Le soin des objets de musée exposés ou remisés à l’extérieur – Notes de l'Institut canadien de conservation (ICC) 15/2

Erratum (consulter la note de bas de page 1)

Introduction

Il n'est pas rare que de petits musées, aux ressources limitées, acquièrent de gros objets de métal ou de bois qui doivent être remisés, faute d'espace, à l'extérieur. Or, en général, la mise hors service d'une machine ou d'un véhicule et l'acquisition subséquente par un musée annoncent le début du processus qui mène à leur dégradation. Ce processus est amorcé, en partie, parce que l'on a nettement tendance à sous-estimer les ressources nécessaires pour en assurer la conservation. Avant d'acquérir de gros objets, la direction du musée est donc bien avisée de déterminer si l'établissement dispose des ressources nécessaires à leur conservation à long terme, si leur valeur justifie les coûts et si un autre acquéreur (un collectionneur du secteur privé, par exemple) ne serait pas mieux placé pour en prendre soin.

Bien que les conseils fournis dans la présente note visent surtout à prévenir la dégradation de certains éléments sensibles des machines, ils visent également à créer et à maintenir un milieu qui assurera un minimum de protection. Nous tenons toutefois à souligner qu'il n'est pas pour autant recommandé d'exposer ou de remiser de tels objets à l'extérieur.

Par ailleurs, la présente note ne traite que de la conservation préventive de tels objets, car leur restauration doit être laissée à des spécialistes qui possèdent une formation en mécanique et en restauration et qui ont accès aux documents historiques pertinents. La restauration ne doit être entreprise qu'après avoir déterminé l'importance historique de l'objet ainsi que sa place au sein de la collection. Pour effectuer des traitements de restauration de qualité, de nombreuses ressources doivent être mises à contribution et il faut se rappeler que toute restauration négligente ou mal avisée risque de détruire la valeur historique d'un objet puisque les méthodes de restauration éliminent certaines traces qui remontent à la vie utile de l'objet.

L'environnement

Au nombre des facteurs qui causent des dommages aux objets de musée exposés ou remisés à l'extérieur figurent un taux d'humidité relative et une température inadéquats, la lumière, la poussière et les polluants gazeux. La détérioration biologique se produit lorsque les microorganismes tels les moisissures et les champignons s'attaquent aux objets, mais lorsqu'il s'agit des insectes, des rongeurs et de l'être humain, les dommages sont plus apparents.

L'eau est la principale cause de dégradation des objets de métal ou de bois remisés à l'extérieur : l'eau de pluie stagnante, l'eau absorbée du sol, ainsi que les taux élevés d'humidité atmosphérique. Tous les métaux ferreux sont particulièrement sensibles à la rouille lorsque l'humidité atmosphérique dépasse les 65 à 70%.

Dans une atmosphère contaminée par des chlorures et des sulfures, la corrosion accélère à un taux d'humidité très bas. Les pièces de métal en contact avec un sol humide sont également portées à se corroder rapidement puisque le sol offre les conditions idéales à une forte corrosion électrolytique.

Le bois lui aussi est sensible aux taux élevés d'humidité qui le font gonfler et attirent les parasites comme les champignons, les plantes et les insectes.

Préparatifs en vue de l'exposition à l'extérieur

S'il est impossible d'abriter un objet de musée, les soins qui lui sont donnés ne parviendront jamais à empêcher sa dégradation éventuelle. Néanmoins, certaines mesures peuvent ralentir l'action des éléments, en particulier sur les matériaux les plus sensibles. Ces mesures doivent être prises avant même d'envisager le type d'abri qui servira à protéger l'objet.

Inhibition des pièces les plus importantes

Une machine est composée de nombreuses pièces mobiles. Le bon état de ces pièces doit être préservé sinon, une grande partie de son importance, tant historique que mécanique, sera perdue. La mise en application de mesures visant à ralentir ou à arrêter la corrosion d'un objet remisé depuis longtemps est connue sous le nom d'« inhibition ».

Il faut lubrifier les pièces mobiles tout comme au temps où elles étaient utilisées. Cependant, il faut se garder d'employer une force excessive pour tenter de faire bouger des pièces grippées tant que le problème n'a pas été analysé à fond. Il vaut mieux consulter un restaurateur si l'on soupçonne que des pièces mobiles doivent faire l'objet d'un traitement important.

Lorsqu'ils sont exposés aux éléments, les moteurs à combustion interne posent, à long terme, des problèmes de conservation difficiles. Ces moteurs, de nature complexe, comportent bon nombre de pièces mobiles importantes que la corrosion risque d'endommager. En fait, les moteurs remisés à l'extérieur durant plusieurs années sans faire l'objet de soins sont généralement détériorés au point où ils ne peuvent fonctionner de nouveau sans faire l'objet d'une réfection importante. Donc, il faut remplacer souvent l'huile des carters, et régulièrement enduire d'huile les pièces mobiles internes en faisant tourner suffisamment le moteur (à condition évidemment qu'il puisse le supporter). Tout moteur, qu'il soit à vapeur ou à combustion interne, devant éventuellement être réutilisé doit régulièrement subir des traitements visant l'inhibition des pièces. S'il doit, malgré tout, être remisé à l'extérieur, il faut rendre étanche à l'air les espaces internes et les remplir, chaque année, d'huiles composées d'inhibiteurs en phase vapeur. On prendra cette mesure de précaution pour tous les circuits du moteur, y compris le système de refroidissement (par l'eau ou à l'huile), le système où circule le combustible liquide et la boîte de vitesses.

Il est possible que les graisses et les huiles aient séché et durci, et qu'elles ne procurent donc plus aucune protection. On peut enlever ces vieux lubrifiants, à condition de lubrifier de nouveau les pièces. Il faut frotter les surfaces avec du white spirit (Varsol, Shellsol, etc.) à l'aide d'une brosse à soies dures. S'il n'y a pas de matériaux absorbants (du bois, des revêtements calorifuges ou des tissus, par exemple), on procède à un nettoyage à la vapeur, qui peut s'avérer fort efficace. Une fois le nettoyage terminé, surtout celui des pièces d'acier usiné, les pièces mobiles doivent être enduites d'une substance offrant une protection contre l'humidité et les polluants. à cet effet, l'application d'une épaisse couche de graisse constitue la meilleure solution.

Si l'on craint que les visiteurs ne tachent leurs vêtements en entrant en contact avec les pièces graissées, il convient d'installer des panneaux de mise en garde. La présence de surfaces graisseuses dissuade les visiteurs de toucher les objets. C'est l'un des avantages de ce type de graissage.

Nettoyage

Les chambres de combustion et les coffres à vapeur des machines doivent être nettoyés de toute cendre et de tout dépôt de suie, car ces résidus de combustion contiennent des substances chimiques qui accélèrent la corrosion. Le problème est exacerbé du fait que ces dépôts attirent l'humidité. Les tubes de fumée sont, pour leur part, bien brossés à l'aide du matériel approprié. Par ailleurs, on doit examiner les surfaces horizontales pour s'assurer qu'il ne s'y trouve pas de poussière accumulée, de détritus ou de nids d'animaux, puis, elles doivent être nettoyées à fond. Le charbon, le bois ou les résidus d'autres combustibles doivent être enlevés eux aussi. Les réservoirs à combustible liquide sont vidés avec soin, à l'aide d'un siphon s'il n'y a pas de robinet de vidange. Si des orifices restent ouverts, on doit les doter d'un grillage pour empêcher que des détritus n'y soient jetés ou que des animaux n'y fassent leur nid. Règle générale, toutes les chambres ou autres enceintes du genre doivent être vidées et pourvues d'évents, de façon que la terre et l'eau n'y pénètrent pas, et que l'eau de condensation puisse quand même s'échapper.

Protection des pièces

Il faut retirer toutes les pièces des objets qui se détachent ou qui peuvent facilement se détacher, se briser ou se faire voler. Les pièces de verre et de céramique comme les poignées, les tubes des jauges, les graisseurs, les bougies, les bacs, les lampes et les fenêtres sont convoités par les vandales. Ils sont encore plus intéressés par les objets comme les plaques d'immatriculation et les ornements. En général, les pièces en alliage de cuivre qui sont faciles à retirer sont en danger. Il faut identifier toute pièce retirée avant de la mettre en réserve dans un lieu sûr. Pour ce faire, on doit se servir d'étiquettes durables, en Tyvek par exemple, et d'attaches solides à l'épreuve de la pourriture.

Dans la mesure du possible, les pièces qui peuvent poser un danger pour la sécurité du public (les planches pourries ou les pièces de fer ou d'acier trouées par la rouille, par exemple) doivent être retirées ou couvertes. Les trous qui restent après avoir enlevé ces pièces doivent être bien bouchés ou fermés pour empêcher l'humidité et la terre de pénétrer. Si des pièces de remplacement identiques ne peuvent être utilisées, il faut avoir recours à des pièces de remplacement non métalliques et non organiques comme le nylon ou le plastique à base d'ABS.

Les garnitures intérieures des véhicules doivent demeurer au sec et à l'abri de la lumière en tout temps. À cette fin, on doit enlever les garnitures, si possible, les identifier et les mettre en réserve à l'intérieur.

D'autres matériaux très absorbants, comme les revêtements calorifuges des chaudières, sont habituellement inaccessibles et, une fois imbibés d'eau, ils sèchent difficilement à fond sans application de chaleur. Outre la mise en marche de la chaudière elle-même (ce qui ne saurait se faire que dans des conditions contrôlées par des mécaniciens de machines fixes après que l’autorité de normalisation technique et de sécurité eut inspecté et certifié la machine), il n'y a pratiquement aucune autre solution que de mettre l'ensemble à l'abri et de laisser aux revêtements calorifuges le temps de sécher. En raison de leur nature fibreuse, ces revêtements peuvent rester humides durant des années, de sorte que le seul moyen sûr d'empêcher la corrosion est de les enlever complètement. Ce travail doit être effectué par des personnes compétentes, qui prennent soin de respecter toutes les mesures de sécurité nécessaires afin d’éviter l’inhalation de fibres d'amiante, de minimiser la contamination de l'environnement, de contenir les déchets d'amiante et d’éliminer les matériaux contaminés par l’amiante conformément aux réglementations provinciales et fédéralesNote de bas de page 1.

Drainage de l'eau

Les fabricants de machines faites pour être utilisées en plein air prévoient habituellement des moyens d'évacuer l'eau stagnante des surfaces horizontales, mais il ne faut pas pour autant présumer que des drains d'évacuation existent toujours ou qu'ils fonctionnent encore. Il est parfois nécessaire de percer des orifices aux endroits où l'eau s'accumule, surtout si l'eau risque d'être absorbée par des matières organiques ou de s'infiltrer dans des pièces mécaniques comme les arbres ou les roulements.

Élimination des substances organiques

Les pièces de bois qui sont restées longtemps exposées à l'humidité sont parfois recouvertes de champignons, de mousses, de lichens ou d'herbes. Toutes ces substances doivent être enlevées en ayant recours à la méthode la plus indiquée. Si l'objet doit demeurer dans un milieu humide, il faut répéter souvent l'opération. Si les dommages sont étendus ou si la pièce est attaquée en profondeur, il peut s'avérer nécessaire d'employer un agent de conservation du bois (du naphténate de zinc, par exemple). La plupart des traitements qui sont appliqués suivant l'apparition de substances organiques ne constituent que des mesures palliatives, qui s'attaquent donc aux symptômes plutôt qu'à la cause (consulter le Bulletin technique de l'ICC 12  Le contrôle des moisissures dans les musées, qui fournit de plus amples renseignements à ce sujet).

Le bois pourri est très fragile, et, lorsqu'on le nettoie et le manipule, il faut prendre bien soin de ne pas l'abîmer. Les lattes du plancher des véhicules de bois seront ainsi parfois devenues si pourries et si tendres qu'elles supportent à peine leur propre poids. C'est donc dire toute l'importance de bien vérifier leur état avant d'entreprendre le nettoyage ou le déplacement. Les roues de bois peuvent aussi être instables et devraient faire l'objet d'un examen avant de déplacer le véhicule.

Abris

Bases

L'abri le plus simple doit protéger les gros objets de musée en les isolant du sol humide et de l'humidité causée par la végétation.

On peut opter pour une solution peu coûteuse, à savoir remiser l'objet sur du gravier bien drainé. Une telle base empêche la croissance de plantes et permet un séchage rapide en augmentant la circulation d'air.

Supports

Blocs servant de support à l'objet.
Figure 1. Exemples de blocs servant de support à l'objet.

Il faut placer toutes les machines sur des supports quelconques qui servent à les isoler du sol. Divers matériaux peuvent servir à cet effet (figure 1) y compris des rails, divers matériaux empilés et des blocs de bois traités. Si des blocs de bois non traités sont utilisés, il faut les enduire d'un agent de conservation de façon à empêcher leur détérioration. Des blocs de béton creux peuvent être utilisés en guise de supports, mais il faut, pour leur donner la résistance nécessaire, les remplir de ciment.

Par ailleurs, il est recommandé de placer un matériau tampon entre les supports et l'objet; on peut se servir de contreplaqué, mais de gros morceaux de caoutchouc, provenant d'anciennes courroies transporteuses ou de vieux pneus, sont encore plus efficaces car le caoutchouc ne retient pas l'humidité. On doit choisir avec soin l'endroit sous l'objet où l'on placera les supports : il faut s'assurer que les points de contact sont assez solides pour absorber le poids de l'objet et le répartir sur l'ensemble de l'objet. Dans le cas d'un véhicule, les essieux constituent généralement les meilleurs points d'appui.

Si un véhicule est muni de roues de bois ou de pneus de caoutchouc, il est important de lui faire prendre appui sur des supports placés sous les essieux, et ce, même s'il repose sur un plancher non humide. Cette mesure permet non seulement d'empêcher le contact avec l'eau, mais surtout d'éviter de faire porter le poids du véhicule sur des points faibles, soit ses roues. Les pneus se déforment et perdent de leur élasticité avec le temps. En outre, ils se dégonflent, si bien que le coussin d'air qui supportait tout le poids de l'objet n'existe plus.

Les roues de bois distribuent le poids du véhicule sur de nombreuses pièces qui sont bien ajustées lorsque le véhicule fonctionne. Exposées aux intempéries cependant, les diverses parties composant les roues de bois se dilatent et se contractent et de ce fait, les assemblages se relâchent. La résistance des roues s'en trouve affaiblie. Par conséquent, il faut soutenir tous les véhicules à roues de bois ou à pneumatiques en plaçant des supports sous les essieux de façon que les roues ne soutiennent plus la charge. Des blocs de béton peuvent servir de supports (tel que mentionné précédemment) ou des supports peuvent être construits à partir de cornières et de tuyaux soudés ou de pièces de bois empilées. Des supports d'essieux sont également offerts par les grands fournisseurs automobiles. Il faut s'assurer que leur limite de charge est suffisante.

Abri temporaire

Avant de passer à la construction d'un abri, il faut prendre les mesures précédant le remisage d'un gros objet décrites plus tôt. Trop souvent, par le passé, aucune mesure visant à inhiber la corrosion n'était prise dès l'acquisition de l'objet. Par conséquent, avec le temps, la valeur de l'objet, tant du point de vue mécanique qu'historique, est grandement sacrifiée même si un toit protège l'objet.

Un abri peu coûteux et temporaire permet de protéger un objet exposé à l'extérieur
Figure 2. Un abri peu coûteux et temporaire permet de protéger un objet exposé à l'extérieur : la bâche, une toile résistante et imperméable, recouvre une armature de bois bien solide construite en pente et bien assujettie; la bâche est attachée en de nombreux points. On remarque que les côtés sont laissés ouverts pour aérer l'abri et que les supports placés sous les essieux empêchent les pneus du véhicule d'entrer en contact avec le sol.

L'abri le plus simple et le moins coûteux est la bâche, mais l'utilisation d'une bâche ou d'un autre type de feuille de plastique renforcé afin de protéger l'objet de la pluie (figure 2) n'est pas gage de solidité. Les bâches sont trop facilement déchirées par les tempêtes, s'affaissent à cause de l'accumulation de neige et sont affaiblies par la lumière du soleil.

Néanmoins, elles peuvent se révéler très utiles à titre de protection temporaire à condition de respecter certaines recommandations:

  • La bâche ne doit pas entrer en contact avec l'objet. Cette précaution permet d'empêcher l'abrasion due aux vents et la formation de la condensation.
  • Il doit y avoir une bonne circulation d'air afin de minimiser les températures excessives et l'humidité.

On recommande de placer la bâche sur une armature de bois ou de métal et de faire en sorte que le toit de l'abri soit en pente. Les vents, lorsqu'ils s'abattent sur l'abri, peuvent être très violents. Il convient donc d'assujettir la structure à l'aide de câbles ou par tout autre moyen nécessaire.

Abri ouvert

Un abri pour objet exposé à l'extérieur.
Figure 3. Un abri pour gros objet exposé à l'extérieur. Les murs construits du côté des vents prédominants, les pièces de caoutchouc placées sous les roues, les gouttières et l'inclinaison du sol du côté opposé au socle de béton. Le grillage rattaché à l'intérieur du toit empêche les animaux d'y faire leur nid.

Un abri avec toit peut constituer un abri permanent servant à protéger l'objet de la pluie et de la lumière et à le protéger du côté des vents prédominants. Les dimensions du toit doivent dépasser considérablement celles de l'objet. Il faut aussi installer des gouttières pour que l'eau de pluie soit acheminée loin de l'abri afin d'éviter d'éclabousser l'objet et l'accumulation d'eau près du socle (figure 3). Un abri adapté peut convenir ou on peut en construire un neuf pour l'occasion.

Si les moyens le permettent, on peut améliorer un abri en remplaçant la base de gravier par un socle de béton en pente. On peut imperméabiliser le dessous du socle en plaçant une feuille de polyéthylène résistante sous la rigole avant de couler le béton. Les côtés et le dessus du socle sont rendus étanches à l'eau au moyen d'un enduit à béton. Les socles de béton doivent par ailleurs être pourvus d'une armature qui leur permet de résister à la charge prévue. Il faudra peut-être consulter un ingénieur en ce qui concerne les spécifications.

Les améliorations qu'il est possible d'apporter aux abris ouverts (par exemple, l'ajout de murs, la ventilation, l'isolation, etc.) ne sont pas abordées dans la présente note.

Entretien

Idéalement, les machines en exposition devraient présenter l'aspect qu'elles avaient lorsqu'elles étaient en usage : elles doivent sembler bien entretenues, mais pas à l'excès. Lorsque les machines sont exposées à l'extérieur, il faut y veiller régulièrement. Le personnel du musée ne doit pas chercher à embellir les objets remisés à l'extérieur car les résultats ne sont toujours que temporaires; on ne fait alors que perdre son temps en de vains efforts. On doit simplement tenter de garder l'objet propre, ce qui est agréable sur le plan esthétique et contribue en outre à retarder la dégradation. Par ailleurs, on recommande de laver périodiquement les gros objets, mais seulement si l'on est sûr de pouvoir en sécher complètement toutes les composantes.

Les objets qui présentent une corrosion active importante (de la rouille orange vif sur les parties ferreuses, ou des dépôts cristallins verdâtres sur le cuivre et ses alliages, notamment) ne doivent être traités que sous la direction de restaurateurs d'objets métalliques.

Le lavage s'effectue avec de l'eau propre, par une journée chaude, préférablement lorsqu'il y a du vent. On doit s'assurer au préalable, dans le cas d'un véhicule, que les vitres et portières sont intactes et bien fermées, et que l'eau ne peut s'infiltrer à l'intérieur. Les cheminées, les tuyaux d'échappement verticaux et les autres ouvertures du genre sont recouverts temporairement de feuilles de plastique bien fixées au moyen d'élastiques ou de ficelle. Les objets de bois ne doivent jamais être lavés, et ce, même si leur revêtement semble intact. Les parties peintes ou vernies peuvent être nettoyées avec un linge humide, mais on doit d'abord enlever la poussière ou le sable à l'aide d'air comprimé, d'une brosse et d'un aspirateur, afin d'éviter les éraflures. On doit veiller, après l'opération, à bien enlever l'eau des endroits où elle s'est accumulée.

Les parties peintes et vernies qui demeurent intactes bénéficient de l'application d'une couche de cire protectrice, de préférence du genre de celle que l'on emploie pour les carrosseries d'auto. Il faut veiller à bien suivre à la lettre les instructions du fabricant. Lorsque la corrosion sous la peinture et sur les surfaces non peintes est très importante, il faut consulter un restaurateur compétent qui décide si un traitement de stabilisation est indiqué ou nécessaire.

Pour bien entretenir les pièces mobiles, il faut les nettoyer et les lubrifier régulièrement, et ces opérations exigent beaucoup de temps. On ne doit jamais leur appliquer du vernis ou de la peinture; on doit donc éviter de les repeindre, comme on l'a fait parfois en blanc ou en argent pour tenter de leur redonner, de loin, leur apparence métallique originale. En effet, cette pratique fausse l'interprétation historique de l'objet, diminue son authenticité et altère son apparence. En outre, la corrosion peut poursuivre son œuvre sous la nouvelle couche de peinture, et passer ainsi inaperçue jusqu'à ce que se produisent des dommages importants. Même les graisses, les huiles et les cires se décomposent sous l'effet des intempéries : il convient donc d'en appliquer régulièrement de nouvelles couches. C'est donc dire que rien ne remplacera jamais un programme régulier d'inspections générales, de nettoyage et de lubrification.

Il n'est pas recommandé de polir les accessoires de cuivre, de laiton, de bronze et composés d'autres métaux non ferreux, et ce, pour diverses raisons : le cuivre et ses alliages attirent davantage, lorsqu'ils sont brillants, les chasseurs de souvenirs; les polissages trop fréquents usent la surface du métal; et du point de vue historique même neuves, ces pièces n'avaient pas nécessairement un fini brillant. Qui plus est, le cuivre et ses alliages qui s'oxydent naturellement dans un milieu sec et propre finissent par présenter une attrayante couche protectrice brune.

Les objets qui sont exposés à l'extérieur, de même que les abris qui les recouvrent, constituent, tant pour les oiseaux que pour les rongeurs, d'excellents lieux de nidification. Il faut donc procéder à des inspections régulières du dessous du toit et de la machine même. De plus, comme la fiente des oiseaux s'attaque à la peinture et au métal, les objets doivent aussi être examinés et, le cas échéant, nettoyés. Dans les précédents paragraphes, on a recommandé de couvrir temporairement les tuyaux d'échappement, les cheminées, les évents et les autres ouvertures durant le lavage, mais il est aussi possible d'installer des dispositifs permanents qui, sans pour autant nuire à la bonne circulation de l'air, empêchent la nidification des animaux. Enfin, les garnitures d'intérieur doivent faire l'objet d'examens réguliers afin de déceler si elles sont la proie des insectes ou des rongeurs.

Les objets de musée rangés à l'extérieur subissent souvent des dommages qui sont causés, de façon intentionnelle ou non, par l'être humain. Les panneaux qui interdisent aux gens de toucher à ces objets ou d'y grimper réussissent parfois à les en dissuader, mais la plupart du temps, il faut se résoudre à entourer les objets d'une clôture. On doit choisir la clôture en tenant compte du genre de vandalisme auquel les objets sont exposés, sans pour autant négliger l'esthétique de leur présentation. Par ailleurs, on réduit le risque de vandalisme en exposant les gros objets dans des endroits bien en vue et éclairés.

Liste de contrôle

Une fois déterminés les problèmes que posent les objets exposés à l'extérieur, il faut établir des listes de contrôle de l'entretien. Prenant parfois la forme d'un tableau, ces listes indiquent pour chacun des objets les pièces qui doivent être inspectées, nettoyées, lubrifiées ou traitées régulièrement. L'entretien des objets s'effectue habituellement aux trois ou aux six mois, quelle que soit la saison, et l'on consigne dans un registre les travaux effectués et les observations qui sont faites. Il est aussi utile de photographier les éléments qui présentent un intérêt particulier, pour pouvoir par la suite comparer leur état et, s'il y a dégradation, prendre les mesures qui s'imposent. Le matériel, les outils et les fournitures servant à l'entretien doivent être rangés ensemble dans un lieu sûr, et ils sont remplacés au besoin. Les tâches fastidieuses qu'exige l'entretien régulier des objets seront sans doute exécutées plus régulièrement si le matériel et les outils sont toujours à portée de la main.

Les fournisseurs

Les divers articles et matériaux mentionnés dans la présente note, sauf le Tyvek, sont en vente dans les quincailleries ou chez les fournisseurs de machines.

Le Tyvek est fabriqué par Dupont. Les magasins de fournitures de bureau devraient être en mesure de commander des étiquettes de Tyvek.

Il vaut mieux rechercher des lubrifiants de type compatible aux métaux et qui conviennent le mieux à la tâche. Il faut demander au fournisseur des produits inhibiteurs ou qui résistent à l'entreposage à long terme puisque la plupart des lubrifiants sont conçus pour agir lorsque la machine est en marche seulement.

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Texte également publié en version anglaise.
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Nº de cat. : NM-95-57/15-2-1993F
ISSN : 1191-7237


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