Gala « Héritières du suffrage » organisé par À voix égales

Discours

Notes d’allocution à l’intention de l’honorable Karina Gould, ministre des Institutions démocratiques

Gatineau, QC, 7 mars 2017

Sous réserve de modifications. Ce discours a été traduit en conformité avec la Politique sur les langues officielles du gouvernement du Canada et révisé aux fins d’affichage et de distribution conformément à sa politique sur les communications.

Bonsoir.
Merci de m’avoir invitée, c’est un vrai plaisir pour moi d’être parmi vous toutes ce soir. Je me permets, d’abord et avant tout, de souligner que nous sommes aujourd’hui réunis sur le territoire traditionnel des Algonquins.

C’est un vrai privilège d’être ici avec vous – les héritières du suffrage, des jeunes femmes brillantes, ambitieuses et talentueuses des quatre coins du Canada. C’est inspirant d’être ici avec vous et de participer aux activités d’aujourd’hui, en ce jour où nous célébrons la Journée internationale de la femme. Cela nous offre un regard incroyable sur ce qu’il est possible d’accomplir au Canada si nous y mettons la volonté nécessaire – je suis impatiente de voir la Chambre remplie de jeunes femmes demain. J’ai beaucoup aimé avoir eu la chance de participer un peu plus tôt aujourd’hui à un panel de discussions avec vous, et je suis honorée de pouvoir maintenant m’adresser à vous.

Permettez-moi d’offrir tout d’abord mes félicitations à Nancy et à chacune d’entre vous. L’événement d’aujourd’hui a été une belle réussite. Lorsque le mouvement À voix égales m’a approché pour me présenter cette initiative l’automne dernier, le moins qu’on puisse dire est que j’étais enthousiaste. Je suis extrêmement fière de cette initiative et de faire ma part pour encourager, soutenir et promouvoir la présence de jeunes femmes en politique. À toutes celles qui ont participé à la planification, à l’organisation et à la concrétisation d’Héritières du suffrage : thank you, merci, miigwetch, félicitations!

Trois cent trente-huit remarquables femmes sont réunies afin de mettre en lumière ce que des femmes déterminées, motivées et brillantes peuvent réaliser – et accomplir pour la démocratie canadienne que nous aimons et valorisons toutes. Il s’agit de 338 témoignages personnels inspirants de femmes fortes, intelligentes et passionnées. Permettez-moi de vous donner un exemple. Emma Fisher-Cobb représente ici aujourd’hui la magnifique circonscription de Burlington (sans parti pris), ma ville natale. Emma illustre bien les valeurs positives, progressistes et démocratiques que nous partageons. Emma fait du bénévolat auprès des Guides du Canada, où elle dirige les efforts pour intégrer la sensibilisation à l’environnement et la viabilité écologique dans leurs activités. Leader au sein de sa communauté, elle partage sa passion et ses idées au moyen de son blogue et de son travail avec les guides.

Dans son journal local, Emma a déclaré qu’il ne s’agissait pas d’avoir des conversations de salon, et elle a tout à fait raison. Vos voix sont importantes, tout comme votre leadership, pour l’avenir de ce pays et le chemin parcouru à ce jour. Ces voix sont importantes, et plus particulièrement celles de jeunes femmes comme vous. Le premier ministre Trudeau se plaît à dire que les jeunes ne sont pas simplement les leaders de demain, mais qu’ils sont plutôt les leaders d’aujourd’hui, dans tous les domaines. Et que notre défi comme gouvernement consiste à favoriser vos occasions de croître, de prospérer, de vous épanouir et d’inspirer les autres.

Lorsqu’on me demande pourquoi j’ai décidé de m’investir en politique à l’âge de 26 ans, je réponds que cet âge est pour moi, à l’heure actuelle, le moment le plus important de le faire. Parce que les politiques et les lois qui sont adoptées sont celles qui auront des conséquences pour moi durant la majeure partie de ma vie adulte; je veux avoir mon mot à dire sur mon avenir et celui de ma génération.

Donner suite à cet engagement à votre égard fait partie de mon travail à titre de ministre des Institutions démocratiques. Ma tâche consiste à améliorer, à renforcer et à protéger la démocratie canadienne. J’ai été honorée quand le premier ministre m’a demandé d’accepter ce portefeuille puisqu’à mes yeux, c’est un dossier qui touche chaque Canadien. De surcroît, l’efficacité de nos institutions démocratiques et notre saine démocratie font partie des caractéristiques les plus marquantes de notre identité en tant que pays.

Dans le cadre de mes fonctions, je conçois mon rôle, d’une part, comme celui d’un gardien des traditions et des institutions démocratiques du Canada. C’est un rôle que je prends très au sérieux, particulièrement en cette période où les traditions et les valeurs démocratiques attirent autant l’attention du public.

D’autre part, je crois aussi que mon rôle de ministre s’accompagne de la responsabilité de défendre la démocratie au Canada. Et de favoriser les occasions qui rendent notre démocratie inclusive, particulièrement pour les jeunes femmes comme vous.

J’ai été stupéfaite de prendre connaissance hier des résultats du sondage mené par À voix égales selon lequel 48 p. 100 des Canadiens sont d’avis qu’il y a assez de femmes en politique. À voix égales souligne que les femmes n’occupent que 26 p. 100 des sièges à la Chambre des communes. Mesdames, le moment est venu de retrousser nos manches et de se mettre au travail. Je crois que cela signifie que celles d’entre nous qui sommes ici doivent être d’excellentes porte-parole qui amplifient les messages que nous souhaitons faire entendre et défendre.

La simple représentation des femmes dans des charges publiques ne signifie pas nécessairement qu’un gouvernement prend des mesures substantielles pour appuyer les droits des femmes et l’avancement des politiques et des priorités importantes pour les elles. C’est lorsqu’une femme accède au pouvoir et accomplit des gestes concrets et significatifs que nous franchissons réellement des pas tangibles vers l’égalité. Au Canada, nous constatons que les femmes qui occupent des postes de leadership peuvent instaurer un vrai changement et qu’elles y arrivent. Nous pouvons sûrement faire encore mieux pour favoriser une participation accrue des femmes aux élections et leur réussite.

Nos politiques n’ont pas forcément à refléter exactement à 100 p. 100 le visage de la société canadienne. Toutefois, plus nos politiques seront représentatives du Canada, plus important sera le nombre de Canadiens qui participeront à l’élaboration de nos politiques, et meilleures seront nos politiques. Mais je suis persuadée que les occasions qui permettent aux femmes d’exercer un leadership démocratique et d’éliminer les obstacles à notre participation à la démocratie contribueront à la mise en place de mesures concrètes qui seront profitables pour tous les Canadiens.

Aussi loin que je me rappelle, j’ai fait la promotion de l’avancement des droits des femmes et de la représentation des femmes en démocratie, aussi bien au pays qu’à l’étranger.

2017 est une année importante. Elle marque le centenaire de l’adoption des premières lois qui accordaient aux femmes le droit de vote. Il s’est écoulé plus de 40 ans avant que toutes les Canadiennes aient le droit de voter, de se présenter aux élections et d’être membres du Cabinet – peu importe leur statut social, leur race ou leur religion.

Et pourtant, en 2017, au moment où nous marquons le 150e anniversaire de la Confédération, des obstacles se dressent encore devant les femmes qui cherchent à occuper une charge publique, et certains d’entre eux peuvent être de taille. Depuis mon élection, j’ai beaucoup réfléchi à ces obstacles. Certains sont très concrets et peuvent avoir trait aux finances, aux obligations personnelles ou à la discrimination, alors que certains autres obstacles nous sont imposés par les autres.

J’ai la certitude que toutes les femmes présentes dans cette salle peuvent penser à un moment où elles ont été confrontées à un obstacle ou qu'elles ont remis en question qui elles sont, leurs capacités et leurs rêves. Lorsque j’ai décidé de présenter ma candidature pour le Parti libéral dans la circonscription de Burlington, certaines personnes m’ont dit que je ne représentais pas ce qu’elles recherchaient dans un candidat. Elles souhaitaient un candidat d’âge moyen et masculin. J’avais beau être une gentille jeune femme, intelligente de surcroît, mais on me disait que cela ne se traduirait pas par des votes. Je me suis demandée si mon âge ou mon sexe limiteraient ma campagne.

Durant la campagne électorale, je me souviens d’avoir frappé à de nombreuses portes, dont celle d’un monsieur qui, après que je me suis présentée et que je lui ai demandé s’il souhaitait me poser une question, m’a demandé « Quel âge avez-vous? », ce à quoi j’ai répondu « Quel âge avez-vous? » Il a souri et m’a dit que c’était de bonne guerre. Nous avons eu une discussion sur la politique et il a même accepté d’installer un panneau électoral sur son terrain.

Ce que je veux faire ressortir ici, c’est qu’il existe des gens qui ont décidé que des obstacles doivent exister. Ces obstacles peuvent être réels, des règles qui freinent la participation des femmes ou qui perpétuent le patriarcat. Ces obstacles peuvent aussi s’avérer davantage une question de perception, de stigmatisation étalée sur de nombreuses générations, et de normes sociales au sein d’une société qui, souvent, n’a pas encore accepté que les femmes comme nous cherchions à jouer un rôle et réclamions notre place dans le débat public.

Plus les gens me disaient que je ne gagnerais pas parce que j’étais une jeune femme, plus je n’accordais pas d’attention aux obstacles que l’on plaçait devant moi. Ils essayaient de me tenir à l’écart, mais j’étais déterminée à prendre ma place. À un moment donné, j’ai dû prendre une décision : abandonner ou aller de l’avant. J’ai décidé de ne pas me préoccuper des obstacles.

Chacune de nous se voit offrir ce même choix. Laisserez-vous les autres vous arrêter? Chacune de nous doit répondre à cette question pour soi-même, mais je puis vous assurer qu’il y a des femmes inspirantes dans cette salle ce soir et au sein de notre Conseil des ministres actuel, ainsi que des femmes qui ont fièrement servi notre pays, comme la première ministre Campbell, les premières ministres Wynne, Notley et Clark ou les femmes qui dirigent des partis comme Alexa McDonough et Rona Ambrose, qui ont choisi de ne pas laisser les autres leur imposer de limites.

J’espère que les changements sont plus nombreux avec chaque nouvelle génération. Trop souvent, nous nous imposons des obstacles imaginaires. Nous croyons si fortement à la valeur de la participation démocratique, mais nous pouvons sous-estimer les contributions que nous apportons déjà à la vie citoyenne et à l'engagement social – à la maison, dans les écoles, dans nos communautés, au travail – ainsi que les contributions que nous pourrions faire.

Vous avez toutes été invitées à cette conférence parce que vous avez une vision pour le Canada et que vous êtes déjà des leaders dans vos communautés.

Alors ce soir, je tiens à transmettre à chacune de vous un simple message : croyez en ce que vous pouvez accomplir. Croyez en votre vision. Quelle que soit la charge publique dont vous avez le privilège d’être responsable, peu importe le moyen par lequel vous choisissez de participer à notre démocratie, croyez que votre contribution comptera.

Notre gouvernement a cherché des moyens d’éliminer ces obstacles, réels et perçus, pour renforcer la démocratie canadienne. Pour la première fois, 50 p. 100 du Cabinet est formé de femmes. Partout dans le monde, nous adoptons une approche féministe à la politique étrangère et au développement international, et investissons dans des initiatives qui appuient le choix des femmes et ses droits en matière de soins de santé.

Il y a quelques semaines, le premier ministre annonçait une nouvelle initiative avec le président des États-Unis visant à appuyer les entrepreneures et leurs réussites professionnelles. Il y a encore beaucoup de travail à faire, mais la politique exige de la patience et on peut accomplir de grandes choses en se concentrant sur ce qui nous unit ici, au pays, et dans le monde entier.

Lorsque je regarde dans cette salle ce soir, je suis convaincue que la voix de chacune de vous est importante. Le Canada a besoin de jeunes femmes leaders comme vous qui agissent actives au sein de nos communautés et les enrichissent par la variété de leurs expériences et de leurs opinions.

La vraie démocratie repose sur nous toutes, sur nos voix qui débattent, discutent et tiennent un dialogue sur les enjeux importants, et nous poussent à trouver, ensemble, le chemin à suivre.

Le parcours peut être sinueux et difficile. Mais il peut également être merveilleux et inspirant. C’est dans un horizon à plus long terme que s’inscrit cette tâche que nous établissons pour nous-mêmes. Il n’y a pas de solutions faciles, de raccourcis pour atteindre notre objectif.

Il y a encore du travail à faire. Des mesures doivent être prises. Des progrès restent à réaliser. Des questions difficiles doivent être posées. Ensemble, nous devons éliminer des obstacles. En tant que ministre des Institutions démocratiques, je suis enthousiaste à l’idée de travailler avec À voix égales en vue de renforcer, d’améliorer et de protéger la démocratie canadienne. J’ai hâte de travailler avec toutes les personnes prêtes à surmonter le défi et qui décident, avec nous, d’éliminer ces obstacles.

Je souhaite la meilleure des chances l’an prochain à Emma qui entreprendra des études à l’Université du Cap-Breton, et j’espère qu’elle mettra plus tard son expérience à titre d’héritière du suffrage et de fière Burlingtonienne à contribution.

Héritières du suffrage, j’ai commencé mon allocution en expliquant comment je me considère, tout comme vous, comme la gardienne de notre démocratie.

Je vous remercie de m’avoir donné l’occasion de me joindre à vous.

Merci.

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