Ministre de la défense nationale notes d’allocution lors de la rencontre à la Fondation Asie Pacifique du Canada

Discours

le 8 août 2024

Je vous remercie pour cette aimable présentation.

Bon après-midi à tous, good afternoon.

Je voudrais tout d’abord remercier la Fondation Asie Pacifique du Canada d’avoir organisé l’événement d’aujourd’hui.

C’est une grande occasion pour moi, et je suis très reconnaissant d’avoir la chance d’être ici.

Je voudrais également remercier tous les membres de la Fondation Asie Pacifique pour le travail qu’ils accomplissent.

Je pense que nous bénéficions tous de vos balados, de vos commentaires et des discussions dans lesquelles vous nous entraînez. Vous nous avez vraiment aidés à nourrir notre réflexion et nos discussions.

Nous sommes tous ici aujourd’hui parce que nous croyons que le Canada est véritablement une nation du Pacifique.

En effet, lorsque la Colombie-Britannique est entrée dans la Confédération en 1871 et que le chemin de fer du Canadien Pacifique a commencé à s’étendre vers l’Ouest, il est rapidement devenu évident que les relations économiques du Canada avec l’Asie étaient essentielles à notre prospérité future.

Cette relation s’est renforcée au fil des ans, et des millions de Canadiens et de Canadiennes – presque 20 % de notre population – peuvent retracer leur lignée dans un pays du Pacifique.

Nous menons des activités commerciales d’une valeur de plusieurs milliards de dollars dans la région.

Aujourd’hui, la sécurité de la région indo-pacifique est absolument essentielle à la défense du Canada.

Lorsque nous examinons l’environnement mondial de la défense et de la sécurité, il est de plus en plus clair que le monde est devenu plus dangereux, plus difficile et plus incertain.

Le changement climatique touche notre pays de manière disproportionnée, particulièrement l’Arctique, qui se réchauffe quatre fois plus vite que la moyenne mondiale.

L’Arctique devient beaucoup plus accessible en raison de la fonte de la calotte polaire, et nous observons une augmentation des activités dans cette région. Certaines de ces activités sont très positives et d’autres nous préoccupent, notamment l’augmentation des activités russes et chinoises dans la région.

Nos adversaires explorent les eaux arctiques et les fonds marins, sondent nos infrastructures et collectent des renseignements.

Nous voyons certains de nos adversaires qui explorent les eaux arctiques et les fonds marins, sondent nos infrastructures et collectent des renseignements. Dans nos approches aériennes, nous constatons une augmentation de l’activité russe ainsi qu’un nombre croissant de plateformes de surveillance et de navires de recherche chinois à double usage qui collectent des données sur le Nord canadien et qui, en vertu de la loi chinoise, sont toujours accessibles à l’armée chinoise.

En effet, en juillet, le navire de guerre canadien Regina, basé à Esquimalt, en Colombie-Britannique, a interagi avec le navire de recherche chinois Xue Long 2 tout au long de son passage dans le détroit de Béring.

Bien qu’elle ne soit pas un pays arctique, la Chine cherche à devenir une grande puissance polaire d’ici 2030 et elle démontre son intention de jouer un rôle plus important dans la région. Elle développe rapidement sa marine et augmente sa flotte de sous-marins conventionnels et nucléaires, tout cela dans le but de soutenir ses ambitions dans la région.

Outre-mer, la Chine remet en question l’ordre international fondé sur des règles qui a assuré notre sécurité à tous pendant plus de 80 ans, particulièrement dans la région indo-pacifique.

Et elle poursuit actuellement le développement militaire le plus ambitieux de tous les pays depuis la Seconde Guerre mondiale.

Nous croyons que la Chine cherche à remodeler le système international pour promouvoir ses propres intérêts, qui divergent de plus en plus de nos questions de sécurité.

Elle cherche à établir un contrôle exclusif de l’espace aérien et des voies navigables internationales et a démontré sa volonté de recourir à la force pour réduire la liberté de mouvement et étendre son influence depuis l’est et la mer de Chine méridionale jusqu’à l’Himalaya.

La Chine souhaite ouvertement l’unité avec Taïwan par la force si nécessaire. Je tiens à être clair. Cette instabilité dans le détroit de Taïwan aurait pour effet négatif de perturber le commerce international et de coûter des milliers de milliards de dollars à l’économie mondiale.

Dans le contexte de ces défis, je pense qu’il est très important d’encourager un dialogue franc entre nous tous.

En juin, à Singapour, j’ai organisé une réunion bilatérale entre les ministres de la défense canadien et chinois – la première depuis plus de 11 ans, et, je l’espère, non la dernière. J’ai répété que nous attendons de tous les États qu’ils se comportent de manière responsable.

J’ai indiqué à mon homologue que le Canada est préoccupé par les récents exercices militaires chinois autour de Taïwan et par le soutien financier de la Russie par la Chine.

J’ai également réitéré nos préoccupations concernant l’ingérence étrangère dans nos processus démocratiques et la coercition exercée sur les citoyens canadiens d’origine chinoise ici même au Canada et sur leurs familles à l’étranger.

Ce fut une discussion importante et franche qui, je crois, a également ouvert la voie à un dialogue futur.

Bien que nous ayons profité de l’occasion pour partager les préoccupations de nos pays concernant nos relations, nous avons également reconnu la possibilité et l’importance d’un dialogue permanent entre nos pays.

Aujourd’hui, face aux menaces émergentes de cet environnement de défense et de sécurité qui évolue rapidement, nous reconnaissons l’importance de prendre des mesures pour répondre aux besoins actuels et futurs. C’est exactement ce que nous nous sommes efforcés de faire dans le cadre de notre politique de défense mise à jour, Notre Nord fort et libre.

 

Nous savions ce que nous devions faire de plus.

Nous savions que nous avions besoin d’une politique prête à répondre aux défis d’aujourd’hui et de demain.

Une politique qui prévoit de nouveaux investissements importants dans des capacités militaires modernes afin de protéger notre pays et notre continent et de maintenir un engagement approprié à l’étranger.

Par cette politique, nous investissons 73 milliards de dollars dans de nouvelles dépenses de défense auxquelles d’autres s’ajouteront, ce qui nous permettra inévitablement d’atteindre notre objectif de l’OTAN de 2 %.

Et permettez-moi d’être très clair en ce qui concerne cet objectif : il s’agit d’une mesure tout à fait valable, mais elle est entièrement basée sur les dépenses. Cet objectif n’explique pas ses raisons sous-jacentes et ne nous aide pas vraiment à expliquer comment y parvenir; il indique seulement combien d’argent nous devons dépenser.

Je reconnais et respecte cette mesure à l’égard de laquelle nous nous sommes engagés, mais le plus difficile est d’expliquer à la population canadienne et à nos alliés les investissements que nous devons faire pour développer de nouvelles capacités afin de relever les défis auxquels nous sommes confrontés.

Bien entendu, l’objectif premier de cette politique consiste à équiper les Forces armées canadiennes pour qu’elles puissent défendre l’Arctique et le Nord contre les nouveaux défis, y compris la concurrence d’adversaires potentiels tels que la Russie et la Chine.

La politique investit donc dans de nouvelles infrastructures dans l’Arctique, des aéronefs de détection aérienne avancée, des technologies de surveillance, et plus encore.

Mais je tiens également à préciser que cette politique indique clairement que l’engagement du Canada à l’égard de ses partenaires et de ses alliés reste solide et qu’elle fait de la région indo-pacifique et de la région euro-atlantique les principaux piliers de la sécurité canadienne.

Elle contribue à soutenir notre présence navale dans le monde entier, y compris dans la région indo-pacifique.

Nous investissons près de 10 milliards de dollars dans le cadre de cette politique afin de soutenir nos frégates de la classe Halifax.

Nous investissons dans la technologie des missiles à longue portée pour notre armée.

Nous nous dotons de nouvelles capacités de communication par satellite à l’échelle mondiale...

Et nous prenons un certain nombre d’autres engagements essentiels qui ont des répercussions évidentes pour la région indo-pacifique.

Comme je l’ai annoncé le mois dernier, nous entamons les premières étapes en vue d’acquérir jusqu’à 12 sous-marins à propulsion classique capables de naviguer sous la glace.

Dans le cadre du Programme de sous-marins canadiens de patrouille, nous rencontrons actuellement des fabricants et des partenaires potentiels, notamment dans la région Asie-Pacifique, afin de déterminer la meilleure façon d’acquérir et de construire ces sous-marins.

Une demande d’information officielle sera publiée cet automne, ce qui nous aidera à rechercher des soumissionnaires.

Grâce à ce projet, nous avons l’intention de développer des liens plus étroits avec nos alliés et nos partenaires, y compris, comme je l’ai mentionné, avec les pays du Pacifique, tout en améliorant nos capacités et en protégeant et en défendant nos littoraux sur nos trois côtes.

Nous croyons que ces nouvelles capacités tripleront de façon évidente nos dépenses de défense comparativement à il y a dix ans, et qu’elles nous permettront également d’acquérir les capacités dont nous avons besoin pour protéger les intérêts canadiens.

J’ai parlé des menaces auxquelles nous sommes confrontés et des investissements que nous réalisons pour y faire face, mais il y a aussi de bonnes nouvelles. Le Canada dispose d’un réseau d’amis et de partenaires en pleine expansion dans toute la région, qui partagent notre vision d’une région indo-pacifique libre, ouverte et inclusive.

Comme vous le savez, plus tôt aujourd’hui, j’ai rencontré le vice-premier ministre australien, Richard Marles, afin de déterminer comment nous allons renforcer nos relations en matière de défense alors que nous faisons face ensemble à des défis régionaux.

En octobre, le Canada et la Corée tiendront la première réunion 2 + 2 entre nos ministères des Affaires étrangères et de la Défense afin de renforcer nos liens en matière de sécurité et de défense.

Le Canada et le Japon collaborent à l’élaboration d’un accord sur la sécurité de l’information.

De plus, le Canada et les Philippines ont signé en début d’année un protocole d’entente sur la coopération en matière de défense afin d’étendre leurs relations.

Ces liens bilatéraux sont renforcés par le partenariat stratégique entre le Canada et l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) lancé par le premier ministre à l’automne dernier.

Nos partenariats dans la région indo-pacifique sont essentiels pour le commerce, le développement durable, la sécurité internationale et bien d’autres domaines encore.

La région comprend six des treize principaux partenaires commerciaux du Canada.

Et nous avons toutes les raisons de penser que les pays de la région indo-pacifique représenteront plus de la moitié de l’économie mondiale dans moins de 20 ans.

Comme vous le savez, la Stratégie du Canada pour l’Indo-Pacifique guide notre engagement dans la région.

D’un point de vue militaire, cette stratégie nous engage à étendre la présence des Forces armées canadiennes dans la région indo-pacifique.

Vous savez que, pendant de nombreuses années, notre présence dans la région indo-pacifique a été épisodique.

Nous naviguions dans la région, nous faisions des visites portuaires occasionnelles, mais nous n’étions pas considérés comme un partenaire fiable, sûr et cohérent en matière de sécurité.

L’année dernière, pour la première fois depuis des décennies, le Canada a déployé trois navires de guerre dans la région.

Nous faisons la même chose cette année encore et nous nous sommes engagés à assurer une présence constante et fiable dans la région.

Le fait d’avoir plus de navires dans la région nous permet d’effectuer plus de visites dans les ports et de participer à plus d’exercices et à plus d’activités interarmées. Nous pourrons ainsi approfondir nos partenariats interarmées.

Cela signifie que non seulement nos partenaires et les Alliés nous verront plus souvent, mais aussi qu’ils pourront compter sur notre présence.

Cela signifie que nous pouvons envoyer des signaux clairs et importants d’engagement pour un Indo-Pacifique libre, ouvert et inclusif, comme la semaine dernière, lorsque le NCSM Montreal a transité une fois de plus par le détroit de Taïwan.

Nous augmentons également notre participation aux exercices militaires régionaux dans tous les domaines.

Nous collaborons plus étroitement avec nos partenaires afin de renforcer notre capacité militaire et notre résilience.

Au cours des dernières semaines, le personnel des Forces armées canadiennes a été déployé à Hawaï et dans les environs pour participer à l’exercice RIM OF THE PACIFIC, ou RIMPAC, le plus grand exercice maritime au monde.

Cet exercice s’est achevé la semaine dernière. Des membres de la Marine royale canadienne à bord du Vancouver, du Max Bernays et du Asterix ainsi que 300 autres membres des Forces canadiennes à terre figuraient au nombre des membres des 28 armées de pays du Pacifique de toute la région.

Ensemble, ils se sont entraînés à des opérations de sécurité maritime, de lutte anti-sous-marine et de défense aérienne, et ils ont participé à des exercices de tir réel ainsi qu’à des mises en situation en contexte d’aide humanitaire de secours en cas de catastrophe.

Je suis très fier de dire que la composante maritime de cet exercice a été commandée par un officier canadien cette année.

Les membres des FAC participent aussi régulièrement à des déploiements pour aider à renforcer les sanctions de l’ONU contre la Corée du Nord dans le cadre de l’opération NEON et, bien sûr, nous restons présents dans la péninsule coréenne où un général canadien occupe le poste de commandant adjoint du Commandement des Nations unies.

Ces contributions sont importantes. Parce que la paix et la prospérité de la région indo-pacifique sont essentielles à la paix et à la prospérité du Canada.

Guidés par notre Stratégie pour l’Indo-Pacifique et soutenus par les investissements que nous faisons dans une politique de défense mise à jour, nous continuerons à faire notre part pour aider à assurer la sécurité et la stabilité de la région.

Depuis les premiers habitants qui ont bâti leur vie à proximité de l’océan Pacifique, ici au Canada...

Depuis les premiers navires qui ont navigué vers l’ouest depuis la Colombie-Britannique pour ouvrir de nouvelles routes commerciales...

Jusqu’à aujourd’hui encore...

Le Canada a été, et est toujours, une fière nation du Pacifique. C’est dans notre ADN.

Notre côte pacifique s’étend sur environ 25 000 kilomètres et, avec nos côtes orientale et septentrionale, elle fait partie du plus grand littoral de la planète.

Notre rôle en tant que nation du Pacifique a une grande influence sur de nombreux aspects de notre pays et sur la manière dont nous en assurons la sécurité.

Grâce à notre Stratégie pour l’Indo-Pacifique, le Canada a défini son rôle dans la région et a assuré à ses alliés qu’il était là pour rester.

Nous appuyons notre engagement au moyen de Notre Nord, fort et libre et la puissance nécessaire pour démontrer que nous sommes prêts à faire ce qu’il faut et à jouer notre rôle dans la région.

Avec le réseau d’amis et de partenaires que nous avons dans la région, je suis certain que nous pouvons prévenir les conflits, défendre les règles qui ont assuré notre sécurité à tous depuis plus de 80 ans, et garantir un Indo-Pacifique libre, ouvert et inclusif pour la prochaine génération et pour de nombreuses générations à venir. Je vous remercie tous de votre attention et je serai heureux de répondre à vos questions.

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