ARCHIVÉ – Résultats en matière d’emploi chez les immigrants ayant fait des études postsecondaires, Recensement de 2006
Li Xue et Li Xu
Septembre, 2010
Dans le premier volet du projet, nous avons examiné les variations statistiques selon le pays où le plus haut niveau de scolarité a été atteint et les domaines d’études parmi les immigrants ayant fait des études postsecondaires. L’objectif d’ensemble de ce deuxième volet consistait à étudier les résultats en matière d’emploi et les débouchés professionnels selon les caractéristiques liées à la scolarité, l’objet premier de l’étude étant la « transférabilité » immédiatement observable des diplômes obtenus à l’étranger selon le domaine d’études et le pays où le plus haut niveau d’études postsecondaires a été atteint. À cette fin, la transférabilité ou la « concordance » renvoie aux immigrants ayant fait des études postsecondaires, qui occupent des emplois spécialisés et liés à leur scolarité. Le présent document s’appuie sur les premières données publiées dans le Recensement de 2006 quant au lieu où le plus haut niveau de scolarité a été atteint.
Les avis et opinions exprimés dans le présent document sont ceux de l’auteur et ne sont pas nécessairement ceux de Citoyenneté et Immigration Canada ou du gouvernement du Canada.
Remerciements :
Les auteurs souhaitent remercier Eden Crossman, Direction générale de la recherche et de l’évaluation, de sa contribution importante au rapport définitif.
Les copies du rapport circonstancié sont disponibles sur demande à Research-Recherche@cic.gc.ca.
Résumé
La présente étude, qui se veut surtout descriptive, est la deuxième d’un projet en trois parties qui se sert des microdonnées du Recensement de 2006 pour examiner les associations réciproques entre les résultats sur le marché du travail et les caractéristiques liées à la scolarité chez les immigrants ayant fait des études postsecondaires. La première partie du projet a permis de dresser un portrait détaillé de la scolarité chez les immigrants ayant fait des études postsecondaires. Dans ce deuxième volet, nous étudions les niveaux de compétence des professions en lien avec le plus haut niveau de scolarité atteint, le domaine d’études et le lieu des études (nous mettons notamment l’accent sur certains domaines d’études importants). L’objectif consiste à étudier, au moyen de la statistique descriptive, les résultats en matière d’emploi et les débouchés professionnels selon les caractéristiques liées à la scolarité, l’objet premier de l’étude étant la « transférabilité » immédiatement observable des grades obtenus à l’étranger selon le domaine d’études et le pays où le plus haut niveau d’études postsecondaires a été atteint. À cette fin, la transférabilité, ou la « concordance », renvoie aux immigrants ayant fait des études postsecondaires, et qui occupent des emplois spécialisés (Classification nationale des professions, niveaux O, A et B) et liés à leur scolarité.
À partir des nouvelles données publiées dans le Recensement de 2006, la présente étude se penche sur la façon dont les différences entre l’emploi des immigrants et les débouchés professionnels se rapportent au pays où le plus haut niveau d’études a été atteint et à différents domaines d’études. Le présent document examine les questions de recherche suivantes : Le pays où les études ont été réalisées et le domaine d’études revêtent-ils une importance sur le marché du travail canadien? En quoi les statistiques observées sur le marché du travail pour les immigrants varient-elles selon le domaine d’étude et le lieu où le plus haut niveau de scolarité a été atteint? Les résultats sur le marché du travail diffèrent-ils chez les travailleurs immigrants qui ont obtenu un grade dans un pays dont le système d’éducation est comparable au système canadien, par rapport aux autres travailleurs immigrants? Les groupes d’immigrants titulaires de grades dans certains domaines d’études, ou qui proviennent de certains pays, sont-ils plus susceptibles d’être employés et d’occuper certains emplois que d’autres personnes? Existe-t-il des différences entre les pays et les domaines d’études au chapitre des débouchés professionnels des immigrants? L’étude comporte deux sections principales : la première présente un examen des caractéristiques liées à la scolarité ainsi que les statistiques sur la main-d’œuvre chez les immigrants ayant fait des études postsecondaires; la seconde se penche sur les niveaux de compétence des professions en lien avec le plus haut niveau de scolarité atteint, le domaine d’études et le lieu des études (nous mettons notamment l’accent sur certains domaines d’études importants). Voici les points saillants des résultats de l’analyse effectuée.
Caractéristiques liées à la scolarité et statistiques sur la main d’œuvre
Les statistiques sur la main-d’œuvre immigrante varient en fonction du niveau d’études atteint. À titre d’exemple, les immigrants titulaires d’un baccalauréat ou d’une maîtrise affichaient des taux de chômage un peu plus élevés que l’ensemble des immigrants ayant fait des études postsecondaires.
Les statistiques sur la main-d’œuvre diffèrent également suivant les domaines d’études. Les immigrants qui ont étudié en génie, en informatique, en science de l’information, en services de soutien et en techniques/technologies du génie ont obtenu de meilleurs résultats que les autres immigrants; ils ont affiché des taux de participation et d’emploi supérieurs la moyenne, et des taux de chômage inférieurs à la moyenne. À l’inverse, les immigrants ayant étudié dans les domaines de l’éducation, des arts libéraux et sciences, des études générales et des lettres et sciences humaines ont eu plus de difficultés à trouver de l’emploi.
Les immigrants ayant fait des études postsecondaires ont aussi obtenu divers résultats sur le marché du travail selon le pays où ils ont étudié. Ceux ayant obtenu leur grade le plus élevé au Canada se sont démarqués en 2006, c’est-à-dire qu’ils affichaient un taux d’emploi supérieur et un taux de chômage inférieur à ceux de la majorité des autres principaux pays d’études. Leurs résultats se rapprochaient des taux correspondants affichés par leurs homologues nés au Canada.
Les immigrants ayant obtenu leur grade le plus élevé aux Philippines, aux États-Unis, au Royaume-Uni, à Hong Kong ou en Pologne ont obtenu des résultats sur le marché du travail comparables à ceux des personnes ayant étudié au Canada; ils ont affiché des taux d’emploi relativement plus élevés et des taux de chômage relativement plus bas. En revanche, les immigrants ayant atteint leur plus haut niveau d’études au Pakistan, en Iran ou en Chine ont particulièrement moins bien réussi, affichant des taux de chômage relativement élevés.
Dans l’ensemble, les immigrants qui étaient au Canada depuis longtemps ont mieux réussi sur le marché du travail que leurs homologues arrivés au pays depuis peu. L’avantage sur le marché du travail d’un diplôme ou grade obtenu au Canada, par rapport à un grade obtenu à l’étranger, semble plus apparent chez les immigrants établis que chez les nouveaux ou très nouveaux immigrants.
Débouchés professionnels et scolarité
Niveau de compétence de la profession et plus haut niveau de scolarité atteint
- Bien qu’il existe une « non-concordance » entre l’emploi et la scolarité chez toutes les cohortes d’immigrants (le terme « concordance » utilisé ici renvoie aux groupes d’immigrants ayant fait des études postsecondaires qui occupent des emplois spécialisés et des emplois en lien avec leur scolarité), les immigrants qui étaient au Canada depuis longtemps ont mieux réussi que leurs homologues dont l’immigration était plus récente, et ce, dans presque tous les principaux domaines d’études. Les nouveaux et très nouveaux immigrants ont affiché de plus faibles taux de « non-concordance » entre l’emploi et la scolarité par rapport aux immigrants établis.
- Les taux de « non-concordance » entre l’emploi et la scolarité ont augmenté chez les immigrants ayant fait des études postsecondaires et dont le niveau de scolarité atteint était plus élevé.
Niveau de compétence de la profession et domaine d’études
- La répartition du niveau de compétence de la profession chez les immigrants ayant fait des études postsecondaires variait considérablement en fonction des domaines d’études. Parmi tous les immigrants ayant fait des études postsecondaires qui travaillaient en 2005 et 2006, ceux qui étaient titulaires d’un grade en sciences biologiques ou en science biomédicale étaient les plus nombreux à occuper un emploi spécialisé (Classification nationale des professions, niveaux O, A et B) (77,8 %). Ils étaient suivis des immigrants occupant un emploi dans les domaines suivants : sciences physiques (76,5 %), génie (75,5 %), psychologie (74 %), métiers de la construction (73,1 %), et informatique, science de l’information et services de soutien (72,1 %).
- Peu importe le domaine principal dans lequel ils avaient étudié, les immigrants ayant obtenu un grade d’études postsecondaires au Canada avaient de meilleures chances d’occuper un emploi en lien avec leur niveau de scolarité et leur domaine d’études. Cet avantage est plus apparent dans les domaines d’études suivants : commerce et gestion, marketing et services de soutien connexes, sciences sociales et éducation.
Niveau de compétence de la profession et lieu des études
- Les différences importantes au chapitre des résultats liés à l’emploi et aux débouchés professionnels en fonction des différents pays et domaines d’études impliquent une transférabilité variable des grades ou des titres de compétences obtenus dans d’autres pays. Dans l’ensemble, les immigrants titulaires d’un grade d’études postsecondaires canadien avaient de meilleures chances de trouver du travail et d’occuper un emploi en lien avec leur niveau de scolarité et leur domaine d’études. Cet avantage est plus apparent dans les domaines suivants : commerce et gestion, marketing et services de soutien connexes, sciences sociales et éducation.
- Les immigrants titulaires d’un grade obtenu aux États-Unis, au Royaume-Uni et en France bénéficient également de possibilités d’emploi relativement meilleures, tout comme ceux qui ont étudié dans certains domaines particuliers, comme le génie et l’informatique, la science de l’information et les services de soutien, et ce, même si le grade a été obtenu dans des pays d’origine non traditionnels, comme la Chine et l’Inde.
- Parmi les groupes pour lesquels il est plus difficile d’obtenir un emploi spécialisé (Classification nationale des professions, niveaux O, A et B), notons les immigrants titulaires de grades obtenus aux Philippines et les immigrants de la Chine, de l’Inde et du Pakistan qui ont une formation dans un domaine autre que le génie et l’informatique, par exemple en sciences sociales.
- Les immigrants ayant fait des études postsecondaires qui sont titulaires d’un grade décerné aux Philippines affichent un taux de chômage très bas (4,2 %); ce taux est comparable à celui qu’on trouve chez les immigrants titulaires d’un grade d’études postsecondaires décerné au Canada, et il est beaucoup moins élevé que celui affiché par leurs homologues chinois et indiens. Cependant, en 2005 et 2006, les immigrants ayant fait des études postsecondaires et titulaires d’un grade décerné aux Philippines affichaient aussi le plus faible pourcentage de travailleurs occupant un emploi spécialisé parmi tous les principaux pays d’études analysés (42,1 %).
- Les immigrants ayant atteint leur plus haut niveau de scolarité en Corée du Sud affichaient une répartition unique. Près du tiers d’entre eux occupaient un emploi en gestion (31,9 %), ce qui est beaucoup plus élevé que la même statistique pour tout autre lieu d’études, et plus de trois fois supérieur à la moyenne chez les immigrants (11,4 %). Cela s’explique par une proportion de travailleurs indépendants beaucoup plus élevée chez ces immigrants.
Débouchés professionnels selon le pays où le plus haut niveau de scolarité a été atteint pour les principaux domaines d’études sélectionnés
- Les nouveaux et très nouveaux immigrants qui ont étudié dans les domaines du génie, des techniques/technologies du génie, de l’informatique, de la science de l’information et des services de soutien avaient de meilleurs débouchés professionnels que leurs homologues ayant étudié dans d’autres domaines, ce qui permet de penser que certains domaines d’études en particulier offrent de meilleures possibilités sur le marché du travail canadien, même pour les immigrants ayant étudié dans des pays d’origine non traditionnels, comme la Chine et l’Inde.
Conclusion
Quel que soit le domaine principal dans lequel ils avaient étudié, les immigrants titulaires d’un diplôme d’études postsecondaires avaient de meilleures possibilités d’occuper un poste correspondant à leur niveau et à leur domaine d’éducation, surtout par rapport aux immigrants qui avaient terminé leurs études dans les principaux pays sources que sont la Chine, l’Inde, les Philippines et le Pakistan. L’avantage d’être titulaire d’un diplôme d’études postsecondaire obtenu au Canada est plus évident dans les domaines suivants : affaires et gestion, marketing et services de soutien connexes, sciences sociales et éducation.
Quant aux immigrants titulaires de diplômes postsecondaires chinois, ceux qui avaient étudié en informatique, en sciences de l’information et dans les services de soutien étaient les plus enclins à occuper des professions spécialisées (71,9 %), suivis par ceux qui avaient étudié en génie (66,4 %), dans le domaine de la santé et des sciences cliniques connexes (61,8 %) et en sciences sociales (54,5 %). Parmi ces immigrants, les domaines d’études où les pourcentages étaient les plus bas pour les immigrants qui travaillaient dans des professions spécialisées étaient l’éducation (47,8 %), les affaires et la gestion, le marketing et les services de soutien connexes (48,2 %).
Pour ce qui est des immigrants titulaires de diplômes indiens, les domaines d’études suivants : génie (66,6 %), professions dans le domaine de la santé et des sciences cliniques connexes (56,9 %), informatique, sciences de l’information et services de soutien (54,0 %) étaient associés à un plus grand nombre d’immigrants occupant des postes spécialisés.
Parmi les immigrants ayant étudié au Pakistan, ceux qui s’étaient spécialisés en informatique, en sciences de l’information et services de soutien, étaient les plus nombreux à occuper un emploi spécialisé parmi les six domaines d’études les plus répandus. Cette proportion était toutefois relativement basse par rapport à d’autres immigrants ayant étudié dans ce domaine.
Les proportions pour les emplois spécialisés pour les immigrants titulaires de diplômes philippins étaient relativement plus basses dans les six domaines d’études les plus répandus. Pour ce groupe d’immigrants, les deux domaines d’études comportant les pourcentages les plus élevés dans des occupations spécialisées étaient dans le domaine de la santé et les sciences cliniques connexes (51,4 %) et le génie (50,5 %). Par contre, pour ce groupe, le pourcentage de ceux qui avaient étudié en informatique, en sciences de l’information et services de soutien était de 43,4 %, tandis que les pourcentages dans les emplois spécialisés pour les trois autres domaines d’études se situaient entre 31,6 % et 36,6 %.
Les pourcentages d’immigrants titulaires de diplômes roumains, occupant un emploi spécialisé dans les six domaines d’études étaient relativement élevés par rapport à ceux qui étaient titulaires de diplômes obtenus dans d’autres pays. L’informatique, les sciences de l’information et les services de soutien se sont classés comme les principaux domaines d’études pour ces immigrants, dont 85,8 % occupaient des emplois spécialisés, suivis par des emplois en génie (77,4 %) et en éducation (74,6 %). Cinq immigrants sur 10, titulaires de diplômes dans le domaine des affaires, de la gestion, du marketing et des services de soutien connexes occupaient des emplois spécialisés (51,8 %), soit le pourcentage le plus bas dans les six principaux domaines d’études. Cependant, ce pourcentage relativement bas pour les titulaires de diplômes roumains était sensiblement le même que le plus haut pourcentage d’immigrants titulaires de diplômes philippins qui occupaient des postes spécialisés.
Les immigrants qui avaient étudié en Russie réussissaient également relativement bien à occuper des emplois spécialisés, bien que dans la plupart des domaines d’études ils accusaient un retard par rapport à leurs homologues titulaires de diplômes roumains.
Au cours d’une étude ultérieure, soit le troisième volet du présent projet, nous utiliserons des analyses multivariables afin de distinguer les effets indépendants du pays d’études et du domaine d’études sur les débouchés professionnels et les revenus professionnels, en fonction des facteurs sociodémographiques (tel que niveau de scolarité, compétences linguistiques en anglais et en français, ville de résidence, et statut de minorité visible ).
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