Allocution à la Chambre des communes – Portrait économique et budgétaire 2020

Discours

Le 8 juillet 2020

Le texte prononcé fait foi.

Monsieur le Président,

Depuis le dernier bilan économique présenté par notre gouvernement, la COVID-19 s’est propagée rapidement à l’échelle de la planète. Une nouvelle maladie a fait les manchettes, a alimenté nos conversations, et a fini par sévir chez nous.

Nous suivons depuis le début les lignes directrices émises par les responsables de la santé publique. Les gouvernements d’un océan à l’autre du Canada ont décrété des mesures de confinement pour ralentir la propagation du virus et veiller à ce que nos systèmes de santé puissent faire face à l’ampleur du défi auquel nous étions confrontés.

Les entreprises ont fermé. Les écoles ont fermé. Les gens sont restés chez eux.

Notre vie quotidienne n’était plus du tout la même.

Nous sommes nombreux à avoir cessé de nous rendre au travail, et nos journées n’avaient plus de routine.

Plusieurs ont été confrontés à une nouvelle réalité, se sont retrouvés sans emploi et ont dû vivre avec les inquiétudes qui en découlent.

De nombreux autres ont dû travailler en première ligne; ils ont dû s’adapter à de nouveaux risques dans un emploi qui ne prenait plus le même sens.

Nous avons passé des mois sans voir nos amis et notre famille, dans la peur et l’incertitude.

Nous avons cherché de nouveaux moyens de rester en contact et de nous rassembler pour célébrer les moments importants de nos vies.

Nous avons passé beaucoup de temps à faire des appels vidéo.

C’est ça être Canadien : nous prenons soin les uns des autres.

Cette crise est sans précédent.

Elle concerne à la fois la santé publique et l’économie.

Notre décision collective de prioriser la protection de la santé des Canadiens nous a permis d’aplatir la courbe plus rapidement que bien d’autres pays.

Le nombre quotidien moyen de nouveaux cas au pays a chuté de quelque 80 % par rapport au sommet atteint à la fin avril.

Grâce à leurs efforts, les Canadiennes et Canadiens ont sauvé des milliers de vies.

Toutefois, les Canadiens ont également fait de grands sacrifices pour en arriver là.

Des millions d’entre eux ont perdu leur emploi, des heures de travail ou encore une partie de leur salaire. Certaines entreprises, grandes et petites, vivent encore beaucoup d’incertitude.

En apportant un soutien vaste et rapide, nous avons été en mesure de préserver des millions d’emplois, d’offrir un soutien au revenu d’urgence aux familles et d’aider les entreprises à rester à flot au plus fort de la tempête.

L’aide que nous avons donnée aux Canadiennes et Canadiens pour se remettre sur pied a permis d’éviter de graves séquelles à long terme.

Toutefois, la pandémie n’est pas terminée et nous ne pouvons pas abandonner l’engagement que nous avons pris les uns envers les autres.

Je tiens à prendre un instant pour souligner l’important travail de la ministre de la Santé et de la docteure Tam pendant la crise actuelle.

Aujourd’hui, notre gouvernement présente un portrait économique et budgétaire. Ce document donne à la population canadienne et aux parlementaires une idée de notre économie telle qu’elle est à l’heure actuelle.

Le document est transparent quant à ce que nous savons… et à ce que nous ne savons pas.

Les prévisions sont toujours incertaines, par leur nature même. Dans ce portrait, nous présentons nos meilleures prévisions quant à la situation économique du Canada jusqu’à la fin de l’exercice en cours, c’est-à-dire jusqu’au 31 mars 2021. Il serait peut-être trompeur de s’avancer à plus long terme.

La possibilité d’autres éclosions continue de se profiler à l’horizon, et il est impossible de faire des prévisions à long terme exactes dans cet environnement instable.

Je sais que les Canadiens et les Canadiennes comprennent à quel point il est difficile de faire des prévisions en ce moment, alors permettez-moi de vous faire part de ce que nous savons.

Le taux de chômage est passé d’un creux historique en janvier à un sommet historique en mai.

Nous savons que ce sont les travailleurs à faible revenu, les jeunes et les immigrants qui ont subi le plus de pertes d’emploi en mars et en avril. Et bien qu’un regain de l’emploi a eu lieu en mai, les secteurs dans lesquels de nombreuses femmes travaillent ont été plus lents à rebondir.

Nous savons que de nombreuses femmes assument le fardeau du travail non rémunéré à la maison, s’occupent des enfants et s’occupent de parents malades. L’absence de services de garde pourrait retarder le retour des femmes au travail.

Nous avons aussi constaté que les groupes vulnérables ont été particulièrement touchés par la pandémie et continuent de connaître des problèmes. Cette crise a révélé et amplifié de nombreuses inégalités au Canada.

Je pense aux Canadiens qui travaillent pour se débrouiller avec un faible revenu, aux gens qui transforment et préparent notre nourriture, aux travailleurs étrangers temporaires, et à nos aînés dans les centres de soins de longue durée.

Nous savons que les travailleurs du secteur de l’énergie ont été doublement touchés à cause de la chute soudaine des prix des produits de base à l’échelle mondiale et à cause de la diminution de plus de 15 % de l’emploi dans les services de soutien des secteurs minier, pétrolier et gazier.

Nous savons que les entreprises sont encore aux prises avec des défis.

La Subvention salariale d’urgence du Canada aide les entreprises touchées à protéger les emplois et les aidera à reprendre leurs activités. Nous encourageons les entreprises à profiter de ce programme et à engager encore plus de travailleurs.

Nous savons que d’arrêter la propagation du virus demeure la meilleure politique économique.

Si nous continuons à faire diminuer progressivement le taux de transmission, nous serons en mesure d’assurer une relance économique stable.

Si nous n’y arrivons pas, nous perdrons les gains résultant de nos sacrifices des quatre derniers mois.

Partout dans le monde, nous voyons les conséquences d’une réouverture précipitée.

Notre gouvernement a compris, dès le début de cette pandémie, que nous devions intervenir pour soutenir les Canadiens et stabiliser l’économie.

Le Plan d’intervention économique pour répondre à la COVID‑19 est l’investissement en temps de paix le plus complet et le plus important de l’histoire du Canada. Il représente plus de 212 milliards de dollars en soutien direct et près de 14 % du produit intérieur brut (PIB) du pays.

Permettez-moi de vous donner quelques chiffres.

Environ 3 millions de travailleuses et de travailleurs canadiens ont vu leur emploi protégé par la Subvention salariale d’urgence du Canada, et ce nombre continue de croître.

Plus de 8 millions de Canadiens et de Canadiennes ont pu payer leur épicerie et leur loyer grâce à la Prestation canadienne d’urgence.

Plus de 680 000 petites entreprises ont reçu des prêts sans intérêt grâce au Compte d’urgence pour les entreprises canadiennes.

15 millions de Canadiens à revenu faible ou modeste ont reçu un de crédit spécial pour la TPS.

6,7 millions d’aînés qui reçoivent une pension de la Sécurité de la vieillesse recevront un paiement supplémentaire cette semaine.

Nous avons également investi dans des organismes communautaires qui offrent des services aux plus vulnérables, notamment dans plus de 500 refuges pour femmes, qui répondent aux besoins immédiats des femmes et des enfants fuyant la violence.

Le leadership du premier ministre a montré à tout le Canada que son gouvernement accorderait la priorité aux travailleurs et serait là pour les plus vulnérables.

Et s’il y a d’autres vagues, nous sommes prêts à en faire plus.

Devant le pire ralentissement économique depuis la Grande Dépression, notre gouvernement est intervenu pour soutenir l’économie. Tous nos investissements ont été en réponse à la crise de la COVID-19, et ils étaient tous à durée limitée.

Qu’il s’agisse de soutien au revenu pour les Canadiens, de prêts aux entreprises et aux organismes à but non lucratif de toutes tailles ou d’autres types de soutien, nous avons veillé à ce que nos programmes ne laissent personne pour compte. Et nous avons agi rapidement.

Nous avons été orientés par trois principes clés : la rapidité, l’envergure et la simplicité.

Monsieur le Président,

J’estime que nous avons respecté ces trois principes.

Certains nous reprocheront le coût de nos actions, et souligneront l’ampleur du déficit pour l’exercice 2020-2021. Ce déficit témoigne de l’impact grave de la COVID-19 sur notre économie.

Notre gouvernement savait que le coût aurait été bien plus lourd si nous n’avions rien fait.

Ceux qui auraient souhaité que nous en fassions moins omettent de voir que sans intervention du gouvernement, des millions d’emplois auraient été perdus, les familles auraient été endettées, et la résilience du Canada aurait été compromise.

Devant la gravité des difficultés auxquelles font face les travailleurs et les familles du Canada, l’austérité n’est pas la solution.

Notre discipline fiscale au cours des dernières années, ainsi que le travail acharné et l’esprit d’entrepreneur des Canadiennes et des Canadiens, a permis au Canada d’être plus résilient et prêt à relever ce défi.

Étant donné l’ampleur de la crise, il devait y avoir un prix à payer, et le gouvernement fédéral était bien placé pour assumer cette responsabilité.

Au cours du dernier quart de siècle, l’endettement provincial a dépassé l’endettement fédéral de 225 milliards de dollars.

Le ratio de la dette au revenu disponible des ménages s’est hissé à plus de 175 %, frôlant un niveau record.

À ce jour, le gouvernement fédéral fournit près de 9 dollars sur 10 des fonds de soutien direct lié à la COVID‑19 offerts à la population et aux entreprises canadiennes.

Nous avons assumé ce rôle parce que c’était la bonne chose à faire.

Grâce à nos investissements rapides et substantiels, le chômage sera plus faible, les dépenses de consommation seront plus élevées et notre économie se redressera plus tôt que si nous n’avions rien fait.

Si nous n’étions pas intervenus en offrant la Subvention salariale d’urgence du Canada, des millions d’emplois auraient pu être perdus à jamais pendant le pire de la tempête.

Sans la Prestation canadienne d’urgence, un bon nombre de Canadiens et de Canadiennes n’auraient pas été en mesure de payer leurs dépenses quotidiennes.

Grâce à nos investissements, la population et les entreprises canadiennes n’auront pas à s’endetter jusqu’aux oreilles ou à fermer boutique, mais elles seront plutôt en meilleure position pour la relance.

Nous étions en bonne position lorsque la crise s’est déclarée, notre ratio de la dette nette au PIB étant considérablement plus bas que celui des autres pays du G7.

Même après nos investissements historiques, le Canada conservera l’avantage de son faible endettement.

Ce contexte, jumelé à des taux d’intérêt à des creux historiques, nous a donné les moyens financiers nécessaires au déploiement de notre plan robuste afin de venir en aide aux Canadiens pendant cette crise.

Dans les années 90, lorsque le Canada a dû comprimer sa dette, les taux d’intérêt étaient élevés et la dette publique coûtait extrêmement cher.

À cette époque, les frais de la dette publique représentaient près de 6 % du PIB.

Aujourd’hui, les frais de la dette publique du Canada ne représentent qu’environ 1 % du PIB, et même en tenant compte de tous les investissements qui ont été faits pour aider les Canadiennes et les Canadiens, on s’attend à ce qu’ils baissent davantage au cours du présent exercice.

En fait, les frais de la dette publique pour 2020 se situeront à plus de 4 milliards de dollars de moins que les prévisions de l’automne dernier.

Nous devrons tous assumer collectivement nos emprunts et veiller à ce qu’ils soient viables à long terme pour les générations futures.

La structure de la dette du Canada est prudente et échelonnée dans le temps, et elle se compare favorablement à celle des pays membres du G7.

Nous continuerons de veiller à maintenir cet avantage dans les mois et les années à venir, à mesure que nous avançons vers la relance et que nous composons avec les conséquences de cette situation sans précédent.

Durant cette crise, sous le leadership du premier ministre, nous avons travaillé en collaboration avec les gouvernements provinciaux et territoriaux pour protéger les Canadiens comme jamais auparavant.

Depuis mars, le premier ministre et la vice-première ministre ont tenu 15 réunions des premiers ministres.

J’ai personnellement pris part à 14 réunions avec les ministres provinciaux des Finances.

Nous avons accompli beaucoup ensemble, en fournissant des centaines de millions de pièces d’équipement de protection individuelle afin que les travailleurs de la santé disposent d’un approvisionnement fiable.

Nous avons travaillé pour donner une augmentation de salaire aux travailleurs essentiels.

Il était évident pour nous tous que nos actions collectives nous permettraient de franchir cette crise.

Monsieur le Président,

Les Canadiens veulent retourner au travail, mais ils veulent le faire de façon sécuritaire.

C’est pourquoi nous travaillons avec les provinces et les territoires à conclure une entente de relance sécuritaire de plus de 14 milliards de dollars.

Nous proposons d’investir dans des services de garde d’enfants sûrs, suffisants et adéquats pour que les parents, surtout les mères, n’aient pas à choisir entre travailler ou prendre soin de leurs enfants.

Nous voulons également renforcer la capacité de dépistage et de retraçage des contacts, et continuer à offrir des soins de santé de calibre mondial à travers le pays.

Ces discussions seront essentielles au bien-être des Canadiens et des Canadiennes.

Le chemin vers la relance économique sera long et incertain.

À l’avenir, tout ce que nous ferons doit mener à la croissance, à la résilience, et à la création d’opportunités pour les personnes les plus touchées par cette crise.

Nous devons investir dans une économie plus verte et plus diversifiée. Une économie qui propose des occasions de progresser pour les jeunes, les Canadiens à faible revenu, les personnes ayant un handicap ainsi que les femmes. Et une économie qui appuie les personnes les plus vulnérables, y compris les communautés LGBTQ2, les peuples autochtones, les Canadiens de race noire, et les personnes racialisées de tout le pays.

Cette pandémie a mis en lumière des lacunes évidentes et nous donne l’occasion de rajuster le tir.

Nous avons été témoins de la façon dont certaines personnes ont glissé entre les mailles du filet, particulièrement celles qui vivent dans des établissements de soins de longue durée. Bon nombre de ces personnes sont nos parents ou nos grands-parents, ceux qui ont bâti ce pays. Nous devons mieux nous occuper d’eux.

Au cours des prochains mois, nous devrons aborder ces problèmes avec dévouement, compassion et ingéniosité.

Monsieur le Président,

Il y a 80 ans, le Canada faisait face aux jours les plus noirs de la Deuxième Guerre mondiale, et le gouvernement a dû faire des choix imposants et difficiles.

Dans cette chambre, comme aujourd’hui, des voix se sont élevées pour dénoncer les actions insuffisantes du gouvernement, ou pour le critiquer pour en avoir trop fait.

Malgré les divergences et les débats, les Canadiens sont restés déterminés à affronter l’urgence de l’époque avec un courage qui n’a jamais fléchi.

Aujourd’hui, alors que nous examinons nos mesures ainsi que leur portée, je veux souligner à cette chambre que nous n’avons ménagé aucun effort, et que toutes nos décisions reposent sur notre conviction profonde que le bien-être de la population canadienne doit primer.

Nous avons travaillé à l’établissement d’un plan d’intervention économique global et ambitieux qui aide ceux et celles qui en ont le plus besoin. Nous l’avons fait avec la certitude que les Canadiens et les Canadiennes seraient en mesure de lutter contre la propagation de ce virus et de revenir en force.

Nous l’avons fait pour bâtir un pont nous menant à un lieu plus sûr où nous pourrons bâtir une économie plus forte et résiliente pour l’avenir.

Comme pendant la Deuxième Guerre Mondiale, les Canadiens et les Canadiennes ont certainement aujourd’hui ce qu’il faut pour s’unir afin d’agir pour le bien de tous.

Je le vois chez les travailleurs de la santé – dont 80 % sont des femmes et un grand nombre sont des immigrants – qui jour et nuit mettent leur propre santé en danger pour aider les autres.

Je le vois chez les entreprises, qui se sont réoutillées pour produire des respirateurs, des masques, des blouses et plus encore.

Je le vois chez les femmes et les hommes des Forces armées, qui ont servi en prenant soin des personnes les plus vulnérables dans les établissements de soins de longue durée.

Je le vois dans les millions de petits dons, de petits gestes de bonté, et dans les sacrifices, petits et grands, que les Canadiens et les Canadiennes ont faits pour lutter contre ce virus.

Je tiens à prendre un moment pour envoyer un message à ceux et celles qui ont perdu un proche durant cette période : tout le Canada partage votre souffrance.

Les Canadiennes et les Canadiens sont débrouillards. Les Canadiennes et les Canadiens sont résilients. Ensemble, nous franchirons cette crise et nous bâtirons un Canada meilleur, plus juste et plus fort.

Merci.

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