Une fière Wren se souvient de son service pendant la guerre froide

Nancy Thomas, âgée de 86 ans, a été fière de servir en tant que « Wren » pendant la guerre froide.

En fait, elle a été une tête d’affiche dans le service.

Malgré le fait que l’équipe des Wrens – terme familier souvent utilisé pour désigner les membres du Service féminin de la Marine royale du Canada – a été dissoute peu après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, ce ne fut pas la fin pour les femmes dans la Marine.

En prévision de la guerre froide et de la guerre de Corée, le Parlement a autorisé la création d’une division féminine, ou des Wrens, au sein de la Marine royale canadienne (Réserve) (MRC[R]) en 1951.

Mme Thomas s’est enrôlée dans la MRC(R) à bord du navire canadien de Sa Majesté (NCSM) York, de la division de la Réserve navale de Toronto, en 1954, et elle a servi pendant huit ans en Ontario, au Québec et en Nouvelle-Écosse.

À un moment donné, on lui a demandé de se faire prendre en photo, et contre toute attente, elle s’est retrouvée sur une affiche de recrutement. 

« Ils ne m’ont même pas dit à quoi cela servait et ce n’était même pas mon travail », dit-elle. « Ils ont juste dit de faire ceci et de pointer là! »  

En 1955, les Wrens ont obtenu le statut de membres de la Force régulière de la MRC, et en 1958, Mme Thomas s’est jointe au groupe.

Cette loi a marqué la première fois dans l’histoire des marines du Commonwealth que les femmes étaient intégrées au sein de la Force permanente.

Mme Thomas aime se remémorer ses années de service.

L’un des souvenirs dont elle est le plus fière est celui où elle a produit toute la documentation (plus de 700 documents) pour la présentation du drapeau royal à Halifax en 1959.

« J’étais juste derrière elle (la Reine) », dit Mme Thomas. « Elle est vraiment petite! »

Le monde était bien différent pendant la guerre froide, et Mme Thomas se souvient du travail intense et exigeant qu’elles devaient accomplir.

« Nous recevions un appel au milieu de la nuit et devions conduire pendant des heures pour nous cacher dans un bunker dans le cadre d’exercices liés à la guerre froide, pour ensuite revenir et être prêtes à reprendre notre travail à la première heure du matin. »

Elle se souvient également des adaptations que la Marine a dû apporter pour les femmes en service, en créant notamment un nouvel uniforme, qui avait tendance à se froisser sous l’effet de la brise, a expliqué Mme Thomas.

« On s’asseyait puis on se relevait, et on avait l’impression d'avoir dormi dedans toute la nuit. »

Mme Thomas a épousé en 1959 Jacques Durocher, un commis payeur qui a également servi dans la MRC pendant cinq ans, notamment à bord du porte-avions NCSM Bonaventure. Il est décédé en 2001.

Après son départ des Wrens en 1962, Mme Thomas a déménagé avec son mari à Québec où ils ont élevé leurs quatre enfants.

Son plus jeune fils, l’adjudant-maître (Adjum) Jim Durocher, sergent-major du Quartier général du 4e Groupe des services de santé à Montréal, se souvient que son père a acheté un restaurant lorsque les enfants étaient plus âgés.Il raconte que sa mère y travaillait à temps plein, s’occupant de la comptabilité et travaillant parfois à la cuisine.

« Elle était toujours là pour nous, se rendait disponible pour nous aider avec nos horaires de fou alors que nous grandissions et elle nous soutenait dans nos démarches », déclare l’Adjum Durocher. « Elle a su transmettre à ses enfants sa nature juste, gentille, sans jugement et ouverte. »

Il ajoute qu’elle est « une femme polie, qui va droit au but et qui est dotée d’une mémoire à faire pâlir la plupart des gens. »

« Elle est très active et engagée au sein de sa communauté », dit-il. « Elle continue de passer du temps avec sa famille et ses amis, et est capable de se déplacer comme une personne beaucoup plus jeune que son âge. »

Mme Thomas a depuis longtemps quitté la Marine, mais elle est ravie que les femmes puissent désormais servir dans tous les groupes professionnels de la MRC.

« Cela facilite grandement les choses. Tout le monde est égal. Si vous possédez les compétences nécessaires, vous pouvez le faire! Si vous voulez l’essayer, vous l’essayez! », dit-elle.

Mme Thomas l’a elle-même prouvé en 1956 lorsqu’elle et un groupe de Wrens du NCSM York sont devenues les seules Wrens au Canada à s’entraîner avec des fusils à baïonnettes.

Les Wrens, en tant qu’entité distincte au sein de la MRC, ont cessé d’exister en 1968 lorsque la Loi sur la réorganisation des Forces canadiennes est entrée en vigueur.

Leurs uniformes bleu marine ont finalement été remplacés par l’ensemble vert olive porté par tous les membres des Forces armées canadiennes pendant la période d’unification.

Les Wrens sont maintenant appelées les « femmes militaires ».  

Cependant, pour Mme Thomas, et bon nombre de ses collègues, le temps passé en tant que Wren lors de la guerre froide demeure ancré dans leur mémoire. Leur dévouement envers le Canada fait partie intégrante de leur vie.

D’après les dossiers du Musée naval et militaire de la BFC Esquimalt

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