ARCHIVÉ – Notes en vue d’une allocution de l’honorable Jason Kenney, C.P., député, ministre de la Citoyenneté, de l’Immigration et du Multiculturalisme

Au Congrès national Metropolis
Toronto, le 1er mars 2012

Tel que prononcé

Mesdames et Messieurs, chers Canadiens, c’est un grand plaisir d’être ici à nouveau à Métropolis et de vous partager les idées dans un moment important pour la politique en immigration au Canada, un moment de réforme, un moment de changement pour améliorer nos programmes d’immigration et particulièrement les résultats pour les nouveaux arrivants et pour le Canada.

Nous vivons un moment intéressant. Vous êtes tous, dans la salle, des mordus de politiques en matière d’intégration et d’immigration. Vous travaillez sur le terrain, vous qui êtes de nombreux universitaires. Il s’agit là d’enjeux dont vous êtes passionnés et profondément informés. Je soupçonne que vous remarquez comme moi que, actuellement, nous semblons vivre une période où une attention accrue est prêtée aux politiques en matière d’immigration d’une façon que nous n’avons pas connue depuis longtemps – il y a beaucoup de points de vue et un débat très sain et constructif.

Une des choses dont je tire toujours fierté en tant que Canadien est le fait que nous sommes en mesure de tenir un débat sain et éclairé sur l’immigration qui évite les types de problèmes négatifs que nous voyons dans d’autres pays occidentaux. Je pense que nous tenons peut-être pour acquis le fait que, dans notre pays, il n’y a vraiment pas de voix organisée ou sérieuse prônant la xénophobie. Depuis maintenant six ans, notre gouvernement accepte en moyenne plus d’un quart de million d’immigrants et de résidents permanents chaque année, ce qui représente le taux d’immigration absolu et maintenu le plus élevé de l’histoire du Canada.

Nous maintenons aussi les taux par habitant les plus élevés parmi les pays développés. Je pense que, actuellement, nous occupons le même rang que la Nouvelle-Zélande, mais nous sommes en avance sur virtuellement tous les autres pays. Il est remarquable qu’il n’y ait pratiquement aucune controverse grave au sujet du maintien de tels niveaux solides d’immigration. Le débat est axé sur ce que nous pouvons améliorer pour nous assurer que l’immigration fonctionne pour les nouveaux arrivants et pour le Canada, et c’est ce que mon discours abordera.

Une des raisons pour lesquelles je trouve cela intéressant concerne le fait que le premier ministre Harper a récemment parlé de l’importance de l’immigration au Canada au cours de son discours majeur présenté au Forum économique mondial à Davos, en Suisse, le mois dernier. Je ne peux me rappeler un autre premier ministre canadien soulignant sur la scène mondiale que l’immigration est une partie essentielle de la stratégie économique du Canada.

Il a déclaré, au sujet de la récente récession, que « nous n’avons pas […] réduit l’immigration ni cédé à la tentation du protectionnisme. Au contraire, nous avons maintenu les niveaux élevés d’immigration que nécessite le vieillissement de notre population active pour l’avenir […] Nous entreprendrons aussi une réforme importante de notre système d’immigration. Tout en respectant nos obligations humanitaires et nos objectifs de réunification des familles, nous nous assurerons que nos efforts en matière d’immigration répondent aux besoins de l’économie et de la population active. »

Comme je l’ai dit plus tôt pour citer le premier ministre, une de mes préoccupations concerne le vieillissement de la population du Canada. « Ce problème, si on ne s’y attaque pas rapidement, pourrait miner la situation économique du Canada, et d’ailleurs celle de tous les pays occidentaux, bien plus que les crises économiques actuelles. L’immigration nous aide déjà à faire face à ce problème et elle nous y aidera encore davantage dans l’avenir. »

Dans ce contexte, j’aborderai ce que nous faisons pour tenter d’améliorer notre système d’immigration et nos plans d’avenir concernant la façon d’élaborer un système d’immigration moderne qui, comme je l’ai mentionné, fonctionne pour le Canada et pour les nouveaux arrivants.

Nous avons eu la chance au Canada d’avoir un cercle vertueux dans le domaine de l’immigration. 

Les nouveaux arrivants veulent venir au Canada parce que c’est un pays libre, prospère, pacifique et pluraliste.  Si nous sommes tout cela c’est en partie grâce aux nouveaux arrivants que nous avons accueillis au fil des années, dont beaucoup ont connu la violence, la répression de l’État et le collectivisme, et qui ne veulent pas voir ces forces tyranniques s’implanter au Canada.

Nous devons demeurer vigilants pour nous assurer que le système d’immigration continue de fonctionner dans l’intérêt national.  Nous cherchons constamment à l’améliorer afin qu’il serve davantage l’intérêt du Canada. 

Comme l’a écrit le chroniqueur du New York Times Thomas Friedman :

[Traduction] « Nous sommes passés de l’âge de fer à l’âge industriel, puis à l’ère de l’information, et enfin à l’ère des talents. Les pays qui facilitent l’attraction du talent humain ont un net avantage. »

En ouvrant nos portes aux immigrants pourvus de compétences qui seront facilement reconnues ici et permettront de répondre tout de suite aux besoins urgents du marché du travail, le gouvernement donnera au Canada le « net avantage » dont il a besoin pour maintenir la vigueur de son économie, ainsi que le dynamisme et la sécurité de ses sociétés.

Nous voulons un système qui soit attrayant pour un ingénieur diplômé de l’Institut de technologie de l’Inde ou un biochimiste de l’Université Tsinghua. Nous voulons un système d’immigration « en temps réel » qui, par exemple, permettrait aux immigrants éventuels de présenter une demande pour venir au Canada le 1er janvier, d’arriver à Winnipeg le 1er juin, et d’occuper un emploi rémunéré selon leur niveau de compétences d’ici la fête du Canada.

Justification de la réforme

J’ai décrit le système d’immigration que nous voulons. Mais ce n’est manifestement pas le système que nous avons, et même si nous procédons rapidement aux modifications nécessaires, nous avons encore du chemin à faire pour atteindre notre objectif.

Avant d’entamer notre processus de réforme, nous avons décelé de nombreuses lacunes dans un système d’immigration qui doit être modifié. En voici quelques-unes parmi les plus importantes.

Pendant des décennies, et jusqu’à tout récemment, les résultats économiques des immigrants ont diminué d’année en année au Canada. Le taux d’emploi des immigrants, tout comme leurs revenus, n’a cessé de fléchir.

Trop souvent, être nouvel arrivant au Canada signifiait être plus pauvre, plus susceptible d’être sous-employé et moins bien outillé pour évoluer dans une économie et une société modernes que la personne née au Canada.

Prenons un exemple parmi d’autres. Les résultats du Recensement de 2006 révèlent que les immigrants qui sont venus au Canada en 2004 étaient plus de trois fois susceptibles d’avoir un faible revenu que les personnes nées au pays. Au moins 34,1 % des nouveaux arrivants faisaient partie de la catégorie à faible revenu du Recensement, comparativement à 9,7 % de l’ensemble des Canadiens.

Par ailleurs, ces dernières années, nous avons été témoins de la situation paradoxale où certaines régions du pays étaient aux prises avec des pénuries chroniques de travailleurs auxquelles des niveaux d’immigration élevés n’ont pas apporté de solution adéquate. Cela est en train de devenir un problème très grave.

Aujourd’hui, en même temps que je m’adresse à vous, en Alberta, un nouveau groupe de défense des employeurs est en train de se former pour revendiquer un meilleur lien entre les politiques en matière d’immigration et les pénuries de main-d’œuvre. La Chambre de commerce du Canada a affirmé que les pénuries de main-d’œuvre constituent l’une des difficultés économiques les plus importantes auxquelles fait face le Canada, l’écart prévu au cours de la prochaine décennie étant de 160 000 emplois dans le domaine de la construction, de 60 000 infirmiers, de 7 000 camionneurs et de 130 000 travailleurs de l’industrie pétrolière.

L’autre jour, j’étais dans le sud-est de la Saskatchewan, où j’ai grandi et où il y a, uniquement dans ce petit coin de la province, des milliers de postes à pourvoir dans une province où on estime que, au cours de la prochaine décennie, il y aura plus de 100 000 postes à pourvoir dans tous les champs de compétences – du travail manuel effectué dans les fermes, pour lequel les exploitants offrent 25 $ l’heure, jusqu’au sommet du spectre des compétences. En fait, je n’aurais jamais pensé que j’entendrais ce qui suit, mais, la semaine dernière, j’ai entendu pour la toute première fois l’expression suivante : « Nous faisons face à une pénurie d’avocats. »

On fait actuellement appel, croyez-le ou non, à des avocats sud-africains en tant que travailleurs étrangers temporaires, car on ne peut trouver assez d’avocats pour effectuer le travail à faire à cet endroit. Il s’agit là d’un problème croissant et énorme. C’est tellement un paradoxe. C’est quelque chose qui m’empêche de dormir la nuit lorsque j’y pense.

Nous voyons encore trop de chômage et de sous-emploi parmi bon nombre des nouveaux arrivants que nous accueillons au pays, et pourtant, dans de nombreuses industries et régions, le problème le plus important aujourd’hui concerne le nombre insuffisant de personnes pour occuper les emplois qui sont disponibles en ce moment et qui sont essentiels à notre croissance.

Auparavant, les immigrants venaient au Canada et s’établissaient généralement à Toronto, à Montréal ou à Vancouver, peu importe qu’il y ait ailleurs de meilleures possibilités d’emploi. Nous les laissions entrer sans nous assurer qu’ils possédaient les qualifications ou les compétences variées qui leur auraient permis de s’intégrer à notre marché du travail moderne et en constante évolution.

Il existe bien d’autres lacunes.

Des études effectuées pendant plusieurs années nous ont appris que la maîtrise des langues officielles est l’un des meilleurs indicateurs de la réussite des nouveaux arrivants au Canada. En même temps, elles ont révélé que le niveau de connaissance du français et de l’anglais des immigrants était inférieur à la moyenne, si l’on comparait à celui des Canadiens nés au pays.

L’Enquête internationale sur l’alphabétisation et les compétences des adultes révèle que le niveau minimal de compétence de 60 % des nouveaux arrivants se situait sous le niveau 3, considéré comme le minimum requis pour relever les défis du monde actuel.

Mais toutes ces questions étaient éclipsées par la profusion de demandes en attente qui congestionnaient les systèmes d’immigration et de protection des réfugiés. Non seulement nos critères de sélection n’assuraient pas l’obtention des meilleurs résultats pour notre société et notre économie, mais ils occasionnaient aussi des délais d’attente qui ralentissaient considérablement le système.

Imaginez... Le 1er février 2001, un agent des visas canadien se met au travail à Damas. Il a sous les yeux le dossier d’une personne qui dit être professeur, avoir 45 ans et posséder 15 ans d’expérience dans l’enseignement de l’histoire perse. Il effectue machinalement un calcul au moyen d’un système de pointage sclérosé, en accordant à cette personne des points selon l’âge, l’expérience professionnelle et la scolarité, sans toutefois vérifier que l’expérience et la scolarité du candidat répondent à un besoin du marché du travail canadien. Après une attente de sept ans, ce professeur arrive enfin à Toronto, généralement sans emploi.

Ainsi, sept ans plus tard, voilà qu’une personne qui ne possède aucune compétence en demande arrive au Canada. Faut-il s’étonner si ce demandeur n’a pas trouvé d’emploi facilement? Est-ce un mystère qu’il ait, en conséquence, éprouvé beaucoup de difficultés relatives à l’immigration?

Tout observateur impartial du système d’immigration que nous avons eu au cours de la dernière période en viendrait à la même conclusion, c’est-à-dire que celui-ci doit être rectifié.

Solutions pour corriger les erreurs de politique passées 

Quelles mesures avons-nous prises pour résoudre le problème? C’est un fait que nous avons besoin d’immigrants pour pourvoir les postes vacants, et telle est notre priorité. Après tout, la grande majorité des nouveaux arrivants viennent au Canada pour améliorer leur situation financière.

Nous accueillons bien sûr ceux qui ont besoin de notre protection, qui sont victimes de violence et de persécution, et ces gens font évidemment souvent des contributions considérables à notre économie, mais la grande majorité des nouveaux arrivants prennent le risque de laisser tout ce qui leur est familier dans leur pays d’origine – leur famille, leurs proches – afin de saisir cette grande occasion en raison du rêve qu’ils entretiennent et de la possibilité d’obtenir de meilleures chances et d’être en mesure de transmettre tout cela à leurs enfants.

S’ils travaillent, les immigrants pourront subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille, s’intégrer dans la collectivité, et payer des impôts afin de financer nos généreux programmes sociaux.

La bonne nouvelle, c’est qu’au cours des dernières années, nous avons amorcé un virage. Nous nous sommes attaqués à certains des problèmes liés au déclin des résultats économiques des immigrants et à l’inégalité croissante entre les nouveaux arrivants et les personnes nées au Canada.

Les données révèlent que les immigrants sélectionnés pour leur capital humain, ceux qui avaient une offre d’emploi réservé, et ceux qui ont étudié et acquis de l’expérience au Canada réussissent beaucoup mieux sur le plan économique.

C’est pour cette raison que nous nous efforçons de sélectionner des immigrants qui répondent à ces critères.

En novembre 2008, comme certains d’entre vous le savent, nous avons mis en œuvre le Plan d’action pour accélérer l’immigration selon certains changements que nous avons apportés à la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés (LIPR).

Avant cela, le Canada avait l’obligation de traiter chacune des demandes d’immigration qu’il recevait, même si cela entraînait un grand nombre de demandes en attente, qui a atteint 641 000 demandeurs dans la catégorie des travailleurs qualifiés du volet fédéral et environ 850 000 demandes dans l’ensemble. Chacun de ces demandeurs pouvait s’attendre à patienter pendant au moins six ans avant de pouvoir venir au Canada. Bien entendu, cette situation était frustrante et posait trop de problèmes.

Le Plan d’action a donné de bons résultats. En fait, depuis sa mise en œuvre, l’utilisation judicieuse d’un plafond de nouvelles demandes dans certaines catégories a fait chuter le nombre de demandes en attente au titre de la catégorie des travailleurs qualifiés du volet fédéral à moins de 309 000, soit une réduction de plus de 50 %. Et, comme vous le savez, les nouveaux demandeurs qui sont admissibles reçoivent souvent une décision en moins d’un an.

Au lieu d’attendre pendant six ou sept ans, de nombreux nouveaux demandeurs obtiennent maintenant une réponse et viennent au Canada en moins d’un an.

Je serai honnête. Lorsque le Ministère m’a dit que cela allait fonctionner de cette façon, j’étais un peu sceptique, mais j’ai été si content de rencontrer certains des jeunes nouveaux arrivants incroyablement brillants qui ont présenté leur demande il y a moins d’un an et qui sont maintenant au Canada. Que ça me rend heureux de voir que cela fonctionne de cette façon.

Nous pouvons et devons faire mieux.

Laissez-moi ouvrir une parenthèse pour expliquer la question relative aux arriérés. Le Comité permanent de la citoyenneté et de l’immigration de la Chambre des communes est en train de parachever un rapport complet. Je pense que son dépôt est prévu pour la semaine prochaine. Il y a eu quelques malentendus. Nous avons appliqué l’outil permettant de limiter les nouvelles demandes, non seulement dans le cadre du Programme des travailleurs qualifiés, mais aussi dans le cadre du programme de réunification des parents et des grands-parents, du programme de parrainage privé de réfugiés, du programme d’immigration des investisseurs, etc.

Chaque fois que nous faisons cela, certaines personnes accusent le gouvernement de réduire radicalement les niveaux d’immigration; je pense que, si vous comprenez ce que je dis, vous comprendrez que la critique est vraiment peu sincère. Nous maintenons des niveaux élevés d’acceptation de nouveaux arrivants, soit plus d’un quart de million par année. En fait, nous avons fait augmenter le nombre de résidents permanents admis de 14 % par rapport au nombre autorisé par nos prédécesseurs. Mais, ce que nous devions faire, c’était de nous attaquer une fois pour toutes au grand nombre de nouvelles demandes, que nous avons été chargés de terminer, puisque, comme je l’ai décrit, il y a virtuellement un nombre infini de demandes envoyées par des personnes venant de partout dans le monde et souhaitant venir au Canada.

Nous avons vu des sondages indiquant que des centaines de millions de personnes aimeraient immigrer au Canada. Pendant de nombreuses années, nous recevions de 400 000 à 500 000 demandes dans le cadre de tous nos programmes de résidence permanente, mais, avant 2006, nous acceptions en moyenne 220 000 personnes. Au cours de certaines années, nous recevions deux fois plus de demandes, étant donné qu’il y avait des postes disponibles dans le plan d’immigration, ce qui signifiait simplement que la liste d’arriérés devenait de plus en plus longue et que cela ne profitait à personne.

Il est évident que l’un des autres facteurs majeurs sous-jacents aux échecs essuyés dans le passé concerne le problème continu et énorme lié à la reconnaissance des titres de compétences étrangers.

Nous avons fait certains progrès à ce chapitre. Nous avons mis en place des processus clairs pour huit professions réglementées, si bien que nous pouvons indiquer aux personnes qui les exercent dans quelle mesure leurs titres de compétences se comparent aux normes canadiennes dans l’année qui suit la présentation de leur demande. À la fin de cette année, nous prévoyons ajouter à cette liste six professions réglementées. Cela se fait par l’entremise de ce que nous appelons le Cadre pancanadien d’évaluation et de reconnaissance des qualifications professionnelles acquises à l’étranger. Il découle d’un accord que le premier ministre et les premiers ministres provinciaux et territoriaux ont signé en 2009, soutenu par un investissement fédéral de 50 millions de dollars pour effectuer les travaux nécessaires pour faire siéger les représentants de quelque 40 professions réglementées des 10 provinces à une table nationale commune dans le but d’élaborer un processus simplifié pour la reconnaissance des titres de compétences.

Je suis très fier de certains autres projets que nous avons lancés à cet égard, comme le Projet canadien d’intégration des immigrants, qui est mené par l’Association des collèges communautaires du Canada dans bon nombre des principaux pays sources d’immigrants. Quatre-vingt-cinq pour cent de nos immigrants économiques sélectionnés sont invités, avant qu’ils ne quittent leur pays d’origine pour le Canada, à participer à un séminaire gratuit de deux jours, assorti de séances de counselling personnalisées, sur la façon de trouver un emploi et de présenter une demande de reconnaissance des titres de compétences en ligne, en vue de comparer comment il est difficile de devenir un ingénieur en Ontario par rapport à la Colombie-Britannique, et ainsi de suite.

Nous remarquons une croissance de la participation à ce programme et des taux d’emploi plus élevés chez les personnes qui y participent. Vous savez peut-être que, la semaine dernière, nous avons annoncé la première vague de nos programmes pilotes gérés par Ressources humaines et Développement des compétences Canada pour aider à fournir des prêts de microcrédit en vue de financer la mise à niveau des compétences pour les professionnels formés à l’étranger. Ils sont obligés d’occuper un emploi de subsistance. Leurs économies sont épuisées. Ils ne peuvent obtenir de crédit au Canada, mais ils doivent suivre des cours supplémentaires afin d’être admissibles à un permis d’exercice.

Pour donner à ces travailleurs un coup de pouce, nous collaborons avec des ONG, des institutions financières et des philanthropes pour leur fournir le crédit financier dont ils ont besoin pour mettre à niveau leurs compétences. Bien qu’il reste encore beaucoup de travail à faire dans ce domaine, il s’agit là d’étapes considérables et d’une amélioration réelle par rapport au système précédent.

Nous savons également qu’une meilleure connaissance du français et de l’anglais a quelque chose à voir avec la réussite, autant sur le plan économique que social. En général, les personnes qui possèdent des capacités limitées en français ou en anglais sont plus susceptibles de gagner moins, d’être sans emplois et de dépendre de l’aide du gouvernement. Nous avons donc établi des critères plus stricts pour l’établissement des compétences linguistiques des travailleurs qualifiés du volet fédéral. Je pense que certains d’entre vous pourraient savoir que, auparavant, lorsque nous n’exigions qu’un échantillon des compétences en rédaction, bien trop souvent, certains de ces malins agents d’immigration à l’étranger ne soumettaient que des échantillons qui avaient été tirés de Wikipédia ou d’un autre document. Aujourd’hui, nous avons mis en place des tests linguistiques obligatoires offerts par une tierce partie.

J’aimerais ajouter que le Québec a suivi notre exemple.

Le nombre de travailleurs qualifiés admis qui parlent anglais a donc augmenté, passant d’un peu plus de 41 000 en 2001 à plus de 49 000 en 2010. Le nombre de travailleurs admis qui parlent français a également augmenté, passant d’un peu plus de 3 300 à près de 4 000. Ce qui frappe encore plus, c’est que le nombre d’arrivants parlant les deux langues officielles a doublé, passant d’environ 7 500 à plus de 16 000.

Nous savons aussi, d’après nos recherches, que les travailleurs qualifiés du volet fédéral qui ont un emploi réservé à l’arrivée réussissent beaucoup mieux que ceux qui n’en ont pas. Les données révèlent que les travailleurs qualifiés du volet fédéral qui ont un emploi réservé gagnaient en moyenne 79 200 $ trois ans après l’admission, comparativement à 44 200 $ pour ceux qui n’avaient pas d’emploi réservé. Nous nous efforçons donc de rendre ce programme plus accessible aux employeurs en simplifiant le processus qui leur permet d’embaucher les travailleurs qualifiés dont ils ont besoin et de les faire venir plus rapidement.  

Enfin, en 2008, nous avons créé la catégorie de l’expérience canadienne. Le programme qui s’y rattache permet aux travailleurs étrangers temporaires ayant de l’expérience dans un domaine spécialisé et aux étudiants étrangers ayant fait des études au Canada de présenter une demande de résidence permanente. Une fois encore, ce changement a été motivé par le bon sens et s’appuie sur des données objectives qui révèlent que les immigrants qui ont acquis une expérience professionnelle canadienne ou fait des études au Canada réussissent beaucoup mieux que les autres immigrants.

En réalité, je suis ravi de l’existence de ce programme. Voici une photo de notre 10 000e participant à la CEC; il s’agit d’un jeune étudiant brillant de l’Université Carleton, originaire de la Mongolie, qui travaille maintenant à la Banque Royale et qui représente exactement le type de candidat qui bénéficiera de ce programme. Celui-ci aide les universités canadiennes à promouvoir notre expérience postsecondaire de grande qualité auprès des étudiants étrangers et est vraiment sensé.

Vous savez que, auparavant, nous invitions les étudiants étrangers ici. Ils travaillaient fort à nos collèges et universités, obtenaient un diplôme qui était reconnu par les employeurs canadiens, puis nous leur disions : « Veuillez quitter le pays. Si vous souhaitez immigrer ici, veuillez vous placer à la fin d’une file d’attente de sept ans. » Je pense qu’il s’agissait là de la définition d’une mesure « stupide ».

Aujourd’hui, nous leur disons : « Nous vous félicitons d’avoir obtenu votre diplôme. Veuillez rester au Canada. Et, en passant, nous vous accordons un permis de travail ouvert pendant vos études et un permis de travail ouvert de deux ans lorsque vous aurez terminé vos études. Vous acquerrez un peu d’expérience, perfectionnerez vos compétences linguistiques en français ou en anglais et détiendrez un diplôme qui est reconnu par les employeurs canadiens. Vous êtes préparé pour la réussite. » C’est un bon programme.

Ces changements ont tous eu des effets bénéfiques, mais ce n’est qu’un commencement. En 2011, nous avons lancé des consultations publiques sur d’autres modifications éventuelles aux critères de sélection relatifs aux travailleurs qualifiés du volet fédéral. Ces modifications seraient davantage axées sur les connaissances linguistiques et les jeunes, et réduiraient les obstacles pour les ouvriers spécialisés qui veulent immigrer au Canada. Comme vous le savez, essentiellement, le système de points a fait qu’il est impossible pour les personnes de métier spécialisé de venir ici. Nous avons reçu beaucoup d’excellents commentaires sur les modifications que nous nous proposons d’apporter; nous sommes en train de mettre la touche finale à la grille de points du nouveau programme, que nous espérons rendre public d’ici la fin de l’année.

Même si le programme des travailleurs qualifiés du volet fédéral (PTQF) a été le programme « vedette » en matière d’immigration économique pour le Canada pendant des décennies et qu’il restera une source importante d’immigrants économiques après avoir subi les modifications que nous dévoilerons plus tard cette année, il n’est plus l’unique ni même le principal volet. Nous avons diversifié le système et créé un système plus flexible.

Au cours des dernières années, nous avons admis un nombre croissant d’immigrants grâce aux programmes des candidats des provinces, le nombre d’admissions à ce programme passant d’environ 4 000 à environ 40 000. La plupart d’entre vous savent probablement que les programmes des candidats des provinces permettent aux provinces et aux territoires de sélectionner les résidents permanents en fonction d’une demande d’un employeur.

Une évaluation récente de ce programme a permis de constater que les candidats des provinces réussissent généralement bien et que leurs résultats économiques sont comparables à ceux des travailleurs qualifiés du volet fédéral; en fait, leurs résultats étaient légèrement meilleurs au cours des premières années du programme. Ce qui est le plus important, c’est que le programme aide réellement à répondre aux besoins régionaux et locaux du marché du travail. L’un des plus gros problèmes auxquels faisaient face mes prédécesseurs concernait le fait que 90 % des nouveaux arrivants se rendaient dans les plus grandes régions métropolitaines, en particulier les régions de Montréal, de Toronto et de Vancouver, et que très peu d’entre eux s’établissaient dans les soi-disant régions du Canada, dans la région de l’Atlantique, les Prairies, l’Ouest en général ou même à l’intérieur de la Colombie-Britannique.

Cette situation a changé de façon radicale. Je sais que vous suivez ces statistiques, mais la proportion d’immigrants s’établissant à l’extérieur de la Colombie-Britannique, de l’Ontario et du Québec est passée de 11 % en 1997 à 26 %. Nous avons vu que le taux d’immigration en Saskatchewan a quadruplé au cours des quatre dernières années, que celui du Manitoba a triplé, que celui de l’Alberta a doublé et qu’il y a eu une augmentation considérable dans toute la région de l’Atlantique; de plus, les immigrants s’établissent relativement plus à l’intérieur de la Colombie-Britannique, plutôt que seulement dans la grande région de Vancouver.

Je sais que cela s’est produit aux dépens de l’établissement d’un plus petit nombre d’immigrants en Ontario, en particulier dans la région du Grand Toronto, mais on peut honnêtement affirmer que les gens se rendent là où il y a des emplois lucratifs et sont heureux de contribuer à la société. Je pense qu’il s’agit d’une expérience positive. Je peux certainement vous dire que c’est ce que l’on trouve dans les données, et c’est ce que j’ai trouvé selon des sources non scientifiques. Je me trouvais justement dans le sud-est de la Saskatchewan, comme je l’ai mentionné, pour rencontrer de nouveaux arrivants.

J’étais un peu sceptique. Je dois être honnête. J’étais un peu sceptique du fait que certains des gens ayant participé à ce programme resteraient de façon permanente dans les régions rurales, dans les régions moins habitées où il n’y a peut-être pas de communauté culturelle qu’ils connaissent. Le programme présente quelques problèmes que nous devons régler, mais, de façon générale, l’expérience, en particulier dans l’ouest des Prairies, est très positive quant au maintien des immigrants dans la collectivité.

Ils m’ont emmené au supermarché à Weyburn, en Saskatchewan, où il y a maintenant une section entière d’aliments philippins, par exemple. Vous n’auriez pas vu ça il y a cinq ans, et encore moins avant. Cela apporte de la diversité et les avantages de la diversité culturelle et sociale à toutes les régions du pays. Ma collègue Leona Aglukkaq, ministre de la Santé qui vient du Nunavut, m’a parlé du nombre croissant de nouveaux arrivants là-haut, par exemple.

Bien qu’il s’agisse de bonnes nouvelles, nous devons nous rappeler que seulement 30 % des immigrants sont en fait sélectionnés en fonction de leurs compétences. Les autres – environ les deux tiers des nouveaux arrivants – sont des personnes à charge accompagnant des demandeurs ou des membres de la famille parrainés ou arrivent au Canada dans une catégorie humanitaire, comme en tant que demandeurs d’asile.

Bien sûr, nous devons également reconnaître l’importance de l’immigration des familles et nous assurer que le Canada respecte ses obligations humanitaires. En fait, nous faisons augmenter le nombre de réfugiés réinstallés de 20 %, ce nombre passant de 11 500 à 14 000 par année. Nous faisons aussi augmenter le nombre de parents admis de 60 %, ce nombre passant de 15 000 à 25 000 par année, pour aider à réduire les arriérés. Nous devons toutefois nous concentrer de nouveau sur les volets économiques. Cela constitue également l’une des raisons pour lesquelles nous avons aidé à accroître les mesures de soutien à l’établissement pour les nouveaux arrivants, l’investissement fédéral dans les services d’intégration et d’établissement ayant triplé pour passer d’environ 200 millions de dollars (à l’extérieur du Québec) il y a six ans à 600 millions de dollars cette année.

En passant, je sais qu’il y a ici de nombreuses personnes provenant du secteur de l’établissement. J’aimerais vous féliciter pour l’excellent travail que vous faites dans l’ensemble du pays.

Alors, que signifient tous ces changements? Ce que nous essayons avant tout de faire, c’est de réparer les erreurs de politique passées et d’éviter qu’elles ne se reproduisent. Jusqu’ici, la réforme a permis d’améliorer les résultats économiques des immigrants.

En passant, si l’on retourne au graphique initial et que l’on observe le déclin progressif en ce qui concerne les revenus et l’emploi sur une période de 30 ans, la chose la plus encourageante concerne le fait que la toute dernière analyse que nous avons publiée sur le Programme des travailleurs qualifiés du volet fédéral indique qu’il y a eu un redressement très encourageant à l’égard des résultats économiques des travailleurs qualifiés du volet fédéral qui ont été admis depuis environ 2007. Nous croyons que c’est parce qu’il s’agissait des personnes sélectionnées selon la grille de points actuelle qui est entrée en vigueur en même temps que la LIPR, en 2002, soulignant de nouveau l’importance des compétences linguistiques dans le cadre de la sélection des immigrants.

Toutefois, d’importants problèmes ne sont toujours pas résolus et il reste encore beaucoup à faire. Permettez-moi d’en parler. 

Perspectives d’avenir

Pour commencer, comme je l’ai déjà dit, les nouveaux arrivants continuent de gagner moins que les Canadiens nés au pays et d’être sous-employés à des taux plus élevés que ces derniers. Nous savons que bien des immigrants qui viennent au pays ont un bagage professionnel et un haut niveau de scolarité, du moins sur papier, pour finir par occuper des emplois de subsistance qui leur permettent seulement de payer leurs factures. Je sais que chacun de vous a eu la même expérience que moi, au cours de laquelle votre cœur s’est brisé lorsque vous avez rencontré les gens dont nous parlons.

Récemment, j’étais à Red Deer, en Alberta, où j’ai rencontré un homme qui travaillait comme concierge depuis maintenant quatre ans. Son épouse et lui sont tous deux des dentistes qui sont venus ici de la Colombie. Ils ont quitté la strate socioéconomique la plus élevée de leur société, non pas en tant que demandeurs d’asile, mais en tant qu’immigrants économiques, et sont venus ici, mais n’ont toujours pas reçu de réponse à leur demande de permis d’exercice dans la province de l’Alberta.

C’est comme le ressortissant algérien que j’ai rencontré le mois dernier à Montréal qui était ingénieur, un jeune homme brillant qui est au Québec depuis deux ans comme chômeur, sans emploi.  On peut voir dans son visage la déception, le découragement et la démoralisation. 

Nous savons que, lorsque nous rencontrons ces personnes, nous voyons le drame humain sous-jacent à ces chiffres, à ces statistiques – la déception et souvent la honte que les gens ressentent du fait qu’ils ne peuvent travailler selon leur propre niveau de compétences.

Nous devons également régler le paradoxe que j’ai mentionné plus tôt concernant le taux de chômage au pays : d’une part, il y a des pénuries de main-d’œuvre considérables dans certaines régions et industries; d’autre part, il y a des niveaux de chômage disproportionnés et des niveaux de chômage élevés chez certains immigrants. Nous ne voulons pas faire venir des gens au Canada pour qu’ils se retrouvent sans emploi ou sous-employés pendant des années et soient obligés d’occuper des emplois de subsistance.

Une partie de la solution est très simple : il nous faut faire de meilleurs choix. Nous devons choisir les immigrants ayant les compétences et le profil qui assureront leur réussite, ainsi que les habiletés qui sont déjà reconnues au Canada ou qui peuvent l’être rapidement.

Nous avons besoin d’immigrants ayant des compétences souples, capables de survivre dans une période de ralentissement économique ou de s’adapter à l’évolution des circonstances. Il nous faut également un système de points d’appréciation souple et intelligent. Un soudeur qui possède une offre d’emploi à Prince George n’a pas besoin d’une connaissance du français ou de l’anglais de niveau universitaire, contrairement à une personne qui prévoit travailler comme médecin.

Comme je l’ai dit, pour y arriver, nous sommes en voie d’apporter d’autres améliorations à la grille de points pour la sélection des travailleurs qualifiés du volet fédéral. Bien que nous en soyons encore à l’examen des commentaires reçus et des données pertinentes, je m’attends à ce que ces changements mettent davantage l’accent sur la maîtrise de la langue, de la part du demandeur et de son conjoint, sur l’expérience professionnelle et scolaire acquise au Canada, contrairement à l’expérience de travail à l’étranger, qui, selon nous, n’est pas un indicateur de la réussite ici, et sur les jeunes travailleurs, tout en accueillant pour la première fois des ouvriers qualifiés et des professionnels.

Pour ce qui est du Programme des candidats des provinces, même si nous le considérons dans l’ensemble comme une réussite, il y a, ici aussi, matière à amélioration. À court terme, nous constatons que les candidats des provinces s’en sortent mieux financièrement que les travailleurs qualifiés du volet fédéral, mais, bien que les candidats des provinces réussissent bien à court terme, les travailleurs qualifiés du volet fédéral réussissent mieux à long terme. Cette situation résulte en partie de l’accent mis par le système de points pour la sélection des TQF sur la compétence linguistique, qui permet aux travailleurs d’adapter leurs compétences et de naviguer plus aisément dans le marché de l’emploi canadien. C’est la raison pour laquelle les responsables d’une récente évaluation de ce programme nous ont recommandé d’établir des normes linguistiques minimales pour tous les candidats des provinces.

J’étais justement à Regina et à Calgary pour rencontrer mes homologues provinciaux et j’aimerais les féliciter d’aller dans cette direction. Ensuite, bien que nous reconnaissions que les provinces sont habituellement beaucoup plus conscientes des besoins économiques régionaux, il y a maintenant plus de 50 volets relatifs aux candidats des provinces, dont certains sont les mêmes que quelques-uns de nos programmes fédéraux de résidence permanente. Nous disons aux provinces : « Cessons les travaux en double. Ne nommez pas comme candidats les gens qui pourraient venir au Canada en tant que résidents permanents par l’entremise d’un programme fédéral comme la catégorie de l’expérience. »

Notre gouvernement travaillera donc avec les provinces pour régler certains de ces problèmes. Laissez-moi cependant vous dire que ceux d’entre vous qui viennent de la région de l’Atlantique et de l’Ouest connaîtront les pressions croissantes et importantes liées à une expansion énorme et continue du Programme des candidats des provinces.

Nous nous sommes déjà adaptés à une croissance énorme, comme je l’ai mentionné, le niveau passant de 4 000 au niveau prévu cette année, soit 45 000 résidents permanents dans le cadre de ce programme. Honnêtement, nous avons dû nous adapter à cette situation en retranchant des admissions de notre Programme des travailleurs qualifiés du volet fédéral. Cela a causé des difficultés pour l’Ontario, nous en sommes conscients. Honnêtement, certaines provinces sont si obsédées – et nous les comprenons – par les pénuries de main-d’œuvre auxquelles elles font face – elles considèrent le Programme des candidats des provinces comme la solution parfaite – qu’elles ne se préoccupent pas du tout de notre programme fédéral d’immigration.

Elles disent : « Donnez-nous-en plus – le double, le triple du nombre de candidats au Programme des candidats des provinces. » Mais, ce qu’elles disent vraiment, c’est : « Qui est-ce qui se préoccupe du Programme des travailleurs qualifiés du volet fédéral? » Je suis ici pour dire – et j’espère que la plupart d’entre vous sont d’accord avec moi – que je crois que le rôle du gouvernement fédéral à l’égard de la sélection des immigrants est très important. L’immigration concerne la création d’une nation. Elle n’est pas là simplement pour répondre aux besoins régionaux en matière de main-d’œuvre. Nous n’éliminerons pas le rôle du gouvernement fédéral dans la sélection des immigrants économiques. Je sais que l’Ontario nous appuie à cet égard.

L’un des autres problèmes que nous devons régler dans le cadre du Programme des candidats des provinces concerne le fait que nous devons nous assurer que les gens se rendent et demeurent vraiment là où ils s’engagent à aller. Certains de ces problèmes sont survenus dans la région de l’Atlantique, et j’ai récemment appris de certaines personnes des médias ethnoculturels que des agents d’immigration encourageaient des gens à établir une fausse résidence à Regina ou à Winnipeg afin de recourir au Programme des candidats des provinces pour nommer des candidats. Comme toujours, nous devons être conscients de la façon dont ces programmes peuvent être dénaturés.

Nous continuerons de collaborer avec les provinces à ce chapitre. Grâce à un meilleur système de suivi et de rapports, nous saurons ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, et pourrons agir rapidement pour cesser de délivrer des visas où surgiront des difficultés.

Nous songeons également à modifier nos catégories fédérales d’entrepreneurs et d’investisseurs afin qu’elles répondent le mieux possible aux besoins de notre économie.

Nous pouvons tous convenir, je crois, que les choses ont bien changé depuis l’élaboration des programmes des entrepreneurs et des investisseurs, dans les années 1970 et 1980.

Les moteurs de la croissance économique et de la création d’emplois, la conduite des affaires, et la libre circulation des personnes et des capitaux nécessitent des programmes d’immigration des gens d’affaires qui appuieront plus efficacement le développement économique du Canada.

En particulier, nous devons encourager un plus grand nombre d’immigrants à lancer de nouvelles entreprises au Canada.

En juillet dernier, la Banque mondiale a classé le Canada au troisième rang des endroits les plus propices au lancement d’une entreprise, après la Nouvelle-Zélande et l’Australie. Pourtant, nous accusons un retard par rapport aux États-Unis et à d’autres pays comparables en ce qui a trait au démarrage d’entreprises technologiques et à la création d’entreprises prospères.

Aux États-Unis, la moitié des 50 principales entreprises financées à l’aide de capital de risque ont été fondées par des immigrants. Nous n’obtenons pas d’aussi bons résultats au Canada. Nous devons faire plus d’efforts pour attirer les entrepreneurs et les investisseurs.

Enfin, nous devons faire encore plus pour réduire l’importante accumulation de demandes dont nous avons hérité, et pour lesquelles le délai d’attente est de sept ans ou plus. Il est complètement absurde de dire aux gens : « présentez votre demande maintenant, puis mettez votre vie en veilleuse pendant quelques années et nous vous dirons alors si vous êtes admissible. »

Cela n’est pas acceptable pour les nouveaux arrivants, et ce ne l’est certainement pas pour le Canada. Nous devons pouvoir attirer les travailleurs qualifiés que les employeurs recherchent au moment où ils en ont besoin.

Malgré les progrès que nous avons accomplis dans le but de réduire l’accumulation des demandes de travailleurs qualifiés du volet fédéral, force est d’admettre qu’une grande partie de ces demandes sont antérieures aux récentes améliorations au Programme des travailleurs qualifiés du volet fédéral dont j’ai parlé.

Nous nous retrouvons donc avec de nombreux candidats qui ont présenté leur demande en vertu des anciens critères, lesquels n’étaient pas aussi bien adaptés aux nouveaux besoins économiques du Canada. Tant que les demandes accumulées n’auront pas été traitées, nous ne pourrons avoir le système d’immigration économique que nous souhaitons, et notre système d’immigration ne sera pas « en temps réel ».

Vision du système d’immigration de l’avenir

J’ai pris un peu de temps pour vous décrire certains des problèmes qui se posaient dans le système d’immigration du Canada, les changements que nous avons mis en œuvre et ceux auxquels nous continuons de travailler.

Pendant le temps qui me reste, je voudrais revenir en arrière et vous donner une petite idée de la façon dont tout cela se tient. Autrement dit, la vision globale du gouvernement du Canada en ce qui a trait à la politique d’immigration.

Chaque mesure que nous prenons ou prévoyons prendre vise à créer un système d’immigration plus rapide et plus souple qui place carrément l’intérêt supérieur du Canada avant tout. Un système qui énonce clairement ses règles et qui est déterminé à les faire respecter.

Le système d’immigration du Canada a été trop longtemps passif, lent, inefficace et dépourvu de vision. Pendant des années, la plupart des nouveaux arrivants ont attendu trop longtemps avant de pouvoir entrer au Canada. Ils s’établissaient généralement dans l’une des trois grandes villes – Toronto, Montréal ou Vancouver –, après quoi ils avaient beaucoup de difficulté à obtenir un emploi qui leur assure plus que le minimum vital.

Le système que nous envisageons est proactif, rapide, efficace et axé sur les besoins particuliers du marché du travail à l’échelle du Canada.

Dans ce système, nous choisirons les nouveaux arrivants ayant les compétences adaptées aux besoins du marché de l’emploi ou munis d’une offre d’emploi directe d’une entreprise prête à utiliser immédiatement leurs compétences.

Nous allons évaluer les nouveaux arrivants en fonction de leur métier ou de leur profession, et leurs titres de compétences d’après les normes canadiennes avant même que leur demande soit acceptée.

Les candidats à l’immigration devront posséder les solides compétences linguistiques qui sont si importantes pour la réussite à long terme.

Ils seront sélectionnés dans les mois suivant la réception de leur demande et ils occuperont des emplois où ils pourront utiliser leurs compétences peu après leur arrivée.

Ils s’installeront enfin dans toutes les régions du Canada afin que leurs compétences correspondent le plus possible aux différents besoins de notre pays vaste et diversifié. 

Mesdames et messieurs, si nous faisons bien les choses - si nous améliorons les résultats économiques des immigrants - nous mettrons fin,  je crois largement, au débat sur l’intégration sociale.   En effet je suis fermement convaincu que l’intégration économique est la meilleure façon d’assurer l’intégration sociale. Si les nouveaux Canadiens peuvent participer pleinement au marché du travail leur intégration sociale suivra rapidement. 

Je vous l’ai déjà dit. Lorsque je suis à l’étranger, mes homologues dans le reste du monde pensent que nous avons au Canada un système qui pourrait pratiquement servir de modèle. À certains égards, ils ont raison. À un tel point que nous avons réussi à éviter les terribles problèmes semant la discorde que nous voyons en Europe occidentale concernant l’exclusion sociale et les communautés parallèles et tous les débats difficiles qui en ont découlé à l’égard de l’intégration culturelle et sociale; c’est parce que nous avons attiré des gens qui peuvent réussir dans notre marché du travail.

Je crois que, si nous pouvons faire un meilleur travail quant à nos programmes de l’immigration économique, nous pouvons éviter bon nombre de ces problèmes réels en ce qui concerne l’intégration culturelle et sociale. Le résultat est si clair.

Lorsque les gens viennent ici et qu’ils occupent un emploi au niveau auquel ils s’attendaient, qu’ils ont réellement été en mesure d’avoir les occasions auxquelles ils rêvaient, qu’ils ne font pas face à de l’exclusion sociale ou à d’énormes obstacles à leur emploi, à leur entreprise ou à leurs idées, on a affaire à d’heureux nouveaux Canadiens qui font partie du pays et contribuent à son succès.

C’est exactement ce que nous voulons réaliser.

Je voudrais faire une mise en garde : nous voulons un système plus efficace, mais également équilibré.

Nous savons très bien que nous devons conserver un système équilibré, axé sur la prospérité économique, mais aussi sur le maintien de notre longue tradition humanitaire. And that is our commitment, as we continue to receive a larger number of resettled refugees, for example, and family class immigrants as well.

J’espère que vous avez perçu dans mes remarques certaines des indications de ce que nous espérons réaliser cette année. Honnêtement, je suis heureux de faire partie d’un gouvernement qui prend les politiques en matière d’immigration au sérieux, qui a investi des fonds considérables, et des avantages politiques pour être honnête, en vue de réformes importantes.

Je sais que ce n’est pas tout le monde qui est d’accord avec tout ce que nous avons fait. Il y a divers points de vue, mais j’espère que, en tant que Canadiens, nous pouvons tous convenir que l’immigration est essentielle à notre caractère en tant que nation, qu’elle sera présente à l’avenir et que nous avons, envers les nouveaux arrivants qui ne sont pas encore ici, la responsabilité de veiller à ce que notre pays soit aussi ouvert et accueillant et aussi prospère pour eux et leurs enfants que possible.

Merci beaucoup de votre temps.

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