L’annonce sur l’intégrité des élections de Facebook

Discours

Notes d’allocution pour l’honorable Karina Gould, ministre des Institutions démocratiques.

Château Laurier, Ottawa, 19 octobre 2017.

Sous réserve de modifications. Ce discours a été traduit en conformité avec la Politique sur les langues officielles du gouvernement du Canada et révisé aux fins d’affichage et de distribution conformément à sa politique sur les communications.

Bonjour. Je veux commencer aujourd’hui en saluant les premiers habitants et gardiens de cette terre. Je suis heureuse que nous ayons l’occasion de nous rassembler ici sur le territoire traditionnel du peuple algonquin.

Je remercie Kevin de cette introduction cordiale. C’est merveilleux d’être ici aujourd’hui pour discuter de l’importance des pratiques en matière de cybersécurité et des efforts constamment déployés par le gouvernement du Canada pour protéger le processus démocratique de notre pays contre les cybermenaces.

Au Canada, nous avons la chance d’avoir une démocratie robuste. Nous avons une société civile dynamique, des médias indépendants, des élections équitables et inclusives et des institutions publiques solides. Les Canadiens ont raison d’être fiers de leur démocratie. Et nous devons continuer d’agir pour protéger et faire respecter les valeurs démocratiques qui nous sont chères.

C’est aujourd’hui le deuxième anniversaire de l’élection fédérale de 2015. Le monde de la technologie et des plateformes numériques a beaucoup évolué depuis deux ans. En préparation pour l’élection de 2019, il est important de réfléchir à ce que nous pouvons faire pour renforcer et protéger nos institutions démocratiques solides. Et je crois qu’en travaillant ensemble, nous pouvons accroître notre résilience en tant que citoyens engagés ayant un esprit critique.

Mon travail à titre de ministre des Institutions démocratiques consiste avant tout à améliorer les connaissances des citoyens et à combattre les cybermenaces auxquelles notre processus démocratique est exposé.

En juin dernier, j’ai eu le plaisir de me joindre à la chef du Centre de la sécurité des télécommunications, Greta Bossenmaier, pour annoncer la tenue de la toute première évaluation des menaces au processus démocratique du Canada. Dans le rapport d’évaluation, le Centre de la sécurité des télécommunications conclut que les activités en ligne qui menacent les processus démocratiques sont en augmentation partout dans le monde, et que le Canada n’y échappe pas. Il conclut également que le nombre et la sophistication des activités menaçantes en ligne au Canada augmenteront très probablement. Même si rien n’indique que des États-nations aient participé à des cyberactivités lors de la dernière élection fédérale, le rapport mentionne que cela pourrait changer en 2019. Et il y a eu des cas très médiatisés au cours de la dernière année dans des pays comme les États‑Unis, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni.

Depuis la publication de ce rapport, le Centre de la sécurité des télécommunications travaille en collaboration avec les partis politiques, les provinces et les territoires pour les renseigner sur la façon dont ils peuvent se protéger des cyberattaques.

Le gouvernement du Canada a également mis sur pied l’initiative Pensez cybersécurité, une campagne nationale de sensibilisation du public dont l’objectif est d’éduquer les Canadiens au sujet de la sécurité sur Internet et des gestes simples à poser pour se protéger en ligne.

Je veux aussi mentionner qu’en ce qui a trait à l’influence étrangère, il y a maintenant au Canada des lois strictes qui régissent les dépenses des tierces parties et les activités électorales. En effet, il est illégal pour des entités étrangères d’essayer d’influencer les résultats d’une élection. Seuls les citoyens et résidents permanents du Canada peuvent donner de l’argent à un parti politique ou à un candidat au niveau fédéral, et la limite de ces dons est fixée à un montant raisonnable de 1 550 $. Les pénalités pour infraction à ces règles peuvent comprendre une amende allant jusqu’à 50 000 $ ou une peine d’emprisonnement pouvant atteindre cinq ans, ou les deux. J’ai aussi pour mandat d’étudier les sommes maximales que les partis politiques et les tierces parties dépensent lors d’une élection, et de proposer des mesures visant à établir des limites raisonnables aux dépenses effectuées en dehors des périodes électorales.

En tant que ministre des Institutions démocratiques, je suis chargée de revoir la Loi électorale du Canada pour que nous soyons bien préparés à l’élection de 2019 et aux élections subséquentes. Dans le cadre de ces travaux, j’étudie actuellement des mesures qui garantiraient l’équité et l’intégrité des élections à mesure que les technologies évoluent.

La cybersécurité est une responsabilité commune que peuvent se partager les Canadiens, leurs gouvernements, le secteur privé, les médias et les plateformes en ligne. Nous devons continuer à réfléchir à ce qu’il faut faire pour que tous les citoyens disposent des outils, des compétences et des possibilités dont ils ont besoin pour participer pleinement et de façon significative à la vie démocratique.

Cette participation peut prendre plusieurs formes. Les citoyens peuvent faire du bénévolat pour améliorer leur communauté, ou encore avoir des échanges avec les élus sur des sujets qui leur tiennent à cœur.

Les Canadiens savent que ces efforts sont essentiels. Ils savent qu’il faut du respect, du dévouement, des efforts soutenus et de la coopération pour renforcer et protéger notre système de gouvernance.

La démocratie est aussi forte que les citoyens qui la composent.

À cette fin, les outils numériques peuvent vraiment aider à unir les Canadiens. Les médias sociaux peuvent nous aider à débattre des politiques publiques non seulement dans les cafés et lors des repas en famille, mais aussi avec nos parents et amis qui habitent à des milliers de kilomètres de chez nous.

La participation n’a jamais été aussi facile qu’aujourd’hui. Les technologies numériques nous offrent de multiples façons de nous rapprocher.

Malheureusement, ces mêmes technologies numériques peuvent servir à des fins beaucoup moins honorables, par exemple la transmission en ligne de faux renseignements, qui sont intégrés à la discussion publique par ceux qui se font passer pour des sources médiatiques légitimes ou des personnes.

Une fausse nouvelle ou une campagne de désinformation habilement montée peut saper la confiance du public quant à la fiabilité des sources médiatiques habituelles. Elle peut aussi fausser la compréhension du public à l’égard des grands enjeux.

Nous savons aussi que l’utilisation d’algorithmes élaborés de façon stratégique peut contribuer à influencer l’information à laquelle nous avons accès et le contenu médiatique que nous consommons. C’est ainsi qu’est créé ce qu’on appelle une « bulle de filtres ». Une bulle de filtres est créée lorsque les algorithmes d’un moteur de recherche ou d’une plateforme en ligne choisissent les résultats de façon sélective en fonction des renseignements dont il dispose sur l’utilisateur, notamment les clics antérieurs et l’historique de recherche. Les résultats qui sont montrés reflètent alors les goûts, les valeurs et les croyances de la personne, ce qui crée une salle d’écho remplie de perspectives semblables.

Le militant politique Eli Pariser a fait une remarque très juste lorsqu’il a affirmé qu’il est maintenant plus facile que jamais d’écouter seulement ce que l’on veut entendre, et que ce n’est pas ainsi qu’on fait de bons citoyens.

C’est là selon moi l’un de nos plus grands défis en cette ère numérique.

Si nous ne sommes pas exposés à des points de vue différents, notre capacité à participer au processus démocratique en exerçant notre sens critique est très limitée. Lorsque notre vision du monde n’est pas élargie, et encore moins remise en question, cela nous empêche de participer à notre vie démocratique de façon éclairée et significative, ce qui a pour effet de saper la démocratie. C’est précisément pourquoi il est essentiel d’avoir des conversations comme celle que nous avons aujourd’hui.

Les plateformes de médias sociaux jouent un rôle direct dans la façon dont les Canadiens consomment l’information, et elles exercent une grande influence sur le discours public. Elles sont devenues les nouveaux arbitres de l’information, et elles ont la charge importante de favoriser un discours public respectueux et éclairé. Tout comme le gouvernement et les entreprises privées ont la responsabilité publique de contribuer à une saine démocratie, les plateformes de médias sociaux doivent commencer à se voir comme des partenaires qui participent à l’orientation du discours public et à la protection de notre démocratie contre ceux qui cherchent à lui nuire.

L’enjeu de l’influence étrangère et de la diffusion de faux renseignements n’est pas un phénomène nouveau. Mais en cette ère numérique, les joueurs malveillants ont plus de moyens que jamais auparavant pour atteindre leurs objectifs par une méthode rapide et en constante évolution. Et à cet égard, je crois qu’il est important pour les plateformes de médias sociaux d’examiner avec un esprit critique leurs pratiques actuelles et la façon dont ils peuvent créer des espaces consacrés à un dialogue public éclairé et à l’information que nous consommons.

Je suis heureuse de voir que Facebook et MediaSmarts font un pas dans la bonne direction aujourd’hui en relevant les défis de l’ère numérique et de la protection continue de notre processus démocratique. Mais je tiens à répéter que cette conversation ne s’arrête pas ici. Il faut en faire beaucoup plus, et il nous incombe de travailler tous ensemble pour conserver notre résilience devant les cybermenaces auxquelles notre démocratie est exposée.

Je veux remercier Facebook de m’avoir invitée à participer à cette importante conversation aujourd’hui. Et j’encourage tous les Canadiens et toutes les plateformes en ligne à continuer de réfléchir avec un esprit critique aux mesures à prendre pour créer collectivement une culture de littératie citoyenne solidement ancrée ici au Canada.

Merci.

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2024-07-11