Allocution prononcée par l’honorable Ahmed Hussen, ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté : Annonce concernant le Programme pilote d’immigration dans les communautés rurales et du Nord

Discours

L’allocution prononcée fait foi
Sudbury (Ontario)

Merci, bonjour. Je devais être ici hier. Je tenais vraiment à faire l’annonce hier, ici à Sudbury, mais la météo en a décidé autrement. J’ai passé la soirée dernière à essayer de convaincre Air Canada d’effectuer un vol spécialement pour que je puisse arriver à Sudbury, et nous voilà.

Je souhaiterais commencer par remercier le Cambrian College de nous accueillir et Monsieur le Maire de Sudbury de nous recevoir pour cette annonce très importante qui va transformer l’histoire de l’immigration dans ce pays.

Je souhaiterais commencer par reconnaître que nous nous trouvons sur le territoire du traité Robinson-Huron et que les terres sur lesquelles nous sommes rassemblés aujourd’hui sont celles du territoire traditionnel des Atikameksheng Anishnaabeg.

Notre gouvernement est déterminé à faire croître la classe moyenne du Canada et à créer davantage d’emplois pour les Canadiens partout au pays, et notamment dans les zones rurales.

Au cours des trois dernières années, 800 000 emplois ont été créés, et les chiffres du chômage sont les plus faibles depuis 40 ans. Tout ceci trouve son origine dans le travail acharné et la détermination des Canadiens et de nos entreprises locales. Nous savons qu’il reste toujours plus de travail à accomplir.

Les Canadiens qui vivent dans les petites communautés se disent plus heureux que ceux qui habitent dans les grandes villes. Après avoir rencontré des résidents d’ici je comprends pourquoi.

Vous n’avez qu’à regarder le « Big Nickel » de Sudbury pour ressentir la fierté culturelle associée au fait de vivre dans une petite collectivité. Les entreprises locales qu’étaient la mine, le silo-élévateur, l’usine de papier et l’usine de transformation des aliments représentaient les piliers de l’économie de cette région. C’est là que se trouvaient les employeurs des Canadiens établis et de ceux nouvellement arrivés.

Dans un pays bâti sur ses ressources, les régions de petite taille ne se contentaient pas d’alimenter leur propre économie. Elles alimentaient l’économie du pays tout entier. Mais dans l’ensemble du Canada, nous constatons que la main-d’œuvre et la population active elle-même vieillissent. Dans de nombreuses collectivités de petite taille, les jeunes gens s’en vont dans des villes plus importantes.

Dans l’ensemble, la population active canadienne vieillit. En 1972, presque sept Canadiens travaillaient pour appuyer un retraité canadien. En 2012, le ratio n’était plus que de quatre personnes actives pour un retraité. En 2036, soit dans moins de 20 ans, si nous ne faisons pas preuve d’audace en matière d’immigration, il n’y aura plus que deux travailleurs canadiens pour chaque retraité.

Cela signifie qu’il sera de plus en plus difficile de conserver nos précieux programmes sociaux tels que les soins de santé universels, nos programmes d’infrastructure, les transports en commun, et notre Régime de pensions du Canada, sans parler du lancement de nouveaux programmes et du maintien de l’ambition dans le domaine de la prestation des services sociaux.

Dans certaines parties du Canada, ce ratio est encore plus critique. À Terre-Neuve-et-Labrador, par exemple, pour 100 personnes entrant dans la population active, 125 personnes la quittent pour prendre leur retraite. Comme nous l’avons constaté dans les zones rurales du Canada, la population vieillit également et la population active décline. Entre 2001 et 2016, le nombre de travailleurs potentiels dans les régions rurales du Canada a baissé de 23 pour cent, tandis que le nombre de retraités potentiels augmentait de 40 pour cent.

De plus, en 2001, on comptait dans les régions rurales du Canada environ 1,5 personne potentielle entrant sur le marché du travail pour chaque retraité potentiel. En 2016, ce chiffre avait déjà enregistré une baisse d’environ 0,7 personne entrant sur le marché du travail. Ce faisant, il y avait 0,7 personne entrant sur le marché pour chaque retraité potentiel dans les régions rurales du Canada. Nous sommes conscients du fait que ces régions sont confrontées à des défis particuliers en matière de croissance du marché du travail et de participation sur le marché du travail.

Les nombreux emplois qui restent toujours à pourvoir dans les régions rurales du Canada sont négligés. Dans le même temps, une nouvelle génération d’entreprises crée des emplois dans ces régions comme à Sudbury. Ainsi, ces collectivités et économies des régions rurales du Canada peuvent connaître une croissance, mais il n’y a personne pour occuper ces emplois.

L’année dernière, des employeurs locaux de Sudbury m’ont dit, lorsque je visitais le Cambrian College et de nombreuses autres parties de la ville, qu’ils n’étaient pas en mesure de répondre à leurs besoins en matière d’effectif et de compétences avec les travailleurs locaux. Ici à Sudbury, la demande locale n’est pas suffisante pour pourvoir les postes vacants. L’industrie minière, le secteur industriel le plus important de Sudbury, sera bientôt confrontée à une grave pénurie de travailleurs.

Cela n’a pas seulement une incidence sur les employeurs. Plus généralement, cette situation a des répercussions sur le développement économique régional. C’est la raison pour laquelle Anthony Rota est présent ici aujourd’hui, car il sait que cela est aussi important pour sa région. Le conseil des ressources humaines considère qu’il manquera plus de 106 000 travailleurs dans le secteur minier au cours des dix prochaines années, à moins que la situation ne connaisse un revirement.

Ce défi ne concerne pas que Sudbury. J’ai visité des collectivités partout au Canada, que ce soit d’autres régions du nord de l’Ontario telles que Sault Ste Marie, des régions du Manitoba, de la Saskatchewan ou encore Whitehorse au Yukon. Partout s’exprime la nécessité d’une croissance de la population. Nous avons besoin de plus de travailleurs pour soutenir l’économie locale et la croissance des entreprises en pourvoyant les emplois vacants, mais également fournissant les compétences dont l’économie locale a cruellement besoin.

Une enquête récente menée par la Banque de développement du Canada a permis de constater que 39 pour cent des petites et moyennes entreprises déclaraient éprouver de la difficulté à trouver de nouveaux employés. Les secteurs de la fabrication, de la vente au détail et de la construction étaient les plus gravement touchés. Les entreprises situées dans les petites villes ou dans les zones rurales rencontraient souvent plus de difficultés que le reste du pays.

Notre gouvernement souhaite aider les plus petites collectivités, pour assurer leur survie, mais aussi pour qu’elles prospèrent. Cela implique de leur trouver les travailleurs dont elles ont besoin, de veiller à ce que le système d’immigration facilite la croissance de ces entreprises et de garantir que nous remédierons non seulement aux lacunes du marché du travail, mais aussi aux pénuries de travailleurs qualifiés.

Notre gouvernement estime que l’immigration représente un outil important qui aide des endroits comme Sudbury à atténuer les difficultés économiques et démographiques auxquelles sont confrontées les régions rurales du Canada. L’immigration ne constitue certes pas l’unique solution. Nous disposons en effet d’autres leviers tels que les possibilités économiques, l’innovation, les investissements dans le perfectionnement des compétences, et la participation de la collectivité dans l’ensemble de ces domaines.

Toutefois, je peux vous garantir que l’immigration contribue dans une large mesure à répondre à ce défi particulier auquel Sudbury et de nombreuses autres collectivités sont confrontées. C’est la raison pour laquelle nous souhaitons attirer davantage d’immigrants qualifiés dans ces petites collectivités. Nous souhaitons qu’ils s’y sentent les bienvenus, afin qu’ils puissent travailler et vivre ici.

Je suis au fait du travail déjà accompli à Sudbury pour garantir que les organismes communautaires possèdent les outils leur permettant d’aider les nouveaux arrivants à s’installer, mais aussi d’assurer leur intégration et de les aider à trouver les emplois qui leur serviront à apporter leur contribution au sein de la collectivité.

Nous voulons que ces nouveaux arrivants s’enracinent à Sudbury, et plus globalement, qu’ils prennent activement part à la vie de cette collectivité. Par conséquent, c’est dans cet esprit et avec le plaidoyer de députés fédéraux comme Marc Serré, Anthony Roca, Paul Lefebvre et mon ami Terry Sheehan à Sault Ste Marie qui ont recommandé cette initiative que je me réjouis d’être avec vous aujourd’hui pour annoncer la création par le gouvernement du Canada d’un nouveau programme pilote fédéral d’immigration destiné à soutenir les besoins des communautés rurales et du Nord du Canada en matière de développement économique.

Monsieur le Maire, vous pouvez être fier du fait que la ville de Sudbury se soit battue si farouchement pour que le ministère de l’Immigration lance ce programme pilote. Sudbury a joué un rôle de chef de file en couchant l’idée sur le papier. La ville a fait preuve de leadership en promouvant ce programme, en le faisant progresser et en me le rappelant sans cesse, y compris il y a une semaine, pour s’assurer qu’il se concrétise, car le temps presse.

Comme c’est le cas pour notre Programme pilote d’immigration au Canada atlantique qui devrait enregistrer une croissance, le Programme pilote destiné aux communautés rurales et du Nord comportera des critères de sélection qui aboutiront à la réussite économique des nouveaux arrivants comme à celle des régions.

Nous voulons être capables d’utiliser ce programme pilote pour satisfaire les besoins particuliers du marché du travail de cette région et d’autres régions semblables au Canada. Ce programme pilote comporte une caractéristique nouvelle qui est différente des caractéristiques du programme pour le Canada atlantique et qui tient au fait qu’il sera dirigé par la collectivité. Le programme pilote sera mené par cette collectivité. La raison tient au fait que ce sont les collectivités qui connaissent le mieux leurs besoins. Elles savent également mieux que quiconque comment accueillir et intégrer les nouveaux arrivants dans leur marché du travail, et plus largement, en leur sein.

Nous savons que lorsque de nouveaux arrivants trouvent un emploi et s’installent dans une petite collectivité, c’est cette collectivité qui les accueille et les aide à prendre leurs marques dans leur nouveau chez eux. Le Programme pilote d’immigration dans les communautés rurales et du Nord ne vise pas simplement à faire venir dans des villes comme Sudbury les personnes dotées des bonnes compétences.

Nous souhaitons aider ces personnes et leurs familles, et pas uniquement les travailleurs qualifiés. Nous voulons que les immigrants qualifiés et leurs familles qui choisissent des villes comme Sudbury se sentent les bienvenus, afin qu’ils restent dans les collectivités rurales une fois qu’ils ont trouvé un emploi et contribuent à l’économie locale.

Ce projet pilote offrira donc une nouvelle approche communautaire vis-à-vis de l’immigration économique, afin d’aider les collectivités à répondre à leurs besoins de main-d’œuvre variés et à faire prospérer l’économie locale grâce à l’immigration. Voilà pourquoi nous adoptons une approche communautaire. Les collectivités savent non seulement de quelle manière accueillir ces nouveaux arrivants et leurs familles, mais elles connaissent également les besoins économiques locaux. Elles sont au courant de la diversité de leur économie.

Nous sommes heureux d’annoncer qu’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada acceptera, à partir d’aujourd’hui, les demandes des collectivités intéressées situées en dehors du Canada atlantique et du Québec. Notre objectif est de sélectionner un petit nombre de collectivités dans des régions rurales du Canada afin qu’elles participent à ce programme pilote en matière d’immigration.

Nous procéderons à la sélection au printemps 2019. Nous mettrons ensuite en place de nouveaux partenariats avec les collectivités choisies, en collaborant avec elles pour attirer et accueillir les nouveaux arrivants et leurs familles dans ces régions. Les résultats et les leçons tirées de ces nouveaux partenariats vous aideront, ainsi que de nombreuses autres collectivités du pays, à envisager la façon dont l’immigration peut répondre aux besoins des économies régionales. Les décisions ne seront pas prises à Ottawa. Le programme prendra forme dans des collectivités locales comme Sudbury.

L’immigration au Canada a commencé en milieu rural, dans des endroits comme Sudbury : il a plus de 100 ans, Clifford Sifton, un ministre de la Couronne tout comme moi, est parti à l’étranger pour rechercher des personnes prêtes à s’installer dans les régions les moins peuplées du Canada, y compris les Prairies.

Il leur a demandé de venir pour participer à la construction du Canada, en créant de nouvelles collectivités et en travaillant la terre. Nous devons beaucoup au ministre Sifton et à d’autres, grâce à qui des générations d’immigrants ont pu profiter de la politique ouverte, accueillante et inclusive du Canada en matière d’immigration, apportant à notre pays des compétences et un savoir-faire précieux venus des quatre coins du monde.

Ces immigrants ont fait du Canada un pays dynamique, fort et prospère dont nous sommes fiers. Les immigrants récemment arrivés au Canada ont les mêmes objectifs que les premiers colons. Mes collègues et moi-même en rencontrons tous les jours. Ces nouveaux arrivants sont ambitieux. Ils sont enthousiastes et qualifiés. Ils font preuve d’une solide éthique professionnelle et ont envie de réussir.

Ils se créent une nouvelle vie au Canada, dans des villes comme Sudbury. Avec sa population vieillissante et son faible taux de naissance le Canada compte de plus en plus sur les immigrants pour combler la pénurie de main d’œuvre et de talent dans les communautés de tout le pays. L’immigration importe aujourd’hui plus que jamais. Elle assure la croissance de la population, de l’économie et de l’innovation en plus de créer des emplois.

L’immigration a aidé de grandes villes canadiennes. Avec le Programme pilote d’immigration dans les communautés rurales et nordiques, nous voulons cibler des villes comme Sudbury, Sault Ste. Marie et d’autres afin que les petites collectivités profitent de l’immigration au même titre que les grandes villes.

En effet, le Canada rural est important aujourd’hui et le sera à l’avenir pour maintenir la bonne croissance économique du pays. Nous savons que les régions rurales ont aidé notre pays à prospérer, puisque les Canadiens vivant dans des collectivités rurales comme Sudbury contribuent à 30 % de notre PIB. Nous espérons que ce programme pilote permettra à ces collectivités de poursuivre leur croissance grâce à l’immigration.

Nous savons tous que l’immigration est importante pour le Canada. Je conclurais avec un dernier point. Nous sommes certains que les nouveaux arrivants vont réussir. La vitesse à laquelle ils réussiront dépend des possibilités qui leur sont offertes et des outils qui sont mis à leur disposition pour réussir leur nouvelle vie au Canada.

Pourquoi? Parce qu’il ne suffit pas de parler d’intégration et d’établissement. Il faut également investir en ce sens. Nous, Canadiens, savons que ces investissements seront plus que payants à l’avenir. Nous savons également que lorsque les nouveaux arrivants réussissent leur installation, le Canada est gagnant. Thank you.

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2019-01-24