Le 35e anniversaire de la Charte des droits et libertés

Discours

Notes d’allocution pour l’honorable Karina Gould, ministre des Institutions démocratiques.

Harbord Collegiate Institute, Toronto, 11 avril, 2017.

Sous réserve de modifications. Ce discours a été traduit en conformité avec la Politique sur les langues officielles du gouvernement du Canada et révisé aux fins d’affichage et de distribution conformément à sa politique sur les communications.

Merci à Vince Meade, directeur, à Mike Gallagher, surintendant, Toronto District School Board, à la commissaire Ausma Malik et à toutes les personnes ayant contribué à mettre sur pied cet événement. Je remercie également la ministre Albanese de s’être jointe à nous aujourd’hui. Je souhaite également souligner que nous nous trouvons sur le territoire traditionnel de la Première Nation des Mississaugas de New Credit.

Je tiens à indiquer que je parlerai principalement en anglais. Si vous souhaitez poser une question en français, je serai ravie d’y répondre en français. Ce discours est également diffusé en direct sur Facebook et bien que je réalise que la plupart d’entre vous parlent en anglais, il est possible que certaines personnes qui nous regardent actuellement soient plus à l’aise dans l’autre langue officielle.

Je suis ici pour aider le gouvernement du Canada à souligner le 35e anniversaire de la Charte canadienne des droits et libertés. Je veux parler de vos droits et de vos responsabilités démocratiques, ainsi que de la façon dont vous pouvez travailler avec moi et les autres pour générer une plus grande participation dans notre démocratie.

Le premier ministre Justin Trudeau m’a demandé en janvier d’agir à titre de ministre des Institutions démocratiques. Je me considère comme l’intendante des institutions et des traditions démocratiques du Canada. Mon rôle vise à améliorer, à renforcer et à protéger la démocratie canadienne. J’ai été honorée de cette nomination étant donné que cette question touche chaque Canadien. La démocratie saine et l’efficacité des institutions démocratiques sont les caractéristiques les plus frappantes de notre identité en tant que pays.

Une importante partie de mon mandat vise à encourager les jeunes Canadiens à participer à notre démocratie.

Comme l’a indiqué le directeur Meade, je suis un peu plus jeune que les politiciens moyens.

Je dois dire que le fait d’être jeune en politique, tout comme dans la vie, pose certains défis. Le fait d’être une femme en politique pose aussi des défis supplémentaires.

Je me souviens d’avoir fait du porte à porte durant la campagne électorale de 2015 afin de me présenter aux électeurs et de leur demander leur soutien. Un homme plus âgé m’avait demandé : « Quel âge avez-vous? » Je lui ai répondu : « Quel âge avez-vous? » Il m’a souri, puis a répondu « Ça me suffit », puis nous avons discuté de politique.

Cet homme a compris que j’avais TOUS les droits de faire ce que faisais. Ce qui s’est produit ce jour-là en fait est la raison pour laquelle j’ai décidé d’obtenir un siège au Parlement il y a trois ans. Je dis aux gens qu’il s’agit de la période la plus importante pour moi, lors de laquelle je dois contribuer. Les politiques et les lois qui seront adoptées, comme celles sur les changements climatiques, auront des répercussions sur moi durant une partie importante de ma vie adulte. Donc, je souhaite me prononcer sur mon avenir et celui de ma génération.

Comme je l’ai dit plus tôt, ce mois-ci, le Canada célèbre le 35e anniversaire de la journée où la reine Elisabeth a signé notre nouvelle Constitution.

La nouvelle Constitution comprenait la nouvelle Charte, qui garantissait un certain nombre de droits et de libertés dans le cadre de la loi suprême du pays.

J’aimerais parler un peu de l’article 3 de la Charte, qui reconnait le droit de vote des citoyens et que tout citoyen peut se présenter comme candidat dans le cadre des élections.

On peut penser que ce droit est si évident qu’il ne serait pas nécessaire de le mettre par écrit. Mais durant de longues périodes de notre histoire, certains groupes de Canadiens, comme les femmes et les Autochtones, n’avaient pas le droit de vote. L’histoire de la démocratie au Canada est en partie l’histoire des personnes qui ont déployé des efforts pour travailler, discuter et se battre afin d’accorder le droit de vote à l’ensemble des Canadiens.

L’intégration du droit de vote dans la Charte était une étape importante dans le cadre de ces efforts continus pour rendre notre démocratie la plus inclusive possible. Ainsi, de plus en plus de personnes peuvent voter. Les juges ont interprété que l’article 3 signifiait que les Canadiens doivent disposer du droit de participer pleinement et d’une représentation efficace lors du processus démocratique.

Ainsi, il a été plus facile pour les plus petits partis de participer aux élections, par exemple. Cela a également permis à un plus grand nombre de personnes de voter.

Nous poursuivons actuellement nos efforts en ce sens. Nous avons proposé une nouvelle loi au Parlement qui permettra aux Canadiens de voter plus facilement, y compris les étudiants qui habitent loin de leur domicile pour la première fois.

Cette loi permettra également aux Canadiens âgés de 14 à 17 ans d’inscrire leur nom dans ce que nous appelons le registre national des futurs électeurs.

Ainsi, vous serez automatiquement inscrit pour voter le jour où vous célèbrerez votre 18e anniversaire.

Cela m’amène à vous transmettre un message important. La Charte porte sur les droits et les libertés, mais en tant que citoyens, nous avons également des devoirs et des obligations.

La démocratie n’est pas inévitable. Dans plusieurs pays, les libertés démocratiques sont aujourd’hui réduites. En fait, l’organisation Freedom House, qui examine l’état de la démocratie à travers le monde, a rapporté que les libertés sont en recul à l’échelle mondiale, et ce, pour la dixième année consécutive. Plus de la moitié de la population mondiale vit dans des pays où les libertés sont limitées, parfois gravement, par les gouvernements.

Donc, j’espère qu’en tant que Canadiens, nous apprécions ce que nous avons et prenons les mesures nécessaires non seulement pour défendre notre démocratie, mais pour l’améliorer.

Vous aurez bientôt l’occasion, à votre 18e anniversaire, d’assumer l’une des responsabilités les plus significatives et importantes de notre démocratie : vous serez en mesure de voter.

Mais je ne crois pas que de déposer un bulletin de vote, aussi important que cela puisse être, devrait représenter votre participation. Vous pouvez commencer dès maintenant.

Participer peut simplement consister en une discussion au cours du dîner à l’égard d’une question qui vous passionne. Vous pouvez faire du bénévolat pour un organisme de bienfaisance. Signer une pétition. Devenir un consommateur averti. Les possibilités sont infinies. Plusieurs d’entre vous font probablement déjà toutes ces choses.

Manifestement, l’ère numérique offre aux Canadiens des possibilités incroyables de s’engager.

Comme vous le savez, nous pouvons partager de l’information – des nouvelles, un discours convaincant, une vidéo saisissante – sur le Web en un clin d’œil. Dans le monde numérique d’aujourd’hui, la circulation de l’information peut nous rassembler et nous permettre de participer à un débat démocratique.

Mais entre de mauvaises mains, les outils de l’ère numérique peuvent également être utilisés pour nous diviser et nuire à notre démocratie. Je peux vous dire que notre gouvernement est déterminé à faire tout ce qu’il peut pour protéger nos institutions essentielles des personnes qui cherchent à leur nuire.

L’ère numérique peut également nous confiner. Il est dans la nature humaine de suivre les gens qui partagent notre point de vue sur les médias sociaux. Certains moteurs de recherche et médias sociaux choisissent des publicités basées sur l’historique du navigateur de l’utilisateur.

Ce qui veut dire que le genre de renseignements auxquels nous sommes exposés sont la plupart du temps des renseignements que nous avons choisis nous-mêmes ou qui ont été sélectionnés pour nous. Si nous nous montrons imprudents, nous pouvons au bout du compte nous retrouver cloisonnés et entourés de personnes et de médias qui partagent les mêmes points de vue que nous, ce qui renforcera nos croyances enracinées, et fera en sorte que nous ne serons jamais remis en question pour voir les choses sous un nouvel angle.

Considérons que la force d’une véritable démocratie relève de personnes dont les idées et les opinions sont différentes, qui se rassemblent en vue de débattre, de discuter et d’examiner des questions importantes de manière constructive et respectueuse; le fait de ne pas être exposé à d’autres points de vue signifie que nos opinions ne sont pas remises en question. Cela peut aussi nuire à notre démocratie au bout du compte.

Je crois qu’il appartient à chacun d’entre nous de déployer des efforts pour remettre en question ses propres opinions. Comment pouvons-nous changer ceci, ou empêcher cela d’arriver? Comment pouvons-nous veiller à ce que le point de vue de tout le monde soit représenté dans notre démocratie?

C’est pourquoi j’étudie l’idée que j’appelle la « littéracie citoyenne ». Tout comme nous devons perfectionner nos compétences mathématiques ou linguistiques, nous devons aussi trouver les outils et les connaissances qui nous aideront à retrouver notre chemin à travers les versions conflictuelles de la vérité. Afin de pleinement participer, nous devons disposer de l’information exacte pour tenir des conversations et aborder les questions en adoptant un point de vue éclairé. Nous devons également être en mesure d’écouter et de comprendre l’opinion des autres.

Pour conclure, je vous demande de répondre à quelques questions. Comment pouvons-nous, en tant que gouvernements et citoyens, renforcer notre démocratie? Comment mobiliser les nouveaux participants comme vous dans un système où l’on prend les principales décisions sur la façon dont vous vivez et traitez les autres?

J’aimerais que vous m’envoyiez un gazouillis – @DemocratieCdn. Parlez-moi de vos idées sur ces questions. Ou vous pouvez me dire ce que signifient pour vous le vote et la démocratie. Veuillez utiliser le mot-clic #Charte35.

Ceci étant dit, je vous cède la parole. N’hésitez pas à me poser des questions!

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