Conférence sur les politiques scientifiques canadiennes de 2017
Discours
Notes d’allocution
L’honorable Kirsty Duncan, C.P., députée
Ministre des Sciences
Ottawa (Ontario)
Le 2 novembre 2017
La version prononcée fait foi
Bonsoir à toutes et à tous. C’est un plaisir d’être ici avec vous aujourd’hui.
Distingués invités, chers collègues et amis, notre grande famille des politiques scientifiques.
Je tiens à offrir la plus chaleureuse des bienvenues aux chercheurs et aux étudiants ici présents ce soir. En tant que scientifiques, ingénieurs, astronautes, spécialistes de la santé, et chercheurs en sciences sociales et en sciences humaines, vous veillez à bâtir un meilleur avenir pour nous tous.
Nos fonctionnaires travaillent sans relâche pour les Canadiens et le Canada. Je suis très fière du travail que vous faites pour promouvoir les sciences, inspirer la prochaine génération de chercheurs et raconter vos exemples de réussite. Je vous remercie de votre importante contribution.
J’aimerais également remercier Mehrdad Hariri et le conseil d’administration du Centre d’études sur la politique scientifique canadienne de m’avoir permis de participer à cet événement d’envergure.
C’est tout un honneur de participer à cette conférence pour la troisième fois.
J’aimerais que vous sachiez à quel point je vous suis reconnaissante d’avoir été invitée ici et d’avoir eu droit à l’appui que vous m’avez offert au cours des dernières années. Merci.
Nous avons beaucoup de sujets à couvrir au cours de la prochaine heure. Je répondrai ensuite à vos questions.
J’aborderai tout d’abord la question qui brûle toutes les lèvres : la nécessité d’augmenter le financement en sciences.
Cet enjeu se trouve au cœur de mes priorités maintenant et pour l’avenir.
Je comprends l’importance d’investir dans la recherche entreprise à l’initiative de chercheurs, ainsi que dans les laboratoires et le matériel nécessaires à la conduite de recherches d’excellence.
Voilà pourquoi j’ai demandé la tenue d'un examen indépendant du soutien fédéral à la science fondamentale.
Je reviendrai sur ce sujet bientôt.
Mais j’aimerais d’abord vous faire part de ma vision.
Je vois les sciences canadiennes comme une quête énergique, audacieuse et tournée vers l’avenir qui se déroule à l’échelle mondiale.
Nous en sommes à un tournant dans l’histoire alors que le Canada est considéré comme un phare en matière de sciences.
Nous pouvons être fiers du fait que nous nous basons sur les données probantes révélées par les chercheurs pour affronter certains des plus grands défis au monde.
Chers amis, je crois que nous avons une excellente occasion de réaliser une vision qui montre le Canada comme un champion de la science et des chercheurs à l’échelle internationale.
Mes trois priorités pour la recherche sont les suivantes :
- renforcer les sciences;
- renforcer la prise de décision fondée sur des données probantes;
- renforcer notre culture de curiosité.
À l’heure actuelle, le Canada est perçu partout dans le monde comme un pays progressiste qui donne à ses scientifiques les moyens de faire des percées qui pourraient changer notre façon de nous comprendre et de comprendre le monde qui nous entoure.
Nous nous basons sur des faits et favorisons la prise de décision fondée sur la science et les données probantes.
Nous avons rétabli le questionnaire détaillé de recensement, puisque nous savons que les données comptent.
Nous avons démuselé les scientifiques.
Nous avons donné suite aux conseils des scientifiques. Nous avons interdit l’amiante pour protéger la santé et la sécurité des Canadiens.
J’ai réintroduit l’enquête sur le Système d’information sur le personnel d’enseignement dans les universités et les collèges, afin que nous puissions mieux comprendre l’évolution du personnel universitaire.
C’était l’une des premières mesures que j’ai prises dans le cadre d’une série de mesures visant à contrer l’absence chronique de diversité et d’équité en sciences.
D’autres mesures prises incluent l’établissement de nouvelles exigences en matière d’équité pour les Chaires d’excellence en recherche du Canada et le programme des Chaires de recherche du Canada (CRC).
J’ai donné aux universités la date limite de décembre pour présenter un plan d’action à l’égard de leurs objectifs d’équité dans le cadre du programme des CRC, sans quoi elles risquent de se voir retirer le nouveau financement alloué au titre de ce programme.
Je me pencherai encore sur l’enjeu d’équité et de diversité dans quelques minutes, mais avant, je souhaite vous parler d’un des grands moyens que j’ai pris pour renforcer la science fondamentale.
Comme je l’ai mentionné plus tôt, j’ai exigé la tenue d’un examen du soutien fédéral à la science fondamentale, le premier du genre en plus de 40 ans.
Je remercie les neuf membres du Comité consultatif. Ils ont fait du beau travail.
Le comité indépendant m’a remis un rapport de plus de 200 pages et a formulé 35 recommandations à envisager.
Je suis d’accord avec la majorité de leurs recommandations et je prends les mesures qui s’imposent pour mettre en œuvre bon nombre d’entre elles.
Par exemple, j’ai lancé un concours des Réseaux de centres d’excellence cet été qui mettait l’accent sur des initiatives de recherche multidisciplinaires et multinationales audacieuses.
J’ai exprimé mon appui envers la transformation du Conseil des sciences, de la technologie et de l’innovation en un organisme consultatif plus souple et accessible au public.
Au cours des prochains mois, un nouveau conseil des sciences et de l’innovation plus ouvert et plus transparent verra le jour afin que le gouvernement puisse profiter des avis d’experts indépendants travaillant dans ces domaines.
Je travaillerai avec la ministre de la Santé pour modifier la Loi sur les Instituts de recherche en santé du Canada et séparer les fonctions de président et de président du conseil d’administration.
La semaine dernière, j’ai procédé au lancement du Comité de coordination de la recherche au Canada (CCRC).
Le CCRC devrait harmoniser les programmes et les politiques des divers conseils subventionnaires et de la Fondation canadienne pour l’innovation (FCI), au profit des chercheurs qu’ils appuient.
J’ai demandé aux membres du Comité, y compris aux présidents des trois conseils subventionnaires et de la FCI, de présenter un plan de travail au cours des deux prochains mois pour définir comment ils aborderont les enjeux suivants :
- les moyens pour accroître la capacité du Canada à appuyer la recherche internationale et multidisciplinaire à risque élevé et à haut rendement;
- la façon dont nous pouvons collectivement faire progresser nos efforts visant à soutenir les forces du Canada dans des domaines de recherche stratégique;
- les mesures supplémentaires qui peuvent être adoptées pour augmenter l’équité et la diversité ainsi qu’améliorer l’appui offert aux chercheurs en début de carrière.
J’ai bien fait comprendre au Comité que je m’attendais à des résultats — des changements qui vont faciliter le travail des chercheurs canadiens.
Plus tôt aujourd’hui, j’ai plafonné le renouvellement des chaires de recherche du Canada de niveau 1. Il s’agit de l’un des programmes de recherche les plus prestigieux au pays.
Même si, dans de rares circonstances, des considérations spéciales seront accordées, ce plafond donnera l’occasion à davantage de chercheurs à mi-carrière de devenir titulaire de l’une de ces prestigieuses chaires.
Ce plafond entraînera également une plus grande diversité des titulaires de chaire de recherche — plus de femmes, d’Autochtones, de minorités visibles et de personnes handicapées œuvrant en sciences auront la chance de devenir titulaire de chaire.
Sur ce, j’aimerais prendre le temps de réfléchir à l’importance de favoriser une plus grande représentation en sciences.
Je ne crois pas qu’il faille convaincre cet auditoire du bien-fondé d’avoir au sein de la communauté de recherche des gens de divers horizons. Grâce à la multiplicité des expériences, des savoirs et des points de vue, nous nous approchons encore plus de la prochaine percée ou découverte.
En effet, la multiplicité des points de vue donne lieu à la meilleure des sciences.
Cet enjeu me touche particulièrement comme femme qui a consacré la plus grande partie de sa carrière aux sciences.
À ce titre, on m’a dit que c’est parce que j’étais une femme que mon salaire ne se retrouvait que dans le dixième percentile.
Un collègue, membre du corps professoral, m’a demandé au cours d’une réunion du personnel quand je prévoyais devenir enceinte.
On m’a demandé de choisir de quelle façon je voulais qu’on me traite : comme une femme ou comme une scientifique.
Mes voyages aux quatre coins du pays m’ont confirmé que je devais faire de la lutte aux iniquités au sein de la communauté de recherche une priorité absolue pour nous tous.
Nous devons travailler ensemble pour retrouver l’équilibre en matière de genres, d’équité et de diversité en sciences.
Et lorsque nous y parviendrons, les sciences s’en trouveront renforcées.
En plus de permettre aux gens de revitaliser les sciences, notre gouvernement a respecté sa promesse d’investir dans des moyens de renforcer notre capacité de mener des recherches de calibre mondial.
Par exemple, le Fonds d’excellence en recherche Apogée Canada, assorti d’une enveloppe de 900 millions de dollars, appuie les chercheurs canadiens qui entreprennent des projets d’envergure, notamment en informatique quantique, en recherche sur les cellules souches et en science du cerveau.
Le budget de cette année prévoit aussi 125 millions de dollars pour rehausser la réputation internationale d’excellence du Canada en matière d’intelligence artificielle.
Je tiens à souligner l’importante leçon qui se dégage de cet investissement.
La force du Canada en intelligence artificielle est le fruit d’investissements réalisés il y a une trentaine d’années en recherche fondamentale entreprise à l’initiative de chercheurs.
À l’époque, plusieurs personnes croyaient que l’apprentissage machine ne relevait que de la science-fiction. Le film Blade Runner venait alors tout juste de prendre l’affiche.
Ce scepticisme n’a pas empêché des scientifiques comme Geoffrey Hinton de tenter d’obtenir du financement afin de poursuivre des recherches sur l’intelligence artificielle.
Ce sont les dirigeants de l’Institut canadien de recherches avancées qui ont reconnu le potentiel des premiers travaux de M. Hinton.
Ils l’ont fait venir au Canada, ont créé un programme de recherche mondial sous sa direction, et ont veillé à ce qu’il reçoive les fonds dont il avait besoin pour mener ses travaux en apprentissage machine.
Le fait que nous récoltions aujourd’hui les fruits de ces investissements précoces démontre qu’il est judicieux d’investir sans réserve dans la recherche axée sur la découverte.
Le gouvernement octroie également 2 milliards de dollars pour la construction ou la modernisation d’infrastructures de recherche et d’innovation sur les campus d’universités et de collèges du pays.
Mais nous savons que ce ne sont pas les immeubles qui réalisent les recherches, mais bien les gens.
C’est la raison pour laquelle nous avons investi dans nos chercheurs et que nous continuerons de le faire.
Dans le budget de 2016, nous avons donné un coup de pouce aux trois conseils subventionnaires fédéraux afin que les chercheurs et stagiaires puissent avoir accès à un financement de recherche accru, continu et permanent.
On parle ici d’un financement non restrictif, c’est-à-dire sans conditions.
Il s’agissait là de la plus grosse injection de fonds dans la recherche de découverte depuis plus de dix ans.
C’est ainsi — et de plusieurs autres façons — que nous renforçons les sciences au Canada.
Passons maintenant au deuxième volet de ma vision pour les sciences : renforcer la prise de décision fondée sur des données probantes.
C’est l’une des valeurs fondamentales de notre gouvernement et celle que nous mettons en pratique lors que nous prenons toutes nos décisions sur des enjeux comme l’Arctique, l’agriculture, les évaluations environnementales, la santé et la sécurité des Canadiens.
La science et les éléments probants sont à la base de tout.
Comme vous le savez, j’ai rempli l’une des priorités de mon mandat en nommant Mona Nemer au poste de conseillère scientifique en chef du Canada.
Mme Nemer est une chercheuse de renom dans le domaine de la santé, une ancienne dirigeante universitaire et une chercheuse boursière primée reconnue à l’échelle internationale pour ses contributions au milieu universitaire.
En sa qualité de conseillère scientifique en chef, Mme Nemer a le mandat de donner des conseils scientifiques indépendants au gouvernement sur des questions pouvant aller de la science sur l’Arctique et les océans à la médecine de précision, en passant par des maladies émergentes ou réémergentes comme la maladie à virus Ebola ou Zika.
Je m’attends à ce que notre conseillère scientifique en chef recueille des données scientifiques à la fine pointe et me présente, ainsi qu’au premier ministre et au Cabinet, des conseils impartiaux.
La tâche me revient ensuite, à titre de ministre des Sciences, d’incorporer ses conclusions dans les décisions prises par le Cabinet — des décisions qui ont une incidence sur la vie des Canadiens.
En d’autres termes, la science fait partie de la combinaison de conseils économiques, sociaux, régionaux, de santé, de genre et de diversité présentés par d’autres membres du Cabinet.
J’ai demandé à Mme Nemer d’évaluer le bien-fondé de la création d’un réseau de scientifiques en chef ministériels qui formuleraient des conseils indépendants tirés de leur propre portefeuille de sciences.
La construction de ces ponts est déjà entamée.
J’ai réuni les sous-ministres de tous les ministères à vocation scientifique afin de discuter de la façon dont nous pourrions éliminer les barrières et adopter une approche multidisciplinaire pangouvernementale dans le cas de questions comme la recherche sur l’Arctique, l’intelligence artificielle et les changements climatiques.
En effet, nous savons que la science ne suit jamais une ligne droite.
La meilleure science est une science désordonnée — des recherches qui passent d’une discipline à l’autre au fur et à mesure qu’elles évoluent.
Et qu’en résulte-t-il? Des données probantes fiables qui viennent appuyer une meilleure prise de décision.
J’ai parlé des mesures prises pour renforcer les sciences.
J’ai souligné la voie à emprunter pour renforcer la prise de décision fondée sur des données probantes.
J’aimerais maintenant aborder mon troisième objectif : renforcer la culture de curiosité au Canada.
J’ai eu le privilège de visiter des laboratoires d’un océan à l’autre et d’observer moi-même le travail effectué par nos formidables chercheurs et étudiants.
Je suis fortement impressionnée par vos efforts et vous avez tout mon respect.
Je continuerai à encourager les jeunes à être curieux et à poursuivre leurs ambitions. Voilà pourquoi j’ai lancé la campagne Optez Sciences. Nous voulons inciter davantage de jeunes à envisager une carrière en sciences, en technologie, en ingénierie, en mathématiques (STIM) ainsi qu’en arts et en design. Nous voulons aussi aider leurs parents, leurs proches, leurs enseignants et leurs mentors à leur faire voir cette possibilité.
Je soutiens fermement des programmes et des activités comme PromoScience, Parlons sciences et l’Odyssée des sciences, tous conçus pour immerger les jeunes dans le merveilleux monde des STIM.
Tout récemment, le premier ministre s’est fait l’hôte d’une première foire scientifique ici même, à Ottawa.
Pourquoi? Parce que nous voulions que les jeunes sachent que leurs réalisations scientifiques sont reconnues et accueillies à bras ouverts sur la Colline du Parlement.
La curiosité qui les anime les mènera loin. J’ai donc beaucoup d’espoir pour notre pays et pour le monde entier.
Nous ne devons jamais douter du talent de la jeunesse d’aujourd’hui.
J’ai toujours cru au pouvoir des jeunes. Ils posent des questions auxquelles nous n’aurions jamais pensé et ils sont impatients de connaître la réponse.
Notre travail consiste à leur laisser la voie libre.
Nous devons jouer aux supporteurs et les encourager alors qu’ils incarnent la culture de curiosité au Canada et la renforcent.
Je vous demande de m’aider en encourageant les jeunes qui vous entourent à poser des questions audacieuses, à remettre en doute les hypothèses et à trouver les moyens de contourner les obstacles sur leur chemin.
Chers collègues, nous savons que les sciences touchent tous les aspects de notre vie et que la recherche sera la clé de l’avenir.
C’est pourquoi le gouvernement accorde autant d’importance aux sciences de même qu’aux politiques qui renforcent notre communauté de recherche et notre culture scientifique.
Nous savons que, lorsqu’il est question de sciences au sein de notre pays, le changement de culture ne se fera pas du jour au lendemain.
Il ne faut toutefois pas sous-estimer les progrès que nous avons déjà accomplis en deux ans seulement.
Vous pouvez être assurés que je continuerai à travailler d’arrache-pied pour renforcer les sciences, renforcer la prise de décision fondée sur des données probantes et renforcer notre culture de curiosité au Canada.
Voici ce que je vous demande : propagez la bonne nouvelle et expliquez comment la science nous aide à bâtir un monde meilleur.
Montrez aux gens de vos collectivités que la science mène à de nouveaux traitements contre le cancer, à des thérapies avancées contre la démence, à de nouvelles technologies aussi petites que la paume de votre main et à de nouveaux horizons à découvrir.
Ensemble, je suis certaine que nous pouvons atteindre nos objectifs : une société meilleure, un environnement plus sain, une classe moyenne forte et une meilleure qualité de vie pour tous.
Travaillons donc dans le même sens.
Nous sommes tous partenaires dans cette aventure. Et c’est en unissant nos forces que nous contribuerons réellement à améliorer les choses grâce aux sciences.
Merci.
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