Des marins en canot à moteur sauvent des membres d’équipage de l’Athabaskan lorsqu’ils retournent à toute vitesse vers l’Angleterre

MDN
De gauche à droite : Le matelot de 2e classe Jack Hannam, le matelot de 1re classe William McClure et le chauffeur William Cummings arrivent sains et saufs à Penzance, en Angleterre, après la traversée épuisante de la Manche.
Ce fut une nuit qu’ils n’auraient jamais pu imaginer.
Ce qui a commencé comme une patrouille habituelle au large de la côte Nord de la France à bord du Navire canadien de Sa Majesté (NCSM) Haida s’est transformé en un périlleux retour vers l’Angleterre à bord d’un canot à moteur de 25 pieds.
Au plus profond de la nuit le 29 avril 1944, le Haida patrouillait avec son navire-jumeau, le NCSM Athabaskan, pour appuyer une opération britannique de pose de mines. L’Athabaskan venait de recevoir l’ordre d’intercepter des navires de guerre allemands qu’un radar côtier avait repérés dans la région.
Le chauffeur William Alfred Cummings, de Toronto, et le matelot de 1re classe William Arthur McClure, de Wellington (C.-B.), s’acquittaient de leurs tâches habituelles à bord du Haida.
Ils ne savaient pas que pendant les prochaines heures ils devraient utiliser toute leur force, leur endurance et leur courage.
Alors que l’Athabaskan engageait le combat contre deux navires de guerre allemands, il a été frappé par une torpille qui a mis le feu aux magasins de munitions de quatre pouces. Cela a provoqué une explosion dévastatrice et le navire a commencé à couler.
Tout en disant à l’Athabaskan qu’« ils reviendraient pour eux », le commandant du Haida, Harry DeWolf, a ordonné à son navire de placer des fumigènes pour camoufler l’Athabaskan et a continué la poursuite, poussant un destroyer ennemi sur la côte et chassant l’autre.
Il est rapidement retourné à l’Athabaskan, et y a trouvé une centaine de survivants dans l’eau.
Harry DeWolf a ordonné que tous les bateaux et toutes les plateformes flottantes du Haida soient mis à l’eau afin de sauver le plus grand nombre possible de membres d’équipage de l’Athabaskan. De lourds filets de sauvetage ont été suspendus sur les flancs et les marins du Haida ont commencé à tirer à bord les marins épuisés et imbibés de produits pétroliers.
Harry DeWolf savait qu’il ne pouvait pas rester longtemps, mais il a retardé le départ autant qu’il a pu pour faire monter à bord le plus de survivants possible.
À l’aube, il a ordonné que le canot à moteur du Haida soit largué sans équipage dans l’eau pour permettre aux survivants de l’Athabaskan d’y monter à bord.
Cependant, alors que le canot était en train d’être abaissé, M. Cummings, M. McClure et le matelot de 2e classe Jack Hannam ont monté à bord.
Ils ont récupéré six survivants de l’Athabaskan et deux membres d’équipage de leur propre navire qui étaient tombés des filets de sauvetage.
Le Haida a rapidement quitté le secteur en raison des premières lueurs du jour et du risque accru d’attaques aériennes et maritimes, et a laissé derrière lui le canot à moteur.
À un moment donné, le moteur du canot s’est arrêté en raison d’une admission encrassée. Appliquant le remède connu dans le monde entier pour les machines récalcitrantes, M. Cummings a frappé avec force l’admission avec un outil, plus précisément une clé, tout en appuyant sur le démarreur. Reconnaissant qu’il était manipulé par un maître mécanicien, le moteur a toussoté et s’est remis en marche et M. McClure a mis le cap sur l’Angleterre.
Quatre dragueurs de mines allemands se sont approchés et M. McClure, en état d’alerte, a aperçu l’un d’entre eux qui se dirigeait vers son bateau. Il a accéléré au maximum, mais le dragueur de mines l’a dépassé. Puis, pour une raison quelconque, le navire s’est éloigné et le canot a continué à avancer en toussotant.
Après avoir presque terminé le voyage de 100 milles et à seulement sept milles de la côte anglaise, le moteur est tombé en panne à nouveau. Alors que deux avions de chasse arrivaient à basse altitude, les hommes à bord du canot ont tiré une fusée éclairante avant de se rendre compte qu’il s’agissait de Messerschmitts allemands. Les aéronefs sont passés en rugissant au-dessus de leur tête, mais ont continué leur chemin en ignorant le canot.
M. Cummings a fait redémarrer le moteur. Ils n’avaient pas de matériel médical et ont commencé à s’inquiéter de certains des marins secourus. Ils n’étaient pas encore arrivés à destination, mais ils savaient que le Haida avait signalé leur situation et qu’on les rechercherait.
La Royal Air Force les a finalement repérés et une opération de sauvetage air-mer les a amenés en toute sécurité au port de Penzance en Cornouailles, en Angleterre. Ils ont tous été emmenés à l’hôpital pour y passer la nuit en observation et tous les marins secourus, sauf un, sont partis le lendemain.
M. Cummings et M. McClure ont tous les deux reçu une citation à l’ordre du jour le 9 septembre 1944 pour « courage, résolution et dévouement au devoir dans l’action face aux destroyers ennemis lors du sauvetage des survivants du NCSM Athabaskan ».
Au total, le Haida a réussi à sauver 44 membres de l’équipage de l’Athabaskan, mais 128 hommes ont été perdus. 83 autres hommes ont été faits prisonniers par des dragueurs de mines allemands.
Pour Cummings et McClure, ce fut une nuit qu’ils n’oublieraient jamais.
Sources
Tales of the North Atlantic, par Hal Lawrence
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