Profil du PEACB : Margaret Frances Littlewood
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Article de nouvelles / Le 12 mai 2016
En 2016, l’ARC commémore le Plan d’entraînement aérien du
Commonwealth britannique – l’un des plus importants programmes d’instruction de pilotage jamais créé dans le monde – et marque le 75e anniversaire de la création des escadrons de la série 400, qui continuent de servir
le Canada et les Canadiens à ce jour.
Par le Major Bill March
Bien que le Plan d’entraînement aérien du Commonwealth britannique (PEACB) ait mobilisé des milliers de Canadiennes, celles-ci étaient employées dans des postes de soutien en tant que membres de la Division féminine de l’Aviation royale canadienne, infirmières ou membres du personnel civil. Les règlements et les valeurs culturelles de l’époque les empêchaient de servir comme personnel navigant et instructeurs de vol. Les instructeurs du PEACB étaient des civils de sexe masculin. Personne ne concevait qu’une femme civile puisse être instructrice dans le programme d’instruction dirigé par l’ARC.Mais Margaret Frances Littlewood, de Toronto, en Ontario, était une exception.
Dans son livre Behind the Glory: Canada's Role in the Allied Air War, l’historien de l’aviation Ted Barris décrit comment Littlewood a grandi comme un garçon manqué dans le Toronto des années 1930. Elle a attrapé le virus de l’aviation quand le père de son amie Marion Gilles, propriétaire du Gilles Flying Service, la emmenée pour son premier vol dans un Piper Cub. Décollant de Barker Field, un petit aérodrome dans le quartier Downsview de Toronto, Littlewood se souvient : « j’aimais les décollages et les atterrissages, mais par-dessus tout j’adorais voler tout là-haut... Plus nous montions, et plus les voitures ressemblaient à de petits jouets. » En 1938, avec son permis de pilote privé fraichement obtenu en poche, elle quitte son emploi au service des commandes du magasin Eaton local pour aller travailler comme instructrice chez M. Gilles.En 1942, Littlewood est une instructrice-pilote agréée et compte trois ans d’expérience. Malheureusement, le rationnement du carburant et autres restrictions du temps de guerre entrainent la fermeture du Gilles Flying Service, et Margaret se retrouve alors au chômage. Suite à une suggestion d’un de ses élèves, elle écrit une lettre à chacune des dix écoles d’observation aérienne, expliquant qu’elle cherche un emploi comme instructrice sur le simulateur de vol Link. Pour son époque, ce simulateur était une pièce d’équipement sophistiquée décrite par Littlewood comme une « petite machine étonnante sur un piédestal qui fait tout ce qu’un avion peut faire, mais sans jamais quitter la pièce. » Neuf des dix écoles d’observation aérienne l’ont refusée, mais le directeur de l’École d’observation aérienne nº 2 d’Edmonton, en Alberta, se trouvait dans une impasse.
Beaucoup d’écoles du PEACB étaient administrées par des entreprises et des aéro-clubs civils, l’ARC fournissant les aéronefs et les installations. L’École d’observation aérienne nº 2 était administrée par la Canadian Airways jusqu’en 1942, année où elle a été confiée à la Canadian Pacific Airways (CPA). Son directeur général était Wilfrid R. « Wop » May, un aviateur de la Première Guerre mondiale récipiendaire de la Distinguished Flying Cross et légendaire pilote de brousse de l’entre-deux guerres. Quand son instructeur en chef sur simulateur de vol Link est parti travailler pour la CPA, il s’est mis à chercher un remplaçant adéquat et décida d’aller à l’encontre des règlements et des préjugés culturels pour embaucher Margaret Littlewood à titre d’instructrice en raison de ses capacités et de son expérience. Après un bref appel téléphonique, il a été convenu qu’elle commencerait dès février 1943.
À son arrivée à Edmonton, elle était naturellement nerveuse – elle n’avait jamais vu de simulateur de vol Link avant. Après une brève visite de la station en compagnie de May, il la laissa dans la salle du simulateur de vol Link et voilà, c’était fait : Elle était maintenant instructrice! Regardant les autres instructeurs, Littlewood explique : «... j’ai appris de la console, en regardant l’enregistreur et en travaillant avec les élèves dans les simulateurs de vol Link. Le simulateur de vol Link était petit, et j’ai rapidement été à l’aise avec car il s’apparentait aux petits avions sur lesquels nous volions à Toronto, avec seulement quelques instruments en face de vous. Et c’est là l’aspect important du simulateur de vol Link – apprendre à voler à l’aveuglette. »
Littlewood a été instructrice sur le simulateur de vol Link jusqu’en mai 1944. Même si elle a essuyé sa juste part de plaisanteries et de commentaires en raison de son sexe, la majorité de ses élèves et de ses collègues sont venus à respecter son habileté, sa bonne humeur et son sens aigu du dévouement. Elle a enseigné à voler à plus de 150 pilotes lors de son passage à l’École d’observation aérienne nº 2. Commentant l’expérience, elle se souvient d’avoir travaillé avec Grant McConachie, North Sawle, Holick Kenyon, Vic Fox et beaucoup d’autres pilotes expérimentés. « Je savais que j’avais encore beaucoup à apprendre, dit-elle, mais ces pilotes n’ont aucune idée de combien j’ai appris en travaillant avec eux. »
Elle a continué de piloter après son passage au PEACB pour finalement obtenir tous les permis possibles pour un pilote au Canada. En 1982, les « Ninety-Nines » – une organisation internationale de femmes pilotes – lui ont remis le Prix Amelia Earhart, pour avoir été la première « femme instructrice de vol avancé ».Retraitée d’une longue carrière au sein du ministère des Transports, Margaret Littlewood est décédée le 5 février 2012 à Edmonton, à l’âge de 96 ans.
Lectures complémentaires : Ted Barris – Behind the Glory: Canada’s Role in the Allied Air War