une organisation; nous lui donnons sa résidence permanente, et sa demande d’immigration est traitée rapidement pour qu’il puisse venir au Canada, faire croître son entreprise et créer plus d’emplois pour les Canadiens et de la prospérité pour chacun d’entre nous.
Enfin, le programme que j’aime le plus : le Programme pilote d’immigration au Canada atlantique, qui a été conçu par une personne qui se trouve ici dans la salle et que je mentionnerai plus tard. Tout a commencé par une discussion avec les quatre premiers ministres des provinces de l’Atlantique sur les thèmes des défis démographiques et du marché du travail. Nous avons demandé aux premiers ministres quel genre de programme d’immigration ils souhaiteraient afin de pouvoir relever ces défis. À quoi ressemblerait un tel programme? Les premiers ministres ont littéralement rédigé l’avant‑projet de ce programme.
Ils ont cru que nous allions le modifier, mais nous ne l’avons pas fait. Nous l’avons simplement accepté et nous avons dit que nous le mettrons en œuvre. En vertu de ce programme, le Canada atlantique recevra 2 000 demandes supplémentaires; ce sont 2 000 travailleurs moyennement et hautement qualifiés et leurs familles qui viendront au Canada, et ce, sans qu’une étude d’impact sur le marché du travail soit effectuée. Une partie du problème dans les provinces de l’Atlantique n’est pas d’attirer des immigrants qualifiés, mais de les inciter à rester. En Ontario, 90 % des immigrants qualifiés décident de rester, en Alberta, la proportion est de 94 %, mais au Canada atlantique, elle est seulement de 60 %. Ce que ce programme d’immigration a de particulier, c’est qu’il est le seul en vertu duquel l’employeur est chargé du plan d’établissement des immigrants qualifiés.
Non seulement l’employeur détermine les travailleurs qualifiés qu’il souhaite faire venir, mais nous lui demandons d’établir, en échange de l’abandon de l’exigence liée à l’étude d’impact sur le marché du travail, un plan d’établissement qui répond aux besoins particuliers de ces travailleurs et de leur famille, de façon à augmenter le taux d’immigrants qualifiés qui demeurent au Canada atlantique. Lorsque vos enfants fréquentent l’école et que votre épouse a démarré une entreprise en Nouvelle‑Écosse, il est plus difficile de déménager à Toronto parce que vous avez maintenant des racines dans la collectivité.
Le Programme pilote d’immigration au Canada atlantique fonctionne vraiment bien maintenant. Plus de 250 entreprises de cette région y participent et ont été désignées pour aider les provinces et travailler avec les organismes d’établissement sur le terrain que nous finançons pour la prestation des services d’établissement. Toutes ces réalisations auraient été impossibles sans la générosité traditionnelle des Canadiens, générosité qui se manifeste toujours.
Le Canada a accueilli des réfugiés de la Hongrie. L’ouverture de nos frontières, dans les années 1970, à 60 000 réfugiés de la mer vietnamiens est littéralement la raison pour laquelle le parrainage privé de réfugiés existe maintenant au Canada. Les réfugiés de la mer vietnamiens ont été les premiers à être parrainés par le secteur privé.
Pensez à l’effort vraiment national que les Canadiens ont déployé concernant les réfugiés syriens en 2016 : des enfants du primaire qui mettent en commun l’argent du déjeuner pour aider une famille de réfugiés syriens, les personnes âgées d’une résidence qui mettent en commun leurs ressources pour parrainer une famille syrienne. Mon prédécesseur, John McCallum, qui voyageait un peu partout dans le monde et au Canada avait l’habitude de dire qu’il était le seul ministre de l’Immigration du monde qui ne peut faire venir des réfugiés assez rapidement pour satisfaire la demande et la générosité des Canadiens.
Voilà des choses que nous tenons pour acquises, mais elles en disent long sur le Canada. Le jeune homme dont il a été question plus tôt en est à sa deuxième journée au Canada et il essaie de poster une lettre à sa mère pour lui dire qu’il est arrivé au milieu d’une énorme tempête de neige à Toronto. Il essaie de comprendre comment fonctionne cette boîte rouge de Postes Canada et il cherche l’ouverture pour y glisser sa lettre, car ce n’est pas évident pour un nouvel immigrant.
Une femme qui marche sur le trottoir enneigé avec sa poussette laisse son bébé quelques secondes pour aider ce jeune homme à glisser sa précieuse lettre dans la boîte aux lettres. Le lendemain, le jeune homme se rend dans une laverie pour laver ses vêtements et quelqu’un lui dit qu’il a besoin d’un « huard ». Il se demande ce qu’est un « huard »? Une sorte de canard égaré? Il ne sait pas qu’un « huard » désigne une pièce d’un dollar. C’est alors qu’une autre femme qui fait sa lessive lui explique que les pièces de monnaie canadienne d’un et de deux dollars sont couramment désignées par les termes « huard » et « polar ».
Vous constaterez rapidement cette générosité et vous la verrez partout autour de vous. En fait, à la table d’honneur se trouve Jim Estill qui a donné 1,5 million de dollars provenant de ses fonds personnels pour parrainer 50 familles de réfugiés syriens dans sa collectivité.
Ce qui est surprenant, c’est que M. Estill aurait pu donner son argent à un organisme d’aide aux réfugiés ou à un organisme de services communautaires et passer à autre chose en se disant qu’il avait apporté sa contribution; mais non. Il a agi d’une façon très canadienne. Il a fait appel à des groupes interconfessionnels et communautaires de toutes les origines, il a relevé ses manches et il a travaillé avec eux pour faire en sorte que son argent soit dépensé là où il aurait les plus grandes répercussions.
Aujourd’hui, après vous avoir parlé, j’apprends que ce ne sont pas 50 familles qui ont été parrainées, mais 58 jusqu’à maintenant. Je vous en remercie énormément. Les Canadiens ont toujours été généreux. Après avoir parlé de ces programmes formidables qui fonctionnent vraiment bien pour nous et après avoir reconnu la générosité des Canadiens, est-ce que cela veut dire que nous avons atteint notre but à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada? Pas du tout.
Nous ne sommes même pas près du but. Pourquoi est-ce que je dis cela? Ce sont toutes les demandes non traitées qui me font dire cela. En fait, le jeune homme dont je vous ai parlé navigue dans le système, utilise les ressources communautaires et les organismes d’aide à l’établissement pour terminer l’école secondaire. Il travaille fort pour finir ses études, mais il ne peut pas aller à l’université. Il n’a pas accès à un prêt pour étudiant. Pourquoi? Parce qu’il n’est pas un résident permanent et qu’il doit attendre dans les limbes de l’immigration pendant six ans en raison de l’arriéré des demandes et de la lenteur du traitement.
Il ne peut pas contribuer à la société canadienne ni s’y intégrer, non pas par sa faute, mais parce qu’il attend que Citoyenneté et Immigration Canada traite sa demande de résidence permanente. Ce réfugié qui attend existe tout comme de nombreux autres qui attendent depuis cinq ou six ans maintenant. Ce sont des aides familiaux en attente de leur résidence permanente, sans oublier les quelque 47 000 réfugiés formant une file d’attente en vue de rencontrer les familles qui les parrainent.
Qu’avons-nous fait pour diminuer le nombre de ces demandes en attente? L’une des premières mesures que nous avons prises après avoir formé le gouvernement est de s’attaquer à l’arriéré des demandes de parrainage au titre du regroupement familial, parce qu’il s’agissait nettement d’une source d’irritation dans la collectivité. Nous avons traité un arriéré de 20 000 cas de parrainage des époux. Auparavant, il pouvait falloir de 26 mois à 3 ans, voire plus, pour la réunification des époux. Aujourd’hui, dans la grande majorité des cas, il faut 12 mois ou moins, même beaucoup moins.
Le délai pour le renouvellement de la carte de résident permanent était de 10 à 18 mois. Nous parlons maintenant d’environ 54 jours, délai qui ne nous satisfait pas encore. Nous voulons faire baisser le délai pour le ramener à 14 jours. Du côté des visas de résident temporaire, une autre source d’irritation, la norme au Ministère est maintenant de 14 jours. Est-ce que cela veut dire que la norme est respectée dans tous les bureaux des visas? Pas du tout. Toutefois, j’ai déjà visité quelques-uns de ces bureaux et je poursuis mes efforts pour m’assurer que ce délai diminuera.
Je ne veux pas qu’un étudiant étranger se rende au Royaume-Uni parce que le traitement de sa demande de visa a pris trop de temps. Je ne veux pas qu’une personne retarde ou reporte un investissement ou qu’elle investisse ailleurs parce le traitement de sa demande n’a pas été assez rapide. Lorsque j’ai suis entré en fonction à titre de ministre, l’un des principaux éléments qui m’a époustouflé et qui vous surprendra aussi, je crois, concerne un seul volet de l’immigration, soit celui des étudiants étrangers.
Me croiriez-vous si je vous disais que la somme d’argent que les étudiants étrangers injectent dans notre économie dépasse ce que nous procurent les exportations du bois d’œuvre, les exportations de blé, nos services financiers et représente un montant équivalant à nos exportations de pièces automobiles? Pourtant, l’Australie, qui ne se trouve même pas dans notre hémisphère, attire plus d’étudiants mexicains que nous. Nous ne pouvons accepter cela. Nous pouvons et nous allons en faire plus.
L’année dernière, nous avons approuvé 367 000 visas pour étudiants étrangers. Il s’agit d’un bond de 22 % par rapport à l’année précédente. C’est donc une amélioration, mais nous pouvons faire beaucoup mieux. Il y a encore beaucoup d’améliorations qui peuvent être apportées, qu’il s’agisse des délais de traitement et du service aux clients. Je suis allé en Allemagne, au Royaume-Uni et en Suisse. À chaque étape, les gens ne tarissaient pas d’éloges sur nos infrastructures d’établissement et d’intégration, notre façon de procéder si efficace pour l’établissement. J’étais heureux de l’entendre, mais nous pourrions quand même faire mieux.
Par exemple, en Allemagne, j’ai appris que les jeunes réfugiés suivent des programmes d’apprentissage dans un métier spécialisé où les Allemands sont particulièrement forts. Certains jeunes réfugiés apprendront à fabriquer un train à grande vitesse tout en apprenant la langue allemande, contrairement à chez nous où le métier et la langue s’apprennent en deux temps. Les Allemands enseignent les deux disciplines en même temps. Est-ce une idée qui peut nous être utile? De quelle façon s’y prennent les Suédois pour mieux réussir que nous l’intégration des immigrants, en particulier celle des jeunes?
Voilà le genre de leçons que je veux rapporter au Canada et dont je veux tirer parti pour nos activités d’établissement. Celles-ci accaparent 40 % du budget d’IRCC, alors nous devons nous demander si nous pouvons faire mieux. La seule façon de procéder, c’est de se demander si nos efforts permettent aux nouveaux arrivants de recommencer leur vie au Canada et de réussir afin de contribuer à la prospérité du pays dans son ensemble.
Pour ce faire, nous devons mesurer des données, faire en sorte que tous les organismes d’établissement, de la côte est à la côte ouest jusqu’à la côte nord, aient la même vision et recueillent des données de la même manière pour que nous puissions examiner les résultats et pas seulement les extrants. Je tiens à souligner que là où les immigrants réussissent, nous réussissons tous. Sur le plan historique, lorsque des immigrants réussissent au Canada, la majeure partie d’entre eux sont animés d’un ardent désir de faire leur part pour le Canada.
Si je devais nommer tous les immigrants qui ont réussi et redonnent à la société, ce dîner deviendrait un souper, mais j’en mentionnerai quand même quelques-uns. Hassan Yussuff, originaire de Guyane, a travaillé 40 ans à la fonction publique du Canada. Il dirige maintenant le Congrès du travail du Canada. Lois Lawrence, une femme forte, est venue de la Jamaïque avec pratiquement rien. Elle a utilisé 5 000 dollars de ses obligations d’épargne du Canada pour démarrer une entreprise de soins de santé qui emploient 500 professionnels de la santé et offrent des services de soins de santé à des milliers de clients.
Mohamad Fakih, un monsieur du Liban, est arrivé au Canada dans la vingtaine, les poches vides, mais mû par son esprit d’entreprise. Il travaille d’arrache-pied pour démarrer une entreprise de restauration, achète un restaurant en faillite et en fait une entreprise canadienne solide, Paramount Fine Foods. Aujourd’hui, cette entreprise compte 60 emplacements au Canada et elle continue de croître en s’implantant un peu partout dans des villes et des pays du monde entier.
Wes Hall, un jeune homme de la Jamaïque arrive au Canada et commence à travailler comme commis de la salle du courrier, grimpe les échelons de l’entreprise et crée énormément de richesse et de prospérité pour un grand nombre de personnes sur Bay Street. Revenons au jeune homme mentionné plus tôt : il a maintenant terminé l’université et il contribue à son tour à la collectivité en faisant du bénévolat et en offrant du tutorat auprès de jeunes enfants dans un quartier à risque.
Parlant d’immigration, de ce que nous faisons bien et de la générosité des Canadiens, j’aimerais revenir sur certains programmes que j’ai abordés plus tôt : Entrée express et le visa pour démarrage d’entreprise. Nous avons récemment annoncé dans le budget de cette année une stratégie d’emploi ciblée pour les nouveaux arrivants. Nous voulons que les nouveaux arrivants se mettent au travail rapidement pour que la somme de 27,5 millions de dollars soit dépensée.
Une partie de cette somme sera investie pour offrir une meilleure aide préalable à l’arrivée, de sorte que les immigrants qualifiés puissent commencer le processus d’obtention d’un permis d’exercice et de reconnaissance des titres de compétences étrangers avant leur arrivée au Canada et qu’ils soient prêts à se mettre rapidement au travail. Une fois arrivés au pays, bon nombre d’entre eux n’occupent pas un emploi dans leur domaine. Leur potentiel et leurs compétences restent donc inexploités, et nous n’en profitons pas. Pourquoi? Diverses raisons : ils n’ont pas d’argent pour payer leurs examens ou les frais de demande et ils ne peuvent subvenir aux besoins de leur famille.
Nous leur offrons des prêts afin qu’ils puissent assumer les coûts des examens et des demandes dans le cadre de la reconnaissance des titres de compétences étrangers. Je rencontre déjà des dentistes, des électriciens et des infirmières qui ont pu exercer leur profession au Canada grâce aux prêts. Le troisième aspect de cette stratégie d’emploi est la création de stages payés en vue d’aider les nouveaux arrivants qualifiés à acquérir une expérience de travail canadienne. Ce volet consiste à offrir du mentorat, à jumeler les travailleurs aux emplois et à proposer des programmes pilotes afin de savoir ce qui fonctionne.
Nos initiatives remportent déjà beaucoup de succès. Un grand nombre de programmes comme Entrée express, la Stratégie en matière de compétences mondiales du Canada, le visa pour démarrage d’entreprise, le Programme pilote d’immigration au Canada atlantique, ne se sont pas matérialisés soudainement. En fait, ils ne sont issus ni de notre ministère ni du gouvernement. Ils proviennent du milieu des affaires et de la population canadienne. Ils proviennent de nombreuses personnes qui sont ici, dans la salle. C’est la raison pour laquelle la participation est importante. Je suis fier de faire partie d’un gouvernement qui admet dès le départ ne pas avoir toutes les réponses et qui trouve nécessaire de consulter les Canadiens afin de connaître l’opinion de tous ceux qui sont sur le terrain.
Depuis le début de cette allocution, je vous parle d’un jeune homme qui a entrepris un voyage périlleux pour venir au Canada et qui est rempli d’émotions contradictoires. Ce pays lointain et inconnu l’effraye beaucoup, mais il est rempli d’espoir pour son avenir et celui de sa famille. Il nourrit l’espérance d’une vie nouvelle que partagent de nombreux nouveaux arrivants. Le jeune homme a bénéficié pratiquement dès le premier jour de l’immense générosité des Canadiens et de l’aide des services communautaires, une grande source d’inspiration pour lui. Après s’être établi au Canada et s’être intégré à la société canadienne, il veut redonner plus encore que ce qu’il a reçu de sa terre d’accueil.
Mesdames et Messieurs, je m’appelle Ahmed Hussen et je suis ce jeune homme qui a entrepris ce long voyage pour venir ici. Aujourd’hui, je dirige le ministère qui m’a offert de l’aide, il y a bien des années.
Je peux vous affirmer, et je suis désolé de vous l’apprendre : mon histoire n’est pas unique en son genre. Il existe des millions de nouveaux arrivants qui partagent la même histoire. Lorsque les gens me félicitent à l’étranger pour tout ce que j’ai accompli, je leur réponds que ma réussite est attribuable au Canada, parce que c’est seulement dans un pays comme le Canada qu’une histoire comme la mienne et que d’autres histoires sont possibles. Si je reviens à Entrée express, à la Stratégie en matière de compétences mondiales et à toutes les initiatives commerciales qui génèrent des fonds, c’est pour réitérer que nous avons besoin de vous, qui êtes présents dans cette salle, pour continuer de nous lancer des défis et de défendre des idées novatrices qui fonctionnent pour vous.
De quoi avez-vous besoin pour faire croître votre entreprise et l’économie, pour créer des emplois pour tous les Canadiens? J’ai une équipe formidable à mes côtés. L’un des membres de cette équipe est Bernie Derible. Pourriez-vous vous lever s’il vous plaît?
Bernie est l’homme qui a conçu à lui seul le Programme pilote d’immigration au Canada atlantique. D’autres membres de l’équipe comme Tia, Zubair, et Christine Whitten sont aussi ici. Pourriez-vous vous lever, je vous prie?
N’hésitez pas à communiquer avec ces personnes. Je veux que vous leur posiez des questions, que vous leur donniez votre opinion. Je m’engage à écouter les idées que vous nous soumettrez. Nous demeurerons novateurs et créatifs, mais nous n’y parviendrons pas sans votre contribution. Vous êtes ceux qui relèvent le défi de faire venir des travailleurs au Canada, ceux qui ont besoin d’immigrants qualifiés ou de ce consultant qui peut redresser et faire croître votre entreprise.
Vous savez comment, quand et exactement de quelle façon nous devrions procéder et quel genre de programmes d’immigration nous devrions mettre en place pour atteindre ces objectifs. Nous avons besoin que vous vous exprimiez. Nous devons agir ensemble. Je m’engage au nom de mon ministère à continuer de m’efforcer de réduire les délais de traitement, d’améliorer le service à la clientèle, d’offrir une meilleure expérience. Je veux que vos rapports avec le ministère de l’Immigration soient agréables.
Les formulaires, la ligne 1-800, tout devrait être une expérience agréable et qui facilite la présence de talents, d’investissements et de compétences au Canada. Ce faisant, nous devons garder à l’esprit que c’est uniquement grâce au partenariat avec l’industrie, le milieu des affaires, les organismes d’établissement canadiens, les citoyens canadiens et le gouvernement fédéral que nous pouvons continuer de profiter d’un système d’immigration qui sera toujours un élément clé de notre réussite économique, de la croissance économique et aussi de la prospérité de tous, la vôtre et la mienne. Merci beaucoup.
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