Série de conférences sur les femmes en sciences
Discours
L’honorable Kirsty Duncan, C.P., député
Ministre des Sciences et des Sports
Saskatoon (Saskatchewan)
Le 14 janvier 2019
La version prononcée fait foi
Bonjour à toutes et à tous.
Merci Peggy [Schmesier, professeure adjointe, Université de la Saskatchewan], et merci à toutes les personnes qui ont participé à l’organisation de cette série de conférences sur les femmes en sciences.
J’aimerais également remercier le recteur de l’université, Peter Stoicheff. C’est toujours un plaisir de travailler avec vous. Votre équipe et vous faites un excellent travail, et cette série de conférences en offre un bon exemple. Merci.
Permettez-moi en premier lieu de vous dire à quel point je suis fière de venir du milieu de la recherche et à quel point votre travail, jour après jour, m’impressionne et est pour moi une source d’inspiration et une leçon d’humilité.
La recherche, c’est important… l’enseignement, c’est important… et le service, c’est important.
Merci pour tout ce que vous faites — et aux étudiants présents, je vous dit que j’ai hâte de voir ce qui vous attend dans l’avenir proche.
Lorsque le premier ministre m’a demandé d’être la ministre responsable des Sciences, je n’avais qu’un seul but : mettre nos chercheurs et nos étudiants au cœur de toutes nos activités.
Cela exige qu’ils aient accès au financement nécessaire pour mener à bien leurs recherches ainsi que les laboratoires, les instruments et les outils numériques dont ils ont besoin de nos jours pour faire de la recherche.
Mission accomplie, et ce, grâce à une allocation sans précédent de 4 milliards de dollars pour la recherche dans le budget de 2018 : c’est le plus important investissement en recherche fondamentale de l’histoire du Canada.
Et notre engagement ne se résume pas à une question d’argent. Nous nous sommes engagés à améliorer et à agrandir la communauté de la recherche, et à nous assurer d’y inclure les groupes sous-représentés.
Je demanderais aux professeurs qui sont parmi nous de s’interroger sur leurs laboratoires, sur leurs étudiants diplômés des 10 dernières années et ceux des 20 dernières années. De qui s’agissait-il? Manquait-il quelqu’un? Quelles idées risquaient d’être inexplorées? Quelles questions n’ont peut-être pas été posées?
Et quels résultats n’a-t-on pas obtenus alors que tous les Canadiens en auraient profité?
Pensez aux premiers coussins de sécurité gonflables conçus pour les voitures par des ingénieurs en n’utilisant que des mannequins masculins. Ce sont des femmes et des enfants dans un premier temps qui ont été blessés ou tués lorsque les coussins se sont gonflés.
Aujourd’hui encore, les maladies cardiovasculaires chez les femmes sont sous-diagnostiquées et sous-traitées, et elles ne font pas suffisamment l’objet de recherches. Si l’on avait tenu davantage compte des femmes dès le début des recherches, aurait-on obtenu des résultats différents?
En serions-nous rendus là s’il y avait eu un plus grand nombre de chercheurs autochtones et si nous avions été attentifs à la voix des aînés et des collectivités? Est-ce que la mort, des blessures et des indignités auraient été le lot des peuples autochtones lorsqu’ils affirmaient leurs droits? Aurions-nous dégagé des leçons des façons de voir des peuples autochtones et aurions-nous envisagé de protéger la terre pour les sept générations futures?
En serions-nous rendus là si l’on avait traité la communauté LGBTQ2 avec plus de compassion dès le début de la pandémie de sida?
Comme nous avons la mémoire courte! Nous oublions que les hommes gais, même ceux qui étaient tout simplement soupçonnés d’être gais, perdaient leurs emplois et étaient expulsés de leurs logements. Si nous avions été à leur écoute au lieu de les exclure, les politiques gouvernementales auraient-elles été différentes et les résultats moins dévastateurs?
Voici un autre exemple qui porte à réfléchir. La titulaire de la chaire de recherche Canada 150 Judith Elizabeth Mank, qui vient d’être nommée à ce poste, étudie les différences génétiques entre les hommes et les femmes.
Ses recherches visent à savoir si nous passons outre à des traitements plus efficaces pour les femmes lorsque les activités de contrôle ne portent que sur des souris mâles pour le ciblage de médicaments!
Ce qu’il faut retenir, c’est que la diversité de pensée et d’idées est à l’origine d’excellentes recherches qui influeront grandement sur la vie des Canadiens.
La science est encore plus forte lorsque tous les Canadiens sont inclus — en classe, sur le terrain et dans le laboratoire.
C’est dans cette optique que j’ai axé en grande partie mon travail à titre de ministre des Sciences sur la promotion de l’équité et de la diversité dans le milieu de la recherche.
Afin d’y parvenir, il nous fallait des données. C’est pour cette raison que nous avons réinstauré le Système d’information sur le personnel d’enseignement dans les universités et les collèges. Il fournit au gouvernement d’importantes données sur le personnel enseignant à plein temps des universités canadiennes et il aidera les universités à compter à leur actif un corps professoral plus inclusif et diversifié, qui reflète la réalité d’aujourd’hui au pays.
Nous avons lancé dans les médias sociaux la campagne nationale #OptezSciences, pour encourager les jeunes au pays — en particulier les filles et les jeunes femmes — à faire carrière dans les STIM, c’est-à-dire dans les domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques.
Il y avait un déséquilibre entre les hommes et les femmes, tant au sein du Programme des chaires d’excellence en recherche du Canada que dans le Programme des chaires de recherche du Canada. Nous avons donc apporté des changements.
Dans le cadre de ces deux programmes, les universités doivent désormais soumettre des plans d’action en matière d’équité, de diversité et d’inclusion avec leurs demandes.
J’ai par ailleurs clairement précisé aux recteurs des universités que je demanderai aux responsables de ces programmes de retenir le financement d’universités qui n’atteignent pas les objectifs qu’elles se sont fixés en matière d’équité et de diversité.
Ces conversations n’étaient pas faciles. Le changement n’est jamais facile ni rapide. Mais il arrive.
Je suis fort encouragée par les gains déjà obtenus.
Entre autres, nous avons nommé dernièrement les titulaires des Chaires de recherche Canada 150, dont 60 % sont des femmes.
Et pour la première fois dans l’histoire de notre pays, 50 % de femmes ont été mises en candidature pour une chaire de recherche du Canada, ainsi que le plus fort pourcentage d’Autochtones, de membres de minorités visibles et de personnes handicapées de tout temps.
À mon avis, il y a vraiment lieu de se réjouir!
À quoi faut-il s’attendre maintenant?
Eh bien, notre dernier budget affecte un montant sans précédent de 1,7 milliard de dollars, destiné à nos conseils subventionnaires. Or, pour obtenir ce financement, on s’attend à ce qu’ils dressent des plans afin d’assurer une plus grande diversité au sein de la prochaine génération de chercheurs.
Au risque de me répéter, il ne s’agit pas uniquement des femmes.
Il s’agit de tous les groupes qui, par le passé, ont été sous-représentés, à savoir les peuples autochtones, les personnes handicapées ainsi que les membres des minorités visibles et de la communauté LGBTQ2.
Pendant trop longtemps, de nombreuses voix n’ont pas été entendues, et c’est à nous qu’il revient de remédier à cette situation. Si cela met certaines personnes mal à l’aise, eh bien soit!
Pour aller de l’avant, nous mettrons en place une version canadienne de l’initiative Athena SWAN (Scientific Women’s Academic Network, soit le réseau scientifique universitaire pour les femmes). Cette initiative du Royaume-Uni vise l’inclusion d’un plus grand nombre de femmes dans le domaine des sciences en vue de favoriser l’équité, la diversité et l’inclusion en sciences.
Nous assurerons l’expansion de ce programme pour y inclure également d’autres groupes sous-représentés.
De fait, juste avant de me joindre à vous cet après-midi, j’ai eu le privilège de m’entretenir avec des dirigeants d’établissements d’enseignement supérieur, des milieux industriels et d’autres secteurs, qui m’ont fait part de ce qu’ils souhaiteraient voir dans une initiative Athena SWAN canadienne.
Et je tiens à remercier de nouveau Peter Stoicheff, qui a été un facilitateur de premier plan pour assurer le bon déroulement de cette table ronde.
Cette rencontre fait partie d’une série d’échanges qui auront lieu avec des dirigeants d’universités et des chercheurs canadiens sur les possibilités et les défis associés à la mise en place d’un programme de type SWAN au Canada.
Nous avons l’intention de lancer notre projet pilote Athena SWAN cette année, alors restez à l’affût. Je vous remercie à l’avance de votre appui.
Il y aura également de nouvelles subventions pour aider les établissements d’enseignement supérieur à faire des progrès pour accroître la représentation des groupes sous-représentés.
Nous prenons également des mesures afin que davantage d’Autochtones aient voix au chapitre dans le domaine de la recherche. En effet, j’ai annoncé ce matin le nom des bénéficiaires des 116 subventions pouvant atteindre 50 000 $ chacune pour trouver de nouveaux moyens d’inclure la recherche et le savoir autochtones.
Ces subventions ont pour objet d’appuyer les rassemblements communautaires, les ateliers et les activités qui font appel aux connaissances traditionnelles, et de faciliter le dialogue et le partage de connaissances.
Il importe que toutes les personnes qui veulent être engagées dans la recherche au Canada puissent le faire.
Mes entretiens sur les sciences et la recherche avec des femmes, en particulier avec de jeunes femmes, sont des moments parmi les plus gratifiants que j’ai vécus à titre de ministre des Sciences.
Pourquoi? Parce que nous avons besoin de leur intelligence, de leurs idées et de leur désir de bâtir un Canada pour tous les Canadiens.
Tout au long de ma carrière en politique et pendant les dizaines d’années où je faisais de la recherche auparavant, j’ai travaillé sans relâche à encourager les jeunes femmes à s’enthousiasmer pour la recherche.
Plus important encore, je n’ai pas ménagé mes efforts pour les encourager à continuer de faire de la recherche tout au long de leurs études et de leur carrière.
J’ai souvent donné mon numéro de téléphone aux jeunes que j’encadrais et je leur disais « appelle-moi les jours où c’est difficile. Je suis ici pour t’écouter. » Parce qu’il est difficile de faire de la recherche et parfois, tout ce qu’il nous faut c’est quelqu’un qui se préoccupe de nous, quelqu’un qui est passé par là.
Je viens d’une famille qui m’a élevée avec la notion que je pouvais devenir ce que je voulais et que j’aurais les mêmes possibilités que mon frère.
À titre de femme scientifique, comme beaucoup d’entre vous, je comprends ce que l’on ressent à être la seule femme dans le laboratoire, sur le terrain et dans la classe.
De fait, on m’a déjà demandé lors d’une réunion du corps professoral quand je prévoyais devenir enceinte. Il est inconvenable de poser une telle question aussi personnelle, et c’est tout à fait illégal.
À d’autres occasions, on me donnait le choix de me faire traiter « soit comme une femme, soit comme une scientifique ».
Plus tard, lorsque j’ai demandé à un responsable de l’université pourquoi mon salaire était dans le dixième centile le plus bas, il m’a répondu que c’est parce que je suis une femme.
C’est pourquoi, en ma qualité de ministre fédérale des Sciences du Canada, j’ai fait de la lutte contre ce type de discrimination l’une de mes priorités, de même que celle de m’assurer que les femmes sont non seulement les bienvenues dans les domaines des STIM, mais également qu’elles fassent entendre leurs voix, qu’elles choisissent d’y rester et qu’elles aient droit à un salaire égal et à des possibilités de promotion égalitaires.
Et que ce soit le cas non seulement pour les femmes, mais aussi pour les membres des peuples autochtones, des minorités visibles et de la communauté LGBTQ2 et pour toute personne qui a été mise à l’écart.
Mon rêve est un monde où les voix sont entendues de façon égale, avec un impact égal.
Vous avez sans doute entendu le premier ministre parler de la diversité. « Le Canada tire sa force de notre diversité », dit-il.
Et il a raison. Le Canada est l’un des pays les plus diversifiés au monde.
La grandeur de notre pays tient surtout à cette diversité des perspectives, des connaissances et de l’expérience de tous.
Notre société est ouverte, progressiste et prospère. Et si elle y est parvenue, c’est en raison — et non en dépit — de sa diversité.
Notre engagement découle du fait que c’est la bonne chose à faire et aussi parce que, dans l’économie mondiale concurrentielle d’aujourd’hui, le Canada ne peut se permettre de laisser des gens de talent à l’écart.
La diversité des antécédents, des idées, des perspectives et de l’expérience entraîne de meilleures recherches. Les questions et les méthodes sont plus fructueuses, et tous les Canadiens profitent des résultats obtenus.
Nous avons une chance qui n’arrive qu’une fois par génération de changer la culture de nos grandes — et je dis bien grandes — institutions pour accueillir tous les Canadiens en salle de classe, sur le terrain et dans le laboratoire.
Il est exaltant d’être témoins du changement et d’être les auteurs du changement, mais cela soulève sans cesse des défis en cours de route. Parce qu’il s’agit tout aussi bien de changer les cœurs et les esprits que les programmes et les politiques.
J’ai hâte que nous procédions à nos échanges, alors laissez-moi résumer en vous posant la question suivante. Puis-je compter sur vous tous pour être des champions de l’inclusion, afin d’améliorer la communauté postsecondaire pour qu’elle reflète — reflète réellement — notre merveilleux pays?
Je vous demande cela, car nous bénéficions tous de la réussite des femmes, des peuples autochtones, des personnes handicapées et des membres des minorités visibles et de la communauté LGBTQ2. Ce n’est pas un jeu à somme nulle.
Nous avons tous une responsabilité à cet égard — la responsabilité d’intervenir lorsqu’il y a un manque de diversité, d’intervenir lorsqu’un commentaire ou un comportement sont inappropriés.
On ne peut se contenter d’être de simples spectateurs. Chaque fois que nous n’agissons pas, nous donnons notre accord.
Apprenons plutôt à célébrer les réalisations et les succès d’autrui et à nous en réjouir.
Permettez-moi en dernier lieu de dire que nous devons tous prendre part au changement générationnel qui s’impose. La recherche, l’enseignement et le service sont notre vocation, et ils sont d’une grande importance.
Tout compte fait, notre responsabilité commune consiste à mettre à profit nos talents pour sans cesse bâtir une meilleure communauté de la recherche, une meilleure expérience d’apprentissage au niveau postsecondaire et, somme toute, un meilleur pays où personne n’est exclu.
Merci.
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