Des facteurs d’attraction et des causes départ en relation avec la rétention et l’intégration scolaires au Québec

Les copies du rapport circonstancié sont disponibles sur demande à Research-Recherche@cic.gc.ca.

Sommaire exécutif

Cette étude vise à identifier les facteurs principaux qui poussent les jeunes d’expression anglaise à rester ou à quitter la province à la fin de leurs études universitaires. Nous nous intéressons aux facteurs socioéconomiques et linguistiques qui attirent les étudiants à la province et contribuent à la rétention de ces jeunes dans la communauté anglophone du Québec. Plus spécifiquement, nous avons examiné les motivations initiales des étudiants anglophones qui les ont poussés à étudier et vivre au Québec, le genre de soutien qu’ils ont reçu à leur arrivée et lors de la période de leurs études, et les conditions qui peuvent les motiver à rester dans la province à la fin de leurs études.

Des facteurs d’attraction et des causes de départ ont été identifiés à la suite de nos entretiens avec les étudiants anglophones canadiens et étrangers des trois universités anglophones du Québec : McGill, Concordia et l’Université Bishop. Nous avons recueilli un total de 502 réponses à l’aide d’un sondage en ligne (445 réponses valides). Nous avons également recueilli des informations qualitatives approfondies auprès de 25 individus provenant de ces trois universités qui ont participé à notre groupe de discussion.

Notre échantillon était composé d’un nombre équilibré de répondants nés au Québec (35 %), d’étudiants provenant du reste du Canada (27 %) et d’étudiants étrangers (38 %). Près de trois étudiants nés à l’extérieur du Québec sur cinq étaient des immigrants récents à la province (arrivés au cours des 5 dernières années). La majorité des étudiants étaient des étudiants à temps plein (83 %) au premier ou au deuxième cycle au moment du sondage. L’échantillon était majoritairement composé de femmes (73 %), de personnes de race blanche (62 %) et d’individus de moins de 30 ans (71 %). Moins de la moitié des étudiants avaient appris l’anglais dans leur enfance (44 %), comparativement à seulement 9 % ayant appris le français; 18 % provenaient de familles bilingues (anglais/français) et 29 % étaient des allophones.

En général, les étudiants ont signalé être satisfaits avec leurs expériences scolaires et de vie à ce moment et ce résultat concorde avec les impressions des étudiants nés au Québec, des autres canadiens et des étudiants étrangers. Les étudiants du reste du Canada (LRDC) ont signalé le plus haut degré de satisfaction envers leurs expériences universitaires. Cependant, les étudiants ont été moins satisfaits avec la disponibilité et l’accessibilité des services de soutien en anglais dans leur ville de résidence (Montréal/Sherbrooke).

Lorsque questionnés à propos de leurs expériences lors de leur arrivée à l’université, plusieurs participants du groupe de discussion ont affirmé avoir été accueillis chaleureusement par leurs pairs, leurs professeurs et leurs superviseurs universitaires. Certains étudiants se sont sentis moins bien accueillis par le personnel administratif de l’école, affirmant qu’ils ont reçu peu ou pas d’aide lors de la navigation du «système» universitaire lorsqu’ils sont arrivés. En général, les étudiants ont attribué un score positif à leurs expériences scolaires à l’université, mais plusieurs étudiants du groupe de discussion ont souligné que l’université et le gouvernement pourraient diriger plus d’efforts pour soutenir les étudiants dans l’apprentissage et l’utilisation du français. Les étudiants ont senti qu’ils n’avaient pas le temps d’apprendre le français alors qu’ils étudiaient à temps plein et/ou travaillaient à temps partiel pour pourvoir à leurs besoins.

Lorsqu’ils décidaient où vivre et étudier, les facteurs les plus déterminants pour les étudiants étaient : le programme d’étude, la qualité de l’éducation, le fait de pouvoir étudier en anglais et les frais de scolarité abordables. Les étudiants étrangers ont également identifié le coût de la vie, la sécurité de l’endroit, la reconnaissance internationale des qualifications, les possibilités professionnelles après la fin de leurs études comme des facteurs importants les ayant attirés au Québec. Parmi les autres facteurs principaux, il y avait la culture et «l’ambiance» de leur ville (Montréal/Sherbrooke), le fait de vivre à proximité de la nature et d’espaces verts, la famille, les amis et les réseaux sociaux, et la facilité du processus d’inscription à l’université ou pour un visa (immigration).

Plusieurs étudiants du groupe de discussion ont identifié la langue française et, à un degré moindre, la culture francophone, en tant que facteurs principaux les ayant attirés au Québec. Toutefois, malgré leurs intentions initiales d’apprendre le français, la plupart des étudiants n’ont pas réellement amélioré leurs compétences linguistiques à cause de contraintes temporelles, d’un manque de motivation, ou parce qu’ils interagissent principalement avec des étudiants anglophones. L’accès aux services de santé et de santé mentale a été un sujet qui a fait réagir les participants, et nous avons reçu des commentaires très variés à ce sujet de la part des étudiants des trois universités. Alors que les universités offrent des services de santé de base, les étudiants ont affirmé que les disponibilités des rendez-vous étaient inadéquates. Les étudiants s’inquiétaient également des quotas qui sont mis sur le nombre de séances avec un professionnel de la santé mentale auxquelles ils ont droit lors de leurs séjours à l’université.

Un peu plus d’un étudiant interrogé sur quatre planifie de chercher un emploi au Québec après l’obtention de son diplôme (35 % des étudiants nés au Québec) et plus d’un tiers (35 %) compte trouver un emploi ailleurs au Canada (50 % des étudiants du LRDC). S’ils devaient quitter leur résidence actuelle dans les cinq prochaines années, environ la moitié des étudiants interrogés iraient s’installer dans une autre province ou un autre territoire du Canada (70 % des étudiants du LRDC en feraient aussi ainsi); 11 % s’installeraient dans une autre communauté du Québec (18 % des étudiants nés au Québec) et 11 % des étudiants étrangers retourneraient dans leur pays d’origine. Près de la moitié des étudiants interrogés (46 %) signalent vouloir rester au Québec après l’obtention de leur diplôme et environ 18 % ne sont pas certain de ce qu’ils veulent faire. Les taux de rétention sont plus élevés parmi les étudiants nés au Québec (70 % sont presque ou très certain de rester au Québec) comparativement aux étudiants étrangers (43 %) et aux étudiants des autres provinces (35 %).

Les facteurs les plus importants qui influencent la décision des étudiants de rester au Québec après leurs études sont : de bonnes possibilités professionnelles, un réseau solide d’amis, un endroit sécuritaire où vivre et le coût abordable de la vie. Les Québécois accordaient le plus d’importance au coût de la vie et au fait d’avoir un bon réseau social alors que les autres Canadiens accordaient plus d’importance aux possibilités professionnelles et au faible coût de la vie à Montréal. Les étudiants étrangers cherchaient également à avoir de bonnes possibilités d’emploi, un endroit sécuritaire où vivre et un réseau solide d’amis. Les participants de notre groupe de discussion étaient divisés (50:50) au sujet de rester et de s’intégrer à la société québécoise après l’obtention de leur diplôme ou de quitter afin de rechercher un emploi ailleurs. Mais le facteur décisif choisi unanimement par les étudiants a été l’emploi. Les diplômés sont prêts à rester au Québec s’il y a des emplois concurrentiels de qualité qui offrent des mesures incitatives pour apprendre la langue; mais ils sont également prêts à tenter de se trouver un emploi ailleurs, compte tenu de la vitalité de l’économie locale et du marché de l’emploi.

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