Discours de Catherine McKenna, ministre de l’Infrastructure et des Collectivités, à la Conférence sur les collectivités durables de la Fédération canadienne des municipalités
Discours
Ottawa, Ontario
Merci beaucoup, et bonjour à tous. Je suis très heureuse d’être ici.
Je souhaite commencer par souligner que nous nous trouvons en ce moment sur le territoire traditionnel des peuples algonquin et anishinaabe.
Et je veux avant tout vous accueillir Garth, ainsi que Carole dans son nouveau rôle de leader, et vous dire à quel point c’est formidable de continuer à travailler avec la Fédération canadienne des municipalités.
Depuis le jour où j’ai commencé à faire partie du gouvernement en tant que ministre de l’Environnement et du Changement climatique, mais aussi, localement, comme députée d’Ottawa‑Centre, je reconnais le rôle crucial des municipalités de tout le pays, et le rôle que vous jouez pour faire une réelle différence dans la vie des gens de votre collectivité.
C’est ce sur quoi je me concentre : obtenir des résultats pour les gens. Il s’agit également de s’attaquer à des problèmes d’envergure comme l’itinérance et l’inégalité, mais aussi de s’attaquer à des problèmes comme le changement climatique, car je pense que c’est vraiment le plus grand problème et le plus grand défi auquel nous sommes confrontés en tant que pays.
Le changement climatique n’est pas près de disparaître. C’est sûr, nous sommes dans une pandémie, une crise sanitaire, une crise économique, mais nous allons en sortir ensemble. Par contre, nous aurons une autre crise à gérer, et c’est celle du changement climatique.
Je tiens donc à remercier la FCM, votre leadership a été incroyablement important, sans parler du leadership de vos membres... dans les villes et les villages, d’un bout à l’autre du pays, dans chaque province et territoire, je vois la mise en place de mesures vraiment significatives pour bâtir un avenir plus propre. Et je ne dirai jamais assez à quel point les municipalités sont importantes dans la lutte contre le changement climatique.
J’ai pensé commencer par parler un peu de notre priorité pour les municipalités et de mes priorités en tant que ministre de l’Infrastructure.
Quand j’ai accepté ce poste, j’étais très enthousiaste, je plaisantais un peu en disant que j’étais jusque-là ministre de l’Environnement et du Changement climatique, là où on cajole les gens, où on dispose d’outils réglementaires, où les gens ne sont pas toujours des plus heureux. Je suis devenue ministre de l’Infrastructure et des Collectivités, là où on a vraiment des investissements à faire, donc c’est toujours un endroit plus positif.
Et dès mon arrivée, j’ai dit que j’avais trois priorités : l’une est de travailler en collaboration avec les différents ordres de gouvernement pour réaliser rapidement des projets qui améliorent des vies, créent des emplois et favorisent la croissance économique. La deuxième est de construire des infrastructures, pour augmenter le transport en commun, l’accès à Internet haute vitesse, le traitement des eaux usées, l’énergie propre et le logement abordable, et améliorer la qualité de vie de tous les Canadiens, d’un océan à l’autre, dans une optique d’inclusion. Et la troisième, je n’ai pas quitté le précédent portefeuille, la question du changement climatique est dans tous les dossiers, puisqu’il faut bâtir des collectivités plus vertes, plus propres et plus résilientes dans tout le pays.
Et c’est ce que nous faisons malgré la pandémie, je tiens à le souligner, car je sais que la situation est très difficile pour les municipalités. Je suis votre championne – je ne suis pas seulement ministre de l’Infrastructure, je suis aussi ministre des Collectivités.
Je sais que le transport en commun était très difficile. C’est encore difficile pour vous parce que vous n’avez pas vraiment les revenus que vous aviez auparavant. Et c’est pourquoi nous avons investi, pour vous aider.
C’est pour cela que la pandémie a créé de réels défis pour les collectivités. Nous pourrions en dresser une longue liste, je pense que nous avons reconnu ces défis dans notre Accord sur la relance sécuritaire, mais je sais que le transport en commun est l’un des plus grands. Il est essentiel de bâtir des collectivités plus propres, il est essentiel de permettre aux gens de se déplacer plus rapidement, et ce sont les plus marginalisés et souvent les plus vulnérables qui dépendent du transport en commun dans nos collectivités.
Nous nous sommes donc concentrés sur tout ça, mais aussi sur le dossier des infrastructures et sur la nécessité de bâtir rapidement. Nous avons notre nouveau volet lié à la COVID-19, alors j’encourage tous ceux qui nous écoutent à demander à leur province ou à leur territoire comment ces fonds seront investis dans leurs collectivités. L’objectif était de permettre de réaliser les projets rapidement. Nous attendons toujours de la plupart des provinces qu’elles nous disent quelles seront leurs priorités.
Nous avons été plus souples, le volet peut inclure des choses comme le transport actif, des pistes cyclables provisoires et un meilleur accès à la nature. Il peut aussi comprendre des investissements que nous ne faisons habituellement pas dans des domaines relevant d’autres compétences, afin d’inclure les soins de santé et la garde d’enfants, en particulier pour leur permettre de mieux résister à la pandémie.
On a également prévu une répartition quatre-vingt/vingt (80-20), je sais donc que ceux d’entre vous qui sont responsables de l’argent comprendront à quel point c’est un défi, nous l’avons également reconnu.
Je lance un dernier appel pour un programme qui, selon moi, fera une réelle différence, il s’agit de l’Initiative canadienne pour des collectivités en santé, qui sera lancée sous peu. Nous en avons déjà parlé, il s’agit d’un programme pour de petits projets dans de petites collectivités de partout au pays, qui sera mis en œuvre directement avec les municipalités et les organisations, donc directement avec vous, et vous manifestez souvent votre intérêt à cet égard. Des projets qui amélioreront tout simplement la qualité de vie dans votre collectivité et qui visent vraiment à apporter des solutions locales. Qu’il soit question de jardins communautaires, de pistes cyclables provisoires ou d’applications destinées à soutenir les marchés locaux, c’est aux collectivités de trouver des solutions. Alors, restez à l’écoute.
Parlons du Fonds municipal vert. Ce Fonds qui est en place depuis 20 ans est extrêmement important pour lutter contre les conséquences du changement climatique. Je sais que beaucoup d’entre vous, si ce n’est toutes vos collectivités, ont eu recours à ce Fonds, et il est vraiment destiné à mettre en œuvre des idées novatrices. Je pense que c’est vraiment important, l’idée d’innovation.
Nous pensons souvent que les gens n’aiment pas que le gouvernement fédéral adopte une approche descendante. Je pense que vous avez besoin de politiques descendantes, d’investissements du gouvernement fédéral, mais bien sûr, vous avez aussi besoin du point de vue des collectivités locales sur les possibilités et les défis, et besoin de pouvoir trouver des solutions à l’échelle locale.
Rien qu’en 2019, notre gouvernement a engagé plus d’un milliard de dollars dans ce programme, qui a donc bénéficié d’un soutien important sous forme d’investissements du gouvernement fédéral.
Vous le savez probablement tous, mais il est bon de rappeler que le Fonds municipal vert finance entre 50 et 80 % des coûts admissibles des projets, et consacre jusqu’à dix millions de dollars à des projets municipaux favorables à l’environnement. Et j’ai vu tant de beaux exemples de projets novateurs, de projets qui permettent d’atténuer la pollution de l’air et de l’eau, de réduire les déchets, d’augmenter le recyclage, d’améliorer l’eau potable, de nettoyer des terres contaminées, de construire ou de rénover des bâtiments écoénergétiques et, bien sûr, d’améliorer le transport en commun.
Récemment, j’ai vu que Saskatoon allait inclure quelques bus électriques dans son parc de transport en commun pour les tester pendant les hivers des prairies. Nous pouvons innover ici et trouver des solutions qui peuvent être utilisées ailleurs dans le monde. Si ce projet pilote est couronné de succès, et j’ai bon espoir qu’il le sera, Saskatoon Transit planifie de remplacer ses bus conventionnels pour rendre son parc de véhicules totalement électrique au cours des 14 prochaines années.
Nous nous sommes engagés à mettre en service cinq mille (5000) autobus électriques et nous avons déclaré qu’à l’avenir, nos investissements pour des autobus ne viseront que des véhicules électriques. C’est donc une bonne occasion pour vous tous de suivre l’exemple de Saskatoon et, au moins, de lancer un projet pilote. Je sais que beaucoup d’entre vous se sont déjà lancés dans la mise en service d’autobus électriques, et je peux vous confirmer que vos résidents les adorent. En fait, la chose la plus concrète dont j’entends parler et les meilleurs commentaires concernent les autobus électriques. Les gens peuvent comprendre que l’avenir doit être propre, et que c’est une bonne chose, qui améliore leur vie.
En Colombie-Britannique, le district de Saanich a lancé un projet pilote de deux ans pour soutenir les améliorations liées à l’efficacité énergétique pour les ménages à faible revenu grâce à un modèle de financement basé sur l’évaluation des propriétés. De quoi s’agit-il? Là, nous ne nous contentons pas de réduire les émissions, nous réduisons en fait les dépenses des ménages. Et c’est une autre chose que nous ne répéterons jamais assez : les mesures judicieuses visant le changement climatique sont des mesures judicieuses tout court. Je pense que nous devons toujours parler de l’action contre le changement climatique comme d’un soutien aux plus marginalisés, qui ont souvent très peu contribué au changement climatique.
La région de York et l’Office de protection de la nature de la région du lac Simcoe sont en train de trouver des façons de tirer les meilleurs bénéfices environnementaux d’un développement à faible impact et d’infrastructures vertes. Et ce ne sont là que quelques projets, des projets que j’ai personnellement vus et annoncés, qui améliorent la qualité de vie, réduisent les dépenses des municipalités, créent des emplois durables, tout en stimulant la croissance économique.
Je me soucie de savoir de combien nous réduisons nos émissions ou si nous sommes plus ou moins résilients. Prenez les projets réalisés grâce au Fonds municipal vert, la réduction des émissions de carbone qu’ils permettent équivaut à retirer de la circulation 608 000 voitures, c’est-à-dire à éviter 2,7 millions de tonnes d’émissions de gaz à effet de serre.
Depuis qu’il a été créé il y a 20 ans, le Fonds municipal vert a permis la création de plus de 12 000 années‑personnes d’emplois. Nous avons tous besoin d’emplois dans nos collectivités, surtout maintenant, et c’est un grand créateur d’emplois.
Les projets du Fonds municipal vert détournent chaque année des sites d’enfouissement plus de 173 000 tonnes de déchets. Laissez-moi vous dire à quel point les Canadiens aiment ça! Les Canadiens n’aiment pas les déchets dans les sites d’enfouissement.
Et le Fonds municipal vert soutient les collectivités de toutes tailles, dans tout le pays, en les aidant à améliorer la vie des gens et à créer un avenir plus durable.
L’action locale est essentielle et des dirigeants comme vous sont en première ligne dans les villes et les collectivités de tout le pays, alors je vous remercie. Continuez de trouver des solutions novatrices, pratiques et abordables. Nous avons tous besoin d’apprendre les uns des autres, et je pense que c’est une occasion en or : lorsque vous mettez en œuvre ces solutions, ce sont des solutions que d’autres personnes peuvent imiter, ou sur lesquelles elles peuvent s’appuyer. Et nous sommes tous dans le même bateau...
Mais je ne suis pas venue ici pour ne rien demander : je suis extrêmement ambitieuse sur ce que nous devons faire, et pour être honnête, nous n’avons pas le choix.
Nous nous sommes engagés, en tant que pays, en tant que planète, à rester bien en dessous de deux degrés. Nous n’y parviendrons pas sans l’aide des municipalités de tout le pays. Et pour mettre en contexte votre importance par rapport à cette question, je dirais que vous pouvez contrôler 40 pour cent des émissions, 40 pour cent.
Cela s’accompagne donc d’une grande obligation, une obligation non seulement envers vos collectivités, pour que les résidents bénéficient d’un air plus pur et d’une eau plus propre, qu’il y ait moins de déchets et plus d’emplois, et qu’ils puissent économiser de l’argent, mais aussi envers les enfants de votre collectivité qui comptent sur des leaders comme vous, comme moi, dans tout le pays, pour faire changer les choses.
C’est mon appel à l’action. Je pense que nous devons tous faire quelque chose ensemble. Le Canada a un objectif. Nous avons un objectif, réduire nos émissions de 30 pour cent d’ici l’année 2030. Et nous avons un autre objectif, arriver à zéro émission nette d’ici 2050. Avoir des objectifs est la seule façon de réussir à réduire les émissions.
Chaque collectivité canadienne, petite ou grande, devrait s’engager à prendre des décisions fondées sur des données probantes, devrait s’engager à atteindre un objectif très clair et ambitieux. Et en contrepartie, je m’engage à examiner comment nous continuerons de vous soutenir par avec le Fonds municipal vert, mais aussi grâce à d’autres investissements de notre gouvernement.
Dans le discours du Trône, nous avons parlé d’investissements dans les infrastructures, des investissements dont toutes nos collectivités ont désespérément besoin. Des investissements dans les infrastructures propres, ce qui va de l’énergie propre à l’augmentation du transport en commun, et au transport en commun propre, en passant par l’efficacité énergétique, les programmes majeurs de rénovation dans tous les secteurs, et la gestion des déchets.
Mais la seule façon pour nous d’atteindre nos objectifs en matière de réduction des émissions n’est pas seulement d’être verts, une énorme réduction des émissions, c’est mieux, mais arriver à rendre les collectivités plus résilientes, c’est crucial.
Je pense qu’en collaborant, en fournissant plus de soutien, le gouvernement fédéral s’est engagé à vous soutenir pour vous permettre de développer des plans climatiques ambitieux avec des objectifs clairs, en déterminant où vous pouvez en avoir le plus pour votre argent, et qu’ensuite nous pouvons travailler directement avec vous pour atteindre ces résultats.
Parce que je sais que sans vous, nous n’y arriverons pas, que nous n’atteindrons pas ce que nous avons l’ambition d’atteindre, mais je sais qu’avec vous nous pouvons dépasser cette ambition.
C’est donc mon appel à l’action. Je pense que les possibilités sont énormes, et j’ai vu un tel leadership dans les municipalités de tout le pays. Soyons clairs, nous ne voyons pas toujours ça au sein de tous les ordres de gouvernement, mais je le vois de la part des municipalités : vous nous poussez toujours pour que nous vous aidions à en faire plus.
Alors, allons-y, passons à l’action, nous n’avons pas le choix, mais nous avons d’immenses possibilités. C’est pourquoi je vous appelle à agir. Voilà, c’est mon appel à l’action.
Les enfants nous regardent en ce moment, et ils nous demandent : « Qu’allez-vous faire pour la planète ? » Alors, chaque jour, lorsque nous nous réveillons et que nous prenons des décisions, ne l’oublions pas, et souvenons-nous qu’en fait, c’est une occasion en or d’être ambitieux, et que lorsque nous travaillons ensemble, notre ambition ne peut qu’augmenter.