Égalité et croissance : Pour une économie mondiale forte

Discours

Allocution de l'honorable Bill Morneau, ministre des Finances

Le texte prononcé fait foi

Merci de vos bons mots, Monsieur le Lord-Maire. Et merci à la Cité de Londres d'avoir organisé cette activité. C'est toujours très agréable de revenir à cette ville qui abrite mon alma mater, la London School of Economics.

C'est encore plus agréable d'être ici quand il y a de bonnes nouvelles à raconter!

Dans le premier discours que j'ai prononcé ici en tant que ministre des Finances du Canada, en 2016, je vous ai parlé de notre intention d'aider les travailleurs à revenu moyen.

Nous avons haussé les impôts du 1 % le plus riche de façon à pouvoir mettre en place une baisse d'impôts pour les particuliers à revenu moyen et pour ceux qui cherchent à augmenter leur niveau de vie en travaillant fort.

Nous avons également rendu le régime canadien de prestations pour enfants plus généreux et mieux ciblé pour aider ceux qui en ont le plus besoin.

Notre plan fonctionne.

Au cours des deux dernières années, l'économie canadienne a créé près de 600 000 emplois, dont la plupart sont à temps plein. C'est l'équivalent d'un million d'emplois dans un pays qui compte la population du Royaume-Uni.

Notre taux de chômage est près de son niveau le plus bas depuis 40 ans. Depuis 2016, nous sommes à la tête du Groupe des Sept (G7) au chapitre de la croissance économique, et nous améliorons nos finances publiques de façon continue.

Le ratio de notre dette fédérale au PIB (produit intérieur brut) poursuit fermement sa trajectoire à la baisse. Aujourd'hui, le Canada est le pays du G7 dont le ratio de la dette nette au PIB est le plus bas.

Le ratio de notre déficit au PIB devrait diminuer, selon les projections, à un faible niveau de 0,5 %.

Autrement dit, les finances publiques du Canada sont saines, ce qui veut dire que nous sommes en mesure de résister aux chocs et à l'incertitude.

Mais bien que l'économie canadienne se porte bien, nous ne pouvons nous reposer sur nos lauriers.

Pour la première fois de notre histoire, on compte maintenant au Canada un plus grand nombre de personnes âgées de 65 ans ou plus que de jeunes de moins de 15 ans. Qui prendra la relève alors que de plus en plus de gens quittent le monde du travail?

Le succès futur du Canada dépend de la possibilité pour chaque Canadien de travailler.

Comme tous les autres pays, nous devons remédier à la sous-représentation chronique des femmes dans l'économie.

Le défi du Canada au monde

Certaines choses ont changé depuis mes études ici.

L'ère numérique, par exemple, a révolutionné notre façon de vivre et de travailler.

Certains défis sérieux deviennent de plus en plus concrets et devront être surmontés : le réchauffement de la planète, le vieillissement de la population et les changements technologiques rapides, pour ne nommer que ceux-là.

Entre-temps, certains obstacles persistent. Année après année.

Les obstacles à l'égalité des sexes, pour commencer. Dans les pays membres de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la participation des femmes à l'économie a augmenté au cours des dernières décennies, mais elle demeure nettement inférieure à celle des hommes.

Cette situation doit changer.

Une jeune femme très courageuse, Malala Yousafzai, l'a dit le plus éloquemment : Il est impossible pour nous tous de réussir si la moitié d'entre nous sont retenus.

D'où le message et les mesures du Canada en matière d'égalité et de croissance.

Plus tôt cette année, à Davos, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a lancé un défi aux chefs d'entreprise du monde entier.  

Il a affirmé qu'il fallait prendre un virage fondamental, et il a invité tous les dirigeants à s'assurer que plus de femmes sont embauchées, promues et maintenues en poste sur le marché du travail.

Ce n'est pas seulement la bonne chose à faire; c'est aussi la chose intelligente à faire.

En effet, les femmes qui intègrent le marché du travail le changent en mieux. Elles représentent un important moteur économique : des recherches montrent que les entreprises où des femmes occupent des postes de direction affichent un meilleur rendement financier et sont plus innovatrices.

Examinons le cas du Canada. L'économie canadienne – comme celle de la plupart des économies développées d'ailleurs – doit en grande partie sa croissance récente aux femmes. Au cours des 40 dernières années, le nombre croissant de femmes sur le marché du travail canadien a compté pour environ le tiers de la croissance réelle de notre PIB par habitant.

Au moment où je vous parle, au Canada, le taux de participation des femmes au marché du travail est le plus élevé du G7. Mais il demeure près de 10 points de pourcentage inférieur au taux de participation des hommes canadiens.

L'écart salarial entre les sexes est également un problème au Canada, comme dans bien des pays.

Sur la base du revenu annuel, les femmes canadiennes gagnent en moyenne 88 cents par dollar que gagnent les hommes, et ce, même si les femmes canadiennes figurent parmi les personnes les plus instruites dans le monde.

Nous savons que nous devons faire mieux.

Les données sont sans équivoque : un meilleur équilibre hommes-femmes conduit à une plus forte croissance.

Le McKinsey Global Institute estime qu'en prenant des mesures pour faire progresser l'égalité des femmes, l'économie du Canada pourrait y gagner 150 milliards de dollars d'ici 2026.

Et une étude réalisée par l'une des principales institutions financières du Canada – la Banque Royale du Canada – montre que si notre pays affichait une représentation parfaitement égale de femmes et d'hommes sur le marché du travail, nous pourrions faire augmenter de 4 % la taille de notre économie.

Quatre pour cent. Ça, c'est bon pour tout le monde!

Cependant, pour citer un Britannique très éloquent, David Lloyd George, on ne nourrit pas les affamés en leur donnant des statistiques.

Il faut intervenir, et c'est ce que fait le Canada.

Leadership canadien

Il y a deux semaines, j'ai déposé notre budget de 2018.

Il s'agit de la prochaine étape à franchir pour bâtir un Canada égalitaire, compétitif, durable et équitable, et pour investir dans l'économie de l'avenir.

Le budget met les enjeux relatifs aux sexes au cœur de la prise de décisions.

Par exemple, le budget prévoit un projet de loi sur l'équité salariale dans les secteurs sous réglementation fédérale, comme les banques et les télécommunications. Le principe est simple : il s'agit d'un salaire égal pour un travail de valeur égale.

Mais comme l'a affirmé le premier ministre Trudeau à Davos, l'égalité salariale n'est pas forcément synonyme d'égalité des chances ou de sacrifices égaux. Par exemple, les responsabilités liées aux soins aux enfants continuent d'incomber aux mères de manière disproportionnée.

Par conséquent, nous sommes aussi en voie de créer un congé parental partagé supplémentaire. Les parents disposeront ainsi de cinq semaines supplémentaires de congé parental s'ils acceptent de partager ce congé. On pourra ainsi assurer une plus grande parité en matière de garde d'enfants et donner une plus grande latitude – surtout aux femmes – pour retourner au travail plus tôt si tel est leur choix.

Cette option sera aussi offerte aux parents adoptifs et aux partenaires de même sexe.

Nous créons également la nouvelle stratégie pour entrepreneuriat chez les femmes dans le but de verser plus de fonds aux femmes entrepreneures, et nous améliorons notre politique d'aide internationale dans le but de soutenir davantage les femmes et les filles réfugiées, qui sont exposées à des risques accrus en raison de leur sexe.

L'avancement de l'égalité pour les femmes au Canada stimulera la croissance économique, tout en augmentant le revenu des familles canadiennes.

Avec davantage de femmes dans des postes de direction, non seulement des progrès économiques seront réalisés, des emplois seront créés et les communautés seront renforcées, mais l'innovation et l'évolution des milieux de travail seront stimulés, ce qui profitera à tous.

Ce sont des gestes importants, et nous espérons que d'autres gouvernements suivront notre exemple.

Cependant, les gouvernements ne peuvent pas y parvenir seuls.

Ainsi, aujourd'hui, je vais lancer le même défi que Justin Trudeau a lancé à Davos : embauchez plus de femmes, donnez-leur des promotions et assurez-vous qu'elles continuent de travailler pour vous.

L'économie mondiale a besoin de plus de femmes aux conseils d'administration des entreprises. De plus de femmes entrepreneures. De plus de femmes dans les postes de direction.

En tant que ministre des Finances du Canada, je fais partie d'un Cabinet diversifié qui compte autant de femmes que d'hommes, et je peux vous dire que la diversité des voix et des perspectives dans ce cabinet rend le gouvernement meilleur.

Le Canada intensifie ses efforts et demande au reste du monde de faire de même. L'économie doit fonctionner pour tout le monde.

Créons un monde fondé sur la prospérité, la justice, l'équité et l'égalité des sexes, pour tout le monde : les filles et les garçons, les femmes et les hommes, et les personnes ayant des facteurs d'identité croisés.

Un monde où chacun a la chance de réaliser son potentiel et ses rêves.

Un monde où chacun peut réussir et progresser, puisque personne n'est retenu.

Je vous remercie. Je répondrai avec plaisir à vos questions.

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