Canal du Nord (27 septembre - 1 octobre 1918)
En septembre 1918, les Alliés planifient une offensive à grande échelle sur la ligne Hindenburg, le plus imposant système de défense que les Allemands détiennent encore. Le Corps canadien, qui opère alors au Nord de la France près de la ville de Cambrai, est dans un premier temps chargé de capturer le bois de Bourlon, puis ensuite d’avancer pour établir un front allant du nord-est de Cambrai jusqu’à Aubencheul- au-Bac. Cette ligne de front couvrirait le flanc de la Troisième armée britannique pendant ses manœuvres au sud du Corps canadien.
Avant le bois de Bourlon se dresse toutefois un obstacle de taille; le Canal du Nord. L’ennemi avait détruit les ponts de celui-ci, en plus d’avoir inondé une bonne partie de la zone déjà marécageuse qui l’entourait, ce qui oblige les troupes canadiennes à se regrouper très étroitement en face de la partie Sud du canal (entre Sains-lez-Marquion et Moeuvres), pour prendre avantage d’une zone de 3500 mètres de large ou le terrain était solide et le canal même était à sec. À 5h20 le 27 septembre, sur ce front très étroit, 4 bataillions d’infanterie de la 1re et de la 4e division canadienne s’élancent pour traverser le canal de 35 mètres de large pendant que l’artillerie bombarde les positions défensives que l’ennemi avait installé de l’autre côté. Le succès du plan d’attaque du Corps canadien dépendait de cet assaut initial. Malgré des combats acharnés les troupes sécurisent les berges permettant aux unités de génie qui travaillent d’arrache-pied et parfois sous le feu ennemi pour installer des ponts préfabriqués, assurant ainsi le passage de l’artillerie et sa coordination constante avec l’avancée de l’infanterie.
Le passage des troupes de l’autre côté du canal permet d’élargir considérablement le front. L’infanterie progresse rapidement et s’empare de la ligne de tranchée Marquion, dernier dispositif de défense ennemi avant d’atteindre le bois de Bourlon. Seize tanks, après avoir traversés le canal sous le couvert de fumigènes, facilitent l’avancée des Canadiens en écrasant les barbelés et en neutralisant les nids de mitrailleuses ennemis. L’audace du plan et les préparations minutieuses du Corps canadien portent fruits, car, lorsque la journée s’achève, le canal du Nord est sous contrôle et le bois de Bourlon est pris.
La seconde phase des opérations visant à contrôler le nord-est de Cambrai est toutefois plus problématique. Dès le matin du 28 septembre, les Allemands opposent une forte résistance à partir de la ligne de tranchée Marcoing (l’objectif du jour) et de la route entre Douai et Cambrai. Aux renforcements ennemis s’ajoutent des positions défensives qui n’apparaissaient pas sur les cartes canadiennes. Les combats acharnés se poursuivent le lendemain et les Canadiens gagnent peu de terrain au prix de lourdes pertes. Pour éviter des contre-attaques allemandes qui annuleraient les gains réalisés, le lieutenant-général Arthur Currie, commandant du Corps canadien, renouvèle l’offensive le 30 septembre; les 3e et 4e divisions canadiennes devaient alors progresser jusqu’aux villages de Ramilies et d’Eswars situés au nord-est de Cambrai, sur le bord du canal de l’Escaut. Or, la 3e division avance à peine, car l’écran de fumée sensé la protéger n’est jamais déployé tandis que la 4e division, dangereusement exposée, réussit néanmoins à s’emparer du village de Tilloy.
Les objectifs du 1er octobre demeurent les mêmes que la veille et l’attaque débute à 5h sous un puissant barrage d’artillerie. Mais les nombreuses contre-attaques et le feu des mitrailleuses ennemies installées à Abancourt et de l’autre côté du canal de l’Escaut compliquent les opérations et empêchent les Canadiens de parvenir à Ramilies et à Eswars. En après-midi, la décision est prise d’arrêter l’avancée et de consolider les positions gagnées cette journée-là, notamment les hauteurs à l’est de Tilloy.
Au terme de ces cinq jours de combat exténuant, le Corps canadien a infligé de nombreuses pertes à l’ennemi (tout en prenant plus de 7000 prisonniers et 205 armes) et son avance a grandement facilité la libération définitive de Cambrai, qui aura lieu quelques jours plus tard. Malgré les succès remportés, la bataille du Canal du Nord a été coûteuse pour le Corps canadien, qui déplore plus de 10 000 pertes (nombre qui comprend les tués, les blessés, et les disparus) entre le 27 septembre et le 1er octobre 1918. Plus de 230 soldats canadiens tués au combat pendant cette période n’ont présentement pas de sépulture connue.
En combinant la recherche historique et l’analyse anthropologique médico-légale, le comité d’examen du Programme d’identification des pertes militaires des Forces armées canadiennes a confirmé l’identification le soldat mentionné ci-dessous, dont la découverte des restes humains est attribuable à une activité humaine moderne.De plus, un rapport soumis par un chercheur indépendant et l’appui de la Commonwealth War Graves Commission (en anglais seulement) ont permis au comité d’examen du Programme d’identification des pertes militaires des Forces armées canadiennes de confirmer l’identification d’une sépulture auparavant inconnue comme étant celle du second soldat ci-dessous :
- Johnston, Alexander, 78e bataillon d’infanterie canadien (Winnipeg Grenadiers), CEC
- Ledingham, George Herbert, 43e bataillon d’infanterie canadien (Cameron Highlanders of Canada), CEC
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